Tous les coups sont permis.

Titre du 31/08/2023 : Tous les coups sont permis

Scorpion : Emma (OUAT)

E : Emma Swan

Créature 38 : Sorcière

Défi 872 : "Il n'y a jamais eu de la place pour la lumière, ici, que pour les ténèbres"

Prénom 49 : Emma

Défi Sarah & son cerveau n°247 - Votre perso est un méchant

Quatre aspects de… "Filles de la mer" : Emiko : Écrire sur la culpabilité du survivant ou sur une personne âgée de plus de 70 ans

137) 100 façons d'écrire du drama

44) 50 nuances de OUAT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, défi des adultes, elles ont dit, Sarah & son cerveau, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)

Hé !

J'ai pas publié la semaine dernière parce que j'ai actuellement plus que deux chapitres d'avance (enfin un une fois que celui-là sera publié) et donc j'ai un peu paniqué de plus rien avoir donc si jamais y a des lundis où je publie pas c'est que j'ai plus d'avance parce que j'ai pas réussi à écrire le prochain ou que j'ai pas eu le temps (en plus avec septembre je vais reprendre les révisions ce qui ne va pas aider) de le faire.

Et concernant la fin de l'arc j'aimerais dire qu'on s'en approche mais... je me connais donc c'est plus incertain qu'autre chose. Mais on avance, on avance. J'espère.

Peter Pan n'était pas inquiet.

Les choses ne se déroulaient pas exactement comme il les avait prévues, sans doute parce que cette fois il affrontait tout un groupe et pas des personnes isolées, des adultes et pas des enfants ou des jeunes gens seuls et vulnérable, que c'était pour certains des gens qu'il avait fait souffrir autrefois et qui savaient à quoi s'attendre contrairement à la première fois.

Et également parce qu'ils étaient presque tous suffisamment puissants pour pouvoir l'affronter et qu'ensemble, unis comme ils l'étaient, ils représentaient une réelle menace.

Ce n'était pas ce qu'il voulait.

Ce n'était pas ce à quoi il s'attendait.

Ce n'était pas ce qui était censé se passer.

Ils étaient supposés se haïr, se détester, vouloir se tuer les uns les autres, et pourtant…

Pourtant Blanche-Neige travaillait main dans la main avec Regina.

Pourtant Rumplestiltskin et le capitaine Crochet n'avaient pas essayé de s'entre-tuer une seule fois depuis leur arrivée sur l'île.

Pourtant Emma acceptait à ses côtés les présences de tous ceux qui l'avaient trahie, blessée, abandonnée par le passé sans que ça ne semble lui coûter une seule seconde.

Pourtant Neal coopérait avec son père, avec Killian Jones et avec les frères Darling, ceux qui avaient enlevé son fils alors qu'il s'était sacrifié pour leur famille par le passé.

Et l'immortel n'arrivait réellement pas à comprendre pourquoi.

Tout comme il ne comprenait pas non plus comment sa tentative pour les déstabiliser en leur parlant de la prophétie que leur cachait le Ténébreux avait réussi à ne pas les séparer alors qu'elle aurait dû le faire, alors que savoir ce qu'il avait autrefois l'intention de faire aurait dû briser tout ce qui les unissait, ou du moins les monter tous contre lui, créer des divisions au sein de ce groupe si bancal et hétéroclite.

Seulement, ce n'était pas ce qu'il s'était passé, bien au contraire, ironiquement, ça avait même renforcé leur groupe, ce qui prouvait que leur objectif était, a priori, de sauver Henry, et que rien d'autre ne comptait, pas même leurs conflits personnels.

Il n'avait pas non plus réussi à faire disparaître la détermination d'Henry, ni sa foi en sa famille, et encore moins à faire de lui un garçon perdu.

Malgré cela, il n'avait pas peur.

Henry était toujours son prisonnier, et il ne laisserait jamais sa famille remettre la main sur lui, il l'emmènerait où il voulait qu'il soit et le jeune garçon finirait bien par faire ce qu'il voulait qu'il fasse, même si c'était à contre-cœur.

Il lui donnerait son cœur et grâce à lui, il pourrait vivre éternellement sans que qui que ce soit ne puisse le vaincre ou se mettre en travers de son chemin.

Et il exterminerait tous ces soit-disant héros sans la moindre pitié.

Surtout qu'il avait encore quelques atouts dans sa manche dont il comptait bien se servir…

Voilà pourquoi il avait envie de rire face à leurs pathétiques et pitoyables efforts pour sauver Henry, face à ces tentatives qui étaient condamnées à l'échec, qui l'étaient depuis qu'ils avaient atterri au Pays Imaginaire, parce qu'il ne faisait que jouer avec eux, leur donner une chance et un espoir de gagner tout en sachant pertinemment à l'avance qu'il les leur ôterait au dernier moment.

Il avait peut-être peur de ce qu'ils étaient devenus, de ce qu'ils avaient pu accomplir, mais ce ne serait jamais assez suffisant pour le faire douter de ce qui était de toute façon inévitable.

Il finirait par gagner, quoi qu'il arrive.

Après tout, Peter Pan n'échouait jamais.

Il n'y a jamais eu de la place pour la lumière, ici, que pour les ténèbres.

Il leur montrerait à tous, dans quel genre d'enfer exactement ils avaient mis les pieds.

Il leur arracherait toutes leurs illusions, jusqu'à ce qu'ils comprennent l'atroce et inévitable vérité.

Ils n'avaient jamais eu la moindre chance de changer les choses ou de faire la différence.

§§§§

Emma se sentait si proche de ce maudit camp qu'elle en avait presque le vertige.

Et, alors qu'elle attendait ce moment depuis si longtemps, elle resta malgré elle figée sur place, complètement tétanisée.

Comme si le simple fait de bouger, de monter à l'assaut de ce camp empli de leurs ennemis, allait d'un seul coup tout changer en un instant, tout bouleverser, que si jamais ils ne faisaient ne serait-ce qu'un pas dans ce lieu où son fils était retenu, alors Henry allait disparaître et être emmené ailleurs.

Et tout ce qu'ils avaient pu faire ou tenter n'aurait servi à rien et tout serait à recommencer.

Il ne lui fallut que quelques secondes pour réaliser l'évidence.

Elle avait peur.

À nouveau, une partie d'elle, malgré la fatigue, malgré l'épuisement qui s'ancrait en elle depuis le début de ce périple et qui ne les quittait jamais, ne rêvait que d'une seule chose : s'élancer dans la bataille sans la moindre hésitation.

Elle ne voulait plus attendre une seule seconde de plus.

Mais elle savait bien qu'elle ne pouvait pas, qu'il n'était pas temps, pas encore, qu'ils n'étaient pas prêts, et elle devait ronger son frein alors que son fils était à deux pas d'elle et qu'elle voulait tellement que ça arrive, aller le sauver, enfin.

Et une autre partie d'elle était tentée de fuir.

C'était absurde, et elle en avait bien conscience, après avoir parcouru tout ce long chemin, avoir surmonté toutes ces épreuves, elle n'allait tout de même pas reculer !

Henry comptait sur elle, et les autres membres de l'expédition aussi.

Elle n'avait pas le droit de flancher.

Mais être là, non loin de ce camp, des bruits des garçons perdus, d'Henry, tout cela lui rappelait la dangerosité et la précarité de leur situation.

Et surtout, ça ne rendait tout cela qu'encore plus réel qu'avant, plus concret, plus terrifiant aussi.

Sauver Henry apparaissait de plus en plus comme une entreprise faisable, mais ça ne faisait pas disparaître l'option inverse pour autant.

Et si jamais ils échouaient ?

Et s'ils n'étaient au bout du compte pas assez forts pour battre Pan et ses sbires ?

La dernière fois qu'ils s'y étaient essayés, dans le faux camp, ça s'était soldé par un échec, pourquoi cela devrait-il être différent cette fois ?

Ils avaient tous épuisé leurs forces dans ce voyage interminable, et s'ils étaient toujours aussi déterminés qu'avant, aucun d'entre eux n'était en état de se battre.

Elle encore moins que les autres, et quelques nuits de repos loin d'être reposantes n'y changeraient rien, sans parler de la crainte naissant peu à peu en elle qu'ils puissent se faire attaquer de nuit.

Rumplestiltskin montait la garde, certes, mais il ne pouvait pas non plus avoir des yeux partout, et elle n'était pas sûre que ses sorts de protection soient suffisants face à la magie de Peter Pan.

Ils étaient plus proches que jamais de leur objectif et pourtant, elle n'était pas sûre d'être capable de faire ça.

De pouvoir les lancer, elle et les autres, dans ce combat au résultat incertain.

Parce que c'était vers elle qu'ils se tournaient désormais, maintenant que le pirate avait fini par les mener à bon port.

C'était elle qui devait les guider vers la victoire, elle était la Sauveuse, la femme qui avait brisé la malédiction.

Et face à tous ces espoirs placés en elle, elle avait peur de ne pas être à la hauteur.

En constatant que ses parents se trouvaient désormais à côté d'elle, elle réalisa que son angoisse devait sans doute être plus visible qu'elle ne le croyait.

De leur côté, tous les autres étaient en train de se préparer, de discuter, d'échafauder des stratégies maintenant que leur camp était installé, non loin de celui des enfants perdus, mais pas trop près non plus.

Elle, non.

Elle se contentait de fixer le camp à quelques mètres d'elle, comme s'il allait lui donner une réponse, apporter une solution à tous les problèmes auxquels elle devait faire face.

« Est-ce que ça va ? Lui demanda doucement son père, comme s'il avait l'impression qu'une seule phrase serait suffisante pour qu'elle se brise en mille morceaux juste sous ses yeux.

Et le pire c'était qu'il n'avait sans doute pas entièrement tort à ce sujet.

Elle aurait pu mentir, lui assurer que tout allait bien, qu'elle était confiante, essayer d'être la leader qu'elle était supposée devenir, faire comme si elle savait ce qu'elle faisait.

Elle n'en avait même pas envie.

- Je crois que je… que je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie.

Le sourire que sa mère lui envoya se voulait rassurant mais il sonnait faux.

Quels mots de réconfort auraient pu suffire face à ce qui allait bientôt inévitablement leur tomber dessus ?

- Nous avons tous peur, lui assura-t-elle, mais la peur ne nous empêchera pas de faire ce qui doit être fait. Et de gagner.

Emma se souvint que sa mère avait mené une guerre autrefois.

La blonde se demanda si c'était ses discours d'encouragement qui manquaient de conviction ou si c'était elle qui était déjà bien trop défaitiste pour vouloir y croire.

- Je… je n'en suis pas si sûre, bredouilla-t-elle d'une voix tremblante et emplie de doutes.

Si on avait demandé à la Sauveuse ce qui lui faisait peur actuellement, la réponse aurait été simple à trouver et à fournir.

Tout.

La peur que Peter Pan leur tende un nouveau piège, qu'il n'éloigne Henry d'eux à tout instant, qu'il ne change les règles du jeu en cours de route, qu'ils arrivent trop tard au camp.

Et qu'Henry ne puisse jamais être sauvé.

Son père fronça les sourcils.

- Pourquoi ?

- Parce que… Hé bien, pour le moment, en dépit des problèmes, des difficultés, nous… nous avons eu de la chance dans l'ensemble. Personne parmi nous n'est mort, ni n'a été gravement blessé.

Le regard de son père se voila, et si Emma l'avait vu, sans doute se serait-elle posé des questions.

- Et j'ai peur que… que ça ne dure pas. Que si nous attaquons, quelqu'un ne meurt et si ça arrive ce sera de ma faute, parce que je n'aurais pas réussi à le protéger, à le sauver. Et je… je veux qu'aucun de nous ne meurt.

Elle ne voulait pas perdre ses parents, Regina, Neal, Graham.

Même si une partie d'elle-même était toujours en colère contre le Ténébreux, August ou les Darling, malgré cela, elle voulait qu'ils s'en sortent.

Elle ne connaissait pas Clochette, pas assez, mais elle les aidait alors que ça pouvait lui coûter la vie, elle méritait mieux que ça.

Quant à Crochet…

Neal l'aimait et ça lui semblait être une raison suffisante.

Mais surtout, en dehors de ça, le pirate les avait aidés, guidés, il ne les avait pas trahis jusque-là et sans lui ils seraient sans doute morts depuis longtemps.

Lui non plus, elle ne voulait pas qu'il meurt.

- Ça n'arrivera pas, lui promit son père avec toute la conviction dont il était capable. Je te le promets. Aucun de nous ne mourra. »

Et malgré toute sa peur et tout son cynisme, Emma tenta d'y croire de toutes ses forces.

De croire que tout irait bien, que les fins heureuses étaient réelles et que la leur était à portée de mains.

Que les miracles pouvaient exister eux aussi, tout comme la magie.

L'espoir était après tout l'une des seules choses qui leur restait dans ce monde froid, cruel et impitoyable.

Et, comme elle se le répétait encore et encore dans sa tête, comme si ça allait être suffisant pour l'empêcher d'échouer ou de faire une erreur, elle était Emma Swan, elle était la Sauveuse.

Si même elle ne parvenait pas à espérer et à croire, qui parmi eux le ferait ?

§§§§

Combien de temps ?

Cette question hantait tous les esprits des membres de leur groupe, cela, Killian le voyait bien.

Leur groupe, réalisa-t-il, un groupe auquel il appartenait, pour de bon, pour de vrai, et il n'avait pas ressenti ça depuis la perte de Liam, depuis qu'il était devenu le capitaine du Jolly Roger.

C'en était presque drôle, d'avoir de nouveau le sentiment de faire partie de quelque chose, lui qui avait laissé son équipage derrière lui sans un regard en arrière.

Lui qui en dehors de ses collaborations avec Regina et Cora, avait toujours travaillé seul depuis son retour dans la Forêt Enchantée.

Même son expédition avec Henry et Neal avait été solitaire en un sens vu l'inimitié de Neal à son égard et la manière dont ça s'était terminé et le peu de temps que ça avait duré.

(En repensant à ce moment, celui où Baelfire lui avait révélé sa véritable identité, le pirate ne put empêcher un sourire amusé d'apparaître sur son visage.

Si on lui avait dit qu'ils finiraient par en arriver là un jour…)

Il était venu pour sauver Henry, pour aider Neal, par intérêt principalement et maintenant il avait le sentiment que malgré ce qu'il avait fait, son alliance avec Cora, ses efforts pour les aider à sauver Henry étaient suffisants et qu'il était accepté pour de bon parmi eux.

D'un autre côté, si leur groupe comportait des héros, il y avait également le Ténébreux et la méchante reine ainsi que les frères Darling (même si ces derniers étaient bien moins coupables que les deux autres), il n'était pas le seul à avoir besoin de se racheter.

Et ce qu'il faisait ne lui semblait pas vain.

David semblait lui faire véritablement confiance depuis qu'il lui avait sauvé la vie, Regina était en train de devenir son amie et non plus seulement son allié, et en dehors de Rumplestiltskin, les autres étaient moins méfiants à son égard, même Clochette semblait un peu moins en colère qu'avant, et Neal…

Neal n'avait plus l'air de le détester.

Le pirate ne savait pas si c'était seulement le temps que durerait cette aventure et si une fois qu'ils auraient sauvé Henry, les choses redeviendraient comme avant et que l'ancien garçon perdu s'attendrait à ce qu'il s'en aille et surtout espérerait qu'il partirait de Storybrooke pour ne plus jamais revenir.

Dès qu'il envisagea cette hypothèse, il sentit son cœur se serrer.

Non.

Ce n'était pas ce qu'il voulait, et il avait le sentiment que ça n'arriverait pas, mais si jamais Neal…

Si jamais Neal lui demandait de partir malgré tout, après tout ce qui s'était passé entre eux au Pays Imaginaire, après tous ces moments passés ensemble, alors qu'il avait le sentiment que les choses étaient en train de s'arranger entre eux, il…

Il n'était pas sûr de pouvoir le supporter, de réussir à accepter de le faire.

Il voulait réellement rester à Storybrooke, pas pour la ville en elle-même, ni même pour ses habitants, mais parce que c'était là que Neal vivait et qu'il voulait construire quelque chose à ses côtés, quelque chose de durable.

Il ne savait pas encore quoi au juste, mais il savait en revanche que si l'avenir leur était favorable, il aurait tout le temps du monde pour le découvrir.

§§§§

Quand il vit Peter Pan se planter devant lui, le pirate regretta plus que jamais de ne pas avoir de l'ombrève à portée de main.

Il ne savait pas s'il aurait réussi à le toucher, ou même si ça aurait été suffisant pour le tuer, mais au moins ça l'aurait fait souffrir, ce qui aurait été assez pour lui remonter le moral.

Et l'idée d'imaginer l'immortel se tordre de douleur à cause de lui, alors que le poison s'infiltrait dans ses veines, envahissant son corps, pas assez pour le tuer mais assez pour qu'il ait mal, était une pensée presque réconfortante.

« Qu'est-ce que tu veux ? Lui demanda-t-il d'une voix glaciale.

Il ne savait pas si depuis le camp on pouvait l'entendre, il s'était éloigné un peu pour tenter de repérer de quel côté ils pourraient entrer dans le camp ennemi pour les attaquer au mieux, mais ça ne voulait pas dire qu'aucun de ses alliés ne savait qu'il était en train de parler avec leur ennemi.

Même si une bonne partie d'entre eux devait être en train de dormir.

Il s'en moquait bien d'ailleurs.

Il n'avait rien à leur cacher.

Peter Pan lui envoya un sourire auquel il ne répondit pas.

Il n'oubliait pas qui se trouvait devant lui, qu'il s'agissait de celui qui avait causé la mort de son frère, qui avait tout fait pour qu'il échoue à le sauver, qui lui avait menti en déformant la vérité, en ne lui révélant pas tout ce qu'il devait savoir.

Même s'il n'avait pas été loyal à Emma et aux autres, jamais il n'aurait accepté de lui faire confiance.

- Je suis venu te proposer un marché.

Killian faillit éclater de rire.

Est-ce qu'il le pensait à ce point-là idiot pour vouloir passer un marché avec lui, après tout ce qu'il s'était passé, tout ce qu'il avait fait ?

Il n'était pas désespéré à ce point.

- Va te faire voir, se contenta-t-il de lui répondre.

Le sourire de chef des garçons perdus ne diminua pas, au contraire il s'agrandit même.

- Je pense que si tu acceptes de m'écouter, il se pourrait que ma proposition t'intéresse.

Le pirate en doutait, sincèrement.

Même si Pan avait eu le pouvoir de lui rendre Liam ou Milah, voire les deux, il n'était pas sûr qu'il aurait accepté de faire ce qu'il lui demandait, peu importe de quoi il s'agissait, pas si ça signifiait lui abandonner Henry.

Il connaissait mal le gamin, mais sa famille l'aimait, ils avaient traversé l'enfer pour le ramener, pour le sauver, Neal faisait tout pour le retrouver et c'était largement suffisant pour lui.

Ça aurait signifié accepter que Peter Pan gagne et ça aussi c'était hors de question.

- Essaie toujours.

- Je peux t'offrir ce que tu veux, ce que tu as toujours voulu. Je peux t'aider à tuer mon fils.

Le souffle de Crochet s'arrêta d'un seul coup, sans prévenir, tant ce que son ennemi venait de lui proposer lui semblait incongru.

Quoi ?

Est-ce qu'il avait bien entendu ?

Cela faisait tellement longtemps qu'il cherchait un moyen de tuer le Ténébreux, de se débarrasser de ce Crocodile qui avait brisé sa vie, qu'il avait fini par perdre tout espoir d'y arriver.

C'était avant tout parce qu'il n'avait pas réussi à trouver un moyen de le faire et d'obtenir sa vengeance qu'il l'avait mise de côté au début, il l'admettait sans problème.

Si, plusieurs semaines plus tôt, alors qu'il se trouvait encore à Storybrooke aux côtés de Cora, on lui avait proposé de lui donner un moyen pour tuer le Ténébreux, il s'en serait saisi sans la moindre hésitation.

Même si la proposition était venue de Peter Pan.

Parce qu'alors son cœur était encore plein de colère, de haine, de rancœur, parce qu'il ne savait rien des plans et des manigances du maître de l'île, parce qu'il n'avait pas la moindre raison valable de faire un autre choix.

Ce n'était plus le cas désormais, et pourtant…

Pourtant tout ce qui avait hurlé vengeance en lui autrefois voulait dire oui, qu'importe les conséquences, ce que ça lui coûterait ou ce qu'il devrait faire.

- Pardon ? Laissa-t-il échapper d'une voix stupéfaite. Ton fils est le Ténébreux. Personne ne peut le tuer, hormis en utilisant sa dague contre lui ou dans un lieu dépourvu de magie. Et je doute que Rumplestiltskin soit assez bête pour laisser qui que ce soit s'emparer de la chose qui pourrait l'anéantir, surtout s'il s'agit de toi ou moi. Et je ne sais pas si tu l'as remarqué, ironisa-t-il, mais actuellement nous nous trouvons au Pays Imaginaire. Il est plus puissant qu'il ne l'a jamais été.

Peter Pan haussa les épaules, comme si ce n'était pas un problème pour lui.

- Je ne le nie pas. Mais le fait est que je suis au moins aussi puissant que Rumple, si ce n'est plus et si je ne peux pour l'instant pas le tuer, si mes plans se déroulent comme prévu, ça ne devrait pas durer. Seulement pour cela, je vais avoir besoin de toi. Si jamais je te promets que je t'aiderai à tuer mon fils, en échange je te demande de trahir Emma Swan et sa famille ainsi que tous ceux qui l'accompagnent. Ça ne me semble pas très cher payé pour que tu ais enfin ce pour quoi tu te bats depuis plus de deux cents ans, tu ne crois pas ? »

En un éclair, Killian revit alors le marin naïf et crédule qu'il était autrefois, qui avait écouté Peter Pan et n'avait pas compris ce qui se cachait derrière ses paroles, qui n'avait réalisé que trop tard ce qu'il cachait.

Et son grand frère était mort à cause de ça.

Peter Pan était un menteur, un manipulateur et tout comme avec la magie il y avait toujours un prix à payer, il en était de même quand on passait un marché avec Peter Pan.

Et surtout, il y avait autre chose, au-delà de ça, parce qu'alors qu'il pensait à sa satisfaction de contempler son ennemi mort, enfin, après toutes ces années de lutte, tous ces sacrifices, il réalisa que ça signifierait surtout perdre Neal pour toujours et que ce n'était pas ce qu'il voulait.

Il pensa à ce temps passé avec lui sur le Jolly Roger, des siècles plus tôt, puis à leur alliance dans la Forêt Enchantée, à tout ce qui avait changé entre eux au Pays Imaginaire, à ce lien entre eux qui commençait tout juste à grandir, qui ne demandait qu'à s'épanouir.

Il ne gâcherait pas ça, il ne gâcherait pas une fois de plus une des rares bonnes choses auxquelles il avait droit depuis que Milah était morte, il ne voulait pas tout gâcher, tout détruire encore une fois.

Il ne voulait pas le perdre alors que les choses s'arrangeaient enfin, il ne voulait pas de sa colère, de ses larmes, de sa tristesse, de sa haine, non, il voulait ses sourires, sa joie, son amitié, il voulait tous ces petits moments volés à l'enfer du Pays Imaginaire, mais dans d'autres circonstances, il voulait autre chose, il voulait plus.

Il ne savait pas précisément ce qu'il voulait, mais il ne voulait pas ça.

Et le simple fait d'y penser lui donna envie de sourire et lui réchauffa le cœur, et il décida de ne pas y réfléchir, pas tout de suite.

Le temps des questions viendrait plus tard, et oh comme il était facile en rétrospective de prendre cette décision.

Il avait vécu dans les ténèbres pendant tellement longtemps qu'il ne voulait plus jamais y retourner, il choisissait la lumière.

Ce fut à son tour de sourire.

« Non.

Le visage de Peter Pan se décomposa.

- Non ? Répéta-t-il, estomaqué. Pourquoi ?

- Parce que je te hais. Parce que tu m'as pris mon frère autrefois alors te prendre ta victoire me semble être un juste retour des choses. Parce que je suis venu ici pour sauver deux enfants innocents que tu as enlevés et peut-être même plus si certains garçons perdus décident de fuir loin de ton île de malheur. Parce que j'ai décidé d'abandonner ma vengeance contre Rumplestiltskin et que ton aide me sera par conséquent parfaitement inutile. »

Un silence assourdissant s'abattit alors.

Killian n'était pas idiot, il se doutait que Peter Pan les espionnait sans doute via son ombre, qu'il était peut-être déjà au courant de son projet, mais soit ce n'était pas le cas, soit, vu l'expression de surprise qui venait de se dessiner sur son visage, jamais le sorcier n'avait cru qu'il était sincère.

Bien.

Maintenant il le savait, et le pirate savait désormais qu'il avait de plus en plus peur s'il en était au stade où il venait lui demander de l'aide.

Quand Peter Pan s'envola loin de lui, Crochet sourit et retourna au camp.

Il ignorait que, non loin de là, Neal avait absolument tout entendu.

A suivre…