26 Décembre : Pêche

QingMing n'était pas le dernier à échapper à son devoir pour aller s'amuser.

Soyons réaliste, il n'était pas du genre à perdre son temps avec ce qu'il estimait stupide, inutile ou chronophage. Comme il l'avait appris assez sèchement à Boya, il fallait travailler intelligemment. Un bon travailleur était un travailleur faignant. Un faignant trouvait toujours les meilleures solutions pour faire son devoir vite et bien et pouvoir buller le reste du temps.

Et QingMing était un très très bon travailleur, très très intelligent.

Il avait plus d'une fois tenté de débaucher Boya de ses chasses pour l'entrainer avec lui pour s'amuser mais Boya refusait toujours. Des vies dépendaient de lui après tout.

QingMing en était déçus mais comprenait.

Alors, qu'il accepte cette fois?

Le demi-renard avait été stupéfait.

Il n'avait pas protesté une seule seconde pour suivre Boya. Le chasseur avait dû préparer l'expédition depuis un certain temps pour savoir très précisément où aller et trouver entre deux gros rochers un sac de toile huilée avec à l'intérieur des serviettes, de quoi faire un feu et... des cannes à pêche. Boya avait retiré ses bottes dès qu'ils avaient atteint la plage.

QingMing était resté stupéfait. Jamais il n'avait marché sur une plage. Jamais il n'avait ressenti la sensation du sable entre ses orteils nus.

Il avait fallu que Boya l'encourage à retirer ses bottes et à laisser tomber une partie de ses robes pour que QingMing accepte de le rejoindre dans le sable.

Le demi-démon, qui pourtant n'était pas le dernier à se balader avec moins d'épaisseurs qu'il n'était décent se trouvait gêné de voir Boya avec juste un pantalon de toile et une chemise légère sur le dos. Il avait fallu que Boya l'encourage encore pour qu'il accepte de retirer autant que lui et vienne tremper les pieds dans l'eau salée de la mer.

Une fois habitués tous les deux, ils s'étaient courus après dans les vagues, ils avaient joué comme des gamins dans les flots jusqu'à rester hors d'haleine, trempés, épuisés mais étrangement content de s'être comportés comme des petits.

QingMing avait préparé le feu pour se sécher un peu puis avait suivit Boya sur les rochers qui s'enfonçaient plus loin dans l'eau et protégeait des vagues les plus violentes la petite crique où ils s'étaient amusés.

Boya s'était assis sur les rochers, un petit sourire aux lèvres.

"- C'est ma mère qui m'a appris à pêcher. C'était un scandale d'ailleurs. Une femme qui pêche, nippée en homme ?! Mon géniteur haïssait cette indépendance qu'elle avait. Il détestait qu'elle ne soit pas une simple petite chose fragile et dépendante de lui et de ses largesses. Elle n'avait aucun problème à aller chercher son propre diner quand il menaçait de lui couper les vivres. Jamais elle n'a supplié pour qu'il s'occupe d'elle." Pendant qu'il expliquait à mi-voix, Boya avait monté sa ligne, attaché un hameçon, un appât puis avait donné la ligne à QingMing pour préparer la seconde. Les leurres étaient des petits poisons en bois peint en rouge et articulés qui attirait facilement les prédateurs.

"- Lance la ligne dans l'eau comme moi. Et surveille le flotteur." Il montra la rondelle de bois peinte en rouge et blanc, facilement visible à la surface agitée de la mer.

QingMing attendit que Boya lance sa ligne pour l'imiter a quelques mètres pour éviter que les lignes se s'accrochent entre elles.

"- Tu surveilles ton bouchon. Et quand il s'enfonce, tu relèves sèchement ta ligne. Et ensuite, tu tires !" Boya s'amusait visiblement comme un gamin.

QingMing souriait aussi de le voir aussi content et heureux. Boya attrapait poisson après poisson. Il était évident qu'il avait souvent remplis son assiette ainsi.

Tout déconcentré, QingMing n'attrapa pas la moindre ablette mais c'était sans importance. Boya était fier de pouvoir nourrir son ami.

Ils firent griller leurs poissons sur le feu qu'ils avaient allumés plus tôt.

Seuls sur la plage, ils restèrent l'un près de l'autre en silence à regarder le coucher du soleil.

"- Merci Boya." Murmura soudain QingMing.

Le chasseur eut un petit sourire silencieux.

Ils étaient contents.