Narcissa monta les escaliers en marbre, glissant légèrement la main sur la rampe. À ses côtés, Chouta la suivait, toujours surprise par le prestige de ce Manoir.

- Ta maman et moi, nous étions très proches autrefois, murmura Narcissa d'une voix douce. Les Lestrange et les Byrne étaient intimement liés, nos familles partageaient bien des secrets et des moments...

Chouta tourna la tête vers elle, ses yeux brillant d'intérêt.

- Alors... Elle est déjà venue ici, quelques fois?

- Quelques fois? répéta-t-elle, presque amusée. Ma chère, il fut un temps où elle passait chaque week-end ici. Nous avons partagé tant de souvenirs, avant que la vie ne nous éloigne... Nos familles ont traversé bien des épreuves, et si j'avais su pour toi, si j'avais su que tu étais sa fille...( Elle marqua une pause, un soupir imperceptible brisant son ton habituellement maîtrisé.) Si j'avais su qu'Aubaine était financièrement dans l'embarras, j'aurais sans hésiter débloquer uns de mes coffre-forts pour elle.

Elle resta silencieuse, la douleur de la perte de sa mère pesant sur son cœur. Narcissa, sentant ce malaise, poursuivit avec délicatesse :

- Severus est très fier d'avoir une fille aussi forte que toi. Ça lui est sorti tout seul lorsqu'il t'a vue arriver.

Ses sourcils froncèrent légèrement.

- Madame Malefoy, il ne m'a même pas dit bonjour, fit-elle remarquer soit dit en passant.

- Ton père à sa propre manière de cherire, dit-elle vaguement. Il est très dur envers les autres, et encore plus envers lui-même. Mais un cœur bat en lui, j'en sais quelque chose...

Un instant, Chouta se demanda si Narcissa n'entretenait pas une liaison complètement décomplexée avec Rogue, mais elle refoula rapidement cette pensée. En raison, elle nota qu'elle n'avait pas outre mesure besoin d'en connaître la réponse. Quoiqu'elle était

opposée à la tromperie, il lui semblait ô combien compréhensible de chercher du réconfort ailleurs, surtout avec Lucius pour époux. Ce soir elle le trouvait faux, même fourbe. Leur union, comme celle de Pansy, avait été arrangée et scellée dès leur enfance.

Elles atteignirent un long couloir, les murs ornés de tapisseries anciennes. À la fin de celui-ci, derrière un rideau vert, un petit salon privé apparut, éclairé par des chandeliers. Le salon, bien que petit, était richement décoré : des fauteuils en velours émeraude, une table basse en bois sur laquelle était disposé un service à thé japonais. Une moquette épaisse donnait un tant soit peut de chaleur à ce lieu.

À leur arrivée, Drago était en train de regarder un album-photo de famille, tandis que Pansy feuilletait distraitement un livre sur les druides,

une moue concentrée sur le visage. Crabbe et Goyle, assis sur les fauteuils, semblaient plongés dans une discussion à voix basse, probablement sur un sujet aussi profond que leur compréhension le permettait. À l'écoute, aucun des deux ne parlait vraiment de la même chose.

Narcissa posa un regard bienveillant sur le groupe avant d'annoncer l'arrivée de Chouta, tous venirent lui serrer la main et lui demandèrent si elle avait fait un bon voyage.

Drago leva ensuite les yeux vers sa mère.

- Mère, quand pourrons-nous descendre? Demanda-t-il, une pointe d'impatience dans la voix.

Narcissa lui lança un regard sévère, mais ses paroles restèrent mesurées. Elle ne voulait pas faire des vagues devant les invités.

- La réunion n'a même pas encore commencé, Drago. Vous resterez ici, ce n'est pas une affaire qui concerne des enfants.

- Mais, Mère, je suis plus qu'assez grand pour comprendre ce qui se passe! insista-t-il avec arrogance.

- Il n'y a pas de " Mais ", dit Narcissa. Il y a des choses que tu devras attendre pour comprendre. A toute à l'heure, et je ne veux pas d'écart de conduite d'ici là.

Une fois Narcissa partie, Chouta, toujours intriguée, se tourna vers Drago.

- De quelle réunion s'agit-il? Demanda-t-elle en s'envellopant dans sa cape, celle qu'elle avait reçue pour Noël.

- Disons simplement que... certaines affaires requièrent une attention particulière ces temps-ci, dit Drago d'une voix enroué.

- Ils ne savent pas ce que le Seigneur des Ténèbres va faire de nous quand il sera de retour, intervint Pansy pour donner une explication plus claire. Nos familles ont tellement aidé le Ministère de la Magie lors de sa chute il y a quatorze ans...

- En même temps, qui aurait cru qu'il avait survécu après que Potter l'ait mis six pieds sous terre? Murmura Chouta.

- Nos parents le savaient, mais ils ont bien manqué de nous le dire pendant toutes ces années, dit durement Pansy.

Pensif, drago alla se coucher sur un divan,

- Saint-Potter...Cracha-t-il. Ma parole, il fera moins le malin quand le maître reviendra...Dire qu'il pense vraiment pouvoir affronter en duel le Seigneur des Ténèbres...C'est tellement pathétique que c'en est presque amusant.

- Ce n'est pas marrant, Drago, soupira Pansy sous le regard approbateur de Chouta. Je n'aime pas Potter mais nous savons tous qu'il y a de grandes chances qu'il ne survive pas...Ton père nous en a déjà parlé, souviens-toi.

- Tant mieux, il vole ma gloire dans tous les domaines depuis la première année, lâcha-t-il rageusement. Combien de fois Dumbledore à rajouté des points aux Gryffondor à la dernière minutes au détriment des Serpentards qui étaient bien loin devant eux? A quoi bon fournir des efforts toute l'année, si au final nous savons tous que c'est la maison de Potter qui va gagner? Tu n'y vois pas une aberration? Lui et ses stupides amis sang-de-bourbe... Qu'il crève, au moins il rejoindra ses parents.

Crabbe et Goyle, en arrière plan, approuvaient les idées de celui aux cheveux blancs. Chouta était déboussolée par cet élan de haine, même si elle savait qu'il répétait les paroles de son père...

Cette fois-ci, offusquées, les deux filles s'exclamérent plus ou moins en même temps.

- Merlin, arrête ça! Se fâcha Pansy. C'est n'est qu'un ado' de notre âge, comment peux-tu lui souhaiter ça?

- Fermez-là! Vous n'êtes que des fils à Papa et Maman! Cria Chouta en espérant refaire leurs éducation. Vous êtes à des milliers d'années lumières de savoir ce que ça fait de vivre sans parents!

L'atmosphère dans la pièce se crispa soudainement. Drago se redressa lentement de son divan, jetant des regards noirs à Chouta et à Pansy, qui se tenaient face à lui. Crabbe et Goyle, pour une fois, restaient silencieux, conscients que la moindre parole aurait pu leur valoir un maléfice de Chouta, qui n'attendait que ça.

Il se tut, arrêtant de faire l'enfant imbus de lui-même.

La haine l'aveuglait. Pour lui, Harry Potter représentait la fin du pouvoir de sa famille. Depuis la chute de Voldemort, sa tante croupissait à Azkaban, et le nom des Malefoy avait été terni par une réputation indélébile. Malgré tous leurs efforts, ils n'avaient jamais réussi à laver leur linge sale.

- Drago, au faite, tu n'avais pas quelque chose à dire à Chouta? Demanda doucement Pansy pour rétablir un semblant d'amitié.

- Ouais, dit-il, l'air visiblement mal à l'aise. Pour...Pour ce que je t'ai dit au Bal de Noël. Tu sais...la dernière fois qu'on s'est vu. Je n'avais pas toutes les informations. Je ne savais pas, pour ta mère.

Il marqua une pause, comme s'il luttait contre son propre orgueil pour continuer. On aurait dit que c'était la première fois de toute sa vie qu'il devait s'excuser.

- Je n'aurais jamais dû te juger, finit-il.

Chouta alla s'asseoir juste en face de lui, sur un fauteuil, et prit un poignée de sucre roux qu'elle trouva sur le service à thé. Elle les croqua uns par uns à pleines dents, il fallait bien qu'elle entretienne les trois kilos qu'elle avait prit depuis Poudlard.

- C'est pas faux, tu aurais dû t'abstenir, dit-elle la bouche pleine. Ma vengeance sera terrible, prépares-toi.

Le Serpentard se gratta nerveusement les cheveux...Chouta disait ça pour rire, mais Drago n'arrivait pas à faire la distinction.

- Et donc comme ça, tu es la fille du professeur Rogue? Demanda Crabbe, mi impressionné, mi inquièt pour elle.

- Tu as de la chance, sa tête est une véritable encyclopédie de la magie noire, fit remarquer Goyle. Tu vas pouvoir profiter de son savoir.

- Je ne comprends toujours pas comment ma mère n'était même pas au courant, dit Drago comme si Rogue l'avait trahi.

Ils se connaissent depuis Poudlard, après tout. Le professeur Rogue a traité plusieurs membres de ma famille pour des maladies graves, et il m'a pratiquement vu naître. Quand j'étais petit, il était tout le temps chez nous. On ne saura jamais tout, c'est comme s'il avait mené une véritable double vie. Il nous cache des choses...Tante Bellatrix ne lui faisait pas confiance.