Salut, salut ! Oui, je sais... un peu de retard dans ma publication. Mais nous sommes toujours mercredi et en plus, étant en vacances, je n'ai pas résisté à l'appel du "Chill" sur la plage.
Bref, profitez bien de votre soirée en lisant ce nouveau chapitre. Moi je vais aller prendre l'apéro et boire à la santé de Drago et Dorea... enfin surtout à leur réconciliation. Parce que là... c'est mal parti...
Enjoy :)
Dorea était installée sur le fauteuil, le regard plongé dans les flammes crépitantes à l'intérieur de l'âtre de la cheminée. Elle ne cessait, depuis plus d'une heure, de jouer avec son collier où se suspendait un pendentif en forme de « A », deux épées s'entrecroisant sur la lettre. C'étaient les armoiries des Artwood. Le nom et la famille à laquelle elle avait renoncé pour la survie de Drago mais également pour celle de son frère.
Une larme roula sur sa joue, prenant conscience que dorénavant, elle était tenue de faire le deuil de son ancienne vie. Elle n'était plus une Artwood, elle n'était plus une Lady, et encore moins une Potter.
Mais elle avait réussi. Par elle ne savait quel moyen, mais elle avait réussi à convaincre Lord Voldemort de sa « bonne » foi.
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Dans l'après-midi
Dorea était assise en bout de table, faisant face à Lord Voldemort en personne. Les mangemorts, quasi tous au complet avaient pris place de part et d'autre de la table. Disposés dans une exacte hiérarchie qui se témoignait par le degré de confiance que leur accordait le Seigneur des Ténèbres. À commencer par Severus Rogue qui se tenait à sa droite et qui la fixait sans faillir.
- Bien, nous sommes tous ici pour décider du sort de Dorea, déclara Voldemort de sa voix sifflante. Qui veut commencer ? Drago ?
Le jeune homme qui avait pris place à la droite de sa mère au centre de la table baissa le regard, tâchant d'éviter soigneusement celui perçant du maître. Il avait l'air toujours faible, mais fut assez vaillant pour avoir transplané seul jusqu'au Manoir après que sa tante lui ait remis sa baguette.
Dorea serra les poings et contracta la mâchoire, visant à conserver son calme alors que les autres mangemorts se moquaient ouvertement du blond, qui lui, resta silencieux.
- Severus peut-être ? dit alors Voldemort en se tournant vers son bras droit qui inspira longuement.
- Je pense que Miss Artwood…
- Dorea, Severus, rectifia le Mage Noir d'une voix doucereuse. N'oublions pas que cette jeune femme a vendu titre, nom et héritage pour sauver notre jeune Drago.
Les mangemorts éclatèrent de rire une nouvelle fois. Seuls Drago, Narcissa Malefoy et Severus Rogue ne se joignirent pas aux festivités. Voldemort, munit d'un sourire sardonique, réclama le calme, ce qui se fit aussitôt.
- Alors qu'as-tu à dire Severus ?
- Dorea est une brillante sorcière, répondit le professeur en jaugeant son élève à l'autre bout de la table.
- Hein ? Brillante sorcière ?! s'exclama Alecto Carrow scandalisée. Regardez-la. Ce n'est qu'une simple fille de sang-de-bourbe avec un joli minois qui pète plus haut que son cul avec ses pouvoirs supérieurs à la norme.
Les mangemorts eurent un rictus, pouffant sous cape.
- Merci Mrs Carrow, c'est fort aimable à vous, rétorqua Dorea allégrement à son tour.
- Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ?! cracha la femme mangemort avec mépris.
- Vous m'avez complimenté, riposta Dorea d'un air crédule. Je suis heureuse que vous reconnaissiez que j'ai un joli… minois.
- En-tout-cas, tu as du répondant, intervint Voldemort. Et ça me plaît.
- Ne pas reconnaître que Dorea est une brillante sorcière, serait une immense erreur Alecto, ajouta Rogue à l'adresse de sa congénère. Avons-nous assisté à la même bataille tout à l'heure ?
- Severus a raison, dit Voldemort mettant fin à toute discussion.
Il reporta son regard flamboyant sur la rousse.
- Tu es puissante, talentueuse et sagace Dorea. Je pense que tu es en mesure de nous être utile.
- Je veux l'être, certifia la serpentard avec volonté.
- Mais j'ai encore des doutes sur tes motivations, chère Dorea.
- Je suis ici parce que je veux servir de monnaie d'échange pour la survie de Drago. Je ne vous le cache pas. C'est mon but principal.
- Je te suis reconnaissant de ta franchise…
- Mais cette décision a été poussée par des années de soumission. J'ai été contrainte de vivre dans l'ombre de mon frère afin de ne faire aucun remou dans la communauté et de dissimuler ma condition sous l'injonction de Dumbledore. Je n'ai pas eu le choix de ma destinée. J'ai été abandonné par mes parents comme un vulgaire objet dont on espèrerait se débarrasser à tout prix. Et ensuite, j'ai été éduquée pour ne devenir qu'une arme de destruction que Dumbledore aurait souhaité utiliser à souhait. Je ne suis pas une arme, je suis humaine, faite de chaires et de sang et j'ai la ferme intention de me battre pour mes valeurs.
- Et quelles sont ces valeurs ?
- La supériorité de la race sorcière sur le monde moldu, répliqua-elle de but en blanc.
- Un peu vite parlé pour une fille de sang-de-bourbe…, remarqua Yaxley qui se tenait aux côtés de Bellatrix Lestrange.
- Nous ne choisissons pas notre famille, mais nous pouvons nous créer notre propre famille. Une qui soit à notre image et qui convient à nos principes, objecta vivement la rousse.
Un silence s'ensuivi,t chacun prenant au mot la jeune femme.
- Tu n'as pas toujours pensé cela, Dorea, reprit Voldemort. Me tromperais-je ?
- Non, je n'ai pas toujours pensé cela, dit-elle en secouant la tête de droite à gauche. Jusqu'à récemment. Jusqu'à notre rencontre au ministère l'année dernière.
- Tu as tué Henry Nott, ce jour-là ! se récria Bellatrix soudainement véhémente.
- Et s'il fallait le refaire, je le referais ! IL A TUÉ MON PÈRE ! hurla Dorea.
Tous s'interrompirent durant un court instant puis la jeune femme poursuivit dans un murmure.
- J'aimais mon père… Je l'aimais. Il m'a recueilli, il m'a élevée, il m'a choyé et m'a offert un semblant de jeunesse dorée en contrepartie des demandes incongrues de ce fou de Dumbledore. J'aimais mon père, reprit-elle avec plus de verve. Et j'ai pris plaisir à le venger, termina-t-elle dans un sifflement menaçant.
- Tu as le goût du sang Dorea, souffla Voldemort. Tu es déterminée et forte. J'aime ta force.
- Et je compte à présent la mettre à votre service. Vous m'avez affirmé que je pourrais être le joyau de votre collection. Laissez-moi faire mes preuves et je ploierai le genou devant vous… Maître.
Voldemort se redressa sur sa chaise, considérant l'adolescente, cette fois avec sérieux. C'est à cet instant que Dorea le laissa s'infiltrer dans son esprit, ne lâchant en rien son regard.
Tout y passa, son enfance, elle bébé sautant joyeusement dans les bras de son père, ses étés en Écosse à Dunnotar Castle, elle, à quatre ans sur un poney guidé par son père, la mort de sa mère, le jour de son enterrement lorsqu'elle apprit sa véritable identité et sa condition, elle, à neuf ans, sous le joug de Dumbledore qui lui enseignait comment contrôler ses pouvoirs, elle, à onze ans lorsqu'elle fit sa rentrée à Beaubâtons, elle, à quatorze ans lorsque son père lui tendit une arme moldue, elle, à quelques jours de ses quinze ans lors de sa première rencontre avec Drago à Highclere, elle, revêtant le choixpeau magique, elle, dans la salle commune de Serpentard sous le regard scrutateur de Drago, elle et lui à Pré-au-Lard, s'embrassant pour la première fois, elle dans les toilettes lisant la dernière lettre de son père, lui offrant une issue pour s'échapper au Mexique, elle apprenant la mort de son père, elle, au milieu du stade de Quidditch en train de le détruire, elle, se réveillant à Highclere, elle, discutant avec les membres de l'Ordre, elle, signant les papiers de succession, lui donnant le titre de Lady Artwood devant un Lucius Malefoy furieux, elle, se battant contre Henry Nott, ell,e détruisant une aile du château, elle, revenant à Poudlard, elle et Drago lors de leur première fois, elle au ministère pour sauver Harry, elle, repoussant l'attaque de Voldemort, ell,e dans la volière où Harry lui hurlait dessus, elle, fuyant au Mexique, elle et Miguel Juajez, elle et Gabriel dans une voiture roulant à toute vitesse, elle, arrivant à New-York, elle dans le hall d'entrée du penthouse de sa tante, elle, dans les cachots du M.A.C.U.S.A, elle retournant à Poudlard, elle et Daphné, elle et Théo, elle et Blaise, elle à la soirée du Nouvel an à Highclere, elle et ses sentiments troublée, elle et sa tristesse, elle et son désespoir, elle face à Dumbledore dans la tour d'Astronomie.
Il sortit en fin de son esprit, et Dorea, qui avait serré les accoudoirs de sa chaise, haleta sous le coup de la douleur et de l'immense faiblesse qui s'empara d'elle.
- J'ai vu de la joie, mais également beaucoup de douleur… Principalement infligée par Dumbledore et ton frère.
Dorea ferma les yeux de dépit, serrant les dents sous l'algie qui apparaissait dans sa tête.
- Je vais prendre le temps de la réflexion, mais je suppose que tu serais une parfaite recrue Dorea.
Tous tournèrent la tête vers Lord Voldemort et Dorea releva le regard presque à bout de souffle et totalement ébaudie par ce qu'elle venait d'entendre.
- Bien évidemment, il faudra que fasses tes preuves avant d'intégrer nos rangs et tu ne seras pas marquée avant ton dix-septième anniversaire.
- Bien maître, murmura la jeune fille en se courbant légèrement.
- En attendant, tu seras traitée comme une invitée. Tu seras libre de te promener dans cette maison et dans le parc. Et toutes tes affaires te seront restituées dans l'heure, ainsi que ta baguette.
- Mais maître…, commença Bellatrix.
Néanmoins, elle se tut et baissa le regard devant celui de Voldemort qui se fit menaçant.
- En ce qui concerne notre jeune Drago, il aura la vie sauve tant que tu m'obéiras. Mais tout autant que toi, il n'aura le droit de sortir du domaine jusqu'à ce que j'en décide autrement. Et pour faire bonne mesure, j'envisage de m'installer ici ainsi que quelques mangemorts de ma garde rapprochée pour une surveillance accrue de vos faits et gestes.
Narcissa ouvrit grands les yeux d'effroi et cessa de respirer lorsque le Seigneur des Ténèbres posa son regard sur elle.
- As-tu une objection Narcissa ?
Tous les mangemorts braquèrent leurs regards sur cette dernière. Elle resta muette durant un temps indéfini et Dorea crut qu'elle avait fait une sorte d'attaque jusqu'à ce qu'elle prenne enfin la parole, retrouvant sitôt un visage impassible.
- C'est un honneur de vous recevoir dans notre humble demeure, maître.
- Bien. Alors, c'est réglé. Il sera aussi nécessaire de prévoir à manger pour Nagini.
La tête Nagini dépassa du dossier de la chaise de Voldemort et glissa sur son épaule, son maître caressant avec tendresse le dessus de son crâne.
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C'était maintenant que commençait sa véritable mission. Celle pour laquelle elle avait été préparée depuis tant d'années.
Elle tira alors sur la chaîne qui se décrocha de son cou, cassant le fermoir au passage.
Non, elle n'était plus Lady Dorea Artwood. Elle était à présent Dorea, au service de Lord Voldemort.
Elle lança alors le collier dans la cheminée, l'or blanc bouillonnant et fondant sous ses yeux humides de larmes.
Brusquement, on toqua à la porte, et prise soudainement de panique sur l'identité de son visiteur, elle se leva de son fauteuil, essuyant promptement ses joues humides. Elle renifla un bon coup et s'appliqua à revêtir une expression nonchalante.
- Entrez ! invita-t-elle d'une voix énergique.
La porte s'ouvrit et Tiny entra dans la chambre faisant voleter derrière elle un plateau-repas.
- Voici le dîner de Miss, annonça l'elfe de maison d'une petite voix en posant le plateau sur le bureau.
- Merci Tiny, dit Dorea en s'avançant de quelques pas.
Tiny claqua alors des doigts et soudainement sa malle et sa baguette apparurent devant elle.
- Le maître a demandé à ce que vos affaires vous soient rétrocée.
Dorea se courba et attrapa la baguette posée sur le dessus de la malle. Lorsqu'elle se redressa, elle vit Tiny se retourner vers la porte d'entrée.
- Attends, Tiny, interrompit-elle.
- Oui, Miss ? fit l'elfe de maison en se tournant vers la jeune femme.
- Est-ce que… est-ce que je peux voir Drago ?
- Monsieur Drago se repose, Miss, dit l'elfe.
Puis la créature sortit, laissant Dorea seule avec sa tristesse.
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Plusieurs jours passèrent sans que Dorea ne voit personne d'autre que l'elfe de maison des Malefoy. Les corridors du Manoir, bien qu'infesté à présent de Mangemort, demeuraient vide. C'était néanmoins un soulagement pour la rousse. Même si elle n'aurait aucun mal à se défendre, il était tout de même plus agréable de déambuler librement sans la peur de tomber sur un Fenrir Greyback assoiffé de sang. Elle n'avait tout de même pas osé allait rendre visite à Ollivander, toujours détenu dans les cachots du Manoir. Elle ne pouvait se risquer à ce qu'on l'aperçoive dans une posture qui mettrait, sans détour, en péril sa couverture.
Cependant, elle avait tout de même tenté, à plusieurs reprises, de trouver la chambre du blond, afin d'avoir une véritable discussion. Et malgré ses demandes et multiples supplications, Tiny avait gardé bouche close. Dorea avait donc très vite compris que le jeune Malefoy ne voulait simplement pas la voir.
Ainsi Dorea tenta de se détourner de ses tourments en se concentrant sur la tâche que lui avait confiée Dumbledore : trouver le moyen de détruire Voldemort et aider Harry à le faire. N'était-ce pas l'une des raisons de sa présence dans ce Manoir ?
Cela commençait par les recherches qu'elle avait la possibilité d'approfondir sur les horcruxes. Et la bibliothèque des Malefoy regorgeait justement de grimoire en tout genre sur la magie noire. Elle y passa donc des journées entières, consultant chacun d'eux et plongeant le nez dans quelques livres centenaires où elle réprima parfois un frisson d'effroi qui la traversait au vu de ce qu'il y était décrit.
Lorsqu'elle avait pénétré cette bibliothèque pour la première fois, elle avait écarquillé les yeux face à la splendeur des lieux. Les étagères montaient de plusieurs étages au-dessus, certaines même hors de portée dont les grilles refermaient des ouvrages tentant de s'échappaient par eux-mêmes. Du sol au plafond, le bois ciré brillait à la luminosité du jour. Au centre, une immense table de travail en acajou avait été placée sur un tapis persan carmin. Et c'est sur cette même table que Dorea, ce matin-là, copiait un dessin d'un médaillon rectangulaire sur son carnet. Ce même médaillon qui lui disait vaguement quelque chose. C'est à cet instant que l'on toqua à la porte.
Prise d'une soudaine frayeur, à l'idée de ce qui se passerait si l'on découvrait ses véritables motivations sur ses recherches, elle referma les livres étalés sur la table devant elle d'un geste de main, et d'un autre tour de poignées, ils allèrent sur ranger à leur place, dans les hauteurs des rayonnages classifiés par ordre alphabétique pendant qu'elle dissimula son carnet dans la poche de sa robe.
Ce fut quand le dernier grimoire se glissa entre deux rangées que la porte s'ouvrit. Dorea fit face à Severus Rogue, la mine inlassablement austère.
Elle se leva de la chaise tandis qu'il jetait un coup d'œil par-dessus son épaule en direction du couloir traversant, puis referma la porte. Il pointa alors sa baguette sur la porte lançant un sortilège informulé. Dorea reprit place, quelque peu soulagée de constater qu'il ne s'agissait que de son ancien professeur et surtout de son seul allié dans cette maison.
- Je vous ai cherché dans votre chambre, dit-il en guise de salutation.
- Je passe mes journées ici, plutôt que d'être enfermé dans cette chambre, répondit Dorea dans un soupir.
Rogue vint s'installer face à elle, de l'autre côté de la majestueuse table.
- Ce n'est pas prudent Dorea. Le Manoir est empli de mangemorts. Vous ne devriez pas vous promener seule.
- Je sais très bien me défendre, sans compter qu'aucun d'eux ne se risquerait à lever la main sur moi, maintenant que Vold…
- Ne prononcez pas son nom ! interrompit brusquement le directeur de maison. Dites le maître ou bien le Seigneur des Ténèbres. Son nom est à nouveau marqué du Tabou.
- Du Tabou ? souffla Dorea qui ne comprit pas.
- Cette mesure avait été également prise avant sa… disparition. Si vous prononcez son nom, les mangemorts rapplique aussitôt.
Dorea haussa un sourcil.
- Cool, comme ça, ça me fera un peu de compagnie, ironisa-t-elle.
- Soyez sérieuse un moment, Dorea. Vous devez jouer un rôle alors faites le bien. Si un des mangemort vous entend prononcer le nom du maître, cela mettra en péril votre couverture. Et la mienne par la même occasion.
Dorea, exaspérée, soupira tout en se réinstallant sur la chaise.
- Je n'ai vu personne depuis mon entretien avec… le maître, dit-elle en insistant sur le dernier mot. Je croyais qu'il s'était installé ici avec quelques mangemorts.
- Le Seigneur des Ténèbres est en voyage. Il est parti avec Bellatrix et quelques-uns de ses plus fidèles. Il a laissé la surveillance du Manoir aux Carrow et à Greyback. Mais croyez-moi, même si vous ne les voyez pas, eux si. Ils lui font un rapport du moindre de vos faits et geste. Chaque jour.
La jeune femme, instantanément sur le qui-vive, se redressa.
- Vous voulez dire qu'ils savent ce que je fais ici ? hoqueta-t-elle.
- Ils savent que vous passez vos journées ici, effectivement. Mais pas la teneur de vos lectures… du moins, pas encore.
La serpentard ouvrit la bouche, le cœur battant. Mais Rogue leva la main, tentant de la rassurer.
- Ne vous inquiétez pas. Pour l'heure, vous ne faites rien de mal à part passer le temps dans une bibliothèque. Mais vous devriez éventuellement espacer quelque peu vos journées ici. Faire autre chose, suggéra-t-il accompagné d'un regard insistant. Sinon, effectivement ça va paraître louche au bout d'un certain temps.
Dorea se laissa tomber contre le dossier, expirant un souffle tremblant. Rogue la considéra durant une longue minute, puis dit :
- Vous avez trouvé quelque chose ?
La rousse jeta un coup d'œil terrifié vers la porte.
- Personne ne peut entendre ce que nous nous disons.
- Seulement le dessin d'un médaillon appartenant à Salazar Serpentard, dit Dorea sortant le carnet de sa poche pour l'ouvrir à la page et le tendre au professeur Rogue. Mais la question demeure : où est ce médaillon ? Est-il bien un horcruxe ? Et surtout comment le détruire ?
- Avec l'épée de Godric Gryffondor, déclara Rogue pensivemen en étudiant le dessin.
- Quoi ?
- Albus l'a découvert en l'utilisant pour détruire la bague des Gaunt lorsqu'il a voulu l'essayer.
- La bague qui lui a brulé la main ?
- Celle-là même, murmura Rogue en refermant le journal. C'est pour cela que je suis venu vous voir. Le testament de Dumbledore va, incessamment, être ouvert, annonça-t-il grave. Il lègue l'épée à Potter, ainsi que d'autres futilités à Granger et Weasley.
- Mais l'épée, elle se trouve à Poudlard.
- Certainement, mais je soupçonne le Seigneur des Ténèbres de vouloir s'en emparer avant que le ministère ne mette la main sur les effets qui constitue le testament d'Albus.
Dorea entrouvrit la bouche, puis la referma, une multitude de questions se bousculant dans sa tête.
- C'est le seul endroit, sûr, pour le moment. Ni lui, ni vous, ni même votre frère peut mettre la main dessus. Le bureau du directeur est scellé.
- Vous avez pu retourner à Poudlard ?
- J'y ai fait un passage, oui. Je devais reprendre quelques affaires.
La serpentard comprit à présent comment elle avait pu récupérer sa malle.
- Si le ministère fait la passation du testament de Dumbledore, alors Harry aura peut-être une chance de détruire les horcruxes sans grande difficulté.
- Le ministère n'est pas notre problème, Dorea. C'est mettre la main sur cette épée avant tout le monde et que votre frère puisse entrer en possession de cette même épée sans que personne ne soupçonne quoi que soit, afin qu'il détruise les horcruxes un à un. Le ministère ne la lui donnera pas, car dans les faits, elle appartient à Godric Gryffondor. Ni à Dumbledore et encore moins à votre frère. Sans compter que c'est une relique de grande estime. Le Seigneur des Ténèbres porte beaucoup d'importance à ces choses.
Un silence demeura.
- Savez vous pourquoi Mr Ollivander se trouve ici ?
- Ollivander n'est pas votre souci.
- Mais…
- Dorea écoutez-moi, votre frère ne retournera pas à Poudlard en septembre, déclara le professeur en détachant chaque mot.
- Pourquoi dites-vous cela ? demanda Dorea en fronçant les sourcils.
- Premièrement parce que connaissant la loyauté indéfectible de Potter envers Dumbledore, il n'hésitera pas une seconde à se mettre à la recherche des horcruxes, pour les détruire et poursuivre la quête que le directeur a commencé.
- Et deuxièmement ?
- Le Seigneur des Ténèbres a pour objectif de prendre le pouvoir sur la communauté. Maintenant, qu'Albus Dumbledore n'est plus là pour se mettre en travers de son chemin, il sera facile pour lui de faire tomber un à un les trois édifices les plus importants du pays.
- Le ministère, Poudlard et Gringotts, attesta Dorea.
- À la suite de cela, continua Rogue, Potter ne bénéficiera plus de la protection du ministère. Ni l'Ordre d'ailleurs. Ce qui les exposera tous à un grand danger. Et une traque sera entreprise dans tout le pays pour attraper les rebelles. Votre frère sera le premier sur la liste.
Dorea ferma les yeux de dépit et mordilla sa lèvre inférieure avec nervosité.
- Que peut-on faire pour l'aider alors ? demanda-t-elle en prenant une ample inspiration.
- Pour le moment rien. Le ministère est encore debout, mais sa chute ne saurait tarder. D'ici là, ne faites rien pour aider votre frère ou qui que ce soit de l'Ordre. Ce qui veux dire que vous n'avez surtout pas intérêt à vous soucier d'Ollivander. Ensuite, vous allez devoir vos preuves. Et c'est seulement quand, vous serez marquée que vous aurez beaucoup plus de liberté pour agir.
Dorea inspira et expira profondément, ingérant les multiples informations que le professeur venait de lui donner. Rogue se leva de la chaise, qu'il cala sous la table.
- Je suppose que vous ne viendrez pas dîner ce soir, encore une fois.
- Dîner ce soir ? répéta Dorea en grignant le front.
- Eh bien, dans la salle à manger, avec les Malefoy, expliqua-t-il comme s'il s'agissait d'une évidence
- Tiny me donne un plateau chaque soir dans ma chambre, j'ai supposé que je dusse rester dans ma chambre pour le dîner, mais également le déjeuner, et le petit-déjeuner.
Le professeur Rogue l'observa, puis un sourire narquois vint se glisser sur le coin de ses lèvres.
- Drago à la rancune tenace, murmura-t-il.
Dorea écarquilla les yeux de surprise, saisissant que le blond avait délibérément ordonné à son elfe d'apporter un plateau-repas à la jeune femme pour qu'elle reste dans sa chambre et qu'il n'ait pas à la voir. Du Malefoy tout craché…
- Sept heures, dans la grande salle à manger, tenue correcte exigée, dit Rogue en se dirigeant vers la porte.
- Les autres seront là ?
- Les Carrow. Greyback passent ses nuits dans la forêt aux alentours, fit-il en sortant dans le couloir.
Dorea grimaça en imaginant le lycanthrope chasser non loin du Manoir. Au moins, il ne chassait pas dans le Manoir.
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La jeune femme s'observa dans le miroir, inspirant profondément. Elle avait revêtu une robe de cocktail noire, qui mettait en valeur ses formes au vu du vêtement qui lui collait presque à la peau. Ses jambes étaient recouvertes de bas tout aussi sombre et transparent. Pour finir, des escarpins de la même couleur ajoutait un brin d'agrément à la tenue. Inconsciemment, elle espérait que cela ferait effet au blond, mais également – et elle trouvait cela ridicule et perdu d'avance – faire bonne impression auprès de Narcissa Malefoy.
Elle releva ses cheveux en un chignon flou qu'elle attacha avec une pince, puis rangeant quelques mèches volatiles derrière son oreille, elle expira sa nervosité, tâchant de se donner le courage de descendre et d'affronter ce dîner et les personnes qui lui étaient ouvertement hostiles, avec la dignité qu'on lui avait enseignée.
Dorea sortit alors de la chambre pour s'enfoncer dans l'interminable et ténébreux corridor qui menait aux escaliers sur sa gauche. Elle les emprunta, tâchant de maintenir son équilibre sur ses hauts talons. Chose dont elle n'avait pas été coutumière de faire, à part quelques occasions rarissimes.
Puis elle vira sur la droite et descendit un autre escalier débouchant sur un salon traversant, d'une décoration toute aussi somptueuse que le reste du manoir, un élégant lustre en cristal la surplombant de toute sa hauteur. Elle atteignit enfin la salle à manger, franchissant une double porte boisée. Une table similaire à la première pièce avait été aménagée avec soin, la porcelaine et les couverts en argent témoignant de la fortune considérable que détenait la famille Malefoy. Ou du moins fut un temps…
Ils étaient tous là. Dans un coin en train de parler à voix si basse, que Dorea ne put écouter l'objet de leur discussion, même à seulement quelques mètres.
Narcissa Malefoy, bien que toujours digne et élégante, avait l'air exténuée. Les joues creuses, cela renforçait ses cernes violacés qui lui donnait l'air cadavérique. À côté d'elle Severus Rogue, fidèle à lui-même, l'expression monacale et rigoriste. Ce dernier écoutait une femme charpentée qui était justement dos à la rousse. C'était Alecto Carrow et son frère, Amycus, tout juste à côté d'elle, levait son nez en forme tombante, lui donnant l'air d'un singe arboricole. Le cercle se refermait enfin sur Drago. Beau, charismatique… parfait. Il portait un costume noir, avec une chemise et une cravate de même teinte. Dorea fut soulagée de voir qu'il s'était complétement remis de sa torture. Néanmoins, à travers son expression inexpressive, la jeune femme pouvait déceler une certaine fragilité. Elle était certaine qu'un claquement de doigts suffisait à réduire cette façade continuellement hautaine en poussière. Car oui, ce n'était bel et bien qu'une façade.
Les yeux du blond se détournèrent vers elle et Dorea put y lire toute la colère qu'il ressentait à son égard. Son regard coula alors sur sa tenue et un instant, il changea en un désir assoiffé que le jeune homme ne s'évertua même pas à dissimuler.
Toutefois, lorsqu'il reposa ses orbes métalliques sur son visage, il recouvra son flegme, antipathique et ô combien hostile.
Les quatre autres remarquèrent sa présence, se tournant vers elle et la détaillant de bas en haut.
- Dorea, salua Mrs Malefoy placidement. Je vois que ce soir vous nous faites l'honneur de votre présence.
- Un bien malheureux malentendu, Mrs Malefoy. Je vous prie de m'excuser de ma maladresse, répondit la rousse sur le même ton.
Narcissa eut un mi-sourire, lançant un rapide coup d'œil en direction de son fils. Celui-ci, néanmoins, resta de marbre.
La maîtresse de maison fit un geste vers la table.
- Passons à table, proposa-t-elle.
Tous se dirigèrent vers elle, prenant place tout autour. Narcissa s'installa en bout, Rogue à droite, suivit des Carrow et Drago à la gauche de sa mère. La jeune femme qui s'était alors avancée vers une chaise vide à côté du jeune Malefoy, s'immobilisa sur place. C'est à cet instant que Dorea nota qu'il n'y avait que cinq couverts. À l'instar de la mère du blond.
- Tiny, appela la blonde.
L'elfe de maison apparut aux côtés de Dorea dans une fumée vaporeuse.
- Oui, maîtresse, s'inclina la créature.
- Apporte un couvert de plus pour cette jeune fille, ordonna Narcissa sans même regarder l'elfe.
Dorea eut une pensée pour Hermione et la S.A.L.E. Que dirait-elle si elle avait assisté à cela ?
La serpentard finit de s'avancer vers la chaise libre tout juste à côté de Drago. Mais celui-ci s'était déjà levé et l'avait décalée pour qu'elle puisse s'y installer.
- Merci, murmura-t-elle alors qu'il glissa la chaise sous elle.
Le blond l'ignora tout en reprenant sa place.
Un silence s'abattu sur la pièce, tous se regardant dans le blanc des yeux. Ce qui fit grandir le malaise de la rousse. Elle avala donc avec difficulté sa salive, ne sachant si elle avait l'obligation d'engager la conversation ou non.
Finalement, au bout de cinq minutes, voyant que personne ne ferait l'effort pour « ouvrir les hostilités », elle se lança.
- Vous… vous avez un très beau manoir, Mrs Malefoy.
Un « ding » sonore résonna dans les lieux et les plats apparurent enfin au centre de la table. Les Carrow se jetèrent donc sur le pâté en croûte et Dorea vit l'hôtesse des lieux obstruer ses prunelles, retenant un soupir d'exaspération.
La jeune femme se servit de la salade, seul vestige qui resta de l'entrée.
- Je crois savoir que vous vous êtes éprise de notre bibliothèque. Aimez-vous lire ? interrogea Narcissa en reportant son attention sur la rousse.
- Euh… oui. Quand l'occasion m'en ai donné, j'aime profiter des bienfaits de la lecture.
- Et avez-vous d'autres passe-temps ?
- Le… le Quidditch, murmura la jeune femme.
Narcissa hocha la tête, terminant posément son plat puis reposa délicatement ses couverts aux côtés de son assiette.
- J'ai toujours trouvé que les filles qui s'adonnaient à ce sport étaient… vulgaires.
Ce fut l'effet d'une claque.
- N'avez-vous pas d'autres passe-temps ? Le point de croix ? La couture peut-être ?
Drago ricana moqueusement sous cape.
- Euh… non, répondit Dorea. Je… je ne suis pas manuelle.
- Un instrument de musique alors ?
- J'ai fait du piano.
- Drago aussi. Peut-être pourriez-vous nous jouer un morceau tout à l'heure, après le dîner.
- Ça fait très longtemps que je n'ai pas joué Mrs Malefoy, dit Dorea d'un ton presque suppliant.
- Tout de même, je serais très heureuse d'entendre votre talent, dit Narcissa d'un ton qui n'engageait aucune opposition.
À partir de là, Dorea préféra rester silencieuse et écouta d'une oreille distraite la conversation entre Rogue et les Carrow. Lorsque l'entrée laissa place au plat principal, ils discutèrent des nouvelles recrues, qui prirent pour leur grade à chaque remarque. Quand vint le fromage, ce furent les membres de l'Ordre qui passèrent au crible. Et comme Dorea s'y prépara, le dessert fut réservé à Harry.
- Ce gamin n'a aucune chance face au maître, grogna Amycus. C'est un empoté.
- Ce gamin, comme tu dis, fit alors Rogue, a été jusque-là très soigneusement entourée. Et tant que l'on n'éliminera pas son entourage, alors nous n'aurons aucune chance.
- Peut-être que celle-là peut nous servir à l'appâter ? dit Alecto en esquissant un signe de tête vers la rousse.
Cette dernière releva lentement le chef, tandis que le frère et la sœur eurent tous deux un rictus mauvais.
- Je crois savoir que vous étiez dans la tour d'Astronomie lorsque j'ai tenté d'assassiner Albus Dumbledore, rétorqua sèchement Dorea en retrouvant aussitôt son assurance.
Leurs sourires malveillants se fanèrent aussitôt. Drago, de son côté, en afficha un avec discrétion, plein de fierté.
- Et alors ? cracha la femme mangemort
- Dois-je vous rappeler que Potter était également présent, dissimulé sous la cape d'invisibilité. Il a donc assisté à toute la scène. Je crois qu'à partir de maintenant, mon sort lui est totalement indifférent. Comme le sien l'est à mon sens, ajouta-t-elle sans battre un cillement d'yeux.
- Qui devrait croire à cela, hein ?
Dorea abaissa les prunelles, un sourire rêveur s'affichant sur son visage, pendant qu'elle alignait son couteau d'argent face aux rainures dorées de l'assiette.
- Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça, Artwood ? grogna Amycus Carrow.
Dorea releva lentement la tête, et jaugea les deux mangemorts.
- J'imaginais simplement ce qui dirait le Seigneur des Ténèbres s'il venait à être avisé que vous remettiez en doute sa parole.
La fin du repas se passa dans le calme le plus total et ils passèrent au salon pour terminer la soirée. Heureusement, les Carrow partirent dans leur chambre sans demander leur reste, laissant les Malefoy, Severus Rogue et Dorea enfin seuls.
- Dorea appela Narcissa, pendant qu'ils s'installèrent sur les canapés et fauteuils au centre de la pièce. Voulez-vous bien nous jouer un fond musical ? demanda-t-elle en désignant le piano à queue derrière eux.
La jeune femme se releva, et chemina d'un pas hésitant vers le siège Lorsqu'elle s'y glissa et ouvrit la tablette, elle effleura le clavier du bout de ses doigts. Depuis combien de temps n'avait-elle pas joué ?
L'image de son père lui souriant à ses côtés flotta dans son esprit. Sentant la faiblesse la gagner, elle se redressa donc, posant son regard sur la partition ouverte devant. C'était « Clair de Lune » de Debussy.
Aussitôt Dorea se retourna vers le salon, une expression de surprise traversant son visage.
Narcissa et Rogue, qui discutaient tous deux, ne remarquèrent rien, mais Drago, lui, l'observait fixement. Il lui adressa un sourire en coin qui voulait dire « je t'en bouche un coin, là ? ».
Dorea retrouva donc une mine impassible, ne souhaitant pas satisfaire un peu plus l'ego du jeune homme et commença à jouer l'adage du compositeur moldu.
Au départ, elle chercha les notes puis au milieu du mouvement, elle commença à se détendre et à fluidifier sa gestuelle. Ce qui se ressentit certainement puisque Rogue et Mrs Malefoy cessèrent leur conversation pour l'écouter.
Beaucoup plus à l'aise, elle enchaîna avec les « Gymnopédie » de Sathie et alors qu'elle s'engageait sur la sonate pour piano de Beethoveen nommé « Moonlight », elle sentit Drago s'approcher lentement d'elle. Sa main froide glissant sur sa nuque la força à s'arrêter et elle ferma les yeux, se délectant de son toucher.
- Continue, dit-il simplement.
Dorea vrilla la tête vers le jeune homme qui la surplombait de sa hauteur. Puis elle remarqua que le salon se trouvait dorénavant vide.
- Severus est parti il y a dix minutes de cela et ma mère s'est enfermée dans sa chambre, expliqua Drago.
La jeune femme reprit place alors face au clavier et inspirant profondément pour ravaler ses larmes, elle poursuivit le morceau. Mais bientôt, sa vision devint trouble et elle ne fut plus capable de lire la partition. Puis elle éclata en sanglots, prenant conscience que cela faisait des jours que ça ne demandait qu'à sortir.
