Bonjour à tous !
J'espère que ce chapitre vous plaira !
Bonne lecture à tous
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Je cligne des yeux en tentant de chasser la fatigue qui pèse lourdement sur mes épaules. Chaque muscle de mon corps proteste à chaque mouvement. Mes jambes sont endolories par l'effort de la veille et la marche nocturne qui nous a poussés à bout. Nous avons enchaîné les exercices tactiques sans une minute de sommeil, et maintenant, la fatigue s'installe comme un nuage lourd, rendant chaque pensée plus lente, chaque geste plus hésitant.
En me redressant, j'aperçois Lexa qui, malgré ses traits tirés et ses cernes visibles, se tient droite et concentrée. Je sais qu'elle doit être épuisée, mais comme toujours, elle refuse de le montrer. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres lorsqu'elle me voit la fixer.
Comment tu te sens, mon cœur ? Demande-t-elle doucement.
J'ai l'impression d'avoir couru un marathon hier… Et cette nuit, marmonnais-je en me massant les tempes. Toi, ça va ?
Aussi bien qu'on peut l'être après 36 heures sans sommeil, dit-elle avec une note d'humour dans la voix. Mais nous ne sommes pas encore au bout de nos peines. Ils ont dit que ce matin serait dédié à des tests techniques.
Je hoche la tête, essayant de me concentrer. La salle de briefing est animée par des murmures fatigués, mais attentifs. Le général Mills entre, suivi du Colonel Swan, leur posture droite et leur regard perçant nous imposant immédiatement le silence. Malgré la fatigue, un frisson d'anticipation parcourt la salle.
Bien, félicitations à ceux qui sont encore debout, commence Mills avec un sourire en coin. Nous savons que ces dernières heures ont été éprouvantes, mais c'est justement dans ces conditions que nous voyons qui est capable de rester alerte. La fatigue est l'ennemie de la performance. Aujourd'hui, nous allons tester votre capacité à raisonner sous pression.
Elle se tourne vers Swan qui prend la parole à sa suite :
L'épreuve de ce matin est divisée en trois parties. Premièrement, vous serez confrontés à une série de simulations sur écran. Votre temps de réaction, vos capacités d'analyse et votre capacité, à prendre des décisions rapides seront mesurés. Deuxièmement, vous aurez un entretien individuel, où nous évaluerons vos connaissances techniques et stratégiques. Enfin, pour terminer la matinée, un test théorique chronométré où chaque seconde comptera. Vous devrez rester concentrés et précis, même si vous êtes épuisés.
Un murmure d'inquiétude parcourt la salle. Lexa et moi échangeons un regard. Nous savons toutes les deux que ce genre de tests n'est pas mon point fort dans ces conditions, surtout après tant d'heures sans repos.
— Je suis fichue, murmurais-je. Ma tête ne me tourne déjà rien qu'à l'idée de lire une question.
Lexa me donne un petit coup de coude, amusée malgré la situation.
Allons, Clarke, tu as affronté bien pire. Concentre-toi, reste alerte, et tout ira bien.
Facile à dire, toi, tu es née pour gérer la pression. Je vais juste essayer de ne pas m'endormir sur le clavier.
Elle me sourit, une étincelle de défi brillant dans ses yeux fatigués.
Pour info, je compte avoir le meilleur score au test théorique, lâche-t-elle d'un ton léger.
Vraiment ? Alors prépare-toi à être déçue, Babe. Moi aussi, j'ai ce même objectif, répliquais-je avec un sourire.
Elle éclate de rire, un son rare dans cette salle sombre.
Que le meilleur gagne, Griffin.
Nous sommes guidés vers une salle équipée de postes informatiques individuels. Chaque candidat s'installe devant un écran. Une série de simulations commence à défiler, chacune présentant un scénario différent : une mission de sauvetage, une attaque surprise, des décisions stratégiques à prendre en quelques secondes seulement. Les images se succèdent à une vitesse affolante. Mon cœur bat à tout rompre tandis que je clique frénétiquement sur les choix, pesant les risques et analysant les conséquences possibles. Un compte à rebours s'affiche en haut de chaque simulation, me rappelant constamment que je n'ai pas le droit à l'erreur. À ma gauche, Lexa est concentrée, le regard fixé sur son écran. Je jette un coup d'œil et je vois qu'elle est en avance par rapport à moi. Serrant les dents, je m'efforce de me focaliser, repoussant la fatigue pour me surpasser. Après ce qui me semble être une éternité, l'écran s'éteint. La première épreuve est terminée. Nous sommes appelés un par un pour passer l'entretien avec le Colonel Swan et le général Mills. Mon nom est enfin annoncé, et un frisson parcourt mon échine alors que je me lève. Mes jambes semblent soudain plus lourdes, ma démarche moins assurée. Je prends une grande inspiration pour essayer de raviver un semblant de concentration avant d'entrer dans la petite pièce où ils m'attendent. L'air y est tendu, presque oppressant, et la lumière blafarde accentue la fatigue qui se lit sur les visages de chacun.
Lieutenant Griffin, prennez place, dit calmement Swan.
Je m'installe sur la chaise qui fait face à leurs regards scrutateurs. Swan a un air impassible, ses yeux sombres fixés sur moi avec une intensité qui me met immédiatement sur la défensive. Mills, de son côté, est appuyée contre la table, bras croisés, observant en silence, son expression indéchiffrable. Je me force à redresser mes épaules et à soutenir leur regard, essayant de masquer la torpeur qui menace d'envahir mon esprit.
Nous allons commencer par des questions de stratégie, annonce le Colonel Swan en ouvrant le dossier devant elle. Considérez cela comme une discussion. Répondez de manière concise et précise.
Je hoche la tête, résistant à l'envie de cligner des yeux trop souvent. Elle commence immédiatement, sans préambule.
Situation fictive : vous êtes en charge d'une unité sur un terrain hostile. Votre mission est de sécuriser une zone de largage pour une extraction aérienne dans un délai de quinze minutes. Vous avez trois équipes sous vos ordres. Deux d'entre elles signalent des mouvements ennemis dans leurs secteurs respectifs. Votre équipement est limité et les renforts sont indisponibles. Que faites-vous ?
Mon esprit se met en marche, trébuchant sur chaque détail. La fatigue rend tout plus compliqué ; la moindre décision demande un effort considérable. Je prends une profonde inspiration.
Je détacherais la première équipe pour ralentir l'ennemi du secteur sud, tout en envoyant la deuxième en position défensive à l'est. Pendant ce temps, la troisième équipe, sous mon commandement direct, sécuriserait la zone de largage. Une fois le périmètre établi, je coordonnerais le repli des deux autres équipes vers cette position, en utilisant le couvert disponible pour minimiser les pertes, énonçais-je lentement, en essayant de ne pas laisser ma voix vaciller.
Swan acquiesce légèrement, mais son regard ne montre aucune approbation. Elle passe rapidement à la question suivante, ne me laissant aucun répit.
Si vous découvrez qu'un élément ennemi a contourné vos lignes et que vous êtes maintenant encerclée, que faites-vous ?
Je réévalue immédiatement la position de la zone de largage, dis-je après une seconde de réflexion. Si l'encerclement est total, je lance un signal de diversion en direction du point le plus faiblement défendu, tout en orientant la véritable extraction vers un autre secteur. Le but est de créer un moment de confusion pour briser l'encerclement.
Mills, qui était resté silencieuse jusque-là, se redresse et m'adresse un regard perçant.
Et si, dans cette manœuvre, vous perdez la moitié de vos hommes ?
Son ton est glacial, mais la question me percute comme un coup-de-poing. Perdre autant de membres d'une équipe… Je serre les mâchoires, me forçant à rester calme.
Dans cette situation, tout est question de calcul des risques, réponds-je lentement. S'assurer que la mission prime, mais ne pas sacrifier des vies inutilement. Si je vois que l'opération est vouée à l'échec… Je réévaluerai, je privilégierai la sauvegarde de mon équipe, quitte à abandonner l'extraction.
Mills ne dit rien, mais ses yeux s'attardent un moment sur moi, comme si elle jaugeait ma détermination. Puis, sans un mot, elle fait un signe à Swan pour poursuivre.
Les questions se succèdent, de plus en plus pointues : comment identifier un point faible dans une formation ennemie, quelle tactique adopter face à un tir de suppression, quelles contre-mesures utiliser en cas de perte de communication ? Chacune semble m'arracher un peu plus d'énergie, chaque décision un véritable casse-tête alors que mon esprit lutte pour rester alerte.
Parlons stratégie de défense, intervient soudainement Swan, son regard perçant posé sur moi. Vous êtes chargée de défendre une position clef contre une force numériquement supérieure. Vos ressources sont limitées à quelques pièges, un stock de munitions restreint, et une équipe en sous-effectif. Décrivez votre plan.
Je prends une grande inspiration. Chaque cellule de mon cerveau semble crier pour du repos, mais je serre les dents.
J'utiliserais les pièges pour ralentir l'ennemi aux points d'entrée les plus probables, dis-je d'un ton déterminé. Une fois que l'ennemi est embourbé, je me concentrerais sur le maintien de notre position. Placer les tireurs d'élite sur les hauteurs pour des tirs de précision, et maximiser l'utilisation des munitions pour ne viser que des cibles prioritaires. S'ils parviennent à s'approcher, je prépare un retrait stratégique vers une position secondaire, mais toujours avec l'objectif de leur faire croire que nous abandonnons la position initiale.
Swan hoche la tête, semblant peser mes paroles.
Intéressant… Mais n'y aurait-il pas un risque de désorganisation de vos troupes dans cette retraite ?
Il y a toujours un risque, admis-je sans détour. Mais c'est justement là que l'entraînement entre en jeu. Si chaque membre de l'équipe sait exactement quel est son rôle et quelle est sa prochaine position, nous devrions pouvoir mener cette retraite de manière contrôlée, même sous pression.
Mills croise les bras, son expression indéchiffrable. Puis elle pose enfin la question que je redoutais.
Et que feriez-vous si votre unité panique ? Que vos hommes cessent de suivre les ordres ?
Je déglutis, chaque mot pesant lourd de conséquences. La fatigue m'empêche de filtrer mes pensées, et je finis par répondre avec sincérité :
Je m'assurerais que la panique ne soit jamais une option. Si mes hommes doutent, c'est que je n'ai pas réussi à leur montrer la voie. Dans une telle situation, je resterais sur la ligne de front. Leur montrer que, quoi qu'il arrive, je ne faiblis pas. Le leadership, c'est savoir inspirer même quand tout s'effondre. Si je ne peux pas les guider… Alors j'ai échoué avant même de commencer.
Un silence lourd s'installe. Mills échange un regard avec Swan, puis incline lentement la tête.
Vous avez bien tenu, Griffin, dit-elle d'une voix plus douce. Mais la journée n'est pas finie.
Je me lève, les jambes tremblantes, encore secouées par cet échange. Lexa m'attend dans le couloir, le regard inquiet.
Comment ça s'est passé ? Me demande-t-elle immédiatement.
J'ai survécu… À peu près, répondis-je en haussant les épaules, essayant de sourire malgré la tension qui pulse encore en moi.
Ça se voit, réplique-t-elle avec un sourire fatigué.
Et pourtant, dans son regard, il y a une pointe de fierté. Un sentiment qui, malgré l'épuisement, me donne la force de tenir bon.
Et toi ? Demandais-je finalement après quelques instants
Je pense que ça a été. Leurs questions étaient assez logiques, et certaines situations, je les avais déjà vécu sur le terrain. Me dit-elle avec un sourire un peu plus grand
Bien évidemment, dis-je en levant les yeux. Toujours un petit génie. Dis-je en rigolant doucement
Elle rigole à son tour et me dépose un léger baiser sur la joue, tandis que je pose ma tête sur son épaule quelques instants avant que l'on ne soit appelé de nouveau. La salle est de nouveau plongée dans le silence. Les feuilles de test sont distribuées. Le général Mills nous fixe d'un regard dur.
Vous avez 30 minutes. Pas une seconde de plus.
Le chronomètre démarre. J'essaie de lire la première question, mais les mots dansent devant mes yeux. Je me secoue mentalement, forçant mon esprit à se concentrer. Lexa, quelques rangées devant moi, a déjà commencé à écrire. Serrant les dents, je me concentre à nouveau. Les réponses me viennent lentement, mais sûrement.
Quand le temps est écoulé, je repose mon crayon, épuisée, mais satisfaite. Lexa se retourne, et nous échangeons un regard complice.
Alors, tu penses avoir le meilleur score ? Lui murmurais-je en sortant.
Qui sait… On verra bien, mais c'est mon objectif évidement répond-elle avec un sourire mystérieux.
Alors que la dernière épreuve théorique se termine, je crois entendre un soupir collectif de soulagement dans la salle. Mais ce répit est de courte durée. Le général Mills se lève et frappe des mains pour attirer notre attention, son regard perçant balayant la pièce.
Repos ! Direction la zone de tir, immédiatement. On ne traîne pas, lâche-t-elle d'un ton ferme.
Un murmure de protestation se fait entendre, mais tous obéissent. Nos corps crient grâce, mais il n'y a pas de place pour les faiblesses ici. Lexa et moi échangeons un regard lourd de détermination. Nous savons que ces moments sont cruciaux. Elles cherchent à évaluer qui, parmi nous, est capable de repousser ses limites. Alors, je serre les dents et suis le mouvement, m'efforçant d'ignorer la douleur qui irradie dans mes jambes et dans l'épuisement qui obscurcit mes pensées. Nous sortons à l'extérieur, le soleil de midi brûlant nos yeux fatigués. La chaleur soudaine est un choc après les longues heures passées à l'intérieur, mais la lumière du jour nous donne aussi un regain d'énergie. Le parcours de tir est déjà installé : une série de cibles mobiles à différentes distances, des obstacles à franchir, des situations de tir en mouvement, et un stand d'armes à feu alignées avec précision.
Pour cette épreuve, il ne s'agit pas de précision seulement, mais de votre capacité à gérer la pression, explique le Colonel Swan d'une voix forte. Vous devrez naviguer à travers un parcours de tir tout en faisant face à des distractions. Il s'agira de tirer sur les cibles correctes, en utilisant les bonnes armes, tout en maintenant une coordination parfaite.
Je jette un coup d'œil à Lexa. Ses yeux se plissent légèrement lorsqu'elle évalue la disposition du parcours, son regard analysant déjà les meilleures trajectoires. Je devine ses pensées, ce mélange d'adrénaline et de calcul qui court sous la surface. À cet instant, malgré la fatigue, elle semble vibrer de l'intérieur, prête à affronter ce nouveau défi.
Le parcours est chronométré, poursuit Swan. Tout retard ou cible manquée entraînera une pénalité. Rappelez-vous : rapidité, précision et coordination.
Un murmure inquiet traverse le groupe. Nous savons tous que la fatigue peut affecter notre précision, mais personne ne semble prêt à abandonner maintenant. Chacun prend un moment pour se préparer, ajustant son équipement, prenant de profondes inspirations pour tenter de se recentrer.
Allez, Lieutenant Griffin, soyez ma première volontaire, annonce le général Mills en me désignant du menton.
Je m'avance, tentant de masquer ma nervosité. Lexa m'adresse un regard encourageant, ses lèvres se courbant en un sourire d'encouragement.
Montre-leur ce que tu sais faire mon cœur, murmure-t-elle avant que je ne parte.
Le parcours s'étend devant moi, intimidant mais étrangement stimulant. À mon signal, je m'élance, mes pieds s'enfonçant dans le gravier alors que je sprinte vers la première station. Un mannequin surgit soudainement à ma gauche, me faisant sursauter. Sans réfléchir, j'épaule mon arme et tire, le bruit sec du coup de feu résonnant dans l'air.
Trop lent, Lieutenant ! Crie Swan de l'autre côté du terrain.
Mon cœur bat plus vite. Je me maudis intérieurement et reprends ma course, franchissant un obstacle bas avant d'atteindre la seconde station. Cette fois, deux cibles se déplacent rapidement de part et d'autre. Mes mains tremblent, mais je m'oblige à respirer lentement, prenant le temps de viser. Deux tirs, deux cibles abattues.
Bien, Griffin ! Allez, continuez !
Je me propulse en avant, mon regard cherchant déjà la prochaine station. Un autre obstacle, une série de murs bas qu'il me faut franchir, et derrière eux, plusieurs cibles se dévoilent, certaines hostiles, d'autres représentant des civils. Mon pouls s'accélère. Je dois choisir rapidement… Je tire trois fois, chaque détonation faisant vibrer mes bras. Les cibles hostiles s'effondrent, les civils intacts.
C'est ça, continuez !
Les encouragements de Swan me parviennent à peine. Je sens mes jambes faiblir sous la tension et le poids de l'équipement, mais je refuse de ralentir. Le chronomètre tourne. Plus vite, Clarke, plus vite !
Les stations défilent dans un flou d'action, de tirs, et de décisions précipitées. À la dernière station, je tombe presque à genoux en atteignant la couverture. Une cible surgit juste devant moi. Mon esprit hurle que je n'en peux plus, que je dois m'arrêter… Mais mes bras se lèvent d'eux-mêmes et je fais feu, une fois, deux fois. La cible tombe.
C'est fini !
Je reste là, à genoux, haletante, les mains tremblantes autour de mon arme. La sueur coule sur mon visage, et je peine à reprendre mon souffle. Je me relève lentement, le regard fixe. Le silence autour de moi est assourdissant jusqu'à ce que, soudain, un tonnerre d'applaudissements éclate. Je cligne des yeux, surprise, et vois Lexa qui sourit fièrement.
Pas mal, Lieutenant, commente la général Mills avec un hochement de tête approbateur. Vous avez tenu le coup, malgré la fatigue.
Je déglutis difficilement et incline la tête en signe de respect, mon cœur battant encore à toute vitesse.
Merci, Général.
Alors que je rejoins les autres, Lexa s'approche, les yeux brillants et me dépose un baiser sur la joue.
Tu as fait un excellent travail, Clarke.
Je ris doucement, ma respiration enfin plus calme.
Ne te réjouis pas trop vite. Ton tour arrive.
Ah, mais je vais te dépasser, répond-elle d'un ton joueur.
Je secoue la tête, amusée malgré moi. Même épuisées, nous trouvons encore l'énergie de nous lancer des défis. Et, à cet instant, je réalise que c'est ce qui nous permet de tenir : cette envie de nous surpasser, de nous pousser l'une l'autre, même lorsque tout semble perdu.
On verra bien, Lex', dis-je avec un sourire.
Elle me serre doucement dans ses bras, puis s'avance à son tour vers la ligne de départ, le dos droit et le regard concentré.
Que la meilleure gagne… Encore une fois, murmure-t-elle avant de se mettre en position.
Et tandis que je l'observe s'élancer sur le parcours, chaque mouvement précis et calculé malgré l'épuisement, je sens un profond respect mêlé d'admiration monter en moi. Peu importe qui remporte ce défi : ce qui compte, c'est que nous continuons d'avancer, ensemble. Après la série de parcours de tir et les évaluations de chaque participant, la général Mills nous accorde un court répit avant d'annoncer la suite. Juste assez pour que nos muscles se relâchent, pour que la fatigue s'installe plus profondément encore. On se rassemble en petits groupes, buvant de l'eau, étirant nos corps endoloris, mais l'ambiance reste tendue.
Je me laisse tomber sur le sol à côté de Raven, mes jambes lourdes et douloureuses après le parcours. À côté de nous, Lexa discute à voix basse avec Octavia, observant du coin de l'œil les autres candidats. Malgré son visage impassible, je devine les signes de fatigue chez elle : les légers tremblements dans ses mains, la tension dans ses épaules. Pourtant, elle ne montre rien. Je sens mon cœur se gonfler d'admiration. Lexa n'a jamais été du genre à se plaindre, à flancher devant les autres, même lorsque la douleur est insupportable.
Alors, Lieutenant, tu as encore de l'énergie ? Murmure-t-elle soudain en tournant la tête vers moi.
Je hausse un sourcil et lui rends un sourire fatigué.
J'ai toujours de l'énergie pour toi, Lex. Mais là… J'avoue, mes jambes vont me lâcher d'une seconde à l'autre.
Raven éclate de rire à côté de moi, secouant la tête.
Ouais, ben, je te comprends, Clarke. Si cette maniaque de général Mills nous fait encore courir un kilomètre de plus, je m'effondre.
Ce ne sera pas de la course cette fois, intervient Octavia en nous rejoignant. J'ai entendu dire que le prochain test est plus… technique.
Je redresse la tête, intriguée, alors que la général Mills s'avance de nouveau sur le terrain, accompagné de la colonel Swan. Tous les murmures s'éteignent immédiatement. L'attention de chacun est rivée sur les deux supérieurs, et je sens un frisson d'excitation – mêlé de crainte – courir dans les rangs.
Bien, commence la général d'un ton grave, comme vous l'avez sans doute deviné, nous avons franchi la moitié de nos évaluations. Le prochain test sera différent. Nous voulons évaluer vos capacités de réflexion sous pression.
Un léger murmure traverse le groupe. Réflexion sous pression ? La formulation est suffisamment vague pour nous laisser perplexes. Le général Mills fait un geste vers plusieurs tentes alignées à l'extrémité du terrain.
À l'intérieur de ces tentes, se trouvent plusieurs scénarios vidéos. Chacun de vous sera testé individuellement. Vous serez confrontés à des situations fictives qui mettront à l'épreuve votre capacité à analyser, à prendre des décisions rapides et à rester calme face à l'adversité. Chaque décision sera notée. Et il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Ce que nous cherchons, c'est votre logique, votre réactivité et votre capacité à justifier vos choix.
Je sens un poids se déposer sur mes épaules. Cela semble facile en théorie, mais après plus de 24 heures sans sommeil, avec l'adrénaline retombant peu à peu, nos esprits sont tout sauf clairs. Je vois les autres échanger des regards nerveux. Même Lexa semble crispée, ses traits tendus par la concentration.
Lieutenant Griffin, vous passerez la première, déclare brusquement Mills, me désignant d'un geste de la main.
Je me relève, m'efforçant de masquer le tremblement de mes jambes, et m'avance vers la tente. À l'intérieur, un petit espace est aménagé : une table, un écran sur pied, et une chaise. Je m'assieds et attends, le cœur battant à tout rompre. La colonel Swan apparaît derrière moi, sa présence imposante remplissant la tente. Elle se tient droite, les bras croisés, et me fixe avec un regard perçant.
Clarke Griffin, voici votre scénario, annonce-t-elle en appuyant sur un bouton. L'écran s'allume, révélant une carte tactique. Vous êtes le commandant d'une unité spéciale en opération derrière les lignes ennemies. Votre mission est de récupérer un otage. Le problème ? Votre équipe a été repérée, et des renforts hostiles approchent de votre position. Vous avez trois options.
Elle marque une pause, laissant l'information s'imprégner.
Option un : ordonner une attaque directe pour libérer l'otage avant l'arrivée des renforts. Risque élevé de pertes. Option deux : battre en retraite, abandonner l'otage et sauver votre équipe. Option trois : créer une diversion pour éloigner l'ennemi, mais cela vous exposera dangereusement. Alors, Lieutenant, quelle est votre décision ?
Je cligne des yeux, mon esprit luttant pour suivre le flot d'informations. Réfléchis, Clarke. Chacune des options est piégée. Une attaque directe pourrait réussir, mais si elle échoue, je condamne mes hommes. La retraite… Abandonner un otage, c'est inacceptable. La diversion semble la meilleure solution, mais je dois peser le risque…
Je choisis la diversion, dis-je enfin, le ton ferme. Mais je veux envoyer une équipe légère pour cela, en évitant d'exposer toute l'unité.
La colonel incline légèrement la tête, prenant note de ma réponse.
Et si je vous disais que vous venez d'envoyer vos meilleurs éléments en première ligne, augmentant le risque de perte de commandement ?
Je serre les dents, réfléchissant frénétiquement. C'est un piège. Chaque choix en est un.
Je voudrais revoir la répartition des rôles dans ce cas. Utiliser une autre équipe pour la diversion et garder mes meilleurs opérateurs pour l'assaut final.
La colonel m'observe un moment, puis hoche lentement la tête.
Intéressant. Passons à un autre scénario.
L'exercice se poursuit ainsi, chaque question plus complexe que la précédente. Mes réponses me paraissent floues, hésitantes, mais je m'efforce de rester concentrée. Le temps s'écoule lentement, chaque décision ajoutant une nouvelle couche de doute dans mon esprit. Enfin, après ce qui semble être une éternité, le colonel Swan recule et éteint l'écran.
Le test est terminé, annonce-t-elle simplement. Vous pouvez rejoindre les autres.
Je me lève avec difficulté, le corps et l'esprit vidés. Lorsque je sors de la tente, je croise le regard inquiet de Lexa. Elle s'approche immédiatement.
Comment ça s'est passé ? Demande-t-elle doucement.
Je… Je ne sais pas, réponds-je honnêtement. Ils nous poussent à bout. Ils testent tout. Je suis épuisée. En plus, ça ressemblait fortement à l'entretien en tête-à-tête avec Mills et Swan. Je ne sais pas… J'ai l'impression de faire plusieurs fois les mêmes exercices.
Elle acquiesce, son regard se faisant plus sombre.
On doit juste tenir bon encore quelques heures, Princesse. Après, ce sera terminé.
Je prends une profonde inspiration et hoche la tête, essayant de me convaincre que c'est vrai. Mais la journée est loin d'être finie.
