Chapitre 8: Inspections!

Partie 2

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*Blablabla: Langue des signes

Blablabla (centré): Lettre et/ou texte écrit

Blabla : pensée

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Harry s'installait systématiquement au fond de la salle durant les cours de Métamorphose. Cela lui permettait de voir qui, parmi ses camarades, galérait avec les exercices et de les aider le soir à refaire ce qu'ils n'avaient pas maîtrisé.

McGonagall le laissait faire. Elle avait compris avec les années que si Léo était absolument brillant en Métamorphose, Harry était quasiment aussi bon que son jumeau. Le fils cadet de James et Lily Potter aurait pu passer sa BUSE en même temps que son frère. Mais, Merlin savait pourquoi, il ne l'avait pas fait. Alors, autant que ses talents profitent au reste de sa classe.

En ce matin d'octobre brumeux, Harry rejoignit donc sa place attitrée, tout au fond de la salle. Il posa son sac sur la seconde chaise et en sortit un grand cahier à spiral bien moldu ainsi que sa trousse remplie de stylo bille et de crayons à papier.

Ombrage était assise dans un coin de la salle avec son bloc-notes et sa plume fuchsia. Harry l'avait repéré dès qu'il avait franchi la porte de la salle de métamorphose. Ses camarades mirent un peu plus de temps, mais rapidement la présence de la grande inquisitrice de Poudlard fut au cœur des bavardages.

«Bien, ça suffit», déclara la Professeure McGonagall en s'avançant dans la salle sans manifester le moindre signe indiquant qu'elle avait noté la présence de sa collègue. Le silence se fit aussi tôt. «Miss Brocklehurst, veuillez prendre les devoirs corrigés et les rendre à vos camarades. MrGoldstein, ayez la gentillesse de prendre cette boite de souris. Allons, ne soyez pas stupide, elles ne vous feront aucun mal. Vous en donnerez une à chaque élève…»

«Hum, hum» toussota le professeur Ombrage de cette même toux horripilante par laquelle elle avait interrompu Dumbledore lors de la rentrée.

McGonagall (cette femme était incroyable!) ne lui accorda aucune attention. Mandy rendit son devoir à Harry et sans surprise, il avait eu un optimal.

«Alors, écoutez-moi avec attention, MR GAGE! Refaite cela à cette souris et vous aurez une retenue. La plupart d'entre vous sont parvenus à faire disparaître leurs escargots. Même ceux à qui il est resté un peu de coquille ont compris l'essentiel du sortilège. Aujourd'hui nous al…

«Hum! Hum!»

«Oui?!» répondit le professeur McGonagall en se tournant vers Ombrage avec un regard plus froid que la banquise.

«J'étais en train de me demander, professeur, si vous aviez reçu mon petit mot indiquant le jour et l'heure de mon inspe…

«Bien sûr que je l'ai reçu. Sans cela je vous aurai demandé ce que vous faisiez dans ma salle de cours», répliqua l'enseignante de Métamorphose avant de tourner résolument le dos à la Grande Inquisitrice.

La plupart de la classe échangea des regards réjouis. Harry applaudit mentalement la Directrice Adjointe.

«Comme je le disais, nous allons pratiquer aujourd'hui une Disparition plus complexe, celle d'une souris. Le sortilège de Disparition est…

«Hum, hum.»

«Je ne vois pas très bien comment vous espérez vous faire une idée de mes méthodes d'enseignement si vous persistez à m'interrompre sans cesse. En règle générale, je ne permets à personne de parler en même temps que moi.»

On aurait dit que Ombrage venait de recevoir une gifle. Harry du se mordre les joues pour ne pas éclater de rire.

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Plongé dans une profonde réflexion, Ron analysait le dernier mouvement de son adversaire. En déplaçant cette pièce de cette manière, trois angles d'attaque étaient désormais ouverts pour Su. Lequel allait-elle prendre…

Ron adorait jouer contre Su. La serdaigle était très douée et elle lui offrait des matchs intéressants. Rares étaient les adversaires contre lesquels Ron n'était pas certain de sa victoire. Il y avait Percy (qui lui avait appris à jouer), trois élèves de dernière année (qui n'avaient pas le temps cette année de jouer avec lui), Harry (parce qu'il faisait tellement n'importe quoi qu'il arrivait à surprendre Ron) et Su.

Le Gryffondor lâcha l'échiquier du regard pour analyser son adversaire. Su avait ressorti sa grande écharpe et s'était emmitouflée dedans, cachant ainsi les trois quarts de son visage. Autant dire que ce n'était pas ses expressions qui allaient aider Ron à définir quelle stratégie la serdaigle allait employer!

Bah! Au culot, comme tout bon Gryffondor se respectant!

Ron déplaça sa pièce et fut gratifié d'un (léger) froncement de sourcil de la part de son adversaire.

Ahha!

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Filius Flitwick était d'un naturel calme. Il en fallait beaucoup pour que son sang se mette à bouillonner dans ses veines. Sa fratrie rigolait que c'était le sang humain de son géniteur qui avait rabattu les flammes de son âme gobeline. Dans les faits c'était surtout que Filius avait appris très tôt que sa nature métisse ne lui laissait pas le droit à l'erreur. S'il était «trop» gobelin dans son attitude, il allait s'en prendre plein la gueule.

Mais très clairement ce soir, la rage qui l'animait était toute gobeline. Elle déformait son visage et pulsait dans ses veines.

Par le marteau du Père Forgeron, d'où cette misérable bonne femme avait-elle osé le traiter ainsi ?! Lui ! Filius Flitwick ! Le plus grand Maître Duelliste de ce siècle!

Et elle, cette misérable larve avait osé…

«Filius!»

Le Directeur des Serdaigles tourna un regard noir vers Severus qui venait de l'interrompre.

«Maîtrise-toi. Ne lui donne pas plus de munitions», claqua le Maître des Potions.

Filius retint difficilement un grondement rauque. Severus avait raison. Alors même s'il avait envie d'arracher les tripes de cette maudite femelle pour s'en tricoter un pull, il allait plutôt inspirer profondément pour retrouver sa maîtrise de soi.

Bordel, c'était dur.

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«Incroyable d'être aussi con», marmonna Théodore en repliant la Gazette du Sorcier.

Depuis la mort «tragique» de son géniteur, le jeune homme de juste quinze ans était devenu le Lord de la Noble, Pure et Ancienne Maison Nott. Même si sa Maison était absolument moribonde (il ne restait que lui portant ce nom), Théodore s'appliquait à tout mettre en œuvre pour préserver et faire fructifier les intérêts Nott. Malheureusement la politique d'autruche du Ministère ne l'aidait absolument pas du tout!

Théodore, grommelant comme un vieux putois, sortit un petit calepin et commença à planifier les prochaines actions qu'il allait devoir faire pour que la guerre à venir ne torpille pas complètement la fortune et les intérêts de sa Famille!

Il était absolument évident qu'il y allait avoir une guerre!

Théodore avait vu la Marque des Ténèbres sur le bras de son géniteur. Le Seigneur des Ténèbres était de retour! Dumbledore, vu son attitude distante et préoccupée le savait aussi! Très certainement grâce à Severus Snape.

Théodore avait lu les compte rendu d'audience des Grands Procès de 1991, il savait que Severus Snape avait été un Mangemort puis un Espion! Et Théodore était prêt à mettre sa main à couper que la couleur étrange ornant le bras de son enseignant de Potions était en lien avec sa marque! (La question était: avait-il réussi à l'enlever?)

Les deux camps étaient de nouveau actifs, amassant des partisans, des armes, des informations… Le Ministère avait décidé de fermer les yeux et d'enfoncer la tête dans le sable. Malheureusement, n'ayant pris aucune mesure pour se dresser en troisième camp dans la lutte à venir il était plus que probable que le Ministère tombe entre les mains de l'un ou l'autre des deux camps.

(Théodore pariait plus sur les Mangemorts vu qu'ils arrosaient de dessous de tables toutes les hautes instances politiques du pays depuis presque… vingt ans! Le camp de Dumbledore devait soit être composés d'idiots ayant raté le coche, soit de pauvres.)

Théodore avait dégagé son paternel de façon permanente de la scène. Il s'était libéré de son joug (et avait vengé sa mère) après des années de souffrances. Ce n'était pas pour rester sous la coupe de quelqu'un d'autre!

D'un côté, il continuait de penser que les moldus étaient une plaie dont il fallait rester le plus éloigner possible. D'un autre côté, il savait que contrairement à ce que voulait faire le seigneur des Ténèbres il était impossible de tous les tuer. Ils étaient bien trop nombreux! Et du coté de la lumière, ce n'était pas mieux. Théodore avait écouté Dumbledore. Il présentait les moldus comme des petits animaux mignons et innocents. A croire qu'il avait oublié l'Inquisition Espagnole ou les Procès de Salem et qu'il ne s'était pas renseigné sur les armes moldues.

Très franchement, pour Théodore Nott, le Seigneur des Ténèbres et le Champion de la Lumière, c'était bonnet blanc et blanc bonnet. Deux hypocrites narcissiques avec des visions très similaires (bien que opposées) qui envoyaient leurs partisans au casse-pipe sans scrupule.

Hors Théodore n'était le chien de personne! Ni du Seigneur des Ténèbres, ni de Dumbledore!

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Alice, blottie contre son époux, lisait la Gazette du sorcier. Elle ne le lisait pas par plaisir. Mais c'était important de savoir que la presse du Ministère imprimait. Chaque article confirmait que Fudge faisait l'autruche, refusant d'imaginer que Dumbledore puisse ne pas dire que des conneries.

«Pitoyable», finit-elle par dire en repliant le journal.

«Hum?» demanda Severus qui avait la tête ailleurs depuis qu'il était rentré.

«Je commentais la qualité de la Gazette. C'est toujours aussi nul.»

«Ouais.»

«Qu'est-ce qu'il se passe Sev'?»

«Quoi?»

«Tu as la tête ailleurs? Qu'est ce qui t'embête?»

Une grimace furtive passa sur le visage du Potioniste. Il sembla hésiter à ne rien dire, mais il finit par se dégonfler tel un ballon avec un soupire de fin du monde.

«Tu sais que Ombrage inspecte les enseignants», demanda-t-il.

(Elle avait droit à un compte-rendu tous les soirs des «ombragitudes». La question était rhétorique.)

«Oui», dit tout de même Alice.

«Filius a été inspecté», annonça Severus.

«Oh! Je ne vois pas ce qui a pu mal se passer. Flitwick est génial comme prof», commenta Alice qui gardait de très bons souvenirs de l'enseignant de Sortilèges.

«Oui. Il est très bon, patient et pédagogue. Il a traité Ombrage comme une invitée lorsqu'elle a débarqué sans prévenir durant la répétition de la chorale.»

Ah, la chorale! Alice en avait fait partie durant sa scolarité. C'était d'ailleurs là qu'elle était devenue amie avec Émeline Vance et qu'à travers elle, Alice et Franck avait rejoint l'Ordre du Phénix…

«Pour que tu fasses cette tête, c'est qu'Ombrage a fait une ombragitude», déclara Alice.

Severus hocha la tête en pinçant les lèvres.

«Filius a été poli et courtois avec elle. Et elle, cette salope, elle a sorti un mètre.»

Alice cligna des yeux.

«Un mètre?»

Severus hocha la tête.

«Ouais, un putain de mètre ruban, comme celui de Guipure. Et elle a mesuré Flitwick!»

«Putain! Flitwick devait être furieux!»

«J'ai cru qu'il allait la massacrer à coup de hache lorsqu'il m'a raconté», confirma Severus

Alice secoua la tête, aberrée par la bêtise de l'employée du Ministère.

«La conne.»

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Emma Diggory, étudiante de Serdaigle en troisième année (et cousine du premier Champion de Poudlard) avait décidé de prendre comme option l'Arithmancie. (Et les runes, mais ce n'était pas le sujet). Elle aimait les nombres depuis toujours et était très impatience de connaître leurs magies!

La professeure Vector était stricte mais très gentille. Elle attendait de ses élèves qu'ils soient attentifs mais ne s'énervait jamais lorsqu'ils bloquaient sur quelque chose. L'Arithmancie était en passe de devenir le cours favori d'Emma et elle était toujours contente d'y aller.

Sauf aujourd'hui.

Merlin, pourquoi est-ce que la professeure Ombrage venait inspecter ce cours précisément?! Ce n'était pas intéressant pour elle! Les troisièmes années n'étaient que des néophytes, il n'y avait rien d'excitant à voir!

Grimaçant à l'idée que l'horrible (et mauvaise) enseignante de Défense contre les Forces du Mal vienne lui pourrir son cours favori, Emma rejoignit sa place où l'attendait déjà Hestia Carrow qui était elle aussi absolument ravie de la présence de Dolorès Ombrage.

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Le Comité des Fêtes de Poufsouffle avait perdu un peu de son entrain depuis la rentrée. La majorité de ses membres étaient en dernière année et priorisaient leurs ASPICS aux évènements festifs. Personne ne leur en tenait rigueur. Les ASPICS étaient la clé du futur.

Sally-Ann était la seule membre du Comité à ne pas être en dernière année. Mais elle avait les BUSES en fin d'année et devait aussi se concentrer sur ses cours. Et puis, toute seule, elle ne pouvait pas organiser grand-chose. (Elle avait réussi à maintenir les vendredi films et c'était déjà bien!)

Harry Potter se foutait pas mal des révisions. Il connaissait déjà les cours et surtout son expérience lui avait appris que les BUSES ne servaient pas à grand-chose dans la vie professionnelle. Du coup, Harry avait plus de temps pour imaginer des conneries.

Et la dernière en date avait un sacré potentiel.

«Une soirée costumée?» demanda Sally-Ann avec incompréhension.

«Exactement!»

Oh! Le sourire de Potter était annonciateur de chaos.

«Explique», ordonna la Poufsouffle aux cheveux bleus.

«On a toujours un festin pour Halloween. On est tous rassemblé pour un moment cool.»

«Ou une invasion de troll», coupa Sally-Ann

«Une seule fois! Bref, on est rassemblé et ça pourrait être sympa qu'on soit tous déguisé.»

Sally-Ann mordilla le bout de son stylo en réfléchissant. Ça pourrait effectivement être drôle, mais où trouver des costumes?

«Tu veux impliquer tout le monde?»

«Oui.»

«Même les profs?»

«Carrément!»

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Wilhelmina Gobe-Planche n'était que remplaçante à Poudlard. Toute cette histoire d'inspection lui passait largement au-dessus de la tête. Elle se foutait largement de l'avis de Dolorès Ombrage ou même du Ministère concernant ses compétences. Surtout qu'ayant fait une partie de sa scolarité avec Fudge (qui avait autant de répondant qu'une chaussette mouillée) et Ombrage (qui était déjà une peste à l'époque), elle connaissait les deux bigorneaux!

Au pire Ombrage lui dirait qu'elle ne respectait pas le programme. Et alors? Wilhelmina avait été l'Apprentie de Norbert Dragonneau en Magizoologie. On ne faisait pas mieux dans le domaine. Et ce n'était pas Ombrage, qui n'avait pas eu sa BUSE dans cette matière qui allait juger les connaissances et compétences de Wilhelmina.

Ce fut donc aussi zen d'un moine tibétain (elle devait d'ailleurs retourner à Tsaparang pour racheter du beurre de yak et de la tsampa), l'enseignante remplaçante regarda la peste en rose s'incruster dans son cours.

«D'habitude, ce n'est pas vous qui assurez ce cours, c'est bien cela?» demanda Ombrage.

«C'est bien c'la», répondit Wilhelmina en vérifiant qu'aucuns botrucs ne s'échappaient de leurs cages. «J'remplace le professeur Hagrid.»

Les petits yeux de fouine de Dolorès Ombrage se plissèrent alors qu'elle envahissait l'espace vital de l'enseignante de Magizoologie.

«Je me demande… Le directeur semble étrangement réticent lorsque je lui pose la question à ce sujet… mais vous, pourriez-vous me dire la raison de cette absence très prolongée du professeur Hagrid?»

Wilhelmina prit sur elle pour ne pas rouler des yeux. Ombrage pensait-elle vraiment qu'elle était subtile?

«Bien peur de ne pas pouvoir vous répondre», annonça Wilhelmina avec satisfaction. «J'en sais pas plus que vous. J'ai r'cu un hibou me proposant un remplacement de deux semaines minimums. J'ai accepté. Voilà tout. Bon, je peux commencer?»

La déception dans le regard de la peste était agréable. Ce qui l'était moins était de voir qu'Ombrage ne s'était pas amélioré entre le moment où elle avait treize ans et maintenant. Mais bon, prochainement Wilhelmina n'aurait plus à supporter cet horrible individu.

Elle regarda Ombrage zigzaguer entre les étudiants, s'arrêtant pour poser des questions. Wilhelmina ne connaissait pas très bien Rubeus Hagrid. Mais en écoutant les réponses apportées par les élèves, il était évident qu'il savait de quoi il parlait lorsqu'il s'agissait des créatures magiques. Finalement, ayant récupéré les informations l'intéressant, Ombrage revint voir l'enseignante.

«D'une manière générale, en tant que membre provisoire de l'équipe pédagogique, un observateur objectif en quelque sorte, comment trouvez-vous Poudlard?» demanda Ombrage. «Pensez-vous que vous bénéficiez d'un soutien suffisant de la part de la Direction?»

Subtilité, te revoilà, songea Wilhelmina avant de répondre.

«Oh, oui! Dumbledore est un excellent Directeur. Je suis très heureuse de la façon dont les choses sont organisées. Vraiment très heureuse.»

Et c'était vrai. Albus Dumbledore savait être très efficace. Il avait organisé la venue de Wilhelmina en un rien de temps et avait satisfait à chacune de ses demandes, y compris celles sur ses appartements. Et Merlin savait que peu d'individus auraient acceptés l'installation de la couveuse pour les œufs de vivet doré et de runespoor. (Deux espèces catégorisées XXXX pour lesquelles elle avait tous les permis. Elle était une éleveuse assermentée auprès de la Confédération des Travailleurs de la Magizologie!)

La réponse enthousiaste de Wilhelmina avait apparemment décontenancé Ombrage qui griffonna quelques mots sur son calepin avant de reprendre.

«Qu'avez-vous l'intention d'étudier dans cette classe, en supposant bien sûr que le Professeur Hagrid ne revienne pas?»

«Bah, on fera un tour d'horizon des créatures qui reviennent le plus régulièrement aux BUSES. Hagrid leur a déjà montré les licornes et les niffleurs l'an passé, du coup il ne reste pas grand-chose. J'ajouterai les Porlocks et les fléreurs. Et comment différencier les Croups et les Noueux des animaux de compagnies moldus.»

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Bruce relut l'affiche placardée sur le tableau d'annonces de la salle commune une seconde fois pour être certain d'avoir bien compris.

Le comité des Fêtes proposait d'aller costumé au Festin d'Halloween. Tous les thèmes étaient possibles, la direction avait donné son accord, le club théâtre pouvait aider pour les costumes.

Bruce ricana.

C'était une super idée!

«Tu sais comment tu vas te déguiser?» demanda Ernie qui avait lui aussi fini de lire.

«Évidemment. Je suis prédestiné pour mon déguisement», répondit Bruce.

Justin, qui était lui aussi un Né de Moldus, ricana à son tour. Il avait compris ce qu'allait mettre Bruce. Après tout, Bruce avait comme nom de famille Wayne. Il ne pouvait pas mettre autre chose que le costume de Batman!

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«Je vous demande pardon?!»

Ron, à moitié caché derrière son livre, regardait, fasciné, le spectacle affligeant offert par les professeurs Trelawney et Ombrage.

L'horrible crapaud rose avait débarqué en début de séance et depuis elle s'acharnait sur la «voyante» comme un taon sur un bœuf. Outre ses questions invasives, c'était son ton, dédaigneux et moqueur qui était le plus horripilant.

Trelawney avait esquivé les coups comme elle le pouvait, mais la demande de prédiction l'avait véritablement mise en colère. C'était d'ailleurs un exploit. Ron pensait son enseignante incapable de s'énerver ainsi de cette façon.

«Pouvez-vous me faire une petite prophétie?» répéta Ombrage avec ce même ton méchant.

«Le troisième œil ne voit pas sur commande!» répliqua Trelawney en se redressant brutalement, ses bracelets et colliers de pierre s'entrechoquant bruyamment.

Ombrage lui offrit une petite moue qui avait largement plus sa place sur la bouille d'une enfant de 6ans que sur le visage d'une femme adulte.

«Juste une toute petite prophétie?»

Un silence pesant répondit à sa requête. Elle nota quelques mots sur son bloc-note.

«Bon.»

«Attentez!» coupa Trelawney, «Je vois… Quelque chose de sombre… Une très grave menace qui vous concerne vous! Vous courrez un grave danger!»

«Charmant.»

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«Une soirée déguisée? Vraiment?» commenta Aurora.

«Je trouve que c'est une bonne idée.»

«Tu sais comment tu vas y aller?»

«Pas encore. Mais ce sera d'inspiration non magique», répondit Charity avec un sourire, proposant à sa collègue le dernier biscuit à la framboise.

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Charity Burbage n'était pas une femme au caractère hargneux. Elle se décrivait (et était décrite par ses amis et sa famille) comme quelqu'un de doux et gentil, porté sur l'écoute d'autrui. Elle cherchait à comprendre les autres pour construire avec eux.

Alors, de toute l'équipe professorale, Charity était certainement celle ayant été la plus ouverte avec leur nouvelle collègue. Certes, la façon dont le Ministère avait placé Dolorès ne plaisait pas à l'enseignante d'Étude des Moldus, mais peut-être le faisait-il vraiment pour améliorer les choses?!

Cet état d'esprit avait duré environs 43 minutes durant la réunion de prérentrée. Puis Ombrage avait attaqué la matière de Charity.

Charity Burbage était douce, gentille et ouverte aux autres tant qu'on ne s'insultait pas. À partir du moment où sa nouvelle collègue avait craché sur l'Étude des Moldus, déclarant (pas directement, mais clairement c'était ce qu'elle pensait) qu'il fallait être un débile profond pour enseigner quoi que ce soit sur les moldus et être vraiment être le pire des demeurés pour imaginer que les moldus soient autre chose que des sauvages incultes, Charity était entrée en guerre.

Évidemment, Charity était Charity.

Elle ne savait pas assassiner quelqu'un en une demi-phrase comme Severus ou réduire un individu en cendre d'un regard comme Minerva. Nan, Charity n'était pas une grande guerrière outragée! Elle sa spécialité était les petites revanches mesquines et désagréables. Comme s'assurer qu'il n'y ait plus aucun biscuit à la framboise lorsque Dolorès entrait en salle des professeurs. Vider le sucre, s'arranger pour qu'aucun de ses couteaux de coupe ou, (et c'était ce dont elle était le plus fière) se débrouiller pour que son journal arrive systématiquement détrempé par la pluie, même lorsqu'il ne pleuvait pas…

Alors que ses collègues pestaient et s'indignaient d'être inspecté par quelqu'un d'incompétent (après tout quelle expérience avait donc Dolorès Ombrage dans l'enseignement et les techniques pédagogiques? Et on n'allait pas parler des sujets en eux-mêmes.) Charity préparait, très soigneusement son inspection.

Ombrage déclarait que les Moldus étaient des sauvages sans culture, bêtes à bouffer du foin. Charity allait lui renvoyer ses préjugés dans la gueule avec une joie indescriptible.

Choisir un sujet avait été tellement complexe! Devait-elle parler des progrès technologiques? De la seconde Guerre Mondiale et ses horreurs? De l'alunissage? Des mouvements artistiques de la peinture? Des voyages en avions supersoniques? De la musique?

Arg, tant de possibilités…

Finalement c'était l'exposé du binôme Perks-Notts qui avait décidé Charity. Les deux élèves (qui travaillaient étonnamment bien ensemble même s'ils passaient leur temps à s'insulter) avaient parlé des films de Walt Disney adaptés de contes pour enfants. Leur analyse comparative de la Belle et la Bête et du Sorcier au cœur velu avait été très soignée.

BREF!

Grace aux deux étudiants Charity avait son plan d'action pour son inspection.

Elle accueillit Ombrage le jour J avec un grand sourire (Charity était la reine des petites vengeances mesquines et de l'hypocrisie).

«Dolorès! Bienvenue! Asseyez-vous donc ici. Nous sommes le troisième jeudi du mois et c'est donc une séance particulière. Zacharia, test surprise, veuillez allumer la télévision et le lecteur cassette.»

Le Poufsouffle se leva et activa sans trop d'hésitation les deux appareils. Charity vérifia ce qu'il avait fait et rajouta dans son cahier un optimal dans la ligne de Zacharia Smith. D'un geste de baguette elle occulta les fenêtres les plus proches de l'écran afin de n'avoir aucun reflet dessus.

«Prenez des notes, nous analyserons à la prochaine séance ce que nous allons voir aujourd'hui», déclara Charity avant de s'installer aux côtés de sa collègue.

«L'analyse des informations est quelque chose de très important», dit-elle à voix basse à Ombrage. «Surtout aujourd'hui. J'attends de mes élèves des analyses poussées sur les progrès technologiques montrés à l'écran, sur les impacts culturels que cela a eu et en quoi cela leur apporte une nouvelle vision de la société moldue!»

Le reniflement de dédain d'Ombrage ne fut absolument pas discret. Le sourire mauvais de Charity, lui, le fut beaucoup plus.

À l'écran le logo familier de la 20th Century Fox était apparu accompagné de ses trompettes. Le logo de la seconde société de production le remplaça puis, fondu au noir et…

Il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine…

STAR WARS

Ta! Ta! Tatatata! Ta! Tatatata! Ta! Tatatata!

C'est une période de guerre civile. À bord de vaisseaux spatiaux opérant à partir d'une base cachée, les Rebelles ont remporté leur première victoire sur le Maléfique Empire Galactique.

Charity avait tellement hâte de voir la réaction de Ombrage lorsque Alderaan allait être atomisée par l'étoile de la mort.

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Dernière enfant d'une fratrie de sept, Ginny connaissait absolument tout de Pré-au-Lard avant même d'y avoir mis les pieds. Ses frères lui avaient parlé du bar des Trois balais, de la boutique de Zonko, du salon de Thé de Madame Pieddodu, de la Cabane Hurlante, de Honeyduck et de toutes les boutiques se trouvant dans le Village. Ils lui avaient également parlé du second pub du village situé dans une ruelle parallèle à la grande rue où une population assez louche se réunissait: La Tête de Sanglier.

(Non, ce n'était pas les jumeaux ou Charlie qui lui en avaient parlé, mais Bill. Évidemment Molly ignorait que son parfait fils aîné avait assisté à plusieurs tournois de poker truqué dans un des bar les plus mal famés de la Grande-Bretagne Magique…)

Ginny, connaissant la pub et son emplacement avait été désignée guide de leur petit groupe. Elle les mena à bon port tout en critiquant mentalement les Potter pour ce lieu de réunion. La ruelle était glauque, l'enseigne qui grinçait dans les courants d'air était glauque, même la foutue porte en bois vermoulu était glauque!

Résistant à l'envie de grimacer lorsque sa main entra en contact avec la poignée crasseuse de la porte, Ginny ouvrit la porte de la Tête de Sanglier.

Et évidemment l'intérieur n'était clairement pas mieux que l'extérieur!

Par les couilles de Merlin, depuis combien de temps le sol n'avait-il pas été nettoyé !?

Un long frisson dégoutté lui parcouru le dos alors que Ginny et ses amis rejoignaient la table où attendait déjà une dizaine de personnes.

«C'est absolument dégueulasse», siffla Ginny en foudroyant son frère du regard.

Ron qui était arrivé avant, certainement en même temps que les Potters, leva son verre (étonnamment propre) en acquiesçant.

«Sally-Ann a déjà proposé de tout brûler au lance-flamme. Milicent a proposé un Feudeymon.»

La réponse de Ginny fut interrompu par un parchemin envahissant son champ de vision. Elle le repoussa en agitant la main avant de se tourner vers Léo Potter.

«C'est quoi ça?»

«Un contrat à signer pour participer à la réunion», répondit Milicent Bullstrode à la place de Potter qui finissait de lire ce qu'avait retranscrit sa plume à papote.

«Un contrat? Pourquoi faire?» demanda Héméra par-dessus l'épaule de Ginny.

Milicent et Léo échangèrent un regard. Le préfet fit un signe à son amie et de fut elle qui expliqua la situation.

«C'est un contrat qui permet de nous assurer que personne n'ira crier sur tous les toits ce que nous allons faire.»

«On ne sait même pas ce qu'on va faire», commenta Michael Corner.

«Tu te souviens du club de défense créé pour palier à l'incompétence de Lockhart?» intervint Harry Potter

«Ouais.»

«Bah, pareil. Mais vu que Ombrage cherche à ajouter ma tête à son tableau de chasse, je protège mes arrières.»

Le petit ami de Ginny hocha la tête.

«En quoi ça nous engage?»

«À se taire. Pas à participer. Si ça ne vous va pas ou si vous voulez arrêter en cours de route, pas de soucis.»

«Ok. Et si je refuse de signer?»

«Tu ne seras compris dans la barrière de confidentialité qui sera installée avant que la réunion ne commence», déclara Harry en haussant les épaules

«Je pourrais aller voir Ombrage et tout lui répéter.»

«Pour lui dire quoi? Que ses cours sont nuls? Que je veux pouvoir pratiquer mes sorts? Que les cours de Lockhart étaient nazissimes? Jusqu'à preuve du contraire, rien de cela n'est interdit.»

Michael éclata de rire et tendit la main.

«T'es une sale bête Potter», ricana-t-il alors que le Survivant lui tirait un chapeau imaginaire.

Tour à tour ils ajoutèrent leurs noms sur le parchemin sobrement appelé «liste». Lorsque vint le tour de Ginny elle haussa un sourcil en reconnaissant l'écriture du titre. Qu'est-ce que les Potter avaient foutu pour que ce soit Harmony qui leur rédige ce contrat?

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En ce soir de 31 octobre, la Grande Salle avait été décorée avec soin. De grandes tentures oranges et noires pendaient du plafond, des toiles d'araignées poudrées d'or étaient tendues à travers la pièce et c'était sans parler des milliers de chandelles flottantes qui semblaient voguer sur un fleuve invisible.

Minerva, habillée d'un peplos sur un chiton avec en plus une epiblema pour la chaleur, regardait la Grande Salle avec satisfaction. Tout était prêt. Les habituelles grandes tables avaient été remplacées par des petites tables rondes comme lors du bal des trois sorciers. Quant au buffet, les Elfes étaient en train de l'installer sur la grande table qui était habituellement celle des enseignants.

Ce festin d'Halloween promettait d'être amusant.

Tout avait commencé lorsque Miss Perks et MrPotter étaient venus la voir avec une idée étonnante: faire du traditionnel banquet d'Halloween une fête costumée. Le projet avait amusé Minerva (qui sortait d'une discussion bien trop longue avec Ombrage) et était bien ficelé. Elle avait donné son feu vert, virant Albus et la «Grande» Inquisitrice de l'équation. Ce genre d'évènement tombait sous la responsabilité de la Directrice Adjointe et pas des deux autres cornichons (oui, Albus lui avait pris la tête récemment et elle était énervée contre lui.)

Après avoir organisé les choses avec le comité des Fêtes de Poufsouffle (représenté par Miss Perks) et avec les Elfes de Poudlard, Minerva s'était tournée vers la vraie problématique. Comment allait-elle s'habiller?

La réponse avait été apportée par son neveu Dmitri qui était en mission en Grèce. Il lui avait envoyé plusieurs vastes morceaux de tissus, des broches et des manuels expliquant comment porter les vêtements traditionnels grecs. (Si traditionnels qu'ils dataient de l'antiquité et qu'aujourd'hui, seules les Prêtresses d'Hestia les mettaient encore quotidiennement.) Minerva s'était beaucoup amusée avec sa tenue et Poppy s'était encore plus amusée à la coiffer comme une des colonnes caryatides du porche de l'Érechthéion.

(Le rendu était très plaisant et Minerva avait prévu de mettre la main sur cet élève de troisième année fanatique de photographie pour se faire tirer le portrait. Dmitri avait bien le droit de savoir à quoi ressemblait sa tante habillée des habits qu'il lui avait fournis.)

«Il ne te manque qu'une lance pour être une parfaite Athéna», commenta Severus en s'installant aux côtés de Minerva.

«Je me sens plus l'âme d'une Thétys qu'une Athéna», répondit Minerva avant de détailler son collègue de la tête aux pieds.

Le potionniste avait enfilé une cuirasse en écailles de dragons. Un dragon sibérien d'ailleurs vu la couleur blanche possédant des reflets bleutés. Par-dessus il portait un long manteau en cuir d'hydre d'un vert émeraude magnifique.

«Est-ce que je veux savoir où tu as trouvé ça?» demanda la Directrice Adjointe avec un sourire en coin.

«Disons que l'on m'a prêté ces reliques», répondit Severus.

Minerva haussa un sourcil. La coupe du manteau faisait ancienne, mais delà à parler de reliques…

«Hum. Joli maquillage.»

Le Potionniste sourit de toutes ses dents en battant les cils de façon absurde, mettant en lumière la poudre verte colorant ses paupières, le khôl soulignant ses yeux ainsi que les paillettes argent dont ses cheveux noués en catogan avaient été aspergés.

«Alice en est très fière aussi.»

Minerva éclata de rire. Elle imaginait aisément Alice maquiller son époux pour Halloween. (Imaginer Severus se laisser faire était plus dur, mais tout était possible apparemment.)

«J'ai hâte de voir comment vont être habillés les autres», déclara finalement Severus après avoir arrêté son cirque

«Moi aussi. On le saura dans pas longtemps» répondit Minerva en pointant l'horloge annonçant 18h45. Les portes de la Grande Salle ouvriraient dans un quart d'heure et ils verraient alors les déguisements de chacun.

«J'ai parié avec Filius sur le déguisement d'Albus. Tu veux parier aussi?» proposa Severus.

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Lorsque la nouvelle de la soirée costumée était tombée, cela avait été la panique dans le dortoir des filles de cinquième année de Gryffondor. Comment allaient-elles se déguiser?

Morag avait émis l'idée d'honorer ses racines et de se pointer drapée d'une peau de phoque. Lavande avait manqué de s'étouffer de rire à cette perspective, mais Parvati avait trouvé que c'était une bonne idée (d'honorer ses racines, pas la peau de phoque.)

Parvati avait détallée immédiatement pour voir sa jumelle, sans se soucier du couvre-feu (elle était une gryffondor par les couilles de Merlin!). Padma, après l'avoir engueulée pour être sortit alors qu'elle n'en avait pas le droit, avait été enthousiasmée par l'idée et avait aidé avec les sortilèges d'illusions.

Parvati n'était pas aussi studieuse que sa sœur. C'était une évidence. Mais lorsqu'elle se donnait un objectif, elle y allait à fond. Et sur ce coup-là, elle était allée dans ses derniers retranchements. Elle en avait bavé et avait fait plusieurs nuits blanches, mais bordel, ça en valait le coup!

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Lise Moon avait emprunté à sa mère sa robe de mariée pour la soirée costumée d'Halloween. Évidemment il avait fallu rajouter des bretelles en dentelles blanches pour éviter que la robe bustier ne tombe (Lise n'avait clairement pas autant de poitrine que Mme Moon), mais ce détail écarté, la robe lui allait comme un gant.

Le seul problème était qu'une robe de mariée n'était clairement pas pratique pour cavaler dans les couloirs. Foutu crinoline!

Dérapant au détour d'un couloir, Lise manqua de s'emplâtrer dans un groupe d'étudiants. Quelqu'un la rattrapa avant qu'elle ne se gaufre (maudit talons) et la stabilisa.

«Très sexy Bott», commenta Lise en voyant qui l'avait empêché de se manger le sol. «Tu portes quoi en dessous?»

Le Serdaigle vira au rouge pivoine alors que ses camarades ricanaient bêtement.

«Le futur de l'Écosse», répondit Terry Boot avec beaucoup d'aplombs malgré son visage cramoisi.

«LISE!»

L'exclamation outragée de son frère jumeau attira l'attention de la serpentarde sur Louis. Lise cligna des yeux. Une fois. Deux fois. Non, l'image restait identique.

Lise Moon fut prise d'un fou-rire homérique alors que son frère croisait les bras d'un air boudeur.

«Louis, mon frère, je sais que tu aimes ta Maison, mais quand même», commenta Lise entre deux éclats de rire.

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Victoria Frobisher n'avait pas mis longtemps à choisir comment se déguiser pour Halloween. Elle s'était basée sur son film favori. Elle se souvenait comme si c'était hier lorsque son père l'avait amenée dans le monde moldu pour en voir une rediffusion au cinéma. C'était le film favori de sa maman. Et c'était aussi celui de Victoria.

Se déguiser en Mary Poppins était facile. Victoria avait modifié une de ses chemises pour rajouter de la dentelle le long des boutons et sur les manches. Elle avait mis une grande jupe avec plein de jupons colorés en dessous. Morag lui avait dégoté des mitaines en dentelle blanches, des bottines blanches aux talons rouges ainsi qu'un demi corset de la même couleur. Victoria avait mis un moment à se coiffer comme son personnage favori avant d'enchanter un sac en cuir noir pour en faire un sac sans fond.

Wayne qui traînait toujours avec Victoria et Morag avait immédiatement accepté de se déguiser comme un second personnage du film (que Wayne connaissait, car il l'avait vu en Études des Moldus l'an passé). Il avait refusé tout net d'être un des ramoneurs (Dean et Seamus avaient décidé d'être des ramoneurs et avaient dégueulassé la salle commune lorsqu'ils avaient pioché dans les cendres pour s'en étaler sur la tronche).

Du coup, lorsque Victoria descendit dans la salle commune, habillée en Mary Poppins, elle fut accueillie par deux ramoneurs morts de rire ainsi que par Wayne, qui vêtu d'un pantalon à pince blanc, d'une veste à rayures blanches, rouges, orange et ocre et d'un chapeau de canotier, faisait un Bert très convainquant.

Il ne lui manquait que… Victoria fouilla dans son sac sans fond et en tira un nœud papillon bleu et une paire de gants blancs.

«Mets ça», ordonna Victoria en lui tendant les items.

«Récupère ça en échange», déclara Wayne en lui donnant une ombrelle blanche.

«J'espère que tu sais dire Supercalifragilisticexpialidocious», commenta Victoria alors que son ami attachait le nœud papillon. «Si tu me touches avec les mains toutes noires, je te tue Seamus!»

«J'espère que tu connais la danse», répondit Wayne «et Dean, pareil, si tu mets de la suie sur mon costume, on ne retrouvera jamais ton corps.»

«Vous êtes pas drôles!»

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«Sympa le costume», déclara Milicent en rejoignant Blaise dans leur salle commune.

«Merci. Grand'Pa me l'a envoyé pour l'occasion.»

Milicent avait opté pour un déguisement très sobre. Elle avait demandé à l'un des garçons de Durmstrang avec qui elle était restée en contact de lui envoyer son uniforme pour l'occasion. Nikifor lui avait dit qu'elle pouvait même le garder. C'était une bonne chose car ainsi elle n'avait eu aucun scrupule à modifier l'uniforme afin de faire rentrer ses hanches dans le pantalon.

Blaise de son côté portait quelque chose de bien plus atypique. Milicent l'aida à redresser sa coiffe en plumes d'autruches. Son ami avait enfilé la tenue de cérémonies des membres de sa famille maternelle.

«J'ai hésité à demander à Léo un costume moldu», commenta Blaise.

«Pourquoi?»

«J'aurais pu faire le Parrain!» s'exclama Blaise. «Je suis quand même à moitié italien. Les grands hommes ne naissent pas dans la grandeur, ils grandissent»

«Tu sais que le film se passe en Amérique, pas en Italie»

«En Sicile, les femmes sont plus dangereuses que les coups de fusils.»

«Tu vas être intenable»

«Rien de personnel, Milli. C'est juste du business», gloussa Baise en sautillant vers la sortie

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Morag, drapée en tout et pour tout d'une peau de phoque (elle avait prévenue, Lavande ne pensait pas qu'elle aurait le cran), attendait avec Parvati et Lavande dans le Hall que les Serdaigles les rejoignent. Victoria avait déjà disparu dans la foule avec Wayne et un flot grandissant d'étudiants déguisés en ramoneurs.

À ses côtés Lavande, magnifique en Belle au Bois Dormant, rassuraient une Parvati angoissée qui ne cessait de se mordiller les ongles. C'était d'ailleurs très perturbant si l'on prenait en compte qu'un sortilège adroitement effectué lui donnait DEUX PAIRES de bras.

Vêtue d'un sari rouge aux bordures dorées et d'une couronne, Parvati avait aussi dans une main une fleur de lotus d'un rose magnifique. Lorsque la jumelle Patil de Gryffodor avait dit vouloir honorer ses racines, Morag n'avait pas imaginé qu'elle se costumerait en l'une des déesses du panthéon hindou. Elle était Lakshmi, déesse de la bonne fortune, de la prospérité, de la richesse et de l'abondance (ce qui expliquait l'or de farfadet que Morag lui avait déniché et que Parvati semait depuis qu'elles avaient quitté leur dortoir).

«Vatou», l'interpella Morag, alors que la jeune femme allait attaquer les ongles de son autre main, «Ils sont là.»

Descendant de l'escalier ouest arrivait un bien étrange groupe. Gregory Goyle avait son costume de Hamlet que le club de théâtre avait joué l'année passée. Louis Gage était en Merlin (celui imaginé par les moldus, avec la robe étoilée et la longue barbe), Mandy Brockehurst était en Marraine la Bonne Fée (celle du film Cendrillon vu en Étude des Moldus), Terry Boot portait un kilt et une foutue corne-muse, Lise Moon était en mariée et ensuite venaient la sœur et le petit-ami de Parvati, tous deux eux aussi en divinité hindou à quatre bras.

Padma portait un sari blanc et avait beaucoup moins de bijoux que sa sœur. Si Morag se souvenait bien de ce que lui avait dit Parvati, sa sœur était costumée en la déesse de la connaissance et des arts (ce qui collait bien pour une serdaigle). Quant à Louis…

«Tu es bleu», commenta Morag alors que les Serdaigles les eurent rejoints.

«Sans dec.» grommela Louis avant de prendre les mains de Parvati dans les siennes et de poser un baiser léger sur ses lèvres (arg, trop de guimauve pour Morag!)

Louis Moon était bleu de la tête aux pieds et juste habillé d'un pagne orange (même si vu la quantité de chaînes et bijoux autour de son cou et de ses bras Morag hésitait à dire qu'il était torse-nu). Il avait une grande parure dorée sur la tête où plusieurs bourgeons de fleurs de lotus étaient installés et tenait dans ses mains une conque, une roue et une massue.

«Maintenant que l'on a récupéré Vishnou, on va s'installer?» demanda Lavande en montrant les portes de la Grande salle qui s'étaient ouvertes.

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Filius avait un peu galéré à entrer dans l'Armure de Cérémonie de sa sœur. Celle-ci l'avait aidé à la mettre en se moquant avant de lui souhaiter une bonne soirée et rentrer à Gringott.

Porter cette armure était à la fois un moyen de mettre en avant sa culture et un moyen de crisper Ombrage (ou Ombitch comme l'appelaient certains étudiants.)

Le Directeur de Serdaigle rejoignit ses collègues à peine deux minutes avant que sonne 19h et que s'ouvrent les portes de la Grande Salle.

«Je ne sais pas où tu as trouvé cette reproduction de l'armure de Salazard Serpentard, mais elle est incroyablement réussie» déclara Filius.

Minerva manqua de s'étouffer avec sa salive et fusilla Severus du regard. Filius ratait quelque chose sur ce coup-là, mais il ne voulait pas savoir.

A la place, il admira les costumes de ses collègues. Sans grande surprise, Pomodora était en Helga Poufsouffle et Poppy en Rowena Serdaigle. Irma, pour une fois sortie de sa Bibliothèque, s'était enveloppée d'une illusion la transformant en l'un de ces êtres magiques d'humanoïdes champignon vivant en Islande. Septima, profitant de sa carrure et de sa taille avait décidé de rejoindre le club des Fondateurs. Elle faisait un Godric Gryffondor très convainquant surtout avec la barbe. Aurora et Charity étaient toutes deux en personnages de films absolument inconnus de Filius. (La première était en Lando Calrissian et la seconde de Leia Organa.)

Filius allait demander où était Albus lorsque 19h sonna.

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Léo se retourna lorsqu'on lui tapa sur l'épaule.

Su, vêtue d'un costume blanc avec un chapeau incroyable, signa rapidement sa question.

* T'es déguisé en quoi? *

* Mordred * répondit Léo

Et c'était vrai! Il avait le même jean troué, la même veste en cuir, les mêmes lunettes de soleil qu'il avait remontées sur son front. Léo s'était dégotté des lentilles de contact rouge sang, un petit sort de métamorphose lui donnait des crocs pour la soirée et il avait même réussi à faire onduler ses cheveux pour imiter ceux du Père des Vampires! Et, cerise sur le gâteau, il avait un verre à la main remplie d'un liquide rouge et sirupeux (c'était du jus de pomme. Une illusion était placée sur le verre).

* Un jour il faudra vraiment que toi et ton frère m'expliquiez d'où vous vient cette idée cheloue que Mordred est un vampire *

* Un jour peut-être * répondit Léo qui planifiait déjà comment se faire rencontrer l'amie de son frère et Mordred. *Et toi, pourquoi tu es en Aladin?*

Su lui adressa un regard plein de jugement.

*Hors de question que je me balade en soutif.*

* C'est pas un soutif, y a des manches *

* Tu es aussi con que ton frère.*

Léo sourit, fier de lui-même.

* J'ai accepté d'accompagner ton frère dans son idée débile, mais faut pas déconner. C'est lui qui s'exhibe.*

* Il a accepté.*

*Bien sûr. Et il en était trop content. Jusqu'au moment où on lui a fait poussé les cheveux à l'aide d'un sort.*

Léo éclata de rire, imaginant la catastrophe capillaire que cela avait dû être. Vivement qu'il mette la main sur Harry!

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Bathsheda savait qu'elle devait s'attendre au pire lorsque Mr Flinch-Fletchey et Mr Goldstein restèrent après un des cours. Elle ne s'attendait certainement pas à ce qu'ils la supplient de se déguiser en Blanche-Neige pour Halloween.

Andrew, non, Merlin (Bathsheda avait encore du mal avec cette révélation) avait trouvé cette idée excellente. Il lui disait souvent qu'elle ressemblait à la Blanche Neige de Walt Disney.

N'ayant aucun autre plan, l'enseignante de Runes avait accepté la demande de ses étudiants et avait débarqué dans la grande salle habillée d'une robe jaune et bleue avec quelques pointes de rouges. Elle avait même fait l'effort de créer une illusion de petits oiseaux qui volaient autour d'elle.

Bathsheda discutait avec Severus, une assiette de petits fours dans la main lorsque les chandelles avaient diminué d'intensité. Miss Perks, habillée comme le présentateur du journal du soir, était apparue dans un spot de lumière blanche (merci le club théâtre pour les enchantements de son et lumière.)

«Mesdames, Messieurs, bonsoir! J'espère que vous profitez de ce merveilleux repas! Mais sachez que les déguisements ne sont pas les seules surprises de la soirée! J'ai l'honneur d'appeler dès à présent les sept nains!»

Une allée allant de l'entrée au dernier tiers de la salle, juste là où était Bathsheda s'illumina. L'enseignante se figea, telle une biche dans les phares d'une voiture. Ce salopard de Severus s'était fait la malle, la laissant toute seule. Sale con!

«Hey-hooooooo!» résonna lourdement dans la grande salle coupant les murmures

«Hey-hoooo!» répondit un chœur.

Bathsheda insulta Severus qui lui faisait coucou depuis le bord du cercle s'étant formé autour d'elle.

Partagée entre désespoir et fou-rire l'enseignante de runes regardant sept de ses étudiants, tous de cinquième année, grimés en chacun des sept nains de Blanche Neige s'approcher en chantant. Ces cloportes mixèrent allègrement les chansons, emportant Bathsheda dans la ronde. Elle tourna aux bras de plusieurs d'entre eux, leur écrasant sans le vouloir les pieds. (Elle ne savait pas danser!)

Ils s'arrêtèrent finalement juste avant que l'enseignante n'eut la tête qui tourne et la Grande Salle explosa en un tonnerre d'applaudissement.

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Charity tapait des mains au rythme de la musique alors que sur la scène improvisée une armée de ramoneurs dansaient sur la chorégraphie des ramoneurs du film de Mary Poppins.

Après le passage des Sept Nains, la population de Poudlard avait été gratifié d'une sympathique prestation de l'équipe de quidditch de Serdaigle. Les élèves, habillés comme les enfants perdus avec leur capitaine en Peter Pan, avaient volé dans la salle en effectuant des figures impressionnantes. Le tout en étant debout sur les balais ce qui rajoutait une difficulté supplémentaire.

Puis étaient passés le duo Potter-Li sur «Ce rêve bleu». Charity ignorait ce qui l'avait le plus fait rire entre le balai scotché au tapis pour simuler un tapis volant (interdit en Grande-Bretagne malheureusement) ou le fait que ce soit Harry Potter en Jasmine et Su Li en Aladin (une histoire de costume trop révélateur).

Et après cela, cela avait été scène ouverte. Sally-Ann Perks gérait les passages et les musiques et après cela, les gens se lançaient.

Ainsi on avait eu droit à un passage de Mary Poppins et Bert, à un duel de sabre laser entre Darth Vador et Obi-Wan Kénobi (Charity suspectait deux de ses dernières années tous deux très bons épéistes sur ce coup-là), un défilé des quatre Fondateurs (fortement acclamé par les élèves), un spectacle de mime incroyable où Svetlana Black-Tumnina interprétait à la fois le professeur Snape et le professeur Lockhart lors d'une démonstration de duel. Le talent de la métamorphomage était bien réel! Tous les Merlins, Mordred et autre Morgane présents avaient défilés ensemble et Charity avait même été kidnappée par un trio d'élèves grimés en stromtroopers.

C'était définitivement une bonne soirée.

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Notes:

1) Maggie Smith a joué dans la version de 81 du Choc des Titans. De là viens le choix d'avoir McGonagall en déesse grecque

https/trans/fr/2-20/vetements-de-grece-antique/

2) STAR WARS!

Charity montre à ses élèves la version de 1977 de Star Wars. C'est la version qui n'a pas encore été renommé «Star Wars, un nouvel espoir» car la suite n'avait pas été prévue (initialement ce devait être un one-shot!)

Si vous voulez voir la tête que ça à, tapez «ORIGINAL Star Wars Opening (1977) – 16mm Film Preservation» sur Youtube.

3) Les prochains chapitres

Je vais tenter de poster le chapitre 9mi-décembre. J'ai deux projets de calendrier de l'Avent.

Le premier se déroule dans l'univers de Chamboule le Monde. Il sera centré sur le Voyage d'Hermione durant l'année 94-95. Sa publication tient de la certitude. Alors RDV le 1er décembre:)

Le second projet est beaucoup plus hypothétique. Il se déroulera dans l'univers de Star Wars. S'il voit le jour, ce sera un projet à 4 mains servant d'ouverture à une fic dont on parle depuis des années avec une amie.

Tout ça pour dire que la fic principale va ralentir jusqu'à début janvier.