« Si vous avez bien éduqué Hermione, » recommençai-je doucement en m'assurant que les dentistes étaient prêts pour la suite de la conversation.

J'avais vu que mes derniers commentaires les avaient atteints fortement. Tant mieux, car après tout, rien de tout cela ne se serait produit, s'ils avaient décidé de continuer d'aimer ma douce Hermione. Ils pouvaient enfin connaître comment ils nous avaient traitées et comment nous le ressentions. Ils nous écoutaient enfin. Première fois en huit ans et près de 25 ans avant que tout cela se produise.

Mon histoire avait particulièrement ébranlé la mère. Je la voyais serrer la main de son mari jusqu'à ce que ses jointures en devinrent blanches. Elle me fixait droit dans les yeux et bien qu'elle ne pleurait pas, les larmes n'étaient pas loin. C'était un sentiment spécial de la voir dans ses émois sachant qu'elle fera partie des tortionnaires. C'était une expérience particulière de voir son propre bourreau s'apitoyer sur sa victime.

Mon premier instinct me disait de lui être compatissant et l'apaiser en lui disant que c'était du passé… ou un futur qui se produira, peut-être, seulement dans une vingtaine d'années. Puis je me rappelai. C'était à cause d'elle et de Mr Granger qu'en cet instant, j'avais perdu Hermione, qu'elle n'était pas à mes côtés, qu'elle n'était plus là pour me tenir la main et me dire que tout allait bien et que nous allions trouver une solution. Mon épouse n'était pas là pour me caresser la joue du pouce ou me replacer une de mes mèches derrière mon oreille. C'était à cause d'elle et de Mr Granger si je ne pouvais vieillir à ses côtés, voir ses cheveux tournés aux gris ainsi que les rides marquées sa peau au gré du temps. C'était à cause d'eux que je ne ressentirais plus ses doigts compter mes taches de rousseur ou la brise de son souffle contre ma nuque quand nous nous endormions, que je ne sentirais plus sa chaleur contre ma peau et qu'elle ne m'expliquerait plus ses derniers projets, idées et découvertes scientifiques moldues ou magiques. C'était à cause d'elle et de Mr Granger que je ne pourrais jamais tenir ma fille dans mes bras, que je n'assisterai jamais à ses premiers pas, ni n'entendrai son premier mot. Je ne pourrai pas reconduire ma petite Rosie pour Poudlard au quai 9¾, ni lui montrer comment monter un balai, ni la féliciter lorsqu'elle aura obtenu son diplôme. Hermione ne pourra jamais lui raconter une histoire le soir, ni lui apprendre à lire, écrire, calculer ou se brosser les dents. C'était à cause d'eux que nous ne connaîtrions jamais le déplaisir de changer une couche ou de lui faire un rot après qu'elle ait mangé. Nous ne nous connaîtrions, non plus, jamais le plaisir de l'emmener au parc, de lui dire d'être gentille avec les autres enfants et de partager ses jouets avec ses frères et sœurs. C'était aussi à cause d'eux que nous ne nous connaîtrions jamais les serrements au cœur lorsque ma petite cocotte arrivera en pleurant, ne serait-ce à cause d'un genou écorché ou de son premier chagrin d'amour, qu'elle nous ne présentera jamais la personne qui la comblera. C'était à cause d'elle et de Mr Granger et leur étroitesse d'esprit si c'était ainsi pour tous mes enfants, que ceux-ci resteront, finalement, un mirage, une utopie. Et savoir cela refermait et asséchait mon cœur envers tout sentiment réconfortant que je pourrais sentir envers la dame face à moi.

« Si vous avez confiance en Hermione et qu'elle se trouve une personne qui la rend heureuse et qui la comble. Une personne qui la traiterait comme il se devait, qui la soutiendrait dans ses objectifs et par temps difficile. »

Moi, je l'avais fait. Je lui aurais offert le monde si Hermione me l'avait demandé. Je lui aurais attrapé la Lune si elle en avait exprimé le désir. J'ignorais comment je l'aurais accomplie. J'ignorais si je me serai tournée vers la technologie moldue ou vers la magie pour assouvir un tel caprice, mais je savais que j'aurais tout essayé. J'aurais abandonné le Quidditch si elle me l'avait demandé. Du moins, maintenant… Maintenant, je savais que le Quidditch ne valait rien sans elle. Depuis qu'elle m'a quittée, je n'ai toujours pas réussi à remonter sur un balai sans me haïr, ni en regarder sans me sentir misérable. Ma tendre moitié avait une fois de plus raison ; ce jeu était débile et il était joué par une bande de débiles. Dommage que je ne m'en suis pas rendu compte à temps…

Les vœux d'Hermione furent toujours simples. Elles voulaient des personnes présentes pour elle et qui l'aimaient. L'unique souhait de ma femme qui avait de l'importance était que ses parents se remettaient à l'aimer. Elle voulait juste leur approbation, leur support. Pas forcément envers la relation qu'elle entretenait avec moi, mais envers elle. J'avais essayé de réaliser son plus cher souhait, de nombreuses fois. J'avais échoué à chacune. Aujourd'hui, c'était ma dernière chance, mon dernier essai.

« Si Hermione vous a toujours montré être une personne réfléchie avec beaucoup de jugement, pourquoi tout à coup ça ne serait plus le cas ? » demandai-je. « Pourquoi ne pas croire en son choix et l'accepter, même s'il ne répond pas à l'image de votre gendre idéal ?

— Dans ce cas, je me vois mal le repousser, » dit lentement le père. La mère était encore trop émotive pour répondre. « Mais pourquoi imaginer ses possibilités ? Je vous rappelle que ma fille a à peine une semaine. Ce n'est pas demain qu'elle va m'annoncer des fiançailles.

— Comme je vous l'ai précédemment dit, j'ai le bonheur de votre enfant à cœur. Souvent la vie nous offre des choses pour lesquelles nous ne sommes pas initialement préparés ou envisagés.

— Quand la vie donne des citrons, fait de la citronnade, » sourit le père en hochant la tête.

Hein ? C'était quoi cette expression ? Je souris poliment.

« Oui. C'est ça, dis-je. » Était-ce vraiment ça ? Je ne pourrais le dire. « Je suis ici pour vous exposer ces réalités et vous permettre d'entamer le processus de réflexion sur ses possibilités. La préparation ne faisait jamais mal, non ? Surtout quand il s'agit du bonheur et de l'avenir de notre enfant. Je sais que certains sujets sont difficiles. Néanmoins, ils méritent de s'arrêter pour y réfléchir afin d'éviter d'exploser le jour où l'un d'eux se présente et de commettre une action qui pourrait avoir de grave répercussion sur votre vie et celle de votre fille.

— Vous semblez vous-même avoir eu cette conversation préalablement. Est-ce que vous avez un enfant ? » me demanda la mère de ma moitié.


Automne 1998

Nous attendions patiemment dans la salle d'attente. Du moins, ma femme si. Moi, c'était plus difficile. C'était long. Juste 5 minutes semblaient incroyablement longues quand tu n'avais rien à faire. Alors que dire d'une heure ? Pourtant, Hermione m'avait assuré que nous serions appelées prochainement. En toute sincérité, je n'irai pas dans un hôpital moldu pour les urgences médicales si nous devions attendre autant même lorsque nous avions un rendez-vous. Ma douce m'avait expliqué que c'était l'unique manière pour avoir une échographie et du fait que je voulais absolument avoir une de ses images moches ; me voilà. Je voyais du monde saigner ou se plaindre qu'ils avaient le bras cassé. Non, franchement, je ne voyais pas ce qu'il était si dur à les traiter. Une potion Poussos avec un peu de dictame. Bam ! Le tour était joué, mais apparemment chez les moldus, les choses n'étaient pas si simples… Et Hermione m'avait strictement obligée de ne rien faire. Aucun sort, aucune potion, aucun baume. Elle m'assura que les médecins et les infirmiers allaient prendre en charge du cas. J'avais peut-être accepté trop tôt… si je les avais aidés, j'aurais passé beaucoup plus tôt ! Cela dit, je tins parole.

« Hey ! Pourquoi, lui y passe avant toi ?! Il est arrivé après ! » m'exclamai-je lorsque je vis un homme appelé par l'infirmière seulement 10 minutes après son arrivé.

« Parce que son cas est plus urgent qu'une échographie, » répondit ma femme sans relever les yeux de son livre dont elle avait transfiguré la page de couverture.

Avoir su que c'était aussi long, j'aurais fait pareil. J'aurais apporté mon cartable de stratégie d'équipe pour le réviser un peu. Avec notre visite ici, j'appréciais plus le travail accompli à St-Mangouste et les medicomages des Harpies. Ils faisaient vraiment du super travail. Rapide et efficace. Non, vraiment !

Je me tortillai dans la chaise essayant de retrouver un certain confort. Merlin ! Ça faisait tellement longtemps que j'étais assise que le coussin du siège était devenu une crêpe. Incapable de supporter plus longtemps l'inconfort de mon siège, je sautai sur mes pieds. Ahhhhh… Le bonheur instantané. Je m'étirai les bras, les jambes et le dos. Ah Merlin ! Aussitôt, je me sentais mieux ! Cela dit, ce n'était pas suffisant. Par contre, une marche… Hum, ça serait le summum. Allez faire le tour du pâté de maisons ou quelque chose du genre. Oh oui ! Ça me fera le plus grand bien. Je me retournai vers ma femme qui m'observait. Elle avait coincé sa lèvre inférieure et ses joues s'étaient légèrement empourprées. Je lui souris en coin.

« Quelque chose qui te plaît ? demandai-je.

— Grandement, répondit-elle en plongeant son regard dans le mien. »

« Je — Je vais me chercher une collation, annonçai-je difficilement. » Mon génie continuait à me fixer et à me dévorer des yeux. « Je. Hum — Veux-tu quelque chose en particulier ? Muffin ? Biscuit ? Eau ? Thé ? Café ?

— Une pomme ou une banane ? Hum… N'importe quel fruit ferait l'affaire tant que ce n'est pas une orange ou un kiwi. Avec une barre tendre ! Yaourt et avoine, style ? Ah ! et des raisins secs ! Ça fait tellement longtemps que je n'en ai pas mangé ! Tu pourrais m'en trouver, s'il te plaît, Vix ?

— Donc des raisins secs, tu veux ?

— Avec la barre tendre au yaourt quelque chose et des fruits, » dit-elle, un grand sourire installé sur ses lèvres.

« D'accord, je te ramènerai tout ça.

— Vix !

— Hm ?

— Tu oublies quelque chose.

— Hum ? »

Ma conjointe me fit signe de m'approcher. Elle avait une étincelle dans les yeux que je ne pouvais identifier clairement. Quand je fus suffisamment proche, elle m'attrapa par les ganses de ceintures.

« Mione ? » demandai-je surprise. Mes joues me brûlaient par l'audace que montrait ma femme. Non que cela me déplaise, mais ce n'était pas subtil et conséquemment, c'était loin de ses habitudes. Pourquoi avais-je l'impression que ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle m'arrache le pantalon ? Finalement, elle plaça des billets d'argent moldu dans ma poche arrière.

« C'est pour… » Elle leva les yeux jusqu'à mon visage, où j'étais sûre que j'avais pris une nouvelle teinte de rouge. J'inspirai avant d'humidifier mes lèvres. « les commissions. » Merlin ! Son intonation.

Et c'était ainsi que je partis me promener, sur des jambes molles. Un sourire niais accroché aux lèvres et une chaleur au creux du ventre qui me protégeait du vent automnal.

À mon retour, je lui présentai le sac de commissions.

« Merci Vix, » me dit-elle en échangeant mon sac pour un de ses sourires.

« Fais plaisir.

— Est-ce que tu manges ma barre tendre ? » demanda Hermione désappointée.

— T'inquiètes. Il y en a 11 autres dans le sac, » répondis-je en croquant à pleine dent dans celle que j'avais ouverte en chemin. Je ne voulais surtout pas risquer d'en manquer ou de ne pas avoir la sorte que Madame voulait.

Ce fut seulement quand je finis la barre, yaourt, noix et myrtilles que je remarquai qu'elle ne pigeait pas dans le sac pour entamer une de ces nombreuses requêtes.

« Tu ne manges pas ? » demandais-je surprise.

— Non, j'ai trop le mal de cœur pour avaler quoique ça soit.

— Oh, ça va passer Mione. Je te mets quelques barres tendres et la pomme dans ta sacoche en attendant. Comme ça, tu les auras sous la main quand ça ira mieux, » proposai-je en lui passant une main dans le dos.

Elle se retourna vers moi, un sourire éclatant sur les lèvres.

« Tu as de bonnes idées, Vix, tu sais !?

— Je le sais ! » répondis-je avec un grand sourire et je terminai par un chuchotement. « Sinon tu ne m'aurais pas m'épouser. »

Merlin que j'adorais ses yeux ! Ils pouvaient briller et te couvrir de fierté et d'amour. Ils pouvaient te chanter des sérénades silencieuses. Et le regard qu'elle me lança après avoir exécuté mon idée était l'une de ces fois.

Je m'enfonçai dans ma chaise en poussant un long soupir. C'était vraiment long et c'était vraiment ennuyant. Leurs revues ne possédaient même pas d'images qui bougeaient et n'avaient aucun article qui pouvait m'intéresser un tant soit peu. J'aurai bien pris un livre qu'Hermione avait apporté, mais les lois sur les géants des années 1800-2000, partie 1, agissaient plus comme un somnifère qu'autre chose.

« Ginny…

— Quoi ? » demandai-je, irritée.

« C'est la cinquième fois que tu soupires durant ces trois dernières minutes, » dit-elle en levant ses yeux de son livre et en me prenant la main. « Soupirer et gémir ne feront pas avancer notre dossier. Je sais que c'est long, j'en suis parfaitement consciente. Je commence à avoir une sérieuse envie d'aller aux toilettes, mais présentement, nous pouvons juste attendre. »

Alors que j'étais sur le point de m'excuser, j'entendis le nom de ma femme se faire appeler. Aussitôt, je sautai sur mes pieds et avant que je puisse me censurer je m'exclamai fortement : « C'est pas trop tôt ! » Ce qui attira l'attention de l'infirmière qui venait de faire l'appel à l'interphone ainsi que le regard de plusieurs autres patients.

« C'est vous ? Madame Granger ? » demanda la femme en lançant des regards perplexes à mon ventre.

« Oui, mais pas la bo—

— Ginny, » m'interrompit ma douce qui sembla prendre son temps à me rejoindre. « C'est moi Hermione Granger et voici, Ginny. Elle m'accompagne. »

L'infirmière hocha la tête et nous conduisit dans une salle où il y avait un lit avec à ses côtés un gros appareil. Elle demanda à Hermione de se mettre à l'aise sur le lit en attendant le docteur. Puis elle partit. À ces mots, je n'étais pas contente de devoir encore attendre. C'était tout ce que je faisais depuis ces deux dernières heures. Tandis que je m'installai sur la chaise près du lit, Hermione me prit la main et me la serra. M'encourageant à être patiente. Ma douce était l'unique qui était capable à me faire endurer des choses que je ne supportais pas.

« Ça ne devrait plus être long, Vixy.

— C'est ce que tu me disais dans la salle d'attente, » dis-je en poussant un soupir.

« C'est toi qui voulais les échographies, » me rappela-t-elle joyeusement.

« J'en veux toujours, mais franchement, l'attente tut tout le plaisir. Je pensais que ça allait prendre juste quelques minutes. Toi-même, tu m'as dit que généralement ça prenait moins de 30 minutes. Nous sommes ici depuis des HEURES, » expliquai-je, en laissant échapper un énième soupire. « J'espère vraiment qu'on aura un meilleur photographe que tes parents. »

Hermione s'esclaffa.

« Ce n'est pas un photographe, c'est un médecin. Le rôle de l'échographie n'est pas de prendre de belles photos, mais —

— De s'assurer de l'état de santé du bébé. Oui, je sais. Tu m'as déjà tout expliqué cela. »

Elle me sourit et m'attira à elle en me tenant délicatement le menton avant de m'embrasser rapidement sur les lèvres. Oui. Bon. Ça sera ce qu'il adviendra. Ce petit geste calma mon impatience. Au moment où nous reprîmes notre position, le fameux médecin décida de faire son entrée. Je pris sûrement des teintes rouges. Juste un peu plus tôt, nous aurions été surprises. Je me concentrai sur la main qu'Hermione me tenait toujours étonnée qu'elle ne m'ait pas lâchée. Au contraire, elle avait même resserré sa prise, comme pour s'assurer que je n'allais pas me retirer.

« Bonjour Mme Granger, je suis le docteur Henry Baptist, je serai le gynécologue qui vous accompagnera durant votre grossesse. Et vous êtes ? » demanda-t-il lorsqu'il remarqua finalement ma présence.

« Je l'accompagne. Son soutien moral, » dis-je faiblement en me passant ma main valide dans la nuque.

Pour une raison qui m'échappait, il m'intimidait. C'était quoi un gynécologue ? Je pensais que nous devions voir un médecin. Merlin, s'il parlait ainsi pendant tout l'entretien, qu'est-ce que j'allais bien pouvoir parler ? Je ne pourrais même pas le comprendre… Merlin… Mes mains s'humidifiaient rapidement. J'essuyai celle libre contre mon pantalon, mais l'autre resta prisonnière entre les doigts de ma moitié. Elle n'était pas plus mal à cet endroit. Désolée Mione, pour l'humidité…

« Voici Ginny Granger, ma compagne de vie. Mon épouse, » présenta calmement Hermione.

À la manière qu'elle me présenta, je ne pus que me redresser de fierté, bien que je me retournai vers elle surprise. Normalement, elle évitait à tout prix la section vie amoureuse, car cela amenait les mauvaises grâces de l'interlocuteur en moins de temps que pour transplaner. Avant même que le docteur ait eu le temps de réagir, Mione enchaîna :

« Je sais que vous êtes sous le serment d'Hippocrate et comme il y est inscrit : "Admis dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés." C'est avec cette garantie que je vous informe de notre état matrimonial afin d'éviter toutes ses questions sur un mari ou père inexistant. À aucun moment, je ne compte vous présenter un homme. Si vous avez des questions sur les antécédents du père biologique ou de possibles maladies héréditaires, je vous invite à les poser à moi où à Ginny. Nous nous occuperons de trouver les réponses et de vous les faire parvenir, bien que je ne crois pas qu'il y aura de complication de ce côté. De plus, je m'attends à être traitée sans discernement comme stipule le serment : "Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions." Et je n'attends pas moins de votre part. Je sais que je viens de citer la version de 1996. Bien qu'elle continue d'être d'actualité, je sais qu'il existe des versions plus modernes. J'ai vérifié celles-ci aussi. Bien que formulée différemment, l'idée derrière est la même. Maintenant que cela est mis au clair, » dit ma douce en prenant une profonde inspiration.

Je la regardai réciter ce serment d'Hippota— non. — d'Hippoca— non. — d'Hippocrame — non. — bref, d'Hippo, les yeux béants. Je n'ai pas compris ce qu'elle venait de raconter, mais si je me fiais au visage du docteur, il avait compris le message.

« Oui, je suis bien Hermione Granger et je suis heureuse de faire votre connaissance, » dit-elle souriante en tendant la main.

Le Dr Baptist, comme inscrit sur la languette accrochée après son sarrau blanc, sourit gentiment et serra la main de ma femme avant de faire pareil pour moi.

« Une chose est claire, je sais toute de suite à quoi m'attendre avec vous.

— Oh oui ! Elle adore lorsque les choses sont claires et précise dès le départ, » dis-je plus joyeusement que je l'aurais cru.

— Est-ce que ça lui arrive souvent de citer des textes ainsi avec une telle précision ? » demanda-t-il.

— Régulièrement. Mon frère et moi connaissons le contenu de son livre préféré par cœur à force qu'elle nous le récite. Même mon frère réussissait en grande partie ses examens grâce à Mione qui récitait les passages importants des lectures obligatoires. »

Hermione prit une teinte rougeâtre. Je sentis ses doigts me serrer la main, message discret de me taire parce que je l'embarrassais. Elle agissait sûrement ainsi, car j'avais laissé échapper son surnom. Je lui souris timidement.

« Vraiment ? Alors il y a tout lieu de croire que vous accoucherez du prochain Einstein.

— Merci, mais je suis loin d'égaler le génie d'Albert.

— Par pure curiosité, avez-vous déjà fait un test de QI ? » demanda-t-il installant son équipement autour de lui.

« Non, jamais.

— Alors, nous ne savons pas, » conclut le docteur.

Qui était cet Albert Einstein ? Son nom me disait de quoi. J'ai vu Hermione lire un livre dessus… Elle m'en avait parlé aussi, il me semblait. Il devait être un de ces scientifiques moldus de renom. Ou quelque chose du genre. Pourtant, quand je pensais à lui, je n'avais que l'image d'un réfrigérateur qui me venait en tête.

« Cela reste à prouver, » dis-je en souriant. « Je suis sûre que tu pourrais l'égaler. »

Ma douce me lança un regard me disant de ne pas emprunter cette voie. Du moins, pas en public. Même si elle vient à l'instant de parler d'un serment de confidentialité avec le docteur assurant que tout ce qui allait être dit, ici et maintenant, allait rester entre ses murs. Le docteur sembla s'amuser du regard que ma femme me lançait.

« Si votre femme le dit alors cela renforce mes convictions, » dit-il lorsqu'il alluma la machine et en sortant un tube de gel.

« Oui, mais elle dira que c'est merveilleux, peu importe ce que je fais. Désolé Vix de te l'apprendre ainsi, mais, je crois, sincèrement que ton opinion est biaisée.

— Alors ? Vous devriez accepter ses compliments. Pour ma part, je préfère en recevoir plutôt que des insultes. C'est toujours plus agréable.

— Comme si Ginny en serait capable. Et toi, je ne veux même pas que tu essayes, » me regarda-t-elle puis ma main droite où de fines lignes rouges en marquaient le dos.

Elle appliqua une nouvelle pression à ma main, tout en caressant le dos de celle-ci avec son pouce. Elle pensait à mon Serment Inviolable. Je lui serrai la main de nouveau et je lui souris gentiment. Je ne voyais pas comment je pourrais vouloir un jour finir par vouloir l'insulter. Bon, c'était vrai. Parfois, elle était têtue et avait de la difficulté à admettre ses fautes. Le tout doublé par sa manie à vouloir que tout soit parfait et ça pouvait vraiment m'irriter, mais je n'irais pas jusqu'à vouloir l'insulter et la traiter de je-ne-savais-pas-quoi.

« Comme si tu allais réussir à te débarrasser de moi de sitôt. Même avec toute ta volonté, » dis-je en lui envoyant un sourire narquois.

Après le médecin nous posa des questions sur le père. Hermione informa qu'il y avait un risque de consanguinité qui remontait à au moins plus de quatre générations, mais aucune maladie n'avait été diagnostiquée dans ce sens. Il demanda comment Hermione se sentait en général, le matin et le soir. Si elle avait des coups de fatigue inhabituelle, des fringales, des vomissements, etc. Depuis quand remontaient ses dernières menstruations et comment elle s'était prise pour tomber enceinte ; si elle s'était prise par voie naturelle avec un partenaire ou avec la nouvelle technologie, si elle était à sa première grossesse, si elle avait fait des fausses couches. Le travail que pratiquait Hermione pour savoir si c'était demandant sur le corps ou si elle était sujette à de grands stress qui pourraient compliquer la croissance normale de l'enfant.

« Bon, il me semble que tout est parfait. Alors, s'il vous plaît, si vous pouvez vous allongez afin qu'on procède à l'échographie. Montez votre chandail et descendez votre pantalon s'il vous plaît.

— Whoa! » m'écriai-je en sautant de ma chaise et en mettant mes mains sur le ventre de ma femme l'arrêtant dans son geste de déboutonner le bas de sa chemise.

Je n'avais peut-être pas compris toute la conversation des dernières minutes, mais ça ! Ça, je l'avais clairement compris et j'étais loin d'enjouée l'idée qu'Hermione se déshabillait parce qu'un type dans un sarrau le lui demandait. Je voulais juste une photo ! Je ne demandais même pas qu'elle soit bonne ou avec couleur ! Ce docteur Baptist avait intérêt à m'expliquer rapidement en quoi un strip-tease de ma femme me permettait d'avoir cette photo.

« C'est bon Vix, » souffla ma douce. « C'est la procédure normale.

— Ce n'est pas bon ! Je veux qu'on m'explique.

— Tu n'as pas lu les livres ou même le dépliant que je t'avais donné, n'est-ce pas ? » souffla-t-elle calmement.

— Heu… Non. Non, je ne les ai pas lus, » avouai-je, le rouge aux joues. « Mais je veux quand même qu'on m'explique.

Ça. Ça aurait pu être une chose que tu aurais pu lire pendant qu'on attendait, » dit Hermione en roulant les yeux, mais un sourire aux lèvres.

Je sentis mes oreilles me brûler. Je me passai distraitement une main dans la nuque. Tout de même. Tant que je ne connaissais pas les raisons, je refusai qu'Hermione se déshabille. J'étais prête à abandonner mon idée de photo sur le champ si je considérais les explications insuffisantes.

« Alors Madame Granger, je vais vous expliquer les différentes étapes, » commença machinalement le docteur. « Vous pouvez m'arrêter quand vous voulez afin de me poser vos questions. »

Sur ce, il me présenta la sonde et m'indiqua que c'était indolore. Il me donna approximativement la même explication d'Hermione lorsque j'avais passé mon été chez elle. Il ajouta que la sonde fonctionnait seulement si elle était en contact direct avec la peau. Il n'avait besoin d'avoir accès qu'à la région étudiée, c'est-à-dire le bas du ventre et l'abdomen. Ses explications me calmèrent et je laissai Hermione se déboutonner jusqu'en sous des seins. Elle tira ensuite la ganse de son pantalon vers le bas afin de dégager le bas de son abdomen. J'aurais préféré qu'elle ne descende pas autant, mais je comprenais la raison, donc je ne dis rien et ne fis rien. Bien que je regardai intensément les mains du monsieur.

Ensuite, le docteur mit une bonne quantité de gel bleuâtre sur le ventre de ma douce. Je la sentis se tendre, aussitôt, je lui demandai si ça allait bien. Elle m'assura que c'était le liquide qui était juste froid et qu'elle fut surprise. Je hochai la tête en essayant de me calmer. Je me sentais prête à bondir de ma chaise. Lorsque le docteur mit la sonde sur le ventre que je vis apparaître à l'écran d'étranges points blancs qui formaient plus ou moins quelque chose de consistant. J'ignorais comment le docteur pouvait y comprendre quoi que ça soit. Puis Hermione se mit à rire.

« J'ai oublié de mentionner que cela pouvait chatouiller, » dit le docteur en me regardant pour voir si je n'allais pas une fois de plus sauter de ma chaise.

Hermione riait. Alors tout était bon. Ça ne sera pas moi la première qui lui dira de se taire.

« S'il vous plaît, pouvez-vous contrôler votre rire un instant ? Vous embrouillez l'image.

— Oui, désolé, » fit Hermione en essayant de reprendre une respiration régulière.

Le Dr Baptist bougea la sonde pendant encore quelques instants avant de s'arrêter sur une forme qu'on pourrait décrire comme étant humanoïde. Il l'examina attentivement avant de se retourner de nouveau vers nous.

« Alors je vous présente votre enfant et le plaisir de vous annoncer qu'il me semble être en parfaite santé. »

Du fait que nous avions de la difficulté à bien comprendre comment il était positionné, le gynécologue nous pointa à l'écran où se trouvait sa tête, ses bras et ses jambes. Puis, je le vis. Aussitôt, je sentis des larmes me monter aux yeux. Ce petit être était une partie de moi avec une partie de ma tendre moitié. Il n'était même pas encore né, il ne nous avait jamais vus ou parler, pourtant je l'aimais déjà. Énormément. Ça me semblait complètement fou. J'étais en train de voir mon enfant. Je trouvais cela simplement fantastique. Je sentis une pression à ma main, je regardai Hermione. Elle pleurait, mais son grand sourire m'indiqua que c'était des larmes de joie.

« Il est beau, n'est-ce pas ? » souffla-t-elle doucement.

Je retournai mon regard à l'écran pour l'observer de nouveau. Il n'était pas beau. Il était simplement magnifique. À cette pensée, je sentis mes larmes se mettre à couler le long de mes joues. Aussitôt, une boule apparut dans ma gorge, m'empêchant d'énoncer mon opinion à voix haute. Je dus me contenter de hocher la tête vigoureusement. Je sentis une nouvelle pression au niveau de ma main que je retournai allègrement.

« Est-ce que vous connaissez le sexe ? » demandai-je en regardant l'écran intensément, lorsque je retrouvai enfin ma voix bien qu'elle me semblait faiblarde.

« Non. Le bébé n'est pas encore suffisamment développé pour le savoir. Mais à notre prochaine rencontre, ça sera chose possible, » annonça-t-il.

« Prochaine rencontre ? » demandai-je surprise, la voix cassée par mes larmes.

« Oui, si la grossesse se déroule sans complication, nous devrions nous voir deux autres fois avant l'accouchement. Qui devrait être… hum… dans les environs du 16 mars.

— Concernant l'accouchement, je ne comptais pas accoucher ici, » l'informa Hermione. « Ginny et moi avons pris déjà d'autres arrangements.

— Je vois. Si vous avez déjà planifié pour ce moment, je sais que cet enfant est très attendu et il sera très aimé. »

Je hochai la tête vigoureusement et Hermione confirma le tout en souriant. Mon épouse semblait rayonner de joie à mes côtés. Et j'aimais le sentiment que cela créait en moi de la savoir aussi heureuse. Je la connaissais suffisamment triste ou inquiète, elle méritait ce bonheur.

« Souhaitez-vous avoir des photos ?

— Par la barbe de Merlin, oui ! » m'écriai-je en me levant précipitamment de ma chaise.

Hermione rit à gorge déployée. Elle savait à quel point j'étais enthousiaste à cette idée. En réalité, notre présence, ici, dans un hôpital moldu, était pour recevoir ces photos et c'en était bien l'unique raison. Elle savait aussi que je refuserais de quitter la salle tant que je n'avais pas mes photos moches en main et rien qu'elle fera ou dira ne me fera changer d'avis.

Le docteur rit de mon enthousiasme débordant. Il toucha des boutons et cela apparemment actionna une machine qui se trouvait dans une autre salle. Donc il se leva pour aller les chercher. Avant, il laissa des linguettes pour permettre à Hermione d'essuyer le gel sur son ventre afin qu'elle puisse se reboutonner. Lorsque je me retournais mon attention à ma douce, celle-ci avait une fois de plus les larmes aux yeux.

« Je t'aime Ginny, » dit-elle doucement.

Ses yeux brillaient, mais ça aurait très bien un jeu de lumière avec ses larmes qui me donnaient cette impression. Mais cela m'importait peu. Je lui murmurai sur le même ton : « Moi aussi. Je t'aime Mione. Je t'aime tellement. » avant de l'embrasser. Ses lèvres étaient salées, mais elles étaient toujours aussi soyeuses et agréables au toucher. Elles créaient toujours les petits frissons dans ma colonne vertébrale.

« Je vais tellement montrer les photos à Ron, » dis-je lorsqu'on recula pour reprendre notre souffle.

— Quoi ? Comme tu as fait avec le test de grossesse ? Tu sais qu'il n'avait pas apprécié lorsqu'il s'était rendu compte de ce qu'il avait entre les mains.

— Et comment ! Et puis, cette fois-ci, tu n'auras pas pissé dessus. Ça ne sera que des photos.

— Je sais Vixy, » dit-elle moqueusement avant de rire en me tirant la langue.

Je roulai les yeux. J'essayai de cacher mon sourire qui grimpait sur mes lèvres, mais ce fut peine perdue.

Quelques instants plus tard, le médecin revint dans la salle d'examen avec une pochette brune. Elle devait sans nul doute contenir les photos de l'échographie.

« Les voici, mesdames, dit-il en me les remettant. »

Ensuite, il se retourna vers Hermione afin de lui donner quelques explications et conseils supplémentaires sur les changements qui devraient s'opérer en elle, lui indiquant dans combien de temps il faudrait fixer la prochaine rencontre. De toute façon, il avait apparemment écrit tout cela sur les papiers qu'il remit à ma moitié. Pendant ce temps, j'ouvris fébrilement l'enveloppe pour regarder les clichés. Il en avait deux. Elles étaient noires et il y avait toujours ce grand cercle blanc. Je pouvais voir le profil de mon enfant. Je pouvais même distinguer les points blancs qui formaient ses mains et ses pieds. Mon enfant me semblait si petit. Si fragile. Bien l'opposé à tout l'amour que je lui portais déjà.

Les photos étaient simplement

« Magnifiques ».


BAM! Ça a juste pris... un temps ridicule pour le finaliser, mais c'est fait! J'ai trouvé un site qui lit les textes à voix haute, ça m'a permit de trouver des fautes de syntaxes. Mon cerveau est autant à la fois merveilleux de corriger inconsciemment mes phrases que ça peut être une plaie lors de la correction.

Avec le confinement et ma session finie, j'ai enfin pu me concentrer sur ce texte... J'espère que tout va bien de votre côté avec le covid!

Bref, vu que quand je dis c'est que ça va sortir prochainement, ça me prend une couple d'année, je ne préfère rien dire. Peut-être que ça va sortir plus rapidement XP ?

En tout cas, cette histoire me semble tellement vieille... Quand je la relis, je vois comment elle fut un exécutoire pour mes peurs et mes insécurités... Et bien qu'elle me rejoins moins qu'à l'époque, je peux voir aussi tout le chemin que j'ai pu parcourir tant qu'au niveau individuelle que dans mon rapport avec le monde. Je trouve ça un fou!

En tout cas! Prenez soin de vous =)