Chapitre 15 : Lame et Régénération
Le vent soufflait doucement à travers les arbres tandis que Geralt et Ciri avançaient prudemment sur un sentier forestier, leurs sens en alerte. La lumière du crépuscule teintait le ciel d'une couleur orangée, et la forêt était étrangement calme, trop calme, comme si elle retenait son souffle. Geralt, toujours attentif aux détails, perçut un bruissement à peine audible, trop régulier pour être le simple mouvement des feuilles.
« Ciri, attention, » murmura-t-il, son regard se posant sur un point fixe à l'horizon.
Avant même que Ciri puisse répondre, une volée de flèches fendit l'air, s'écrasant sur le sol autour d'eux. Geralt dégaina son épée en une fraction de seconde, ses réflexes acérés. Ciri, avec la grâce et la rapidité d'un félin, se téléporta instantanément à quelques mètres, esquivant facilement l'attaque. Leurs assaillants sortirent de l'ombre : une dizaine d'hommes armés, vêtus de cuir sombre, envoyés par Ajax pour semer le chaos.
« Une embuscade, » grogna Geralt, sa voix basse mais calme, habitué à ce genre de situation.
Ciri hocha la tête, ses yeux brillant d'excitation. « On s'en occupe. »
Elle disparut à nouveau, réapparaissant derrière deux des mercenaires avec la rapidité d'un éclair. Son sabre fendit l'air, laissant une traînée argentée dans son sillage. Les deux hommes s'effondrèrent sans un bruit, abattus avant même de réaliser ce qui se passait.
De son côté, Geralt se retrouva face à cinq adversaires, leurs épées brillantes dans la lueur mourante. Il sourit intérieurement. Ces mercenaires ne savaient clairement pas à qui ils s'attaquaient. D'un geste fluide, il activa le signe de Quen, une barrière protectrice invisible qui enveloppa son corps. Les mercenaires chargèrent, mais leurs coups furent repoussés avec une facilité déconcertante.
« Vous avez fait une grave erreur, » dit-il d'un ton neutre avant de frapper.
Son épée dansa dans les airs, ses mouvements calculés et précis. Geralt para un coup maladroit, contre-attaqua immédiatement en tranchant l'arme de son assaillant avant de l'achever d'un mouvement fluide. Les autres hésitèrent, mais la peur ne les arrêta pas. L'un d'eux tenta de l'attaquer par derrière, mais Geralt pivota rapidement, bloquant l'assaut avec une habileté inégalée. Son épée fendit l'air, et un autre mercenaire tomba.
Ciri, téléportant d'un point à un autre, était pratiquement intouchable. Chaque fois qu'un mercenaire tentait de la frapper, elle disparaissait avant que la lame ne puisse l'atteindre. Sa capacité à manipuler le temps et l'espace la rendait presque invincible sur le champ de bataille. Avec une aisance presque insolente, elle se débarrassa d'un autre groupe d'hommes. En quelques minutes, la majorité des troupes avait été éliminée.
Geralt, essuyant la sueur de son front, jeta un coup d'œil rapide à Ciri. Elle semblait en pleine forme, son sabre scintillant d'un éclat mortel. Mais alors qu'il pensait que l'embuscade était terminée, un bruit sourd retentit à quelques centaines de mètres, brisant le silence de la forêt.
« Qu'est-ce que c'était ? » demanda Ciri en se tournant vers lui, ses sourcils froncés.
Geralt se redressa, écoutant attentivement. Le son venait du nord, au-delà de la clairière où ils se trouvaient. Il était distinct, un mélange de cris étouffés et du bruit métallique des armes qui s'entrechoquent.
« Un autre combat, » murmura-t-il. « Et pas très loin d'ici. »
Ciri s'approcha de lui, jetant un coup d'œil dans la direction d'où provenait le bruit. « Tu penses que c'est lié à ces mercenaires ? »
Geralt hocha la tête. « Probablement. Ajax a peut-être plus d'un groupe en mouvement. On devrait vérifier. »
Sans perdre un instant, ils se dirigèrent en silence vers la source du bruit. Les feuilles craquaient doucement sous leurs pas, mais leur approche restait discrète. Plus ils avançaient, plus le son des lames et des cris devenait distinct. Geralt et Ciri échangèrent un regard avant d'accélérer le pas.
Ils arrivèrent bientôt à une petite clairière, cachée entre des arbres denses. Là, ils virent un homme seul, entouré d'un groupe de mercenaires, mais ce qui attira leur attention, ce fut la manière presque théâtrale avec laquelle il se battait. L'homme, vêtu d'une armure légère, semblait prendre un plaisir étrange à l'affrontement, ses mouvements un mélange d'habileté et de chaos.
Alors qu'ils observaient la scène, l'homme élimina un autre mercenaire d'un coup net, mais ce qui surprit Geralt et Ciri, c'était l'insouciance avec laquelle il faisait face à ses ennemis, tout en lançant des remarques sarcastiques à voix haute, comme s'il s'adressait à un public invisible.
Arno: «On revient 5 minutes en arrière mes ptits chéris.»
Arno avançait à travers les bois, son esprit oscillant entre la concentration du combat à venir et ses habituelles remarques sarcastiques. L'air était frais, les arbres se resserraient autour de lui, et pourtant il sentait quelque chose de familier : l'approche des ennuis.
« Oh, super, encore des hommes de main, » soupira-t-il en entendant des bruits de pas précipités derrière lui. Il se retourna juste à temps pour voir un groupe de mercenaires surgir des fourrés, leurs épées dégainées, prêts à l'attaquer.
« Sérieusement ? Vous allez vraiment essayer de m'avoir comme ça ? » lança-t-il à voix haute, avant de se tourner légèrement et de s'adresser directement au lecteur. « Ils ne regardent jamais les films, c'est ça le problème. Toujours attaquer de face… Quel manque d'originalité. »
Les mercenaires ne semblaient pas particulièrement intéressés par ses remarques. Ils chargèrent sans hésiter. Arno dégaina Claudette avec une précision chirurgicale, la lame en acier sifflant dans l'air. Il esquiva le premier coup avec une aisance déconcertante, se fendant d'un sourire moqueur.
« C'est quoi votre plan ? M'encercler et me faire tomber ? Allez, on est dans un vrai cliché de film d'action, là. Il manque juste les répliques sérieuses, genre "C'est la fin pour toi", mais moi, je préfère l'impro. »
L'un des mercenaires, visiblement agacé par le bavardage incessant d'Arno, tenta une attaque rapide et brutale. Arno se laissa volontairement déséquilibrer par le coup, jouant le jeu, avant de rouler au sol et de répliquer avec un coup d'estoc précis. Claudette pénétra la gorge de son adversaire, et l'homme s'effondra sans un bruit.
« Ah, le silence. Ça fait du bien, n'est-ce pas ? » marmonna-t-il.
Le groupe de mercenaires, malgré leur première perte, ne montrait aucun signe de retraite. Ils s'étaient regroupés, leurs mouvements coordonnés, prêts à submerger Arno par le nombre. Mais Arno, fidèle à lui-même, semblait prendre tout cela avec une désinvolture déconcertante.
« Vous savez, vous devriez vraiment penser à une meilleure stratégie. Parce que, là, vous faites exactement ce que j'espérais que vous feriez, » dit-il tout en faisant semblant de se laisser prendre au piège.
Deux autres mercenaires chargèrent en même temps, mais Arno, prévoyant, fit un saut en arrière, esquivant leurs lames qui s'entrechoquèrent dans un bruit métallique. Il profita de cet instant pour fendre l'air de Claudette, tranchant l'un des hommes à la taille. Le deuxième tenta de contre-attaquer, mais Arno l'accueillit avec un coup de pied bien placé dans le torse.
« Je sais, je sais, je me la joue un peu trop cool, mais bon… il faut bien rendre tout ça divertissant, non ? » continua-t-il, s'adressant une nouvelle fois au lecteur, comme s'il était dans une pièce de théâtre.
Un autre mercenaire parvint à lui asséner un coup à l'épaule, mais au lieu de grimacer de douleur, Arno haussa les sourcils, regardant la blessure comme s'il s'agissait d'un léger désagrément. Le sang coulait de sa plaie, mais il ne semblait guère affecté.
« Oh, bien joué ! Mais… désolé de te décevoir, » dit-il en montrant le sang couler. « Ça va repousser. » D'un geste théâtral, il retira son épée et, sans perdre une seconde, embrocha son attaquant avec Paulette.
Il se dégagea de la mêlée, et pour un moment, les mercenaires semblèrent hésiter. Ils avaient vu des hommes tomber, mais aussi une étrange indifférence chez cet homme qui, malgré ses blessures, continuait de combattre sans faillir. L'un des mercenaires, le plus expérimenté du groupe, fronça les sourcils en remarquant l'absence de douleur sur le visage d'Arno. Ce dernier, remarquant l'incrédulité de son adversaire, lui adressa un clin d'œil.
« Ouais, je sais ce que tu penses… ce n'est pas humain, tout ça. Eh bien, bienvenue dans ma vie. Maintenant, c'est ton tour ! »
Arno s'élança, esquivant les coups de ses ennemis avec une agilité presque surnaturelle. Ses attaques étaient précises et rapides, chaque mouvement exécuté avec une aisance presque insultante. Malgré le nombre croissant d'adversaires, il semblait toujours en contrôle, lançant une plaisanterie ici et là tout en taillant ses ennemis.
C'est à ce moment précis que Geralt et Ciri, après avoir éliminé leur propre lot de mercenaires, arrivèrent sur les lieux, attirés par le bruit du combat. Cachés derrière un épais buisson, ils observèrent la scène. Ciri, les yeux écarquillés, était perplexe face à ce qu'elle voyait.
« Qu'est-ce que… ? » murmura-t-elle, incapable de croire à la désinvolture d'Arno au milieu du carnage.
Arno: «Retour au présent».
Geralt et Ciri avancèrent prudemment à travers la forêt, s'approchant du lieu où le bruit du combat résonnait encore. Ils virent rapidement Arno, toujours en pleine action, combattant les mercenaires restants avec une étrange facilité. Ses gestes, précis et vifs, semblaient légers, comme s'il se moquait de l'importance de la bataille.
« Voilà notre ennemi, » murmura Geralt en dégainant son épée. « Il doit être l'un des hommes d'Ajax. »
Ciri fronça les sourcils en regardant la scène. « Il ne ressemble pas à un mercenaire… et il se bat comme un sorceleur. »
Geralt hocha la tête, l'instinct du tueur de monstres prenant le dessus. « Peu importe. On ne peut pas le laisser agir. Je m'occupe de lui. »
Sans attendre d'avantage, Geralt s'élança vers Arno, profitant du moment où ce dernier venait de désarmer un autre mercenaire. Arno, toujours concentré sur son propre combat, ne vit pas le coup venir. Claudette, son épée en acier, tournoya dans sa main alors qu'il frappait un autre adversaire, mais avant qu'il ne puisse se retourner, Geralt bondit, son épée frappant en direction de son flanc.
Arno, remarquant l'attaque à la dernière seconde, esquiva de justesse le coup, sautant en arrière. « Ooh, c'est qui celui-là ? Un nouvel adversaire ? » lança-t-il en riant. « Sérieusement, c'est quoi cette journée ? Je dois avoir une cible sur le dos ! »
Geralt, imperturbable, lança une nouvelle série d'attaques, chaque coup calculé et précis. Arno, toujours en mouvement, para les coups avec Claudette, la lame en acier sifflant dans l'air. Pourtant, malgré la gravité de la situation, il ne pouvait s'empêcher de commenter.
« Attends, attends, attends... T'aurais dû m'envoyer un petit mot avant. Un "salut, on va t'attaquer à plusieurs". Ça aurait été plus sympa. »
Geralt ne répondit pas, ses yeux rivés sur Arno, cherchant une faille dans sa défense. Chaque coup semblait se heurter à un mur invisible de sarcasme et d'insouciance. Arno dansait presque autour de ses attaques, tout en continuant à parler.
« Sérieusement, c'est quoi ton plan ici ? Tu veux qu'on fasse un petit duel à la vieille école ? On parie quoi ? Parce que je te préviens, mon plan c'est de gagner, et ensuite de me la couler douce avec une bière. »
Geralt, excédé par les paroles incessantes d'Arno, intensifia son attaque, un mouvement plus rapide, visant directement son torse. Claudette para le coup, mais Arno recula sous l'impact, son sourire toujours accroché à ses lèvres.
« Oh, c'est comme ça qu'on joue ? Tu te crois dans un concours de la meilleure grimace de guerrier ? Moi aussi, je peux faire ça ! »
Ciri, qui observait la scène, ne put retenir un sourire. La désinvolture d'Arno était à la fois exaspérante et... impressionnante. Il esquivait Geralt, un combattant légendaire, avec une légèreté qui ne correspondait pas à ce que Ciri avait l'habitude de voir. Pourtant, elle savait que Geralt ne lâcherait pas l'affaire facilement.
Geralt lança une nouvelle attaque, cette fois en visant les jambes d'Arno. Ce dernier fit un bond en arrière, atterrissant légèrement sur ses pieds avant de lever un doigt d'avertissement.
« Oh, joli mouvement ! Mais laisse-moi deviner, tu es du genre à ne jamais rigoler, hein ? Tout est sérieux avec toi ? »
Le combat s'intensifia rapidement, chacun des deux sorceleurs montrant toute l'étendue de ses talents. Geralt, l'expérience gravée dans chaque geste, combinait sa maîtrise des signes avec des techniques de combat affûtées par des années de chasse aux monstres. Face à lui, Arno combattait avec une apparente nonchalance, son style chaotique se mariant à merveille avec ses attaques imprévisibles.
Le sol était jonché des corps des mercenaires qu'Arno avait déjà éliminés, et autour d'eux, la forêt semblait suspendue dans une étrange immobilité, comme si elle observait cette rencontre inattendue entre deux maîtres sorceleurs.
Geralt invoqua un signe Aard, et une onde de choc ébranla l'air, forçant Arno à reculer de plusieurs pas. Mais même en perdant l'équilibre, Arno ne put s'empêcher de plaisanter.
« Oh, vraiment sympa comme truc ! Mais je préfère quand c'est un peu plus… subtil, tu vois ? Moins de soufflerie, plus de finesse. »
Geralt ne répondit pas, ses yeux concentrés, évaluant chaque mouvement de son adversaire. Il bondit de nouveau vers Arno, son épée scintillant dans la lumière mourante du jour. Arno para de justesse, son épée Claudette vibrant sous l'impact du coup, mais même dans l'effort, il souriait toujours.
« Allez, tu peux faire mieux que ça, grand-père ! Je suis sûr que même tes monstres préférés te donnent plus de fil à retordre que ça ! »
Un signe Igni surgit de la main de Geralt, une vague de feu traversant la distance entre eux. Arno esquiva habilement en plongeant sur le côté, ses vêtements prenant légèrement feu au passage.
« Chaud, chaud, chaud ! » s'écria Arno en éteignant les flammes sur son bras avec des gestes exagérés. « Tu m'aurais prévenu, j'aurais pris de la crème solaire ! »
Ciri, toujours en retrait, observait la scène avec un mélange d'étonnement et d'incompréhension. Arno semblait être tout sauf un ennemi sérieux, et pourtant, il continuait à tenir tête à Geralt, et d'une manière qui laissait perplexe la jeune sorceleuse. Comment quelqu'un pouvait-il à ce point plaisanter dans une situation aussi tendue ?
Geralt, quant à lui, ne se laissait pas distraire. Il changea de tactique, passant de l'attaque frontale à des feintes rapides, cherchant à trouver une ouverture dans la défense imprévisible d'Arno. Les épées s'entrechoquaient, les coups se multipliaient, et chaque attaque de Geralt semblait déjouée à la dernière seconde par une esquive ou une riposte inattendue d'Arno.
« Sérieusement, » souffla Arno entre deux attaques. « On pourrait s'asseoir et discuter autour d'un verre, non ? Parce que là, t'es pas loin de ruiner mes chances de survie, mais je te jure, je suis de ton côté ! »
Geralt, sans relâcher la pression, réussit à désarmer Arno d'un mouvement net, envoyant Claudette voler à quelques mètres. Pour la première fois, il sentit qu'il prenait le dessus. Profitant de l'occasion, il enchaîna une série de coups rapides, poussant Arno vers un arbre.
Mais alors qu'il croyait avoir gagné un avantage décisif, Arno fit un geste rapide avec sa main libre, attrapant une branche basse de l'arbre pour se balancer derrière Geralt, atterrissant agilement sur ses pieds avec un sourire.
« Oups, désolé, je ne voulais pas faire ça… Enfin, si, en fait. »
Agacé par cette insouciance, Geralt accéléra le rythme. Il chargea de nouveau, cette fois avec une détermination implacable. Arno, sans son épée, parvint à éviter les premiers coups, mais l'expérience de Geralt finit par l'emporter. Avec une rapidité foudroyante, il plongea son épée dans le flanc d'Arno, transperçant son abdomen avec une précision mortelle.
Le silence tomba sur la scène. Ciri haleta, croyant que le combat était terminé. Mais ce qui se produisit ensuite défia toute logique.
Arno, transpercé de part en part par l'épée de Geralt, regarda la lame qui dépassait de son ventre, puis leva les yeux vers le sorceleur de Riv.
« Oh, bravo ! J'avoue, celle-là, tu l'as bien placée. »
Geralt, les yeux écarquillés, ne bougea pas, stupéfait par l'attitude d'Arno. Ce dernier posa doucement ses mains sur la garde de l'épée et, avec une grimace de fausse douleur, la retira lentement de son propre corps.
« Tu vois, ça chatouille un peu... mais rien de grave. »
Arno inspecta la lame un instant, comme s'il admirait la qualité du travail, puis tendit l'épée à Geralt avec une courtoisie exagérée, tout en appuyant légèrement sur l'épaule du sorceleur pour ajouter un coup amical.
« Tiens, elle est toujours en bon état. Tu fais vraiment attention à ton équipement, c'est impressionnant. »
Ciri resta figée sur place, son regard oscillant entre Geralt et Arno. Ce qu'elle venait de voir défiait tout ce qu'elle connaissait des sorceleurs. Son père adoptif, tout aussi stupéfait, ne baissait pas sa garde, bien qu'il soit évident que l'affrontement avait pris une tournure inattendue. Le silence se fit lourd, seulement rompu par les quelques souffles courts de Ciri, essayant de comprendre ce qui venait de se passer.
« Geralt, c'était quoi ça ? » finit-elle par demander, la voix emplie d'incrédulité.
Le Loup Blanc fronça les sourcils, ses yeux rivés sur Arno, qui, malgré la gravité de la situation, affichait toujours un sourire amusé. « Je n'en sais rien, Ciri, » répondit-il lentement.
Arno, en entendant cela, haussa les épaules avec une nonchalance déconcertante. « Oh, allez, ne me regarde pas comme ça, Loulou. » Il posa sa main sur son flanc, l'endroit où Geralt l'avait transpercé, et fit semblant de tirer une grimace exagérée. « Ça ne fait même plus mal, je m'y habitue à force. »
Ciri écarquilla les yeux. « Tu t'y habitues ? Mais tu devrais être mort ! »
Arno ricana doucement avant de pointer un doigt vers elle, adoptant un air faussement philosophique. « C'est là que tu te trompes, petite. Mort, c'est tellement... définitif. Moi, j'aime un peu plus de flexibilité. Disons que j'ai un petit... bonus. »
Geralt resta silencieux un instant, son esprit travaillant pour assembler les pièces du puzzle. « Tu n'es pas immortel, n'est-ce pas ? »
Arno fit semblant de réfléchir, tapotant son menton de manière théâtrale. « Immortel, c'est un grand mot. Disons que j'ai une certaine... capacité à rebondir. Littéralement. » Il fit un geste dramatique, mimant une explosion et la reconstitution de son corps avec ses mains, tout en continuant sur un ton plus léger. « On m'appelle parfois l'indestructible, mais je préfère "Le gars qui ne sait pas quand s'arrêter". C'est plus parlant. »
Ciri, encore perplexe, se tourna vers Geralt, espérant une explication plus concrète. Mais le sorceleur semblait lui aussi démuni.
« Bpn ! » s'exclama Arno, claquant des doigts. «Voyez-vous, je suis un sorceleur, oui, mais... avec quelques améliorations. » Il fit une pause, puis, d'un air plus conspirateur, ajouta : « Mais ne vous inquiétez pas, ça reste entre nous. »
Geralt plissa les yeux. « Quels genres d'améliorations ? »
Arno haussa les épaules une fois de plus, prenant soin de ne pas trop en dévoiler tout en jouant sur l'ambiguïté. « Eh bien, tu sais, le package standard d'un sorceleur. Mutation, force, vitesse, longévité. Mais disons que... pendant l'Épreuve des Herbes, ils ont peut-être un peu trop expérimenté. Résultat ? Je suis pratiquement impossible à tuer. Pratique, non ? »
« Et toi, tu continues à plaisanter là-dessus ? » Ciri ne put s'empêcher de demander.
Arno se tourna vers elle avec un sourire narquois. « Oh, mais si je ne le fais pas, qui le fera ? Tu sais, dans ma position, l'humour, c'est tout ce qu'il me reste. Enfin, ça... et le fait que je peux me prendre une épée dans le ventre sans sourciller. »
Geralt observait Arno avec un mélange de méfiance et de fascination. « Et tu es ici... pour quoi, exactement ? »
Arno inclina légèrement la tête, ses yeux brillant de malice. « Oh, moi ? Je suis ici pour sauver la princesse, bien sûr. Triss, vous connaissez ? Cheveux roux, caractère de feu, et en ce moment, en grande difficulté. Il paraît qu'un certain Ajax a décidé de la kidnapper. »
À la mention d'Ajax, Geralt serra la mâchoire. « Ajax... alors tu n'es pas avec lui. »
Arno éclata de rire. « Avec lui ? Pitié, vous m'avez bien regardé ? Non, je suis là pour lui botter les fesses et récupérer la demoiselle. Mais bon, si tu veux encore te battre, je suis partant. »
Geralt rangea lentement son épée, toujours en alerte. « Je n'ai pas besoin d'un autre ennemi en ce moment. Mais je te garde à l'œil. »
« Bien sûr, bien sûr, » répliqua Arno avec un clin d'œil. « Mais pour l'instant, peut-être qu'on pourrait... je ne sais pas, s'entraider ? Ça vous tente qu'on aille sauver la situation, ou vous préférez qu'on se retape dessus ? Je suis flexible, vraiment. »
Ciri, qui n'avait toujours pas bougé, regarda son père adoptif. « Geralt ? »
Geralt réfléchit un moment, jaugeant les paroles d'Arno, avant de répondre d'une voix calme, mais lourde de sous-entendus. « Nous verrons bien. Mais si tu nous trahis... »
Arno leva les mains en signe de reddition. « Oh là là, détends-toi, Loulou. J'suis là pour la bonne cause. Et puis, qui sait, peut-être qu'on finira tous par être de grands amis. »
Il se tourna ensuite vers le lecteur, un sourire en coin. « Ça serait plutôt sympa, non ? Parce que franchement, je pense qu'il est temps de conclure ce chapitre en beauté. Et qui sait ce que la suite nous réserve... »
