LE CONCEPT ANIMAL

CHAPITRE 5

La semaine était passée trop vite aux yeux de Drago. Marchant dans la rue, les mains enfoncées dans les poches, il se préparait à affronter sa sixième humiliation. Sur le chemin, ses émotions oscillaient. D'abord serein, presque philosophe, une goutte de sueur froide glissa bientôt dans son dos, annonçant l'angoisse grandissante. La colère prit le relais, une rage sourde contre Gregory, qu'il maudit avec toute l'énergie de son esprit. Puis cette colère se retourna contre lui-même, nourrissant une culpabilité familière.

Quand il arriva devant la maison de Pansy, il était dans un état indescriptible, une tempête intérieure masquée par un visage neutre. Il sonna à la porte, et Pansy vint rapidement ouvrir. Elle avait l'air plus tendue que d'habitude.
— Salut, Pansy. Tu n'as pas l'air en forme.
— Gregory est plus en colère que jamais, dit-elle doucement. Apparemment, des Aurors l'ont approché cette semaine.
— Merlin… Je sens que ça va encore me retomber dessus, cette histoire. Enfin, tu me fais entrer ?
Elle hésita, sa main restant accrochée à la poignée. Elle secoua lentement la tête.
— Tu devrais partir, Drago. J'ai plus peur pour toi que les autres fois.
— Et te laisser seule avec lui ? Allons…
Il avança d'un pas, la contournant doucement pour entrer. Elle referma la porte derrière eux, jetant un coup d'œil nerveux dans la rue avant de verrouiller avec soin.

Comme à son habitude, Drago ôta sa veste et la confia à Pansy, qui la prit sans un mot. Il se dirigea vers le salon, mais avant d'entrer, il posa sa main sur l'épaule de Pansy.
— Pansy, tu n'entres sous aucun prétexte, tant qu'il est là, d'accord ?
— Tu es sûr ?
— Ta présence ne ferait qu'empirer les choses, je t'assure.
Il serra son épaule et la poussa doucement avant d'entrer. Là, Gregory se tenait près de la fenêtre, les volets à demi clos, scrutant la rue comme un prédateur surveillant son territoire.
— Gregory, salua Drago d'un ton posé.
Gregory ne répondit pas immédiatement. Ses épaules étaient raides, et ses mains crispées sur le rebord de la fenêtre trahissaient une nervosité inhabituelle. Il finit par se tourner brusquement, les yeux brillants d'une colère mal contenue.
— Quelqu'un t'a suivi ? demanda-t-il d'une voix sèche.
— Non, je n'en ai pas l'impression.
Gregory s'approcha d'un pas lourd, ses traits se durcissant.
— Je te demande pas ton impression ! T'es sûr ? Je te demande si t'es sûr !
Avant que Drago ne puisse répondre, Gregory l'agrippa par le col, le tirant légèrement à lui avec une force brutale. Bien que surpris, Drago parvenait pour l'instant à se maîtriser, son regard fixe dans celui de son ancien camarade.
— Je suis sûr, oui, répéta-t-il.
Gregory resta suspendu un instant, le col de Drago serré entre ses doigts. Puis il le relâcha brusquement, le poussant légèrement en arrière, comme s'il cherchait à se débarrasser d'un poids trop lourd. Drago réajusta son col, sans le quitter des yeux.
— Greg, il n'y a personne, je t'assure, dit-il d'un ton qui se voulait léger, bien qu'un soupçon d'anxiété filtrait dans sa voix. Calme-toi, ça ne sert à rien d'être... paranoïaque.
— Paranoïaque ? répéta Gregory dans un souffle. C'est ça que tu crois ?
Il fit un pas vers Drago, et ce dernier, bien que se souhaitant impassible, sentit la sueur froide renaître dans le creux de son dos. Gregory n'était pas simplement en colère, il était dérangé.
— Ce ne sont pas les Aurors qui me rendent comme ça, ajouta Gregory, sa voix s'adoucissant d'une manière qui mettait encore plus mal à l'aise. C'est toi.
Drago haussa un sourcil et tenta de masquer son malaise derrière une curiosité distante.
— Moi ? Et en quoi je serais responsable de ton humeur, exactement ?
— Arrête de jouer à ça, Drago. Tu le sais très bien.
Drago se dirigea prudemment vers le canapé, contre lequel il s'appuya. Il était conscient que tout pouvait basculer d'un instant à l'autre. Gregory avait un contrôle minimal sur ses émotions, et Drago jouait à la roulette russe avec lui.
— Écoute, je ne suis pas d'humeur pour tes devinettes. Si tu as quelque chose à dire, dis-le. Sinon, allons-y, finis-en avec ta... séance.
Gregory rit doucement, un rire nerveux qui semblait résonner dans la pièce comme un avertissement. Il marcha dans le salon, ses larges épaules tendues puis, sans prévenir, il pivota de vers Drago, les mains ouvertes comme s'il allait l'attraper.
— Tu sais ce que j'ai réalisé ? dit-il, sa voix plus basse, presque suave. C'est que tu n'as pas changé la façon dont tu me regardais. Comme si tu croyais encore que tu étais au-dessus de moi. Comme si tu étais toujours ce gamin parfait de Poudlard.
Drago retint son souffle mais ne baissa pas les yeux.
— C'est dans ta tête. Tout ça, c'est toi qui te fais des films.
— Ah oui ? répondit Gregory en s'approchant encore. Alors pourquoi t'es toujours là ? Pourquoi tu reviens, semaine après semaine, subir ça , sans me supplier d'arrêter ?
Il se planta à quelques centimètres de Drago, son souffle chaud contre son visage, exprès. Drago, bien que le cœur battant à tout rompre, resta figé, refusant de montrer la moindre faiblesse.
— Parce que tu me fais du chantage, répondit-il d'une voix plus ferme qu'il ne l'aurait cru. Tu veux une autre explication ?
Gregory leva la main, non pour le frapper cette fois, mais pour effleurer une mèche des cheveux blonds de Drago. Ce geste, aussi inattendu qu'intrusif, fit frissonner ce dernier. Gregory semblait absorbé par ce contact, ses doigts traînant une seconde de trop avant de retomber.
— Je me demande si c'est vraiment du chantage, murmura-t-il. Ou si quelque part, tu as envie de revenir.
Drago se raidit, son regard froid dissimulait difficilement le méprit qu'il ressentait à l'instant.
— Ne sois pas ridicule. Tu ne m'attires pas ici. Je viens parce que tu me forces la main, parce que tu me menaces, parce qu'il y a Pansy.
Gregory se redressa et tapa finalement dans ses mains, comme s'il venait de se souvenir de quelque chose, il sourit. Ce sourire n'avait rien de rassurant.
— Pour Pansy ? Oh très bien, Drago. On va voir si ce que tu dis est vrai.
Avant que Drago ne puisse répondre, Gregory fit un geste de la main, tirant sa baguette de sa poche. Son visage s'illumina d'une satisfaction morbide.
— Allez. Montre-moi que tu tiens encore debout.
Drago se redressa à son tour, contre le canapé, tentant de se donner une contenance. Il était près pour cette sixième torture. Enfin, il l'espérait.

Gregory leva sa baguette, ses yeux sombres fixés sur Drago avec une intensité presque oppressante. Ce dernier s'attendait à recevoir le Doloris de plein fouet.

Imperio.

Par quel miracle Gregory maîtrisait-il aussi bien ce genre de sorts de magie noire ? Est-ce qu'Azkaban offrait, dans les recoins les plus ténébreux de ses couloirs quelques astuces pour les mettre à l'oeuvre ? Ou bien était-ce la faute à la concentration de sorciers trop mauvais qui embrigadaient les esprits les plus faibles et jeunes comme Gregory Goyle… Le fait est que Drago se sentait doucement couler dans une brume grisâtre.

Gregory en fut tout euphorique au départ. L'Imperio il l'avait longuement théorisé, comme la seule chose capable de briser ce qui l'agaçait au plus au point chez Drago ces derniers temps : son regard clair, ce refus obstiné de lui céder, même sous la pression. Gregory n'avait jamais été le plus brillant ni le plus subtil ; il avait passé sa vie à suivre, à obéir, à être l'ombre de quelqu'un d'autre. Mais avec Drago, c'était différent. Il ne voulait pas seulement dominer, il voulait posséder. Pas d'une manière brutale comme ce que lui avait connu en grandissant, mais entièrement, à un niveau presque spirituel. Gregory voyait en Drago quelque chose qu'il ne comprenait pas : une fierté ancienne, familiale qui ne vacillait pas malgré les humiliations. L'Imperio était pour lui une tentative désespérée de prouver qu'il pouvait enfin avoir l'ascendant, qu'il pouvait éteindre cette lueur insaisissable dans ses yeux. Ce n'était pas qu'une question de contrôle pour lui : c'était un besoin maladif de le soumettre, de le faire sien, entièrement et irrévocablement.

Le sortilège s'insinua en Drago comme un venin épais, une présence étrangère qui glissa dans les plis de son esprit. Il sentit son corps vaciller, ses membres alourdis, non par contrainte, mais par une étrange sensation de relâchement. Gregory voulait ardemment qu'il plie, qu'il lui cède, qu'il devienne son pantin, une extension de sa volonté.

Drago ferma les yeux, comme pour se protéger. Il savait qu'il ne pourrait pas échapper à l'influence du sort complètement, pas cette fois. Gregory s'améliorait. Ses ordres n'étaient pas encore parfaits, mais la détermination dans sa voix, la force brute derrière ses mots, faisaient trembler les défenses de Drago.
— Tu sais que tu ne peux pas lutter, susurra Gregory, sa voix douce et terrible, un écho omniprésent dans son esprit. Tu es à moi, Drago. À moi seul pour l'instant.

Une vague de panique s'empara de lui. À Gregory ? Comme sa chose ? Il était fou ! Son esprit se cabra, cherchant désespérément une échappatoire. Mais la volonté qui s'imposait à lui était si forte, si tenace, qu'il sentit son corps déjà répondre, malgré lui. Sa main trembla légèrement, comme prête à bouger à l'ordre. Il serra les poings. Il ne pouvait pas se permettre de perdre pied. Pas totalement. Pas devant lui. Tous les Malefoy se retourneraient dans leurs tombes.

Il tenta une autre approche : céder juste assez pour donner l'illusion de l'obéissance. S'humilier en partie, peut-être, mais éviter de sombrer complètement dans la soumission. Il baissa la tête, lentement, feignant de s'incliner, mais il força son esprit à rester ancré. Chaque fibre de son être criait de ne pas s'effondrer davantage.
— C'est ça… Tu comprends enfin, n'est-ce pas ? Tu ne peux rien contre moi. Tu es fait pour me servir.
Le ton n'était pas seulement dominateur ; une étrange tendresse y transparaissait, une possessivité dévorante qui fit frissonner Drago d'un mélange de peur et de dégoût.
— Regarde-moi, Drago, murmura-t-il, sa voix douce comme un piège.
À contrecœur, Drago leva les yeux et croisa ceux de son ancien camarade. Ce qu'il y vit le bouleversa presque autant que l'étreinte du sort. Derrière l'arrogance et le désir de contrôle, il discerna quelque chose de bien plus dérangeant : une obsession perverse déguisée en une sorte d'amour tordu, une fascination malsaine envers sa personne.
C'était clair désormais : Gregory ne voulait pas seulement l'humilier ou l'asservir. Il le voulait, tout entier, comme un objet précieux à enfermer sous clé, à protéger et dominer à la fois, jusqu'à effacer toute trace d'autonomie ou d'identité.

Cette réalisation le secoua profondément, lui donnant presque la nausée. Sa gorge se serra, et la rage monta en lui avec une telle intensité qu'il la cracha, brutale et tranchante :
— Va te faire foutre, Goyle.
L'insulte fendit l'air comme un coup de poignard. Gregory, qui le regardait déjà comme acquis, vacilla sous l'impact. Le sortilège perdit de son emprise, et Drago, libéré, s'effondra dans le canapé, haletant, mais farouchement ancré dans sa dignité retrouvée, même si temporaire.

Gregory resta immobile d'abord, à le fixer d'un air presque animal, oscillant entre rage et bizarrement du regret. Il semblait lutter contre une tempête intérieure, comme si ce qu'il s'apprêtait à faire n'était pas entièrement de son propre fait.

Lentement il vint devant lui. Drago s'enfonça dans son assise inquiet de ce qu'il allait faire. Gregory dépassait sa logique. Il ne reconnaissait plus le Serpentard un peu bêta. Azkaban lui avait retourné la tête et brisé l'esprit. Gregory se pencha et lui attrapa la main gauche. Bien qu'il tente de résister, la poigne de Gregory était forte et ses doigts massifs se refermèrent en une étreinte glaciale. Figé, Drago serra les dents.
— Pourquoi tu fais ça, Gregory ? murmura-t-il. Pourquoi on en est arrivés là ?
Gregory ne répondit pas tout de suite. Son regard vacilla, et pour un instant, il sembla presque désolé. Mais la colère reprit vite le dessus, son expression se durcissant.
— Parce que tu dois comprendre, fit-il, sa voix basse et vibrante, comme s'il essayait de se convaincre lui-même. Comprendre que tout est de ta faute… Que tu m'as pris mon adolescence, mon meilleur ami… Et qu'à cause de toi je suis allé en enfer. Maintenant j'ai plus rien. Alors tu vas payer ta dette.
— C'est ridicule, même toi, je le sens, tu arrives au bout de cette logique !
Il regarda les doigts de Drago, fit légèrement pression sur son auriculaire. Drago était à des lieues d'imaginer qu'il oserait lui briser le doigt. Mais la douleur monta en flèche dans tout son bras et ses oreilles bourdonnèrent dès qu'il entendit le craquement. Il voulut crier mais Gregory lança le Silencio.

Drago s'enfonça dans le canapé, la tête rejetée en arrière, d'horreur. Il essaya d'échapper à la poigne de Gregory, sans y parvenir.
— Regarde-moi, ordonna Gregory, sa voix se faisant plus fébrile, presque suppliant. Regarde ce que tu me forces à faire ! Je suis obligé d'en venir à ça pour obtenir quelque chose de toi !
Drago ouvrit les yeux. Des larmes glissèrent sur ses joues. Il hurlait des insultes silencieuses à son encontre. Bien qu'il ne les entende pas, Gregory devinait sa haine dans son regard. il secoua la tête, comme pour chasser une pensée intrusive, et posa son pouce sur un autre doigt, le brisant avec un art que seul Azkaban peut apprendre.
Drago se recroquevilla davantage, son souffle haletant, ses jambes tremblantes contre le canapé.
— Arrête, souffla-t-il sans voix, ses lèvres formant des mots que Gregory ne pouvait entendre.

Gregory se laissa happer dans son tourbillon de contradictions. Ses gestes étaient méthodiques, presque calculés, mais son visage trahissait un combat interne, une douleur qui reflétait presque celle qu'il infligeait.
— Je ne veux pas faire ça. Je ne pensais pas aller si loin, murmura-t-il brusquement, comme une confession échappée à son contrôle. Mais tu ne me laisses pas le choix, Drago. Tu ne me laisses jamais le choix… Si tu avais simplement accepté de ployer comme je te l'avais demandé, de m'offrir tout ce que je te demande depuis un mois.
Un troisième craquement. Puis un quatrième dans la foulée.

Drago, à bout de forces, s'effondra complètement, son corps secoué par des sanglots silencieux. Il n'avait plus la force de résister, de l'écouter, mais dans son regard voilé de larmes brillait toujours une étincelle, une minuscule flamme de haine et de défi. Enfin, c'est ce que Grégory était obsédé à croire.

Le silence était oppressant, rompu seulement par la respiration hachée de Drago.

Et soudain, Gregory relâcha la main meurtrie. Il fit un pas en arrière, comme s'il réalisait enfin l'ampleur de ce qu'il venait de faire. Son visage se décomposa, oscillant entre remords et une sombre satisfaction.

Il se pencha sur Drago, une main sur le dossier du canapé et approcha son visage du sien.
— Tu vois ? murmura-t-il, sa voix tremblante. Avec tout ça, je ne peux plus te laisser partir. Tu vas être à moi, Drago. À moi seul.
Sa main libre hésita, effleurant les cheveux de Drago avec une tendresse troublante. Mais Drago recula faiblement, un frisson de dégoût parcourant son corps.
— Ne… me touche pas, articula-t-il sans mot, toujours coincé dans le Silencio.
Gregory sembla hésiter encore un instant, puis son expression se ferma. Il se redressa, dominant Drago de toute sa hauteur, et murmura avec une froideur étrange :
— Tu finiras par comprendre.

Puis il tourna les talons, laissant Drago seul dans le salon.

Quand le Silencio se dissipa, il lâcha un long gémissement et se laissa tomber sur le côté dans le sofa en se tenant la main. Comme à chaque fin de session, Pansy débarqua et fut terrorisée par l'état de Drago. Elle n'osa même pas le toucher, de peur de lui faire encore plus mal.
— Bon sang que… qu'est-ce qu'il t'a fait ? Oh Merlin, tu as vu ta main, faut qu'on aille à Sainte-Mangouste !
Drago secoua la tête et à travers la douleur qui fusait comme une tempête dans son bras et sa tête, il se redressa.
— Non.. Si on va là-bas, ils vont me poser des questions… Ah, l'enfoiré, souffla-t-il en regardant ses doigts. Pansy tu… connais pas quelques soins de médicomage ?
— Mais non Drago, non ! Surtout pas qui… Réparent les os brisés !

Pansy était en panique totale, faisant les cent pas devant le canapé où Drago tentait de respirer à travers la douleur. Son visage était pâle, presque translucide, et une sueur froide perlait sur son front.
— On ne peut pas rester comme ça ! Tu risques de perdre l'usage de ta main si ça ne guérit pas correctement.
— Je le sais, merci, gronda-t-il, le souffle court. Mais si je vais à Sainte-Mangouste avec cette gueule et ces doigts, ils vont poser des questions. Trop de questions.
Pansy se mordit la lèvre, réfléchissant à toute vitesse.
— Je pourrais… je pourrais peut-être appeler Blaise ? proposa-t-elle, mais l'idée semblait lui déplaire autant qu'à Drago.
— Non. Pas Blaise, répondit-il fermement. Il est assez mêlé à cette histoire. Et il ne pourra rien faire de plus…
Il ferma les yeux un instant, le dos appuyé contre le canapé, luttant pour ne pas céder à l'évanouissement qui pointait le bout de son nez. Une pensée traversa son esprit, irritante mais persistante.

Harry.

Drago ouvrit les yeux brusquement, une lueur d'hésitation dans le regard. Pansy, toujours en train de marcher frénétiquement, le remarqua et s'arrêta.
— Quoi ? Qu'est-ce que tu as ?
— Potter… lâcha-t-il, presque à contrecœur.
— Potter ? Pansy semblait choquée. Pourquoi tu voudrais qu'il… ?
— Parce qu'il est Auror, et il doit avoir accès à des médicomages en dehors de Sainte-Mangouste. Des gens qui ne poseront pas de questions, expliqua Drago à voix basse, comme s'il se parlait autant à lui qu'à elle.
Pansy plissa les yeux, incertaine.
— Tu veux vraiment demander de l'aide à Potter ? Celui qui est probablement en train de nous surveiller à cause de cette histoire ?
— Je n'ai pas le choix, Pansy, siffla-t-il en se redressant légèrement, grimaçant de douleur. Gregory a failli me briser, littéralement. Si je laisse ça comme ça…
Pansy croisa les bras, ne sachant quoi faire, quoi vraiment dire. Mais elle obtempéra.
— Très bien. Mais comment tu comptes le contacter ?
Drago se passa une main tremblante sur le front, réfléchissant intensément. La douleur pulsait dans sa main brisée, mais il savait qu'il ne pouvait pas rester comme ça. Il attrapa sa baguette avec sa main valide et marmonna :
— Pansy, passe-moi un morceau de parchemin.
Elle le regarda, hésitante, mais finit par obéir. Elle posa le parchemin sur la table, accompagnée d'une plume et d'un encrier.
— Tu vas écrire à Potter ? Vraiment ?
— Oui. Une chouette est encore le moyen le plus rapide, répondit-il sèchement.
Drago trempa la plume dans l'encre, grimaçant en essayant de maintenir une écriture lisible avec sa main droite, maladroite.

Potter,
Viens immédiatement à la maison de Pansy. Pas de questions. C'est une urgence.

Il hésita, puis ajouta :

Malfoy.

Il jeta un regard à Pansy.
— Où est ta chouette ?
— Dans la cuisine, dit-elle en pointant du doigt. Mais… tu es sûr qu'il viendra pour ça ?
Drago plia le parchemin et se leva tant bien que mal, son bras gauche contre lui.
— Potter viendra. C'est dans ses gènes.
Il marcha lentement vers la cuisine. Il laissa Pansy ouvrir la cage et accrocher le message à la patte de la chouette.
— Va à Harry Potter, ordonna-t-il à l'oiseau, avant de le regarder s'envoler dans la nuit.
Revenant dans le salon, il s'écroula sur le canapé, une nausée lui tenaillant le ventre.
— Maintenant, on attend, murmura-t-il, les yeux fermés.
Pansy s'assit à côté de lui, visiblement inquiète.
— Et s'il ne vient pas ?
— Alors… je me débrouillerai autrement. Mais il viendra.
— Et tu lui diras quoi ? Tu lui parleras de Gregory ?
Drago, la tête enfoncée dans le dossier du canapé, fit un léger signe négatif. Il resta silencieux un moment, puis répondit :
— Je vais dire la vérité : que toi et moi, on s'est violemment disputés et que j'ai donné un coup de poing dans le mur.
Pansy le fixa, incrédule.
— Tu plaisantes ? Il ne croira jamais à ça !
— Et pourtant, il devra. Tu entends, Pansy ? Il devra.
Elle fronça les sourcils, l'indignation montant en elle.
— Pourquoi tu persistes à protéger Gregory ? C'est de pire en pire, et tu le sais très bien !
Drago garda obstinément le silence, ses lèvres serrées.
— Tu dois arrêter de te sentir coupable de tout ça, insista-t-elle avec une voix tremblante. Ce n'est pas de ta faute ce qui est arrivé à Vincent. Et tu n'es pas responsable non plus de la peine de prison de Gregory. Tu ne peux pas porter ça sur…
— La ferme, Pansy, grogna-t-il d'une voix glaciale. Tu me donnes la migraine.
Ils se turent tous les deux et Pansy finit par se lever. Elle était au bord de l'implosion. Elle regarda Drago droit dans les yeux, prête à lui dire le fond de sa pensée. Mais elle n'y arriva pas, pas pour l'instant. Elle inspira longuement pour se calmer.
— Tu veux boire quelque chose ?
— Oui… Oui un café, demanda-t-il lentement.
— Je vais te faire ça.
Elle se dirigea hors du salon et Drago lui dit alors :
— Je suis désolé que tout ça arrive sous ton toit…
— Et moi au contraire. Je préfère qu'il y ait quelqu'un pour te ramasser.
Me ramasser, pensa Drago en regardant sa main cassée. Il était tombé bien bas.