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L'avion atterrit dans le Minnesota, sur une autre piste d'atterrissage privée. Une file de limousines attendait sur le tarmac, chacune avec un chauffeur en costume sombre portant des lunettes de soleil, attendant à côté de la porte du passager. Elles avaient toutes l'air d'avoir été coulées dans le même moule.
Bella regarda par la fenêtre et demanda à Edward : "Tu crois qu'il les achète par lots ?"
Amun remonta l'allée, la démarche un peu raide mais à part quelques petites coupures sur le visage et une lèvre fendue, il n'y avait aucune trace de la bagarre.
"Tu as l'intention de descendre de l'avion ?" demanda-t-il à Bella. La plupart des autres avaient déjà quitté l'avion et s'agitaient au pied de l'escalier.
"Nous sommes les derniers du groupe," dit Bella.
"Je suis le dernier," répondit Amun. "Venez."
Bella se leva et suivit Edward. Elle saisit sa main et passa ses doigts dans les siens. Il la releva et l'embrassa. Bella vit les yeux d'Amun se plisser mais il ne dit rien. Arrivé au pied de l'escalier, il s'adressa à l'ensemble du groupe "Ceux d'entre vous qui vont nous quitter sont priés de se diriger vers les voitures à l'arrière. Elles vous emmèneront à différents endroits où vous pourrez vous terrer jusqu'à ce qu'on vous prévienne."
"Tout le monde a encore son téléphone ?" demanda Jenks. Les têtes se hochèrent. "Bien."
Après les adieux et les embrassades, il ne restait plus que Alice, Esmée, Quil et Jane.
"Esmée, es-tu sûre de vouloir te joindre à nous ?" demanda Bella.
"Quelqu'un pourrait être blessé," dit Esmée. "Tu as besoin de moi."
Bella acquiesça. "Quil ?"
"J'aurai peut-être l'occasion de mettre le feu à quelques trucs," répondit-il d'un ton décontracté. "Je ne peux pas laisser passer cette occasion"
"Alice ?"
Alice releva le menton. "Je sais que je ne suis pas très douée sans mes visions mais il se peut qu'elles reviennent." Jasper lui tapota l'épaule.
"Elles reviendront," lui assura-t-il. "Il y a une raison pour laquelle tu n'es pas censée voir l'avenir en ce moment. Nous ne savons pas encore pourquoi, mais cela deviendra clair avec le recul, j'en suis sûr."
Alice lui adressa un sourire reconnaissant.
"J'ai demandé à ma secrétaire de nous réserver un hôtel où nous resterons quelques jours, le temps de mettre notre stratégie au point." dit Amun. Il fit un geste en direction des voitures. "On y va ?"
Bella, Edward et Jenks montèrent dans la voiture d'Amun. Elle aurait préféré monter dans un autre véhicule mais il les dirigea fermement vers la limousine qui se trouvait devant. "Il y a des choses dont nous devons discuter," dit-il. Une fois à l'intérieur de la voiture, il remonta la vitre entre le conducteur et les passagers.
"J'ai obtenu un plan du bâtiment où sont stockés les serveurs," dit-il. "Il m'a été envoyé par courriel pendant le vol."
"Tu vas nous dire où il est, maintenant ?" demanda Bella.
Amun haussa les épaules. "Bien sûr. Tu ne peux pas y aller sans moi. Vous avez besoin de moi pour supprimer les sauvegardes des serveurs avant qu'ils ne soient détruits."
"Oui, je le reconnais," dit-elle avec impatience. "Où est-ce que c'est ?"
"Il y a une installation gouvernementale à Yucca Mountain," dit-il.
"Ce n'est pas un dépôt de déchets nucléaires ?"
Amun secoua la tête. Il tendit la main vers l'avant, ouvrit un petit meuble au dos du siège et en sortit un flacon de pilules. Il en versa une petite poignée qu'il jeta à la poubelle. "Il n'a jamais été mis en service."
"Alors ils ont mis des serveurs dedans ?"
Amun haussa les épaules. "Pourquoi pas ? C'est géologiquement stable, aride et au milieu de nulle part."
"Mais ils n'ont pas besoin de câbles et d'autres choses pour y accéder ?"
"Si, et ils ont fait pas mal d'expériences et de tests pendant la construction, donc l'infrastructure n'a pas été difficile à mettre à jour pour les besoins du projet Thêta. Il y avait même des panneaux solaires déjà installés pour les équipements de télécommunication."
Bella plissa les yeux. "Comment sais tu cela ?"
"J'ai trouvé un rapport du GAO *en ligne qui explorait les utilisations possibles de l'installation après l'annulation du projet pour les déchets nucléaires. C'était très utile."
"Mais quelles améliorations le projet Thêta a-t-il apportées entre-temps ?"
"Je suppose que la carte des tunnels est toujours exacte. Ils ont peut-être creusé quelques pièces supplémentaires mais je doute fort qu'ils aient construit d'autres tunnels. C'est trop difficile, et il y a déjà beaucoup d'espace disponible."
"La sécurité ?"
"C'est pourquoi nous avons besoin de quelqu'un pour repérer les lieux."
Edward soupira doucement. Ce serait lui, bien sûr, le seul d'entre eux à pouvoir voler et devenir invisible.
"Une fois que nous serons entrés, comment vas-tu détruire le serveur et t'occuper des sauvegardes ?"
"Je me débrouille bien avec les ordinateurs," dit Amun. "J'ai écrit un petit virus très intéressant qui est censé rechercher et détruire les fichiers qui contiennent certains identifiants : mots clés, numéros de fichiers, ce genre de choses. Une fois le virus découvert, ils essaieront de le combattre, bien sûr, mais il est conçu pour rester inactif dans ces situations. Ils pensent que le système est propre mais le virus se cache dans des sous-répertoires jusqu'à ce qu'il détecte l'utilisation d'un autre de ces identificateurs. Par exemple, des fichiers stockés sur une clé USB : lorsque la clé est branchée sur l'un des ordinateurs du système, le virus se relance et détruit les données. Tout ce que nous avons à faire, c'est de laisser au virus le temps de collecter les identifiants des fichiers du serveur et de se répandre dans les systèmes connectés avant de détruire le serveur."
"C'est très astucieux," dit Bella.
Amun sembla satisfait de ses éloges. "J'ai écrit le virus depuis un moment mais je n'ai jamais eu une situation idéale comme celle-ci pour l'utiliser."
"Du coup tu ne sais pas s'il va fonctionner," remarqua Edward.
"Oh, ça marche, d'accord. Je l'ai testé en le lâchant sur une certaine... organisation qui m'avait causé quelques soucis. Cela a fonctionné encore mieux que je n'aurais pu l'imaginer."
"Et les copies papier ?" demanda Jenks.
"Il est peu probable qu'elles aient existé en dehors de l'installation que Bella a détruite. Le Projet Thêta garde le silence sur ses recherches. Ils ont peur qu'elles ne tombent entre de mauvaises mains. C'est pourquoi l'installation a été programmée pour s'autodétruire en cas de raid."
"Autodestruction ? Quoi ?" s'exclame Bella.
"As-tu entendu de grosses explosions en provenance de l'installation elle-même ?"
Bella y repensa mais ses souvenirs de cette nuit-là étaient pour le moins flous. Edward répondit pour elle. "Après t'avoir fait sortir de la cage d'escalier. Il y a eu une explosion massive et une énorme colonne de feu est venue du sous-sol."
Bella avait toujours pensé que le Projet Thêta était mauvais, mais maintenant son opinion à son sujet descendait encore plus bas, dépassant la ligne de démarcation de son estimation morale marquée "mal". Si elle n'avait pas fait sortir les résidents à temps, ils auraient tous été rôtis vivants juste pour que les informations du projet Thêta ne soient pas divulguées.
Cela renforça sa détermination. Ils étaient les seuls à pouvoir détruire le Projet Thêta une fois pour toutes et, selon elle, c'était leur devoir.
Bien sûr, les chambres qu'Amun leur avait réservées étaient magnifiques. Aurait-elle pu s'attendre à autre chose ? En traversant l'élégant hall d'entrée, elle se sentait débraillée et dépaysée. Ils furent accueillis par la directrice, qui leur remit leur carte d'accès et traita Amun avec la déférence due à un président ou à un membre de la famille royale en visite. Amun ne sembla même pas le remarquer. Il sembla légèrement distrait et prit sa clé avec un simple "Merci," ce qui rendit la gérante encore plus déférente, de peur d'avoir involontairement offensé quelqu'un.
Comme il est embarrassant de voir un employé de l'hôtel porter leurs sacs de vêtements en plastique, mais l'employé était si poli qu'il les traitait comme des bagages Prada. Bella sortit 100 dollars du fourre-tout noir que portait Edward et le bagagiste lui sourit comme s'il avait toujours su qu'elle était une princesse déguisée.
Jane fut placée dans la suite communicante. Elle semblait vraiment aimer l'idée d'avoir sa propre chambre, mais Esmée avait supplié Jane de la laisser rester, affirmant qu'elle avait peur d'être dans une chambre toute seule dans une grande ville. Bella était ravie d'entendre Jane accepter. Elle avait parcouru un long chemin depuis la fille hostile, piquante et égocentrique que Bella avait rencontrée dans l'établissement.
Bella n'avait jamais séjourné dans une suite auparavant. Elle pouvait apprécier une chambre spacieuse, bien sûr, mais il lui semblait un peu excessif qu'ils aient un salon, une kitchenette et une salle à manger avec une table pouvant accueillir six personnes.
"Tu pourrais me préparer des spaghettis," suggéra Edward.
Elle sourit. "Ou nous pourrions commander les plats les plus chers du service d'étage, puisque c'est Amun qui paie la note. Je n'ai jamais goûté de Dom Pérignon. Ou du caviar, mais les œufs de poisson n'ont pas l'air très savoureux."
"C'est une expérience humaine que je suis prêt à sauter," acquiesça Edward.
Bella pensa à l'énorme baignoire à remous de la salle de bains. "Voici une nouvelle expérience humaine pour toi : Et si on commandait du champagne à prix modéré et qu'on prenait un bain moussant ensemble ?"
" J'aime cette idée... " Il s'interrompit à mi-phrase, ses yeux devenant distants.
"Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda-t-elle.
"C'est Emmett," dit-il. Ses yeux rencontrèrent les siens et ils étaient douloureusement tristes. "Il s'en va."
Ils se précipitèrent dans le couloir jusqu'à la chambre d'Alice et frappèrent à la porte. Il y eut une longue pause avant qu'Alice n'ouvre. Elle n'avait pas l'air en forme.
"Hé les gars, vous avez besoin de quelque chose ?" demanda-t-elle.
Bella leva les yeux vers Edward.
"Elle peut le sentir," dit Edward à Bella. "Elle ne sait pas ce que c'est, mais elle le sent partir."
"Qu'est-ce que c'est ?" demanda Alice. Elle devint encore plus pâle et ses lèvres prirent une teinte grise inquiétante. "Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui ne va pas ?"
"Ton ange," dit Bella. "Il est... en train de partir." Elle regarda autour d'elle pour voir Emmett.
"J'ai besoin de m'allonger," marmonna Alice. Elle vacilla sur ses pieds et s'agrippa à la poignée de la porte pour se soutenir. Edward la prit dans ses bras et l'allongea sur le lit. "Peux-tu le voir, Bella ?" demanda-t-elle. Sa voix se fendit un peu. "Peux-tu lui dire que je t'ai dit 'merci' ?"
Bella n'avait pas vu Emmett depuis des jours. Edward avait dit qu'il avait renoncé à une représentation visuelle pour conserver son énergie, la précieuse et minuscule partie qui lui restait. Malgré l'agonie constante de leur soif, de leur faim et de leur terrible solitude, ni lui ni Rose ne voulaient partir. Rose, se nourrissant du bonheur de Jane, était un peu plus forte, mais il ne lui restait plus beaucoup de temps, selon Edward. Leur pouvoir, ou leur force vitale, quel que soit le nom qu'on lui donne, s'échappait régulièrement, comme le sable dans un sablier. Un peu plus de sable avait été ajouté avec l'espoir que Carlisle avait été accepté chez eux et aussi en voyant leurs protégés commencer à se remettre du traumatisme et du désespoir de leur captivité, mais rien n'arrêtait leur lente érosion vers le néant.
Emmett apparut à côté d'elle sur le lit, un tourbillon de brume, un fil de fumée. "J'aurais aimé pouvoir la toucher, juste une fois..." dit-il, si faiblement que Bella dut s'efforcer pour l'entendre, même dans cette pièce silencieuse.
C'est alors que l'idée lui vint.
"Emmett, tu peux la toucher," dit Bella. Elle se concentra sur sa main, l'enveloppant d'un écran très fin comme un gant. "Vas-y."
L'espoir dans ses yeux était presque trop difficile à supporter. Il tendit la main vers Alice, tremblant de faiblesse, et lui prit la joue. Il sanglota lorsque sa main entra en contact avec elle. Il approcha son autre main de son visage et Bella l'enduisit rapidement comme elle l'avait fait avec l'autre. Il traça ses lèvres, ses pommettes, la courbe de ses sourcils, puis il se pencha vers elle et déposa un baiser sur ses lèvres. Avec un petit éclat, comme un mirage en plein été, il disparut.
Bella ne se rendit compte qu'elle pleurait que lorsqu'Edward essuya ses larmes. "C'est un beau cadeau que tu lui as fait," dit-il.
C'était l'une des rares fois où elle avait été reconnaissante pour ses pouvoirs. "Il est rentré ?" demanda-t-elle, à moitié effrayée par la réponse.
"Il est rentré," confirma Edward. Des larmes brillaient dans ses beaux yeux verts, mais il lui sourit.
Bella laissa échapper une respiration frémissante et Edward l'embrassa, avec douceur. "Ne t'afflige pas pour lui. Sa souffrance est terminée et il est de retour à la maison où il peut parler à son cœur une fois de plus." Il jeta un coup d'œil à Alice, qui s'était redressée, l'air un peu déconcertée par la situation. "Mais tu dois l'écouter," lui dit-il.
"Rose ?" demanda Bella la gorge serrée.
Il réfléchit. "Demain. Après-demain peut-être."
Elle acquiesça. Elle s'assit sur le lit et serra Alice dans ses bras. "Tu vas te sentir mieux maintenant. Repose-toi un peu."
Alice posa la main sur son cœur. "Est-ce que je vais vraiment l'entendre ?"
"Si tu le souhaites," répondit Edward.
"Je l'ai senti," murmura Alice en pressant le bout de son doigt sur ses lèvres. "Bella, tu as fait ça ?"
Bella acquiesça. Elle ne pouvait pas parler.
"Merci," dit Alice. "Merci pour ça, Bella."
"De rien," dit Bella automatiquement. "Repose-toi maintenant, Alice."
Alice s'allongea docilement et, alors que Bella refermait la porte de la chambre derrière elles, elle vit Alice tendre le bras pour toucher l'endroit où Emmett s'était allongé.
Bien que Bella pensait que l'envie de champagne et de bains moussants avait disparu, Edward insista et Bella se retrouva bientôt les épaules dans les bulles, une assiette de fraises enrobées de chocolat et une flûte de champagne posées sur le large rebord de la baignoire à côté d'elle. Elle était heureuse qu'il l'ait convaincue de le faire. Elle avait besoin de passer du temps avec lui. Il jouait avec les bulles et cela la faisait sourire. Elle essaya de se rappeler s'il y avait déjà eu un moment dans sa vie où elle avait pris autant de plaisir dans les choses simples. Peut-être que c'était quelque chose qu'il pouvait lui apprendre.
"Ouvre," ordonna Edward. Elle s'exécuta et il introduisit l'extrémité d'une fraise dans sa bouche. Bella mordit dans le fruit frais et succulent. "Hmm."
"Il en reste un peu là," lui dit-il, et il se pencha pour lécher une goutte de jus sur sa lèvre inférieure. Elle eut le souffle coupé. Il sourit et but une gorgée de sa flûte de champagne.
"J'aime bien ça," dit-il. "C'est pétillant comme de la bière, mais ça n'a pas un goût amer."
"Ça te donnera un sacré mal de tête si tu en bois trop," l'avertit Bella.
Il s'empressa de poser son verre.
Bella gloussa. "Un verre, c'est bien, Edward."
Il se rapprocha d'elle. "Qui a besoin d'alcool quand j'ai une femme aussi enivrante ?" Il l'embrassa et repoussa ses cheveux de ses joues humides.
"Je vois encore une ombre dans tes yeux," dit-il. "Tu es triste."
Elle acquiesça. "J'ai tellement peur de te perdre, moi aussi."
"Tu ne peux pas," dit-il fermement. "Je serai toujours avec toi, Bella. Toujours."
Elle l'embrassa et glissa ses mains le long de sa nuque pour le maintenir fermement en place. Hmm, le goût des fraises, du chocolat, du champagne et d'Edward. Y avait-il une meilleure combinaison que celle-là ? Sans détacher ses lèvres des siennes, elle tenta d'enjamber les hanches du jeune homme. Mais la baignoire était plus glissante qu'elle ne le pensait et son genou se déroba sous elle. Avant qu'il ne puisse la rattraper, elle fit une chute indigne dans l'eau. Elle se releva en crachant et en chassant l'eau de ses yeux.
"Ma Bella," dit Edward, et il avait l'air fier.
"Pourquoi sommes-nous encore là ?" demanda Bella le lendemain matin. Ils avaient tous été invités dans la suite d'Amun pour un petit déjeuner et pour discuter stratégie.
Amun s'essuya la bouche avec sa serviette. "Patience. J'attends quelques... fournitures."
Edward jeta un coup d'œil triste autour de la table. "Il n'y a pas de crêpes ?"
"Nous devons aussi décider dans quelle ville nous devons établir notre base d'opérations," dit Jenks. "Je dis 'Vegas, baby'. A seulement cent cinquante kilomètres et avec toutes les commodités qu'un homme pourrait souhaiter."
Lauren le regarda d'un air renfrogné. Jenks remarqua son expression et laissa tomber son énorme sourire en hâte.
"Dois-je comprendre qu'il n'y aura pas de crêpes ?" demanda Edward.
"Vegas fonctionnerait," dit Amun en tapotant l'extrémité de sa fourchette contre la table. "Le problème est de savoir comment nous allons nous rendre sur le site lui-même. Yucca est entouré de terres du Bureau de gestion du territoire et du Département de l'Energie, et Nellis est très proche. Il y a deux routes qui mènent au site, mais nous devrions probablement les éviter si possible."
"Nous pourrions y aller à pied," dit Jenks. "Nous nous approcherons le plus possible, nous nous garerons et nous ferons le reste du chemin à pied.
Amun eut l'air amusé. "As-tu déjà fait de la randonnée dans un désert ?"
"Je ne peux pas dire que je l'ai fait."
"Je l'ai fait," dit Amun. "Et ce n'est pas une expérience que je souhaite renouveler."
"Une sorte de quad ?" suggèra Jenks.
Amun secoua la tête. "Trop bruyant."
"Des chevaux ?"
Amun réfléchit. "C'est une idée. Il y a une petite ville à une quinzaine de kilomètres d'ici que nous pourrions utiliser comme zone de transit."
"Je ne sais pas monter à cheval," protesta Bella.
Amun haussa les épaules. "Tu peux venir avec moi."
Cela n'arrivera pas. "Pourquoi ne pas louer un hélicoptère pour nous emmener ?" suggéra Bella.
"Zone interdite de vol," dit Amun.
"Comme si quelque chose comme ça t'avait déjà arrêté."
"Cela signifie que le bruit d'un aéronef serait remarqué," lui dit Amun.
"Je crois que j'ai une idée," dit Phoenix. Comme le reste de l'équipage, il s'était tenu à l'écart de la table, comme s'ils considéraient qu'il s'agissait d'un "territoire de commandement". Ils s'assirent tous dans le salon de la suite, ressemblant à un gang de motards dans un country club, assis sur les meubles élégants et épurés, de délicates petites assiettes posées sur leurs genoux.
"Qu'est-ce que c'est ?"
"Pouvez-vous me donner vingt-quatre heures pour voir si c'est faisable ?"
Amun acquiesça. "La prochaine étape que nous devons couvrir est la surveillance." Il regarda Edward avec insistance, mais ce dernier n'y prêtait pas attention. Il regardait la table d'un air morose, comme s'il espérait qu'elle produise par magie les crêpes qu'il attendait depuis si longtemps.
"Tu ne crois pas qu'on devrait se rapprocher un peu avant de se préoccuper de ça ?" demanda Bella. "Sérieusement, tu ne t'attends pas à ce qu'Edward fasse quelque chose comme quatre mille huit cent kilomètres aller-retour."
"Non, la surveillance de Yucca peut attendre. Je pense à quelque chose de différent."
"Oh, dis-le moi", dit Bella. Est-ce que cela semble trop sarcastique.
"Le général a une dame de compagnie," commença Amun.
"Une amie ?" répéta Bella. "Tu deviens un peu archaïque avec la terminologie, n'est-ce pas ?"
"D'accord, une copine de baise, c'est mieux ?" s'emporta Amun. "Une maîtresse. Peu importe. Elle a une sœur qui vit dans le coin et on m'a dit qu'elle était en visite. J'ai pensé qu'Edward pourrait la suivre pour voir si nous obtenons des informations utiles sur Aro."
Bella jeta un coup d'œil à son ange, qui avait découvert la gelée et enduisait un morceau de pain grillé, devant et derrière, d'une épaisse couche. "Si tu penses que je dois le faire," dit-il.
Bella regarda Jenks. "Ça me paraît bien."
"D'accord, alors. On pourrait peut-être y aller tous les deux."
"Tu peux aussi devenir invisible ?" demanda Amun.
"Eh bien, non... pour de courtes périodes de temps... Qu'est-ce que l'invisibilité peut bien apporter à la petite-amie d'Aro ? Les détectives privés suivent des gens tout le temps et ils ne sont pas invisibles."
Edward ajouta de la gelée provenant des autres plats jusqu'à ce que son morceau de pain grillé soit recouvert d'une couche stratifiée. Il essaya de prendre une bouchée, mais la gelée vacillait et menaçait de glisser. Il posa un autre morceau de pain grillé sur le dessus pour la maintenir en place et prit une bouchée. Il regarda son chef-d'œuvre culinaire avec la même expression de plaisir et de fierté que l'homme de Cro-Magnon lorsqu'il se frappa la poitrine et déclara "Voyez, j'ai créé le feu ! J'ai créé le feu !"
"Bella ? Pouvons-nous détourner un instant ton attention de ton petit-ami pour discuter de cette mission qui défie la mort ?" demanda poliment Jenks.
"La petite-amie a un service de sécurité," dit Amun. "Et ils sont nerveux."
"Pourquoi Aro aurait-il une sécurité pour sa petite-amie ?"
"Pour des gens comme nous," répondit Amun.
Edward tendit son sandwich toast-gelée à Bella pour qu'elle le goûte. Elle leva les mains. "Non, merci." Elle dit à Amun " Sais-tu où elle est maintenant ? "
"L'endroit exact."
"Edward ?"
"Après le petit-déjeuner," dit-il, et il gratta soigneusement le pot de gelée pour en extraire la dernière molécule.
Sur leur balcon, elle le serra dans ses bras, l'embrassa et lui fit jurer d'être de retour à la nuit tombée. Elle détestait cela. Mentalement, elle savait bien qu'il était plus fort qu'elle, immortel même, mais son cœur se serrait encore de peur de le voir hors de sa vue. "Je t'aime," dit-elle en le serrant fort. "Reviens-moi."
"Toujours," jura-t-il. Il l'embrassa à nouveau et se hissa sur la balustrade. Il lui envoya un baiser et plongea, profitant de la chute libre avant de déployer ses ailes pour attraper l'air. Elle l'observa jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un point à l'horizon. Elle se retourna lentement et rentra dans la chambre. Elle ferma la porte, leva les yeux et cria.
"Bon sang, Amun !" Elle avait presque sursauté. "Qu'est-ce que tu fais ici ?"
"J'ai frappé," dit Amun. "Tu n'as pas répondu."
"Et ça veut dire 'Entre'?"
"Il fallait que je te parle."
Son cœur battait encore à tout rompre. Elle s'assied sur le canapé. "Quoi ?"
Il regarda la porte du balcon et le ciel au-delà pendant un moment. "Qu'est-ce qu'il a que je n'ai pas ?"
Bella était trop choquée pour rire. C'était la question la plus stupide qu'elle ait jamais entendue. "Tu veux une liste ? Pour commencer, il est gentil. Tu ne l'es pas."
"Je pourrais l'être." Il la regarda fixement.
"Pardonne-moi si je suis sceptique."
Il s'approcha lentement d'elle et se pencha, posant un bras de chaque côté d'elle sur le dossier du canapé. "Je pourrais être très gentil, it-il.
"Arrête", dit-elle.
Il se rapprocha.
Elle fit appel à son pouvoir, dans l'intention de le repousser, mais il fit un geste de la main et rien ne se produisit. Choquée, elle le frappa plus fort, mais il sembla passer à travers lui comme le vent à travers une moustiquaire.
"Arrête, Bella", dit-il. "Ne t'efforce pas et ne te blesse pas. Je vais reculer."
Il se redressa et recula d'un pas.
"Qu'est-ce que tu es ?" demanda-t-elle, la voix douce, émerveillée.
Il s'assit à l'autre bout du canapé. "Je ne sais pas."
"Comment ça, tu ne sais pas ?"
"Exactement ce que j'ai dit : Je ne sais pas."
Elle tenta une autre approche. "Comment est-il possible de ne pas savoir ce que l'on est ? D'où viens-tu ?"
Il secoua la tête. "J'ai toujours été comme ça. Je n'ai aucun souvenir d'avoir été autre chose que ce que je suis maintenant. Je ne sais pas si je suis né ou si j'ai été créé. "
"Peut-être es-tu un démon," dit Bella timidement.
Sa bouche se plissa. "Sais-tu ce qu'est l'existence d'un démon, Bella ? Condamné à marcher sur la terre jusqu'à la fin des temps, maudit pour ne jamais, jamais être aimé ?"
Etait-ce pour cela qu'il la poursuivait ? Pour voir si elle pouvait l'aimer, ce qui répondrait à une question bien plus importante dans son propre esprit ? Ou n'était-ce rien d'autre qu'un de ses petits jeux ? "Ça fait combien de temps que ça dure pour toi ?"
"Trop longtemps," dit-il.
"Il doit y avoir une raison pour que tu ne le saches pas," dit Bella.
"Tout n'a pas une raison d'être, Bella."
"As-tu aimé Victoria ?" demanda-t-elle.
Il se leva et se dirigea vers la porte. Il s'arrêta devant. "Non, mais elle était à moi." Et il partit.
…
*GAO : US Government Accountability Office - agence indépendante qui fournit des services d'audit, d'évalution et d'enquête au Congrès des Etats-Unis.
