Chouta et Pansy étaient accroupies derrière un buffet d'amuse-bouche, à bout de souffle. Elles avaient rampé jusque-là, épuisées, ne pouvant plus avancer. À quelques mètres des fenêtres, elles attendaient, terrifiées, que les détraqueurs les trouvent et achèvent leur œuvre.

Était-ce la fin pour les autres? Étaient-ils encore en vie? Difficile de le savoir. Plus personne ne bougeait. Les corps étaient éparpillés sur le sol, immobiles. Peut-être faisaient-ils semblant... Elles l'espéraient de tout cœur.

Chouta, elle, ne pouvait même plus remuer le petit doigt, complètement engourdi par le froid. Le sol, quant à lui, s'était transformé en une véritable patinoire, glacial et impitoyable.

Mais pourtant, lorsque tout espoir sembla s'éteindre, l'inimaginable se produisit, un miracle si surprenant que Chouta le prit d'abord pour une hallucination, comme celles qui surviennent parfois avant la mort...

Une biche gracieuse, d'un bleu éclatant, apparut à l'entrée de la pièce. Elle rayonnait d'une lumière douce et flottait dans les airs, majestueuse. C'était un Patronus, sans doute celui d'une femme.

Sans hésitation, la biche galopa à travers la pièce, chassant les détraqueurs avec une puissance implacable. En quelques instants, la température revint à la normale, dissipant le froid mordant. Peu à peu, la peau des convives retrouva des couleurs, et certains commencèrent à reprendre conscience comme après un long sommeil.

La mystérieuse biche disparut aussi soudainement qu'elle était apparue, comme une apparition venue d'un autre monde, sa mission divine accomplie. Sa lumière s'éteignit doucement, ne laissant derrière elle que des paillettes de lumières.

Dehors, cependant, le pire régnait toujours. Les arbres de la forêt lointaine avaient pris feu, projetant des lueurs orangées à l'horizon. Quelques elfes furent immédiatement envoyés pour contenir l'incendie. Tout n'était pas en vain. Le marque des ténèbres s'était dissipée dans le ciel, les étoiles d'hiver réapparurent, éclairant à nouveau la nuit.

Severus Rogue revenut de l'extérieur quelques instants plus tard, sûrement lui-aussi sauvé par ce patronus. Ce dernier était

couvert de sang, sa jambe boitant. Chouta ( qui venait de sortir de sa cachette avec Pansy ) poussa un soupir de soulagement en le voyant vivant.

La famille Malefoy semblait également hors de danger. Drago, dont l'œil avait été soigné juste à temps, se tenait debout, bien que visiblement affaibli.

Narcissa était peut-être soulagée, mais pas moins inquiète. En effet, elle se précipita directement vers Rogue pour examiner ses plaies. Il refusa respectueusement son aide, sans grandes surprises.

Déjà, il s'affairait à réparer les fenêtres brisées, lançant des "Reparo" d'un geste sec.

Narcissa insista, tentant de le convaincre d'au moins aller jeter un œil à sa jambe boitante dans la salle de bain.

Mais Rogue, imperturbable, lui répondit : « Pas maintenant. »

Logique, se dit Chouta en croisant les bras. Des fenêtres de riches, c'est forcément plus important que risquer de perdre une jambe. L'obstination de Rogue était toujours mal placée...

Drago n'arrêtait pas de se geindre comme un gosse alors que son œil n'avait plus rien. C'était à la fois gênant et agaçant, d'autant plus que personne n'osait lui demander de la mettre en veilleuse.

Lorsque l'attention de la pièce se détourna de Rogue Chouta, discrètement observatrice, surprit un moment d'égarement...D'un geste subtil, Rogue passa brièvement ses mains sur les hanches de Narcissa, un contact à peine perceptible. Narcissa, dans un élan tout aussi fugace, posa ses mains sur les siennes. Mais ils se séparèrent en un rien de temps, reprenant une distance plus convenable.

Tous se regroupèrent et reallumère le plus vite possible les cheminées et les lampes torches. Igor Karkaroff était celui qui avait eut le plus de mal à reprendre connaissance, Lucius posa une chaise devant la cheminée et l'y accompagna, Narcissa passa ensuite lui déposer une couverture sur les genoux.

Chouta alla dans la cuisine des elfes, Elle prit une bouteille en verre remplie de lait, du cacao, et entreprit de faire chauffer le tout sur un feu de bois. Bien que la cuisine ait toujours été une tâche réservée aux elfes, Chouta s'en sortit mieux que prévu, et une fois la boisson prête, elle la versa dans une tasse en porcelaine qui devait coûter encore plus cher qu'un nimbus 2000.

Elle apporta le chocolat chaud au professeur Karkaroff, qu'elle trouva en train de s'occuper de ses doigts. Il retirait une à une toutes ses bagues et ses talismans, débarrassant ses dix doigts de chaque ornement avec une lenteur rituelle. L'homme semblait perdu dans ses pensées, comme s'il se déchargeait symboliquement...

- Prof..Professeur, que faites-vous? Demanda-t-elle, posant le chocolat chaud au-dessus de la cheminée.

- Jette-moi tout ça le feu, veux-tu bien? Demanda-t-il en plaçant ces dernières dans la main de son élève.

- Vous m'avez toujours fait comprendre qu'elles étaient là pour vous protéger...

Il rigola comme s'il venait d'entendre la blague du siècle :

- Tu trouves qu'elles nous ont été d'une grande utilité ce soir? Ce n'est que de la pacotille, j'ai été bien trop superstitieux ces dernières années. Tout cela est terminé, terminé tu entends? Comme disent les Français " Que sera, sera ".

Toutes ses bagues, Chouta les mis à ses doigts, quitte à en mettre plusieurs à ses pouces pour les plus grandes, avant de lui tendre le chocolat chaud sans dire un mot de plus devant la fatalité de son directeur.

- Arhg, c'est pas vrai, encore un! Cria Pansy qui avait retrouvé sa maman près de l'escalier.

Celle-ci pointait du doigt le plafond dans lequel un dernier détraqueurs qui visiblement avait survécu flottait...C'est ainsi que la panique générale revenue, aussi contagieuse qu'une varicelle.

- Expecto Patronum! Lança Rogue d'un coup, devant les yeux surpris de tout le monde.

Un éclat argenté jaillit de sa baguette, prenant la forme de cette même majestueuse biche qui chargea le détraqueur.

Le miracle de l'amour, car oui, à présent, Chouta savait, elle le sentait. Un patronus corporelle n'est qu'amour et rien d'autre.

La chose disparue immédiatement, savant qu'elle ne ferait pas le poids. Personne n'avait vraiment l'air de comprendre ce qui venait de se passer, ils suivaient du regard la biche qui finit par retourner dans la baguette encore levée de son propriétaire.

Il eût un silence.

Le maître des potions était la dernière personne à laquelle Chouta aurait pensé être le maître de ce magnifique patronus...Mais alors qu'elle pensait qu'il allait être couvert de remerciements, ce fut tout l'inverse... En effet, bientôt, des murmures méfiants s'élevèrent dans la pièce. Walden Macnair fut le premier à s'avancer vers lui, le visage indigné.

- Comment se fait-il que toi, un ancien Mangemort, sois capable de produire un Patronus? Siffla-t-il, son ton accusateur.

Rogue alla se servir un verre de vin en prenant tout son temps avant de répondre...

- Parce que je suis capable de maîtriser des sorts que tu ne pourrais même pas espérer comprendre, Macnair, répondit finalement Rogue, un rictus méprisant aux lèvres.

- Mais pourquoi? Ajouta Dolohov, s'avançant à son tour. Les Détraqueurs étaient nos alliés. Puis qu'est-ce que tu faisais, dehors, à combattre uns des nôtres?

- Uns des autres? S'insurgea Narcissa. Il nous a attaqué, dans notre propriété en plein moment de fête, et maintenant tout est gâché! Vous trouvez vraiment ça digne de nous, un comportement aussi inadéquat?

Rogue sourit avec l'expression de quelqu'un qui ne sait plus s'il faut rire ou pleurer.

- Oh, mes excuses d'être intervenu, murmura-t-il, gardant sa colère en lui. Tu aurais préféré...Que je te laisse mourir ici?

Alecto et Amycus Carrow s'échangèrent un regard noir avant de prendre la parole. Rogue buva une bonne gorgée de son verre.

- Bellatrix là toujours dit, cracha Amycus, sa voix pleine de venin. Rogue n'a jamais été vraiment fidèle au Seigneur des Ténèbres. Il a toujours été... différent. Peut-être même un traître envoyé ce soir par Dumbledore.

Un grondement approbateur monta de la foule, mais avant que quelqu'un ne puisse ajouter quoi que ce soit, Igor Karkaroff, qui s'était jusqu'alors tenu en retrait, se leva de sa chaise.

- Vous ne savez rien de ce dont vous parlez, dit-il. Pendant ces années de service auprès du Seigneur des Ténèbres, j'ai vu de mes propres yeux combien il respectait Severus Rogue, jusqu'à me rendre jaloux de lui, de son grade...Il était l'un des plus dévoués, souvenez-vous de la prophétie...

Mais Macnair secoua la tête, visiblement insatisfait. Pourtant Chouta savait que Karkaroff disait vrai, depuis sa vision dans la boule de cristal. Plusieurs personnes parurent d'un coup convaincu à l'évocation de la prophétie, ça devait être vraiment quelque chose qui a eut de l'importance.

- Ce n'est pas parce qu'il était brillant qu'il n'est pas un traître aujourd'hui, grogna-t-il. Les actes parlent plus que les louanges passées.

Severus, dont la patience était à bout, fit un pas en avant, les yeux étincelant de rage.

- Vous osez tous me traiter de traître, vous qui tremblez à l'idée même du retour du Seigneur des ténèbres? Lança-t-il avec véhémence.

Vous qui n'avez cessé de fuir, de vous cacher, vous qui avez trop peur d'agir à cause de l'ombre du Seigneur ? Vous n'êtes rien d'autre que des lâches ! Je vous ai tous sauvés aujourd'hui, et c'est ainsi que vous me remerciez ?

- Severus a plus de courage que la plupart des hommes présents ici, déclara Narcissa en allant se rejoindre à ses côtés. Ceux qui pensent le contraire ne seront dorénavant plus les bienvenus pour ce manoir!

La mâchoire de Lucius se serra, d'abord parce qu'elle venait de faire sous-entendre que l'homme a la cape noire était un meilleure sorcier que lui, mais en plus parce qu'elle prenait place à ses côtés. Un moment plutôt embrassant qui fit naturellement tourner la tête de Chouta vers le monde extérieur...

Dehors l'incendie cessait petit à petit, jusqu'à ce qu'une branche encore enflammée tombe sur la cabane en bois dans laquelle Chaudron-Fou était injustement punis pour la nuit.

Il allait mourir brûlé vif, il n'aurait pas le réflexe de s'échapper, car un ordre est un ordre.

Ce n'était pas juste.

Chouta s'éclipsa de cette dispute sans fin pour aller le sauver...