Hello à tous !
Voici la suite, avec un petit passage spécial réflexion pour notre Serpentard préféré ! =p Bonne lecture à vous !
Rar
Guest : Dis comme ça, on dirait presque que j'écris une fiction avec de l'action =p Contente que le rendu te plaise ! Quelques éclaircissements dans ce chapitre pour les pouvoirs d'Hermione, et de quoi faire cogiter davantage notre Serpentard adoré ! Bonne lecture à toi ;)
Plus d'une heure. Soixante-six minutes pour être exact. C'était là le temps, long, interminable même, qu'il avait dû passer enfermé dans sa chambre en compagnie de Harry Potter. Le prodige Gryffondorien. Le Survivant. Le rejeton de James. Le fils de Lily, aussi.
Qui l'avait pris en traître, profitant de lui avoir rendu service en lui amenant ce foutu crochet plein de venin pour le questionner en retour sur la jolie rouquine. Alors même qu'il lui avait dit qu'il attendrait qu'il aille mieux, qu'il soit sorti de l'hôpital. Balivernes ! La porte n'était pas verrouillée depuis dix minutes qu'il lui avait déjà demandé si Lily lui manquait encore. Rhaaa, quel sale petit…!
- Voilà qui devrait changer la donne, c'est certain ! S'était exclamé le Docteur Ausstein en considérant avec intérêt le tube à essai contenant le crochet de Nagini.
… Heureusement qu'il savait se rendre utile, ce morveux, quand même…
- Je compte sur vous pour en faire bon usage, à présent que vous n'avez plus d'excuses pour vous dédouaner de votre incapacité à trouver un remède, avait commenté Severus, sardonique. Dois-je vous préciser de ne pas gaspiller, également ?
Le visage du responsable du R&D de Saint Mangouste s'était crispé, tandis qu'il prenait vraisemblablement sur lui pour ne pas répondre aux provocations du très réputé «patient le plus exécrable de tout le service». Ce titre n'était pas volé, c'était certain ! Par Merlin, il se rappelait encore de la dernière victime en date de Nagini, quelques années plus tôt. La blessure n'avait rien eu de comparable, et le séjour du malheureux de l'époque avait été bref et sans séquelles. Le caractère du patient non plus n'avait pas eu grand-chose à voir avec celui, tout à fait acariâtre, de celui qui se tenait présentement devant lui.
Arthur Weasley, lui, avait été un patient tout à fait agréable à soigner !
Pourquoi fallait-il toujours que ce soit les patients les plus pénibles qui restent le plus longtemps ?!
- Bien qu'ayant moi-même pris soin de conserver un échantillon, juste au cas où votre incompétence ruinerait celui-ci, je vous suggère de le synthétiser avant de faire quoique ce soit d'autre, avait poursuivi Severus, impitoyable. Il serait navrant, en cas d'échec de vos pairs, de ne plus avoir de matière première pour d'autres expérimentations.
- Évidemment, nous…
- Prenez le temps qu'il faudra, avait continué le Serpentard sans lui laisser le temps d'en placer une. Je ne suis plus à quelques semaines près, pour maintenant, même si j'imagine que vous comme moi avons hâte que notre collaboration s'achève au plus vite.
Le Docteur Ausstein n'avait pas eu le courage de contredire cette dernière affirmation, lui qu'il n'en pensait pas moins. Après un dernier regard lourd de sens, Severus avait fait pivoter son fauteuil et était sorti. Tout du moins était-ce qu'il s'apprêtait à faire, car alors qu'il ouvrait la porte d'un sortilège informulé, celle-ci s'était ouverte sur Estella qui, le poing levé, s'apprêtait visiblement à frapper contre le panneau de bois.
- Mme Jeers ? S'était étonné le responsable du R . Que puis-je faire pour vous ?
- Bonjour, Dr Ausstein. En réalité, ce n'est pas vous que je viens voir. C'est Monsieur Rogue, avait-elle lâché après une seconde de silence éloquente.
Le concerné avait arqué un sourcil interloqué, ne voyant pas bien ce que l'infirmière de Granger pouvait lui vouloir, alors qu'ils ne s'entendaient clairement pas.
- Pour quelle raison, je vous prie ? Avait-il susurré de sa plus belle voix doucereuse. Aux dernières nouvelles, Granger parle toujours, et ça fait un moment que je ne me suis pas servi de ma légilimancie avec elle, si c'est cela qui vous inqui…
- Nous avons besoin que vous vous en serviez, justement, l'avait coupé l'infirmière, prenant vraisemblablement sur elle pour formuler tout haut cette demande.
Il fallait dire, pour sa défense, qu'elle avait toujours été était farouchement opposée à cette idée, des semaines plus tôt. Nul doute que venir lui demander précisément ce pour quoi elle l'avait fustigé devait être une épreuve pour son ego que Severus savait bien pourvu. A tous les coups, elle aussi avait fait partie du camp des lions, durant sa scolarité.
Néanmoins, sa demande avait été trop surprenante pour que le Serpentard n'y prête pas attention. Il avait même, Merlin lui vienne en aide !, sentit son estomac se tordre d'appréhension à la simple idée de ce qu'elle s'apprêtait à dire, puisqu'il semblait évident que cela concernait une certaine Gryffondor de sa connaissance. La seule pour laquelle il était susceptible de ressentir de l'inquiétude, même s'il ne l'aurait admis pour rien au monde.
- Hermione a fait un malaise ce matin pendant sa séance avec Neals...
- Un malaise ?
- Un malaise vagal, rien de grave, avait précisé l'infirmière. Sans doute a-t-elle paniqué à cause de l'alarme de confinement.
- Dont on ne sait toujours pas ce qui a pu la déclencher, soit dit en passant, avait commenté le Serpentard, sardonique.
Estella avait eu un claquement de langue agacé, exaspérée d'être interrompue ainsi.
- Voyez cela avec le service sécurité, voulez-vous ? Avait-elle répondu, un brin excédée. Toujours est-il que depuis, Hermione dort d'un sommeil agité.
Severus avait senti son inquiétude retomber aussitôt, et avait considéré la sorcière avec un agacement certain.
- Ses cauchemars ne datent pas d'hier, à ce que je sache. Et vous ne m'appelez pas à chaque fois qu'elle en fait, me semble-t-il.
L'infirmière s'était renfrognée, n'appréciant visiblement que peu ses réflexions.
- Oui eh bien, le Docteur Curam a jugé que cette fois était suffisamment préoccupante pour vous faire appeler.
Le Serpentard n'avait pas répondu, et avait suivi l'infirmière, non sans saluer d'un bref hochement de tête le Docteur Ausstein qui, pour sa part, avait eu l'air grandement soulagé de le voir prendre congés. Sans doute n'était-il pas mécontent de constater qu'il n'était pas la seul à faire les frais du caractère acariâtre de l'ancien professeur.
Cette fois, alors qu'il suivait Estella dans les couloirs jusqu'au quatrième étage, Severus avait été ravi de constater que le malaise était pour la sorcière, et non pour lui, contrairement à la veille où elle l'avait raccompagné en descendant du toit. C'est qu'il avait plus l'habitude de susciter l'inconfort que de le subir, en réalité, et Merlin sait que les questions de l'infirmière sur son propre avenir, la veille, avaient été tout à fait dérangeantes. De fait, il avait décidé d'enfoncer un peu le clou, histoire de rasseoir son ascendant avec quelques remarques désobligeantes.
Il ne manquait pas de cordes à son arc pour cela, évidemment.
- Votre nom me dit quelque chose, avait-il donc commencé, songeur, alors que l'ascenseur arrivait à leur hauteur. Vous avez quelques années de plus que moi, nous n'avons donc pas fait notre scolarité à Poudlard ensemble…
L'infirmière avait vivement tourné son regard sévère vers lui, visiblement réticente à l'entendre parler d'elle. Ou peut-être n'avait-elle pas apprécié l'évocation de son âge, supérieur au sien.
- Voyons… Jeers… j'ai déjà entendu ce nom quelque part. Oh mais bien-sûr, avait-il susurré avec un sourire ironique. Comment était-ce, déjà ? Lize, ou Louise ? Maryse, peut-être ? Je ne me souviens plus.
- Marylise, avait grincé l'infirmière, au comble de l'agacement.
- Ah oui, Marylise Jeers, c'est cela. Il faut dire que votre fille n'était pas du genre à laisser un souvenir impérissable, vous en conviendrez.
Severus avait retenu un sourire satisfait en avisant l'expression mortellement vexée de l'infirmière. Par Merlin, jamais il ne se lasserait de cela. De ce petit plaisir malsain de formuler les répliques exactes pour appuyer précisément là où cela faisait mal. Ce pincement de lèvres irrité que ses victimes ne manquaient jamais d'esquisser. Les plus mâtures, du moins, car les réactions étaient bien plus larmoyantes et pathétiques lorsqu'il s'agissait d'élèves, mais tout aussi jouissives, selon son humeur du moment. Il n'y avait jamais eu que Granger pour soutenir son regard d'un air farouche, même si elle avait toujours fini par baisser le sien, consciente de son statut insignifiant qui ne lui offrait guère la possibilité de rétorquer.
Enfin, jusqu'à tout récemment.
A côté de lui, l'infirmière avait semblé fournir un effort manifeste pour contenir sa colère. Elle enrageait presque, serrant les poings et la mâchoire tout en le fixant d'un œil noir, comme si elle avait voulu le fusiller par la seule force de son regard. Les lèvres de Severus s'étaient relevées en un sourire suffisant. La pauvre, si seulement cela avait été possible ! Il aurait passé l'arme à gauche depuis bien longtemps si un seul regard pouvait tuer, car Merlin sait qu'il en avait provoqué, des œillades assassines. Il n'y avait guère que Granger pour le considérer avec curiosité et amusement, ou même avec ce regard saisissant qu'elle avait posé sur lui, la veille encore, sur le toit de l'hôpital.
- Vous êtes vraiment… odieux ! Avait fulminé Estella près de lui.
- Merci, avait répondu Severus, se délectant de sa colère grondante.
L'ascenseur s'était rouvert sur le couloir désormais familier du quatrième étage, et le Serpentard en était sorti, réprimant un nouveau sourire emprunt d'une joie presque malsaine.
- Que diable peut-elle donc vous trouver, nom d'un Pygargue à tête blanche ? avait grondé la sorcière entre ses dents serrées.
Severus, qui s'était déjà engagé dans le couloir sans prendre la peine de l'attendre, s'était figé à ces mots murmurés à voix basse, pas certain d'en avoir pleinement saisi la sonorité ni le sens. Fronçant les sourcils dans cette expression à la fois contrariée et agacée qui lui était propre, il avait fait volte-face, posant son regard noir et acéré sur l'infirmière.
- Qui ça ? Avait-il âprement demandé.
Cela avait été à Estella de s'immobiliser près de lui, ahurie. Le Serpentard avait aussitôt senti la colère sourdre en lui en avisant son air stupéfait, et le regard incrédule qu'elle avait rivé sur lui, comme si elle était au courant de quelque chose qu'il aurait dû savoir, alors même que Severus n'était au courant de rien. La méfiance naturelle de l'ancien espion avait aussitôt ressurgi.
- Comment ça qui ça ? Avait répété l'infirmière, ébahie. Vous… vous l'ignorez donc ?
- Ignorer quoi ? S'était agacé Severus, sa patience se réduisant à peau de chagrin.
Face à lui, l'infirmière avait blêmi, de plus en plus déconcertée.
- Par Merlin ! Je pensais que… que vous auriez remarqué…
- Remarqué quoi ? Avait insisté Severus en avançant vers elle, toute trace d'ironie ayant quitté son visage à présent qu'il était certain que cette sorcière se payait sa tête.
A sa plus grande frustration, l'infirmière n'avait pas répondu, mais son regard sur lui avait changé, se teintant d'une lueur que Severus connaissait bien, pour l'avoir aperçue à de nombreuses reprises au cours de sa vie. Dans le regard clair d'Albus, lorsqu'il acceptait les missions les plus dangereuses sans sourciller. Dans celui de Minerva, quand il lui avait dit ne pas vouloir de visite à l'hôpital. Et même, alors qu'il aurait aimé oublier à jamais ce souvenir, dans le regard émeraude de Lily, vingt ans plus tôt. Quand elle avait refusé de lui pardonner ses mots injustes et injurieux.
L'éclat de la pitié.
Severus s'était hérissé de tout son être.
- Par tous les Saints..., avait murmuré Estella d'un ton dénué du moindre sarcasme. Vous avez définitivement un souci avec les relations humaines…
Le Serpentard avait senti sa colère s'embraser d'un coup, dans une sensation brûlante qui ne l'avait plus étreint depuis une éternité, lui semblait-il, à présent qu'il vivait presque sous cloche entre les murs monochromes de l'hôpital.
- Bon ça suffit, avait-il rugi, excédé. De quoi diable…?
Un hurlement terrifié avait retenti en provenance du fond du couloir, couvrant ses derniers mots. Estella avait vivement sursauté, tandis que Severus se retournait brusquement, portant son regard en direction d'une chambre qu'il connaissait bien.
Celle d'Hermione Granger.
Oubliant aussitôt leur conversation houleuse du moment, les deux sorciers avaient rejoint la chambre en question, croisant en sens inverse Alice qui s'enfuyait en se couvrant les oreilles, distançant de cinq bons mètres l'aide-soignante qui lui courrait après.
- Alice s'il te plaît, du calme, ce n'est rien ! S'évertuait à lui rappeler la jeune femme.
Elle avait brièvement salué sa consœur et Severus d'un signe de tête, avant de disparaître à l'angle du couloir.
Il y avait foule dans la chambre de la Gryffondor. L'air aussi inquiet qu'impressionné par la scène qui s'offrait à lui, Neals s'entretenait nerveusement avec un autre infirmier qui avait été appelé en renfort, tandis que le Docteur Curam tentait vainement de calmer la jeune femme dont le sommeil agité lui donnait presque l'air d'être possédée, tant elle se débattait sur son lit.
Jusqu'à présent, Severus ne l'avait jamais vue perdue dans ses cauchemars qu'au beau milieu de la nuit, à la lueur vacillante d'une veilleuse ou d'un sortilège de luminosité. En pleine lumière, le spectacle était d'autant plus saisissant. Sidéré, le Serpentard avait regardé la Gryffondor tirer sur les liens magiques qui avaient été posés sur son lit pour la stabiliser et éviter qu'elle ne passe par dessus les barrières du lit médicalisé. Ses cheveux, déjà récalcitrants en temps normal, ne formaient plus qu'un amas de boucles emmêlées qui lui collait à la peau sous l'effet de la pellicule de sueur qui la recouvrait. Sa poitrine se soulevait à un rythme bien trop rapide, quand son corps tout entier ne arc-boutait pas sous l'effet d'un nouveau cri horrifié.
Le Serpentard avait senti son cœur se glacer à la vue de la demoiselle ainsi dévorée par les ténèbres de son subconscient.
- Ah, enfin vous voilà ! Avait soupiré le Docteur Curam en le voyant entrer.
Au vu de leurs précédents échanges sur le sujet, nul doute qu'elle devait se trouver complètement débordée par la situation pour en arriver à bénir ainsi l'arrivée du Serpentard.
- Que s'est-il passé au juste ? Avait demandé l'ancien espion en s'approchant, saisi par la virulence de la jeune femme.
- Nous étions en séance et elle a fait un malaise peu de temps après le déclenchement de l'alarme, avait rapidement expliqué l'orthomagiiste, l'air bouleversé.
- Il y a forcément eu un déclencheur, avait insisté l'alchimiste.
- Neals a dit qu'elle était très agitée ce matin, avait brièvement répondu la médicomage. Est-ce que vous pouvez faire quelque chose pour l'aider ? Je sais que ce n'est pas votre job, et que rien ne vous y oblige, mais je commence à manquer de solutions.
Severus n'avait pas répondu, les lèvres pincées dans une expression de profonde réflexion. Dans l'état d'agitation où elle se trouvait, atteindre l'esprit de la jeune femme ne serait pas chose aisée, bien au contraire. Il se souvenait encore de la première fois où il était entré dans sa tête sans le vouloir, se faisant happer par la tourmente qui l'agitait. De comment elle l'avait expulsé de son esprit quelques minutes plus tard, le laissant faible et étourdi. Les fois suivantes ne s'étaient mieux passées que parce qu'elle avait été pleinement consciente au moment d'établir le lien.
Cette fois, il était évident qu'il ne pourrait pas compter sur elle pour l'aider à entrer.
- Si elle ne se calme pas, je vais devoir la plonger dans le coma, pour sa propre sécurité, avait poursuivi le Docteur Curam.
- Non s'il vous plaît…, avait gémi la Gryffondor dans son sommeil, secouant vainement la tête pour tenter de se soustraire à la torture d'un quelconque démon intérieur. ... Sais pas… Je ne ...où il… Non ! Non ! Noooon !
Un nouvel hurlement avait franchi ses lèvres, faisant frémir d'angoisse toutes les personnes présentes, Severus excepté. Lui qui avait si souvent côtoyé l'horreur au cours de sa vie savait mieux que quiconque garder le contrôle de ses nerfs et de ses émotions. Il s'était néanmoins crispé, touché malgré lui par la détresse de la jeune femme, qui s'était agitée de plus belle dans son lit. Estella s'était emparée d'un mouchoir pour éponger les larmes qui dévalaient sur les joues rouges et déjà marquées par le sillon des pleurs.
- Je vais essayer, mais je ne vous promets rien, avait prévenu le Serpentard, incertain quant à ses chances de succès.
- Très bien. Qu'est-ce qu'on peut faire pour vous aider ? Avait demandé la médicomage, soucieuse.
- Est-ce qu'elle réagit au philtre de paix ?
- Pas autant que l'on aimerait, et très peu de temps.
- Donnez lui en une dose, maintenant. J'aime autant ne pas y laisser ma propre raison, avait-il commenté, pragmatique. Pour le reste, je ne veux personne dans la pièce. N'intervenez sous aucun prétexte, pas tant que je ne serais pas revenu à moi, du moins.
- Mais… vous avez plusieurs fois discuté avec elle et vous étiez pleinement conscient, pendant ce temps, était intervenue Estella, interloquée.
- Le contexte était tout autre. Tenir une conversation avec une personne éveillée et maître de ses émotions est chose aisée, en comparaison de ce cas précis. N'entrez pas dans la pièce et ne tentez pas de la réveiller ou de me ramener tant que je ne vous aurais pas appelé, avait-il répété, intransigeant.
Personne n'avait discuté ses consignes. Avec l'aide des infirmiers, le Docteur Curam avait fait avaler une dose de Philtre de Paix à la Gryffondor, puis tous étaient sortis, non sans lui signaler qu'ils seraient juste dans le couloir, en cas de besoin.
Severus s'était approché davantage du lit de la jeune femme, considérant gravement le corps malmené par les démons intérieurs qui y bataillaient. Mû par une empathie qu'il ne se connaissait pas, il avait effleuré le bras nu et entravé de la jeune femme, faisant courir l'extrémité de ses doigts sur les veines palpitantes, avant de refermer sa main sur le poignet quand un nouveau spasme avait traversé la Gryffondor, faisant se tendre tous les muscles de l'avant bras.
- Pourquoi n'écoutez-vous donc jamais rien ? Avait-il murmuré en ramenant son regard vers le visage de la jeune femme, déformé par l'angoisse. Ne vous avais-je pas dit de cesser de courir après les fantômes ?
Il avait pris une profonde inspiration, faisant le vide en lui pour mieux se préparer à ce qui allait suivre, et avait projeté son esprit vers celui de la jeune femme.
OoOoO
Contre tout attente, entrer dans l'esprit de Granger s'était avéré moins compliqué que prévu. Etait-ce parce que sa magie commençait enfin à se stabiliser, ou parce qu'il avait expérimenté la légilimancie à de nombreuses reprises avec la Gryffondor ? Il n'aurait su le dire et pour l'heure, il n'avait pas le temps de se pencher sur la question.
Il était entré, et même si cela ne s'était pas fait sans quelques turbulences, c'était le principal. Enfin, c'est ce qu'il s'était dit avant de se redresser et de découvrir l'état de la bibliothèque qui constituait la représentation mentale du subconscient de la jeune femme.
La pièce était saccagée. Les rayonnages étaient pour la plupart renversés, et les livres qu'ils avaient contenu gisaient à terre, offrant leurs pages froissés aux courants d'air qui entraient par les fenêtres brisées. Les mannequins qui autrefois déambulaient dans la pièce étaient tous immobiles, comme si le temps s'était arrêté pour eux, figeant certains dans des positions grotesques. L'un d'eux avait encore le bras tendu vers une étagère qui ne se tenait plus devant lui. Un autre s'était baissé pour lacer une chaussure, près d'un voisin qui s'était fait ensevelir sous un monticule de livres.
Au dehors, le ciel grondait et tonnait sans discontinuer, achevant de conférer aux lieux une ambiance sinistre et morbide bien loin de ce qu'était réellement la bibliothèque de Poudlard. Par Merlin, lorsque Granger sortirait de l'hôpital, avec ou sans souvenirs, avec ou sans magie, il l'emmènerait au château, histoire qu'elle puisse contempler de ses propres yeux cette antre du savoir qui avait longtemps été son refuge durant sa scolarité. Leur refuge à tous les deux, en réalité, car lui aussi y avait passé un temps incommensurable durant ses propres années d'étude.
- Granger ? Avait-il appelé prudemment, ignorant si le processus qui avait causé tous ces dégâts était toujours à l'œuvre, ou non.
Personne ne lui avait répondu, même s'il se doutait un peu de cette absence de réponse. Lors de ses précédentes intrusions dans cette bibliothèque, il était toujours tombé sur la Gryffondor par inadvertance, quand ce n'était pas elle qui lui était rentrée dedans, évidemment. Il doutait qu'elle ait la conscience nécessaire pour lui répondre.
Comme il n'était pas sans savoir où était le centre névralgique du traumatisme de la jeune femme, il s'était dirigé vers la réserve, une fois de plus. S'il avait trouvé que la pièce était sans dessus-dessous à son arrivée, il avait vite paru évident que cela n'était rien comparé aux dégâts que la pièce avait subi près de la section interdite. De ce côté, il ne restait aucune étagère debout. Les livres avaient été comme carbonisés, et une fine couche de cendres et de papier brûlé recouvrait le plancher de la pièce. Severus avait marqué un temps d'arrêt en avisant les carcasses éventrées de plusieurs mannequins sans visages. Plusieurs présentaient des traces évidentes de calcination, d'autres gisaient comme des poupées désarticulées au milieu du rembourrage qui leur avait autrefois donné forme.
Par Merlin, il avait beau savoir que tout ceci n'était pas réel et ne constituait qu'une simple représentation mentale, cela n'en restait pas moins dérangeant pour autant. Il comprenait mieux pourquoi Granger était dans un tel état à l'extérieur, à présent qu'il avait une vision claire et précise de l'intérieur de sa tête.
La chaîne qui séparait la bibliothèque de la réserve était défaite. Ou c'était tout comme, car si elle était toujours attachée à ses fixations de part et d'autres de l'entrée de l'accès interdit, elle était si détendue qu'elle touchait le sol, ne figurant guère plus qu'une mince ligne facile à franchir, même pour l'élève le moins bien dégourdi. L'élève… ou n'importe quel mannequin figurant l'un des adversaires que la jeune femme avait dû affronter pendant la guerre.
Severus avait senti ses muscles se tendre au souvenir de l'ersatz de Bellatrix qu'il avait surpris près du cordon lors de sa dernière visite. Si ses réflexions étaient justes, alors…
Il avait sursauté en entendant du bruit non loin de là. Renforçant ses propres barrières d'occlumancie, il s'était avancé jusqu'au pilier qui soutenait l'une des voûtes de pierre de la pièce, s'étonnant seulement de ne pas encore avoir croisé une seule des notes volantes qui peuplaient en général l'esprit agité de la Gryffondor.
Il n'avait pas tardé à avoir la réponse à sa question lorsqu'il avait tourné à l'angle du pilier.
Les notes volantes étaient là. Granger aussi.
Recroquevillée sur une table, au milieu de quatre chaises qu'elle avait disposées autour d'elle, sans doute dans l'espoir de s'offrir un semblant de protection contre l'armée de mannequins démembrés qui s'était massée à ses pieds, offrant là un spectacle d'une morbidité sans précédent aux yeux d'un Severus incrédule. Par Merlin, il avait l'impression de revoir ce tableau accroché dans l'un des couloirs de Poudlard, cette représentation de la Mort trônant sur le monticule des corps décharnés de ses victimes. Tout autour de cette macabre mise en scène, les notes volantes s'agitaient en un épais nuages de mots frémissants, tels les corbeaux survolant un charnier en vue de leur prochain repas.
Alors qu'il approchait, toujours à la recherche de l'ersatz de Bellatrix qu'il soupçonnait de s'être enfui de la réserve, il avait baissé les yeux vers les mannequins déchiquetés, éventrés ou brûlés qui gisaient en un pêle-mêle sordide. Heureusement qu'il ne s'agissait là que de poupées sans visages, car il doutait être parvenu à traverser cette marée de corps s'ils avaient eu l'apparence de véritables personnes.
- Grang… Hermione, avait-il soufflé alors qu'il arrivait à proximité de la table sur laquelle elle avait trouvé refuge.
Au tressautement frénétique qui agitait ses épaules, il avait deviné qu'elle pleurait. De peur ou de douleur, il l'ignorait. Toujours était-il que cette vision de la jeune femme éplorée l'avait touché plus que ce qu'il aurait pensé. Et dire que la veille encore elle se tenait devant lui, près de la rambarde du toit, fière et insouciante ou presque, les cheveux au vent et le sourire aux lèvres. Comment la situation avait-elle pu se dégrader en si peu de temps? L'alarme de confinement avait-elle pu faire remonter à la surface certains souvenirs du conflit ?
- Hermione, avait-il répété en approchant davantage, progressant précautionneusement entre les mannequins désarticulés.
Elle avait vivement sursauté, et le regard effrayé qu'elle avait relevé dans sa direction l'avait réellement attristé, tant il tranchait avec celui, rieur et malicieux, qu'elle avait eu la veille.
- Severus…, avait-elle murmuré, si douloureusement qu'il avait à peine reconnu son prénom dans sa bouche.
- Ce n'est qu'un cauchemar, rien qu'un cauchemar, une fois de plus…
Les larmes avaient redoublé sur les joues rouges de la Gryffondor, et il avait lu une telle détresse dans son regard qu'il en avait été troublé malgré lui.
- Non, pas cette fois. Elle est là, elle est vraiment là… ,avait-elle gémi en se recroquevillant davantage. Elle est revenue.
Severus avait jeté un nouveau regard d'ensemble aux mannequins déchiquetés, sentant son estomac se tordre douloureusement en songeant à la responsable de tout ce massacre.
- Je n'ai pas croisé Bellatrix. Est-elle…
- Qui est Bellatrix ? Avait demandé la jeune femme, confuse, en relevant un regard perdu vers lui.
Severus avait sourcillé, soudain incertain quant au discours à tenir. Face à lui, la Gryffondor avait balayé du regard la nuée de mannequins échoués à ses pieds, comme si elle s'efforçait de savoir qui était la personne qu'il évoquait.
- Celle qui est à l'origine de tout ceci, avait-il répondu prudemment.
Sous son regard inquiet, le visage de la Gryffondor s'était soudain crispé en une grimace douloureuse, et elle avait réprimé un long frémissement, comme si son corps _ ou son esprit, peu importe _ n'était pas capable de contenir les émotions qui l'assaillaient. Un sanglot plus lancinant que les précédents lui avait échappé alors qu'elle enfouissait son visage entre ses mains, se soustrayant à sa vue.
- Non, ce n'est pas ça… Vous ne comprenez pas, avait-elle gémi en étouffant un nouveau sanglot de la paume de sa main.
Son regard noisette, qu'il avait tant de fois croisé et soutenu, animé tantôt de malice et tantôt de cette lueur de défi qu'il avait appris à apprécier, n'était plus que tourment. Tourment et… culpabilité, avait-il réalisé, interdit.
- La responsable de tout ceci n'est pas… ce n'est pas…, avait-elle repris comme il l'observait avec incompréhension et appréhension. C'est moi, avait-elle fini par avouer dans un murmure étranglé.
Severus avait été si surpris de cette révélation qu'il avait manqué perdre la connexion avec l'esprit de la jeune femme, et s'était efforcé de replacer ses barrières d'occlumancie pour se stabiliser.
- Qu'est-ce que…?
- Depuis le début… depuis que je me suis réveillée dans ce lit… j'ai toujours pensé que c'était impossible. Que je n'avais pas pu participer à tout ceci, avait-elle poursuivi d'une voix entrecoupée par les pleurs. Je ne suis pas comme ça, je… je ne suis pas pour la violence et…
Severus, qui commençait à comprendre ce qu'il en était réellement de cette mise en scène glauque et macabre, avait dévisagé la jeune femme avec stupéfaction.
- Gr… Hermione, ce n'est pas …
- … je n'avais même plus de pouvoirs alors, comment aurais-je pu…? Avait-elle sangloté en lançant un nouveau regard au monticule de poupées calcinées. Et puis ce matin je… J'ai incendié ces mannequins, Severus, avait-elle dit en rivant son regard au sien, l'air désemparé. J'avais toute cette colère en moi et je… j'ai…
- Votre magie est revenue ? Avait soudain compris le Serpentard, sidéré.
Il n'avait pas eu l'impression de mettre autre chose que de l'effarement dans sa voix, et pourtant Granger avait vivement réagi, comme si elle avait perçu une quelconque forme d'enthousiasme ou de soulagement dans ses mots.
- Je ne voulais pas ! S'était-elle exclamée, désespérée.
- Miss Granger, vous êtes une sorcière, que vous le vouliez ou non, avait énoncé Severus en s'efforçant de tempérer sa voix, puisque la situation nécessitait de faire preuve de tact, à son plus grand désarroi.
C'est que Severus n'avait jamais été doué pour ces choses là, malheureusement.
La jeune femme avait relevé un regard dépité vers lui, et le Serpentard avait compris que malgré tout ce qu'on avait pu lui dire, lui donner à lire ou lui montrer depuis le début de son amnésie, la Gryffondor avait été convaincue de ne pas faire partie de leur monde. De n'être qu'une moldue, ou une cracmol, éventuellement. Découvrir qu'elle avait réellement des pouvoirs venait de faire s'écrouler toutes les certitudes qu'elle avait rebâties depuis six mois. Il ignorait quelle avait été sa réaction en découvrant sa véritable nature, à ses onze ans, mais il était évident que cette fois la nouvelle était bien trop lourde à porter. A présent qu'elle savait que la magie n'était pas que blanche et lumineuse, les conséquences étaient bien différentes.
Comme pour le conforter dans cette idée, Granger avait détourné le regard, abattue.
- Je ne veux pas de ces pouvoirs s'ils signifient que j'ai réellement pu commettre de telles atrocités, avait-elle murmuré, le regard perdu sur les poupées en morceaux.
Severus n'avait pas répondu. Il n'y avait rien à répondre à cela. Lui-même était bien placé pour savoir ce que la magie pouvait faire, dans le meilleur comme dans le pire. Alors que son regard ténébreux suivait celui de la jeune femme, il avait seulement alors prêté attention aux notes volantes qui se trouvaient là, tourbillonnant autour de Granger comme les vents d'un cyclone. Il avait eu le temps de discerner quelques adjectifs peu flatteurs sur plusieurs d'entre elles. Coupable. Violente. Effrayante.
Par Merlin, si elle continuait ainsi, Granger risquait la dépression à coup sûr.
- Granger, écoutez-moi, avait-il finalement repris d'une voix qui n'admettait aucune protestation, celle-là même qu'il employait en cours. Ecoutez-moi bien car je ne le répéterai pas. Vous n'y êtes pour rien.
- Mais je…
Le Serpentard lui avait adressé son regard le plus incisif, et s'était félicité de réussir encore à la faire taire ainsi. Il n'aurait quand même pas fallu que Granger pense qu'elle avait les pleins pouvoirs sur lui, quand même ! Elle était déjà bien gonflée de vouloir l'interrompre.
- Vous vous êtes battue pour défendre ce qui comptait pour vous. Vos amis, votre famille, vos convictions. Quand le Seigneur des Ténèbres voulait le pouvoir et l'anéantissement des sorciers qu'il jugeait indigne de la magie. Sorciers dont vous faisiez partie, qui plus est. Vous vous êtes défendue. Il n'y a aucune culpabilité à avoir dans tout ceci, car rien n'était de votre fait. Il est juste regrettable que de si jeunes personnes aient été contraintes de prendre part à pareil conflit, avait-il ajouté, amer, en repensant à la conversation qu'il avait eu avec Minerva quelques mois plus tôt.
La jeune femme avait gardé le silence quelques instants, méditant sur ce qui venait d'être dit. Puis elle relevé un piètre regard vers lui, l'expression si vulnérable que Severus en aurait presque _ mais seulement presque _ eu envie de la prendre dans ses bras pour la rassurer.
- Vous le pensez vraiment ? Avait-elle demandé, d'une si petite voix qu'il l'avait à peine entendue.
Severus s'était renfrogné, un brin vexé.
- Seriez-vous entrain d'insinuer que j'ai pour habitude de ne pas dire ce que je pense, Miss Granger ? Avait-il cinglé avec un regard noir.
- Non, bien-sûr que non, avait-elle répondu alors que l'ombre d'un sourire fleurissait sur ses lèvres encore humides de larmes.
Severus s'était senti comme libéré d'un poids en la voyant ainsi sourire, alors même qu'il n'avait pas eu conscience de l'inquiétude qui l'oppressait depuis qu'Estella l'avait informé du malaise de la jeune femme. Par Merlin, quelle ironie, pour lui qui de tout temps avait toujours trouvé que l'inquiétude et l'empathie étaient inutiles, et ne servaient qu'à décupler l'anxiété de tous. Depuis quand était-il sujet à ce genre d'émotions futiles et encombrantes ?
- Bon, maintenant que c'est réglé, j'apprécierais grandement que vous remettiez de l'ordre dans tout ça, avait-il repris en désignant la bibliothèque d'un regard, tentant de masquer son trouble derrière un ton plus incisif que précédemment. Non pas que je me soucie de ce que vous pouvez faire mais pour ma part, j'ai un planning plutôt chargé qui m'attend, et qui risque d'être compromis si je passe trop de temps ici.
La jeune femme avait blêmi soudainement à ces mots. Severus avait craint le pire, jusqu'à ce qu'elle ouvre de nouveau la bouche.
- J'avais promis de vous emmener marcher ! S'était-elle soudainement souvenue, catastrophée.
L'ancien espion lui avait lancé un regard interloqué, déconcerté qu'elle prenne tant à cœur cette mission qu'elle s'était elle-même alléguée. Elle avait eu beau le prévenir qu'elle ne plaisantait pas, il ne l'avait pas crue, de toute évidence.
- Et vous avez déjà raté une échéance, avait-il néanmoins commenté, sarcastique, sans laisser paraître sa surprise. Vous avez de la chance que je ne puisse plus vous retirer de points, Miss Granger, car je me serais fait un plaisir de sanctionner cette étourderie.
Son regard avait croisé le sien, et Severus avait su qu'il avait définitivement perdu son fiel légendaire lorsqu'il s'était fait la réflexion, niaise et ô combien idiote, que l'éclat malicieux était enfin revenu dans les iris noisette. Par Salazar, voilà qu'il devenait aussi sentimental que ce fou d'Albus ! Néanmoins, il avait été incapable de détourner son regard de celui de la jeune femme, du moins pas avant de remarquer qu'autour d'eux, le décor avait changé. Les mannequins déchiquetés avaient disparu, les notes volantes s'étaient dispersées et les livres avaient retrouvé leur place sur les étagères de nouveau sur pied.
L'esprit de Granger s'apaisait.
- Disons que je passerai deux fois plus de temps avec vous demain et que cela comptera comme une retenue, si cela peut vous consoler, avait répondu la demoiselle, mutine.
Les chaises aussi avaient disparu, et la jeune femme était à présent assise sur la table d'étude juste devant lui, cette position lui permettant de compenser les quelques centimètres qu'il lui manquait pour être à la même hauteur que lui.
Severus avait haussé un un sourcil sarcastique.
- Dois-je comprendre que ce temps passé en ma présence représente une quelconque forme de punition pour vous ? Avait-il demandé, ironique.
Les yeux de la Gryffondor avaient redoublé d'éclat face à lui, et son sourire s'était fait plus taquin encore que précédemment.
- Eh bien, j'imagine qu'étant donné votre terrible réputation au sein de l'hôpital, c'est une question qui mérite d'être posée, avait-elle répondu, faisant mine de réellement réfléchir à ce sujet.
Severus avait eu beau savoir qu'elle plaisantait, une partie de lui avait néanmoins frémi à l'idée qu'elle puisse être sérieuse, et avait un instant redouté sa réponse. Oh bon sang, il allait vraiment falloir qu'il se reprenne avant de perdre tout bon sens. Depuis quand l'idée que sa présence puisse être non appréciée constituait-elle une source d'inquiétude ? Il avait toujours adoré susciter l'angoisse et la peur par sa seule présence !
- Nul doute que cela serait le cas pour n'importe qui dans cette clinique, quand on y pense, avait-elle poursuivi, se délectant visiblement de la sombre lueur qui s'était allumée dans les yeux onyx.
- Ne poussez pas le bouchon, Miss Granger, avait-il grondé, sentant déjà son ego se hérisser tout à fait face à la provocation.
- Oh mais j'exagère à peine. Vous terrifiez littéralement Gilderoy, et Estella ne semble jamais ravie que je passe du temps en votre compagnie, avait-elle argué.
Le Serpentard avait laissé échapper un grondement éloquent, laissant clairement comprendre ce qu'il pensait des deux noms évoqués. N'aurait plus manqué qu'elle ajoute le fils Londubat à la liste !
- Pour ma part, eh bien… Je dois avouer que je me fiche bien d'être fidèle à cette élève irréprochable que j'ai pu être par le passé, avait-elle poursuivi. De fait… je ne me soucie guère des retenues. Je dirais même…, avait-elle ajouté, un ton plus bas. … Que je pourrais y prendre goût…
Le cœur de Severus avait fait une embardée, et il avait vacillé, sentant son propre esprit s'agiter soudainement. La jeune femme avait aussitôt perdu son sourire en le voyant tituber, et la bibliothèque s'était assombrie dans le même temps, reflétant son angoisse.
- Severus? Avait-elle demandé, inquiète.
La voix de la Gryffondor lui était parvenue de très loin alors que les barrières d'occlumancie de l'ancien espion s'effritaient. Etait-il déjà arrivé au bout de sa magie, ou était-ce les derniers mots de…? Non, il était arrivé au bout de sa magie, c'était certain. Mieux valait faire preuve de faiblesse en s'épuisant rapidement, que de sentimentalisme en prêtant trop d'attention aux mots de la jeune femme. A ses mots, à son regard, à ses lèvres si proches… Oh, Doux Merlin !
Le self-control du Serpentard avait reculé davantage.
- … Everus… llez bien?
- Réveillez-vous, Granger… Ce n'était qu'un cauchemar, avait-il formulé juste avant de perdre la connexion avec l'esprit de la demoiselle.
