Hello à tous, voici le nouveau chapitre de ce samedi.
Sachez que les extraits en gras sont tirés du livre : Harry Potter et les Reliques de la Mort de J. .
Enjoy :)
Dorea et Drago transplanèrent devant le portail du Manoir, l'aube naissante renvoyant une douce lumière sur les tourelles du bâtiment.
S'avançant vers la grille, cette dernière s'ouvrit machinalement à l'approche du blond et tous deux longèrent l'allée menant à l'entrée. Les paons immaculés déambulaient à travers les haies et les différentes sculptures de feuillages.
À peine le blond eut-il ouvert la grande porte qu'il se figea en découvrant qui se trouvait présent au milieu du hall d'entrée.
Dorea, passa une tête sur le côté et vit Narcissa Malefoy, se tenant au centre de la pièce, les mains croisées devant elle, le teint livide.
- Le maître vous attend, annonça-t-elle d'une voix étranglée.
Les deux jeunes gens échangèrent un regard perplexe, puis entrèrent dans le Manoir, Dorea refermant la porte derrière eux et talonnèrent la mère de Drago, qui se dirigeait vers les escaliers de pierre.
Lorsqu'ils débouchèrent sur le salon du deuxième étage, Lord Voldemort se tenait devant l'imposante cheminée au fond, son serpent à ses pieds, balayant le parquet en noyer de sa longue queue menaçante. À sa droite, défilaient successivement Severus Rogue, la mine blafarde, Bellatrix Lestrange, le sourire goguenard et Lucius Malefoy, muni de son éternelle canne, l'expression impassible, mais les yeux non moins vitreux d'avoir tant bu la nuit. Son épouse le rejoignit à ses côtés, et c'est à cet instant que Dorea prit conscience du teint maladif de cette dernière.
De l'autre côté du Seigneur des Ténèbres, se trouvait Fenrir Greyback, le sourire acéré, grippant de sa poigne un gobelin en costume trois pièces de style années 1920. Il avait les cheveux grisonnants coiffés en arrière et la mine renfrognée. Le ventre de Dorea se tordit en comprenant la présence de ce gobelin. Toutefois, à l'instar du blond à ses côtés, elle resta de marbre.
Soudainement, un cri retentit dans la maison et la rousse se retourna vers les escaliers.
- Queudver fait passer un doux moment à notre chère invitée, siffla Lord Voldemort.
Dorea, avalant avec difficulté sa salive, et percevant le message caché, reporta son attention sur le maître et ses fidèles.
- Vide ton sac Dorea, ajouta-t-il.
La jeune femme, le cœur amorçant une folle embardée, se défit de sa petite sacoche en bandoulière, ouvrit le zip doré et le retourna pour en évider la totalité de son contenu. Sur le sol, tombèrent, sa moto, plumes, encre, quelques parchemins, son carnet et enfin l'épée. Le dernier objet, dont un bruit métallique retentissait dans la pièce, retint l'attention de tous, les yeux rivés vers elle. Quand l'écho sonore fut fini, Lord Voldemort releva peu à peu sa tête de nasique et fixa intensément les deux serpentards.
- Vous avez donc réussi, dit-il à voix basse.
- Oui, maître répondit Dorea en se courbant.
Intérieurement, elle espérait que ses notes et surtout son carnet resteraient invisible aux yeux des autres mangemorts. Ne se hasardant à échanger un autre regard avec Drago, elle resta inclinée tandis que Bellatrix s'avançait et saisissait l'épée, la contemplant avec adoration.
- Gripsec, veux-tu bien examiner cette épée de plus près ? demanda alors le Seigneur des Ténèbres.
Le Gobelin s'approcha d'eux à son tour et alors que Dorea se redressait, elle le vit tendre la main vers Bellatrix. La femme mangemort eut un moment d'hésitation puis finalement donna l'épée au gobelin et Dorea, tout comme elle perçut Drago le faire à ses côtés, retint sa respiration pendant que la créature entreprit d'étudier avec minutie la relique.
Quelques minutes passèrent dans un silence insupportable. Dorea, ne pouvait agir, ayant conscience que Bellatrix et Lucius Malefoy avaient les yeux rivés sur elle. Ils remarqueraient aussitôt qu'elle se sert de ses pouvoirs.
Puis Gripsec fit tourner l'épée entre ses mains pour finalement la poser en équilibre sur trois de ses doigts.
- Acier pur, équilibre parfait, l'inscription y est bien… - il se tourna vers Voldemort et se courba à son tour – je suis formel, mon maître, c'est bien l'épée de Godric Gryffondor.
Instantanément, Dorea éprouva une sensation de soulagement comme elle en avait rarement éprouvé. Son estomac se détendit et ses muscles se relâchèrent aussitôt. Seulement, elle s'interrogea sur la fiabilité du gobelin nommé Gripsec ? N'avait-il vraiment pas reconnu une épée factice faite justement en acier de gobelin ? Ou bien peut-être tenait-il à les aider ?
Voldemort marcha les quelques mètres qui les séparaient et se saisit de la fausse épée de Godric Gryffondor à son tour, ses longs doigts effilés se refermant sur la poignée en rubis. À cet instant, alors qu'il hissait la relique au niveau de son regard, ses yeux devinrent plus rouges, plus flamboyants, plus menaçant…
- Magnifique, murmura-t-il pour lui-même.
Il inspira profondément et se mit à sourire dangereusement. Quelques secondes défilèrent et en définitive, il la tendit à Rogue.
- Mets-la en sécurité chez toi en attendant ta réintégration à Poudlard, Severus.
Dorea, à l'entente de ces derniers mots, se crispa et elle discerna Drago lui effleurer discrètement la main.
- Bien maître, c'est un honneur, fit l'ancien maître des potion en reprenant l'épée.
Puis Voldemort se tourna vers eux.
- Je vois que vous êtes, tous deux, tout à fait capable d'accomplir une mission que je vous ai donné, à la perfection.
Les deux jeunes gens baissèrent la tête avec doléance.
- Je t'ai probablement sous-estimé, Drago. Bien que tu ne sois pas parvenu à accomplir la mission que je t'avais confiée durant l'année passée, peut-être que me côtoyer au quotidien t'a fait prendre conscience de tes véritables priorités.
Le blond ne répondit pas. Au demeurant, cela n'appelait aucune réponse et il ne voulait surtout pas donner un prétexte de plus au Seigneur des Ténèbres, de le torturer une nouvelle fois. Celui-ci, porta son attention sur la jeune femme.
- Et toi, Dorea, tu es un véritable diamant à l'état pur. Intelligente, puissante, belle, et par-dessus tout rusée. En tant que descendant direct de Salazar Serpentard, tu es la digne héritière de sa maison.
Dorea était écœurée d'entendre tous ces compliments. La bile lui montait peu à peu à la gorge.
- Une véritable arme, qui peut m'être très utile dans cette guerre contre ton frère.
- Encore une fois, maître, mes pouvoirs, sont à votre service, dit Dorea d'une voix claire, mais le regard constamment fixé au sol.
- Alors souhaites-tu rejoindre mes rangs ?
La rousse retint de nouveau sa respiration, et eut un moment d'hésitation. Avait-elle le choix ? N'était-ce pas le plan ? Si elle rejoignait ses rangs, alors il pouvait faire d'elle ce qu'il voulait. Mais si elle rejoignait ses rangs, alors elle gagnerait véritablement sa confiance et aurait le champ libre pour agir à sa guise, détruire les horcuxes et gagner cette fichue guerre contre lui.
Ses pensées toutes dirigées vers son mentor, Albus Dumbledore, elle releva lentement les yeux vers le Mage Noir, et c'est avec détermination qu'elle répondit :
- Avec grand plaisir, maître.
Le Seigneur des Ténèbres afficha un sourire en coin, tout à fait satisfait de sa réponse.
- Tu seras alors marquée le lendemain de ton dix-septième anniversaire, lors d'une cérémonie officielle.
- Merci, maître.
- Aussi, je tiens mes promesses, et sachez que vous serez récompensés, tous les deux, de ce service que vous m'avez rendu.
- Merci beaucoup, maître, gratifia Drago.
Voldemort leur tourna donc le dos pour s'en aller en direction de la salle-à-manger. Bellatrix passa devant eux, s'arrêta, puis eut un petit ricanement moqueur avant de poursuivre son maître.
Gripsec, lui, fut poussé par Greyback et tous deux se dirigèrent vers les escaliers. Mais Greyback, avant de descendre les marches de pierre, se retourna et ses lèvres se fendirent en un sourire dévoyé à l'adresse de la rousse.
Ils disparurent dans la descente, et la porte menant aux quartiers de Voldemort, claqua sèchement. Dorea et Drago se retrouvèrent donc seuls, face aux trois adultes qui restaient : Lucius et Narcissa Malefoy, et Severus Rogue.
Lucius Malefoy, lançant un regard indéchiffrable à l'adresse de son fils, s'avança vers eux, hésita durant un instant, puis les contourna pour se diriger ainsi vers l'escalier. Narcissa le talonna, mais s'arrêta près du blond, où elle posa une main réconfortant sur l'épaule, lui signifiant le soulagement qu'elle pouvait éprouver en cet instant. Puis, tout comme son époux, elle disparut.
Les deux jeunes gens se tournèrent alors vers le professeur Rogue, qui à son tour, s'approcha d'eux, d'un pas mesuré. Il lança un rapide coup d'œil par-dessus son épaule où avaient disparu le maître et Bellatrix. Lorsqu'il reporta son attention sur les deux serpentards, il les jaugea longuement. Ses yeux ébènes s'arrêtèrent alors sur le blond.
- Vous savez ? murmura-t-il.
Dorea ouvrit la bouche, mais le professeur leva la main pour la faire taire.
- Oui, répondit Drago à voix basse.
- Je n'aurais qu'une chose à vous demander, Drago, dit Rogue dans un chuchotement à peine audible.
- Et laquelle est-ce ? fit Drago d'un ton condescendent qui frisait l'insolence.
- Si vous vous engagez dans cette voix, allez au bout de vos actes. Ne la laissez pas tomber en milieu de parcours.
Dorea, et ce, pour la première fois qu'elle connaissait le professeur Rogue, fut surprise mais également touchée de le voir se préoccuper autant d'elle.
- Jamais, répondit Drago avec un regard qui prouvait sa loyauté et sa détermination.
Rogue fixa le jeune homme avec une intensité que la rousse lui avait rarement vu.
- L'epée ? demanda-t-il en se tournant vers Dorea.
- En lieu sûr, répondit Drago en indiquant la poche interne de sa veste.
Rogue hocha pensivement la tête, et enfin, il passa devant eux, pour sortir à son tour de la pièce, suivit du regard stupéfait de ses élèves.
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Dorea observaient distraitement le ciel de son baldaquin alors que le jour s'amenuisait au-dehors. Depuis deux jours, les cris persistant du professeur Burbage avaient cessé et Dorea s'était posé la question si elle était toujours en vie ? De même pour Carrick Ollivander. Constat amer de son quotidien, que de se demander si les prisonniers, quelques étages au-dessous, étaient toujours vivant alors que leurs cris de douleur étaient pour elle l'assurance qu'ils étaient toujours de ce monde.
Elle roula sur le ventre et le blond qui était à ses côtés, se redressa sur ses coudes pour caresser ses cheveux de ses doigts, tel un doux effleurement qui lui provoqua un léger frémissement de plaisir.
- À quoi tu penses ? chuchota Drago.
- Je me disais simplement que…
À cet instant, quelques coups brusques furent frappés à la porte – ce qui les fit sursauter - et la voix de Lestrange résonna à travers.
- Réunion dans une heure ! cracha-t-elle.
Dorea ferma les yeux de dépit, tandis que Drago retomba sur le dos, soupirant fortement.
- Je vais remonter dans ma chambre pour me préparer. On se retrouve en bas ?
Dorea hocha la tête, la mine affligée. Drago se leva du lit, puis saisit sa veste posée sur la chaise du bureau. Il revint vers la rousse, qui elle était demeurée immobile sur les draps de satins froissés. Il l'embrassa sur la tempe et lui souffla à l'oreille un « je t'aime » avant de sortir de la pièce.
La jeune Artwood resta ainsi quelques minutes, allongée sur le ventre, alors qu'elle était appuyée sur ses coudes et triturait nerveusement ses mains. Elle était parfaitement au courant de l'objet de cette réunion. Et la perspective de l'issu de celle-ci l'angoissait…
C'est ainsi, qu'elle se redressa à son tour et se prépara sinistrement pour la prochaine réunion des mangemorts.
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- Ah, Yaxley et Rogue, dit une voix claire au timbre aigu qui provenait de l'extrémité de la table. Vous avez failli être très en retard.
Lord Voldemort était installé à la même place que lors de la réunion précédente. Tout juste devant la cheminée, où son crâne luisait sous la douce lumière des flammes qui vivotaient derrière lui. Mais ce n'était pas plus étrange dans cette scène. Le plus étrange était la femme qui tournoyait au-dessus du centre de la table, la tête en bas, attaché par des cordes et suspendues par les airs. Le professeurs Rogue eut un moment d'hésitation en voyant son ancienne collègue dans cette position. Dorea, qui était juste pile devant le professeur d'Études des Moldus, pouvait voir les larmes qui abondaient les joues de cette dernière et c'est machinalement qu'elle serra un peu plus la main de blond qui était à sa droite et qu'elle avait saisi dès leur arrivée dans la pièce, constatant la présence de la captive.
- Severus, ici, dit Voldemort en indiquant un siège juste à sa droite. Yaxley... à côté de Dolohov.
Les deux hommes s'installèrent aux places qui leur étaient désignées. La plupart des regards suivirent Rogue et ce fut à lui que Voldemort s'adressa le premier :
- Alors ?
- Maître, l'Ordre du Phénix a l'intention d'emmener Harry Potter hors de la cachette où il est actuellement en sûreté, samedi prochain, à la tombée du jour.
Cette déclaration suscita un intérêt manifeste autour de la table : certains se raidirent, d'autres s'agitèrent, tous observant Rogue et Voldemort.
- Samedi... à la tombée du jour, répéta Voldemort.
Ses iris d'un rouge flamboyant fixèrent les yeux noirs de Rogue avec une telle intensité que plusieurs personnes détournèrent la tête, craignant apparemment la brûlure de ce regard féroce. Rogue, en revanche, dévisagea Voldemort avec le plus grand calme. Au bout d'un certain temps, la bouche sans lèvres du Seigneur des Ténèbres s'étira en une sorte de sourire.
- Bien, très bien. Et cette information vient...
- De la source dont nous avons parlé́, dit Rogue.
- Maître ?
Yaxley s'était penché en avant pour mieux voir Voldemort et Rogue, à l'autre bout de la longue table. Toutes les têtes se tournèrent vers lui.
- Maître, j'ai eu des informations différentes.
Yaxley attendit, mais comme Voldemort restait silencieux, il poursuivit :
- Dawlish, l'Auror, a laissé entendre que Potter ne serait pas transféré avant le 30, la veille de son dix-septième anniversaire.
L'attention de quelques mangemorts se braquèrent aussitôt vers la rousse, qui elle, préféra baisser les yeux et prendre le moins possible part à cette réunion, dont elle était à l'origine du sujet principal – le transfert de Harry Potter. N'aurait-elle pas dû se taire lors de la réunion précédente ? La réponse fusa aussitôt dans son esprit : Non, car c'était un mal pour un bien. Elle était convaincue qu'Harry et l'Ordre s'en sortiraient… une fois de plus. De son côté, elle devait absolument gagner la confiance de Lord Voldemort pour avancer dans sa quête.
Rogue souriait.
- Selon ma source, il était question de nous lancer sur une fausse piste. Ce doit être celle-ci. Dawlish a dû subir sans aucun doute un sortilège de Confusion. Ce ne serait pas la première fois. Il est connu pour être influençable.
- Je vous assure, Maître, que Dawlish était certain de ce qu'il avançait, répondit Yaxley.
- Bien sûr qu'il en était certain, s'il a été ensorcelé, dit Rogue. Je puis t'assurer à toi, Yaxley, que le Bureau des Aurors ne jouera plus aucun rôle dans la protection de Harry Potter. L'Ordre pense que nous avons infiltré le ministère.
- Pour une fois, l'Ordre a raison, pas vrai ? dit un petit homme replet assis non loin de Yaxley. Il eut un petit rire essoufflé qui suscita quelques échos le long de la table.
Voldemort, pour sa part, ne riait pas. Son regard s'était levé vers le corps qui tournait lentement au- dessus d'eux et il semblait perdu dans ses pensées.
- Maître, continua Yaxley, Dawlish pense que tout un détachement d'Aurors sera envoyé pour escorter ce garçon...
Voldemort leva une grande main blanchâtre et Yaxley s'interrompit aussitôt, une lueur d'amertume dans le regard lorsque Voldemort se tourna à nouveau vers Rogue.
- Où vont-ils le cacher ?
- Chez l'un des membres de l'Ordre, répondit Rogue. Nous nous doutons que, - comme Dorea l'a suggéré lors de notre dernière réunion – ce soit chez les Weasley. D'après ma source, l'endroit bénéficie de toutes les protections que peuvent fournir ensemble l'Ordre et le ministère. Je pense, Maître, que nous n'aurons guère de chances de nous emparer de lui une fois qu'il sera là-bas. À moins, bien sûr, que le ministère ne soit tombé avant samedi, ce qui nous permettrait de découvrir et d'annuler suffisamment d'enchantements pour qu'il nous soit facile de détruire ceux qui restent.
- Eh bien, Yaxley ? lança Voldemort au bout de la table, le feu de la cheminée scintillant étrangement dans ses yeux rouges. Le ministère sera-t-il tombé samedi prochain ?
À nouveau, toutes les têtes se tournèrent. Yaxley redressa les épaules.
- Maître, j'ai de bonnes nouvelles à ce sujet. J'ai réussi – avec bien des difficultés et après de grands efforts – à soumettre Pius Thicknesse au sortilège de l'Imperium.
L'annonce fit grande impression parmi ceux qui étaient assis autour de lui. Dolohov, son voisin, un
homme au long visage tordu, lui donna une tape dans le dos.
- C'est un début, dit Voldemort. Mais Thicknesse n'est qu'un individu isolé. Pour que je puisse agir, il faut que Scrimgeour soit entouré de gens qui nous sont acquis. Si nous échouons dans notre tentative d'éliminer le ministre, je serai ramené loin en arrière.
- Oui, Maître, c'est vrai, mais comme vous le savez, en tant que directeur du Département de la justice magique, Thicknesse a de fréquents contacts non seulement avec le ministre lui-même mais aussi avec les directeurs de tous les autres départements du ministère. Maintenant que nous exerçons notre contrôle sur un officiel de haut rang, je pense qu'il nous sera facile de soumettre les autres. Ils pourront ainsi travailler ensemble à précipiter la chute de Scrimgeour.
- À condition que notre ami Thicknesse ne soit pas démasqué avant que nous ayons converti les autres, dit Voldemort. En tout cas, il me semble peu probable que le ministère tombe en mon pouvoir avant samedi prochain. Si le garçon reste intouchable lorsqu'il sera parvenu à destination, nous devrons nous occuper de lui pendant son voyage.
- Nous disposons d'un avantage, Maître, déclara Yaxley qui semblait décidé à recevoir sa part d'approbation. Nous avons à présent plusieurs personnes implantées au Département des transports magiques. Si Potter transplane ou utilise le réseau des cheminées, nous en serons immédiatement avertis.
- Il ne fera ni l'un ni l'autre, répliqua Rogue. L'Ordre évite tout moyen de transport contrôlé ou organisé par le ministère. Ils se méfient de tout ce qui est lié à cet endroit.
- Tant mieux, reprit Voldemort. Il sera donc obligé de se déplacer à l'air libre. Beaucoup plus facile pour nous, de très loin.
Voldemort regarda une nouvelle fois Burbage qui tournait lentement sur lui-même tout en poursuivant :
- Je m'occuperai du garçon moi-même. Trop d'erreurs ont été commises au sujet de Harry Potter. Je suis responsable de certaines d'entre elles. Le fait que Potter soit toujours en vie est dû beaucoup plus à mes erreurs qu'à ses triomphes.
Autour de la table, tout le monde observait Voldemort avec appréhension, l'expression de chacun – et de chacune – trahissant la crainte de se voir reprocher l'existence trop longue de Harry Potter. Voldemort, cependant, semblait parler plus à lui-même qu'à aucun d'entre eux, le visage toujours levé vers le corps inconscient qui tournait au-dessus de lui.
- J'ai fait preuve de négligence et c'est pourquoi le hasard et la mauvaise fortune, qui s'acharnent à détruire tout projet insuffisamment préparé, ont fini par me mettre en échec. Mais j'ai beaucoup appris, à présent. Je comprends aujourd'hui des choses qui m'échappaient auparavant. Je dois être celui qui tuera Harry Potter et je le serai.
Comme pour répondre aux paroles qu'il venait de prononcer, une plainte soudaine retentit, un cri terrible, prolongé, de douleur et de désespoir. Nombre de ceux qui étaient assis autour de la table baissèrent les yeux, surpris, car le son semblait provenir de sous leurs pieds.
- Queudver, dit Voldemort, de la même voix calme et pensive, sans détacher les yeux du corps suspendu, ne t'ai-je pas recommandé de faire taire notre prisonnier ?
- Si, M... Maître, balbutia, vers le milieu de la table, un petit homme assis tellement bas que sa chaise, à première vue, paraissait vide.
Il se leva précipitamment et fila hors de la pièce.
- Comme je le disais, poursuivit Voldemort, qui posa à nouveau son regard sur ses fidèles visiblement crispés, je comprends mieux les choses, maintenant. Par exemple, il me faudra emprunter la baguette de l'un d'entre vous pour tuer Potter.
Dorea cessa instamment de respirer et une expression d'effarement apparut sur les visages qui entouraient le Seigneur des Ténèbres. Il aurait pu tout aussi bien leur annoncer qu'il voulait leur emprunter un bras.
- Pas de volontaires ? demanda Voldemort. Voyons... Lucius, je ne vois pas pourquoi tu aurais encore besoin d'une baguette magique.
Le père de Drago leva les yeux. À la lueur des flammes, son teint semblait jaunâtre, cireux, ses yeux enfoncés dans leurs orbites plongés dans l'ombre. Lorsqu'il parla, sa voix était rauque.
- Maître ?
- Ta baguette, Lucius. J'exige que tu me donnes ta baguette.
- Je...
Malefoy jeta un regard de côté à sa femme. Narcissa avait les yeux fixés devant elle, elle était aussi pâle que lui, ses longs cheveux blonds tombant le long de son dos mais, sous la table, ses doigts minces se refermèrent brièvement sur le poignet de son mari. En sentant sa pression, Malefoy glissa la main dans sa robe de sorcier, en retira sa baguette et la fit passer à Voldemort qui l'examina attentivement en la tenant devant ses yeux rouges.
- Qu'est-ce que c'est ?
- De l'orme, Maître, murmura Malefoy.
- Et à l'intérieur ?
- Du dragon... du ventricule de dragon.
- Très bien, dit Voldemort.
Il sortit sa propre baguette et compara leurs tailles respectives.
Lucius Malefoy fit un imperceptible mouvement. Pendant une fraction de seconde, il sembla s'attendre à recevoir la baguette magique de Voldemort en échange de la sienne. Le geste n'échappa pas à Voldemort dont les yeux s'agrandirent avec une expression mauvaise.
- Te donner ma baguette, Lucius ? Ma baguette ?
Quelques ricanements s'élevèrent dans l'assemblée. La rousse sentit Drago lui écraser les doigts par la force de sa poigne.
- Je t'ai accordé ta liberté, Lucius. N'est-ce pas suffisant ? Mais j'ai cru remarquer que toi et ta femme ne paraissez pas très heureux, ces temps-ci... Y a-t-il quelque chose qui te déplaît dans ma présence chez toi ?
- Non, rien... Rien du tout, Maître !
- Quel mensonge, Lucius... Du moins, j'ai plaisir à voir qu'au moins un membre de ta famille s'est très bien acclimaté à ma présence. Peut-être pourrons-nous faire quelque chose de ton fils ?
On aurait dit que la voix douceâtre continuait de siffler après que la bouche cruelle eut cessé tout mouvement. Un ou deux sorciers eurent peine à réprimer un frisson lorsque le sifflement s'accentua. Quelque chose de lourd glissait par terre, sous la table.
L'énorme serpent apparut et se hissa lentement sur le fauteuil de Voldemort. Il s'éleva, apparemment interminable, et s'installa sur les épaules de son maître. Son cou avait l'épaisseur d'une cuisse humaine, ses yeux, avec leur fente verticale en guise de pupille, ne cillaient pas. D'un air absent, Voldemort caressa la créature de ses longs doigts fins, sans cesser de fixer Lucius Malefoy.
- Mon fils est la fierté de notre famille, Maître, répondit Lucius Malefoy.
À la gauche de Malefoy, Narcissa hocha la tête avec une étrange raideur, sans regarder Voldemort et son serpent. Drago leva alors la tête pour contempler le professeur Burbage tandis que Dorea se défit de sa main moite pour poser tendrement la sienne sur sa cuisse.
- Maître, dit Lestrange assise à sa gauche, la voix serrée par l'émotion, c'est un honneur de vous avoir ici, dans notre maison de famille. Pour nous, il ne pourrait y avoir de plus grand plaisir.
Bellatrix se penchait vers Voldemort, car les mots seuls ne suffisaient pas à exprimer son désir de proximité́.
- Pas de plus grand plaisir, répéta Voldemort, la tête légèrement inclinée de côté tandis qu'il la regardait. Venant de ta part, cela signifie beaucoup, Bellatrix. Et toi Dorea ? enchaina-t-il à l'adresse de cette dernière qui détourna ses prunelles émeraudes vers Voldemort. Tu as l'air quelques peu amaigrie ces derniers temps… je ne te vois pas beaucoup manger aux repas ?
Sa voix sifflante était faussement inquiète. Il cherchait simplement un prétexte pour se défouler. Y avait-il une raison à cela ? S'il avait s'agit d'une personne normalement constituée, éventuellement. Mais c'était de Lord Voldemort dont on parlait. Il n'y avait aucune raison. Un jour il pouvait gracieusement complimenter ses fidèles, le suivant les torturer jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Jusque-là Dorea, ainsi que Drago et les Malefoy avaient échappés à la fureur légendaire du Seigneur des Ténèbres. Néanmoins, ce soir-là, il y avait du public, ce qui déjà, était une bonne raison de faire, une nouvelle fois, preuve de sa puissance, de son autorité suprême et rappeler aux mangemorts les conséquences de leur simple présence à cette réunion.
- Je… je n'ai jamais beaucoup eu d'appétit, maître, répondit Dorea en inclinant la tête avec déférence.
- Je pense surtout que ma simple présence ainsi que de celle de Nagini à table, te répugne. N'ai-je pas raison ?
- Maître, il n'y a plus grand honneur de partager nos repas avec vous, insista Dorea.
- C'est parce qu'elle est repue par la queue de Malefoy ! intervint Amycus Carrow d'un ton graveleux.
Il y eut dans toute l'assemblée une explosion de rires sarcastiques. Certains, les plus nombreux, se penchèrent en avant pour échanger des regards réjouis, d'autres martelèrent la table de leurs poings. L'énorme serpent, dérangé par le tumulte, ouvrit grand sa gueule et siffla avec colère, mais les Mangemorts ne l'entendirent pas, tout à leur joie de voir humiliés les Malefoy.
Dorea sentit ses joues chauffées ainsi que le regard outrée de Lucius et Narcissa Malefoy. Drago obstrua ses orbes, saisissant machinalement sa baguette dans la poche intérieure de sa veste.
- Ça suffit, dit Voldemort en caressant le serpent furieux. Ça suffit.
Et les rires s'évanouirent aussitôt. Drago, lui, ne cessait de fixer d'un air menaçant Amycus Carrow à l'autre bout de la table.
Dans un silence qui s'appesantit dans la pièce, Voldemort leva la baguette magique de Lucius Malefoy, la pointa droit sur la silhouette suspendue qui tournait lentement au-dessus de la table et lui imprima un minuscule mouvement. La silhouette s'anima en poussant un gémissement et commença à se débattre contre ses liens invisibles.
- Reconnais-tu notre invitée, Severus ? demanda Voldemort.
Rogue leva les yeux vers le visage qui lui apparaissait en sens inverse. Tous les Mangemorts regardaient à présent la prisonnière, comme si la permission leur avait été donnée de manifester leur curiosité. Tournant sur elle-même vers la lumière que projetait le feu de la cheminée, Charity Burbage dit d'une voix brisée, terrorisée :
- Pour ceux qui ne viennent qu'en simple visite ici, ce soir, je vous présente le professeur Charity Burbage.
Des murmures d'assentiment s'élevèrent autour de la table. Alectow Carrow, le dos voûté et sa tête encrés dans ses épaules larges, lança d'une petite voix caquetante :
- Oui... Le professeur Burbage enseignait aux enfants de sorciers et de sorcières tout ce qu'il faut savoir des Moldus... en leur expliquant qu'ils ne sont pas très différents de nous...
L'un des Mangemorts cracha par terre. Charity Burbage pivota une nouvelle fois vers Rogue.
- Severus... s'il te plaît... s'il te plaît.
- Silence, coupa Voldemort.
Il remua à nouveau d'un petit coup sec la baguette de Malefoy et Charity se tut comme si on l'avait bâillonnée :
- Non contente de polluer et de corrompre l'esprit des jeunes sorciers, le professeur Burbage a publié il y a une semaine dans La Gazette du sorcier une défense passionnée des Sang-de-Bourbe. Les sorciers, affirme-t-elle, doivent accepter ces voleurs de leur savoir et de leurs pouvoirs magiques. La diminution du nombre des Sang-Pur est une tendance qu'elle estime souhaitable... Elle voudrait nous marier tous à des Moldus... ou, sans doute, à des loups-garous.
Cette fois, personne ne rit : il n'y avait aucune équivoque dans la colère et le mépris qu'exprimait la voix de Voldemort. Pour la troisième fois, Charity Burbage pivota vers Rogue. Des larmes ruisselaient de ses yeux et coulaient dans ses cheveux. Rogue l'observa, imperturbable, tandis qu'elle continuait de tourner sur elle-même.
- Avada Kedavra !
L'éclair de lumière verte illumina les moindres recoins de la pièce. Dans un fracas retentissant,
Charity s'effondra sur la table qui trembla et craqua sous le choc. Assis sur leurs chaises, plusieurs Mangemorts eurent un mouvement de recul. Dorea crut défaillir en voyant le regard vide de toute âme du professeur Burbage tourné vers elle. Mais ce n'était rien comparé à ce qui allait suivre.
- Le dîner est servi, Nagini, dit Voldemort d'une voix douce.
Le grand serpent se dressa alors en oscillant puis glissa des épaules de son maître vers la table de bois verni.
