Ils gardèrent le silence, ignorant quoi ajouter. Il n'y avait rien à ajouter. Aucune parole ne pouvait alléger ma peine. Du moins, aucune provenant d'eux — d'eux de cette époque. Lorsque je repris suffisamment le contrôle de mon corps, je me levai. Aussitôt, mes hôtes m'imitèrent. Je les regardai surprise avant de comprendre qu'ils pensaient que je partais. Pourtant, je ne comptais aller juste à la toilette pour me rafraîchir. Puis je me souvins que théoriquement je n'étais jamais venue ici, alors je leur posai la question. Ils m'indiquèrent où les cabinets se trouvaient et je profitai du moment pour demander une deuxième tasse de thé. Tandis que je refermais la porte de la salle d'eau, je vis Mme Granger s'engouffrer prestement dans la cuisine.
Lorsque je revins après m'être passé de l'eau froide dans le visage et m'être essuyé les yeux bouffis, je découvris une tasse pleine fumante avec une nouvelle série de biscuits. Le couple se parlait à voix basse, mais toutes conversations cessèrent lorsqu'ils me virent revenir. Je me réinstallai dans le canapé et remarquai que Mme Granger s'était rapprochée du milieu.
« Oui… bon. Je suis désolée pour tout à l'heure, commençais-je. » Je vis la dame ouvrir la bouche, sûrement pour me dire de ne pas m'en faire, mais je continuai rapidement avant qu'elle puisse produire le moindre son. « Ça fera bientôt neuf mois et je n'ai toujours pas réussi à en parler sans me mettre dans tous mes états. » Maintenant, si elle voulait me dire que c'était compréhensible, c'était le temps.
« Je suis tellement désolée, répéta-t-elle. Toutes mes sympathies.
— C'était une question innocente, répondis-je en inspirant profondément. Vous ne pouviez pas savoir. »
J'étais sûre que mon sourire était triste, mais c'était le mieux que je pouvais offrir pour l'instant. La mère hocha la tête, puis je la vis relâcher un long soupir tout en serrant la main de son mari. Vous veniez à peine de me connaître. Vous ne me connaissez même pas encore, puisque je ne suis théoriquement pas encore née et moi, je vous connaissais depuis longtemps, mais je n'aimais pas ce que je savais de vous. De plus, actuellement, tous mes efforts étaient consacrés que vous ne connaissiez jamais cette version de moi.
« S'il vous plaît, offrez nos condoléances à votre mari. Et je vous souhaite de tout cœur que vos familles vous donnent la paix qui vous revient et qu'un jour vous la connaissiez, à votre tour, la joie d'avoir un enfant, prononça aimablement le père. »
Jusqu'à un certain point, je m'attendais à celle-là et je m'étais mentalement préparée pour cette brève discussion. Je savais qu'un des deux finirait par me parler de mon supposé mari. C'était inévitable. Cependant, je ne m'attendais pas à autant de souhaits chaleureux. Surtout provenant d'eux. C'était étrange, tout de même. Il n'y avait même pas 24 h, ils refusaient de me parler, me blâmant d'être la cause de la mort d'Hermione, de l'avoir séduite et corrompue, de l'avoir transformée en putain et en bête de foire, alors qu'aujourd'hui, ils m'offraient leurs meilleurs vœux.
J'avais prévu le coup, cette fois-ci. Je m'étais dit que je prétendrais que Mione était un homme, juste pour le bien de ma mission. J'avais juste peur que ma langue me fourche et que je glissasse sans vouloir que finalement il fût une femme.
« Merci beaucoup. Ça me touche beaucoup, souris-je. » La mère me sourit en retour tout comme le père. « Mais il est mort. Suicide. Mon amour n'a pas su supporter plus longtemps les tensions. En réalité, ce fut son suicide qui déclencha la fausse-couche. »
Le sourire bienveillant des dentistes s'évanouit aussitôt. La femme lança un regard paniqué à son mari qui était tout aussi pris au dépourvu qu'elle. Ils ne s'attendaient manifestement pas à une telle annonce. Ils n'étaient pas les seuls. Je ne m'y attendais pas non plus quand je l'ai découverte.
Hiver 1998
« Tu veux m'accompagner?! demandai-je, interloquée. Que veux-tu y faire? T'es conscient que ça ne sera pas une simple visite de courtoisie? »
Je levai les sourcils en regardant mon frère. Pourquoi voulait-il venir avec moi voir Hermione? Ma vie n'était pas un de ses feuilletons qui racontait la vie amoureuse d'une poignée de personnages fictifs. Hermione s'amusait à les critiquer et semblait leur porter un plus grand dégoût que les films d'action. Lorsqu'elle en écoutait, elle roulait presque constamment les yeux en lâchant de gros soupirs de découragement, mais elle ne les écoutait jamais bien longtemps. Au bout de dix minutes, elle avait son quota puis elle s'immergeait pendant des jours dans la lecture. Un jour, elle m'avoua que régulièrement après en avoir écouté, elle avait un mal de tête. J'avais éclaté de rire à cette confession. Il n'y avait rien d'étonnant lorsqu'on voyait la force avec laquelle elle se frappait le front durant.
« Je veux juste m'assurer que tout va bien. Que tu vas bien. Qu'Hermione va bien. Que vous n'allez pas vous sautez à la gorge et vous menacer de mort. Si tout est beau, je vous laisse. Ça sera rapidos presto. Ni vu, ni connu.
— Hum! Sauf que je saurai que tu es là. »
Je n'étais pas enthousiasmée à l'idée que mon frère soit présent durant la première rencontre après notre dispute. Des choses ont été dites et faites et je préférai ne pas avoir de témoins lorsque Hermione et moi parlerons de ses choses… délicates et importantes. Je savais qu'il avait de bonnes intentions, mais je n'étais pas à l'aise. Son côté protecteur de grand frère avait ressurgi. Merlin… Ça lui avait pris tellement de temps pour qu'il arrête de m'embêter avec ça.
« D'accord, mais peu importe, dit-il en levant les yeux. Tu as compris ce que je voulais dire. »
Il me tendit les vêtements que j'avais laissé suspendre dans sa salle de bain. Je les pliai et les rangeai dans mon sac de sport. Effectivement, j'avais compris, mais je n'étais toujours pas convaincue sur la nécessité de sa présence.
« Ginny. » Son changement de ton et suivi de son silence me força à arrêter mon rangement pour le regarder dans les yeux. « Tu es arrivée ici avec une trace rouge sur la joue, les poings en sang et les larmes aux yeux. Je sais pertinemment que ce n'est pas à cause du Quidditch. Quand je t'ai posé des questions sur ce qu'il s'est passé et sur Hermione, tu as refusé de me répondre. Je comprends que tu ne veux pas m'en parler et je respecte ça. Du moins, pour cette fois-ci. »
Je gonflai mes poumons pour commencer à protester. Ah non! Il ne me fera rien dire! Il avait beau être un Auror et connaître des techniques pour délier les langues, mais quand je suis venue cogner à sa porte, je cherchais un frère, pas un agent. Quand il me vit me braquer, il leva les mains dans les airs dans une tentative de m'apaiser, mais il continua son discours.
« Mais je suis ton grand frère, Gin. Et c'est particulièrement pour cette raison que je m'inquiète. Je t'aime et je m'inquiète pour toi. Je connais pour le Serment et du coup, ça t'empêche de te défendre comme tu le ferais normalement. Je ne suis pas en train de dire qu'Hermione va recommencer, mais je suis juste inquiet. Quand je verrai que tout va bien pour vous deux, je partirai. Je te dépose, je fais un rapide salut et je pars. »
Sentant qu'il avait fini, je me remis à plier mon linge en le fixant. Finalement, il créait des doutes sur la légitimée de sa présence. Il pourrait très bien juste passer, dire « allo » et partir. Il pourra voir par lui-même qu'Hermione n'est pas devenue un des mange-morts et autres criminels qu'il chassait. Ça le rassura et le calmera. Du moins, suffisamment pour éviter qu'il appelât des renforts pour prendre d'assaut ma maison. Je savais qu'il en était parfaitement capable de monter une telle équipe en une fraction de minutes.
« Pas de collation, pas de thé, pas de flânage, pas de toilette et surtout! pas de tes blagues stupides, dis-je finalement en le regardant sévèrement.
— OK. Cool. Ça marche pour moi. »
Maintenant, il souriait comme quand il savait qu'il venait de gagner une partie aux échecs. Le même petit sourire agaçant. Je fronçai les sourcils pour montrer que je ne rigolais pas sur les termes du contrat.
« C'est bon, Gin. Juste un coucou et un bye-bye, essaya-t-il de dire sans sourire. » Il échoua lamentablement.
Je soupirai et je rangeai ma dernière pièce de vêtement dans mon sac. Bon. J'espérais juste que je ne regretterais pas qu'il soit venu. Je balançai la ganse de mon sac sur mon épaule et je lui tendis ma main pour nous transplaner chez moi.
« Tu sais que tu es toujours la bienvenue chez moi. Tu peux revenir et rester plus longtemps si tu veux.
— Et comment tu me cacheras de 'Ma? Tu sais bien qu'elle va te déshérité le moment qu'elle va apprendre que tu m'as offert le toit ou que je suis la fameuse V des lettres. Je ne veux pas te mettre dans la même situation que moi. Nous sommes déjà assez chanceux que les deux fois où elle fit une visite surprise que j'étais à l'extérieur. Je ne veux pas tenter ma chance plus longtemps.
— Si ça arrive, laisse-moi m'en charger. Toi, tu as des choses plus importantes à te préoccuper. Notamment ta réconciliation avec Hermione et le fait que tu seras bientôt maman, dit-il souriant en prenant ma main. »
Je secouai doucement la tête, mais je ne pus m'empêcher de sourire à mon tour. Ron avait beau être celui qui m'énervait le plus facilement, hormis Percy, parmi mes frères, mais je ne le remplacerai pour rien au monde. J'ai toujours pu compter sur lui contrairement à mes autres frangins. Il était peut-être irritant à l'occasion, voire nigaud, mais il avait un grand cœur et se battait pour ce qu'il aimait. Et pour ça, j'acceptais ses autres défauts.
Une fois arrivée, je n'enlevai pas mes souliers, au cas où si je devais partir d'ici à la quatrième vitesse, cela dit, je laissai mon sac et mon balai contre le mur du salon. Les choses semblaient ne pas avoir trop bougé de place, ce qui était une bonne chose, mais en même temps, j'étais partie seulement quatre semaines et Hermione était enceinte. Je ne devais pas non plus m'attendre à de grosses rénovations.
J'avançai au centre du salon avec Ron à la traîne et je remarquai que nos photos de mariage et des lunes de miel reposaient toujours à leur place, intactes dans la bibliothèque principale. Je remarquai même que plusieurs de nos albums étaient sortis et traînaient sur la petite table à côté du sofa d'Hermione. En examinant la pièce plus attentivement, je compris finalement ce que je trouvais de différent. Hermione avait tout nettoyé. Tout. Il n'y avait plus une trace de poussière dans les étagères de la bibliothèque, ni de cendre devant le foyer ou un reste de poudre sur le manteau de la cheminée, ni de ses petits rochers dans l'entrée contre lesquels Hermione pestait qu'ils marquaient le plancher de bois. Elle s'était gardée occupée, ce qui était une bonne nouvelle. Du moins, je croyais…
« Hermione! criai-je. »
Je n'entendis rien.
J'ai apporté les lettres de ma femme bien que je n'aie toujours pas pris connaissance de leur contenu. Maintenant, que j'y pensasse, ça aurait été sage que je le fasse. J'aurais eu une meilleure idée à quoi m'attendre. Elles m'auraient informée si ma femme était là aujourd'hui.
« Hermione? demandai-je de nouveau.
— Peut-être, elle est partie faire des commissions? proposa Ronald lorsque nous eûmes seulement le silence comme réponse.
— Faisons le tour de la maison avant d'attendre dans le salon. »
Parce que bien que Ron n'était que de passage, je savais qu'il n'allait pas partir avant qu'il aille vu Hermione de ses yeux.
J'allais dans la cuisine, elle était toute aussi étincelante. Les verres et les fourchettes ne furent jamais autant ordonnés. Les vieilles casseroles furent astiquées jusqu'à retrouver leur beauté d'origine. Tous étaient sinistrement à sa place. Si ce n'était pas du tas de parchemins froissés et gorgés de mots pour finalement êtres complètement biffés ou à moitié brûlés. Merlin, je regardai les lettres que je tenais en main, sentant une crainte naître en mon ventre. J'aurais vraiment dû les lires, ça semble vraiment important. Et si c'était pour me dire qu'elle s'est fait attaquer et qu'elle se trouvait maintenant à l'urgence à St-Mangouste? Merlin! Et si c'était pour me dire qu'elle avait perdu Rose?! Oh Merlin! J'aurais vraiment dû les lire! Qu'est-ce que je pouvais être id- Ginny! Arrête. Reprends-toi. Ça ne doit pas être ça, sinon j'aurais été prévenue. Je finis le tour de la maison puis je lis les lettres. Je verrai, il n'y aura pas de situation rocambolesque. « Reste rationnel. Reste calme, répétais-je à voix basse en me dirigeant vers la salle de lavage avant d'aller à la salle d'eau au rez-de-chaussée. » Je continuais d'appeler Hermione. Par contre, ce fut alors que je rejoignais Ron à l'étage que ce dernier me cria dans un ton paniqué de le rejoindre.
Aussitôt, je me suis mise à monter les escaliers à la quatrième vitesse. Qu'est-ce qu'il y avait d'urgent ? Il avait trouvé Hermione ? Pourquoi ne me répondait-elle pas ? Est-ce qu'elle était sur le point d'accoucher ? Un mois à l'avance ? C'était tôt… mais ça se pouvait bien. Merlin. Si c'était le cas, je devais vite l'emmener à l'hôpital.
« T'es où ? criai-je une fois à l'étage.
— Ici ! Dans la salle de bain ! »
Dans la salle de bain? Qu'est-ce qu'il y avait dans la salle de bain? Je me dépêchai à le rejoindre. Lorsque j'arrivai, l'estomac me tomba dans les talons, mais son contenu ne souhaitait qu'en sortir. Un débordement sur le plancher. La baignoire était remplie de liquide. Rouge. Il y avait du sang. Tant de sang. Et dans le bain, le corps d'Hermione. Blanchâtre. Livide.
« Ginny! Réagis! me cria mon frère. »
Il venait de décapsuler la bouteille de Ditany qu'il fit magiquement apporté jusqu'à lui pour en verser sur le bras de ma douce. Les mains de mon frère étaient rouges. L'avant-bras de ma douce l'était aussi. Des écoulements et d'épaisses gouttelettes se pendaient à son coude. Il y avait aussi une coupure qui suivait sa veine sur toute la longueur du cubitus. Longue et profonde. Le bras était complètement mutilé. Et le sang. Le sang. Il y avait du sang partout. Le rideau de douche en était gorgé…
J'arrivai aussitôt à ses côtés, les deux genoux baignant dans un liquide que je ne préférais pas analyser. Ron appliquait des gouttes sur la plaie espérant la guérir, si ce n'était de réduire l'amplitude. Je ne comprenais pas. Je n'arrivais pas à analyser ce que je voyais. C'était si irréel. Pourquoi Hermione était dans un bain de sang? Je ne comprenais pas et j'ignorais toujours quoi faire.
« Réveil! me cria à nouveau mon frère. Aide-moi! » Il échangea la bouteille de Ditanny pour sa baguette avant de marmonner furieusement entre ses dents.
Je voulais bien! Je voulais bien, mais je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il se passait à cet instant, même si mon cerveau était en ébullition. Je regardais autour de moi cherchant comment me rendre utile. De quelque chose qui pouvait m'être utile ou m'éclairer sur la situation. Et plus que j'en remarquais les détails et plus que je me détacher de mon corps. Au point, où j'en étais, c'était comme si j'étais emprisonnée dans la pièce voisine; j'entendais et j'étais consciente que quelque chose de terrible se déroulait ici, mais j'ignorais quoi! Tout ceci n'était devenu qu'une expérience extra-corporelle.
« Ta ceinture, Gin! Donne-la-moi! »
Un ordre simple. Ça, je l'avais compris. En deux, trois mouvements, je défis ma ceinture et la remis à mon grand frère. Il me l'arracha des mains et l'attacha autour du bras de ma douce pour créer un garrot. Je le regardais s'exécuter, ignorant comment procéder et l'aider. J'ignorais comment aider ma douce. Merlin… En réalité, je n'avais jamais su comment aider ma conjointe.
« Gin, sois prête. On va la transporter jusqu'à la cheminée et l'emmener jusqu'à St-Mangouste. Là-bas, les médicos vont la prendre en charge. »
Grâce à la magie, nous avons soulevé le corps de ma femme du bain pour l'emmener jusqu'au salon et je me rendais compte que je ne l'avais toujours pas touché. J'en étais incapable. J'avais peur que si je la touchais, le tout se concrétisait. Tout ce que je voyais, entendais et ressentais n'était finalement pas des machinations tordues de mon esprit, tout droit sorti de mes cauchemars de culpabilisation. La seule chose qui m'empêchait de céder à la panique totale était la respiration de mon épouse. Faible et irrégulière, mais toujours présente. C'était bien la seule chose que j'entendais parfaitement. J'entendais aussi, en arrière-plan, mon frangin me parler, mais je ne le comprenais pas, bien que mon corps lui répondait.
Une fois dans la cheminée, je n'eus pas d'autre choix que de me coller Ron et Mione. Quand je touchai la peau de ma douce, je remarquai qu'elle était moite et froide. Hermione grelottait. Je compris finalement. Je compris finalement que ce qu'Hermione venait de tenter. Merlin. Merlin. Merlin. Je compris la gravité de la situation ; je me battais pour sa vie. Toutes mes actions avaient une répercussion directe sur ses chances de survie. Je devais agir. Mon corps me réappartenait, je pouvais enfin réagir. Je ne pouvais pas faillir, abandonner ou rester passive. Je devais agir et réagir. Je devais sauver Hermione, sinon je ne me le pardonnerai simplement pas. Merlin. Je ne me le pardonnerai pas.
Nous arrivâmes à la réception de St-Mangouste. Quand le staff médical nous vit avec le corps inconscient de ma douce, on la prit immédiatement en charge. Pourtant, maintenant que j'avais touché ma moitié, je ne voulais plus m'en séparer.
« Je suis là Mione. Je suis là avec toi et je ne compte pas te quitter. »
Pendant que l'équipe l'emmenait dans une salle d'opération, je les suivais, murmurant des mots doux à ma douce, lui disant à quel point je l'aimais, lui renouvelant mes vœux d'amour. Je lui décrivais un futur où nous étions ensemble et nous étions accompagnées par Rose et tous nos futurs enfants. J'ignorais si elle m'entendait, mais si c'était le cas, je voulais qu'elle sache que j'étais maintenant là. J'ignorais si elle était consciente de mes touchers contre sa peau, de mes doigts dans sa chevelure ou même, que je lui serrais sa main valide. Hermione était ma moitié. Ma meilleure partie. Sans elle, je n'étais plus grand-chose. J'ignorais si elle était consciente de ma présence, mais si c'était le cas, je voulais qu'elle sache que j'étais maintenant là, que j'étais revenue.
Quand nous arrivâmes enfin à la salle, un médicomage aidé par mon frère m'empêcha de passer les portes. Ces dernières se refermèrent sur ma femme et l'équipe médicale. J'étais de nouveau impuissante. Merlin… Qu'est-ce que j'avais fait? Pourquoi l'avais-je quitté? Pour le Quidditch. Pour le débile Quidditch. Merde. Merlin… J'avais quitté la meilleure chose qui m'était arrivée pour le Quidditch. Hermione avait une fois de plus raison. Ce sport nous rendait complètement débiles. Maintenant que j'avais appris ma leçon, j'avais juste hâte de voir de nouveau ma douce pour le lui dire.
Pour le meilleur et pour le pire. Pour le meilleur et pour le pire, hein? Mione, tu n'avais pas intérêt à m'abandonner, car j'étais là, maintenant, et je ne comptais pas te lâcher. Certainement pas pour le Quidditch. Pour le meilleur et pour le pire, n'était-ce pas Hermione? Pour le meilleur et le pire. Je ne me sentais pas bien. Je manquais d'air. Merlin. Pour le meilleur et pour le pire. Je suffoquais. Je — Je —
« Ça va aller, Ginny, dit Ron en m'étreignant puissamment. » Il me serra fort contre lui. Il chuchota des mots d'encouragement. Malgré sa prise, lentement, je pus recommencer à respirer. Quand il sentit que je m'étais maîtrisée, il dit : « Rockfeller a pris en charge Hermione. Je le connais, c'est le meilleur. » Puis il me lâcha et il s'assit sur le banc face à la salle d'opération pour patienter. Il m'invita à le rejoindre, mais je refusais. Je préférais rester debout. J'avais maintenant de l'énergie à revendre. Je sentais la même frénésie me parcourir le corps avant un match. J'étais pompée prête à l'action, mais il n'avait plus rien à faire. Sauf attendre. Merlin… que je hais ça!
« Oh… Je suis désolée. Terriblement désolée. Je… Je ne sais pas quoi dire, dit rapidement la mère en panique. J'ai l'impression d'accumuler les… J'avais remarqué votre bague et j'ai crus que… »
La bague n'était rien. Ma véritable preuve d'amour était mes cicatrices. Cela dit, ils ne connaissaient pas la magie, ni l'histoire derrière ces marques. Et je ne comptais rien leur révéler à ce sujet.
« Je comprends. Et je devrais l'ôter pour éviter de confondre les gens, mais je n'arrive pas à me résoudre à l'enlever. À notre mariage, je lui avais promis que je l'aimerais jusqu'à ma mort, expliquai-je. »
Je sentais ma voix se briser une nouvelle fois.
« Vous l'aimiez profondément, souffla Mme Granger en attrapant ma main. »
La boule grossit. Je me résignai à un hochement de tête. Je dégageai ma main afin de prendre la soucoupe pour avaler une gorgée. Je me sentais inconfortable qu'elle me touchât. Boire sembla faire disparaître la boule et la délicate chaleur de la boisson me réconfortait légèrement.
« Bref, arrêtons de parler de moi. Je ne suis pas venue pour vous raconter ma vie, blaguai-je, même si mon coeur n'était pas aux rires et à leur regard, ça paraissait. »
Les nouveaux parents approuvaient, soulagés du changement de sujet.
« J'en étais déjà où avec mes questions? m'enquis-je.
— Vous nous demandiez si nous allions aimer et soutenions notre fille malgré notre désapprobation de son choix de compagnon de vie, répondit le père. Et la réponse est oui. »
Je vis la mère hocher la tête énergiquement, tandis qu'elle s'essuyait le coin des yeux avec son mouchoir en coton. J'étais sûre que son nouvel enthousiasme provenait de son désir d'éviter que mon histoire se répète avec sa fille. Elle ne voudrait surtout pas la voir dans ma situation. Désoler de vous l'annoncer, mais Hermione était mon « mari ». Vous savez? Celui qui s'était suicidé?
Malgré leurs nouvelles certitudes, je restai incertaine qu'ils avaient vraiment changé, que le destin de ma douce fut modifié. Ce doute me força à continuer et à entrer plus profondément dans les sujets tumultueux.
« Bien. Mais est-ce que vous continuerez de l'aimer même si Hermione ramène quelqu'un de couleur? Ou même une femme?
— Vous n'êtes pas sérieuse? Ce —
— Il est vrai que ce n'est pas commun, dis-je en soutenant leur regard fermement. » Le père se tut, mais au prix d'une moue désapprobatrice et hargneuse. « Et autant que ces idées vous semblent détestables, voire répugnantes, elles continuent de constituer des possibilités. Mon amour m'avait enseigné que la nature humaine a la mauvaise tendance d'écarter les possibilités que nous n'aimons pas. »
Hermione prévoyait à tout, même au désagréable et à l'horrible, mais c'était aussi pour cela qu'elle avait de si bons résultats. Elle se faisait rarement prendre au dépourvu et elle pouvait ainsi facilement donner plus au nécessaire.
Ils se regardèrent de nouveau, déconcertés; ce qui ne m'étonna guère. À cette époque, les homosexuelles affirmées devaient être plus que rares. Observant leur visage, je compris qu'ils connaissaient la réponse et qu'elle ne leur plaisait pas. Du moins, ils n'aimaient pas l'énoncer devant moi.
« J'imagine que la raison de votre silence est due par votre réponse au niveau de l'hypothèse qu'elle soit gaie. »
Ils se regardèrent, mais finirent par me confirmer mes suppositions. Ils gardèrent le silence et leurs visages se voulaient, au mieux, neutres, mais je les connaissais trop bien. Je les avais vus se redresser et se tendre subtilement.
« L'homosexualité est jugée comme une maladie mentale, mais d'ici une dizaine d'années, ça ne sera plus ainsi. Même si c'était le cas, arrêtiez-vous d'aimer votre fille et de la supporter si vous appreniez qu'elle était sourde, schizophrène ou autiste ? demandai-je les fixant au-dessus de ma tasse. »
Je me tus un instant pour les laisser analyser mes paroles et les faire mijoter sur leur réponse. Quand je vis la Mme Granger ouvrir la bouche pour me répondre avec un léger signe de tête de négation. J'enchaînai rapidement l'empêchant d'émettre son opinion sur la question.
« Non, n'est-ce pas? Vous continuerez de l'aimer malgré ses troubles mentaux ou physiques. Alors, expliquez-moi, en quoi l'homosexualité serait différente?
— Ce n'est pas ça qui nous dérange, dit lentement le père.
— Alors quoi? » Je gardai le silence à mon tour, pour lui donner une chance de développer sa position, mais le silence fut l'unique réponse reçue. « Qu'est-ce qui vous empêche de continuer de l'aimer? »
Les parents se concertèrent du regard, mais refusèrent de communiquer leur fil de pensée. Je devais deviner, mais je n'étais pas legilimen, comme Dumbledort ou Rogue. J'étais seulement une joueuse de Quidditch pour les Harpies… Ou plutôt, avant, je n'étais qu'une joueuse, maintenant, je n'étais plus grand-chose si ce n'était l'ombre de ce que j'étais et l'ombre de ce que je pouvais être. Par chance, je les connaissais déjà et je savais déjà l'importance de la religion dans leur vie. De plus, le crucifix installé au-dessus de la porte d'entrée les aurait vendus s'ils continuaient à ne rien dire comme ils semblaient s'entêter à faire ses dernières minutes. Je retiens un soupir et enchaînai :
« Selon les religions, Dieu, Allah, Yahweh et les suivants, ils ont accompli leur lot de miracles et ont imposé des interdits burlesques tels qu'il soit interdit de rire d'un chauve sous peine de se faire chasser par des ours, d'approcher une femme qui a ses menstruations ou d'accrocher des tableaux qui représentent des animaux, dis-je avec un sourire en coin. »
Je vis le père ouvrir la bouche pour défendre ses croyances, je l'interrompis avant qu'il commence. Je ne voulais pas m'éterniser dans ce domaine.
« Mais tout cela est sans importance. Les préceptes concernant comment les croyants devraient interagir avec autrui se résument à aimer votre prochain et à le pardonner s'il vous demande pardon pour ses torts. Suis-je loin de la réalité? demandais-je en levant un sourcil.
— Enfin... non. Vous avez bien exprimé les grandes lignes, mais l'homosexualité reste un crime grave! Je ne veux pas qu'elle aille en enfer!
— Bien! Nous sommes d'accord sur ce point et je comprends que votre désir à la sauver. Cela dit, permettez-moi d'être l'avocate du diable un moment. » Le père hocha la tête et la mère se contenta de pincer les lèvres. « Si votre fille commettait un meurtre ou volait, est-ce que vous arrêteriez de l'aimer? demandai-je calmement. Parce que nous sommes d'accord sur le fait que si elle accomplit l'un ou l'autre, elle irait aussi en enfer, non? »
Ils se regardèrent de nouveau. Ils n'avaient toujours rien dit et ne semblaient pas vouloir prendre parole. Merlin. Pour une fois, c'était étonnant de les voir si tranquilles et silencieux. J'avais pris habitude lorsque je les visitais de recevoir insulte après insulte et de recevoir à la tête tout ce qui tombait sous leur main. Même jusqu'à leurs vaisselles de porcelaine qu'ils avaient héritées.
« Pourtant ce sont tous des crimes graves. Ça vous choquerait, si ça ne vous horrifiait, comme n'importe qui et ce n'est pas mon point. La véritable question reste : arrêteriez-vous de l'aimer? et de la supporter si elle vous le demandait? »
Le père ferma sa bouche et je le vis contracter ses mâchoires. La mère évitait mon regard. C'était ce que je pensais.
« Votre silence me laisse croire que la réponse est oui. Reprenez-moi si je me trompe, si je comprends bien, être gai est une faute plus grave que tuer?
— Non, commença le père. mais —
— Non, interrompis-je. Dans ce cas, pourquoi ne pas continuer à l'aimer? Peu importe ce qu'elle fera dans l'avenir et ses décisions, elle continuera d'être votre enfant. D'avoir besoin de votre amour et de votre soutien. Pourquoi, si elle tombe amoureuse d'une femme, en seriez-vous incapable? »
Les parents se turent et se regardèrent une nouvelle fois se communiquant ainsi leur pensée. Je retins un soupir, ce n'était pas gagné avec eux. Puis la mère se retourna vers moi et fronça les sourcils. Elle n'aimait visiblement pas que je prenne une telle position sur le sujet. Cela ne m'étonna pas d'elle. Pas après toutes les tentatives de discussions infructueuses que j'eus avec elle. C'était encore beau qu'elle accepte de me parler et qu'elle ne me chasse pas de la maison en ce moment. En m'arrachant les cheveux au passage.
« Donc, vous êtes en train de dire que vous aurez accepté que votre enfant soit gai? demanda celle-ci. » Le ton sec et les sourcils froncés.
— Si ça signifie que je pourrais à cette heure tenir ma fille dans mes bras ou même la savoir endormie dans son berceau ou dans n'importe quel berceau. Oui. Définitivement, dis-je en soutenant son regard. Je n'aurais peut-être pas accepté et compris toutes ses idées, mais je sais que je l'aurais aimée, peu importe ce qui serait arrivé. J'aurais voulu jouer un rôle important tout au long de sa vie et qu'elle sut à tout moment qu'elle pouvait compter sur moi et que je l'aimais, dans la santé et dans la maladie, pour le meilleur et pour le pire. Si mon pardon pour tous ses potentiels crimes, péchés et dépendances signifiait que mon bébé serait maintenant vivant, Merlin! Je le pardonnerais encore et encore et encore! Je l'aurais aimé sans faille et inconditionnellement. »
À ces mots, la mère cessa de me regarder et se concentra sur sa tasse de thé. Le père serrait et desserrait ses poings. Je bus un peu de mon thé, tout en combattant une nouvelle fois mes larmes. Aucune ne coula ou peut-être que oui, mais je ne m'en rendis pas compte.
« Je dois admettre que vous défendez bien votre point. Vous apportez des arguments intéressants qui méritent d'être médités, fit le père lentement.
— Merci. Mon amour était friand de débats. Après plus d'une quinzaine d'années ensemble il se peut que j'aie appris quelques trucs à la longue, dis-je en souriant. »
Il me sourit doucement. La mère me sourit à son tour, mais il était plus empreint de tristesse. Je leur souris avant de prendre une gorgée de mon thé et de croquer dans un des biscuits offerts. Après m'être tue, le salon était redevenu silencieux si ce n'était interrompu par le son d'une gorgée chaude, le grignotement des biscuits secs, ou de froissement de tissus provoqués lorsque quelqu'un bougeait. Merlin dont je détestais ce genre de silence. Il me rappelait trop le silence du vide suite à la mort d'un proche. Pourtant, si je me battais aujourd'hui, c'était pour que je ne l'entende pas. J'aimais entendre les gens que j'aimais parler, crier, rire… Merlin… Que je haïssais le son du silence… Entendre celui du vide d'Hermione était le plus insoutenable et c'était surtout celui auquel je ne voulais pas m'habituer...
Au moment, où je pensais déposer ma tasse afin de dire les au revoir, j'entendis un bébé pleurer. Ce son distinctif me serra instantanément la poitrine. En temps normal, j'aurai été dans mon salon avec ma douce Hermione et ce bruit signifierait que ma petite Rosie viendrait de se réveiller de sa sieste. Normalement, ça aurait été mon enfant. Normalement, ça aurait été ma responsabilité; j'aurais dû me lever pour aller la chercher et assurer à mon bout de chou que maman et moman étaient là et que nous l'aimions très fort. Normalement, ceci serait mon avenir. Ma vie de tous les jours. Mais ceci ne s'est finalement jamais réalisé et le son que j'attendais en ce moment était le cri que les petits poumons de ma Mione étaient capables de produire.
Bonjour tout le monde!
J'espère que tout le monde continue d'aller bien. :) Merci à ceux qui pris le temps de laisser un commentaire, je les lis tous. Ils font chaud au coeur de savoir de savoir quelqu'un lit mon histoire et savoir que l'histoire vous touche (même si c'est de la tristesse. Je suis désolée à ceux que j'ai fait pleurer. =( Sachez que j'ai aussi pleuré lorsque je l'ai écrit et lorsque je l'ai corrigé et je me sens moins seule maintenant de savoir que je ne suis plus l'unique à avoir pleurer sur ce texte :P )
Et merci aussi à ceux qui lisent tout simplement mon histoire. Tout simplement Merci à tout ceux qui lisent ces lignes =D.
Je ne sais pas pour vous, mais je sens la fin arrivée à grand pas. On arrive proche de la conclusion. J'espère que vous allez aimer (et que vous aimer jusqu'à présent) la fin. Je travaille fort dessus. et pour ce chapitre, hum... il n'y a quelques choses qui m'agace et je n'arrive pas à mettre le doigt sur le bobo, mais I guess que sera que sera. Si avez une explication, je suis toute ouïe.
Pappa, Hermine et Ginny ont entre 25 et 27 ans (Je ne me souviens plus de leur age que j'avais mit lorsque Ginny parle aux parents). J'avais calculé qu'Hermione et Ginny aient leur enfant en même temps qu'Hermione de l'histoire originelle l'aie.
À la prochaine et faites attention à vous.
F0rtitude
