Dans une autre vie

Octobre 1984

Cela faisait trois ans déjà que Lily et James Potter étaient décédés. Trois longues années qui avaient éprouvés Remus. Le seul maraudeur restant. Trois longues années nécessaire au loup garou pour faire le deuil d'un de ses meilleurs amis et de sa femme. Il s'était longtemps noyé dans les méandres d'une dépression sévère. Sa lycanthropie avait accentué le phénomène, son loup intérieur avait terriblement mal supporté la perte de ses compagnons de pleine lune. James et Sirius ne l'avaient jamais laissé seul une nuit de pleine lune depuis leur cinquième année à Poudlard, lorsqu'ils avaient atteint leur métamorphose animale complète. Lorsque Lily et James se cachaient, Remus n'était jamais resté seul. Sirius y avait veillé. Si le loup garou n'était pas en mission pour Dumbledore parmi les meutes d'Europe et de Grande Bretagne, le cabot se joignait systématiquement à lui pour cette nuit.

Remus ne devait son salut qu'à une rencontre inespérée. Alors qu'il s'apprêtait à se donner la mort, un moldu lui avait tendu la main. John était psychologue et avait bien vu son mal-être. Il l'avait retenu au dernier moment. Il l'avait empêché de commettre l'irréparable. Il lui avait offert une porte de sortie.

Depuis trois ans donc, il se rendait toutes les semaines chez son psychologue. Et cela l'avait bien aidé tout d'abord à faire son deuil puis peu à peu à se reconstruire.

Le début avait été difficile. Remus avait tenté de repousser l'homme. Il ne voulait pas parler avec un moldu. Il ne pouvait pas rompre le secret magique. Si un sorcier le découvrait, il était bon pour Azkaban a vie de par son statut de loup garou. Il ne savait comment mais un souvenir d'un livre de médecine moldue lui était revenu en tête sur l'instant.

Pour John, il était donc un malade atteint d'un cancer incurable nécessitant tous les 28 jours une dose de chimiothérapie tellement agressive qu'il ne pouvait travailler deux jours avant et deux jours après. Cela correspondait plutôt bien à sa lycanthropie. Une maladie incurable. Un mal impossible à soulager sans mourir tous les 28 jours. Un état physique fragilisé par la maladie.

Remus n'avait pas su cacher que sa dépression venait de la mort de son meilleur ami. James l'avait toujours soutenu dans sa maladie. Pas de la façon dont pensait le psychologue mais cela revenait à la même chose. Comment parler de la mort de James et Lily sans parler de magie? D'une certaine façon Voldemort était un terroriste magique bien que le mot de mage noir soit plus souvent employé dans le monde magique. Remus avait l'habitude de voyager entre les deux mondes.

Il avait donc brodé une fable sur la mort de Lily et James lors d'un attentat sur les champs élysée en 1981 alors qu'il ne savait même pas qu'ils se trouvaient là-bas. Il n'avait pas pu se rendre sur les lieux ni voir leur dépouille. Cette partie-là était vrai.

Maintenant, trois ans après, il avait fait la paix avec ses sentiments. Oui, James et Lily étaient morts mais la vie continuait. Et son meilleur ami aurait voulu qu'il soit heureux, qu'il s'épanouisse, qu'il crée quelque chose de constructif. Alors Remus était décidé à aller de l'avant. Et puis, il y avait Harry. Comment pourrait-il se présenter devant l'enfant s'il n'était qu'une loque à moitié morte? Qui pourrait lui parler de son papa et de sa maman? Il ne restait plus que lui et pour Harry, il était prêt à se bouger.

Les questions de John l'avaient bien aidé à faire ce petit bout de chemin mais il soulevait encore des problématiques que Remus n'avait pas résolu. Comment Sirius avait-il pu trahir James et Lily? Cette partie là, il avait eu du mal à l'incorporer dans l'histoire «moldue compatible». C'était Sirius qui avait payé l'avion qui avait organisé la sortie. Et selon le témoignage d'un pompier, Sirius aurait planté un couteau dans la poitrine de James avant de s'enfuir alors que celui-ci agonisait déjà. Une façon pour Remus d'exprimer la trahison de Black.

John avait bien senti qu'il y avait plus là-dessous. Mais Remus ne pouvait pas en parler. Oui Sirius avait été mis en prison. Non, il ne savait pas ce qu'il avait dit à son procès.

Et c'est de là que Remus se posa un jour pour écrire au bureau de la justice magique de Grande Bretagne.

Qu'avait bien pu dire Black lors de son procès? Pourquoi avait-il rejoint les mangemorts? Pourquoi avait-il trahi son meilleur ami?

Il cacheta l'enveloppe avant de l'expédier par la poste moldue. Il n'avait pas de chouette ou de hibou, c'était trop dangereux à la pleine lune.

Décembre 1984

Remus avait largement oublié son courrier au département de la justice magique quand la réponse arriva un soir de décembre.

Il s'attendait à un compte rendu d'audience, celui du procès. Avec tout le verbatim de Sirius. Sauf que visiblement, Amélia Bones jugeait l'information trop sensible et le convoquait au ministère pour répondre a sa question. Etait-ce un piège? Le croyait-on complice de Black?

Le vingt décembre à onze heure pile, il était dans la salle d'attente du cabinet de la justice lorsqu'entra Albus Dumbledore, le directeur de Poudlard. Il salua Remus avec son entrain habituel et entrepris de savoir ce qu'il devenait. Albus n'avait pas eu d'autres élèves loup garou depuis Remus. Il tentait tout les ans de convaincre un parent ou deux de scolariser leur enfant, avec des mesures de sécurité adapté. Lors des pleines lunes, comme Remus, le louveteau passait la nuit dans la cabane hurlante qui empêchait le loup de sortir du domaine de Poudlard, tout en maintenant fermement bloquée les grandes portes de l'école empêchant l'animal de rentrer dans les couloirs ou les élèves de sortir faire une balade au clair de lune. Il comptait d'ailleurs sur son nouveau professeur de défense, Monsieur Dupont, pour enseigner aux enfants les comportements de protection élémentaires dont le fait de ne pas sortir les soirs de pleine lune. Albus n'avait visiblement pas été prévenu du sujet de la convocation.

Ils furent accueillis quelques minutes plus tard par Madame Bones en personne ainsi que sa secrétaire et le chargé des archives. Très vite Madame Bones alla dans le vif du sujet: Black.

-Merci monsieur Lupin pour votre demande au sujet du verbatim du procès Black. Nous rencontrons cependant un problème actuellement: il n'y a aucune trace de procès. Juste une lettre signée du ministre de la Magie en personne ordonnant, comme à l'issus de tous les procès de mangemort l'emprisonnement de Black à Azkaban à vie. Professeur Dumbledore, il me semble que vous étiez président du magenmagot à cette époque. Vous souvenez vous du secrétaire chargé de la séance?

-Non, je n'ai pas assisté à tous les procès de mangemorts, il y en avait jusqu'à quatre en simultané au ministère. De plus, je me souviens bien de ce jour-là. Je n'étais pas au procès de Black car nous venions d'arrêter Bellatrix Lestrange et le fils du chef de la justice, Barty Croupton junior pour acte de barbarie sur la famille Longdubat.

C'était un vrai choc pour toute la communauté magique, les mangemorts avaient osé s'en prendre à un couple de sang pur, une des 28 sacrés. Et ils les avaient torturés jusqu'à la folie prouvant une fois de plus que le doloris n'était pas un impardonnable pour rien. Albus avait particulièrement tenu à être présent au procès pour garantir une juste punition à la hauteur du crime sans lynchage public. Quant à l'affaire Black, elle aussi avait secoué l'opinion magique mais était passée au second plan face au problème des Longdubat.

-Ce peut-il qu'il n'y ait pas eu de procès demanda rapidement Remus.

-C'est une possibilité. Nous allons mener un audit pour savoir qui était présent au procès et recueillir les souvenirs nécessaires pour établir à postériori le compte rendu d'audience. Si par le plus grand des hasards, il n'y a peu de procès, nous serons contraints d'en ouvrir un. Cela risque de faire grand bruit dans la communauté magique, mais je ne permettrais pas qu'un sorcier reste emprisonné à Azkaban sans qu'il n'ait pu se défendre même si son crime est évident expliqua Amélia.

Mars 1985

Comme l'avait prédit Amélia, l'affaire sortie rapidement dans la presse. Il n'était plus courant d'avoir des procès de mangemorts à cette époque. Toute la communauté s'était éloignée de la guerre et cela fit remonter de forts mauvais souvenirs. Il fallut en plus vérifier qu'il n'y avait pas d'autre cas comme Black. Que tous les mangemorts et prisonniers d'Azkaban avaient eu droit à un procès. Certes un peu expéditif mais que le ministère pouvait prouver qu'ils avaient été entendus devant la cour.

Le magenmagot au complet fut convoqué ainsi que tous les témoins de l'époque, Dumbledore, Remus et tous les amis des Potter furent obligés de se présenter. Albus dut batailler ferme pour que Harry n'ait pas à venir. L'enfant avait actuellement quatre ans et vivait loin du monde magique à la demande de sa tante. Albus recevait environ une fois par an une lettre lui donnant de trop rares nouvelles et répétant la souhait plus que cher de Pétunia: que les sorciers restent loin de chez elle.

Remus était assis à côté d'Augusta Londubat dans l'austère salle de la justice.

Tout le monde était sérieux et une ambiance pesante régnait sur la pièce. D'un côté il y avait toute la cour en tenue de magistrat, de juges et quelques avocats représentaient les Potter et les Pettigrows. La mère de Peter n'était pas présente, elle se faisait âgé et ne pouvait plus se déplacer à sa convenance. Un avocat avait donc été dépêchée pour faire valoir ses droits.

Lorsque quinze heure sonna, la cage des prisonniers se mit en marche, faisant apparaitre un siège sur lequel était emprisonné Sirius Black.

L'homme n'avait plus rien à voir avec le lycéen sorti de Poudlard que beaucoup avaient connu. Il était particulièrement sale et sa tenue de prisonnier, autrefois d'un orange vif était maculée de tâches plus répugnantes les unes que les autres. L'hospitalité des aurores laissait toujours à désirer. Ses cheveux pendaient ternes et noirs autour de son visage émacié. Il avait la tête baissée. On aurait pu le croire mort si son torse ne s'était pas soulevé de façon plus ou moins régulière. Ses bras, ses épaules et ses jambes étaient fermement maintenues sur la chaise des plus inconfortable. Les arceaux de métaux semblaient avoir été bien trop serrées, comme pour rendre la position douloureuse et humiliante. Son poignet gauche saignait. Les aurors avaient poussé jusqu'à arracher la manche de sa tenue, laissant voir à tous, un poignet crasseux et vierge de tout tatouage.

L'audience commença rapidement. La cours présentât le déroulé des fait. Rapportés par moultes témoins. Les souvenirs des aurors qui avaient arrêté black furent présenté à la vue de tous. On y voyait l'homme rire comme un dément. Le son manquait. On ne savait pas exactement ce qu'il avait dit.

Albus fut prié d'intervenir. Il racontât ce qu'il savait: le souhait de James de faire de Sirius le gardien du secret. L'amitié des quatre maraudeurs, la fin tragique des Potter et de Peter.

A la fin de son discours, Black releva enfin la tête, laissant à tous voir son visage émacié, avec d'énormes cernes sous ses yeux vides. Était-il conscient de ce qui l'entourait? Son visage était inexpressif. Comme si un détraqueur avait déjà aspiré son âme. Il avait après tout passé quatre longues années à Azkaban dans le quartier de haute sécurité où les détraqueurs étaient les seuls gardiens.

Black se mit à rire de son rire hystérique qui surprit toute l'assemblée. Black semblait plus dément que jamais. Puis le prisonnier se mit à sangloter lourdement en marmonnant des choses incompréhensibles. Azkaban l'avait-il rendu aussi fou que sa cousine Bellatrix? Son témoignage pouvait-il être reçu par la cour? Il y avait surtout un gros problème, personne n'arrivait à faire apparaitre la marque des ténèbres présente sur les bras de chaque mangemort. Se pouvait-il que Black n'ait jamais reçu la marque de son maitre?

Albus finit par lancer un sortilège de silence sur le Gryffondor avant de proposer à la cour d'écourter l'audience en donnant, contre son gré, au prisonnier du véritaserum. Sa privation de baguette et ses niveaux magiques, rendraient impossible pour lui de se défendre contre la potion. Le tribunal saurait alors toute la vérité sur cette terrible affaire. Cela fut accordé sous condition: les journalistes devaient sortir pour l'interrogatoire et n'auraient accès qu'au compte rendu adjugé par le tribunal et non à l'intégralité des déclarations du supposé bras droit de Voldemort.

-Nom prénom

-Sirius Orion Black

-maison à Poudlard

-Gryffondor

S'ensuivit une longue suite de question en mitraillette sans répit pour Black. Sa voix était rauque, elle n'avait de toute évidence, pas beaucoup servie dans les dernières années. Amélia Bones arriva enfin aux questions les plus attendues.

-êtes-vous un mangemort

-non

Le silence envahit la pièce

-avez-vous déjà aidé de quelque façon que ce soit le seigneur des ténèbres, mage noir qui se fait appeler Lord Voldemort?

-Oui

-comment?

-J'ai permis à Peter Pettigrow de connaitre l'adresse de James Potter

-Pourquoi?

-Je pensais que c'était plus sûr pour James et Lily si Peter était leur gardien. Personne n'aurait su. Peter était si insignifiant. Voldemort m'aurait poursuivi et torturé mais je n'aurai rien pu dire.

-Avez-vous été le gardien du secret des Potter?

-Oui.

-Pourquoi dites-vous que Peter était le gardien?

-On a échangé deux semaines avant leur mort. Je n'étais plus dans le secret.

-Avez-vous divulgué en personne à Lord Voldemort l'adresse des Potter?

-Non

Le silence pesa sur la salle après cette réponse tranchée. Des larmes inondaient le visage inexpressif de Black.

-Pourquoi avoir tué Peter Pettigrow?

-Je ne l'ai pas tué.

-Comment Peter Pettigrow est-il mort?

-Je ne sais pas.

-Etiez vous présent lorsque Peter Pettigrow est mort le premier novembre 1981?

-Peter n'est pas mort, pas que je le sache.

-Que s'est-il passé le premier novembre 1981?

-J'ai eu peur pour Peter. C'était le gardien du secret. Voldemort devait l'avoir torturé. Je suis parti à sa recherche.

-Qu'avez-vous fait lorsque vous l'avez trouvé?

-Je l'ai désarmé.

L'assemblée se tourna vers Ollivander. En tant que fabriquant de baguette magique, il avait le privilège d'empêcher la destruction de toute baguette pour l'offrir à un autre sorcier. La baguette de Black était donc restée dans les baguettes saisies de nombreuses années auparavant dans l'espoir qu'elle aide un jour un sorcier qui ne trouvait pas son bonheur dans le million de baguette disponible chez Ollivander.

-Le dernier sortilège est bien un expelliarmus confirma le vieil homme.

Albus prit la parole sans demander la permission.

-Comment expliquez-vous que Peter Pettigrow ait disparu le premier novembre 1981?

-Il s'est coupé un doigt avant de lancer dans son dos un sortilège. Il s'est ensuite transformé en rat et a disparu par la plaque d'égout qui se trouvait juste derrière lui. Je n'ai pas été assez rapide pour le désarmé, il a tué tous ces moldues qui n'y étaient pour rien.

-Avez-vous contribué volontairement à la mort de James et Lily Potter par l'intermédiaire de Lord Voldemort?

-Non.

-Avez-vous tué des moldues le 1er novembre 1981?

-Non.

-Avez-vous tué Peter Pettigrow?

-Non

-Alors pourquoi êtes-vous en prison?

-Parce que c'est ma faute si Peter a pu trahir James. Si je n'avais pas eu cette idée stupide, il serait encore vivant.

Remus était plus blanc qu'un fantôme. Se pouvait-il que Black soit vraiment innocent?

-Comment Peter Pettigrow dont les notes en métamorphose sont plus que médiocre a-t-il pu se transformer sans baguette en rat? gestionna judicieusement Madame Bones.

-C'est un animagus.

-Comment le savez-vous?

-C'est moi qui lui aie appris à se transformer?

-Comment lui avez-vous appris?

-Je suis un animagus, je l'ai guidé dans la transformation.

-Vous n'êtes pas déclaré dans le registre des animagi.

-Non.

-Quelle est votre forme animale?

-Un gros chien noir.

-Et Peter?

-Un gros rat gris avec une longue queue.

-Qui d'autre savait que vous étiez des animagi?

-James Potter et Remus Lupin.

Toute l'assemblée se retourna vers le loup garou.

-Est-ce vrai ce qu'il dit? l'interrogea Amélia

-Oui. Ils sont devenus animagi lors de notre cinquième année répondit timidement Remus.

Il craignait les questions qui allaient inévitablement suivre. S'il se retrouvait à Azkaban à cause de sa lycanthropie, il n'y survivrait pas.

-Etes-vous un animagi non déclaré monsieur lupin?

-Non. Et selon l'article 46 de la loi de protection des loups garoux, je demande a ce que mon état de lycanthrope ne soit communiqué à nul tiers hors de cette assemblée récitât-il pour l'avoir trop souvent répété.

L'assemblée de s'y attendait pas.

-Donc tout ce que Black vient de raconter est vrai?

-Tout je ne sais pas. Que Peter et lui sont animagi, cela est vrai. Le reste je ne sais pas.

Il valait mieux rester prudent. Remus ne pouvait pas s'avancer.

-Plaidez-vous coupable pour l'assassinat de Peter Pettigrow, complicité de meurtre sur les personnes de James et Lily Potter et alliance avec un mage noir notoire? tenta une magistrate dont un foulard rose dépassait de la robe noire.

-Non! S'exclama vigoureusement Black en tirant sur ses liens.

-Le veritaserum ne fait plus effet s'insurgea la drôle de dame.

Ce fut à ce moment-là que Remus remarqua la présence de Severus Rogue, le nouveau maitre des potions de Poudlard. Albus lui murmura quelques mots à l'oreille et l'homme prit la parole d'une voix trainante et dénuée de toute émotion.

-Il a été administré trois gouttes de veritaserum au prisonnier selon les démonstrations de la guilde de potion, il est donc légalement considéré comme sous veritaserum jusqu'à dix-huit heure quarante-deux minutes.

Sur cette déclaration, Amélia Bones clôtura la session et annonça le retour de Black en prison jusqu'à la délibération qui serait rendue deux semaines plus tard après analyse du procès, recherche d'un justificatif magique de vie de Peter Pettigrow.

Black lui était étonnamment calme, toujours prisonnier de l'inconfortable chaise. Le regard dans le vide. Une bulle de silence avait été appliquée autour de lui afin que personne ne puisse profiter qu'il soit sous veritaserum. Remus s'attendait à le voir s'énerver, crier, se manifester comme il l'aurait fait en cours ou sur le terrain de Quidditch quand McGonagall annonçait quelque chose qui lui déplaisait. Non. Son ancien ami était bien trop calme. Bien trop immobile.

Il fallut à Remus plusieurs séances avec John pour digérer l'état dans lequel il avait vu son ancien ami. Surtout, la possibilité qu'il n'ait «pas planté de couteau» à James agonisant, était un sujet qui le hanta pendant plusieurs nuits.

Avril 1985

La nouvelle fit la une de la gazette du sorcier pendant plus d'une semaine. Erreur judiciaire! Sirius Black innocent!

Un sang pur emprisonné à tort pendant cinq ans à Azkaban!

Le département de la justice magique avait rendu sa décision. Black était libre. Pettigrow recherché pour comparaitre devant la justice.

Dumbledore avait été consulté. Black, rapidement exfiltré d'Azkaban avant que la presse ne soit informée, avait été forcé à passer une six mois minimum renouvelable par le médicomage qui lui était assigné pour soigner les séquelles inévitables causées par Azkaban. Une fois jugé apte à reprendre sa vie en main, il avait six mois pour enregistrer sa forme animagus officiellement et passer l'épreuve attestant sa capacité à se transformer de façon sécurisée. Il devrait repasser son permis de transplannage pour non pratique ce cette magie pendant plus d'un an.

Une compensation pour son emprisonnement lui serait versée dans ses coffres. Le montant était dérisoire face aux conséquences d'une telle peine chez un innocent.

Aucun sorcier mis à part un membre du département de la justice désigné par Madame Bones et le personnel qui s'occupait de ses soins à Sainte Mangouste ne pouvait le voir avant les trois premiers mois, puis uniquement à sa demande et sous supervision pour les trois suivants.

Remus était très peiné de cette mesure mais Albus avait su lui faire voir l'intérêt pour son ami d'un tel temps de réflexion et de soins.

Black n'était pas un patient facile. Il alternait entre des phases de profondes apathies où la mélancolie l'emportait loin du monde extérieur à des phases d'agitations extrême où il ne semblait plus savoir où il se trouvait. Il appelait à grand cri Harry. Après une bonne semaine sans comprendre, l'équipe avait finalement réalisé qu'il s'agissait d'Harry Potter, le filleul de Sirius. La nuit, c'était une autre chose, il cauchemardait et hurlait «Cornuedrue» sans que personne ne comprenne ce dont il s'agissait.

Dumbledore avait été questionné et l'homme avait obtenu une autorisation spéciale pour donner des nouvelles de l'enfant à Sirius un jour où celui-ci semblait bien aller.

Albus avait écrit à Pétunia afin que Harry soit préparé un jour à rencontrer son parrain. La femme avait répondu qu'il était hors de question que l'enfant rencontre un ex-criminel tout aussi innocenté soit-il, qui plus est sorcier. Elle avait répété que l'enfant avait besoin de normalité pour grandir et réitérait sa demande à ce qu'aucun sorcier ne s'approche de sa famille.

Albus avait donc vu Sirius, lui avait expliqué qu'Harry allait bien. Qu'il n'avait que quatre ans et qu'il avait besoin de stabilité. Il prévoyait d'organiser dès que possible une rencontre mais que l'homme devait être patient et que cela pouvait prendre beaucoup de temps de préparer un enfant comme Harry a ce genre de chose.

Remus eut beaucoup de mal a renouer avec Sirius. L'homme avait changé. Et Remus craignait qu'il ne lui en veuille de ne pas s'être inquiété plus tôt. De l'avoir cru coupable pendant tant d'année. Mais la thérapie de Sirius avançait bien et l'homme s'en voulait encore d'avoir indirectement causé la mort de James et Lily.

-C'est ma faute s'ils sont morts. Tu avais raison Remus. C'est ma faute.

Et le loup garou ne savait plus quoi dire pour réconforter son vieil ami. Ils avaient peu à peu renoué les liens mais l'amitié entre eux n'était plus aussi facile qu'a quinze ans.

Remus se mit à pleurer lorsque Sirius lui demanda pardon pour l'incident, de nombreuses années auparavant, de la cabane hurlante. Quand il avait entrainé Rogue derrière le monstre.

La prison avait vraiment changé Black et les soins, qu'il refusait initialement, lui faisaient finalement le plus grand bien. Sirius prévoyait poursuivre en consultations sa thérapie une fois libéré de l'hôpital. Il devait encore réfléchir à sa vie. La prison l'avait marqué. Il ne voulait plus de la guerre. Son esprit n'en pouvait plus de voir des horreurs.

Après de longues semaines de délibération, il avait finalement décidé de travailler pour la bibliothèque publique du chemin de travers. Le seul endroit où il arrivait à trouver du calme et de la sérénité. Tous les soirs, il y avait un moment de lecture à destination des enfants. Et Sirius avait un don avec les enfants. Il était toujours aussi doué pour imiter les personnages des livres et leur donner vie à la façon moldue. Contrairement à d'autres sorciers qui utilisaient leur baguette pour produire une sortie de film magique qui illustrait leur récit, Sirius donnait de sa personne et ça lui faisait le plus grand bien. Le sourire et les rires de ces petits qui l'écoutaient était pour lui le plus grand réconfort. Il espérait qu'un jour, ce serait à Harry qu'il pourrait faire ses lectures. Il avait eu beaucoup de mal à digérer le fait qu'il devait se tenir éloigné du garçon parce qu'il était un sorcier et que l'enfant n'avait toujours pas eu d'accident de magie.

Juin 1986

Cela faisait plus d'un an que Sirius était libre et pourtant, il n'avait toujours rencontré Harry. L'attente se faisait longue. Il avait mainte fois rencontré Albus, relu les réponses de Pétunia. Il ne voulait pas se mettre la famille à dos. Mais d'un autre côté, il avait trouvé un né moldu et avait longtemps travaillé pour être capable de passer une semaine entière dans une demeure entièrement moldue sans rien laisser transparaitre de son côté sorcier. Il pouvait garantir à la famille qu'il ne trahirait pas leur confiance et que l'enfant, selon leur vœu, resterait ignorant du monde sorcier jusqu'à son entrée à Poudlard ou avant s'il montrait des preuves de magie assez poussée pour que les moldus ne puissent l'ignorer.

Ce jeudi-là, alors que l'été approchait, Sirius fut convoqué dans le bureau d'Albus. L'homme lui remis la mine sombre une lettre.

Cher monsieur le directeur de Poudlard,

Je reprends contact avec vous au sujet du parrain de Harry. La babysitter de Harry vient de tomber malade au pire moment et nous avons besoin de quelqu'un pour le garder jusqu'à notre retour d'un voyage dans la famille de mon mari. Si le parrain de Harry souhaite le garder pendant trois jours, cela nous faciliterait la vie. Cependant, il devra accueillir l'enfant chez lui et en AUCUN cas lui parler, évoquer ou montrer de la magie. Cette condition est impérieuse. S'il n'est pas capable de la respecter, inutile de revenir vers nous. Harry a besoin d'apprendre la normalité. Je souhaite également qu'il ne parle pas de ses parents à l'enfant. Il est trop jeune et son psychologue nous a formellement recommandé de ne pas lui en parler ce qui risque de le perturber même s'il insiste pour évoquer le sujet, il faut rester ferme avec lui. J'espère que vous aurez à cœur son bien-être et saurez respecter ses conditions.

En attendant votre réponse par la voie classique.

Pétunia Dursley.

Pourquoi Harry n'allait-il pas avec sa famille? Pourquoi interdire de lui parler de ses parents si l'enfant le sollicitait?

C'était étrange mais Sirius ne pouvait s'empêcher de refuser une telle offre. Après avoir annoncé sa réponse à Albus et promis de se présenter à l'adresse qui lui serait fourni le jour J, il transplanna pour son petit appartement situé dans le Londres moldu. C'était une des demeures de James qu'il avait réhabilité dans le cas où Harry pourrait venir chez lui mais sans voir de magie. C'était petit pour un sang pur habitué aux manoirs. Deux chambres, un salon, une cuisine, un bureau bibliothèque, une salle de bain et une entrée. Simplement décoré selon les recommandation d'un ami né-moldu et aménagé avec des meubles moldus d'une nouvelle marque récemment implantée dans le pays IKEA. Il avait passé plusieurs heures à monter ses meubles en kit. Et avait fini par abandonné. L'aide de son ami avait été nécessaire pour finir le travail.

Il profitait aussi de cette maison loin des souvenirs des Blacks pour inviter Remus. L'homme ne pourrait pas voir Harry tout de suite. Sirius espérait que le rencontre se passe bien pour pouvoir présenter l'enfant à plus de personne proche de sa famille.

Juillet 1986

Sirius, habillé en moldu des plus normaux se présenta à Privet Drive. Il gara une voiture louée pour l'occasion devant la demeure des Dursley avant de sonner.

Une femme particulièrement laide, maigre avec un cou de girafe lui ouvrit la porte.

-Vous êtes Black? Entrez! dit-elle sèchement avant d'hurler un «Harry!» dans la maison.

Sa voix stridente fit mal aux oreilles de Sirius.

Avant même qu'il ait pu dire Quidditch, il s'était retrouvé à la rue avec un petit enfant qui semblait avoir à peine quatre ans et son petit sac à dos. Il n'avait pas eu le temps de se présenter que déjà on l'avait poussé vers la sortie.

-Bonjour Harry, je suis Sirius.

-Bonjour monsieur lui répondit une petite voix.

-Viens dans la voiture, on fera plus ample connaissance sur la route. Ta tante t'a tout expliqué? Tu viens chez moi pour trois jours. Trois dodos.

Il ne savait plus vraiment ce que les enfants de cet âge comprenaient. D'ailleurs Harry n'avait-il pas bientôt six ans? Il en paraissait quatre…

Il ouvrit la portière arrière, révélant un siège pour enfant qui semblait bien trop grand pour Harry.

Sans commentaire, il prit le garçon sous les bras et déposa le trop léger paquet dans le siège auto. Il batailla un peu avec le harnais de sécurité.

-C'est bon tu es bouclé souffla-t-il en écartant une mèche du visage de Harry avec un sourire doux sur le visage en regardant son filleul.

Il contourna la voiture pour rejoindre le siège conducteur.

Le petit n'avait toujours rien dit à part le minuscule «bonjour» chuchoté sur le pas de la porte. L'enfant était probablement intimidé et c'était bien normal. Il était un grand monsieur inconnu et, il le savait, les enfants n'aimaient pas beaucoup les grandes personnes étrangères s'ils n'avaient pas le temps d'apprendre à la côtoyer.

Le trajet se passa en silence, interrompu par les quelques commentaires touristiques de Sirius.

«On va passer devant Big Ben.» «Regarde au loin le London Bridge!»

Dans le rétroviseur, Sirius voyait Harry regarder par la fenêtre mais son regard avait toujours ce quelque chose de curieux…

Arrivé à destination, Sirius gara la voiture à proximité de l'immeuble. Il ne disposait pas de parking, c'était inutile car il ne louait sa voiture que lorsque Harry était dans les parages.

Le temps qu'il récupère le sac de l'enfant, Harry s'était déjà détaché et était descendu de son siège tout seul. Il claqua la portière avant de se tourner vers lui. Lorsque Sirius lui tendit la main pour qui la lui tienne, l'enfant ne fit pas un geste. Comme s'il n'y avait pas de main tendue entre eux. Il n'avait pas l'air mal à l'aise à l'idée de tenir la main d'un adulte inconnu, il n'avait pas l'air en colère qu'on le prenne pour un petit. Non. C'était comme s'il n'y avait pas de main entre eux. Curieux.

L'enfant le suivit, quelques pas derrière lui, obligeant Sirius a se retourner pour vérifier qu'il était toujours là.

Sirius dû batailler contre la serrure trop neuve qui refusait de fonctionner du premier coup. Il enleva ses chaussures et vit Harry faire de même sans qu'il ne lui demande. Il commença rapidement la visite de l'appartement. Il poussa rapidement Harry dans le dos pour qu'il ne traine pas trop derrière. Le garçon ne semblait pas très heureux d'être là.

Cuisine, salle à manger, salon, bibliothèques, les toilettes. Ils arrivèrent enfin devant la chambre de l'enfant. Sirius avait trouvé des petites lettres en bois colorées et les avaient fixées sur la porte.

«Harry».

-C'est ta chambre. Quand tu seras chez moi c'est ton espace dit Sirius en ouvrant la porte pour révéler une chambre aux murs blancs avec un lit sur le côté recouvert d'une couverture colorée. Un astronaute, des étoiles, une fusée. Sirius avait vu la couverture chez son collègue né-moldu et elle plaisait tellement à ses enfants qu'il eut l'idée d'en prendre une pour la chambre de Harry en attendant de savoir ses préférences.

Il y avait une petite table, à hauteur d'enfant, une armoire, quelques jouets. Sirius n'avait pas envie que Harry s'ennuie chez lui mais il ne connaissait vraiment pas les goûts de l'enfant et avait donc opté pour des basiques. Un jeux de construction, des figurines, des petites voitures. Encore une fois, conseillé par son ami.

Sauf que Harry ne lui laissait voir aucun indice, est-ce que cette chambre lui plaisait? Est-ce que cela n'allait pas? Non. Son visage était horriblement neutre. Sirius, mal à l'aise, s'empressa d'ouvrir le sac de l'enfant. Ranger lui permettait de faire quelque chose pour enlever ce malaise.

Sauf qu'il y avait un problème avec le contenu du sac de Harry.

Les vêtements étaient très larges. Trop large pour Harry. C'était flagrant. Et c'étaient de vieux vêtements. Déchirés et délavés. Il y avait aussi une brosse à dent bien trop usée. Un tube de dentifrice, roulé jusqu'au goulot. Aucun jouets. Aucune doudou.

-Harry? Est-ce que c'est bien tes affaires?

Petit hochement de tête.

-Mais, c'est trop grand pour toi? s'étonna Sirius en tenant un pantalon devant l'enfant.

Ça va jamais tenir sur toi.

L'enfant nia de la tête. Sans prononcer un mot.

Curieux. La tenue de l'enfant était correcte. Un peu grande mais plutôt correcte. Comme une tenue pour jouer dehors, une tenue qui ne craignait pas la boue ou la peinture.

-Je vais préparer le déjeuner, tu peux jouer je viendrai te chercher quand ce sera prêt. Si tu as besoin de moi, appelle-moi ou viens dans la cuisine.

Sirius sentait instinctivement qu'il ne fallait pas laisser le choix à l'enfant pour le repas.

Il ne lui restait plus qu'a espérer que son choix plairait à l'enfant. Il était tout petit et tout maigre. Clairement, il ne mangeait pas beaucoup. Pourvu qu'il ne fasse pas la fine bouche…

Sauf que Harry le suivit immédiatement à la cuisine et s'empressa d'ouvrir tous les placards sans rien toucher.

Tant qu'il ne s'approchait pas de la gazinière…

Sirius tira de son congélateur des pommes de terre toutes prêtes à réchauffer. Le temps qu'il se retourne pour récupérer la viande, Harry s'était saisi de la spatule en bois et remuait le contenue de la poêle situé au-dessus de sa tête.

Le sang de Sirius ne fit qu'un tour, à tout moment, la poêle bouillante pouvait se renverser sur l'enfant!

Sirius saisit la main de l'enfant brutalement et le tira brusquement en arrière. Son cœur battait à cent à l'heure et Harry paraissait peiné de sa réaction.

-Ne t'approche pas du feu Harry! C'est dangereux sermonna-t-il.

Le repas se passa étrangement. Harry balançait d'un pied à l'autre, il ne semblait pas savoir quoi faire. Sirius tira une chaise et invita Harry à s'assoir. L'enfant ne posa qu'une fesse sur la chaise, encore à moitié debout.

-Assieds-toi correctement Harry s'il te plait.

Harry se leva et alla s'assoir dans un coin de la pièce à même le sol. Sirius avait envie de se taper la tête contre un mur. Il se dirigea vers l'enfant, le prit doucement par l'épaule et le guida jusqu'à la table.

-Harry, assieds-toi à table.

Il le saisit sous les bras et le posa sur la chaise avant de l'avancer pour qu'il puisse atteindre la table. Il prit une serviette et la noua autour du cou de l'enfant.

Il s'assit à son tour et entreprit de servir l'enfant de patates et de viande. L'enfant n'avait l'air ni dégouter ni content de ce qui se trouvait dans son assiette.

Sirius commença à manger en jetant un œil en coin à l'enfant.

-Qu'est-ce qui va pas Harry?

Silence

-Mange mon grand, ça va refroidir.

Peut-être que Harry attendait la confirmation qu'il pouvait manger? Il vérifierait au diner.

Nouvelle surprise à la fin du repas, Harry se leva rapidement et empila les assiettes en mettant celle de Sirius, sur le dessus avec les déchets dedans. Il porta la tout précautionneusement jusqu'à l'évier. Black craignit à un moment que le tout ne tombe mais Harry semblait savoir faire.

Sirius dut intervenir cependant quand Harry commença a faire la vaisselle à la main.

-On a un lave-vaisselle Harry! Pas besoin de laver à la main. En plus c'est pas à toi de le faire. C'est mon travail.

L'enfant parut étonné. Sirius l'envoya jouer dans sa chambre le temps qu'il boive son café.

Il retrouva Harry, un quart d'heure plus tard, planté au milieu de la chambre. Sirius s'assit à même le sol et tendit la main vers l'enfant.

-Viens me voir Harry, il faut qu'on parle. Qu'est-ce qu'il se passe mon grand?

Sirius s'attendait à ce que Harry se mette à pleurer. A demander à rentrer chez lui. Mais non. Rien de tout ça.

Le visage de Harry resta toujours aussi inexpressif.

-Qu'est-ce que tu veux faire?

-Je peux aider à passer l'aspirateur? murmura l'enfant.

Sirius fut surpris. Harry voulait faire le ménage? Pourtant l'appartement était raisonnablement propre… Bon, si cela lui permettait de rentrer en contact avec le fils de James soit.

Ils passèrent l'après-midi à faire le ménage. Harry était bien plus efficace que lui. C'était surprenant pour un petit de quatre ans. Non. Harry arrivait sur ses cinq ans!

-Harry, qu'est-ce que tu as envie pour ton anniversaire?

Pas de réponse. Il y avait un problème quelque part mais Sirius ne savait pas ce que c'était lorsqu'il s'aperçut qu'il était déjà six heure du soir! Ils avaient loupé le goûter! Et Harry ne s'était même pas plein qu'il avait faim! Il devait pourtant être affamé, il avait peu mangé à midi et avait secoué la tête pour refuser que Sirius le resserve.

Sirius hésita: goûter tardif ou douche et diner tôt? Il opta pour la deuxième option.

-Harry? C'est l'heure du bain.

L'enfant parut terrorisé à cette idée. C'était la première émotion qu'il montrait depuis que Sirius l'avait rencontré.

-Tu peux prendre une douche si tu préfères Harry, mais il faut te laver.

Sirius espérait plus que tout que l'enfant accepte. Il ne se voyait pas le laver au gant de toilette.

Harry se dirigea vers la salle de bain sans que Sirius n'ait à le demander. L'homme alla chercher le pyjamas du petit et une grande serviette de bain. Comment allait-il faire tenir le pantalon trop grand? Il n'y avait pas de ceinture dans le sac de l'enfant. Sirius n'avait pas vu la petite corde qui trainait au fond du sac.

Harry se tenait debout, tout nu au milieu de la salle de bain, les mains devant son intimité, frissonnant en attendant l'homme.

Sirius ouvrir le robinet de la cabine de douche et fit couler l'eau jusqu'à ce qu'elle soit chaude, il veilla a ce que ce ne soit pas trop froid ni brûlant.

-Viens Harry! Est-ce que c'est trop chaud pour toi? questionna-t-il.

L'enfant s'avança mais ne tendit pas la main pour toucher l'eau. Doucement, Sirius prit sa main sans la serrer pour laisser à l'enfant la possibilité de la retirer.

-C'est bon pour toi? demanda-t-il a nouveau.

Petit hochement de tête.

-Vas-y entre, je te laisse prendre la paume de douche.

Sirius ne put s'empêcher de retenir un hochet de surprise en voyant pour la première fois le dos et les fesses de l'enfant. Il était couvert de bleu. Il y avait des traces de mains sur les fesses du gamin. Qu'avait donc bien pu faire Harry pour recevoir une telle punition?

La fessée était une punition courante mais elle ne laissait jamais de marque. Il y avait une limite entre la fessée et la maltraitance. Harry avait clairement été battu, maltraité! Le fils de James! Quelqu'un avait osé porter la main sur lui!

Sans attendre, sans un mot, Sirius éteignit brusquement l'eau, enroula Harry dans la serviette et fit tomber un pan sur sa tête avant de courir vers la cheminée.

Il débarqua en trombe dans le bureau de Dumbledore, Harry emballé dans sa serviette dans ses bras.

La soirée fut longue et pénible. Sirius était affolé. Comment avait-il pu laisser quelqu'un faire du mal à son filleul? Il avait des envies de meurtre!

Harry finit dans l'infirmerie, totalement perdu, serrant sa serviette contre lui. Il était tout nu dessous et il y avait beaucoup de monde. Il n'avait absolument pas envie de montrer les traces de la dernière punition de l'oncle Vernon. Tante Pétunia n'était pas contente que son oncle ait à le punir mais il avait désobéi aux règles. C'était sa faute. Et les autres adultes sauraient qu'il est un méchant garçon. Un monstre. Il n'aurait plus le droit à la belle chambre chez monsieur Black. Il allait finir à la cave l'avait prévenu tante Pétunia.

Il n'en était pas loin de la cave visiblement…

Rapidement, Albus rejoignit l'infirmerie accompagné par un travailleur du service de l'enfance. Poppy ferait les constatations médicales. Les preuves de la maltraitance étaient évidentes. Restait à savoir qui était le coupable. Sirius eut beaucoup de mal à détourner l'attention de Harry pour qu'il ne «voit» pas les baguettes des autres sorciers. Il l'avait fait voyager par cheminée… C'était peu explicable… Mais il y avait plus grave.

-Harry? qui t'a donné la fessé?

L'enfant semblait mortifié et c'était bien normal.

-Je referai plus promis.

Et terrifié.

-Il n'y a pas de problème Harry. Je veux juste savoir qui t'a puni. C'était une grosse punition non?

-oui.

-C'était où?

-A la maison.

-Tu te souviens de quand c'était demanda Sirius. Les autres adultes essayaient de se faire tout petit. L'attention de l'enfant était concentrée sur Sirius.

Poppy avait apporté des vêtements plus adaptés pour l'enfant.

-Est-ce que tu veux bien que je mette de la crème sur tes bobos?

Harry parut réticent mais finit par laisser Sirius appliquer du baume cicatrisant sur son dos. Il refusa nettement que l'homme touche ses fesses, la partie la plus bleuté. Il tenait encore la serviette contre lui. Sirius lui enfila rapidement le nouveau T-shirt fournit par l'infirmière. Il était petit. Surement magiquement rétrécit. Simple et sans motif. Le coton semblait particulièrement doux.

-Est-ce que si je tiens ta serviette, tu veux mettre le baume toi-même tenta Sirius.

Harry approuva rapidement cette option et mis bien maladroitement la crème sur le bas de son corps. Albus avait discrètement pris une photo magique comme preuve des blessures et la présence du travailleur social et de l'infirmière attesterait des évènements.

-Harry, je voudrais savoir qui ta fait mal. Tu veux bien me le dire?

-Onc' 'non.

Sirius n'avait rien comprit. Il ne voulait pas faire répéter l'enfant mais c'était nécessaire.

-Qui c'est Onon?

-Mon oncle.

L'enfant était concentré sur sa tâche et cela libérait sa parole. C'était parfait pour les adultes.

-C'était une grosse punition constata Sirius, en efforçant sa voix à rester le plus neutre possible.

-Harry est méchant.

-Qu'est-ce que tu as fait de méchant pour qu'il te punisse autant?

Sirius ne voulait pas orienter l'enfant mais avait besoin de réponses. Ils découvrirent finalement que Harry avait été battu pour ne pas avoir fini une longue liste de tâches totalement inappropriées pour un enfant de son âge. Cela semblait même être un fait quotidien.

-Harry, si tu pouvais avoir ce que tu veux, qu'est-ce que tu voudrais? questionna Sirius, se rappelant au dernier moment de ne pas demander «si tu avais une baguette magique, qu'est-ce que tu ferais avec?».

-Je voudrais vivre avec mon ivrogne de père et ma méchante mère qui sont morts.

Tous les adultes restèrent muets face à cette déclaration. L'enfant avait-il vraiment envie de ses parents ou voulait-il juste fuir son oncle et sa tante?

-Qu'est-ce qu'il y a chez ton papa et ta maman qu'il n'y a pas chez ton oncle et ta tante?

Harry ne parut pas comprendre. Il bailla plusieurs fois et rendit à Sirius le pot de baume. L'homme lui tendit rapidement le pantalon qui allait avec sa tenue. Comment pouvait-il aborder le problème? Le plus urgent était fait. Les blessures de Harry étaient soignées, l'enfant ne pouvait pas voir son dos, mais il n'y avait plus aucune trace des coups. La preuve de la maltraitance était enregistrée et les aveux de l'enfant avaient été entendu. Sirius ne serait pas étonné si Harry se mettait à tout nier en bloc à la prochaine confrontation.

-Harry? demanda prudemment Sirius, toujours agenouillé devant le gamin. Et si au lieu de vivre chez ton oncle et ta tante, tu venais vivre chez moi?

L'enfant le regarda avec des yeux ronds.

-Tu veux de méchant Harry? questionna le petit.

-Oh! Harry! Tu n'es pas un méchant garçon, mon grand dit Sirius en le prenant contre lui.

-Mais Harry est méchant monsieur.

Et Sirius eut une idée pour calmer la situation, il était tard et l'enfant n'avait toujours pas mangé depuis le déjeuner.

-Et si je te montre comment être un gentil garçon? Et je sais faire sans donner de fesser! Promit Sirius.

L'enfant, toujours dans ses bras hocha doucement de la tête.

Sirius se releva, son précieux colis dans les bras. La soirée n'était pas finie. D'un murmure, il proposa à Pomfresh de passer dans la nuit. Harry était trop petit et trop léger. Sirius ne serait pas surprit si ces tuteurs l'avaient affamé. Il ne voulait pas que l'enfant voie de magie. Il faudrait réutiliser la cheminette pour le retour.

Il demanda à Harry de fermer les yeux jusqu'à ce qu'ils soient arrivés chez lui. L'enfant ne posa pas de question sur le comment du trajet. Et cela arrangea Sirius.

Albus, prévoyant avait fait livrer par un elfe un repas pour le duo.

Cette première nuit fut rapidement suivie par d'autres. Dumbledore porta plainte contre les Dursley, Harry fut confié définitivement à son parrain. Ils eurent beaucoup de mal à lui désapprendre les comportements inculqués par les Dursley: manger à heure fixe, jouer, oser parler en public, poser toutes les questions qu'il avait envie, exprimer ses envies, ses peines, ses désirs…

Sirius fut aidé par Remus. Très rapidement, ils comprirent que tout avait une cause de magie accidentelle chez Harry qui faisait plus d'une crise par semaine. C'était énorme. Et l'enfant ne cessait de répéter que la magie n'existait pas. Que c'était une abomination de la nature.

Les adultes reprenaient fermement l'enfant sur le deuxième point sans jamais affirmer quoi que ce soit sur l'existence de la magie. Il y avait un temps pour tout.

Harry était régulièrement vu par un médecin moldu qui avait lui aussi attesté du retard de croissance de l'enfant. Le petit avait donc obligation de manger deux goûters par jour et de finir son assiette à tous les repas. S'il n'aimait pas, Sirius lui proposait systématiquement quelque chose d'autre une fois qu'il avait goûté le premier plat. Harry n'était pas difficile mais Sirius tenait à ce qu'il comprenne qu'il avait le droit de ne pas aimer certaines choses et que c'était normal.

Le médecin avait rapidement soulevé la problème de vue de Harry. Les lunettes rose de Harry n'étaient absolument pas à sa vue et on ne savait pas où sa tante avait pu les dénicher. Harry eut donc droit à une prescription à jour et à une visite au magasin pour en faire une nouvelle paire sur mesure. C'était visiblement une première pour le garçon. Il finit en pleure dans les bras de Sirius, ne comprenant pas pourquoi il avait le droit de choisir. Lorsque la paire fut livrée, Harry passa la semaine suivante à observer partout et à pointer moultes choses à Sirius.

L'homme lui avait demandé de l'appeler par son prénom ou Patmol à la place mais Harry n'y arrivait toujours pas. Pour lui c'était toujours «monsieur Black». Une horreur pour Sirius. Monsieur Black était son père, pas lui…

Harry se réveillait souvent la nuit, en plein cauchemar. Grâce à une invention moldue, le baby phone, Sirius arrivait généralement à entendre l'enfant qui pleurait silencieusement dans sa chambre. Il finit un soir par le faire se livrer sur ses mauvais rêves. De façon peu surprenante, Harry cauchemardait de retourner chez son oncle et sa tante. Albus avait été formelle: les barrières de sangs ne valaient pas le bien être de Harry. Leur garde avait été retirée et Harry temporairement placé chez Sirius pour l'été. L'affaire avait été extrêmement vite dans le monde magique de par le statut de Harry. Il avait lancer de nombreux sorts pour s'assurer la confidentialité de l'histoire. Harry n'avait pas besoin de la presse dans sa vie déjà bien compliquée. Petit à petit, Sirius avait obtenu que Harry l'appelle après un cauchemar, puis qu'il se sente à l'aise pour venir le réveiller dans sa chambre pour un câlin ou pour se rendormir dans le lit de Sirius.

Poppy et le médecin moldu, avaient rapidement recommandé que Harry voit un psychologue. Les adultes mirent beaucoup de temps à trouver la personne la plus adaptée. Magique pour pouvoir peu à peu aborder le sujet, capable de maintenir la chose confidentielle, connaissant le monde moldue pour pouvoir discuter avec l'enfant avant que le sujet de la magie ne soit abordé.

Juillet 1987

Harry venait de fêter ses sept ans, cela faisait un an qu'il vivait avec Sirius. Les séances avec la psychologue lui avaient fait le plus grand bien mais il restait encore des traces de son séjours avec les Dursley. Sirius avait réussi à scolariser Harry dans une petite école de Londres, pas très loin de leur petit appartement. Sirius avait fini par prendre un emploi permanent à la bibliothèque du chemin de travers. Pour Harry, il était juste bibliothécaire. L'enfant demandait souvent à aller là où il travaillait. Alors Sirius se décida enfin à avoir LA discussion.

Il prit Harry sur ses genoux et commença à lui parler de ses parents, de son passage en prison «parce que le juge c'était trompé». Il voulait que l'enfant comprenne pourquoi il n'avait pas été là. La psychologue lui en avait parlé. C'était important.

-Harry, tu te souviens l'autre jour du verre qui s'est cassé mais qui était entier?

Harry se mit à trembler comme souvent après ses accidents de magie. Sirius faisait comme s'il avait rien vu. L'enfant semblait s'apaiser un peu après mais Sirius le voyait bien lui jeter des coups d'yeux peu après, comme s'il avait peur que Sirius disparaisse ou ne le batte.

-Est-ce que tu penses que je peux faire pareil?

-Non

-Pourquoi?

-Vous êtes pas un monstre…

L'enfant s'empressa de poser deux mains sur sa bouche. Sa psychologue travaillait encore avec lui sur ce sujet.

-Ah! Donc si j'arrive à le faire et que je suis pas un monstre, ça veut dire que les autres personnes qui le font ne sont pas des monstres également, n'est-ce pas?

La logique était tordue mais bon… Harry hocha lentement la tête. Sirius lui demanda d'aller chercher un verre, et de s'assoir sur le canapé. Sans attendre, Sirius lâcha le verre qui se brisa en mille morceaux sur le carrelage. Il sortit de sa manche sa baguette et lentement, pour que Harry ait bien le temps de voir, lança le sort pour réparer le verre.

-Oh! fit Harry.

Sirius passa la soirée à discuter avec le fils de James. Il ne mit pas de mot sur le phénomène jusqu'à ce que Harry ne finisse par le demander.

-Monsieur Black? Est-ce que ça veut dire que la magie existe pour de vrai?

-Oui! s'écria Sirius tout sourire en prenant Harry dans ses bras pour une étreinte bien méritée. Il lui colla un baiser sur les joues.

La cascade de questions se transforma vite en avalanche. Pourquoi oncle Vernon disait que c'était faux? Pourquoi il avait pas fait de magie jusqu'à avant? Pourquoi certaines personnes pouvaient faire de la magie et pas d'autres? Pourquoi il avait pas le bout de bois? Pourquoi lui il pouvait faire et pas Dudley? Est-ce qu'il pourrait montrer aux copains de sa nouvelle école? Pourquoi c'était un secret?

L'enfant s'endormit le soir en demandant à Sirius si ce n'était pas une farce. L'homme savait qu'il lui faudrait du temps. Mais c'était déjà ça. Ils n'auraient plus à cacher certaines magies à l'enfant et, sous couvert de déguisement, il pourrait venir à la bibliothèque.

Sirius espérait également que cela aiderait Harry avec ses accidents de magie. Et ce fut le cas. Si les premiers jours les accidents s'accentuèrent jusqu'à un apogée où Harry enchaina plus de trente crises de magie. Sirius prenait bien soin de réconforter l'enfant après même si c'était assez éprouvant pour lui aussi. Ils durent rester chez eux toute la semaine le temps que la magie de Harry s'apaise.

Septembre 1987

Harry entrait en seconde primaire cette année-là. Il était toujours aussi motivé par sa nouvelle école moldue. Après un moment d'adaptation, il avait commencé à s'épanouir en classe et à progresser. Les nouvelles lunettes et l'absence de son cousin y étaient pour beaucoup. Sirius avait prévenu les enseignants sur le passé moldu de Harry afin qu'ils puissent réagir de façon adapté. Dans le cas contraire, Sirius n'aurait pas hésité un instant, il était assez riche pour payer un précepteur et savait parfaitement que Remus était un grand pédagogue qui l'aiderait sans difficulté. Mais Harry avait besoin d'apprendre à vivre en société. Sirius le savait pour l'avoir vécu, être seul chez soi entouré d'adulte n'était pas bon. Les sangs purs avaient beaucoup de mal à l'entrée à Poudlard comparé aux nés-moldues à cause de l'école à la maison.

Un jour, Harry revint tout chafouin de l'école. Sirius ne comprit le pourquoi de la chose qu'en ouvrant le cahier pour les parents. Les enfants avaient sortie scolaire le mois suivant et devaient se rentre au musée à vélo avec toute la classe. Et Harry se blottit dans ses bras sans rien dire. Sirius avait fini par comprendre qu'il ne fallait pas presser l'enfant à se confier. Il avait tendance à se refermer comme une huitre.

Harry ne savait pas faire de vélo! Et il avait très peur que tous ses copains se moquent.

Alors Sirius profita de sa journée du lendemain pour acheter un vélo pour enfant à la taille de Harry. Il n'était pas gêné pour gâter Harry. L'enfant était encore bien trop modeste à son goût et ne savait toujours pas réclamer les petits plaisirs qu'un enfant demande normalement.

C'est ainsi qu'ils passèrent leur week-end à apprendre à Harry à rouler. Sirius sourit en découvrant qu'Harry avait toujours autant d'équilibre. Une fois qu'il eut compris comment utiliser les pédales et comment rouler droit, il réussit bien vite à se maintenir sur la selle sans tomber.

Sirius investit ensuite dans un vélo adulte pour lui et le duo décida d'aller à l'école tous les jours sur leur nouvelle bicyclette. Sirius emmena même Harry en balade dans Londres pour qu'il fasse le chemin école-musée. L'enfant était ravi. Sirius était cependant un peu inquiet. Il espérait qu'aucun de ses camarades ne se moquerait de la taille du vélo de Harry. Le médecin avait beau prescrire à Harry des compléments alimentaires, Sirius veillait à ce qu'il mange bien allant jusqu'à le chercher tous les midi pour manger au calme à la maison.

Un jour, Harry lui demanda à inviter Isabel et Arthur, deux de ses camarades de l'école qui jouaient souvent avec lui. Sirius était très heureux de rencontrer enfin les amis de Harry. Il accepta facilement et contacta les parents afin d'organiser avec eux l'invitation. Il rangea rapidement tout ce qui pouvait évoquer la magie.

Sirius gardait toujours en tête la soirée du 31 octobre 1987. Harry avait vadrouillé dans les rues avec ses amis pour demander des bonbons. Il s'était couché tard, le ventre un peu trop plein des sucreries qu'il avait gagné dans la soirée. Lorsque Harry l'appela au milieu de la nuit, Sirius était certain qu'il avait une bonne indigestion. Il trouva un Harry en pleure, serrant contre lui sa peluche préférée. L'enfant était trempé de sueurs mais il ne semblait pas avoir rendu son repas. Harry avait fait un mauvais rêve.

Sirius peinait à croire que l'enfant avait des souvenirs de la mort de ses parents. Un flash vert évoquait évidemment le sort de mort pour le sorcier. Ce fut l'occasion pour le parrain de discuter de la mort de ses parents avec l'enfant. Ce n'était pas l'heure rêvée mais le moment était adapté.

Harry savait que les Dursley avaient menti mais il n'avait jamais cherché à savoir pourquoi ou comment ils étaient morts. Sirius enrageait intérieurement à l'idée qu'ils soient morts dans un banal accident de voiture selon les dire de l'oncle de Harry.

Il passa beaucoup de temps à expliquer les choses. Ces parents s'étaient battus pour la liberté. Parce qu'ils s'aimaient et que le méchant sorcier leur voulait du mal «parce qu'il est méchant».

Après tout, comment expliquer à un enfant les crimes de Voldemort?

Sirius passa sur certains détails. Comme le fait que Harry avait survécu au sort qui avait tué ses parents. Conseil du psychologue. L'enfant n'était pas prêt à affronter le syndrome du survivant. Et il valait mieux que Harry ignore encore un peu sa célébrité magique. L'enfant s'épanouissait de jour en jour et l'insouciance lui faisait le plus grand bien.

Décembre 1987

Sirius fut convoqué par la maitresse de Harry. Il y avait eu un accident de magie à l'école. Rien de grave mais Sirius dut étouffer les soupçons de l'institutrice et faire en sorte que la maitresse n'ait pas de dent contre Harry. Elle voulait aussi lui parler des progrès de son élève. Harry travaillait de mieux en mieux et aimait beaucoup l'école. Ses résultats s'en faisaient ressentir. Il avait tendance à s'ennuyer et le soir, il réclamait fréquemment à Sirius d'avancer dans le programme. La maitresse confirma toutes les observations de Sirius. Mais l'homme ne souhaitait pas que Harry ne saute de classe. Il était encore fragile émotionnellement et petit physiquement. L'enfant ne l'exprimait pas mais Sirius sentait bien qu'il était gêné par son retard de croissance dû à la malnutrition chez les Dursley.

Ce fut Remus qui apportât une solution. Si Harry était si curieux, pourquoi ne l'initiait-il pas au monde de la magie?

Un pacte fut donc conclu: si Harry s'ennuyait en cours, il devait faire ses devoirs en plus des exercices de la journée. Si le soir il avait aucun devoir à faire et connaissait déjà ses leçons, Sirius passait une ou deux heures à lui parler du monde magique.

Tradition, contes de fées, botanique, sortilèges, histoire de la magie, métamorphose, potions, art sorciers…

Harry était ravi de cet arrangement. La maitresse accepta facilement qu'il fasse ses devoirs pendant la journée. L'enfant paraissait bien plus épanoui et ses activités «extrascolaires» semblaient lui faire le plus grand bien. Sirius inscrivit également Harry dans un cours de sport moldu avec Isabel et Arthur.

Juillet 1989

Harry fêtait ses neufs ans ce jour-là. Sirius avait prévu une fête en petit comité, en «famille». Pour Harry, cela voulait dire Remus, Sirius, Nymphadora et Dumbledore. Sirius ne savait pas comment serait reçu son cadeau. C'était la preuve que Harry devenait définitivement son fils. Que plus jamais, il n'aurait à retourner chez les Dursley.

Sirius dut sortir du salon avec Harry en pleure dans ses bras. Il prit soin d'expliquer à Harry qu'il ne remplacerait jamais son papa, James Potter. Et d'ailleurs, entre eux, c'était toujours «Papa James». Sirius obtint à partir de ce jour-là que Harry l'appelle Sirius, ou Patmol (lorsqu'il avait fait des bêtises le plus souvent) ou encore parrain (en public car Harry n'arrivait pas à se séparer du Monsieur Black devant les autres adultes). Harry demanda à ce que le certificat d'adoption soit affiché en face de son lit. Il pouvait le voir dès qu'il se réveillait après un cauchemar. Sirius n'était pas certain que ce fût une bonne solution mais Harry dormait mieux, alors… Soit.

De son côté, Sirius avait poursuivi sa propre thérapie. Il avait parfaitement conscience du mal que trois ans à Azkaban lui avaient fait. La prison et les détraqueurs lui avaient bien fait comprendre que son comportement adolescent était plus que répréhensible. Il avait clairement harcelé les Serpentard. Il avait eu besoin de l'aide de sa psychologue pour analyser son passer. Et il ne voulait pas de cela pour Harry. Il ne voulait pas non plus que l'enfant perde l'image qu'il avait de son père. Il prenait soin de raconter parfois, les bêtises qu'ils faisaient pour lui montrer que James n'était totalement un héro lointain. Mais que lui aussi avait des défauts.

Mais jamais il ne rappelait à l'enfant qu'ils étaient méchants avec les Serpentard. Il veillait à mettre les quatre maisons sur un pied d'égalité. Harry semblait ravi de connaitre les petites anecdotes sur Poudlard. Mais ce dont il parlait le plus au sujet de la magie, c'étaient les potions. La psychologue avait expliqué à Sirius qu'il faisait un transfert entre la cuisine qu'il faisait par obligation chez son oncle et sa tante et les potions qu'il faisait comme ses parents et par plaisir.

L'enfant était doué contrairement à Sirius qui fut rapidement dépassé. Il fit appel à Remus, monsieur premier de classe dans toutes les matières puis à sa cousine Andromeda Tonks lorsque Harry eut dépassé le niveau basic du loup garou. Il avait largement atteint un niveau deuxième année dans le domaine.

Juin 1991

Harry avait invité ses amis mais Arthur ne pouvait pas venir. Il s'était donc retrouvé avec Isabel, en maillot de bain dans le jardin à jouer avec un piscine moldue gonflable et quelques jets d'eau. Sirius s'était assis sur la terrasse de leur nouvelle maison, à l'ombre d'un parasole à regarder les enfants.

Ce furent les cris de Harry qui l'interpelèrent. Isabel était toute trempée et faisait pleuvoir au-dessus de Harry. Avec ses mains. Avec de la magie. Elle semblait totalement paniquée.

Sirius finit par avoir le fin mot de l'histoire: Harry avait éclaboussé Isabel qui s'était fâché et avait répliqué. La petite né de moldue avait perdu le contrôle et la peur l'avait empêchée de contrôler le flot d'énergie.

Harry était très excité à l'idée que l'autre enfant soit aussi une sorcière. Ce que la petite fille prit très mal avant que Harry ne lui explique que «c'est normal d'être magique». Sirius dut intervenir pour calmer l'enfant et faire des démonstrations de magie pour convaincre la petite que c'était pas une blague de son ami. Ils passèrent donc l'après-midi à parler magie. Le problème fut d'expliquer la règle du secret magique et l'existence de Poudlard. Tous les nés-moldus n'arrivaient pas à l'école. Ils devaient être assez puissants pour que la plume d'inscription les détecte dans le pays. Il n'y avait aucun moyen d'être sûr à 100 pourcent qu'Isabel irait bien dans cette école de magie et pas une autre. Sirius dût également promettre à l'enfant de parler avec ses parents qui ne la croyaient pas toujours. Et Sirius ne savait pas trop comment faire. Il contacta donc Albus qui s'arrangea pour que Minerva soit présente lorsque les parents viendraient chercher l'enfant pour avoir LA discussion. Sirius reconnu immédiatement le professionnalisme de la maitre des métamorphoses. Elle arriva avec la lettre d'inscription à Poudlard, la brochure explicative pour les moldus et un livre d'initiation au monde de la magie afin de pouvoir donner aux parents toutes les infos qu'ils souhaiteraient.

Le soir, Harry n'avait qu'une hâte: recevoir sa lettre.

Le mois de juillet fut une horreur pour Sirius. Harry alternait des phases d'excitations à l'idée d'aller à Poudlard et des nuits mouvementées, ornementées de cauchemar où il ne recevait pas sa lettre, il n'était pas réparti, le directeur lui annonçait qu'en fait c'était une blague et que la magie n'existait pas…

Heureusement, Sirius n'en avait jamais douté, la fameuse lettre arriva et Sirius regarda Harry tout sourire demander à aller chercher sa baguette magique!

Août 1991

Sirius avait dû se résoudre à expliquer à Harry qu'il n'était pas un sorcier si «normal» que cela. Il était célèbre. Pour quelque chose qu'il n'avait pas choisi confirma-t-il lorsque l'enfant l'exprima. Et il n'y pouvait rien. C'était bien pour cela que Sirius masquait toujours sa cicatrice. Pas parce qu'elle était moche mais parce qu'elle était trop reconnaissable.

Harry demanda immédiatement à la masquer également à Poudlard. Sirius y avait également pensé mais la psychologue de Harry ne conseillait pas de faire un changement d'identité globale. Albus s'était renseigné et avait prit avec les professeurs des mesures pour s'assurer que Harry pourrait étudier sereinement. Oui, on risquait de le regarder au début mais les professeurs rappelleraient à l'ordre les élèves les plus insistants.

Le duo se rendit donc sur le chemin de travers, sous maquillage pour la dernière fois, à la recherche des fournitures qui manquaient à l'enfant. Le plus émouvant pour le maraudeur fut l'achat de la première baguette de Harry. C'était la place de Lily et James et ils n'étaient pas là pour encadrer leur petit ange. La vie n'était pas juste. Mais pour rien au monde, Sirius n'aurait échangé sa place avec quelqu'un d'autre.

1er septembre 1991

Sirius ne s'attendait pas un jour à se transformer en papa poule inquiet à l'idée d'envoyer son enfant à Poudlard. Adolescent, il s'était souvent moqué avec James et Peter des mamans qui pleuraient sur le quai 9 . Des papas qui répétaient en boucle des recommandations inutiles. Des petits de première année qui trainaient dans les jupes de leurs parents.

Heureusement, Harry retrouva rapidement Isabel. Son amie l'aida à passer le cap de la rentrée. Sirius espérait que les deux enfants finiraient dans la même maison. Lui allait passer la journée à imaginer ce que vivrait Harry sans pouvoir se résoudre à faire quelque chose ce jour là. Il attendait avec hâte la nouvelle chouette de Harry qui lui annoncerait que tout allait bien et le nom de la maison de Harry. Sirius avait bien prit soin de ne faire aucun commentaire du style «J'aimerai que tu sois à…» «tel maison est la meilleur»…

2 septembre 1991

La journée de rentrée avait été bien remplie. Harry n'avait bien entendu pas eu le temps d'écrire à son parrain. Il se rattrapa au petit déjeuner lorsque Hedwige vint picorer son repas.

Cher Sirius,

Poudlard c'est trop bien! Le toit de la grande salle est magique! On dirait un vrai ciel. Je suis à Gryffondor avec Ron Weasley. On s'est croisé dans le train et il est gentil. Il connait encore plus de choses que toi sur le monde magique. Il y a d'autres élèves qui sont un peu bizarres. Et tu avais raison, y en a beaucoup qui me regarde et qui me pointe du doigt à cause de la cicatrice mais la directrice de maison Mc Gongal ne veut pas que je porte ma casquette dans les bâtiments.

Isabel est à Serdaigle. C'est dommage on pourra pas jouer dans la salle commune ensemble. En plus les grands disent qu'on a pas le droit d'aller voir ceux des autres maisons.

J'ai trop hâte de faire de la vraie magie avec ma nouvelle baguette.

Tu crois que je vais y arriver?

J'ai oublié ma trousse à la maison! Peux-tu me l'envoyer, je vais pas réussir à écrire avec les plumes. C'est une horreur c'est truc!

Bisous

Harry

Le parchemin était inondé de tâches d'encre et l'écriture en patte de mouche de Harry était difficile à lire. Le stylo plume moldu était déjà un exercice difficile pour lui. Il avait passé de nombreuses heures à travailler son écriture mais la plume d'oie était bien pire encore. S'il rendait des devoirs pareils, il finirait collé, foi de maraudeurs comme disait Sirius.

Salut Harry

Merci beaucoup pour ta lettre. Ne t'en fais pas, la magie ça vient tout seul et si ça veut pas venir c'est que c'est pas le bon moment. Je suis heureux que ta maison te plaise. Tu sais, même à mon époque on racontait des bêtises sur les amitiés inter-maisons. Ta maman avait un ami à Serpentard, c'était pas facile et pourtant elle y est arrivée. N'écoute pas les grands et va jouer avec Isabel pendant les récréations! Poudlard est grand, vous trouverez bien un salon ou une classe libre pour vous retrouver. Les salles communes sont réservées aux élèves de la maison.

Je t'ai envoyé un stylo plume moldu mais s'il te plait, demande l'autorisation à tes professeurs avant de l'utiliser. Va les voir après ou avant un cours, au calme pour en parler. La plume d'oie, on s'y fait tu verras.

Tu peux m'écrire quand tu veux mon grand. Je suis trop content de te savoir à Poudlard. Tu verras c'est une super école et ton papa, ta maman et moi ont y a vécu des années top. Maintenant c'est ton tour.

Bisous

Patmol

3 septembre 1991

Harry avait le premier cours de potion! Il avait hâte mais Ron n'était pas enthousiaste.

-C'est une horreur ce professeur. Fred raconte qu'il enlève des points qu'aux gryffondors pour gagner la coupe de maison!

Effectivement, le professeur fit très peur à Harry. La porte de la salle de classe qui claque, la salle dans la pénombre… Harry se fit rapidement tout petit devant le regard noir de l'enseignant. Il tenta de prendre des notes avec sa plume. Ce fut difficile. Le professeur semblait avoir un problème avec lui car il lui posa des questions impossibles et se moqua de lui lorsqu'il ne put pas répondre à la première question.

Il sortit dépité Il pensait avoir réussi sa potion. Il l'avait déjà faite avec Andromeda et le résultat était le même. Mais cela ne convenait pas au professeur qui avait vivement critiqué son vert pâle au lieu de vert claire! Le professeur l'avait injustement mis en retenu car un autre gryffondor avait fait explosé son chaudron. Sa faute s'il n'avait pas surveillé la garçon trois tables plus loin.

Après le diner, Harry écrivit un petit mot rapide à Sirius pour lui confier ce qui le chagrinait. Il irait à sa retenu mais c'était pas juste. Les plus grands de gryffondor avaient tenté de la réconforter. Rogue collait systématiquement un gryffondor chaque jour de la première semaine. Il fallait qu'il prenne bien son tablier de potion et ses gants car il allait surement décortiquer des ingrédients gluants ou nettoyer des chaudrons puants.

Et Harry fut surpris de se voir obligé à refaire la potion du matin. Le professeur au-dessus de son épaule. C'était particulièrement stressant.

De son côté Rogue redoutait l'arrivé du fils de James à l'école. Il était certain que Black aurait raconté ses hauts faits à Poudlard. Ceux où il avait souvent le mauvais rôle. Pourtant, il ne perçut aucune pensée dans ce sens en effleurant l'esprit de son élève. C'était pour lui une magie naturelle. Il croisait les regards des élèves et percevait leur état d'esprit ou les principales pensées qui les préoccupaient. Harry avait été doué, sa potion était presque parfaite. Severus pensait que c'était un coup de chance. Il avait donc collé l'élève pour une faute qu'il savait ne pas être sienne. Injuste certes. Mais cela collait à son image de chauve souris des cachots. A son image de mangemorts pseudo repentit pour les fils de ses anciens collègues. Et cela lui permettrait également d'évaluer l'enfant.

Le petit réitéra l'exploit. Ce n'était donc pas le hasard. Il continua ensuite en lui demandant de préparer une grande série d'ingrédients pour une potion de deuxième année. Et il se s'attendait pas à ce que le nom de la potion ne flotte au sommet des pensées de l'enfant. Comment?

Il lu la réponse dans les yeux verts de l'enfant: Harry aimait les potions plus que tout. Comme sa mère.

A partir de ce jour-là, Rogue entreprit de coller régulièrement Potter. Il en profitait pour lui apprendre de nombreuses techniques avancées de potion. Ses camarades ne le croyaient pas lorsqu'il affirmait n'avoir jamais récuré un chaudron en punition. Harry comprit rapidement que le professeur était exigeant à l'extrême mais qu'il savait reconnaitre en privé le talent quand il le voyait, à condition de rester discret sur ce qu'il se passait dans les cachots. Severus découvrit rapidement que Harry n'était pas le petit principe gâté qu'il s'était imaginé. Le gamin était discret comme sa mère. Un peu timide et manquait d'assurance devant un grand groupe. Mais surtout, il était particulièrement bien élevé. Il parlait avec politesse et obéissait aux consignes. Son intérêt pour les potions visible dans la classe des cachots.

Bon, malgré tout, Rogue eut le droit à un entretien privé après les premières retenues, avec Mc Gonagall pour justifier pourquoi il s'acharnait sur le pauvre lion de Potter. Minerva finit par en référer à Albus qui ne fit rien car Harry lui affirma un jour qu'il préférait les retenues aux cours de potions en classe…

Harry s'était fait des amis. Il voyait toujours Isabel ainsi que quelques Poufsouffles et Serdaigles. Il n'avait pas réussi «comme sa maman» a se faire d'ami chez Serpentard alors qu'il avait serré la main de Malfoy le deuxième jour pour faire la paix avec lui…

Il s'était lié d'amitié avec une né moldue qui en savait bien plus que lui sur tout: Hermione Granger après avoir terrassé ensemble un troll des montagnes.

Ce fut l'occasion de découvrir l'existence des beuglantes, cadeau de Sirius. Il éclata de rire avec Ron et Isabel car la voix de son parrain n'était absolument pas crédible.

Bref. Poudlard C'était pas si mal…

FIN