CHAPITRE 34
L'air qui se resserrait autour de lui était presque suffocant, pressant lentement l'air de ses poumons. Son corps se rebellait face à cette sensation, mais il ne parvenait pas à se libérer de cette contrainte invisible. Il devait retourner auprès de Charlotte...
Aussi soudainement qu'elle s'était emparée de lui, la sensation disparut, en même temps que le lourd silence qui l'avait enveloppé.
Ses sens s'éveillèrent d'un seul coup, son ouïe s'emplit du bruit de la guerre qui faisait maintenant rage autour de lui. Des cris de mort, des hurlements de douleur, le tintement du métal sur le métal, tout cela l'assaillit en même temps. Ajouté à l'odeur métallique de sang, de sang et de mort qui imprégnait l'air, il ne pouvait plus se tromper d'endroit.
Il avait été ramené au moment exact où il avait été enlevé, sans qu'aucun temps ne se soit écoulé... Son cœur se tordit douloureusement.
Charlotte...elle était partie...
Thranduil ferma les yeux de douleur. Il serait si facile de céder à son chagrin et de laisser la mort s'emparer de lui maintenant...
Les pas lourds des orcs qui l'entouraient l'arrachèrent à son tourment intérieur. Thranduil releva lentement la tête, la vue brouillée par des larmes non versées.
A la vue de ces immondes créatures, quelque chose en lui se brisa, et ce qui l'emplissait maintenant était une fureur aveuglante. C'était une colère qui provenait de la perte de la femme qui avait réclamé son cœur et du fait qu'il savait qu'il ne pouvait rien faire. Ni à l'époque, ni maintenant. Il n'y avait pas moyen de la ramener de la mort. Son regard se porta sur les bêtes qui l'entouraient, grognant et craquant à mesure qu'elles avançaient. Il avait trouvé un exutoire à sa colère...
Avec des mouvements rapides et précis, Thranduil trancha, ses épées mordant dans la chair immonde des orcs. Il se perdit dans une danse macabre et sans faille alors qu'il mettait à mal cette saleté. A peine l'un d'eux tombait-il au sol que son attention se tournait vers le suivant, ses mouvements n'étant plus qu'un flou de fureur refoulée, fruit de son angoisse.
Bientôt, les corps des orcs jonchèrent le sol, mais ce n'était pas suffisant. Il voulait leur faire ressentir ce qu'il vivait en ce moment : une agonie paralysante qui menaçait de déchirer son être.
Son vœu fut bientôt exaucé. L'ennemi commença à déferler sur la ville de Dale, et il se concentra pour combattre orc après orc, la brûlure de ses muscles étant une distraction bienvenue par rapport à ce qui tourmentait son cœur et son esprit.
La bataille se déroulait avec férocité, d'innombrables corps d'humains, d'elfes et d'orcs recouvrant le sol en tas enchevêtrés, leur sang s'infiltrant dans les pierres et virant du gris au rouge. Mais il ne voyait rien de tout cela. Il s'acharnait à détruire le plus possible le fléau qui menaçait de les envahir. Il savait que s'il s'arrêtait ne serait-ce qu'un instant, son chagrin le consumerait. Malheureusement, il avait conclu une alliance avec Bard, et il n'avait d'autre choix que d'aller jusqu'au bout.
Quand tout serait terminé, il chercherait la solitude pour pleurer la mort de Charlotte, et s'évanouirait bientôt de son tourment...
Le temps qui passait n'avait que peu d'importance alors qu'il se battait avec acharnement, mais après que le dernier orc qui l'entourait eut été tué, il se rendit compte que cette partie de la ville avait été nettoyée et qu'il y avait maintenant un bref moment de répit.
Thranduil se redressa et examina lentement son environnement. Il devait continuer à bouger, à se battre... sinon son chagrin le consumerait.
Une pensée amère lui vint, comme un murmure dans la nuit : peut-être avait-il bien fait de s'abstenir de se lier à Charlotte. Si ce qu'il vivait en ce moment était une indication, la perte de Charlotte - surtout après avoir forgé un lien avec elle - l'aurait réduit en cendres dans le vent.
Il déglutit difficilement et se força à bouger. S'il ne le faisait pas, il était certain de perdre la volonté de continuer.
Promets-moi de ne pas disparaître...
Il refoula ses larmes en entendant les derniers mots de Charlotte. Il se laisserai mourir... mais pas maintenant. Il devait tenir encore un peu jusqu'à ce que la bataille soit gagnée. Il regarda autour de lui, presque dans un état d'hébétude, jusqu'à ce que ses yeux tombent sur les visages de ses sujets tombés à ses pieds. Il s'arrêta.
Ce n'était plus leurs visages qu'il voyait. Au contraire, il voyait maintenant le visage de Charlotte, pâle et gris, la mort ayant étouffé sa lumière intérieure, se refléter dans chacun de leurs traits. Son souffle se bloqua dans sa gorge, son cœur se serra dans sa poitrine.
Sa mort le hanterait toujours.
Les pas rapides de Feren qui s'approchaient l'obligèrent à revenir au présent - et à la réalité. Il était au milieu d'une bataille féroce, et maintenant, lui, le roi du royaume Vertbois-le-Grand, devait penser au bien-être de ses sujets. Il n'avait guère d'autre choix que de mettre de côté ses émotions et d'agir en tant que roi. Prenant une décision, il donna l'ordre à Feren :
- Rappelez votre compagnie, son ton semblait désincarné à ses oreilles.
Feren s'exécuta et bientôt son cor retentit dans les airs, donnant le signal aux elfes de battre en retraite et de revenir aux côtés de leur roi. A peine l'appel lancé et une partie de son armée ayant commencé à converger autour de lui, Gandalf se précipita vers lui aussi vite que le lui permettait sa forme âgée.
- Mon Seigneur ! souffla-t-il de sa voix rocailleuse.
Gandalf serra son bâton dans sa main noueuse et poursuivit d'un ton inquiet : Envoyez cette force à Ravenhill. Les nains sont sur le point d'être envahis. Gandalf fit une pause, reprenant son souffle.
- Thorin doit être prévenu.
Thranduil fixa le sorcier dans un silence de pierre. Mithrandir s'attendait-il vraiment à ce qu'il envoie sa famille se faire massacrer ? N'avait-on pas fait couler assez de sang précieux aujourd'hui ? Sa colère explosa et il concentra son courroux sur Gandalf.
- Prévenez-le vous-même, répondit Thranduil avec condescendance en le dépassant. Le sang des elfes a assez coulé pour la défense de cette terre maudite.
J'ai trop perdu...
Alors qu'il s'éloignait à grands pas, sa voix vacillait sous l'effet de l'émotion.
- Plus jamais ça !
Il entendit à peine le mage l'appeler après lui. Il devait quitter cet endroit. Son souvenir était partout, sa mort se reflétait sur chaque visage qui gisait immobile sur le sol. Il devait s'échapper avant que ses émotions ne le submergent et qu'il ne succombe à son chagrin. Maintenant !
Au détour d'une rue, un orc s'élança sur lui, mais il abattit la créature sans un regard en arrière. Rien n'allait se mettre en travers de son chemin. Il s'arrêta net à la vue de Tauriel qui lui barrait la route. Elle se tenait droite, avec une certaine détermination qui rayonnait d'elle.
- Vous n'irez pas plus loin ! ordonna-t-elle avec autorité. Sa voix vacilla légèrement lorsqu'elle poursuivit. Vous ne les abandonnez pas. Pas cette fois.
Thranduil la regarda avec toute la rancœur qu'il ressentait en ce moment même. L'insolente Elleth se tenait sur un terrain très dangereux alors qu'elle lui barrait la route, et il ne savait pas combien de temps encore il pourrait garder son sang-froid qui s'évanouissait rapidement.
- Ecartez-vous de mon chemin ! grogna-t-il, son tempérament prêt à exploser. Il n'avait ni le temps ni la patience pour cela.
- Les nains vont se faire massacrés ! déclara-t-elle, ses yeux verts brillants étincelant.
Elle croit aimer le nain ?! Elle ne sait rien de l'amour... Thranduil en avait assez, et une cruauté l'envahit ; il allait lui faire ressentir une once de ce qu'il ressentait.
- Oui, ricana-t-il, ils vont mourir.
Il observa avec une satisfaction macabre que ses mots atteignaient leur cible comme un couteau, et que le calme de la jeune femme s'effritait rapidement. Bien, pensa-t-il malicieusement en s'approchant d'elle.
- Aujourd'hui. Demain. Dans un an, dans un siècle. Quelle importance ?
Il s'arrêta, luttant contre la vague d'agonie qui menaçait de le submerger. C'était le sort qu'il aurait dû accepter si Charlotte avait vécu assez longtemps pour vieillir. Mais elle ne vieillirait jamais, à présent. Elle était désormais perdue pour lui. Pour toujours.
- Ce sont des mortels, conclut-il en serrant les poings contre lui face à l'injustice de la situation.
Mortels et condamnés à une mort mortelle. Les yeux de Tauriel clignotèrent et elle pointa instantanément son arc et ses flèches sur lui. Thranduil s'arrêta, surpris de sortir de ses sombres pensées. Mais cette surprise fut rapidement balayée par la fureur.
- Vous pensez que votre vie vaut plus que la leur, alors que l'amour y est absent ? lança-t-elle. Il n'y a pas d'amour en vous !
Thranduil se figea sur place, son sang se glaçant puis se réchauffant à ses accusations. Comment osait-elle le juger alors qu'elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il venait de vivre ! Ce qu'il était encore en train de vivre !
Il détourna faussement le regard et, avec des réflexes rapides comme l'éclair, il donna un coup d'épée qui trancha l'arc de la jeune femme en deux. Avant qu'elle ne puisse cligner des yeux, la pointe de son épée était pointée sur sa gorge. Tauriel le dévisagea, les yeux écarquillés par le choc.
- Que savez-vous de l'amour ? Rien ! cracha-t-il.
Elle n'avait pas connu l'amour profond qu'il avait partagé avec Charlotte. Elle ne connaîtrait jamais la lumière pure que seul le véritable amour peut refléter.
- Ce que vous éprouvez pour ce nain n'en est pas. Il regarda une seule larme couler sur la joue de la jeune femme. Vous croyez que c'est de l'amour ? Etes-vous prête à mourir pour lui ?
Tout comme Charlotte était morte pour lui... Elle l'avait vraiment aimé et maintenant il ne connaîtrait plus jamais cet amour.
Il était vaguement conscient qu'il était destructeur et insensible dans ses paroles et ses actes, mais il était trop absorbé par son chagrin pour s'en soucier. Il voulait juste en finir avec tout cela. Soudain, une autre épée s'abattit sur la sienne et Thranduil tourna lentement son regard pour rencontrer les traits pleins de colère de son fils, Legolas.
- Si tu lui fais du mal, tu devras me tuer, déclara-t-il avec une conviction brûlante.
Thranduil fixa son fils qu'il n'avait pas vu depuis ce qui lui semblait être une éternité, et tous les mots lui échappèrent tandis qu'il fit face à une révélation déconcertante : il était sur le point de perdre son fils également. Soudain, le souvenir des films défila devant ses yeux et il réalisa qu'il allait devoir faire la chose la plus difficile qu'il ait jamais faite dans sa vie : il allait devoir laisser partir son fils.
Il n'avait plus d'autre choix que de laisser les choses se dérouler comme elles devaient se dérouler pour que les événements futurs s'accomplissent - même si cela signifiait que son monde entier allait voler en éclats.
La désolation la plus totale l'enveloppa lorsque Legolas s'éloigna avec Tauriel, et il lui fallut toute sa volonté pour ne pas se lancer à sa poursuite. Il prit une respiration tremblante.
Combien de temps encore allait-il devoir endurer ? Combien de temps encore devrait-il perdre ? N'avait-il pas assez souffert ?
- Mon Seigneur, dit la voix douce de Feren derrière lui.
Tu as prêté allégeance, et tu dois l'honorer, peu importe ce que tu ressens en ce moment... Tu es roi et tu n'as pas le luxe de céder à ton chagrin. Pas maintenant.
Thranduil se redressa et se calma avec beaucoup de difficulté. Il se tourna vers son garde et déclara.
- Nous irons jusqu'au bout.
ooOoo
La bataille sembla durer une éternité, mais avec la mort d'Azog des mains de Thorin Oakenshield, les ennemis restants s'enfuirent, poursuivis et tués par l'armée de Dain. A la tombée de la nuit, il n'y aurait plus aucun survivant du côté de l'ennemi.
Thranduil donna l'ordre de rassembler leurs morts et de leur offrir des funérailles elfiques en bonne et due forme. Leurs vies seraient honorées et on se souviendrait d'eux, leur sacrifice n'aurait pas été vain. Puis, au matin, ils rentreraient chez eux, à Vertbois-le-Grand.
Sa maison... pouvait-il encore l'appeler ainsi ? Son cœur appartenait désormais à un autre endroit.
Non, sa famille rentrerait chez elle. Il devait d'abord s'occuper d'une autre affaire, à savoir demander une audience à Dame Galadriel. Elle lui devait une très bonne explication pour l'avoir soumis à ce tourment.
Mais pour l'heure, il y avait une affaire plus urgente dont il devait s'occuper en premier. Il parcourut les couloirs sinueux du Ravenhill en ruine à la recherche de Legolas, son regard se posant sur les corps d'orcs qui jonchaient le sol.
Il s'arrêta en entendant l'approche de son fils et peu après Legolas tourna le coin, ses traits montrant clairement son découragement. Mais lorsqu'il croisa le regard de son père, il n'y avait plus la colère d'avant, et cela donna à Thranduil l'espoir que leur relation pourrait se rétablir. Il ne pouvait pas laisser son fils partir en étant en mauvais termes.
Legolas, d'habitude si confiant, semblait maintenant incertain, comme s'il était en proie à une lutte intérieure.
- Je... je ne rentre pas.
Thranduil savait que ce moment arriverait, mais cela ne le rendait pas moins douloureux.
- Où iras-tu ? demanda Thranduil, se rappelant mot pour mot comment cette scène allait se dérouler.
Legolas s'arrêta et jeta un coup d'œil par-dessus son épaule.
- Je ne sais pas.
Thranduil savait qu'il ne pouvait pas forcer son fils à rester, et il ne le ferait pas. Legolas avait un héritage à accomplir et lui, Thranduil, ne survivrait probablement pas assez longtemps pour en être témoin. Mais il pouvait lui donner cette information qu'il avait glanée dans les films et le mettre sur la bonne voie. Legolas était destiné à de grandes choses, et pour ce faire, il devait d'abord trouver le futur roi.
- Va au nord, dit Thranduil. Il regarda Legolas se retourner pour lui faire face, ses yeux montrant une légère perplexité quant au fait que son père n'opposait pas plus de résistance. Trouve les Dunedain. Il y a un jeune rodeur là-bas que tu devrais le rencontrer.
Legolas resta silencieux mais écoutait visiblement. Thranduil poursuivit.
- Son père, Arathorn, était un homme bien. Son fils promet d'être un homme d'exception.
Il laissa ces mots en suspens. Il était clair qu'il ne parlait plus d'Aragorn. Legolas accomplirait de nombreux exploits, et son histoire se perpétuerait pendant des siècles. Legolas détourna le regard et fit un signe de tête.
- Comment s'appelle-t-il ?
Thranduil marqua une pause.
- On le surnomme Grands-pas. Son vrai nom... tu devras le découvrir toi-même.
Legolas regarda son père, le regarda vraiment, et fronça les sourcils, perplexe, devant ce qu'il discernait. Thranduil était connu pour être fermé à ses émotions. Mais à présent, une certaine douleur se reflétait sur ses traits, ce qui n'était pas le cas auparavant. Legolas finit par prendre une décision et hocha la tête, se tournant pour s'éloigner.
- Legolas, l'appela Thranduil.
Il ne reverrait pas son fils avant un certain temps, voire plus jamais. Le chemin de Thranduil allait diverger dans une toute autre direction et il ne pouvait pas laisser leur dernière séparation ainsi. Legolas s'arrêta et se tint debout, le dos tourné à Thranduil, attendant sa dernière remarque.
Thranduil inspira profondément par le nez. Legolas avait besoin d'entendre ces mots.
- Ta mère t'aimait. Plus que tout. Plus que la vie.
La posture de Legolas changea subtilement, et alors qu'il se retournait pour faire l'adieu elfique en enroulant sa main sur son cœur, Thranduil laissa la vérité s'afficher clairement sur son visage alors qu'il faisait le même adieu.
Tout comme moi... Plus que tu ne le sauras jamais.
Inclinant la tête, il sentit que son cœur ne pouvait pas se briser plus qu'il ne l'avait déjà fait au moment du départ de Legolas. Il s'accorda un moment de chagrin silencieux avant de se ressaisir. Il devait maintenant faire face à Galadriel. Il ne pouvait pas se permettre de se briser maintenant.
En sortant de Ravenhill, il s'arrêta à la vue de Tauriel, affalée aux côtés de Kili, visiblement en deuil. C'était vraiment déchirant à voir, et il pouvait sentir son angoisse couler de son fëa. Il savait au fond de lui que Tauriel, elle aussi, choisirait de s'éteindre plutôt que de vivre avec cette douleur paralysante.
- Ils veulent l'enterrer, dit-elle à voix basse, sans prendre la peine de lever le regard pour le reconnaître.
- Oui, répondit-il enfin.
C'était la coutume chez les nains. Il n'avait pas la force de prononcer d'autres mots. Tauriel leva enfin les yeux vers lui, son visage étant l'image même du chagrin d'amour.
- Si c'est cela l'amour, je n'en veux pas.
Thranduil cligna des yeux à ses paroles, car elles reflétaient exactement ses pensées. S'ouvrir à l'amour signifiait aussi s'ouvrir à une douleur insupportable.
- Que l'on m'en libère, par pitié, supplia-t-elle, des larmes fraîches coulant de ses yeux.
Thranduil ne pouvait que la regarder. Il ne pouvait rien faire pour l'aider, tout comme il ne pouvait rien faire pour soulager son tourment. Tauriel ferma les yeux et demanda, sa voix craquant alors qu'elle s'accrochait fermement à la main gantée de Kili et que ses larmes coulaient librement.
- Pourquoi cela fait-il tant souffrir ?
- Parce que cet amour est vrai, dit doucement Thranduil, ses propres larmes menaçant de couler.
C'était réel. Cela avait été magnifique, dévastateur, vrai. Tauriel leva les yeux vers lui alors que ses paroles de vérité s'imposaient. Ses sourcils se froncèrent légèrement lorsqu'elle vit sa propre douleur se refléter sur ses traits, et cela dut lui donner l'assurance qu'il ne s'agissait pas de vaines paroles de consolation.
Thranduil la regarda déposer un baiser sur les lèvres de Kili, ce moment tendre et déchirant lui étant presque insupportable. Il se retourna pour partir, les épaules voûtées par le fardeau qui pesait sur eux, mais il savait qu'il ne pouvait pas la laisser ainsi.
- Vous pouvez retourner à Vertbois-le-Grand, si vous le souhaitez, Tauriel.
Tauriel resta immobile, son regard déprimé fixé sur Kili. Finalement, elle leva les yeux vers lui.
- Je pense que... mon chemin sera le même que le vôtre.
Sa pensée était claire. Ils savaient tous deux que ni l'un ni l'autre ne survivrait à leur chagrin. Thranduil fit un signe de tête. Il respecterait son choix, tout comme elle respecterait le sien. Il tourna les talons avant de succomber à la vague de souffrance qui menaçait de le consumer.
Il était temps de demander une audience à la Dame de la Lumière.
À suivre...
