Écrit par HateWeasel

407. La pire interruption possible.

Plusieurs jours étaient passés depuis le rendez-vous de Alois avec la Table Ronde et il n'avait pas dormi une seule fois depuis. Il avait été beaucoup trop préoccupé par ses recherches concernant le Phantomhive pour s'adonner à ce type de luxe pour les démons, tel que le fait de manger, de dormir, ou encore de se doucher. Le garçon savait à peine combien de fois le soleil s'était levé et couché alors qu'il gardait les rideaux du petit bureau dans lequel il s'était isolé, fermés.

Les seules occasions où il sortait étaient pour enquêter. Parfois, il appelait un taxi pour se rendre à divers endroits, comme le Manoir Trancy, par exemple. Alois avait fouillé la demeure dans tous ses coins et recoins à la recherche du moindre indice, mais il n'avait trouvé que quelques taches de sang par terre au sous-sol. Ce fut une sinistre découverte qui le secoua énormément, mais il avait réussi à se ressaisir. Il avait confiance en Ciel, et il savait qu'il était en vie. Le seul problème était qu'il ne savait pas où, et comment le ramener.

A ce jour, il en avait conclu que les démons de la Black Annis s'étaient aventurés vers le Nord, ou le Nord-Ouest, soit dans les alentours de Westminster ou Northampton. Ils n'étaient probablement pas allés plus loin, étant donné qu'ils devaient transporter un prisonnier démoniaque qui savait se battre, et ils devaient le garder vivant. Grâce à cette découverte, le garçon avait décidé de l'emplacement le plus logique où ils auraient établi leur base d'opération. Ce ne pouvait pas être petit, au vu de la taille des forces de Krampus et ses chevilles.

Il était assis au bureau du Phantomhive et naviguait sur l'ordinateur à la recherche de possibles solutions. Il avait appelé H.E.L.L.S.I.N.G de nombreuses fois, ces derniers lui faisant savoir qu'il n'y avait pas eu de nouveau avancements, même avec l'hypothèse supplémentaire qu'il avait suggérée. S'adossant contre la chaise du Phantomhive, Alois soupira en fixant l'écran devant lui. Le garçon passa une main dans ses cheveux en tentant de garder cette sorte d'étrange calme nerveux qu'il connaissait depuis environ quatre jours. La zone était tout simplement bien trop grande à explorer. Comment Diable allait-il y arriver ? Mais alors, on frappa à la porte.

- Entre, dit le blond en mettant son bras devant ses yeux.

- Monsieur Trancy ! dit le majordome en ouvrant brusquement la porte tout en fonçant vers le bureau, faisant sursauter le garçon.

- Quoi ?! Qu'est-ce qu'il y a ?! demanda le blond en se levant tout en observant l'homme passer de l'autre côté du bureau pour le pousser par les épaules.

- Je n'ai pas le temps de vous expliquer, répondit Sebastian en poussant le garçon vers la porte. C'est urgent. Vous devez vous empresser de prendre une douche et de mettre les vêtements que j'ai préparé pour vous.

- Mais-!

- Nous n'avons pas le temps ! répéta l'homme en emmenant le garçon dans la chambre principale tout en fermant la porte.

Alois resta inerte un moment tout en clignant des yeux d'un air confus. Qu'est-ce que cela pouvait bien être ?

- Êtes-vous en train de vous préparer ? demanda Sebastian de l'autre côté de la porte.

Sa voix fit sursauter le pauvre garçon.

- Si ce n'est pas le cas, je vais venir vous aider.

Instantanément, les joues du garçon se teintèrent d'un léger rose en entendant cette menace.

- Non ! Ne rentre pas ! dit le garçon en essayant frénétiquement de retirer sa cravate, de déboutonner sa chemise, et de défaire sa ceinture, le tout en même temps.

Il réussit à retirer la cravate malgré sa hâte maladroite, et à ouvrir la moitié des boutons avant son pantalon. Le pied d'Alois se coinça dans l'une des jambes du pantalon et le força à rejoindre le sol. Il arriva d'une manière ou d'une autre à se débarrasser du vêtement incriminé avant de se rendre dans la salle de bain.

- Si vous n'êtes pas dans la douche dans cinq secondes, je viendrai, avertit Sebastian, adossé contre la porte.

Quelques instants plus tard, il entendit l'eau couler et il sourit narquoisement.

- Ah, enfin, voilà une manière de lui faire faire quelque chose.

Peu après, l'eau s'arrêta, indiquant que le garçon était propre. Puis il y eut d'autres cris du côté du blond.

- Où sont mes habits ?

- Sur la commode, répondit l'homme assez haut pour que sa voix porte. Honnêtement, je ne comprendrai jamais comment Monsieur s'en sort avec vous, murmura-t-il en s'éloignant de la porte.

Elle s'ouvrit aussitôt, la menace blonde filant à travers, habillée de manière un peu plus décontractée avec les cheveux mouillés. Le garçon s'arrêta subitement pour regarder l'homme.

- Que se passe-t-il ?! demanda-t-il, ne recevant pas de réponse.

A la place, Sebastian se mit à arranger la tenue du garçon et à inspecter son apparence.

- Regardez par ici, dit-il en tournant la tête du garçon pour regarder derrière son oreille. Maintenant par là, ajouta-t-il, répétant le même geste. Maintenant souriez.

Lorsque le garçon s'exécuta, le majordome secoua la tête et mit une main sur l'épaule du garçon avant de le faire tournoyer et de le pousser à nouveau dans la pièce.

- Brossez-vous les dents, ordonna Sebastian. Et séchez vos cheveux.

- Mais tu ne m'as pas dit ce qu-

- Faites-le, interrompit le démon plus âgé d'un ton ferme, pointant en direction de la salle de bain.

- D'accord ! répondit Alois avec exaspération.

Il se retourna et partit en fulminant comme l'on s'en attendrait de la part d'un adolescent en crise. Une fois que ces deux tâches furent terminées, il revint rapidement auprès du majordome.

- Et maintenant ?

- Souriez à nouveau, ordonna l'homme, contant du résultat cette fois.

Il mit sa paume sur la tête du garçon.

- Maintenant tournez-vous, dit-il, forçant le garçon à le faire d'un coup de poignet.

Ainsi, il sortit un petit peigne de sa poche et se mit au travail pour démêler la chevelure du garçon. Il était évident que le garçon ne se souciait pas de son hygiène personnelle, mais il n'avait simplement pas la tête à ça. Il se sentait un peu mieux après avoir fait disparaître un peu de ses propres problèmes, mais ça ne résolvait pas tout. Par exemple, le problème qu'il avait actuellement était qu'un certain majordome lui donnait des ordres et ne lui disait pas ce qui était si urgent pour passer au-dessus de ses recherches. Son esprit commençait à errer pendant le travail du majordome, et il dût être physiquement bougé par ce dernier pour qu'il puisse atteindre certaines parties de sa tête. Le garçon commençait à se demander si courir serait une solution pour s'enfuir.

- Terminé, dit enfin Sebastian en remettant le peigne dans sa poche.

Il se mit ensuite à marcher vers la porte que le blond fixait.

- Nous ne pouvons pas nous attarder. Nous devons partir bientôt.

- Où allons-nous ? demanda le garçon en suivant l'homme le long du couloir.

Il était de plus en plus frustré avec le silence de Sebastian, mais il n'arrivait pas à trouver une bonne manière de le faire parler. Il n'avait pas la persuasion de son bien-aimé, semblerait-il.

Une fois en bas et dans le garage, le garçon leva les yeux et vit Luka et Revy assis à l'arrière de la voiture, souriant tout en le saluant. A cet instant, il n'y fit pas vraiment attention. Alois se dit simplement qu'ils venaient parce que Sebastian devait conduire. Alors, il monta à l'avant et mit sa ceinture, toujours confus quant à leur destination. Sa confusion ne fit que grandir lorsqu'ils empruntèrent une route inconnue et arrivèrent à un bâtiment qu'il n'avait jamais vu auparavant.

Une fois que la voiture fut garée, l'homme au volant défit sa ceinture et sortit du véhicule. Il fit alors le tour jusqu'à la place passager et ouvrit la portière, faisant comprendre à Alois qu'il devrait également sortir. Levant un sourcil, le garçon accepta sa requête silencieuse et rejoignit Sebastian à l'extérieur. L'homme recula ensuite, faisant signe à Luka de lui donner ce qui se trouvait à l'arrière. Il y avait un sac à dos et une chemise qui se retrouvèrent aussitôt entre les mains d'Alois. Alois regarda les deux objets puis l'homme qui referma la porte avant de lui sourire. Alors, le garçon comprit tout.

- Eh, une minute ! cria-t-il, mais Sebastian avait déjà bondi par-dessus la voiture pour rejoindre sa place de conducteur.

Alois essaya d'ouvrir la porte, mais l'homme l'avait déjà verrouillée, ouvrant la fenêtre.

- Je reviendrai vous chercher à quinze heure trente, monsieur, dit-il.

- Sebastian ! Sale fouine ! Ouvre la porte tout de suite ! cria le blond et tirant sur la poignée.

- Passez une bonne journée ! répondit Sebastian en refermant entièrement la fenêtre avant de partir, forçant Alois à lâcher la voiture.

Alois se retrouva donc tout seul devant King's College à Londres, sans pouvoir rentrer chez lui. Dans sa main gauche se trouvait un sac avec des notes et autres fournitures, et dans sa main droite une chemise avec son emploi du temps. Et à l'intérieur de lui, de la furie.

Alois n'avait pas le temps pour l'université. Il se fichait de tout, retrouver Ciel était tout ce qui comptait. Peut-être que Sir Integra avait raison. Peut-être qu'il devenait une sorte de "Capitaine Achab", mais il préférait être un Capitaine Achab avec Ciel qu'être en études supérieures sans Ciel. Pour Alois, perdre un peu la tête pour chercher le garçon ne semblait pas être un problème. Ciel faisait ce genre de choses tout le temps. Ce qu'il ignorait, cependant, était que pour H.E.L.L.S.I.N.G ; La Table Ronde, et la maison Phantomhive, Alois était la chose qui empêchait Ciel d'être obnubilé par ses affaires, et qu'ils n'avaient clairement pas besoin de deux enquêteurs ridiculement "dévoués". Voilà en partie pourquoi ils avaient laissé le blond être là, au départ. Mais de toute évidence, il s'avérait être un très bon "démon de secours".

Enfin, s'il n'était pas en train de faire une crise en ce moment. S'il y avait eu quelque chose à pulvériser dans les parages, ç'aurait probablement été retrouvé entre les mains du garçon, ou contre ses poings. Il n'aimait pas qu'on lui joue des tours, et il n'aimait pas qu'on lui retire ce qu'il voulait. Il n'aimait pas qu'on lui prenne ce qu'il considérait comme important, et qui plus est, pour quelque chose qu'il voyait comme moins important, si ce n'est absolument pas. Il savait qu'il voulait aller à l'université, mais c'était justement pour être en compétition avec le bleuté. Si Ciel n'était plus là, alors à quoi bon ?

Quoi qu'il en soit, il était coincé devant l'entrée sans moyen de rentrer chez lui. Il devrait appeler un taxi, mais même ainsi, il était sûr que Sebastian avait un plan pour le ramener ici pour qu'il assiste au cours qui lui resterait. Soufflant, il mit son sac par-dessus son épaule et ouvrit la chemise pour en voir le contenu.

L'emploi du temps qui s'y trouvait fit immédiatement grimacer le garçon. Mathématiques. En premier. Un lundi. Ça commençait mal. Alois ricana et sortit le plan de la chemise pour se mettre en route. Sa mission devrait attendre jusqu'à ce qu'il soit rentré.