La Gazette du sorcier, 26 décembre 1996
Drame à Poudlard : Un élève de Durmstrang éliminé après un acte impardonnable
Hier, un incident tragique s'est produit le jour de Noël à Poudlard, où un élève mineur de l'école de Durmstrang a été éliminé après avoir commis l'irréparable envers une licorne vivant dans la forêt interdite. Les licornes, espèces sacrées et protégées, sont extrêmement rares, avec seulement environ 550 individus restants dans le monde magique.
Le directeur de Durmstrang, Igor Karkaroff, n'a pas souhaité s'exprimer sur cet incident déplorable. Des rumeurs circulent déjà, certaines insinuant que le jeune sorcier avait agi sous les ordres d'un mage noir bien connu. Toutefois, une enquête approfondie a révélé que Poliakoff Maurkas, l'élève en question, était un adolescent psychologiquement instable, ayant été mordu par le criminel notoire Fenrir Greyback lorsqu'il était enfant.
Deux élèves de Durmstrang, ayant surpris Maurkas en pleine action, ont heureusement eu le réflexe de prévenir les Aurors, qui ont pu intervenir à temps. Les témoins, traumatisés mais sains et saufs, ont été secourus grâce à la vigilance des forces de l'ordre magiques.
En dépit des rumeurs persistantes, le retour de Vous-Savez-Qui reste une spéculation infondée. Le Ministère de la Magie assure qu'aucune preuve ne corrobore ces allégations, et invite la communauté magique à faire preuve de discernement face aux informations non vérifiées.
La Gazette du Sorcier continuera à vous tenir informés des développements de cette affaire tragique. En attendant, restons vigilants et unis face aux dangers qui menacent notre monde magique.
Assise en bas d'un lit superposé, Chouta referma le journal avec un soupir et le lança à travers la pièce, où il atterrit dans la poubelle avec un bruit sourd. Tous les élèves de Durmstrang étaient réunis dans la cabine de Poliakoff et Viktor, silencieux après avoir écouté la lecture de l'article.
L'histoire avait deux versions bien distinctes, mais tous ceux qui séjournaient à Poudlard connaissaient la vérité. Albus Dumbledore, fidèle à sa réputation, n'avait pas hésité à contredire les journalistes, affirmant clairement ce qui s'était réellement passé.
Ce qui était le plus triste dans toute cette affaire, c'était les parents du défunt. Ils n'avaient pas souhaité récupérer le corps de leur fils pour l'enterrer dignement. Arrivés à Poudlard au petit matin, ils avaient passé de longues minutes à regarder le lac de la Forêt Interdite, leurs visages marqués par une douleur silencieuse. Ils ne semblaient pas être des personnes méchantes, au contraire, ils avaient une douceur tragique, mais ils avaient toujours eu peur de leur propre fils. D'après eux, Poliakoff n'avait plus jamais le même depuis sa morsure.
Nous étions l'après-midi. Chouta, encore sous le choc, murmura :
- Nous devons être plus vigilants, nous devons nous protéger les uns les autres. Voldemort ne doit surtout pas pouvoir se servir de nos talents.
Elle portait la mystérieuse cape et la bague qu'elle avait reçue à Noël. Vu les derniers événements, elle se promit de ne jamais s'en séparer.
Viktor hocha la tête, le visage sombre.
Hier soir, malgré le mépris constant qu'il avait exprimé à l'égard de Poliakoff pendant toutes ces années, le professeur Karkaroff fut bouleversé au point de tomber inconscient, il s'était effondré et s'était pulvérisé l'épaule dans sa chute. Ce matin, Chouta se renda à l'infirmerie pour lui rendre visite.
Allongé dans son lit, exhalant une forte odeur de vin, le directeur de Durmstrang fit signe à l'adolescente d'approcher. Elle s'assit prudemment sur le bord de son lit...
- Je suis le prochain sur la liste, murmura-t-il avec des yeux injectés de sang. Ma mort entraînera la fermeture définitive de Durmstrang. J'ai indiqué dans mon testament que personne d'autre que moi ne peut diriger une école telle que celle-ci. Elle sera transformée en hôpital, Chouta. Tu dois en être consciente...
Un frisson glacé courut le long de son dos. Sérieusement, un hôpital?
Karkaroff, l'esprit embrouillé par l'alcool, l'avait ensuite préparée à une éventualité : celle de devoir retourner vivre dans un orphelinat jusqu'à sa majorité. Karkaroff était son seul et unique tuteur légal, alors s'il venait à disparaître, elle n'aurait à l'évidence pas d'autres choix.
- ...Tu es une fille très brillante, talentueuse...Mais tu n'as pas les ressources pour subvenir à tes propres besoins, dit-il à voix basse, articulant avec tellement de difficultés qu'elle eut difficile de le comprendre. Je ne veux pas que tu retrouves seule.
- Vous vous trompez, Monsieur, j'ai de l'argent et vous le savez...
- Je ne parlais pas de besoins matériels, je parlais plutôt des choses de la vie, et c'est en partie de ma faute. Regarde comment les élèves de Poudlard rient, vivent. Toutes ces années, je t'ai isolée du monde réel, de l'amitié, de l'amusement... Je ne t'ai permis aucune erreur et j'ai attendu le meilleur de toi. Je te trouve tellement plus épanouie depuis que tu es à Poudlard. Il y a beaucoup de choses essentielles que je ne t'ai pas apprises. J'ai, à tort, préféré que tu consacres ton temps à la magie alors que tu avais peut-être simplement besoin d'aller te promener dans la nature, ou de te mettre à la peinture... Je ne t'ai pas laissé la possibilité de devenir unique, ni de t'intéresser aux autres sorciers tellement que tu étudiais. Et dire qu'après j'osais me plaindre du fait que tu ne m'est jamais présenté de copain. Je suis désolé, ma petite, de t'avoir toujours surveillée de si près, d'avoir tellement fait de choses pour que tu deviennes une copie de moi sans te laisser le possibilité d'exprimer ta vraie personnalité.
- J'ai toute ma vie pour apprendre, mais grâce à vous, j'ai déjà l'essentiel, murmura Chouta, inquiète car elle sentait qu'il allait encore lui annoncer une mauvaise nouvelle. Vous croyez vraiment que je vais apprendre toutes ces choses à l'orphelinat ?
- Sais-tu cuisiner? Lui demanda-t-il brusquement, passant de la chouette à la libellule.
- Non, professeur.
- Sais-tu repasser tes robes de sorcières?
- Pour quoi faire? Il suffit de demander aux elfes.
- Connais-tu une recette pour faire ta lessive toi-même?
- Je le regrette, monsieur, mais la réponse est toujours non, reconnu Chouta, interrogative.
- Si je te demandais d'aller t'acheter à manger dans le monde des moldus car c'est la guerre chez nous et que les supérettes sont vides. Où irais-tu? Comment ferais-tu pour ne pas te faire répérer?
- Je ne sais déjà pas comment et où trouver leur monde...
- Si tu ne sais pas faire cela, c'est que tu n'es pas prête à vivre seule, déclara le professeur Karkaroff sans la moindre méchanceté. Nous sommes en temps de guerres, les jeunes ne peuvent prendre leurs envol de façon hasardeuse...
- Voyons, professeur, dit Chouta, incrédule. Tout ceci sont ne sont que les tâches des domestiques et...
Il lui fit un signe lent de la main pour lui demander de se taire, et Chouta s'exécuta immédiatement. Le professeur Karkaroff resta un instant silencieux, ne sachant visiblement pas par quoi commencer.
Après un moment qui sembla une éternité, il soupira profondément et dit :
- ...Une décision réfléchie à été prise, pas mûrement, mais en âme et conscience. Tu auras le choix entre celle-ci ou l'orphelinat, mais vu comme ce genre d'institution grouille de moldu, je suis déjà à peut près certain de laquelle tu vas choisir.
- Rien ne peut de toute façon être pire que l'orphelinat, trancha Chouta.
Igor Karkaroff fouilla dans ses poches et en sortit un document propre et récent, cacheté du sceau officiel du Ministère de la Magie. Venant de lui, connaissant son amour pour les vieilleries, ce n'était en effet absolument pas un bon signe. Il ne faisait jamais appel au Ministère pour les démarches administratives ou autres formalités. Habituellement, il dénichait des anciens documents de lois datant de l'époque de Grindelwald et les prenait comme une sorte de bible.
Il lui tendit le document en question, et en le lisant, Chouta comprit vite quelle était la nature du second choix qu'il lui proposait. En fait, elle s'était trompée. Il existait bien pire que l'orphelinat : il existait aussi l'option "aller vivre chez Rogue".
Département des Enregistrements Familiaux
Attestation de Reconnaissance de Paternité
Severus Rogue, fils de Tobias Rogue et d'Ellein Prince, s'est présenté au Ministère de la Magie ce jour, 25 décembre 1996, à vingt-trois heures, pour reconnaître officiellement sa paternité auprès de Chouta Byrne.
L'enfant porte dorénavant le nom de sa mère et de sa grand-mère paternelle : Byrne-Prince
Actuellement sous la tutelle d'Igor Karkaroff, il est stipulé qu'en cas de décès de ce dernier, la garde exclusive de l'enfant reviendra de plein droit à son père biologique, Severus Rogue. Les deux parties sont pour cet accord.
Fait à Londres, ce 25 décembre 1996 et approuvé par le conseil
- Vous plaisantez, j'espère, murmura-t-elle, les yeux écarquillés.
Karkaroff lui lança un regard lourd de sens et secoua lentement la tête.
- Non, Chouta, je suis très sérieux. Mais console-toi, au moins tu échapperas aux douches froides et à la cantine de Durmstrang.
- Ce n'est pas marrant, professeur, dit-elle d'une voix glaciale. Je ne comprends même pas pourquoi l'idée de me déclarer lui a soudainement pris alors que je suis à un an et demi de ma majorité. Il a pris le train avec un bon retard, celui-là.
Igor Karkaroff resta très calme malgré tout.
- Il se pourrait qu'hier, en apprenant l'épreuve que tu as subie avec Poliakoff, quelque chose se soit déclenché en lui. Quand il est venu me voir à l'infirmerie nous avons longuement parlé de ton avenir, je ne l'avais jamais vu aussi agité...
- Fantastique. Vraiment fantastique, pesta l'élève en faisant deux applaudissements ironique. Donc il suffit de risquer ma vie pour que Rogue montre un semblant d'humanité. C'est pourtant logique, pourquoi personne ne me l'a dit plus tôt?
- Je m'étais trompé, Rogue n'est finalement pas aussi antipathique qu'il le laisse paraître...Tu devras lui faire confiance...
Ces paroles rendirent l'adolescente plus que dubitative, elle fit la moue. Rogue n'en avait que faire, il devait sûrement y avoir un intérêt derrière, restait à savoir lequel.
Sous le regard patient de son aîné, dans le calme de cette infirmerie, Chouta relisa encore le document du ministère. Tout cela n'était que foutaises, finit-elle par se dire. Néanmoins, elle fut reconnaissante qu'il ne lui ait pas transmis son nom moldu.
- Je...Je ne veux pas, Professeur. Hors de question que je vive avec lui, qu'importe la dimension et l'univers dans lequel je pourrais vivre. Encore hier j'avais juste envie de cracher sur ses chaussures,
admit Chouta. C'est un meurtrier, il m'a dit avoir tué son père sans plus de remords que ça. Je l'imagine déjà bien creuser ma tombe dans son jardin, tiens.
- Nous avons prit cette décision ensemble, d'hommes à hommes, dit-il lentement à voix basse, les yeux à moitié fermés. Nous avons jugé que c'était la meilleure solution pour ton bien. Tu es son sang, il peut bien dire ce qu'il veut, moi je sais que tu n'es pas n'importe quelle fille à ses yeux. Que tu choisisses l'orphelinat ou sa maison, tu seras quand même sous sa responsabilité.
- Rogue veut ma mort, au sens littéral du terme, affirma Chouta en le couvrant davantage de son drap blanc.
Karkaroff ricana avec ses dents jaunes :
- Et toi, tu n'as jamais voulu la sienne, jeune fille?
Elle voulut enfin lui raconter ce qui s'était passé lors de sa dernière retenue avec lui, mais se retint pour ne pas le tracasser davantage. Son directeur n'avait pas besoin de cette information... Pas pour le moment, pas tant qu'il ne serait pas rétabli de ses émotions.
Il s'endormit quelques minutes plus tard, après plusieurs semaines de sommeil abstrait, voire absent. Son directeur était maigre, pâle...Rien d'un bon vivant, rongé par l'anxiété comme une pomme rongée par des asticots.
Chouta alla remplir une cruche d'eau et la deposa sur la table de nuit avant de s'éclipser, et alors qu'elle quittait l'infirmerie, elle vit que Pansy, les yeux larmoyant, l'attendait depuis tantôt derrière la porte
