Pansy Parkinson s'avança lentement vers Chouta avec un regard impuissant, presque tragique. Elle prit délicatement sa main dans la sienne et lui présenta ses condoléances pour le décès de Poliakoff d'une voix mouillée de larmes.
Infiniment désolée qu'elles se soient quittées en mauvais termes hier soir,
elle l'enlaça avec une telle force que Chouta sentit sa respiration se couper. Mais, malgré la douleur de cette étreinte, un profond soulagement l'envahit : la querelle avec Pansy était déjà ( mais enfin ) terminée. Ses absences passées n'avaient plus besoin d'être inutilement justifié, comme si elle avait compris qu'il y avait désormais des choses bien plus graves auxquelles penser.
Une journée sans Pansy était comparable à une journée sans boire ni manger. Aussi risqué que cela puisse paraître, cette fille était devenue pour elle une nécessité vitale, l'un de ses rares plaisirs en ce monde, comme une sorte de carré de chocolat. La teinte chaude de sa peau, la texture de ses cheveux crépus, et la profondeur de ses yeux bruns dégageaient la chaleur des feuilles séchées de l'automne...
Relâchant leur étreinte, Chouta voulut immédiatement la convaincre de sa propre version de la vérité sans perdre de temps :
- C'est Voldemort. Je- je sais que tu ne vas pas me croire, mais Poliakoff était sous ses ordres. Tu ne dois pas croire la Gazette ! Laisse-moi juste une minute pour tout t'expliquer... !
- Tu pensais vraiment qu'on ne le savait pas, Drago et moi? l'interrompit Pansy en détournant le regard.
Pansy prit une voix discrète tout en regardent s'il n'y avait personne dans les parages :
- Tu sais pourtant bien que nos parents étaient des Mangemorts, nous avons été les premiers à voir la terreur dans leurs yeux. Lucius est terrifié. Hier, il a écrit à Drago en lui disant que le compte à rebours était lancé et que son tatouage était redevenu aussi sombre qu'avant la chute de Voldemort. Narcissa est venue chercher Drago ce matin pour le ramener au manoir, elle avait bien trop peur de le laisser à Poudlard...Elle est arrivée avec un bouquet de roses blanches et les a jetées dans le lac où repose Poliakoff. Tu l'aurais vue...son regard était vide. Elle m'a dit qu'à ce stade, fuir c'est signé son arrêt de mort.
Le seigneur des ténèbres retrouves toujours les traitres, et ce n'est pas une armoire à disparaître qui nous sauvera.
Chouta s'éloigna de la porte de l'infirmerie pour ne pas que le professeur Karkaroff puisse les entendre...
- Mon directeur est aussi en très mauvaise posture, dit Chouta à voix basse. C'est lui qui à l'époque avait dénoncé le fils de Monsieur Croupton.
Il ne veut ni se rallier ni essayer de convaincre Voldemort de l'épargner. Donc il avance vers une mort certaine... Vos parents doivent à tout prix se ranger du côté obscure pour le trahir au bon moment.
- Narcissa y compte bien, annonça Pansy d'une voix plus assurée. C'est une véritable maman tigre. Pendant la première guerre, elle a sauvé des enfants moldus. Ses elfes de maison étaient envoyés dans toutes les prisons construites par les Mangemorts pour les faire évacuer. Personne n'a jamais su que c'était son œuvre.
À chaque fois que Chouta apprenait quelque chose de nouveau sur Narcissa, elle était toujours plus surprise.
Apparemment, cette femme avait un côté très juste tout en manipulant ceux qui devaient l'être, et c'est pourquoi Chouta était curieuse de la rencontrer lors de la soirée du Nouvel An au manoir des Malefoy.
La nuit fut si courte que les filles prirent tout doucement le chemin du dortoir des Serpentard, espérant grappiller quelques heures de sommeil. Chouta était toujours avec sa robe de soirée, Pansy en pyjama...
Déambuler dans Poudlard sans être rythmé par la sonnerie des cours ou les embouteillages d'élèves à chaque détour de couloir était une expérience plutôt agréable. Les élèves que premières années - toutes maisons confondues- les agaçait au plus au point avec leurs balles puantes.
Passant pas loin des toilettes des filles, elle se promit intérieurement d'aller voir Mimi Geignarde ce soir, Chouta pensa que pour un fantôme, le solitude des vacances scolaires devait être immense dans son âme. Son caractère quelque peut lunatique ne lui avait attirer aucun amis fantômes, il n'y avait que la Baron Sanglant qui venait parfois lui rendre visite.
Elles croisèrent Hagrid dans les escaliers ; Celui-ci avait fait de gros efforts par rapport à son apparence habituelle, il ressemblait moins à un ours sortant de sa grotte après une longue hibernation. En effet, ses cheveux épais étaient peignés et il portait une cravate. Certes, celle-ci était d'un jaune vif comme celles que l'on trouve souvent dans les déguisements de clowns, mais c'était déjà un progrès notable. Comme disent les Moldus, c'est l'intention qui compte...
Le demi-géant lui fit une tape amicale sur l'épaule et lui adressa un sourire reconnaissant en les dépassant. Sans se concerter, Chouta et Pansy échangèrent un regard amusée lorsqu'elle sentirent une odeur de parfum de vieille femme se dégager de lui.
- Par Salazar, tu as vraiment le don de te lier d'amitié avec les personnages les plus singuliers du château, pouffa Pansy, attendant que Hagrid soit à une distance respectable pour faire sa remarque. Et au fait, tu n'avais pas une dent contre lui au départ ?
- J'ai joué les entremetteuses entre lui et la directrice de Beauxbâtons, expliqua Chouta, un brin fière d'elle.
- Ils ne se sont pas quittés de la soirée, tu as plutôt bien joué ton coup...
Elles rassemblérent deux lits à baldaquin simples d'une personne pour en faire un lit pour deux personnes qu'elles liérent par la magie. Le rendu était plutôt pas mal, drapé de vert de tous les côtés avec ces coussins et ses couvertures ô combien confortable. Chacune couchée de son côté, regardant le plafond, elles s'échangérent encore plusieurs choses par rapport au retour de Voldemort et du choix que les anciens Mangemorts vont devoir faire...
-...Le professeur Rogue aussi est un ancien mangemort, rapella Pansy dans une conversation.
- Ancien? N'en soit pas si certaine.
Je ne sais vraiment pas de quel côté il est celui-là...Seul le temps nous le dira...
- Tu rigoles là, j'espère? Il est complètement du côté de Dumbledore, affirma-t-elle comme si c'était une aberration. Le professeur Rogue protège Potter depuis sa première année à sa demande. Je trouve ça grotesque d'avoir demandé ça à lui, et pourtant il le fait sans sourciller...
Chouta y réfléchis quelques instants. Ce que Pansy venait de dire était cohérent par rapport à la lettre que Rogue avait écrit au professeur Karkaroff. Elle avait tant de mal à l'imaginer du bon côté, cela était pourtant bien le cas de toute évidence.
Son cœur était en train de ralentir, elle s'endormait enfin, mais ce n'était pas le cas de Pansy :
-...Je me demande comment est sa cicatrice, continua-t-elle, toujours en parlant de Rogue. Je sais qu'il en sent souvent la douleur en tout cas...Les parents de Drago disent que ce qu'il sent est en partie psychologique...
L'élève de Durmstrang se concentrait pour suivre les paroles de Pansy bien que ses paupières devenaient aussi lourdes que les cours de divinations...
- Son tatouage est très bien visible, répondit Chouta en balliant.
Pansy leva les sourcils et prit soudainement un air méfiant :
- Attends, je rêve? Comment se fait-il qu'il t'ait montré sa marque des ténèbres?
- Il était torse nu et je ne voyais que ça, répondit Chouta comme si c'était tout à fait normal.
- Quoi?!
Cette fois-ci, Pansy était accablée. Elle
venait brusquement de se redresser, la fixant avec un regard glacial, ses joues étaient aussi rouge que des piments.
- Comment se fait-il que tu aies vu le professeur Rogue sans ses quatre couches de vêtements? Demanda-t-elle en lui secouant le bras. Même une couche de vêtement serait déjà suspect, mais alors aucune...Est-ce qu'il s'est passé quelque chose que je ne devrais normalement pas savoir?
- Pansy, laisse tomber, rallonge-toi et pense à notre dette de sommeil. Ce n'est pas ce que tu crois, murmura Chouta, les yeux fermés.
Mais Pansy ne lâcha rien, menaçant d'aller dormir ailleurs et de la laisser seule ici. Chouta comprenait son insistance, c'est pourquoi elle finit par céder en se maudissent une nouvelle fois de lui avoir dit quelque chose sans réfléchir.
Elle rouvrit plus que péniblement les yeux, se redressa à son tour et piocha dans son sac à main qu'elle avait déposée au pied du lit. Elle en sortit le document de reconnaissance de paternité qu'elle avait reçu du professeur Karkaroff.
- Qu'est-ce que c'est, ce truc? Une déclaration de mariage entre toi et le professeur Rogue, j'imagine? Demanda Pansy en lui arrachant le document sèchement des mains.
Le calme qui s'en suivit fut confus.
Pansy semblait aussi choquée que Chouta l'avait été en découvrant la vérité. Cette dernière garda longtemps son nez presque collé à ce parchemin plié en deux.
Chouta se rapprocha d'elle et appuya sa tête contre son épaule...
- La première fois que j'ai vu Rogue, c'était à travers une boule de cristal, expliqua-t-elle. Je l'avais trouvé horrible, il me faisait presque peur. C'était quelques mois avant mon arrivée à Poudlard. Quand je l'ai rencontré en personne, ce sorcier m'a immédiatement mise mal à l'aise. J'avais compris que quelque chose clochait, et pas plus tard qu'hier matin, je n'avais toujours pas mis le doigt sur ce qui était étrange entre nous. Tu te souviens de la fois où je t'ai dit qu'il était très satisfait de mon comportement en retenue et qu'il y mettait fin? Je t'ai mentit, tout ceci s'est arrêté car il y a eu un incident pendant ma dernière retenue. Nous étions dans la forêt interdite, lui et moi, et ce soir là les choses ont dérapées. Nous nous sommes lancé des sortilèges tellement puissants que j'ai bien fallit perdre la vie. En fait, j'ai perdu la vie, pendant quelques secondes...Mon âme est sortie de ma bouche et je l'ai vue revenir quand Rogue m'a lancé des sortilèges de réanimation.
C'est alors qu'elle lui raconta en détails toute ses mésaventures avec Rogue...
