Les parents se regardèrent de nouveau. Inquiets, cette fois-ci.

« Est-ce que vous êtes médecin ? » questionna le père quelques microsecondes après que la mère demandait : « Est-ce l'hôpital qui vous envoie ? » La mère enchaîna, n'attendant nullement la réponse de sa première question : « Est-ce que tout va bien pour notre fille ? » Si je n'avais pas levé la main à cet instant, je savais qu'ils allaient continuer à poser encore pleins de questions et je me serais perdue parmi elles.

« Non, je ne suis pas médecin. Je ne viens pas non plus de l'hôpital. Et si votre fille va bien… »

Je me passai une main dans la nuque. J'ignorais comment répondre à cette question. Par où commencer ? Quoi dire ? Une chose était sûre, je ne pouvais pas leur révéler la vérité. Je levai la tête, maigre technique pour essayer de me sécher mes larmes. Oh ! que j'aimerais qu'Hermione soit là en ce moment ! Je me sentais toujours plus forte lorsqu'elle était à mes côtés. Que les choses étaient plus supportables. J'ai toujours eu l'impression que je pouvais soulever des montagnes pour elle et avec elle. Les choses devenaient simplement possibles.

À la vue de ma détresse, Madame Granger me tendit gentiment un mouchoir afin d'essuyer les larmes qui avaient commencé à perler.


Été 1997

Voilà. C'était fait… Fred était enterré. Son enterrement venait à l'instant de finir. C'était un digne service. La famille, les amis, des membres de l'Ordre, des membres de l'Armée de Dumbledore sont venus lui rendre un dernier hommage. Maman avait pleuré tout le long, George aussi. Papa avait essayé d'être fort pour eux. Il avait pleuré aussi, pas longtemps, mais il garda en tout temps son mouchoir en main. J'avais pleuré tout comme mes autres frères. Hermione aussi. Pas Harry, bien qu'il avait les yeux humides. Je voyais que ces derniers essayaient d'être forts pour nous, pour moi, mais c'était peine perdue.

Cela faisait bientôt une heure que nous étions seuls au Terrier. Une heure que nous nous étions revenus du cimetière où nous enterrions les Weasley depuis les dernières générations. Depuis que nous étions arrivés, il n'y avait toujours pas eu une parole prononcée. Il n'y avait plus grand-chose à dire. Ni sur Fred. Ni pour nous donner le moral. Tout avait été dit durant la mise en terre. À maintes reprises et à toutes les sauces… Et franchement, les mots d'encouragements ne firent pas grand-chose à part retourner le couteau dans la plaie… À part nous rappeler que la famille était incomplète.

Quand je regardais George, je m'attendais toujours à voir son jumeau surgir et le suivre. Après, je me rappelais qu'il était mort. Je… Je n'arrivais toujours pas à le croire. Ça me semblait impensable. Nous étions huit maintenant… C'était vide. Ça faisait mal. Vraiment mal. Je n'imaginais pas la douleur de George. Ils étaient toujours ensemble. Constamment. Merlin, même à la naissance… Ils ont littéralement fait les 400 coups ensemble. Depuis la mort de son jumeau, George donnait une importance capitale à tout ce qui appartenait à son frère. Il avait remplacé sa montre à gousset pour celle de son frère. Ce n'était pas rare non plus de le voir avec des boutons de manchette ou une cravate qui étaient auparavant pas siens. Il s'était plongé dans le travail, essayant de garder à flot ce qu'il avait construit avec Fred. À sa manière, il surmontait la perte de son frère. Tout comme le reste de la famille… Juste hier, papa avait essayé d'enlever l'aiguille de Fred de l'horloge, maman avait catégoriquement refusé. Sauf que la photo de Fred avait arrêté de fonctionner sur : « En danger de mort ». Nous rappelant chaque fois que nous la consultions l'état du jumeau. Du coup, l'horloge était devenue, de loin, la chose la plus morose de la maison, mais ma mère n'était pas prête à franchir cette étape. Et personne ne se sentait suffisamment fort pour s'opposer à elle.

Actuellement, j'étais assise entre Hermione et Harry sur la causeuse du salon. Harry avait posé une main réconfortante sur mon avant-bras. Si je le souhaitais, je pouvais rapidement et facilement entremêler mes doigts avec les siens. Hermione, de l'autre côté, me flattait le dos et à l'occasion me serrait l'épaule. Elle tenait la main de Ronald aussi. N'ayant nulle part où aller après la guerre, ceux-ci étaient restés au Terrier. Ils ne restaient jamais très longtemps lorsque nous étions en famille, trouvant des excuses pour partir. Je sentis que la raison derrière leurs longues promenades et de leurs longues heures de lecture étaient pour permettre à ma famille de se recentrer et de faire notre deuil. Percy, accompagné d'Audrey, était même présent. Mes parents l'avaient aussitôt accepté et pardonné. Maman ne voulait pas perdre un second fils. En ce moment, nous observions tous ma mère qui replaçait une centième fois la photo prise de notre voyage en Égypte. La voir en larme et l'entendre sangloter rappelaient notre propre peine, mais elle était la chose la plus intéressante sur laquelle porter son attention.

Je commençai à étouffer dans le salon, incapable de rester inactive dans cette atmosphère accablante. Le tic-tac des montres, les sanglots, les soupirs, les reniflements, les raclements de gorge, le tapement nerveux du pied de Charlie, le son que faisaient les ongles contre le bras de chaise, le bruit du froissement de tissus lorsque quelqu'un s'essuyait les mains ou se mouchait. Tous ses petits sons me rendaient folle. Malgré ces bruits discrets, je n'entendais que le silence, Fred n'aurait pas aimé cette ambiance. Il aurait sûrement fait une blague pour nous forcer à nous changer notre état d'esprit. Quand je commençai à entendre mon propre cœur battre dans mes oreilles, ce fut mon signal. Je ne pouvais pas rester ici plus longtemps. Je devais sortir, changer d'air et vite. Je me levai précipitamment et partis. Je vis du coin de l'œil ma mère ouvrir la bouche, sûrement pour m'interpeller, mais je n'entendis jamais mon nom. Mon père s'était interposé. Merci.

J'errai longtemps. Je crus que je fis le tour complet du terrain avant de finalement m'arrêter à la mare aux grenouilles, mais je ne pourrais pas le confirmer. Durant tout le temps de ma marche, mon esprit était noyé dans une brume. Ce fut seulement quand j'entendis un coassement sonore qu'elle se dissipa et je décidai au même moment de m'y arrêter. Paradoxalement, j'appréciai les chants des batraciens après tout le silence et les paroles futiles que j'avais entendues depuis ces derniers jours.

Une fois assise, j'attrapai un long brin d'herbe et je me mis à le déchiqueter dans les plus petits morceaux que je pouvais. J'ignorai pourquoi, mais ce geste sembla débloquer une boule d'émotion que j'avais réussie à enfuir depuis la fin de la guerre. Ma lèvre inférieure se mit à trembler et mes yeux à me piquer. Une grosse boule se forma rapidement dans la gorge. Je savais ce qui allait arriver et je n'aimais pas cela, mais j'ignorais comment l'éviter. Dans un mouvement désespéré et de rage, je me mis à lancer mes morceaux d'herbes, puis le gazon et les pierres qui tombaient sous mes mains pour atterrir dans l'eau boueuse. Je trouvai une roche que je dus prendre à deux mains pour la soulever et la lancer dans l'eau stagnante dans un « splash » sonore. Je hurlai aussi. Ça m'a fait du bien. Par contre, cela fit taire les grenouilles, mais je m'en étais seulement rendu compte lorsque mes poumons n'avaient plus d'air à expulser. Je sentis mes joues se mouiller de mes larmes tandis que ma vision se brouillait. Mes lèvres goûtaient le sel. Je posai ma tête sur mes genoux, puis je l'entourais de mes bras. Je n'entendais plus le croassement des amphibiens. C'était juste le silence et maintenant, je ne l'aimais pas. Pourquoi le silence revenait toujours ? Pourquoi ne pouvais-je pas vivre une vie simple et tranquille avec ceux que j'aimais ?

« Ginny, demanda doucement une voix. »

Je relevai la tête surprise. Malgré ma sortie brusque, je ne pensais pas que quelqu'un me suivrait jusqu'ici. J'espérai être seule encore un moment, mais je n'arrivais pas à supporter plus longtemps le silence. J'essuyai mes larmes avec mes paumes terreuses, afin de discerner la personne qui se trouvait à une dizaine de pas de moi. Je me doutais bien que c'était Hermione. Lorsque cela fut fait, j'observais mon amoureuse, lui demandant silencieusement ce qu'elle faisait ici. Je remarquai qu'elle avait les yeux humides.

« Est-ce que je peux m'asseoir à côté de toi ? Ou tu préfères que je te laisse seule, demanda-t-elle lorsqu'elle vit que je ne la chassais pas ni l'invitais près de moi. »

Je haussai les épaules. Je ne savais pas et aucune option ne m'attirait plus que l'autre. Lorsqu'elle ne bougea pas, je tapotai l'espace à mes côtés. Elle saura peut-être briser ce silence qui m'entourait constamment. Alors elle s'assit à l'endroit que je lui proposai et me tendit un mouchoir propre. Je lui souris faiblement en la remerciant. Ma douce était vraiment prévoyante. Avec le tissu, je m'essuyai les yeux et le nez, Hermione en fit de même avec le sien. Puis ma copine se mit à prendre de profonde respiration, afin de se calmer. Je l'imitai. Ça m'avait fait du bien, jusqu'au moment où il ne restait que le silence. Le putain de silence… Pourquoi ça ne serait pas lui qui mourrait pour une fois !?

Elle me prit dans ses bras et je sentis ses doigts me parcourir le dos. Elle gratta légèrement et ce geste m'apaisa plus que tout ce qui a été dit depuis le début de cette journée. Lentement, la boule rapetissa et je pus déglutir sans douleur.

« Je ne sais pas c'est quoi perdre un frère ou un membre de la famille, mais j'ai eu un avant-goût lorsque j'ai altéré la mémoire de mes parents, commença-t-elle. Et ça fait vraiment mal.

- Ce n'est pas pareil, murmurais-je en posant mon menton sur mes avant-bras. »

Ce n'était pas pareil. C'était deux choses complètement différentes. Ses parents n'étaient pas morts, ils avaient juste momentanément oublié qu'elle existait. C'était même elle qui en avait voulu ainsi, alors que moi… Moi, je n'avais rien voulu du tout. Ce n'était pas pareil. Ce n'était pas comparable. Ses parents menaient une vie tranquille loin de toutes les horreurs de la guerre. Elle avait juste à prendre un port-au-loin pour les revoir et leur parler, moi je devrai creuser sable et terre, ouvrir le cercueil pour y découvrir le corps de Fred en décomposition. Ce n'était pas pareil.

« Je sais que ce n'est pas pareil, souffla doucement ma douce. C'est moi qui suis morte pour eux ou plutôt moi qui n'ai jamais existé. Ils sont encore en vie. Effectivement, ce n'est pas pareil. Mais ce n'était pas mon point. »

Elle prit une profonde inspiration et repoussa une de mes mèches rousses derrière mon oreille avant de déposer un baiser sur ma tempe. Elle laissa traîner ses doigts sur mon visage, essuyant quelques larmes en chemin. Cela me fit frissonner un instant, me libérant d'une pression sur mes épaules dont j'ignorais l'existence. Elle prit une nouvelle inspiration avant de continuer.

« Mais lorsque j'irai les retrouver — si je les retrouve — ils n'auront aucune idée de qui je suis. Et j'ignore si je saurai désaltérer leur mémoire. Et si j'échoue… Si j'échoue, alors dans ce cas, ça sera comme si j'étais devenue orpheline…

- Contrairement à tes parents, tu pourras toujours continuer à les voir et à leur parler. Pas moi. Fred est mort. Vraiment mort, dis-je en fronçant les sourcils et dans un ton plus dur que je l'aurai voulu. Il ne pourra pas me visiter. N'est-ce qu'une fois tous les dix ans. Ou les cent ans. »

Hermione pleurait maintenant. Je croyais que je pleurais aussi. J'ignorai si on pleurait pour les mêmes raisons. Mais je voyais bien qu'Hermione avait mal aussi.

« Fred ne t'a pas vraiment quitté, Gin, dit Hermione doucement ne prenant pas personnellement mon ton irrité. Il est seulement parti pour un voyage où il ne reviendra pas. Ça sera à nous d'aller le rejoindre dans plusieurs années.

- Et qu'est-ce qui te fait croire qu'il y a quelque chose après la mort ?

- Pourquoi ne pas y croire ? Les fantômes existent bel et bien. J'aime croire qu'ils ne sont qu'une des possibilités qui puissent arriver après la mort. »

Je le regardai muette, tandis que son regard parcourait mon visage. Avant de coller son front et de fermer les yeux. Je fis de même. J'entendis ma copine essayer de maîtriser ses larmes. Je sentis son souffle tremblant contre ma peau et ses doigts s'enfoncer dans mes cheveux. « Fred n'était peut-être pas mon frère, continua-t-elle. Mais je l'aimais comme tel. » Elle se colla plus contre moi tout en reculant le visage avant de me prendre la main et de me prendre le menton entre ses doigts de son autre main pour que je la regarde dans le blanc des yeux. « Gin, ta famille est ma seconde famille et j'ai tellement mal quand tu as mal, avoua-t-elle doucement. »

Elle entrelaça nos doigts ensemble puis inspira deux bons coups, essayant sûrement de stabiliser sa voix qui s'était mise à trembloter. Quant à moi, j'avais réussi à arrêter mes larmes en me concentrant sur l'étang. Mon nez coulait toujours, mais au moins mes yeux étaient de nouveaux secs.

« Pendant une de nos balades, Harry m'a raconté ce qui s'était passé dans la forêt lorsqu'il s'est rendu à Voldemort. »

Je fronçai les sourcils. Je ne voyais pas le rapport avec Fred.

« À ce moment-là, il possédait la pierre de Résurrection. Il a pu parler avec sa mère, son père, Sirius et Remus. Il les a fait revenir pour qu'ils puissent l'accompagner durant ses derniers moments, raconta-t-elle de sa douce voix. Bref, ils ont dit à Harry qu'ils étaient toujours avec lui. Ils lui ont dit que ceux que nous aimons vraiment ne nous quittent jamais. »

À ces mots, j'éclatai en pleurs une fois de plus. À mon tour, je me collai contre elle, cherchant le réconfort que ma copine avait su me procurer plus tôt. Elle me prit de nouveau dans ses bras, me pressant contre elle et se remit à glisser les doigts dans le dos. J'enfonçais mon nez dans le creux de son cou lorsque je sentis qu'elle s'était mise à me bercer doucement. Elle ne fit que cela. Me bercer. Me caresser le dos. Me flatter les cheveux. Tandis que je m'accrochais à ses vêtements en pleurant. Elle ne me sortit pas que tout allait bien, que le temps allait calmer ma peine ou que Fred était un héros pour avoir donné sa vie ou une autre des phrases creuses préfaites. Et ça m'avait fait du bien. Vraiment du bien.

Quand je me calmai suffisamment, je me repositionnai pour que je puisse déposer ma tête sur son épaule. Elle laissa traîner ses lèvres sur mon front. Je fermai les yeux pour profiter de ce contact. Elle déposa un autre baisé sur ma tempe en laissant glisser ses doigts dans mes cheveux et le visage — essuyant mes dernières larmes au passage. Son autre main retenait mes cuisses contre elle. J'étais dans un cocon. Dans son cocon. Elle avait sûrement dû deviner que ça m'avait aidé à me calmer.

Après quelques minutes de silence, où les grenouilles avaient repris leur chant, elle se mit à me partager les moments qu'elle avait vécus avec Fred où il avait joué un rôle. Ma douce m'invitait silencieusement à l'imiter. Ce que je fis éventuellement. Je savais qu'elle aurait continué même si je ne participais pas à la conversation et qu'elle ne se serait arrêtée seulement si je lui avais demandé. La conversation me fit du bien aussi. Dorénavant, j'avais l'impression que Fred était moins mort, même si j'étais parfaitement consciente qu'il l'était toujours. Mais j'avais l'impression que bien que physiquement il ne sera plus à mes côtés, il était toujours avec moi. Grâce à ses actions et à nos mémoires, il était à sa manière vivant. Cette discussion avec Hermione m'avait fait plus de bien que tous les mots d'encouragements que j'avais reçus ces derniers jours.

Le temps passa rapidement et ce fut l'heure de manger.

« Je crois qu'il est temps de rentrer. Gin. Le repas doit être prêt maintenant, dit Hermione en me souriant.

- Je… je ne rentre pas maintenant. »

Étonnamment pour un Weasley, je n'avais pas faim. Je voulais encore rester ici. Pas pour longtemps, mais je ne voulais pas rejoindre ma famille tout de suite. Je vis Hermione se mordre la lèvre un instant, hésitante. Son sourire avait disparu. Elle devait être inquiète. Elle devait croire que mon cas était plus grave qu'elle l'avait initialement cru, car ce n'était pas normal qu'un Weasley de ne pas avoir faim.

« Mais vas-y toi, dis-je en souriant pour essayer de la rassurer. Je voudrais être seule encore un moment. »

Elle soupira en comprenant, mais hocha la tête. Elle enleva son bras de ma taille et me déposa un baiser sur le coin des lèvres avant de se lever.

« Je vais te garder une portion et je vais t'attendre avant d'aller dormir, annonça-t-elle lorsqu'elle fut debout. »

Je hochai la tête. Oui, je ne tarderai pas, mais je ne pouvais pas rentrer maintenant. Depuis la guerre, Hermione ne m'avait toujours pas raconté en détail son aventure avec Ron et Harry, sauf que depuis son retour, de nombreux cauchemars la hantaient. Couramment, elle se réveillait en criant et en se débattant, à l'occasion, même plusieurs fois par nuit. Hermione était incapable de s'endormir seule. Elle m'attendait avant d'aller au lit. Elle disait que ma présence la rassurait, que j'étais la gardienne de ses nuits. En réalité, elle-même était la gardienne de mes jours.

Elle me déposa un autre baisé sur la tempe en passant une dernière fois sa main dans mes cheveux. Elle resta là un moment, elle continuait de se mordre la lèvre inférieure. Elle voulait ajouter quelque chose, mais se retint. Elle se contenta de me sourire et de me dire qu'elle m'aimait et qu'elle allait m'attendre. Je reposai ma tête sur mes bras en regardant l'étang. Je savais parfaitement ce qu'elle voulait me dire ; demain, c'était l'enterrement de Remus et de Tonk.


Octobre 2005

« Mione chérie ! Je suis rentrée. » Criai-je en enlevant mes souliers dans l'entrée de notre appartement. Habitude qu'elle a emmenée lorsque nous avons emménagé ensemble. Cela dit, elle me permit de ne pas les aligner contre le mur avec la même rigueur que chez ses parents. « Aussi longtemps que nous pouvons ouvrir la porte et nous promener, disait-elle. »

J'allais dans la salle de bain pour y déposer mon sac d'entraînement. Je mis mon ensemble aux couleurs vert et or typiques des Harpies dans la machine à laver pour qu'ils soient frais pour le lendemain et lançai un cycle. Un autre héritage de son enfance de moldu. Ça me prit près d'un mois pour m'accoutumer au fonctionnement de cette machine. Un jour, à cause d'une erreur que j'avais commisse, la pièce fut inondée sous les bulles et l'eau savonneuse. Rien qu'un bon coup de baguette n'a pas su régler. Sur le coup, Hermione ne fut pas très joyeuse du dégât, mais maintenant elle en rit de bon cœur.

« Je ne sais pas si quelqu'un a maudit Gwenog, mais aujourd'hui elle nous a fait passer un mauvais temps sur le terrain. Elle dit qu'elle n'était pas satisfaite par notre dernière performance, tu sais contre les Faucons de Falmouth, même si ce n'était pas ce qu'elle avait raconté dans le vestiaire lorsqu'enfin Glynnis avait attrapé le vif d'or. Non vraiment, si tu l'avais vu sur le terrain avec les cognards aujourd'hui, Mione. Elle aurait facilement eu une place chez eux, dis-je en montant les escaliers ». Mes jambes me semblaient super lourdes et l'escalier super long. J'étais crevée. Je donnais mon cadeau et ensuite, je vais aller manger. Je crevais de faim... et de fatigue.

N'ayant pas vu ma femme dans le salon et dans la salle à manger quand j'étais passée devant tout à l'heure, elle devait être dans son bureau ou dans notre chambre. J'ouvris doucement la porte du bureau qui agissait aussi comme bibliothèque au nombre de livres qu'Hermione y gardait. Je vis des piles ordonnées sur son bureau avec la même minutie et le même sens de la perfection reconnue chez ma douce, mais la chaise était vide. Je refermai la porte et continuai mon chemin jusqu'à la chambre principale.

« Je suis super raquée, une bonne douche me fera du bien. Ça fera un bien fou à mes muscles… puis après je dors… Non, je mange puis je dors, dis-je en riant. Je suis juste épuisée. »

Une fois arrivée, je vis Hermione assise dans son fauteuil à oreille, comme ceux qu'elle aimait dans la Salle Commune à Poudlard, en train de regarder par la fenêtre. Depuis qu'elle restait à la maison, elle adorait l'avoir dans notre chambre, juste devant notre grande fenêtre. Elle sembla perdue dans ses pensées. Je m'approchai doucement et déposai une main sur son épaule. Elle sursauta et tourna la tête dans ma direction surprise. Je lui souris et je me baissai pour lui déposer une légère bise sur les lèvres. Lorsque je reculai la tête, elle avait encore les yeux fermés. Mon sourire s'agrandit.

« Oh, Mione. En revenant, j'ai croisé une vente-débarras. Ils vendaient des livres. J'en ai pris deux. J'ignore si tu vas les aimer ou si tu les as déjà ou même si tu les as déjà lus, dis-je en lui remettant les bouquins que j'avais cachés dans mon dos en m'assoyant sur l'accoudoir du fauteuil. » Le premier était Orgueil et Préjugés de Jane Austen. La vendeuse m'assura qu'il était considéré comme un chef-d'œuvre dans la littérature et elle était même étonnée que je ne le connaisse pas. Et elle ne connaissait même pas Lapina la Babille. Elle pouvait bien parler ! Le deuxième était Rien que pour vos yeux d'Ian Fleming. La dame me disait que c'était une histoire des aventures de James Bond. Je crois que j'ai déjà écouté un film sur lui avec Hermione.

« Oh… Merci Vixy. Mais c'est en quelle occasion ses cadeaux ? » Demanda-t-elle en étirant le cou dans ma direction, signe qu'elle voulait que je l'embrasse. Ce que je fis avec une joie non dissimulée.

« Oh pour rien. Parce que ça me tentait. Je suis passée devant, j'ai vu des livres et j'ai pensé à toi. Si les vendeurs apprennent un jour que je serais prête à donner tout ce que je possède en cadeau pour toi, je serais sans une Noise avant que j'aie eu le temps de dire ouf. » Hermione rit et m'embrassa de nouveau et approfondit même le baiser. Hum. Je crois que Madame Granger était heureuse. Tant mieux pour moi. Peut-être ne dira-t-elle pas non à un petit massage après ma douche ? J'adorais sentir ses doigts sur ma peau. Ou venir avec moi se laver ? Hum… Avec un peu de chance, je pourrais recevoir plus que des caresses ce soir…

« Est-ce que tu les connais ? Est-ce que tu les as déjà lus ? » demandai-je lorsqu'elle se retira. Déjà, je m'ennuyais de ses lèvres sur les miennes. Pour me contenter, je me mis à jouer avec ses cheveux. Ils étaient si soyeux.

« Je n'ai jamais lu du Ian Fleming, mais celui-là, je l'ai déjà loué à la bibliothèque. Il fut très intéressant à étudier. » Me dit-elle en me présentant Orgeuil et Préjugés.

« À étudier ? Je ne me souviens pas qu'il soit à l'étude à Poudlard. Et quand je l'ai feuilleté, ça ne ressemblait pas à un conte que je donnerai à une classe d'enfants de 10 ans. »

Hermione rit en roulant les yeux. Elle m'attrapa par le collet et me fit tomber sur elle. J'ai réussi de justesse à ne pas m'effondrer sur elle en m'appuyant sur l'autre accoudoir. Un peu plus et j'aurais pu écraser son ventre. Parfois, j'avais juste l'impression qu'elle ne se rendait pas compte qu'elle était enceinte. Elle devait faire attention à son ventre qui vint toujours de plus en plus gros et encombrant comme elle se plaignait régulièrement. Sa condition ne lui permettait plus de faire tout comme avant.

« Je ne l'ai pas lu pour l'école. C'était pour le plaisir. Je l'ai loué entre ma 3e et ma 4e. Je trouvais que ça manquait à ma culture.

- Je n'ai toujours pas compris ton plaisir à étudier, dis-je honnêtement. Tout comme pourquoi tu aimes une femme aussi banale que moi. »

Hermione roula les yeux, mais avant qu'elle puisse s'aventurer sur ce chemin qu'on a très souvent parcouru, je continuai : « Mais ça m'importe peu le pourquoi. L'important c'est que je sache que je t'aime, dis-je l'embrassant. Que tu sais que je t'aime » un autre baisé volé. « Et ce, même quand tu es fâchée après moi. » Un autre. « Que je sache que tu m'aimes, dis-je en déposant un ultime baiser sur les lèvres que j'aimais tant.

« Je t'aime, Vix, murmura-t-elle en glissant ses doigts derrière ma nuque pour m'attirer à elle afin de déposer un autre baiser sur mes lèvres.

- Que je sache que j'aime le bout de chou que tu portes » en déposant cette fois-ci, un baiser sous la mâchoire. « Notre bout de chou, rectifiai-je. » Je la sentis sourire à pleines dents. « Et que tu le saches aussi, continuai-je en déposant un autre baisé sur ses lèvres.» Le sourire d'Hermione s'agrandit. «Que tu saches que tu me rends heureuse, et ce, même quand tu ne fais rien de spécial pour me plaire, terminai-je en commençant à lui dévorer tendrement le cou et en lui caressant la nuque qui était jusqu'à lors perdue dans ses boucles soyeuses.»

Hermione roula les yeux, cette fois-ci pour une différente raison, mais elle ne put s'empêcher de regarder ma main droite. Je savais qu'en ce moment, elle devait me trouver gaga, complètement gaga. Du moins, c'était l'expression qu'elle utilisait quand je commençais dans cette voie. Elle disait aussi que mon cas avait empiré depuis que j'avais appris qu'elle était enceinte. Récemment, elle m'a prévenue que j'allais être une véritable mère poule lorsqu'elle prit conscience à quel point j'étais protectrice envers elle depuis la Grande Nouvelle. Je lui disais que c'était impossible, car je n'étais pas un Animagus. Elle clarifia sa pensée m'expliquant que c'était une expression moldue équivalente à devenir une Demiguise. Puis je lui ai demandé si cela était une mauvaise chose ou que cela la dérangeait. Elle m'assura que non… Aussi longtemps que je ne devenais pas trop tendre et trop gaga, la forçant du coup à toujours prendre le mauvais rôle pour discipliner nos enfants. Elle avait dit : « nos enfants ». Elle comptait en avoir plusieurs avec moi. Comment ne pas devenir gaga à cette pensée ? J'avais déjà hâte au deuxième.

Ses joues se teintèrent de roses et elle dissimula mal son rire. Je n'ai toujours pas compris pourquoi elle essayait de le cacher. Je le trouvais trop adorable. Si je le pouvais, je l'entendrais tous les jours. Mais ces derniers jours, ce n'était pas toujours une tâche facile. Parfois, ma douce se mettait à réfléchir et ça la rendait triste. Très triste. À l'occasion, c'étaient les hormones qui entraient et ça la rendait soit triste, soit colérique, soit excitée. Parfois pour le meilleur et parfois pour le pire. Mais j'étais là et j'allais être là pour elle. Pour le meilleur et pour le pire.

« Et bien. Tu es sûre que tu n'as pas une idée derrière la tête ? Des cadeaux et une déclaration aussi enflammée. J'ignore quoi en penser, dit-elle moqueusement. Madame Granger, auriez-vous dans l'idée de grimper dans mes pantalons ? »

Le rouge me monta rapidement sur mon visage, malgré toutes nos années de fréquentation. Ce qui fit rire ma douce. Je dois être aussi rouge que mes cheveux présentement. Je me raclai et je continuai comme si c'était la chose la plus évidente de l'univers.

« Non. Ce n'était pas que j'avais en tête… Mais qui me reprocherait de le vouloir ? Sachant que c'est la personne la plus fabuleuse au monde, un génie, une femme d'une beauté époustouflante, mon épouse ET la mère de mes enfants. Cela dit... Sache que pour toi, je suis toujours partante, dis-je en lui déposant un baisé sur le nez. »

Elle déposa ses mains sur mes joues et m'attira à elle. Je sentis ses doigts grimpés jusqu'à mes oreilles et commencés à délicieusement jouer avec ainsi qu'avec mes cheveux alors que son autre main descendait malicieusement pour englober mon sein. Ma respiration resta prise dans ma gorge et aussitôt, je sentis une chaleur dans le bas ventre se réveiller avant de se diffuser dans le reste de mon corps. Hum. Je sentis que je vais passer une bonne nuit. Je rééquilibrai mon poids pour me dégager une main, et avec celle-ci je me mis à lui flatter les cuisses. Traînant mes ongles sur la longueur, comme si je souhaitais la griffer. Je sentis un frisson la parcourir. Elle a toujours été sensible à cet endroit.

« Et toi, commença-t-elle en me repoussant et en plissant le nez. Tu aurais besoin d'une bonne douche avant que je continue à faire quoi que ça soit. Tu sens trop mauvais. » Sur ce, elle me repoussa de sur elle. C'était bon, j'ai compris. Je me relevai rapidement et partis me laver. Le plus rapidement possible.

Quand je retournai dans la chambre seulement couverte d'une serviette, mes cheveux encore trempés, Hermione était toujours assise dans la chaise en train d'observer l'extérieur. Elle avait déposé les livres à terre. Je m'assis sur le bras de son fauteuil. Je me mis à lui embrasser le dessus de sa tête et avec une main, je me suis mise à jouer dans ses cheveux bouclés.

« Hey, Mione, je suis de retour. Comment je sens, maintenant, demandais-je doucement. » À peine, elle émit une sorte de « Hum. » Je la regardai plus attentivement. Elle semblait perdue dans ses pensées et son air joyeux avait disparu. Finalement, je crois que je n'aurais pas une nuit aussi mouvementée que je l'avais espérée… Ce n'était pas grave, j'avais l'éternité pour lui faire la cour. Du moins, tout le temps qu'elle m'accorda. Je me mis à genou devant elle et lui pris les mains. Elle ne me regarda pas. Je ne savais pas, mais je ne croyais plus qu'elle se trouvait dans le stade des mamours et des câlins chauds et passionnés.

« Hey, ma douce, qu'est-ce qui te préoccupe, dis-je doucement en lui serrant les mains.»

J'avais peur qu'elle m'annonce qu'elle pensait à ses parents. Je ne savais plus quoi faire à ce sujet. Je suis allée les voir, seule. Plusieurs fois. Pour leur parler et leur faire entendre raison. Merlin, je me suis mise à genou pour les supplier ! Ce fut manifestement l'une des pires journées de vie avec la fois où je me suis retrouvée nue sur leur palier. Hermione voulait ses parents auprès d'elle durant la grossesse. Plus que jamais auparavant. Elle pleurait régulièrement la nuit à ce sujet, ce qui me réveilla. Dans ce genre d'occasion, je me collai à elle en lui caressant le ventre jusqu'à tant qu'elle se calme et se rendorme. Je ne lui en voulais pas, elle s'ennuyait de ses parents et les hormones la rendaient super-émotive. La dernière fois que je suis allée les voir, parce que j'avais refusé de quitter le palier, je découvris que les « flics » étaient des gendarmes et les gendarmes étaient les Aurors version moldu. Bref, je n'étais pas prête à recommencer l'expérience de sitôt. J'ai réussi à communiquer avec Ron afin qu'il vienne me chercher au commissariat, trop embarrassée de mon échec et de ma situation pour appeler à l'aide auprès de ma tendre épouse.

J'ai écrit aussi à ses parents et certaines lettres furent envoyées par Hibou et les autres par voie traditionnelle moldue, en plus des nombreuses lettres qu'Hermione envoya en son nom. Je les ai appelés à partir d'une cabine publique, car nous ne possédions pas de téléphone. Je les avais surpris à leur cabinet même, mais c'était toujours la même histoire. Depuis l'annonce que ma douce était enceinte, ils l'ont déshéritée et refusaient absolument tout contact avec elle ou même avec moi. Tout cela était contre nature. « Ils auraient dû s'en douter depuis le moment où Hermione s'est mise à faire de la magie. » Pourtant, ma moitié n'a que de l'amour à donner. Nous n'avions que de l'amour à donner.

« Oh… rien, dit-elle en me regardant rapidement avant de retourner à la fenêtre. »

Inconsciemment, elle commença à se mordre les lèvres. Elle ne devait même pas s'en rendre compte. Je lui embrassai les poings. Elle me regarda de nouveau et m'afficha un sourire pour me montrer son point. Qu'elle allait bien. Tout ce que je vis, ce fut qu'elle était triste.

« Je sais que ce n'est pas rien. Je n'aime pas te voir ainsi. Ce n'est pas sain pour le bébé, dis-je en posant une main sur son ventre ainsi qu'un bec.

- Je ne fais que des réflexions… c'est tout.

- Et à quoi ton merveilleux cerveau pense-t-il ?

- Je… »

Elle se désista, mais je voulais savoir. Savoir si je pouvais l'aider à se sentir mieux. Je lui serrai les mains et l'encourageai du regard pour qu'elle développe son idée. Elle se mordait de nouveau la lèvre. Elle roula les yeux qui étaient maintenant humides et continua :

« Nous sommes isolées. Nous n'avons personne. Personnes pour nous soutenir. »

Elle pensait à ses parents. C'était évident, elle l'avait dit en pensant à eux. Elle pensait sûrement aussi aux miens… qui n'étaient franchement pas mieux que les siens. Quand les miens nous ont aussi tourné le dos et nous nous sommes retrouvées seules. Uniquement elle et moi, nous nous sommes vraiment senties seules au monde. Et abandonnées. Particulièrement Hermione qui jusque-là fut toujours considérée comme une fierté. Mais je ne regrettais rien. J'avais Hermione. Hermione était avec moi. Elle m'aimait et je l'aimais. Donc tout allait bien.

« Ce n'est pas vrai. Nous ne sommes pas seuls. Il y a Luna.

- Qui est maintenant mariée avec Harry.

- Il y a Ron, Bill et Fleur.

- Qui théoriquement ne te voient pas. »

Quand Ron reprit contact avec moi, on se rencontrait en catimini, car si mère l'apprenait, elle l'aurait déshérité aussi et il serait dans la même posture que moi. Il travaillait doucement à lui faire entendre raison. Fleur était aussi sur le coup. À leur effort combiné, Bill a changé d'idée, mais sa femme nous raconta que ce ne fut pas chose facile. Ma mère pouvait devenir réellement terrifiante. Elle pouvait devenir une véritable force de la nature.

Entre temps, Fleur nous rendait visite avec Victoire, quelques fois accompagnée de son mari. Actuellement, la Française était la plus grande alliée d'Hermione. Elle partageait sa propre expérience lorsque celle-ci était enceinte. Je crois que c'était son sang de Veela qui lui avait permis une si grande ouverture à notre amour… Ainsi que ce fut elle qui s'occupa de ma moitié lorsque le Trio s'était enfui du Manoir Malfoy… Je ne savais pas si le fait qu'elle soit Française aida aussi… Peu importait, elle se montrait ouverte d'esprit.

« Il y a aussi les autres Harpies et tes collègues.

- Sauf que si tu es partie, elles sont aussi parties. Et puis, je refuse de laisser mon enfant au soin de mes collègues. Ils me respectent peut-être, mais ils continuent d'être des vautours.

- Sinon il y a Minerva.

- Vraiment Vixy ? Je me vois mal offrir un nouveau-né à la directrice de Poudlard. Elle n'est plus si jeune et elle doit avoir des choses plus préoccupantes à s'occuper plutôt que changer des couches.

- Il y a aussi Neville et Hannah. »

Sur ce, elle resta songeuse. Je crois que j'avais gain de cause, mais ma douce continuait à se mordre la lèvre et il y avait ce froncement de sourcils qui ne s'effaçait pas. Elle pensait déjà à autre chose. Quand j'ouvris la bouche pour l'encourager à sortir ses inquiétudes, elle expira et son regard se perdit dans la rue.

« Qu'est-ce qui te tracasse, Mione ? demandai-je doucement. » Elle haussa les épaules. Je poussai encore un peu.

« Je m'ennuie, finit-elle par lâcher. » Je levai les sourcils d'étonnement. Je ne m'attendais pas à celle-là. C'était nouveau.

« Et le travail que je t'ai apporté ? commençai-je. Ton assistant m'a assuré que tu en aurais pour au moins un mois et demi ! Voir jusqu'à la fin de la grossesse, si tu prenais ça lentement.

- J'ai fini depuis deux jours.

- Mione ! Ça fait à peine trois semaines —

- Quatre, rectifia-t-elle en soupirant. »

Je ne m'arrêtai pas à ce détail.

« Depuis que je t'ai donné les papiers ! J'espère que tu te ménages. Ce n'est pas bon pour le bébé tout le stress.

- Je vais bien, cria-t-elle en dégageant sa main violemment. Le bébé va bien aussi. »

Elle se tint le front en se fermant les yeux et expira bruyamment. Je la sentais sur le point de pleurer. Je crois qu'une de ses vagues d'hormone venait de rentrer dans le corps. Je savais qu'elle était exaspérée. Je posai mes mains sur ses genoux, mais elle les chassa aussitôt. Comment la calmer ? J'étais juste surprise et je crois que c'était normal que je m'inquiète pour elle et pour le bébé… Car c'était bien l'unique chose que je pouvais faire… ainsi que combler Hermione. Cela dit, connaissant ma moitié, elle avait toujours besoin de garder son cerveau occupé. Elle avait beaucoup de difficulté à s'arrêter.

« Hey, Mione chérie, commençai-je doucement. » Elle expira bruyamment à nouveau. J'avais dépassé le stade des roulements des yeux. Ce n'était pas bon. « Hey, ma douce, si tu veux, je vais faire un tour à ton bureau demain. Tu me donneras tes papiers et tes instructions et je vais m'en occuper. Je vais prendre tout ce qui se trouve sur ton bureau et tout ce que ton assistant va me donner. Est-ce que ça te plairait ? demandais-je, soucieuse. »

En espérant qu'il y aura du travail à département qui traînait. Ça lui arrivait à l'occasion de travailler comme consultante dans d'autres départements, quand ses projets étaient sur pause et devaient attendre l'approbation de tierces personnes qui ne travaillaient certainement pas à son rythme. Hermione étant si performante, les autres divisions se l'arrachaient quand elle était libre. Ce qui la rendait joyeuse, c'était le changement d'air et les nouveaux défis qui l'attendaient. Ce qui était merveilleux pour elle ! Cela dit, si je devais aller dans d'autres départements, j'ignorais par lequel commencer. J'espérais juste que des projets soient entrés pour elle, ça m'évitera de courir à droite et à gauche.

Elle hocha la tête lentement. Elle pleurait maintenant. Je me levai pour m'approcher suffisamment afin d'essuyer ses larmes avec mes pouces. Au début, elle essaya de me repousser, mais finalement, décida de se laisser faire. Quand j'eus fini, je lui embrassai le front tout en continuant de lui caresser les joues.

« Même je vais m'arrêtai à la British Library ou à Fleury et Bott. Si tu veux. Tu n'auras qu'à me préparer une liste de livre ou de sujet qui t'intéresse, dis-je en l'embrassant de nouveau la tête. » Quand elle était dans cet état, elle ne pouvait pas savoir tous les nœuds d'estomac qu'elle me donnait. Je devenais malade à la savoir si triste. Elle l'ignorais, mais elle me gardait éveillée la nuit, même quand elle ne pleurait pas, me demandant ce que je pouvais faire de plus, mais je commençais à manquer d'idée. Elle souffla bruyamment.

« Merci, me chuchota-t-elle. » Un soubresaut la fit hoqueter, mais je savais aussi que le plus gros était passé. Je l'embrassai de nouveau en passant mes doigts dans ses cheveux. Si seulement je pouvais prendre toute sa douleur et la garder pour moi…

Puis je me souvins de quelque chose. Quelque chose qui était resté dans mon tiroir très longtemps au point que je l'avais complètement oublié jusqu'à ce jour. Je marchai jusqu'à ma table de chevet, j'ouvris le petit tiroir et je me mis à le vider complètement. Hermione m'observa intriguer. Quand je l'eus enfin trouvé, je retournai auprès de ma douce.

« Je l'avais complètement oublié, mais je crois que ça saurait te tenir occupé. » Je la vis ouvrir la bouche pour me demander ce que c'était, mais elle reconnut aussitôt l'objet.

« Un retourneur de temps ! Je croyais qu'ils avaient tous été détruits durant — ! Attends. Ginevra Molly Weasley Granger, que fais-tu en en possession d'un de ses objets ? »

D'abord de la surprise, puis de l'incompréhension et finalement, de la désapprobation. Tout ça passa si rapidement dans ses yeux et vu qu'elle venait d'utiliser mon nom complet, j'avais intérêt à m'expliquer sur-le-champ et à lui offrir de bonnes explications.

« Je l'ai pris quand nous sommes allés sauver Sirius. Tu sais au département des mystères. Quand je l'ai pris... Bon déjà, il traînait à côté d'un Mangemort dont sa tête était prise dans un cycle de temps et qu'il redevenait bébé avant de revieillir. Hen. Donc je l'ai plus rescapé que voler. Et puis il traînait là. Je m'étais enfargée dedans. N'importe qui aurait passé par là l'aurait trouvé. Et puis, je préférais l'avoir avec moi plutôt qu'un mangemort, expliquai-je rapidement. » Du moins, jusqu'à tant que je voie Hermione arquer lentement un sourcil signifiant que j'étais en train de me perdre dans des détails inutiles. J'inspirai un bon coup. Cela me calma un peu, mais le regard que ma femme me lançait ne m'aidait pas à le garder. « Au début, je me suis dit qu'il me permettra de remonter le temps et de te sauver. Toi ou Harry. Si quelque chose vous arrivait. Puis, ensuite, je n'ai pas pensé à le laisser sur place… je l'ai gardé, comme tu peux t'en douter, dis-je. » Je roulai les yeux à moi-même. Bien sûr qu'elle s'en doutait. Je soupirai en secouant la tête. Je regardai le fin éclat du retourneur de temps, puis ma femme. Hermione s'était adoucie. Elle me souriait même. Tristement, mais elle souriait. J'inspirai profondément une seconde fois. « À l'époque, je me disais que l'histoire au ministère n'était que le début. Je l'ai gardé proche de moi jusqu'à la fin de la guerre. Seulement après, voyant plus l'utilité de le garder, j'ai voulu le rendre, mais je ne voulais pas aller à Azkaban pour ça ! Surtout que je ne l'ai jamais utilisé ! Je me suis dit que si finalement si je le cachais et que je ne l'utilisais jamais, personne ne le saurait, terminais-je en soutenant les deux prunelles café crème. » Elle me sourit, je lui souris aussitôt. Elle n'était pas déçue ou fâchée. Ça me suffisait. Puis elle se mit à se mordre la lèvre inférieure et son regard se perdit quelques parts au-delà de la fenêtre. Hum. Finalement, mes explications n'étaient peut-être pas aussi bonnes que cela. Les lois entourant les retourneurs de temps et leur régulation étaient nombreuses et sévères. J'avais intérêt que personne n'apprennent que j'étais en possession d'un tel objet et Hermione autant elle pouvait briser les règles autant qu'elle pouvait les respectés au pied de la lettre. Argh ! Merlin. Qu'avais-je fait ? Hermione n'ira pas te dénoncer et si elle voulait le remettre, elle allait m'aider. Elle n'allait pas simplement me remettre aux Aurors. Attendant qu'elle finisse d'analyser la nouvelle, je préférai garder le silence.

« Et qu'est-ce que tu veux que j'en fasse, Vix, me demanda-t-elle après quelques secondes. » Je haussai les épaules. Te désennuyer ? C'était initialement pour cela que je te le montrais.

« Je ne sais pas, Mione, répondis-je souriante, soulagée de sa réaction. Je te le donne, j'imagine, pour que tu puisses l'étudier entre deux dossiers complexes. Que tu trouves une manière en à construire d'autres pour que d'autres génies puissent assister à plus de cours qu'il est sain de suivre ? » Je haussai les épaules en fixant le retourneur de temps dans ma paume avant de regarder de nouveau Hermione. « Pour que tu t'amuses à trouver une solution pour contourner le problème des 5 heures ? Ou à lui ajouter des avantages. Je crois que ça serait un défi à ta taille, tu possèdes une tonne de connaissances autant dans la magie que dans les sciences moldues.

- Mes connaissances dans la science moldue sont très minimes, Vix. »

Bon sang de Merlin ! Elle considérait ses connaissances dans la science moldue minime ? Grâce à ses connaissances, elle avait réussi à tomber enceinte avec mes gênes ! C'était la première à réussir un tel prodige ! C'était tout bonnement un miracle pour tous couples homosexuels — du moins lesbiens ! N'était-ce pas une preuve suffisante de ses capacités ?! Selon elle, non. Elle dénigra son travail en disant qu'avant personne ne s'y était vraiment penché, car ce n'était que tout récent où l'Angleterre avait décriminalisé l'homosexualité ou ne le répertoriait plus comme une maladie. Ses explications qu'elle m'avait sorties étaient très vagues dans mes souvenirs, mais je me souvenais très bien de ma stupéfaction quand j'appris qu'une brebis nommée Dolly l'avait prétendument aidée. Je ne comprenais pas en quoi un mouton aurait pu l'aider — et c'était toujours le cas. Bref, Hermione était juste brillante.

« Si tu le dis, mais tes connaissances sont au-dessus de bien de sorciers, même des moldu-nés. Ou même plus que les professeurs qui enseignent Études des Moldus, défendis-je avec un sourire connaisseur. »

Après plusieurs minutes de silence à se remémorer par des regards complices notre 7e où Hermione contredisait ou complétait les informations données par le nouveau professeur, elle se leva de son siège et me sauta dans les bras. Je reculai d'un ou deux pas pour ne pas tomber sous le choc. J'essayai de lui dire d'y aller plus doucement, il ne faudrait pas écraser le bébé, mais ce fut peine perdue. Elle se mit à m'embrasser avec une telle fougue et une telle passion. Ce qu'elle n'avait pas fait depuis des mois et des mois de cela. Elle m'aimait toujours, ses attentions, ses yeux et ses mots me le disaient, mais ce n'était plus pareil. Elle essayait de me cacher sa peine, mais je savais que le fait que ses parents l'aient déshéritée l'avait atteinte plus qu'elle voulait me faire croire. Elle ne s'en était jamais vraiment remise. Elle ne regrettait pas le mariage, mais je savais qu'elle mourrait d'envie que ses parents soient de l'aventure aussi. Et j'avais tout essayé. Vraiment tout essayé. Merlin savait que j'avais tout fait et que je serais prête à donner une chance à toute nouvelle idée pour changer les choses.

Avant que je ne me perde plus profondément dans mes pensées, ma femme chérie se mit à me mordre l'oreille avant d'y susurrer : « Je t'aime Vixy. », suivit par un : « Tu es la meilleure, ma lionne » tandis que je sentais ses mains défaire le nœud qui retenait ma serviette de bain. Hum. Je crois qu'une autre de ses vagues vient de prendre possession de son corps. Tant mieux pour moi.


À ce moment-là, je me refusais de voir qu'elle allait mal, du moins plus mal de ce que j'admettais déjà. Je refusais l'idée qu'elle soit triste avec moi, que sa vie avec moi ne lui convenait pas… non plutôt que sa vie avec moi ne lui suffisait plus. Je n'étais pas suffisante. Je me disais toujours que c'était temporaire, que c'était un mauvais tour des hormones. C'était toujours la faute aux hormones.


Bonjour tout le monde!

Oui, j'ai publié plus tard qu'à mon habitude, mais c'est aussi mon plus long chapitre jusqu'à présent! (3 fois plus long que le dernier. En fait, c'est le plus long que j'ai publié y compris les one-shots.) Donc j'espère qu'il vous plaira.

et certains d'entre vous ont sûrement hâte que Ginny intéragisse vraiment avec les parents. Ça va arriver, je peux vous le garantir. Ginny ne peut pas juste cogner à la porte, verser quelques larmes et partir. mais pas maintenant, je le sens pas =). Tout ce que je peux dire c'est : Relax and enjoy the ride. =)

PS: J'ignore comment accorder le verbe croire dans mon histoire (J'ai l'impression que c'est un problème débile ' ). Parfois vous verrez "je crus" ou "je croyais" ou même "je crois"... C'est lequel que je dois utiliser? Je dirais "je crus" et "je croyais" (puisque j'écris au passé), mais ça se lit tellement mal que parfois j'ai préféré ne pas les utiliser... =S En tout cas, ça serait gentil de m'éclairer sur ce point. Merci d'avance pour toute aide.

F0rtitude