Une story pour vous public, pour moi mon ennui hinhin.

Je précise, léger UA : Drago a 18 ans, Harry 23 ans
Les détraqueurs dans cette histoire sont des sorciers avec la capacité d'extraire la vérité de la bouche de leurs victimes avec plus ou moins de précision :)

Et pour le reste, suivez le flow, je ne cherche pas à recopier HP, je m'amuse juste :D


LE CHOIX DES RONCES

Chapitre 1

Son regard s'attarda sur les champs de blé. Il s'étonna lui-même de savoir ce que c'était. Il n'en avait jamais vu pour de vrai. S'approchant d'un pas, puis de deux, il s'arrêta, contemplatif. En baissant les yeux vers ses pieds, puis ses mains, il devina qu'il était un enfant, un garçon d'une dizaine d'années. Intrigué, il leva les yeux vers le ciel bleu, sans nuage. C'était magnifique, mais aussi aveuglant. Il cacha son visage dans ses mains.

Se détournant du champ à sa gauche, il regarda de l'autre côté. Une route de campagne balayait l'horizon. Il y avait aussi un pré qui s'étendait, bordé par l'orée d'une forêt sombre. Il traversa la route en courant, poussé par une force mystérieuse, attiré par un autre garçon, accroupi dans l'herbe.
— Eh, tu fais quoi ?
Le garçon au sol leva les yeux. Il était blond, son regard gris et perçant. Dans une main, il tenait un bâton, avec lequel il trifouillait un trou de taupe.
— Je t'attendais, Drago. Quoi d'autre ?
Le regard de Drago s'agrandit légèrement. C'était vrai, il s'appelait Drago. Il le savait au fond de lui. Pourtant, quelque chose n'allait pas. Le garçon en face de lui… c'était aussi Drago.
L'autre Drago se redressa et pointa la forêt.
— On y va ?
— Où ?
Lui lançant un regard exaspéré, l'autre Drago lui saisit le poignet. La vision de Drago se brouilla un instant. Surpris, il laissa échapper un hoquet. La prairie et la route disparurent, remplacées par les contours sinistres d'une pièce encrassée.
— Qu'est-ce que tu as ? demanda l'autre Drago, d'un ton brusque.
— Je… je ne sais pas, avoua-t-il.
— Bah, alors concentre-toi. Viens, dépêche-toi.
L'autre Drago le tira plus loin. Ils avancèrent ensemble vers la forêt. Drago le rattrapa pour marcher à sa hauteur. Ils étaient comme deux jumeaux, mais leurs vêtements différaient. L'autre portait un short en toile marine et un polo élégant, tandis que Drago portait un t-shirt et un pantalon un peu abîmés.
— On va dans la forêt ?
— Oui, mais tu dois choisir le chemin. Le bon chemin, tu sais ?
Cette phrase fit écho dans l'esprit de Drago, sans qu'il ne puisse en saisir pleinement le sens. Il tenta de se concentrer, mais une vive douleur remonta le long de son bras gauche. La prairie disparue de nouveau. Une voix grésillante se fit entendre, sans qu'il n'en distinguer les mots.

Ils arrivèrent devant une forêt étrange, irréelle. Les arbres s'alignaient avec une perfection inquiétante. Deux chemins se dessinaient. À gauche, un sentier bordé de ronces, où poussaient quelques roses magnifiques. À droite, un chemin de terre avec des herbes sauvages.
— Alors, Drago ? Quel chemin prend-on ?
L'autre Drago se balançait doucement d'avant en arrière, comme un enfant impatient. Il tenait toujours la main de Drago. Ce dernier reporta son attention sur les deux chemins. Logiquement, il aurait dû choisir le chemin de terre. Mais une part de lui, peut-être sa fierté de Malefoy, ou son étrange propension à compliquer sa vie, pointa du doigt le chemin de ronces.
L'autre Drago poussa un soupir à fendre le cœur et lâcha sa main.
— Pourquoi tu choisis toujours les ronces ?

L'interrogation se fondit dans un flou brûlant. La douleur éclata dans tout le corps de Drago. Il voulut hurler, mais aucun son ne sortit. Quand sa vision lui revint, il se trouvait dans une pièce sombre et étouffante.
Il était allongé sur une couche surélevée. Deux hommes se tenaient à ses côtés, leurs visages sévères éclairés par une lumière magique. La pièce, creusée à même la terre, exhalait une odeur d'humidité mêlée à celle du sang et de la pourriture.
Drago prit une profonde inspiration, comme un noyé remontant à la surface, et toussa violemment.
— Toujours rien. Ça fait quatre heures qu'on le cuisine…
— Ça ne sert à rien, répliqua l'autre homme, fatigué. Cela fait un mois que je travaille sur son cas. Il ne révélera rien.
— Un mois ? C'est impossible ! Il est à bout, comment peut-il encore tenir ? Tu es sûr qu'il sait quelque chose ?
— Il sait. Mais il ne veut pas parler. Ou peut-être qu'il ne peut pas. En tout cas, il a été entraîné à résister.
Le regard du geôlier s'attarda sur le bras gauche de Drago, où la Marque des Ténèbres se devinait sous la crasse.

Tandis que les deux hommes discutaient, Drago se pencha sur le côté et vomit de la bile. Ils ne semblèrent ni émus, ni dégoûtés.
— Je suis désolé, reprit le premier geôlier. Je n'obtiendrai rien de plus. Il va falloir passer au niveau supérieur.
— Le directeur ne va pas apprécier…
Les deux hommes quittèrent la pièce, laissant Drago à son sort. Lorsqu'un autre gardien vint l'extirper de la salle, il était trop confus pour résister. Il fut traîné pieds nus à travers un couloir poisseux avant d'être jeté sans ménagement dans une cellule où un matelas sur le sol l'attendait.

Drago s'écroula sur le sol froid de sa cellule, le souffle court. La porte s'était refermée lourdement, le laissant seul, enfin seul, dans cet espace exigu et poisseux qu'il commençait presque à considérer comme une extension de lui-même. Il se traîna sur le sol humide jusqu'au mur du fond, où il se réfugia en boule, ses bras enroulés autour de ses genoux. Ses doigts tremblaient, crispés sur le tissu de la couverture qu'il serra contre lui comme un enfant perdu.

La pénombre dans laquelle baignait sa cellule était à peine troublée par une lumière magique, vacillante et lointaine. Drago n'essayait plus de s'habituer à cette obscurité oppressante. Elle le rongeait, aussi sûrement que la faim et la soif qui martelaient ses entrailles.

Il inspira lentement, douloureusement, et expira en un long gémissement à peine audible. Chaque respiration lui coûtait, comme si ses côtes elles-mêmes s'étaient liguées contre lui. Pourtant, au fond de lui, il sentait une chaleur, une minuscule flamme vacillante mais tenace. Il n'avait rien dit. Pas un mot. Pas une information. Cela ne lui ressemblait pas. Drago Malefoy, l'héritier gâté, le garçon habitué au luxe et à l'obéissance forcée, résistait.

Pourquoi ? Comment ? Il n'en avait aucune idée.

Il ferma les yeux, et immédiatement, le souvenir des tortures revenait en vagues violentes : les hurlements dans ses oreilles, les brûlures sur sa peau, la douleur fulgurante qui lui vrillait le bras gauche jusqu'à l'épuiser complètement. Mais au-delà de tout ça, ce qui lui faisait le plus peur, c'était la sensation de perte : comme si chaque sonde mentale, chaque intrusion dans son esprit, emportait une partie de lui-même, une miette de son identité.

Il glissa une main sur son bras gauche, là où la Marque des Ténèbres dormait. Un tatouage infâme, symbole d'une allégeance qu'il avait été contraint d'accepter. Il s'y était opposé, mais sa famille, son père… Voldemort... On ne lui avait laissé aucun choix.

Allez savoir pourquoi, maintenant qu'il était là, seul, battu, affamé… Il résistait.

Un rictus douloureux se forma sur ses lèvres gercées. Était-ce de la fierté ? Il n'en était pas sûr. Mais quelque chose en lui refusait de céder, de plier devant ces brutes. Il n'était pas un héros, il n'avait jamais prétendu l'être. Mais ils n'auraient rien de lui.
— Si seulement je savais ce qu'ils veulent, pensa-t-il. Si seulement je savais pourquoi je tiens bon.

Il ne se rappelait même plus ce qu'il devait protéger. Était-ce Voldemort ? La cause des Mangemorts ? Non. Il n'y croyait pas, il n'y avait jamais cru. Alors quoi ? Peut-être était-ce simplement une rébellion inconsciente. Une partie de lui voulait prouver qu'il n'était pas seulement un pantin. Qu'il était Drago Malefoy, et qu'il avait le pouvoir, lui aussi, de dire non.

Ses pensées vacillèrent, et il laissa sa tête retomber contre le mur. Il avait mal mais n'avait plus la force de se plaindre.
La fierté, aussi fragile soit-elle, l'empêchait de s'effondrer complètement. Mais elle n'atténuait pas la peur. Il avait peur de mourir ici, dans cette prison où l'humidité et l'odeur de pourriture semblaient se glisser jusque dans ses os. Il avait peur de ce que les tortionnaires allaient encore imaginer pour le faire ployer. Et plus que tout, il avait peur que sa propre volonté, son esprit, finissent par céder.
— Si je parle… Je n'ai plus rien.
Ses doigts crispés s'enfoncèrent dans la couverture élimée. Même si son corps hurlait de douleur, même si son esprit menaçait de se briser, il s'accrocha à cette idée. Il s'était tu jusque-là, et tant qu'il respirait, il pouvait continuer à se taire.
Mais cette idée, aussi réconfortante soit-elle, lui sembla dérisoire. Résister… Pourquoi ? Pour qui ?
La réponse lui échappait. Alors, il se concentra sur le silence de sa cellule, sur la solitude. Ici, personne ne pouvait l'atteindre, pas pour l'instant. Il tira la couverture sur sa tête, comme un enfant se cachant des monstres sous son lit, et murmura un mot à peine audible :
— Pourquoi ?
C'était une question pour lui-même. Mais dans le noir, elle résonna comme une interrogation adressée au monde entier.

. . .

Les nouvelles ne réjouirent pas le directeur d'Azkaban. L'échec de ses équipes était une gifle, une insulte à l'efficacité de la prison la plus redoutée du monde magique. Face à lui, deux de ses geôliers se tenaient droits, raides sous le poids de leur propre incapacité.
— Vous êtes en train de me dire que ce simple adolescent vous a encore résisté ? Sa voix, froide comme la pierre, résonna fort.
— Ce n'est pas un adolescent ordinaire, monsieur, répondit l'un des hommes, hésitant. La marque qu'il porte, sa proximité avec… avec Vous-Savez-Qui… Ces éléments ne sont pas anodins quoi qu'on en pense.
Le directeur arqua un sourcil.
— Continuez... Exprimez le fond de votre pensée, je vous en prie.
L'homme échangea un regard avec son collègue avant de reprendre :
— On a tout essayé. Privation de nourriture, douleurs physiques, sondes mentales… même des interventions prolongées de nos Détraqueurs les plus expérimentés. Rien n'a fonctionné.
— Justement, c'est impossible. Personne ne peut résister à une telle pression, encore moins quelqu'un de son âge.
Le second geôlier, plus trapu et moins impressionné par l'autorité - du moins en apparence, intervint à son tour.
— C'est justement là le problème. Vous dites "personne", mais ce garçon n'est pas comme les autres. C'est un Malefoy. Ils sont élevés dans une culture de secrets et de fierté. Ces valeurs, elles coulent dans leurs veines.
— Vous me parlez de fierté, cracha le directeur. Ce n'est pas la fierté qui protège un esprit contre des tortures qui briseraient même les sorciers les plus endurcis. Il y a autre chose.
Un silence lourd s'installa, tous les trois se questionnaient. Le directeur se leva et commença à faire les cent pas, son regard rivé au sol.
— Peut-être… murmura-t-il enfin. Peut-être qu'il ne fait que protéger sa propre vie.
Le premier geôlier secoua la tête.
— Avec tout le respect que je vous dois, monsieur, je ne crois pas que ce soit aussi simple. Ce garçon, s'il ne parle pas, c'est parce qu'il a été conditionné à ne pas le faire. Il ne protège pas seulement sa carcasse. Il protège quelqu'un ou quelque chose de bien plus grand.
Le directeur s'arrêta net et fixa son subordonné.
— Voldemort. Vous pensez qu'il protège Voldemort.
— Pas forcément lui, monsieur. Mais quelque chose lié à lui, oui. C'est la seule explication. Il est trop jeune pour comprendre toutes les implications, mais son esprit est verrouillé.
— Verrouillé ?
— Oui. Verrouillé comme un coffre fortifié par une magie puissante, répondit le geôlier trapu. Et cette magie… elle pourrait venir de Vous-Savez-Qui.
Le directeur serra les poings, son visage se tordant dans une grimace de frustration. Il haïssait les zones d'ombre. Azkaban était censée être une machine implacable. Une institution où aucun mystère ne pouvait survivre. Pourtant, Drago Malefoy défiait cette réalité, et cela le rendait furieux.
— Si vous êtes incapables de briser cette résistance, pourquoi êtes-vous encore là à me regarder ? cria-t-il soudain, sa voix éclatant comme un coup de tonnerre.
Les deux hommes baissèrent les yeux, leurs visages empreints de honte.
— Nous avons tout tenté, monsieur. Tout. Nous avons même utilisé des sorts illégaux, des artefacts de pénétration mentale… Tout.
— Et rien n'a marché ? Pas une brèche ? Pas l'ombre d'une miette d'un quelque chose ?
— Rien, répondit le premier geôlier avec un soupir las. C'est comme s'il n'y avait rien à creuser, rien à atteindre. Il a une endurance mentale… inhumaine.
Le directeur passa une main dans ses cheveux grisonnants, fixant un point invisible devant lui.
— Ce n'est pas de l'endurance mentale, murmura-t-il pour lui-même. Ce garçon a peur, je l'ai vu dans ses yeux. Il est brisé physiquement, émotionnellement. Alors, pourquoi… Pourquoi résiste-t-il encore ?
— Peut-être qu'il ne résiste pas consciemment, osa le second geôlier.
— Expliquez-vous... Je n'ai pas le courage de subir un dialogue d'énigmes.
L'homme inspira profondément.
— Si ses souvenirs les plus sensibles ont été scellés par une magie extérieure, il n'a peut-être même pas accès à ces informations. Même sous la torture, il ne pourrait pas nous les donner, car il ne peut pas y accéder lui-même.
Le directeur resta silencieux, ses pensées tourbillonnant. Cette hypothèse faisait sens, mais elle n'apportait aucune solution immédiate.
— Il faut une expertise supérieure, finit-il par dire de mauvais grâce.
— Vous voulez dire… Potter ? demanda le premier geôlier, hésitant.
— Oui, Potter, trancha le directeur, sa voix lourde de résignation. Dumbledore ne cesse de vanter ses capacités. Ce garçon verrait des choses que personne d'autre ne peut voir. Si Malefoy cache quelque chose, Potter le découvrira.
Il retourna à son bureau, glissant son doigt sur une bague ornée de jade. Il la fit tourner pensivement, le regard perdu dans les reflets verts de la pierre.
— Envoyez un hibou à Dumbledore, ordonna-t-il enfin. Que Potter se présente ici dès que possible.
Un sourire sinistre étira ses lèvres.
— Nous verrons si le "Sauveur du Monde Magique" est à la hauteur de sa réputation.

. . .

Dumbledore n'eut aucun mal à reconnaître le hibou venu d'Azkaban. Cet animal, bien plus imposant que ses congénères, arborait un plumage noir aux reflets bleutés, capable de se fondre dans les teintes changeantes de l'océan. Avec son œil perçant et son bec menaçant, il aurait pu inspirer la crainte, mais ceux qui recevaient un courrier de lui savaient qu'il était d'une douceur insoupçonnée, avide de tendresse et surtout de friandises. Dumbledore, bienveillant, lui offrit une coupelle pleine de ses mets préférés. Tandis que l'oiseau becquetait avec enthousiasme, le sorcier observa le pli, ajusta ses lunettes et lut attentivement le message. Une ombre d'amusement glissa sur ses lèvres, cachées sous sa barbe argentée.
— Alors comme ça… Même Azkaban possède ses limites, murmura-t-il, pensif.
Du bout des doigts, il caressa distraitement sa barbe. Drago Malefoy… Un nom que Dumbledore connaissait bien. Un jeune homme issu d'une famille riche et influente, l'une de ces lignées qui se targuaient d'être de "sang-pur". Une aristocratie sorcière où le mépris pour tout ce qui était différent s'apprenait dès le berceau. Lucius Malefoy avait toujours usé de son pouvoir et de son argent pour échapper à la justice, malgré des activités plus que douteuses. Aussi, lorsque Drago fut identifié comme un proche de Voldemort, personne ne s'en étonna vraiment.

Mais ce qui avait surpris Dumbledore, c'était l'arrestation de Drago. Le Ministère, en général si lent à agir, était intervenu comme une flèche, le lendemain de ses dix-huit ans pour le capturer et l'envoyer aussitôt à Azkaban. Ce geste, mûrement calculé, visait sans aucun doute à extorquer des informations sur les agissements du Seigneur des Ténèbres. Pourtant, leur plan s'était effondré : le jeune Malefoy restait impénétrable, résistant aux assauts mentaux des Détraqueurs comme aucun autre avant lui.

Cet esprit inviolable, Dumbledore le trouvait fascinant. Que ce garçon, qu'il avait toujours jugé un peu hautain et lâche, ait une telle force intérieure lui semblait improbable… mais aussi prometteur. Une idée germa dans son esprit. Peut-être qu'Harry Potter pourrait tirer quelque chose de ce mystère. Oui, cela valait la peine d'essayer.

Avec un léger sourire, il rédigea un courrier, y joignant la missive d'Azkaban, et l'envoya à Harry. Il n'eut pas à attendre longtemps. À peine vingt minutes plus tard, un bruit caractéristique de cheminée s'éteignit, suivi de pas pressés dans l'escalier.
Harry Potter entra avec fracas, frappant à la porte tout en l'ouvrant.
— Dumbledore ! Bonjour ! Alors, c'est vrai cette histoire d'esprit inviolable ? Plus imprenable qu'un coffre-fort de Gringotts ?
Dumbledore laissa échapper un rire léger, amusé par la spontanéité du jeune homme.
— Bonjour, Harry. Oui, tu as bien lu. Azkaban garde en son sein un garçon dont l'âme est si farouchement protégée qu'aucun Détraqueur ne parvient à l'atteindre.
— Incroyable… Vraiment incroyable, souffla Harry, s'asseyant avec une nonchalance apparente dans le fauteuil face au bureau.
Il garda le silence un moment, enfin prêt à réfléchir. Drago Malefoy. Ce nom s'imposa soudain dans son esprit, ramenant avec lui une foule de souvenirs désagréables. Il releva les yeux, visiblement partagé.
— Drago Malefoy ? Vous êtes sûr qu'il s'agit de ce Drago Malefoy ?
— Oui. Il n'y a qu'un seul héritier dans cette famille.
Harry secoua la tête, incrédule.
— Un sale gosse, oui. Un petit con, même, marmonna-t-il. Suffisant, condescendant… Il est à l'image de son père.
Sa voix, chargée de fiel, témoignait de son mépris pour les Malefoy. Lucius, en particulier, incarnait tout ce qu'il détestait : un Mangemort influent, manipulateur et impitoyable. Quant à Drago, Harry ne l'avait jamais vu comme autre chose qu'un arrogant héritier des préjugés de sa famille.
— Et pourtant, murmura-t-il, comment cette chiffe molle pourrait-elle avoir un esprit aussi résistant ?
— Les voies de l'âme sont pleines de mystères, répondit Dumbledore avec sagesse. Voldemort, tu le sais, ne laissait rien au hasard. Peut-être a-t-il tissé autour de Drago des protections magiques plus élaborées qu'on ne le croit.
Harry fronça les sourcils, pensif.
— Même dans ce cas… résister aux Détraqueurs ? Si une telle magie existait vraiment, pourquoi ne pas l'avoir appliquée aux autres Mangemorts ? Beaucoup ont craqué sous leur influence…
— Une excellente question, admit Dumbledore. Mais peut-être que le Ministère, d'habitude si apathique, a surpris Voldemort en arrêtant Drago le lendemain même de ses dix-huit ans.
— Dix-huit ans, et déjà à Azkaban… C'est légal, ça ?
— Malheureusement. Le statut de mineur ne le protège plus. Mais je suis d'accord avec toi : envoyer un garçon si jeune dans une prison aussi terrible… C'est une tragédie.

Ils discutèrent encore un moment. Harry, dont la colère envers Drago s'étiolait doucement, commença à ressentir un malaise croissant. Il essayait d'imaginer Drago, enfermé dans les geôles glaciales d'Azkaban. Était-il brisé, ou continuait-il d'arborer cet air supérieur ? Une partie de lui espérait que le jeune Malefoy soit confortablement installé, bénéficiant d'un traitement de faveur… mais une autre, plus honnête, savait que même les fils de l'aristocratie n'échappaient pas à la cruauté d'Azkaban.
— Eh bien, conclut Harry en se levant, aussi étrange que cela puisse paraître, je suis curieux de voir ça. Je vais aller là-bas et tirer cette histoire au clair.
— Voilà qui promet d'être enrichissant, sourit Dumbledore.

. . .

Une semaine passa avant que Dumbledore ne reçoive un paquet d'Azkaban. La chouette de la prison, se posa sur le rebord de la fenêtre de son bureau avec une lenteur calculée, comme si elle mesurait l'importance de sa mission. Ses plumes étaient ternies par le sel marin, et ses yeux fixes semblaient refléter les horreurs silencieuses qu'elle avait laissées derrière elle. Enfin, c'est ce qu'on aimait imaginer.

Dumbledore dénoua soigneusement le paquet, prenant un instant pour observer les sceaux officiels, gravés de l'emblème d'Azkaban : un roc sombre battu par les vagues. Harry, déjà là depuis une heure, se leva du fauteuil où il feuilletait un livre, l'air distrait, et se rapprocha avec une curiosité palpable.
— Voilà mon garçon. Nous avons enfin une réponse, dit Dumbledore en brisant le sceau d'un coup d'ongle précis.

Ils découvrirent ensemble une enveloppe épaisse contenant plusieurs documents. En tête, une lettre d'accueil formelle souhaitait la bienvenue à Harry Potter en tant qu'observateur spécial. Elle détaillait les conditions strictes de sa visite : aucune baguette ne serait autorisée au-delà d'un certain point, et les Détraqueurs resteraient à distance, mais toujours en vigilance.

Dumbledore retira ensuite un petit carnet frappé d'un symbole enchanté.
— Voici les laissez-passer, expliqua-t-il en les tenant à la lumière. Ils sont magiquement liés à toi Harry, et te permettront d'accéder au ferry spécial reliant le continent à la prison.
Harry prit l'un des badges et l'examina de près. Le métal gravé semblait froid, même sous ses doigts, et les lettres argentées luisaient faiblement.
— Efficaces, ces gens, marmonna-t-il. Je ne pensais pas que le Ministère aurait tout bouclé en une semaine.
Dumbledore haussa un sourcil, amusé.
— Ah, mais pour le Survivant, ils déplaceraient des montagnes.
Harry esquissa un sourire, bien qu'une ombre restât sur son visage. Alors qu'il fouillait davantage dans le paquet, il en extirpa un dossier plié par magie. Dessus, en lettres sombres, était écrit : Prisonnier 81246 – Drago Malefoy.
Il déplia lentement le document, découvrant un portrait mouvant du jeune homme.

Sur l'image, Drago tenait une pancarte marquée de son numéro d'incarcération. Ses traits aristocratiques, si souvent portés avec fierté, semblaient plus rigides que jamais. Ses cheveux blonds, d'ordinaire parfaitement coiffés, étaient légèrement en bataille, et ses yeux cherchaient quelque chose hors champ, comme s'il refusait de fixer directement l'objectif. La magie de l'image faisait défiler sa figure : un regard de face, puis de profil.
— C'est lui, murmura Harry, les sourcils froncés.
Il ne savait pas ce qu'il attendait exactement, mais voir Drago ainsi, capturé et réduit à l'état de prisonnier, lui laissait une impression étrange. Une part de lui ressentit une satisfaction coupable. Bien fait. Et pourtant, une autre partie… hésitait.
Dumbledore, resté silencieux, finit par briser le moment :
— Que penses-tu de ce visage ?
Harry releva la tête, confus.
— Hein ?
— Son expression, précisa Dumbledore. Elle ne trahit ni défi, ni soumission. Elle m'intrigue.
Harry regarda à nouveau le portrait, comme pour chercher ce que le directeur semblait voir. Drago paraissait perdu. Non, pas perdu… plutôt déconcerté, comme un animal en cage cherchant encore à comprendre comment il s'était retrouvé là.
— Il a l'air… jeune, murmura Harry, presque malgré lui.
Il posa le dossier sur le bureau, ses doigts glissant sur la texture parcheminée.
— Vous pensez qu'il a protesté ? Ou qu'il s'est laissé faire ? demanda-t-il.
Dumbledore pencha légèrement la tête, pensif.
— J'imagine qu'il a d'abord protesté, en insultant son monde. Puis, quand la réalité l'a frappé, il a peut-être pleuré, supplié. Cela semblerait humain, tu ne crois pas ?
Harry grimaça, mal à l'aise.
— Pleurer ou non, ça ne change rien. Ce gamin mérite d'être là où il est.
Dumbledore ne répondit pas, préférant laisser Harry s'entendre prononcer ces mots. Le silence qui suivit fut lourd, ponctué uniquement par le froissement des papiers et le léger bruit de succion du bonbon que Dumbledore déballait lentement.

Harry se redressa enfin, croisant les bras. Il était embarrassé de sa manière de penser, d'agir. D'un côté il considérait qu'il ne fallait avoir aucune pitié pour les proches de Voldemort et de l'autre, il savait… Savait que les procédés du Ministère étaient indignes.
— De toute façon, je vais lui tirer les vers du nez. Je suis peut-être le seul à pouvoir le faire parler après tout.
Dumbledore acquiesça, un éclat mystérieux dans les yeux.
— Ce sera un voyage intéressant pour toi.
Harry prit un instant pour observer la carte du ferry, frappée du sceau d'Azkaban. Elle semblait presque vibrer sous sa paume, comme si le poids de l'endroit maudit qu'elle représentait imprégnait déjà son esprit.
— Azkaban… murmura-t-il, plus pour lui-même.
Puis, à haute voix :
— Je me demande à quoi ça ressemble.
Dumbledore haussa un sourcil, sa voix teintée d'une légère mélancolie.
— À une vision des enfers.
Ils échangèrent un regard, et Harry sentit un frisson remonter le long de sa colonne vertébrale. Ce voyage ne serait pas seulement une mission. Ce serait une plongée dans un monde qu'il avait toujours cherché à éviter.

. . .

Dans les murs glacials d'Azkaban, le directeur réfléchissait à l'arrivée imminente d'Harry Potter. Le Survivant, le héros du monde sorcier… Comment ce jeune homme qui n'aspirait qu'à la lumière percevrait-il cet endroit façonné par les ténèbres ? Sans doute pas en bien, songea-t-il avec une pointe de cynisme. Cela le fit sourire, un rictus plus qu'une expression de joie, alors qu'il s'approchait de la fenêtre de son bureau.

De là, il pouvait contempler les vagues furieuses s'écraser contre les falaises. L'océan autour d'Azkaban semblait lui-même en colère, prisonnier éternel des tempêtes. Il ne faisait jamais beau ici. Les sortilèges qui protégeaient l'île avaient depuis longtemps altéré la météo, comme si la prison imposait son humeur au monde extérieur. Le ciel restait toujours couvert, lourd de nuages charbonneux, et le vent hurlait à travers les rochers, portant avec lui une odeur salée mêlée d'humidité.

À l'intérieur de la prison, l'atmosphère n'était guère plus clémente. Les murs transpirants d'humidité semblaient absorber les cris, les pleurs et les murmures désespérés, les rendant presque tangibles. Le directeur, cependant, ne remarquait plus tout cela. Après des années à diriger ce lieu maudit, il s'était habitué à l'horreur ambiante. Les couloirs, sombres et crasseux, ne lui inspiraient plus ni peur ni dégoût. Pour lui, c'était un lieu de travail, une machine bien huilée où les rouages – les Détraqueurs, les gardes, les geôliers – faisaient tourner la roue du désespoir sans jamais s'arrêter.

Il savait, bien sûr, que certains gardiens abusaient de leur pouvoir. Ici, personne ne posait de questions. Les pleurs et les suppliques des prisonniers restaient enfermés dans les murs d'Azkaban, tout comme leurs âmes. C'était une règle tacite, un silence partagé par tous, de la créature la plus vile au bureaucrate le plus zélé. Une sorte de fraternité lugubre liait chaque employé, chaque Détraqueur à ce lieu.

Mais l'arrivée d'Harry Potter bouleverserait cette routine. Le directeur le savait. Le Survivant n'accepterait pas ce qu'il verrait ici. Il s'insurgerait contre les conditions, contre les traitements, contre tout ce qui faisait d'Azkaban un lieu que l'on craignait autant que la mort elle-même. Ce serait une épreuve pour lui, mais aussi pour les gardiens et les détenus.

Le directeur tourna le dos à la fenêtre et se dirigea vers son bureau, où une pile de rapports l'attendait. Il ne s'en soucia guère. Une pensée le tiraillait : Drago Malefoy. Le garçon allait bientôt être confronté à Harry Potter, et l'idée de voir ces deux faces d'une même pièce réunies dans cet enfer fascinait le directeur.
Il appela un employé d'un geste de la main. Un homme au visage terne et à l'allure raide entra dans la pièce, les mains croisées devant lui, attendant les ordres.
— J'aimerais voir Drago Malefoy, dit le directeur d'un ton posé mais ferme.
L'homme opina du chef.
— Bien sûr, monsieur le directeur. Je vais prévenir les geôliers pour qu'ils le préparent.
Le directeur hocha la tête, mais ne bougea pas tout de suite. Il restait debout, fixant un point invisible, perdu dans ses pensées. Il se doutait que Malefoy ne serait pas dans un état convenable. La prison n'épargnait personne, encore moins un garçon aussi jeune et fragile.

Mais cette fois, les choses devaient être différentes. Le Survivant viendrait, et le directeur ne pouvait pas se permettre qu'un héros du monde sorcier reparte avec des récits trop scandaleux sur Azkaban. Même lui devait admettre que certaines histoires n'étaient pas destinées à quitter ces murs.
— Assurez-vous qu'il soit… présentable, ajouta-t-il enfin, un éclair d'ironie dans la voix.
L'employé, comprenant l'ordre implicite, s'inclina légèrement avant de disparaître dans le couloir.

Le directeur resta seul un moment, retournant à sa contemplation. Drago Malefoy, ce garçon de dix-huit ans à peine, dont l'arrogance d'antan avait dû être balayée par les vents glacés d'Azkaban. Combien de temps tiendrait-il encore, se demandait-il ? Peut-être qu'il tenait justement parce qu'il n'avait plus rien à perdre.
Un souffle amusé s'échappa de ses lèvres alors qu'il quittait son bureau.
— Eh bien, pensons à ce qui fera le plus d'effet à notre invité spécial, murmura-t-il pour lui-même, ses pas résonnant dans le couloir.

Dans les profondeurs de la prison, une lanterne s'alluma quelque part, tandis qu'un ordre sec réveillait les gardiens de leur torpeur. Drago Malefoy, sans le savoir, était sur le point de devenir un acteur central dans une pièce qu'il n'avait pas choisie.


Merci d'avoir lu :)

J'ai plusieurs chapitres de rédigés... Donc les publications seront assez rapprochées.
+ Pour les habitués des mes autres histoires oubliées ^^', je suis en ce moment en train de les reprendre !