Il eut un autre moment de silence rempli par le son des habitants de la maison buvant leur thé. Par où je commençai ? J'aurais dû prévoir cela avant de faire le voyage. Hermione avait beau me dire que je possédais un esprit vif, mais je n'avais certainement pas sa prévoyance.
« Avez-vous des plans d'avenir pour votre fille, commençai-je. »
Les parents se lancèrent un nouveau regard perplexe.
« Pardon, mais je ne comprends toujours pas ce que vous attendez de nous et de notre fille, demanda le père en se redressant dans son siège. » Le même genre qu'Hermione aimait tant. Je comprenais mieux pourquoi elle l'avait toujours aimé. Il lui rappelait sûrement les moments avec son père ou plutôt, dans le cas présent, les futurs moments heureux qu'elle passera assis sur les cuisses de son tandis que ce dernier lui lisait une histoire. Un peu comme j'avais vu dans un de leurs albums photo. Ou plutôt futurs albums.
« Une personne qui prend très à cœur l'avenir d'Hermione Jean Granger. Et je voudrais parler avec vous de son avenir, monsieur Granger, dis-je en me redressant sur le canapé que je partageais avec la mère, bien que je fusse assise à l'autre extrémité.»
Les parents se regardèrent surpris une nouvelle fois sûrement que je connusse le second nom de leur enfant. La mère fronçait les sourcils, elle n'était toujours pas rassurée, contrairement au père. Il semblait prêt à vouloir répondre à mes questions, bien qu'il était hésitant à répondre sous le regard de sa femme.
« Qu'avez-vous prévu pour votre fille ? demandai-je une nouvelle fois.
- Qu'elle aille à une bonne école qui saura développer ses aptitudes, qu'elle se fasse des amis sur qui elle pourra se reposer, qu'elle fasse la carrière qui lui plaît, qu'elle réalise ses rêves et ses projets et qu'elle trouve l'amour, dit le père, les sourcils froncés après plusieurs minutes de méditation. Vous savez, nous voulons ce qu'il y a de mieux pour Hermione. »
Je compris alors que ma question couvrait large, trop large pour le point que j'essayais de passer. Néanmoins, intérieurement je ris sur le fait que le père avait utilisé le terme : « trouver l'amour » au lieu de « trouver un mari » ou « trouver un homme aimant » ou un quelconque autre qualitatif. Il avait utilisé une expression unisexe. Ce qui laissait présager qu'il voulait simplement que sa fille trouve une personne qui l'aimera et la chérira. Mais encore, ça devait être moi qui lisais trop entre les lignes.
« Mais si ce mieux que vous mentionnez n'est pas ce que rend votre fille heureuse, qu'allez-vous faire ? Qu'allez-vous faire si ce que votre fille veut n'est pas ce que vous attendiez d'elle?
- Nous voulons ce qu'il y a de mieux pour elle et son avenir ! Nous voulons qu'elle soit heureuse ! C'est ce que tout parent veut pour ses enfants, s'écria la mère. »
Je remarquai ses poings fermés sur ses cuisses. Elle était indignée que je puisse impliquer qu'ils soient de mauvais parents. Je ne commencerais pas un argument sur le fait que tous les parents étaient aussi merveilleux qu'eux… avant qu'ils apprennent que leur fille était amoureuse d'une autre femme. Ce n'était pas le but de ma visite.
« Je comprends que vous voulez son bonheur. Je comprends parfaitement, et je me vois mal vous contredire, dis-je calmement. Mais, ce que j'essaye de dire, ce que rend heureux votre enfant peut ne pas être ce que vous avez prévu pour elle. Je demande alors ce que vous allez faire dans ce cas. »
La mère me regarda furieusement. Elle ne permettait pas qu'on doute de ses qualités de mère, surtout d'une inconnue qui proclamait vouloir le bonheur de sa fille. J'aurais sûrement réagi pareillement si nos rôles étaient inversés. Le père posa une main rassurante sur celle de sa conjointe. Cela la calma légèrement. Les yeux du dentiste se posèrent de nouveau sur moi. De toute évidence, il n'aimait pas non plus mes insinuations. Puis il demanda d'un ton calme, mais sec :
« Pouvez-vous clarifier vos propos?
- Oui, bien sûr, dis-je lentement pour me permettre de trouver mes mots. Alors vous avez dit que vous voudriez qu'elle ait une carrière qui lui plaît. Mais si cettedite carrière n'est pas ce que vous avez imaginé pour elle, allez-vous continuer de l'aimer et de la soutenir ?
- Évidemment, s'écria la mère indignée. Il est hors de question même de penser autrement. »
Je la regardai, les sourcils froncés. À ce moment, je sentis mon sang me bouillir les veines. J'aurais voulu sauter sur mes pieds et la frapper en lui criant le fond de ma pensée. Par la barbe de Merlin, c'était à cause d'eux qu'Hermione n'était pas à mes côtés aujourd'hui ! Ni même notre petite Rosie ! Que Merlin les maudisse pour le reste de l'éternité si l'histoire se répétait. C'était eux qui l'avaient abandonnée lorsque mon génie avait besoin d'eux, malgré ses — non, nos — supplications ! Eux qui l'avaient — nous avaient — traitées de noms qu'on ne devrait jamais être adressé à une femme, encore moins à sa propre fille ! Eux qui l'avaient déshéritée. Eux qui avaient brûlé tous ponts qui les reliaient au point de ne même pas se présenter à ses obsèques. Eux qui avaient dit qu'Hermione était une humiliation, une déception, un échec ! Je serais mes poings. Bon sang de Merlin ! Je ne savais pas ce qui me retenait à les frapper ! Sentant mon caractère hérité des Weasley ressurgir, je me contins. Il m'avait suffisamment coûté cher par le passé. Non ! Futur. Peu importait. Je ne voulais certainement qu'il prenne le contrôle de mes actions et qu'il me fasse perdre mes chances de réparer le futur. Les Granger n'auront pas la patience et la gentillesse de ma douce.
Printemps 1997,
« Oui, t'as tout compris. Le charme pour invoquer l'objet, c'est Accio ; son contre-sort : Repulso. Tu pourras les tester à l'extérieur de la biblio, résumai-je en souriant à mon amie. »
Puis je pris sa liste de matière et de ses questions regardant où je pourrais lui être utile.
« Qu'est-ce que tu as d'autre chose à l'étude ? demandai-je en parcourant la liste. »
Il me semblait que nous avions fait le tour. J'étais bien contente. Ce fut long, mais bien. C'était aussi une excellente révision pour moi. Je sentis Daisy lire sa liste par-dessus mon épaule à la recherche de points qu'on aurait pu oublier.
« Après, il y avait les sortilèges pour altérer la mémoire avec lequel j'ai aussi de la difficulté, répondit Daisy en me pointant sur le parchemin.
- Uh-hum. Je vois. Les sorts qui affectent la mémoire ou le cerveau en général sont toujours complexes. Encore plus que nous ne pouvons pas les pratiquer.
- Je ne voudrais pas t'embêter plus, dit-elle en me souriant. Tu m'as déjà grandement aidée. Je t'en suis très reconnaissante.
- T'inquiètes, répondis-je avec le même entrain. Ça ne me dérange pas, mais je l'ai jamais utilisé, donc —
- C'est pas grave ! J'accepte toute aide. C'est toujours mieux que rien.
- Dans ce cas, la meilleure perso —
- Hum ! HUM ! »
À ce raclement de gorge, Daisy et moi sursautâmes pour découvrir que ce n'était personne d'autre qu'Hermione qui l'avait produit. Aussitôt, je me calmai et lui souris, contente de voir ma copine, au lieu de Madame Pince. Même si ce n'était pas la bibliothécaire — et sa croisade maladive contre le mauvais traitement des livres —, cela sembla être le signal pour Daisy de partir, car elle commença à ramasser rapidement ses choses.
« Je vais y aller Gin. Je — j'ai une rédaction de potion à remettre bientôt et je ne l'ai pas finie, chuchota-t-elle. Je viens de m'en souvenir. Désolée.
- Euh. D'accord, dis-je surprise en me levant à mon tour pour l'aider à nettoyer la table de travail. »
Lorsqu'elle était sur le point de disposer des livres de la bibliothèque, je mis ma main sur celui devant elle.
« Laisse. Je vais m'en occuper, lui dis-je pour essayer de calmer sa soudaine nervosité. »
La Serdaigle me regarda et me sourit rapidement avant de regarder Hermione qui nous observait les sourcils froncés, puis sans plus s'attarder, elle partit. Pendant qu'elle s'éloignait, je ramassais tranquillement ma plume, mon encre et mettait de côté les quelques livres que je voulais emprunter et ceux que je souhaitais disposer. Lorsque Daisy fut suffisamment loin de nous, je me retournai vers ma copine qui n'avait pas décroisé les bras ni prononcé un mot.
« Qu'est-ce qui ne va pas Mione, demandai-je doucement. » Celle-ci fixait toujours dans la direction de mon amie. Elle n'allait pas bien. Même entre nous, elle ne se détendait pas. Cela dit, ma question ramena son attention à moi. Elle expira bruyamment, puis sèchement dit :
« Devine.
- Je ne sais pas Mione, répondis-je honnêtement. Tu n'es pas satisfaite de ta note en Herbologie ?
- Non, dit-elle en levant les yeux au plafond.
- Le même groupe de 3e ont — Attends. Est-ce que quelqu'un s'est pris à toi ? demandai-je précipitamment en posant une main sur son avant-bras. On t'a atta —
- C'était qui ? murmura-t-elle entre ses dents en reculant. »
Hein ? Quoi ? Est-ce qu'elle s'est fait attaquer ? Pourquoi avait-elle reculé ? Était-elle blessée ? Lui avais-je fait mal quand je l'avais touchée ? Je l'observais de nouveau à la recherche de blessure. C'était difficile à dire avec l'uniforme et son immobilité, mais une blessure à l'avant-bras pourrait expliquer beaucoup de choses. Notamment pourquoi elle gardait les bras croisés. Devais-je deviner ce qui n'allait pas ? Qui l'avait attaquée ? Mon premier réflexe fut de dire Malfoy et sa gang, mais puisqu'ils avaient tous fini l'école... J'étais perdue. Je ne comprenais pas ce qu'elle attendait de moi. Je secouai la tête en signe d'incompréhension. Alors Hermione pointa de la tête vers la direction que mon amie avait prise.
« C'était qui, répéta-t-elle plus fermement.
- C'est Daisy. Elle a quelques difficultés en Charme et je l'aide avec. Mais qu'est-ce qui ne va pas, sérieux, Mione ? Tu m'inquiètes.
- Je n'aime pas cette fille, siffla-t-elle en jetant un nouveau regard dans le couloir. »
Je haussai les sourcils de surprise et d'incompréhension. Qu'est-ce qui lui prenait tout à coup ? Était-ce vraiment ? Non ! Ça ne pouvait pas. C'était trop ridicule comme idée.
« Quoi ?! C'est Daisy qui t'a énervé ? Tu viens à peine de la rencontrer !
- Hm ! Ce n'est pas ça qui importe, dit-elle en plantant ses yeux dans les miens. C'est toi qui la connais et de toute évidence, très bien.
- Oui, nous partagions régulièrement des classes ensemble et c'est une fille très sympathique et drôle. Nos conversations sur le Quidditch sont toujours intéressantes et enrichissantes et elle est fan des Harpies.
- Dis-en-moi tant ! s'exclama-t-elle. »
C'était clairement de la jalousie. Ça ne pouvait être que cela. Me faisait-elle si peu confiance en moi ? En nous ? Pensait-elle sérieusement que j'avais du temps à accorder à une relation secrète ? Merlin ! C'était tellement une idée débile qu'elle ne méritait pas d'être envisagée, encore moins d'être énoncée à voix haute. Et pourtant ! Hermione ne semblait ne pas me donner le choix que lui en fournir une réponse.
« Qu'est-ce qui te prend ?! Voyons Hermione ! m'exclamai-je outrée qu'elle puisse penser que je lui fusse infidèle.
- Oh ! Moi ? Rien. Rien de spécial. Je viens juste de voir ma copine se faire flirter sans qu'elle repousse les avances.
- Flirte ? Les avances ? Merlin ! De quoi tu parles ?
- La proximité intime, le bras passé dans ton dos, les doigts emmêlés dans tes cheveux. Jouant doucement avec. La main sur ton avant-bras ? Comment tu appellerais cela, toi ? Hen, Ginevra ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles, Hermione, dis-je maintenant aussi fâché qu'elle l'était. »
Elle utilisa mon prénom au complet et elle savait que j'haïssais ça. Mais d'où elle sortait tout ça ?! Je l'aurais sentie si Daisy m'avait fait quelque chose du genre, non ? Je l'aurais sentie ?! Certes, elle était proche de moi quand elle lisait par-dessus mon épaule, mais les doigts dans les cheveux ? Vraiment ?! Je ne pouvais pas être si absorbé que cela ? Mais peu importait ! Elle croyait que je lui étais infidèle ! Avait-elle si peu confiance en moi !? Avait-elle vraiment si peu confiance en nous ?! Je terminai de ramasser mes devoirs et mes livres pour éviter de lui crier la première bêtise qui me passait par la tête. Elle renvoya d'un coup de baguette les livres que je voulais ranger. Je dus faire appel à mes réflexes de Quidditch pour éviter qu'un bouquin ne s'écrase dans ma figure. Quand je me relevai, je fusillai du regard Hermione qui en fit autant. Elle avait manifestement fait exprès. Toute personne normale aurait coupé court à la conversation de peur de recevoir ses foudres, la connaissant comme redoutable. Mais au contraire, j'ancrai mes talons sur les dalles de pierres. Son petit manège ne m'impressionnait pas. En plus de ne pas me faire confiance, elle m'attaquait sournoisement avec mes livres ?! C'était bas. Très bas de sa part.
« Daisy est simplement une amie que j'ai aidée. Il y a rien de plus. Tu n'es pas l'unique à —
- Une amie n'a pas les doigts dans les cheveux d'une autre amie.
- Oh ! Donc, c'est vraiment de la jalousie !? »
Elle roula des yeux. Merlin ! Lorsqu'elle me regarda de nouveau, je ne détournai pas les yeux. Elle devait répondre sérieusement à cette question.
« Comment je me sens, de toute évidence, n'est pas le sujet de cette discussion, dit-elle.
- Alors tu me connais bien mal dans ce cas. Je ne SUIS PAS une personne qui joue sur plusieurs fronts, dis-je en mettant mon dernier livre dans mon sac brusquement. »
Puis, je la regardai fermement. J'étais brûlante de colère, mes oreilles me chauffaient comme si j'avais dormi la tête dans le foyer. Tout mon corps réclamait que je bouge et je n'avais que cette envie avec celle de partir. Mes mains étaient engourdies à devoir se maîtriser. Finalement, Hermione se décroisa les bras et ses traits faciaux se détendirent. Elle venait peut-être enfin de comprendre à quel point son idée était ridicule et débile !
« Tu devrais avoir plus confiance en moi, car, franchement, la jalousie ne te va pas bien du tout. »
Sur ce, je balançai mon sac sur mon épaule et partie sans manquer de la bousculer au passage, car celle-ci ne voulait pas s'ôter du chemin. Voulant me retenir pour parler. C'était trop tard pour rationaliser avec moi.
Hiver 1998,
Le vendeur nous laissa afin que nous puissions en débattre en paix. Quand je regardai ma copine, je savais déjà que pour elle nous partions avec. Absolument. Alors que de mon côté, contrairement à elle, je n'étais pas chaude à l'idée d'acheter ce divan. Il possédait des oreillettes comme ceux dans la Salle Commune. En bois noir aux éclats de rouge bourgogne lorsqu'on le regardait avec un certain angle. Malgré le sablage et la teinture, quand je passais mon doigt sur ce dernier, je sentais des craquelures et des fendillements bons pour laisser des échardes, mais j'imaginais que c'était normal. Après tout, le meuble n'était pas rendu à sa première vie ni à sa deuxième. En d'autres mots, il avait une histoire et Hermione raffolait de ce genre de meuble retapé. Un nouveau tissu rouge vermillon, rappelant les couleurs de Gryffondor, le rajeunissait légèrement. Des clous dorés et une cordelette tressée gardaient l'étoffe bien tendue contre le sofa.
Je devais l'avouer, il avait du charme. Je comprenais pourquoi Hermione était tombée en amour avec. Elle s'imaginait sûrement déjà assise dedans dans notre nouvel appartement avec un bon livre sur les genoux. Sûrement avec un feu pétillant dans le foyer du salon — lorsque nous l'aurons enfin ramoné. J'en convenais que le divan était superbe et donnerait beaucoup de cachet à notre demeure. Je concédais ce point volontiers, mais nous ne pouvions pas acheter ce fauteuil juste parce qu'il était beau.
« Hermione… ça ne serait pas sage, dis-je doucement. » Étonnamment, c'était moi qui devais ramener ma douce à la raison. Jusqu'à présent, ce fut elle qui m'arrêta dans mes élans dépensiers et qui personnalisait la voix de la raison. Sauf cette fois. Le divan l'avait totalement charmée, mais nos finances ne nous le permettaient pas.
« Nous avons déjà un sofa. Qui peut nous accueillir nous deux.
- Oh… Ginny. Regarde-le, chuchota-t-elle extatique en le caressant du bout des doigts et en se mordant la lèvre inférieure. Regarde, il est superbe. Rien à comparé l'autre.
- D'accord, notre divan n'est pas particulièrement beau, mais c'est pour cela que nous avons tricoté une housse.
- Il est parfait. Il est exactement —
- Ce que tu cherches. Ton fauteuil idéal, soupirai-je. Oui, je sais. Il a tout ce que tu aimes.
- Exactement ! Oh ! Ginny, s'il te plaît. Il faut qu'on l'achète.
- Avec quel argent ? Nous sommes initialement venus ici pour nous trouver un nouveau matelas. Et avec le reste de l'argent, un nouveau réfrigérateur. Ou l'inverse. »
Car notre réfrigérateur était tout maigrichon et brisait continuellement. On le réparait à coup de Reparo, mais un moment donné, même la magie ne suffisait plus. Nous perdions trop régulièrement nos commissions. Il était un véritable gouffre à nourriture et Hermione plaisantait en disant qu'il pouvait être pire qu'un Weasley, ce qui en disait long sur son état.
Quant au matelas, il était bien. Suffisamment grand pour nous deux, sans se sentir compressée, lorsque nous avions besoin de notre espace personnel ou de s'étirer. Ça au moins, je ne pouvais pas le lui reprocher. Même si avec un Amplificatum n'importe quoi était bon. Temporairement. Bref, le confort du matelas était une autre paire de manches. Le matin, je me réveillai régulièrement avec un mal de dos. Déjà, mon travail et mon entraînement exigeaient beaucoup physiquement. Le matelas ne m'aidait aucunement à récupérer mes forces. Au point, où je préférais dormir sur le canapé que dans le lit, car bien que j'aie moins d'espace pour m'étendre, au moins je n'avais pas de courbatures le lendemain. Hermione n'était pas ravie que je me sois arrangé une couchette dans le salon plutôt qu'à ses côtés. Comme compromis, les veilles des congés, je dormais avec elle. Pour la faire patienter — et aussi, parce que j'adorais me réveiller à ses côtés — jusqu'à ce que nous le changions, un pour de meilleures qualités, mais ça ne pouvait pas durer.
« Hermione. Non. Ce n'est pas possible, dis-je le plus calmement pour essayer de la raisonner. Tu as entendu le prix ? Cela prendra presque la totalité de notre budget. Ce n'est pas raisonnable
- Oh! Mais Vix ! Il est tellement — »
Après quoi, elle entra dans son mode persuasive. M'énuméra tous les avantages à l'acheter, me répétant que c'était une occasion unique, me rappelant toute la joie que cela créait chez ma copine. Que si j'acceptais, j'allais devenir la meilleure copine au monde. Je résistais. Ce n'était pas facile, mais je résistais, même à ses jolis yeux grains de café et son mordillement de la lèvre inférieure que je trouvais irrésistible. Cela dit, j'ignorais pour encore combien de temps. Je sentais l'exaspération montée en flèche.
« Et puis, je suis sûre que tu sauras descendre le prix, Vix, ajouta-t-elle, les yeux pétillants. Tu es tellement bonne négociatrice ! Il ne saura pas te résister. En tout cas, moi, je ne te résisterais pas dans ce —
- Mione. Arrête. S'il te plaît. Arrête, dis-je en prenant une bonne inspiration. Ça sera pour une autre occasion. » Hermione devait apprendre à se faire une idée et devait lui dire adieu.
« Mais Vix —
- Je ne te dis pas un non définitif. Juste pas maintenant. Il faut rester concentré sur les priorités. Qui sont, demandais-je, attendant qu'elle complète ma phrase.
- Le réfrigérateur et le matelas, répondit-elle rapidement en roulant des yeux. Oui, je sais déjà cela. Mais on peut toujours attendre pour le matelas, non ? »
Je la regardai, complètement sidérée par sa requête. Mais qu'est-ce qui lui prenait ? Hermione sourit timidement en haussant les épaules.
« Juste pas maintenant ? ajouta-t-elle.
- Quoi ?! Tu veux abandonner le matelas ?
- Non. Pas abandonner… juste prochain mois ou trimestre ? Tu sais comme prochain achat.
- Non, m'exclamai-je. J'aimerais ça retourner dormir auprès de toi rapidement. Et pas dans un mois et encore moins dans un trimestre. En plus, tu n'arrêtes pas de me rebattre les oreilles sur le fait que je dorme sur le sofa.
- Descends le volume, Vixy, s'il te plaît, demanda-t-elle le sourire crispé maintenant. »
Ce simple commentaire me força à prendre une autre profonde inspiration. Sérieux, Hermione ? Est-ce qu'elle me niaisait ? Elle s'inquiétait qu'on paraissait trop couple ? Merlin, on s'en va s'acheter un matelas double ! Qui va convenir à nous deux ! Merlin ! Le vendeur serait un abruti fini s'il ne questionnait aucunement notre relation lorsqu'il nous verra le tester toutes les deux et nous demander ce que nous en pensions. Mais je ne dis rien à ce sujet, il ne fallait pas se laisser déconcentrer.
« C'est un divan, Mione. Un divan ! Pas un matelas. »
Tout à coup, Hermione me poussa gentiment pour que je m'assoie sur le divan. Il était confortable, encore plus que notre vieux canapé. Le fait qu'il possédait des oreillettes, de larges avant-bras, ainsi d'être profond créait un cocon. Nous étions dans notre bulle, notre univers, et tout était confortable et doux. Je pourrais facilement m'endormir dessus. Argument qu'Hermione n'oublia pas de mentionner. Celle-ci s'assit sur l'accoudoir et dégagea mon visage de mèches qui s'était libéré de mon épingle à cheveux.
« Ne viens pas me dire que tu n'es pas confortable, commença-t-elle.
- Hermione. Je sais ce que tu essayes d'accomplir, soufflai-je déjà exaspérée de son petit jeu.
- Imagine Vix, me murmura-t-elle en laissant glisser ses doigts sur mon pavillon auditif. Toi, assise confortablement dans le fauteuil, et moi qui aurait les genoux de chaque côté de toi… moi enlevant sensuellement pièce de vêtement après pièces. Me déshabillant juste pour tes yeux. Toi, m'agrippant les cuisses et moi, te mordant l'oreille. Qu'est-ce que tu dis de cela ?
- Hermione. S'il te plaît, arrête, gémis-je sentant le rouge me monter les joues. »
Cela ne l'empêcha pas de continuer sa description des merveilles. Continuer de lui dire non, venait de plus en plus difficile. J'avais la gorge sèche, ce qui ne m'empêchait pas d'avoir une boule dans la bouche et les mains humides. Je fermai les yeux, essayant de chasser les images qu'elles me décrivaient.
« Ou sinon, imagine-moi à ta place et toi, me chevauchant. Toi, t'accrochant après les oreilles du divan pendant que je te dévore les seins. Mes mains sur tout le corps. Moi, te griffant le dos.
- Arrête, Hermione, dis-je plus fermement. »
Merlin, que je pouvais la désirer maintenant… Le motton dans la bouche me faisait mal quand j'essayais de parler. J'ouvris les yeux. Se les fermer fut une mauvaise idée. Ça donnait une dimension trop réelle à ses descriptions. La première chose que mon regard croisa, ce fut le vendeur. Il nous regardait à la fois surpris et inquisiteur. Il possédait un petit sourire en coin. C'était à se demander s'il savait que Hermione me susurrait. Merlin ! Ma rougeur devait me vendre ou il savait que nous allions partir avec ce foutu divan. Dans les deux cas, cela m'énerva. Pourquoi nous avait-il montré ce fauteuil en premier lieu ? On avait demandé un matelas ! Il fallait que je mette un terme à cette comédie. La chaleur dans le bas-ventre et les scènes obscènes qui me traversaient l'esprit me compliquèrent la tâche à reprendre un ton strict qui ne laisserait place à aucune opposition.
« Vixy, me murmura-t-elle en traînant son index le long de ma mâchoire, tandis que mes prunelles rencontrèrent les siennes. Est-ce que tu te rends comptes que si je me mets à genoux qu'il est à la bonne haut —
- - Hermione ! rugis-je cette fois-ci en me levant précipitamment. »
Je me levai, peut-être avec trop de fougue, car je poussai par inadvertance Hermione de son perchoir, mais je savais que si j'étais restée assise dans ce fauteuil plus longtemps, j'aurais fini par lui dire oui. Alors que repartir avec ça était simplement ridicule dans notre situation. Sauf apparemment pour ma douce.
Je connaissais son petit manège et il avait assez duré. Elle voulait que mon désir et ma passion gagnent contre la raison. Je considérais cela comme un coup bas venant d'elle. Elle qui me répétait d'être moins impulsive.
« Je t'ai dit d'arrêter et tu ne l'as pas fait, dis-je en lançant un regard soutenu à ma copine qui se relevait.
- Mais Gin —
- Nous ne pouvons pas. Je ne dis pas un non définitif, juste pas pour l'instant. Ce divan n'est pas le premier que nous avons croisé et il ne risque certainement pas d'être le dernier, alors reprends-toi. »
J'avais le souffle court. J'ignorais si c'était parce que j'avais dit le tout très vite ou c'était un des effets par le miroitement des moments intimes qui embrumait encore mon esprit. J'étais déchiré à vouloir embrasser ma copine à perdre haleine et à vouloir m'arracher les cheveux de frustration. Je ne fis aucun des deux, me contenta de prendre de grandes respiration pour chasser les dernières images et dompter mon côté impulsif qui réclamait à lancer le foutu fauteuil contre le mur ou sur le vendeur de merde pas capable de faire la différence entre un matelas et un sofa. Ô, mais qu'il pouvait m'irriter ! Juste à respirer et à nous observer de son coin de la pièce ! Je pris une autre respiration. Je n'allais pas déchaîner mes foudres, ici, dans un magasin de meuble.
« Fais-toi une raison tout comme j'ai dû me faire une raison pour le balai, dis-je le plus calmement possible. »
Les joues encore enflammées. Malheureusement, je ne crois pas que je réussis suffisamment à me contrôler, lorsque j'entendis le ton mesuré qu'Hermione s'efforçait de garder.
« Mais c'est pas comparable ! T'étais rendue complètement folle avec ta météorite je ne sais plus quoi
- Météore 160.
- Peu importe ! T'as entendu le montant comme moi lorsque nous avons demandé ! Je ne suis pas une poule aux œufs d'or !
- Je le sais bien ! Et c'est pour cela que je me suis contentée du Comète. Et c'est pour la même raison que tu devras oublier ce foutu divan.
- Et si je refuse de t'écouter, demanda-t-elle en arquant les sourcils.
- Voyons ! Hermione ! Utilise ta logique deux secondes ! » À ceci, ma copine roula des yeux et se croisa les bras, mais je continuai : « Contrairement à toi, un balai m'était utile, ça n'allait pas juste rester là et être beau. Contrairement à ton divan, j'allais l'utiliser tous les jours. »
J'avais dû me faire une raison lorsqu'Hermione refusa de financer grassement un nouveau balai après que mon précédent se soit brisé d'usure. J'avais supplié mon génie. Merlin. Longtemps. Mais, un balai m'était vraiment utile. Ce n'était pas juste une question de confort ou d'esthétisme contrairement à son foutu divan. Mon balai, je l'aurais utilisé dans ma carrière de joueuse professionnelle et même pour mon travail de coursière. C'était mon outil de travail. Malgré tout, j'ai dû me résoudre à l'abandonner. Celui que j'avais fini par acheter, Comète 400, n'était pas le dernier modèle, ni même parmi les cinq derniers, mais il était vaillant et performant malgré qu'il soit dépassé par les nouvelles générations. Il était surtout résistant. Ce dont j'avais besoin pour réaliser mes livraisons la fin de semaine. Ensuite, ce travail me donnait de nombreuses expériences de vol avec tous les caprices de la météo, me permettant ainsi une meilleure maîtrise de la Comète. Je devais compenser la qualité de mon balai par mon talent et par sa maîtrise. Défi que j'avais accepté et accueilli avec joie. Bref, j'ai dû me faire une raison. Je me procurai un balai plus récent lorsque nous aurons fini avec les urgences.
« Mais Ginny.
- Non ! Pas de Vix ! Pas de Ginny ! Pas de Ginevra ! Et surtout pas de Fauteuil. Fais-toi une raison.
- Oui, il y aura un fauteuil. Si je le veux, il sera à moi.
- Et moi, je mets mon droit de veto sur cet achat ! Hors de question. Pas là. Peut-être après avoir fini avec les autres dépenses, mais pas là. Ici. Maintenant.
- Et qu'est-ce qui te confère un droit de veto, demanda-t-elle en arquant un sourcil. Ta part de financement que je peux aisément fournir ?
- Mon opinion a-t-elle aussi peu de poids pour toi, demandais-je, rouge de colère et d'indignation. »
Je serais les poings, ainsi que les dents. Voulant éviter un geste ou une parole déplacée qui envenimera à coup sûr la situation. Se faire rappeler que tu étais moins aisée que le reste du monde était un coup bas. Surtout quand cela était annoncé publiquement et par sa copine. Se faire dire que ce que tu pensais et tes opinions ne valaient rien à comparer celle que tu aimais était indélicat et blessant. Apprendre que les désirs de ton partenaire étaient uniques lois, tandis que tu devais apprendre à te la fermer, était injuste. Ceci ne fonctionnait pas. Cela ne fonctionnera pas avec moi.
Certes, actuellement, je n'avais pas un aussi gros compte en banque qu'Hermione, mais je travaillais et je payais ma part. Qui payait l'abonnement à la Gazette du Sorcier ? Moi. Qui payait les divers articles ménagers ? Encore moi. Qui payait pour la volière communautaire ? Moi, pourtant je n'étais pas celle qui l'utilisait ! Je donnais aussi pour la nourriture ! Peut-être pas autant qu'Hermione, mais je participais. C'était vrai que je ne gagnais pas autant qu'elle. C'était vrai que mensuellement, je dépensais moins qu'elle, et ce n'était pas parce que je ne voulais pas, mais parce que je ne pouvais pas. Du moins, pas quand l'entraînement me laissait uniquement la fin de semaine de libre pour travailler. M'obligeant à choisir uniquement les petits contrats qui pouvaient se réaliser en deux jours, les moins payants du lot. J'étais déchiré entre vouloir participer plus au financement de notre vie commune et mon rêve d'entrer chez les Harpies. Pourtant, à la fin du compte, je savais que je n'avais pas le choix. Si je voulais être sélectionnée et obtenir une place dans l'équipe, si je voulais gâter à mon tour Hermione et lui offrir son putain de fauteuil, je devais me contenter des petits contrats. Et puis, je savais qu'on m'aimait bien sur le terrain. Je savais que j'avais des chances. J'avais de réelles chances de me faire recruter. C'était une question de temps avant que ma situation s'améliore et que je ne me retrouvasse plus autant aux abois financièrement.
Je savais bien aussi que j'étais financièrement un poids mort, malgré mon travail de coursière. Je savais aussi que c'était principalement grâce à Hermione que je menais un train vie respectable et sans soucis majeurs. Mais cela signifiait-il pour autant que mon opinion ne valait rien pour Hermione ?
« Oh… Madame est colère. Du coup, je dois lui obéir, dit Hermione en posant ses mains sur ses hanches, énervée à son tour. Sache que tu n'es pas la seule qui peut montrer les crocs. Tu ne me fais pas peur.
- Ce n'est pas une question de peur, répliquai-je gardant la mâchoire serrée. » Petit truc pour prolonger légèrement le temps de réflexion entre chaque mot. « C'est une question de respect. »
Hermione fronça les sourcils et roula les yeux. Oh ! que je pouvais haïr cette manie en ce moment. Puis, elle soupira en secouant doucement la tête comme si je ne comprenais pas le problème, comme si j'étais à côté du point important. Sauf que contrairement à elle, je n'avais pas oublié que l'important était premièrement le matelas et deuxièmement le réfrigérateur. Ou premièrement le réfrigérateur puis le matelas. Actuellement, j'avais l'impression qu'Hermione me prenait pour pauvre idiote. Oui. Exactement. Pauvre et idiote. Voici précisément comment je me sentais sous son regard. Pauvre et idiote. Et que je hais cette sensation ! Qu'elle achetât donc son trône de merde ! Ce n'était pas parce que j'étais pauvre que j'étais impuissante ! Ce n'était pas parce que j'étais pauvre ou moins intelligente qu'elle que j'étais faible. Mes parents n'avaient jamais roulé dans l'or, mais ils m'avaient montré que ce n'était pas un problème. Qu'il y avait toujours un moyen pour atteindre ses objectifs.
Pourtant… Pourtant… J'ignorais quoi faire. Je me sentais juste impuissante… Je n'avais que mes mots à lui offrir et pour la première fois, ce n'était pas suffisant. MERDE ! FAIS CHIER ! Je voulais juste pouvoir dormir à côté de ma copine paisiblement ! Parce que je ne gagnais pas suffisamment d'argent, on se trouvait dans cette situation. À devoir choisir entre un matelas et un divan. Le choix aurait dû être facile ! Alors pourquoi ne l'était-il pas ? FAIS CHIER ! Lorsque j'entendis mon cœur me battre les tympans et les doigts s'engourdir à forcer de garder les poings serrés, je compris que je ne pourrais plus débattre durant cette manche. Du moins pas sans débordement physique… Et ça me faisait encore plus chier, car ça signifiait qu'Hermione avait gagné et elle achèterait ce foutu fauteuil de malheur ! et cette pensée me rendait encore plus furax.
« Oh ! Et puis merde ! Fais donc ce que tu veux ! Puisque c'est toi qui possèdes l'argent, c'est toi qui as le pouvoir, m'écriai-je énervée, en jetant les mains dans les airs. De toute façon, je sais déjà que je vais dormir sur le sofa, ce soir ! Alors, sérieux! Fais ce que tu veux à partir de maintenant ! J'en ai plus rien à foutre. »
Puis je fis demi-bord, je n'avais plus rien à faire ici. Il me semblait que tout était dit. J'étais fâchée contre Mione et fâchée d'être si en colère pour un foutu meuble. Quelle merde ! En chemin, je croisai un cartable contenant les différentes possibilités de tissus et de motifs. Je ne me gênai pas à le frapper violemment. Va chier ! VA CHIER ! MAUDIT FAUTEUIL À MARDE ! Pourquoi le vendeur nous l'avait montré !? C'était quoi son maudit problème !? Va chier vendeur de mes deux !
Dans sa chute, le classeur à anneaux fit tomber un second cartable. Ce dernier renversa un tas de cartes d'affaires qui avait été soigneusement mis en pile. Je ne m'arrêtai pas pour ramasser la pagaille que j'avais créée. De toute façon, mes actions et mes opinions n'avaient aucune importance puisque j'étais impuissante ! Impuissante! Ouais, impuissante. Impuissante, mon œil ! Je n'étais pas impuissante ! Je n'étais pas impuissante.
« Ginevra ! Bravo. C'est très mature, me cria Hermione tandis que je m'éloignais à grands pas. »
Je me contentai de serrer les poings et les dents. Me retenant de lui dire le fond de ma pensée ou de simplement l'envoyer foutre. Contrairement à elle, je n'allais pas me mettre à l'abaisser ou l'insulter devant une foule. Je refusais de me donner en spectacle et commencer, devant tous les yeux curieux, une scène de ménage où elle me fera la gueule pendant des semaines et des semaines, car ça fera trop couple. Va chier, Hermione! Va chier!
Finalement, je sortis du magasin. Je marchai en long et en large la rue, afin de m'aéré les idées et de retrouver un certain calme. Même si Hermione n'était plus présente pour rallumer le feu, ses derniers mots continuaient de me blesser et de mettre hors de moi. Après une heure, je réussis à me calmer suffisamment pour m'asseoir sur un banc et attendre ma copine et son maudit fauteuil. Car, il était certain, dorénavant que je n'étais plus là pour m'opposer, elle ne fera juste à sa tête. Hermione prit son temps pour me rejoindre, elle a certainement dû négocier avec le vendeur pour essayer de diminuer le prix.
« Hey Ginny, dit-elle faiblement en s'assoyant à mes côtés. Je suis désolée pour tout à l'heure. »
Bien que je me refuse de poser les yeux sur elle, je savais qu'elle me regardait. Je voyais même sa main s'approcher de la mienne avant de se désister et aller tordre nerveusement son autre main. Du coin de l'œil, je la vis même se mordre les lèvres. Car les contacts d'affections physiques étaient hors de questions en public. Hermione avait complètement perdu la tête dans le magasin. Avec ses caresses, ses Vixy et sa description de moments plus qu'intimes. Cette Hermione enjôleuse n'était pas ma Hermione.
« Alors tu as ton fauteuil ? On peut y aller ? Je n'ai plus le goût de magasiner, dis-je amèrement en m'éloignant d'elle lorsque je sentis ses genoux contre ma jambe. »
Normalement, quand j'étais énervée, c'était elle qui se montrait câline. Elle me flattait, me caressait ou juste posait sa main sur moi et ça me calmait. M'aidait à me recentrer. Mais pas cette fois. Je ne voulais plus rien savoir d'elle, ce qui ne m'empêcha pas de lui tendre l'oreille. Espérant entendre quelque chose qui saura me calmer, bien que j'ignore moi-même ce que je souhaitais entendre.
« Je… Je n'ai finalement pas acheté le fauteuil, avoua-t-elle dans un souffle en se mordant la lèvre inférieure. »
Je me retournai brusquement. Pour de vrai ? Elle m'avait finalement écouté ?
« J'ai bien failli. J'avais même sorti l'argent, confessa ma copine avec un sourire triste. Mais je ne l'ai finalement pas fait. »
Je crus que ceci était ce que je voulais entendre. Je me sentis me détendre et lui sourire. Je la regardais dans ses yeux café. Je me demandai ce qui l'avait finalement désisté. Moi ? Ma crise ? Le regret ? La culpabilité ? Que finalement la raison la rattrapait ? Un mot dans un commentaire du vendeur ? Je ne croyais que je ne le saurais jamais, mais cela m'importait peu. Finalement, elle ne l'avait pas fait.
« Merci, dis-je sincèrement en lui attrapant la main doucement, mais fermement. »
Ce contact la détendit et elle me sourit à son tour. Je la sentis relâcher un souffle qu'elle ne devait même être consciente de retenir. Puis elle se retourna, prit un paquet brun qu'elle avait déposé contre le banc sûrement avant que je remarque sa présence et me le tendit. Il avait la forme d'un balai. Je levai un sourcil. Je me doutais de ce que le papier devait me cacher. Sûrement la nouvelle génération. Météore 160. Je défis seulement le manche, où je le savais que le nom du modèle y serait inscrit. Je ne me suis pas trompée. C'était bien un Météore 160. Le meilleur balai produit jusqu'à ce jour. Une véritable merveille dans les airs. De calibre professionnel. Il était poli. Aucune imperfection ne marquait le bois. Les lettres étaient incrustées dans un bleu violet métallique et selon l'angle, celles-ci devenaient plus ou moins foncées. Je savais que si je regardais l'autre extrémité, j'y trouverais le même genre de détail et sens de la perfection. J'effleurai le manche couleur caramel des doigts. Je sentis le bois frissonner. Très réactif. Excellent pour le quidditch ou même les courses de vitesse. Pourtant, le cadeau ne me rendit pas heureuse. Juste avec cet achat, Hermione avait complètement explosé notre budget qu'on s'était accordé pour les commissions d'aujourd'hui. Je fermai le papier brun et le remis à Hermione.
« Quoi ? Ce n'était pas le modèle que tu désirais, demanda Hermione surprise. »
Oui. C'était exactement celui-là. Elle ne s'était pas trompée, mais je devinais déjà le motif pour une telle dépense. Ce qui était important n'était ni un fauteuil ni un balai de haute performance. C'était un matelas et un réfrigérateur. Je voulais m'endormir à ses côtés. Je voulais que nous vidassions le réfrigérateur ; pas qu'il vidât notre portefeuille. C'était ce dont nous avions besoin dans l'immédiat. Le reste pouvait attendre. Puis je me rendis compte que ce qui lui avait fait changer d'idée m'importait, car de toute évidence, elle n'avait toujours pas compris pourquoi nous devions éviter les dépenses inutiles.
« Tu n'as vraiment rien compris. Si tu crois qu'en m'offrant ceci, je te le laisserai t'acheter ton fauteuil en paix, tu te trompes. »
Cette fois-ci, ce fut au génie de se lever brusquement. Elle était furieuse. Rien de surprenant. Je venais de lui dire qu'elle ne comprenait rien et je savais qu'elle haït plus que tout se faire annoncer qu'elle était ignorante. Dans le cas présent, aucun livre ne saura l'éclairer, et cela l'énervait d'autant plus.
« Je voulais juste te rendre heureuse, me cria-t-elle avant de tourner les talons et partir avec son offre de paix. »
Bonjour tout le monde!
Alors voici la suite, tant attendu. En vérité, j'ai faillie mettre tout ce chapitre à la poubelle et ce pendant un très long moment que je l'envisageais. Rien ne me plaisait durant la relecture. J'y voyais le potentiel sans jamais attendre le résultat voulu, jusqu'à très récemment. Finalement après l'avoir ré-écrit à presque 85%, le voici.
Et Ginny a enfin commencé à parler avec les parents! Ça a prit seulement 9 chapitre pour le faire X) et beaucoup de choses reste à dire.
et j'ai travaillé aussi sur le prochain chapitre (ou souvenir). Dans les faits, il est finit d'être composé et je pensais initialement l'ajouter à ce chapitre. Sauf qu'il est devenu tellement long et important que je dois lui réservé tout un chapitre... et le pire, c'est que plusieurs éléments m'ont énervé durant la relecture... donc il n'est pas prêt =X.
Bref, je vous garde informé.
Sur ce, bon retour au travail et à l'école tous! =D
F0rtitude
