Hivers 1998
« Qu'est-ce qu'ils font? C'est long à la fin, me plaignis-je. » Cela faisait presque six heures que je faisais les cent pas devant la porte à l'attente d'une réponse.
« Calme-toi Gin. S'ils sont là, c'est parce qu'ils ont encore une raison pour se battre, dit Ron calmement. »
Je me retournai brusquement vers ce dernier. Explique-toi vite, car mes nerfs étaient à fleur de peau. Je n'avais pas l'énergie, ni la patience pour jouer aux charades. Il sembla comprendre, donc il enchaîna rapidement :
« Si ça prend autant de temps, c'est qu'elles doivent être encore vivantes. Ils doivent sûrement être en train de la stabiliser ou je ne sais pas trop. Je suis Auror, Gin. Je fais plus de visite ici que je voudrais l'avouer. Je sais de quoi je parle. »
Mon frère était assis sur un banc contre le mur et il n'avait pas bougé depuis que nous avions emmené Hermione à St-Mangouste. Je secouai la tête. Comment pouvait-il être aussi calme? Je me passai distraitement une main dans la nuque. Je n'aimais pas la situation. J'étais... Impuissante. Je n'aimais vraiment pas la situation.
« Les médicos y resteront tant qu'il y a de l'espoir, Gin. Actuellement, il n'y a rien d'autre à faire que d'attendre, dit-il lentement. » Je soupirai. Oui, effectivement. Il y avait encore de l'espoir et je devais m'y accrocher.
Mais pourquoi? Pourquoi Hermione? Je ne comprenais pas… Pourquoi?! C'était impossible que ça soit elle qui l'ait fait. C'était juste impossible. ÇA devait être quelqu'un autre. Ça ne pouvait être que cela… Pourtant, tous nos sorts de protections étaient intacts. La porte n'avait pas été forcée et l'intérieur était… relativement propre. Du moins, c'était loin d'un champ de bataille après un duel contre Hermione… Merlin que je n'aimais pas le manque d'adversaire, car il ne restait conséquemment que mon épouse. L'idée que ça soit ma douce qui ait décidé par sa propre volonté de se donner la mort m'effrayait au plus au haut point.
Merlin… Je l'avais abandonnée… Je n'aurai jamais dû. Elle était enceinte par la barbe de Merlin! À moins d'un mois de l'accouchement. Je n'aurais jamais dû la quitter. Elle était en état affaiblie avec ses constants pics d'hormones. Merlin. Et si c'était de ma faute? Si c'était à cause de moi qu'elle — non, c'était impossible! Ce n'était, juste, pas possible…
Je ne me sentis pas bien. Ma tête tournait. Je- je vais tomber..! Aussitôt que l'effet de balancement se fit sentir, mon frère m'attrapa fermement le bras. Il m'encouragea à m'asseoir à ses côtés. J'étais trop faible pour riposter. Puis, mon frère commença à me flatter le dos et à me raconter qu'Hermione allait s'en sortir. Merlin. Ma moitié faisait pareil lors de mes crises. Elle me calmait en me flattant le dos et en m'assurant que nous allions trouver une solution. Cependant, ma douce utilisait ses ongles lorsqu'elle me passait une main dans le dos. Et elle continuera de le faire! Car elle va survivre! Elle va s'en sortir! Ça ne pouvait pas en être autrement. Ça ne pouvait pas finir autrement...
Car si c'était autrement, je n'étais pas sûre que je sache vivre plus longtemps avec moi-même. Merlin! Pourquoi? Je ne comprenais pas… Je ne comprenais pas… Pourquoi? Pourquoi avais-tu fait cela? Ça ne te ressemblait pas. C'était trop irréfléchi, ce n'était pas sensé… Ça ne te ressemblait pas! Où était le symbolisme dans ton action? Où était la putain de logique? Je ne la voyais pas. Je ne comprenais pas… Merlin! Qu'on m'explique la logique de déranger de merde sur laquelle tu t'es basé Hermione, car elle me dépasse! Oui, c'était vrai que je ne m'étais jamais posé autant de questions que toi et je ne cherchais pas les réponses avec la même ferveur. Oui, je l'admettais; il me manquait de nombreuses références et de connaissances pour comprendre tes explications. Oui, c'était vrai que souvent, je me contentai d'être sur le banc de touche préférant admirer les prodiges que ton cerveau accomplissait. Mais tout ça! Tout ça m'importait peu, car je t'aurais suivi partout, contre vents et marées, et j'aurais continué à t'encourager indéfectiblement. Je m'en foutais que je ne comprenne qu'à moitié parce que ce qui m'importait réellement était que tu m'aimais et que tu voulais de moi. Que tu étais heureuse! C'était ton bonheur qui m'importait en fin de compte.
Comme si j'allais vraiment t'abandonner, Mione?! Comme si je n'allais jamais revenir. Comme si j'allais arrêter de t'aimer. Ne sais-tu pas déjà que tu es tout pour moi? Était et sera. Ne sais-tu pas déjà que tu es ma douce moitié? La seule et l'unique. Ne sais-tu pas déjà que je serais toujours tienne? C'était à toi que j'avais donné ma main et tout ce qui me composait. Ne sais-tu pas déjà que je t'aimerai toujours? Jusqu'à mon dernier souffle. Ne sais-tu pas déjà que je serais là dans les pires moments ainsi que les meilleures? Là, présente, inconditionnellement, et ce, jusqu'à mon dernier battement de cœur. Celui-ci ne s'est toujours pas arrêté, Hermione. Merlin, j'en ai fait la promesse durant un Serment Inviolable. Comment as-tu pu en douter un seul instant? J'ai juré que j'allais te protéger. Apparemment, j'ai failli, car je n'ai pas réussi à te protéger de toi-même.
… Merlin, j'étais seulement partie pour quatre semaines. Quatre minuscules semaines… Pourtant, j'étais bel et bien partie de la maison. Je l'avais quitté. Merlin! Si Hermione était de l'autre côté de ces portes, c'était de ma faute. C'était de ma faute… DE MA FAUTE! Je l'avais abandonnée alors qu'elle était enceinte. Alors qu'elle avait besoin de moi. Alors qu'elle avait besoin plus que jamais de mon soutien. Merlin, je fus comme nos parents! J'avais disparu alors que je lui avais assuré que je l'aimais et que je la soutiendrai infailliblement. Quelle putain de conne que je pouvais faire! Elle avait encore une fois raison! Le Quidditch nous rendait débiles! J'avais perdu de vue mes priorités, mais ça sera la dernière fois. Promis. Juré. C'est toi, ma douce tendre moitié, et Rosie qui êtes importantes. Pas le Quidditch. Là, je l'ai compris. Je l'ai compris, Hermione. J'ai finalement compris ce que tu me racontais. Je suis revenue. Je suis là, maintenant. Alors, tu as intérêt à t'en sortir vivante. Sinon… Je ne sais pas ce que —
« Je connais le docteur Rockfeller. Il fait des merveilles. C'est le meilleur, m'assura Ron. »
Ses paroles, bien qu'elles se veuillent rassurantes, ne me calmèrent pas. La seule chose qu'elles firent, ce fut qu'elles arrêtèrent ma spirale d'idée et juste pour cela, j'en étais reconnaissante. Je me levai une fois de plus. Incapable de rester immobile plus longtemps. Bien que je me contentai de tourner en rond devant les portes closes, la marche me permettait de garder mon esprit vide. De ne pas céder sous la panique.
Finalement, les portes s'ouvrirent, et le fameux docteur Rockfeller m'apparut. Seul. Évidemment, je n'étais pas aussi niaise pour croire qu'Hermione se lèverait aussitôt, du moins, pas après avoir perdu autant de sang. Merlin, il y avait tellement de sang. J'avais le mal au cœur à y repenser. Plein. Partout. Merlin, quand Hermione faisait quelque chose, elle le faisait bien. Qu'est-ce que je racontais? Ma douce faisait toujours tout de manière optimale! Par contre, j'aurais aimé que sa tentative de suicide soit plus sabotée…
Rosie devait être là aussi avec les autres médicomages. Est-ce qu'elle était déjà au monde avec un mois en avance? Ou est-ce que ma petite cocotte était toujours dans le ventre? Je dirais qu'avec six heures, elle devait être indépendante d'Hermione maintenant. Merlin, je suis maman! Je suis maman! Merlin! Je ne m'attendais pas à la recevoir sous de telle circonstance, mais peu m'importais. Je m'en fous! Ce n'était pas cela qui était important. Cela ne va pas m'empêcher de l'aimer. Je vais l'aimer inconditionnellement. Contrairement à ses grands-parents. Je l'aimerai et l'encouragerai peu importe ce qu'elle faisait, peu importe qui elle était, peu importe ses désirs. Je serais là à chaque étape de sa vie. Je suis prête. Merlin! Je suis maman! Et Hermione aussi! Nous sommes finalement officiellement mamans!
J'essayai de regarder par-dessus l'épaule du docteur, mais les portes se refermèrent si vite que je ne pus rien apercevoir. J'entendis mon frangin se lever et se mettre derrière moi. Ce qui me força à concentrer toute mon attention au médecin en face de moi. Oui, parle. Fais vite! Je suis maman maintenant et je voudrais rejoindre rapidement ma femme et ma fille. Maman lion ou mère poule, peu importe qui je serai; je voulais être là. Ma fille était en train de vivre ses premiers instants. Je voulais être présente. Alors, fais vite.
« Mme Granger, commença précautionneusement Rockfeller. » Accélère. Tu m'as fait déjà attendre six heures ici. Je voudrais aller rejoindre Mione et m'assurer avec mes propres yeux qu'elle allait bien. Voir de mes propres yeux vos fameuses merveilles. Le docteur avait beau être excellent, cela ne l'empêchait pas d'avoir une tête sérieuse le rendant antipathique.
« Je suis désolée de vous l'annoncer, mais votre femme, Mme Hermione Granger ainsi que votre fille n'ont pas survécu. Nous avons fait notre possible et… »
Le reste se perdit dans le néant qu'était devenu mon crâne. Quoi… ? Que… — Quoi?! Hermione est… Hermione est MORTE? Ma petite Rosie aussi? Quoi? NON! NON! C'était impossible! NON! NOOOON! Je refuse! Ce n'était pas vrai! . . C'était pas vrai! Il mentait. Ce n'était pas possible! Car je suis maman, maintenant! Je ne pouvais pas être maman d'un bébé mort! Ce n'était pas possible! Il était un putain de menteur. Hermione ne pouvait pas mourir! Pas ainsi! Pas comme ÇA! Ce n'était pas Hermione qu'il avait opérée. Il devait faire erreur sur la personne. Pourtant — Pourtant!, il avait prononcé le bon nom et — et ... Donc… Donc… Non! NON! ÇA NE SE POUVAIT PAS! IL MENTAIT. ROCKFELLER EST UN JUSTE UN PUTAIN DE MENTEUR!
Une main sur mon épaule me fit sursauter. Je n'avais pas besoin de regarder pour savoir qu'elle appartenait à mon frère. Puis je pris conscience que je pleurais. J'essuyai mes larmes, mais elles étaient encore plus nombreuses et plus grosses. J'ignorais combien de temps j'avais passé ainsi, mais le docteur avait fini de parler. Son air sérieux était au final juste un air désolé. Je n'en voulais pas de ton air désolé. Je veux Hermione. Je veux Hermione. Elle me manque. Je veux qu'elle me prenne dans les bras. Je veux pouvoir sentir sa respiration dans ma nuque et ses doigts autour de mes oreilles. Je veux entremêler mes doigts dans ses cheveux si difficiles à dompter. Je veux sentir son léger parfum aux fruits des champs. Je veux parcourir sa douce peau du bout des doigts et sentir les frissons la parcourir. Je veux entendre son rire quand je m'attarde à une de ses zones sensibles.
« Gin... » J'entendis mon frère, mais il me semblait loin. Vraiment loin, comme s'il provenait d'une autre salle... Dans tous les cas, les battements de mon cœur tambourinaient dans mes tympans. Je l'entendis m'appeler plusieurs fois, mais j'avais l'impression qu'il parlait à quelqu'un autre.
Je n'étais pas Ginny Granger. La femme dans l'autre salle n'était pas Hermione Granger. Femme de cette Ginny. L'enfant n'était pas Rose Luna Granger. Enfant de cette Hermione et de cette Ginny… Pourtant, il y avait cette douleur sidérale qu'il me le rappelait. Oui, j'étais cette Ginny. Oui, les deux autres personnes de l'autre côté étaient elles. Et ça faisait si mal. Vraiment mal. Un coup de cognard à la tête; ce n'était rien. Se faire jeter en bas d'un palier à moitié nu par ses beaux-parents; ce n'était rien. Se faire déshériter par sa mère; ce n'était rien. Une gifle et des insultes de ma moitié; ce n'était rien. Seulement un doloris exécuté par la main d'un expert avait une chance de rivaliser. La réalisation me — NON! MERLIN! NON! Ce n'était pas possible. Hermione ne peut pas… NON! JE NE L'ACCEPTE PAS!
La prise sur mon épaule se resserrera. Ça activa une sorte de déclic. Je fus ramenée dans le monde physique, mais mon corps ne m'appartenait pas pour autant. Je n'étais pas Ginny Granger. Je n'était pas — Je me sentis hurler, mélange entre un cri de rage et des pleurs désespérés, mais je ne pourrais pas le confirmer. Je me vis prendre la poubelle à côté du banc et la balancer contre le mur d'en face. Je me vis lui donner des coups de pieds, mais j'étais insatisfaite. Je voulais encore détruire. J'ai tellement mal. C'était la seule chose dont j'étais vraiment consciente. Toute cette douleur, tout ce vide qui m'envahissait soudainement. L'idée que Mione était morte. J'avais entendu le docteur, mais je n'arrivais pas à comprendre ce que ses mots signifiaient. J'avais parfaitement entendu la nouvelle, mais je ne l'avais pas comprise. Pourtant, cela ne m'empêchait pas d'aavoir mal. De sentir une douleur fulgurante à la poitrine et une énergie destructrice me parcourir les veines. Quand la corbeille fut difforme, j'arrêtai de la brutaliser juste pour concentrer mon attention au mur. Il avait beau être en brique, ça ne le sauverait pas de mes poings. Je m'en foutais. J'avais mal. Vraiment mal. Je me sentais hurler, mais je ne m'entendais pas. Tous les bruits étaient en acouphène. La souffrance que mon corps exsudait n'était qu'un simple bruissement. Insuffisant pour enterrer l'Autre. Alors je me suis mise à frapper plus fort. Ma vision se peignit en rouge. Je n'avais toujours pas fini de crier, mais je ne pouvais pas en être sûre. Le monde me regardait interloquer, mais je ne pouvais pas en être sûre non plus. Qu'est-ce que je pouvais m'en foutre! N'avaient-ils pas suffisamment jugé ainsi? N'ont-ils pas suffisamment causé de tort ainsi? Je ne voulais qu'une vie tranquille avec la personne que j'aime. PUTAIN! QU'ON ME FOUTE LA PAIX! PUTAIN! ILS PEUVENT ALLER TOUS SE FAIRE ENCULER! QU'ILS AILLENT DANS CET ENFER DONT ILS ME PARLENT TANT.
Je sentis des bras puissants m'entourer et me forcer à arrêter. QU'ON ME LAISSE TRANQUILLE. JE NE VOUS AI JAMAIS RIEN FAIT. Je sentis une main dans mes cheveux et une autre me serrer fortement au point de m'empêcher de me débattre. Puis quand je fus suffisamment calme, je sentis une main caresser mon dos. Hermione! Hermione. Hermione... Oh Hermione... Hermione. Je crois que je réussis à marmonner son nom entre la boule qui m'étouffait et mon torrent de larmes. J'étais essoufflée d'avoir autant frappé et criée, mais maintenant qu'Hermione me tenait. Ce n'était plus grave. Je savais que tu ne pouvais pas être morte. J'agrippai ses vêtements fermement. Tu ne me quitteras pas de sitôt. Non. Pas après la frayeur que tu viens de me donner. Je ne te quitterais plus. Promis. Je ne te quitterais plus. Promis juré. Si cela te rend heureuse, je vais donner ma démission ce soir. Je vais devenir femme au foyer si tu me le demandes Hermione. Tout pour que tu ne me quittes plus.
« Je suis tellement désolé. »
Ce n'était pas Hermione. La voix était trop grave pour que ça soit elle. Je me reculai précipitamment, poussant violemment la personne dans mes bras. Ce n'était pas Hermione. Ce n'était finalement pas Hermione — pas ma Hermione — que mon frère.
Hermione. Où était Hermione? Normalement, elle n'était jamais loin. Où était Hermione?! Puis je me rappelai des mots du docteur Rockfeller. Non! NON! NONNONON. Je regardai la porte maintenant ouverte. Les médicomages étaient sortis pour me regarder. Je sentis mes larmes doublées de volumes, comme si c'était encore possible. Merlin, donc c'était vrai? Hermione était vraiment morte? Rose aussi? Ma petite Rosie aussi? Non. Non. nononononon. Je n'étais plus la Ginevra de ma Mione? Je n'étais plus la Vixy de ma douce? Je ne serais pas la mère poule ni la maman ourse de ma Rosie? Une seconde vague de douleur me submergea. Je tremblais; mes nerfs étaient à vif. Tout faisait tellement mal. Je voulais crier, encore, mais je n'avais plus de souffle. Je voulais encore frapper, mais mes mains étaient ankylosées. Je n'avais plus la force de tout détruire. Merlin… Hermione était morte… Qu'est-ce que je faisais ici? Je devais être à ses côtés. Je devais être à ses côtés. Je bousculai tout le monde qui se trouva entre moi et la salle dans laquelle reposait ma femme. Je devais être à ses côtés. La tête me tournait, mais je devais être à ses côtés.
Ma femme était allongée sur un lit et Rose dans un petit berceau à ses côtés. Si ce n'était pas de tout le sang qui tachait le sol et les draps, je pourrais croire qu'elles dormaient. Je me sentais tout à coup nauséeuse, mais je ravalais ma bile. Des voix derrière moi s'élevèrent, mais personne ne m'arrêta. Personne ne me toucha. Mes jambes chancelaient sous moi alors que je rejoignais ma douce.
Une fois à ses côtés, je lui pris la main. Elle était froide. Ma moitié ne me resserra pas sa prise autour de ma main. Elle avait les paupières fermées. Elle me semblait paisible. Merlin, elle avait besoin de se reposer. Elle avait des cernes violets sous les yeux. Elle devait ne pas s'être ménagée en mon absence. Je lui embrassai le front doucement. Il était froid. Elle ne fronça pas les sourcils comme quand elle dormait. Je lui embrassai le coin de l'œil. C'était salé comme quand elle pleurait. Je lui embrassai la commissure de la bouche. Celle-ci ne se tordit pas pour cacher son sourire ou pour me le montrer. Je lui embrassai la bouche. Ses lèvres étaient salées et froides, pourtant elle ne réagit pas. Elle ne tendit ni les lèvres, ni la tête pour prolonger le baiser. Elle ne bougea pas les lèvres pour me retourner la caresse. Je me reculai et j'observai ma femme une nouvelle fois. Merlin. Finalement, elle ne dormait pas. Elle est morte. Ma femme est morte. Ma Hermione est morte. Merlin. … Je — Je ne savais pas quoi faire. Je lui serrai la main; code silencieux pour qu'elle me conseille une nouvelle fois, mais elle ne réagit pas. Je vis des gouttelettes translucides sur ses joues. Je les lui essuyai avec mon pouce doucement, mais elles étaient échangées pour des gouttes rouges. Merlin! J'étalai mon propre sang dans la figure aux traits fins de mon épouse. Ce pourpre me fit prendre conscience une nouvelle fois de tout le sang qui gorgeait le lit dans laquelle ma moitié était étendue. Merlin…
Je levai les yeux pour regarder le berceau où dormait notre Rosie. Elle avait déjà quelques touffes frisées rousses sur le crâne. Elle me semblait si minuscule et sans défense, malgré ses petits poings serrés. Merlin. Elle avait si froid qu'elle en avait les lèvres bleues! Pourtant, un détail me désarma. Son torse ne montait pas et ne descendait pas avec sa respiration. Merlin. Elle est morte aussi. Merlin… Non. . NON. NON!NON!
Je regardai de nouveau ma femme, lui exigeant de donner une explication autre que la mort, mais elle ne m'en donna aucune. J'amenai le dos de sa main caresser ma joue en formulant une prière à voix haute pour qu'elle me donne des clarifications. Elle connaissait tellement de choses, elle devait savoir pourquoi notre fille avait les lèvres bleues et ne semblait pas respirer. Mais elle resta muette et immuable. Même son bras semblait devenir rigide. Ma poitrine se figea à son tour, me coupant les voies respiratoires. J'étouffai.
« Gin, fit doucement Ronald derrière moi. Elles sont mortes. »
Il confirma mes doutes. Merlin… Hermione est morte. Ma femme est morte. Elle est morte! Hermione est morte. Morte... Rose aussi. Rose aussi est morte. Ma fille est morte. Et je ne pourrais jamais en avoir d'autres, car Hermione est morte aussi. Ma femme est morte. Merlin. Ma Hermione est morte. Ma douce Hermione est morte. Qu'est-ce que j'ai fait? C'est moi qui l'ai tuée. C'est moi qui les ai tuées. Si seulement, je n'étais jamais partie…
Ma tête tourna violemment dans la direction de la nouvelle mère. Une boule se forma dans ma gorge rendant la respiration difficile. Je voulais l'avaler, mais cela faisait mal. Mes yeux me piquaient et ma vision s'embuait. Je descendis mon regard pour qu'il se pose sur le fond de ma tasse, j'aurais tellement aimé avoir encore du thé. J'aurais pu prétendre que mes larmes étaient déclenchées par une brûlure à la langue.
« Oui. Mais elle est morte née. Vous voyez... ma famille n'approuvait pas mon choix de partenaire, tout comme les siens. Ils nous menèrent la vie… très difficile. C'était très dur. Le stress, la tension, la déception et l'isolation pesaient très lourd et ce ne fut pas sain pour la croissance de l'enfant. »
Je pleurais maintenant. Je les sentais couler le long de mes joues, incapables de les arrêter plus longtemps. J'essuyai mes larmes avec le dos de ma main, mais elles revenaient à la charge, plus grosses qu'avant. La nouvelle mère pleurait aussi, son mari ne disait rien, mais il était tout aussi bouleversé que sa femme. Elle devait se sentir coupable de me rendre si émotive. Merlin, qu'est-ce qu'elle ferait si elle apprenait qu'elle et son mari avaient joué un rôle majeur dans ce dénouement? Qu'ils étaient l'une des principales variables qui conduisirent Hermione et Rosie à leur tombe! Si elle pleurait autant pour une inconnue, je souhaitais connaître sa réaction si je lui annonçais que c'était eux qui avait tué leur fille et leur petite-fille. Pourtant, le couple n'avait entendu qu'un très bref résumé euphémique de l'enfer qu'ils nous avaient offert. Donc je n'en voulais pas de leur compassion ou de leurs condoléances. Je fus incapable de les regarder plus longtemps sans sentir la rage m'envahir et mon cœur se briser une énième fois. Je me couvrais les yeux d'une main, tandis que l'autre essayait d'effacer les larmes qui s'échappaient.
« Je suis désolée. Je suis profondément embarrassée, fit la mère déconcertée dans un faible murmure. Toutes mes condoléances. » Merci, mais c'est vous qui les avez tuées. Vous avez tué ma fille et ma douce moitié.
Mme Granger avait de quoi à être embarrassée, mais actuellement, je ne voulais pas connaître ses états d'âme. Je ne voulais même pas la voir. Je voulais juste partir, retourner dans mon lit et pleurer, mais je me devais d'être forte et résiliente. Je me refusais de partir aussi longtemps que je n'avais pas accompli ma mission. Ceci n'était pas un temps à la vengeance ni à la déchéance. Je pouvais sauver Hermione et ça devait être la seule chose qui devait me préoccuper. J'avais une chance de nous offrir un avenir plus facile. Une autre conclusion; une fin où Hermione aura les cheveux gris, le visage ridé et où elle sera entourée de nos enfants et petits-enfants.
Bonjour tout le monde!
Un plus court chapitre. Cela dit, il a aussi sortie plus vite! (Ça n'a juste pas pris un an.)
Un gros merci à tout ceux qui me lisent. Et un merci spécial à ceux qui me suivent depuis le début =) . Je continue d'être touchée et émue par vous et vos commentaires.
Bon, on s'accorde tous qu'une pandémie; c'est terrible et ça en relève presque de la fiction à ce stade-ci (tellement que c'est énorme), mais tout ce temps confiné et ce temps libre me permet de retourner à mes passions solitaires et ça, ça me fait beaucoup de bien. J'ai à la fois hâte que le confinement se lève et en même temps, non.
