Dorea dégobillait son mince repas du déjeuner depuis près de dix minutes. Et à ce stade, il n'y avait même plus grand-chose à vomir.
Des perles de sueurs suintant son front, elle redressa sa tête, le teint livide et le corps ébranlé. C'est donc haletante, qu'elle se laissa tomber à côté des toilettes et se recroquevilla sur elle-même, ses épaules tressautant sous les sanglots qu'elle tenta, tant bien que mal, de retenir.
Elle resta ainsi durant plusieurs minutes, l'image, aussi nette que vingt-minutes auparavant, lorsque Nagini ouvrait grand sa gueule à l'approche du corps sans vie de Charity Burbage.
Et cette simple pensée lui fit monter de nouveau la bile dans la gorge. Brusquement, elle se pencha de nouveau vers le cabinet et se mit à vomir de l'eau, cette fois. C'est à cet instant qu'elle sentit une personne s'accroupir derrière elle et rassembler ses cheveux dans sa nuque.
- Va-t'en, marmotta Dorea. Je ne veux pas que tu me voies comme ça.
- J'ai suffisamment gerbé durant les quinze dernières minutes, pour que je ne puisse pas supporter un tant soit peu l'odeur de ton vomi, rétorqua Drago l'air contrit.
- Dis-moi… dis-moi que c'est fini ? demanda-t-elle dans une plainte.
- Ils viennent tous de partir, répondit le blond. Et Le maître s'est enfermé dans ses quartiers avec ma tante.
Dorea pencha de nouveau la tête et vomit une fois encore.
- J'aurais peut-être dû ne pas ajouter ce détail, grimaça Drago.
- Je veux partir d'ici, souffla Dorea. Lui faire face, c'est une chose, mais vivre sous le même toit s'en est une autre. Je ne peux pas… je ne peux plus, geignit-elle.
- On n'a pas vraiment le choix, murmura le jeune homme.
La rousse se réinstalla, s'adossant contre le mur carrelé de la salle de bain et s'essuya la bouche d'un revers de manche.
- Ça va mieux ?
- Si je ne suis pas obligée d'assister au repas de ce soir, ni au suivant, souffla Dorea.
- Peut-être qu'il te faudrait une potion de sommeil sans rêve ? suggéra Drago.
Elle hocha la tête puis le serpentard l'embrassa sur la tempe avant de se redresser.
- Je vais en demander deux à ma mère. Et tu prends tes affaires. Tu resteras en sécurité dans ma chambre cette nuit.
- D'accord…
Le jeune Malefoy sortit de la pièce puis la porte de la chambre se referma dans un claquement doux.
Dorea se prit alors sa tête entre les mains, agrippant ses cheveux sous la douleur qu'elle éprouvait à l'estomac à force de vomir autant. Ce qu'elle avait vécu ce soir était tout simplement… innommable. Ça allait la hanter durant des jours, des semaines, des mois même… Heureusement, Drago était là, présent à ses côtés. Sans lui, elle ne saurait quoi faire.
0o0
Lorsque le lendemain matin, Dorea ouvrit les yeux, le soleil était déjà au Zénith. Jetant un coup d'œil à la petite horloge posée sur la table de chevet de Drago, elle constata qu'il était déjà près de midi.
La jeune femme inspira tout en s'étirant, réalisant qu'elle avait mieux dormi que jamais depuis son arrivé dans ce Manoir. Elle posa donc sa main sur l'oreiller froid à ses côtés et réalisa que le jeune homme devait être parti depuis un bon moment.
Elle eut la certitude qu'il serait plaisant de se réveiller chaque matin à ses côtés…
Préférant ne pas s'engoncer dans une image d'eux, dans quelques années, parfaitement utopique, elle se leva et se dirigea vers la salle-de-bain pour faire sa toilette.
Dix minutes plus tard, alors qu'elle en sortait, d'un peignoir et d'une serviette enroulée sur ses cheveux, elle vit Drago installé dans l'un des fauteuils au centre la pièce, la mine affligée.
- Ça ne va pas ? s'enquit Dorea qui défit sa serviette sur la tête pour éponger les gouttes d'eau qui pouvaient perler au bout des pointes.
- J'ai vu le maître ce matin, commença-t-il le ton morne.
- Et… ?
Le jeune homme inspira profondément puis se leva du fauteuil pour s'approcher doucement d'elle et la saisir la par la taille.
- Tu vas faire partie des mangemorts en mission pour attraper Potter lors de son transfert, annonça-t-il de but en blanc.
Dorea suspendit son geste puis ferma les yeux de dépit.
- Je m'en doutais, murmura-t-elle.
Contractant la mâchoire, elle jeta la serviette sur le fauteuil près d'elle et elle rebroussa chemin pour se diriger vers la salle-de-bain.
- C'est tout ce que tu as à dire ? questionna Drago en la talonnant, les sourcils froncés.
- Qu'est-ce que tu veux que je dise ? La prochaine étape sera de lui offrir mon frère sur un plateau d'argent. Et si je ne le fais pas, il me tuera.
Elle se posta face au miroir, au-dessus du lavabo et attrapa le rebord pour s'en agripper.
- J'aurais dû vraiment la fermer à la première réunion, siffla-t-elle entre ses dents.
- Si tu n'avais rien dit, ça n'aurait strictement rien changé, Dott', dit Drago, en s'appuyant contre le chambranle de porte.
Il contempla sa petite-amie, d'un regard empli de tendresse. Puis finalement, il se redressa et s'avança jusqu'à se tenir derrière elle.
- Qu'est-ce que tu vas faire ? demanda-t-il, le ton suintant l'angoisse qu'il éprouvait.
La rousse releva le regard et rencontra celui, métallique, du jeune Malefoy, à travers le miroir.
- Je ne vois pas d'autres solution que suivre les directives du maître et de jouer le jeu jusqu'au bout.
- Et si ton frère se fait attraper ?
- Alors je l'aiderai à fuir et toi avec, répondit-elle aussitôt.
Drago eut un mouvement de recul et entrouvrit la bouche, stupéfait de cette réponse réactive.
- Ne me dis pas que tu as déjà un plan en tête, si cela devait arriver ?
- Si, j'en ai un. Tout comme j'en avais un pour mettre Daph', Blaise et Théo, en sécurité lors de ma fuite de Poudlard, répondit Dorea en se retournant vers lui.
- De la façon dont tu le dis, tu n'as pas l'air de faire partie de ce plan ? fit Drago, suspicieux.
- Je n'ai, en aucune façon, fait partie de quoi que ce soit Drago, à part le simple fait que je ferais tout en mon pouvoir pour vous protéger tous.
- Tu ne peux pas, tous, nous protéger...
- Si je le peux. Et je le ferais, rétorqua Dorea d'un ton sans réplique.
- Et toi ? Tu n'estimes pas que l'on aimerait, ton frère et moi, te savoir loin d'ici et en sécurité ?
Dorea soupira et leva les yeux au ciel. Sans répondre, elle retourna dans la chambre pour se diriger vers le dressing.
- Hé ! Je t'ai posé une question, Artwood ?! s'exclama Drago, qui commençait à s'énerver.
- Peut-être bien que oui, tu souhaites ardemment que je sois loin d'ici, en sécurité. Mais ce n'est pas le cas. Et on ne va pas remettre le sujet sur la table. Et puis… crois-moi, avec ce qu'il s'est passé dans cette Tour d'Astronomie, pour Harry, que je sois morte ou vive, ça lui est bien égal.
- Je suis certain que ce n'est pas le cas, murmura Drago en observant la jeune femme se délester de son peignoir pour s'habiller d'une robe fleurie en mousseline.
Dorea étouffa un ricanement désabusé à cette remarque.
- Tu l'as entendu crier mon nom. Il était là. Il a assisté à toute la scène, sous la cape. Je ne sais pas pourquoi il n'est pas intervenu, ou encore moins pourquoi il n'a pas tenté de m'en empêcher. Peut-être que Dumbledore l'avait figé, mais… peu importe. Il était là, il a assisté à toute la scène et à présent, la seule famille qui me restait me hait.
Le jeune Malefoy, alors qu'elle s'était approchée de lui tout en débitant son flot de parole, constata ses yeux humides de larmes. Drago l'enlaça alors, la serrant fort contre son torse et sentit la jeune femme sangloter, ses épaules tressautant légèrement.
- Je suis désolé, chuchota-t-il.
- Tu… tu n'as pas à l'être.
- J'aurais aimé faire quelque chose…
- N… non, bredouilla-t-elle. Il n'y a rien à faire.
- Tu n'es pas seule Dorea. Tu m'as moi.
Ils restèrent ainsi plusieurs minutes, durant lesquelles, l'odeur musquée du jeune homme rassura la serpentard. Puis cette dernière se recula et leva la tête vers lui avant de poser sa bouche contre la sienne, amorçant un baiser plein de douceur.
0o0
Le lendemain matin, cette fois-ci Dorea se réveilla dans les bras rassurant de Drago. La veille ils étaient restés cloitrées, une fois de plus, dans la chambre de ce dernier. Ils n'étaient sortis que pour les repas, leur présence n'étant pas une option et Dorea s'était forcé, le déjeuner comme le dîner à manger bien plus que ce qu'elle ne pouvait ingérer. Bien évidemment, elle s'était mise à vomir aussitôt le pied dans la salle d'eau. Le soir arrivant, Dorea n'avait pas eu la force de rejoindre la sienne, de peur que l'image de Nagini, glissant sur le bois ciré de la table en direction du corps sans vie du professeur Burbage, ne la hante. De même pour Drago, il avait, ainsi, demandé, une nouvelle fois, une potion de sommeil sans rêve pour chacun d'eux, à sa mère.
La respiration profonde et rythmée du blond la plongea dans un état semi-comateux, et la chaleur du corps de ce dernier l'englobant, elle referma les yeux, se rendormant paisiblement.
Ce fut au milieu de la matinée qu'elle sentit Drago se lever et prendre sa douche. Lorsque ce dernier sortit de la salle d'eau, elle avait revêtu sa chemise de la veille. Drago l'admira un instant alors qu'elle était plongée dans les notes de son carnet, plissant le front sous la concentration.
Il se sourit à lui-même, s'estimant chanceux, que cette belle jeune femme, aux longues jambes dénudées, les cheveux long roux auburn en fouillis et la chemise négligemment boutonnée, soit là, allongée dans son lit. Malgré tout, malgré le contexte dans lequel ils évoluaient depuis leur retour de Poudlard, il était heureux qu'elle soit à ses côtés. Depuis quelques jours, l'image d'elle, chaque matin comme celui-ci, lui plaisait assez. Pourquoi pas, après tout ? Ils n'allaient certainement pas retourner à Poudlard à la rentrée… et rester dans ce Manoir allait les rendre fous. Alors…
Souriant distraitement, il se dirigea vers le dressing pour s'habiller. Sa mine subitement réjouie n'échappa pas à la rousse.
- Je peux savoir ce qui te fait sourire ? demanda Dorea en penchant la tête pour entrapercevoir Drago dans l'ouverture de la porte.
- Rien, je me disais simplement que dans quelques jours, ce serait ton dix-septième anniversaire et que ça se fêtait.
Dorea se crispa à l'entente de cette remarque et se mordilla nerveusement la lèvre. Elle toussota, tâchant de reprendre contenance et préféra subtilement changer de sujet.
- Au fait, je pensais qu'il serait impératif de trouver un moyen de mettre l'épée en sécurité.
- Elle est en sécurité, assura Drago en sortant du dressing alors qu'il boutonnait son pantalon avant de s'attaquer à la chemise.
- Le double fond de ta malle, ce n'est pas un peu léger comme sécurité ? souleva Dorea en haussant un sourcil dubitatif.
- Pour le moment oui. Mais il est certain qu'on ne pourra pas la garder éternellement ici.
Dorea hocha la tête et Drago lui donna un bref baiser sur la bouche puis continua de s'habiller.
0o0
La semaine passa, durant laquelle, un défilé de mangemorts allaient et venaient dans le Manoir, demandant chacun une audience au maître. Dorea et Drago sentaient bien que, tous, étaient sur des charbons ardents, se préparant à la grande mission, à laquelle, pour une fois, le maître allait participer.
Le samedi soir, Dorea revêtait sa tenue, qu'elle disait de combat, tout de noir et de cuir, dont ce fameux long manteau qui la cintrait. Drago, qui se trouvait assis sur le lit de cette dernière, ne cessait de taper frénétiquement du pied. À côté, posés sur les draps de satin, entièrement froissés, un masque, fait entièrement en argent, moulé au visage de la jeune femme, se reflétait sous la faible luminosité de la pièce, ainsi que son Éclair de Feu.
Dorea, lançant un dernier coup d'œil à son reflet à travers le miroir sur pied, s'approcha doucement du blond puis s'agenouilla devant lui. Elle posa une main sur sa cuisse et il stoppa instantanément les tremblements que provoquait sa jambe.
La jeune femme s'allongea un peu plus afin de rapprocher son visage du sien puis posa sa bouche sur la sienne amorçant un baiser d'une extrême sensualité. Approfondissant le baiser, elle introduisit sa langue entre ses lèvres et un ballet lascif s'ensuivit entre les deux jeunes gens. Ce fut uniquement quand l'air leur manqua qu'ils mirent fin à la caresse et Dorea se recula, effleurant de sa main, la joue du jeune homme.
- Tu as vraiment intérêt à revenir en vie, souffla Drago.
Un plissement barrait son front et Dorea pensa à ce jour où elle l'avait vu autant inquiet : lorsqu'elle avait fait le mur pour partir en aide à son frère au ministère de la Magie, deux ans auparavant. Néanmoins, cette fois, elle n'était pas là pour venir en aide à son frère. Bien au contraire. Elle ne cessait, depuis plusieurs jours, de tourner et retourner plusieurs scénarios susceptibles de le faire sortir vivant de cette embuscade organisée, mais tout ce qu'elle constatait c'est qu'elle allait certainement être tenue d'improviser sur le moment, ne pouvant anticiper ce qu'il pourrait vraiment se passer.
Sans compter que l'Ordre, certainement informé des événements survenues sur cette Tour d'Astronomie, n'hésiterait pas à la stopper dans ses agissements, de même que la blesser mortellement s'il le fallait. D'où l'inquiétude du blond.
- Je reviendrai en vie, je te le promets.
Drago hocha la tête et fronça les sourcils, l'air grave, durant un court instant. Un court instant seulement puisque la seconde d'après, un fin rictus s'étira sur ses lèvres charnues.
- Passe le bonjour à Potter de ma part, dit-il les yeux brillant de taquinerie.
Même si c'était quelque peu maladroit, Dorea savait qu'il disait simplement cela pour la rassurer et désamorcer cette situation non moins angoissante.
La jeune femme se releva sur ses jambes puis sortit un téléphone portable de la poche arrière de son pantalon.
- Je t'ai montré comment il fallait faire, expliqua-t-elle. N'oublie pas, tu appuies sur la touche 1 et le bouton vert et…
- Je tomberai sur le centre d'appel de Paddington qui me reliera à la ligne de Kowalski.
- Sers-t'en seulement si c'est nécessaire.
- Tu veux dire si tu péris dans cette mission ?
- Si je ne reviens pas ici, ce soir. D'accord ?
- D'accord, approuva Drago.
Dorea inspira puis expira.
- J'y vais. Ta tante va s'impatienter, dit-elle en prenant le masque et le balai sur le lit aux côtés de Drago.
Puis elle se dirigea vers la porte et avant de l'ouvrir, elle lança un dernier regard en direction du blond, accoudé sur ses genoux, les mains entrecroisées. Et enfin, elle sortit, le cœur battant, rejoignant le reste des mangemorts dans le hall d'entrée.
Lorsqu'elle descendit la dernière marche, tous étaient présents : Lestrange et son mari, Severus Rogue, Selwyn et à sa plus grande surprise, un jeune homme boutonneux qu'elle reconnut comme étant Stan Rocade. D'ailleurs, ce dernier avait le regard aussi vide qu'un sorcier sous imperium. Et vu son état amaigri, elle ne serait pas surprise que ce dernier ait fait un séjour dans les geôles du manoir Malefoy.
- Tout le monde est prêt ? demanda Bellatrix
- Où est le maître ? questionna Dorea.
- Il nous rejoindra plus tard, Arty, dit-elle en se dirigeant vers la sortie.
Elle suivit les autres mangemorts et Rogue traîna un peu derrière pour se maintenir à sa hauteur.
- Ça va aller ? lui murmura-t-il alors qu'ils marchaient côtes à côtes le long de l'allée.
- Non, mais ai-je vraiment le choix ? répondit Dorea dans un chuchotement.
Le portail s'ouvrit devant Bellatrix Lestrange qui avait pris la tête du groupe.
- Restez à mes côtés durant le trajet. Et n'oubliez pas, faites le nécessaire s'il le faut.
Dorea hocha la tête tandis qu'ils franchissaient le portail. Les autres fidèles enfourchèrent leur balai et Dorea les imita. Ils mirent chacun le masque, passant leur baguette devant leur visage et la rousse posa le sien sur son visage puis tourna la tête en direction du Manoir. Narcissa Malefoy était postée devant la fenêtre du premier étage, donnant sur le salon et Dorea eut la sensation que…
Elle secoua le chef, sachant parfaitement qu'elle ne devait pas se laisser distraire.
Tous décollèrent instantanément et seuls Rogue et elle, restèrent au sol. Il lui adressa un signe de tête auquel elle répondit et décolla à son tour. Dorea repoussa le sol et son Éclair de Feu fendit l'air à la verticale pour se diriger vers le ciel chargé de nuages noirs. Elle ramena le manche à l'horizontal et aperçut le groupe de mangemorts planer au loin devant elle. Du coin de l'œil, elle vit son ancien professeur voler à sa hauteur. Ils survolèrent ainsi le Wiltshire, puis passèrent au-dessus de plusieurs petites villes où les lumières pointilleuses étaient sans doute les voitures traversant l'autoroute qui menait tout droit à Londres.
Toutefois, après quinze minutes de vol, ils ralentirent progressivement et le grondement au loin d'une moto approchait d'eux. Lestrange se retourna et de sa baguette montra la direction qu'il fallait poursuivre.
Ils avancèrent alors de quelques mètres quand un sombral puis une lumière aveuglante foncèrent sur eux. Dorea dévia sur le côté, tâchant d'éviter la moto side-car qui se dirigeait droit vers elle. S'ensuivit une bataille sans merci. Plusieurs éclairs dû au sortilège lancés des deux camps tintèrent les nuages de rouge, de vert et de bleu et Dorea eut du mal à reprendre ses esprits. Ce fut seulement quand elle opéra un demi-tour et freina sur le côté qu'elle constata l'étendu des dégâts.
Elle repéra son frère, habillé d'un sweat gris, lancer sorts sur sorts, installés sur un sombral derrière Bill Weasley. Puis…
Elle cligna des yeux, se demandant si elle ne voyait pas double et passant sa baguette devant son visage, enleva son masque pour plus de confort.
- Bordel… murmura-t-elle.
Sur le balai de Maugrey Fol Œil, attaqué justement par Rogue, se trouvait un autre Harry Potter. Puis sur le sombral dirigé par Kingsley encore un autre, derrière Tonks, Harry se battait vaillamment. Ils s'étaient tous transformés en une réplique exacte de son frère.
À cet instant, elle vit un point blanc qu'elle reconnue comme étant la chouette d'Harry : Hedwige. Elle planait au-dessus d'eux, convergeant vers la moto side-car où une masse dont elle avait du mal à deviner la forme à travers la pénombre était assise dessus.
Brusquement, cessant de respirer, elle réalisa que le véritable Harry se trouvait dessus, et elle vira son balai vers la droite.
Se penchant au-dessus de son manche, elle prit de la vitesse, contourna Arthur Weasley qui écarquilla les yeux à son passage, évita soigneusement un sort du Harry qui se trouvait derrière lui et poursuivit son frère. À mesure qu'elle se rapprochait, la masse informe dont elle avait du mal à savoir ce que c'était, elle comprit qu'il s'agissait nul autre de Rubeus Hagrid.
Harry se retourna et alors leurs deux regards se rencontrèrent. Le temps se suspendit un instant, mais Selwyn arriva presque à leur hauteur ainsi qu'Hedwige qui débarqua de l'autre côté. Comprenant qu'elle souhaitait protéger son maître et sachant que ça grillerait automatiquement la couverture du brun, Dorea, sans même réfléchir, lança le sort fatidique sur la chouette.
Elle entendit Harry hurler, contemplant avec épouvante sa chouette inerte tomber en chute libre vers le sol. Il releva alors la tête, la bouche entrouverte, les yeux écarquillés de stupéfaction puis hissa sa baguette au-dessus de son épaule et lança un « stupéfix » à Dorea, qui l'évita de justesse.
- C'EST LUI ! cria Selwyn derrière eux.
Dorea ferma les yeux de dépit, insultant son frère de tous les noms d'oiseaux qu'elle pouvait trouver. Ce sort était sa marque de fabrique, pourquoi l'utilisait-il, par Merlin ?!
Elle jeta un regard par-dessus son épaule et aperçut plusieurs mangemorts converger vers eux. Dorea n'eut alors d'autre choix que de renvoyer l'appareil et lança un sort à Harry, visant tout juste à côté de sa tête.
La moto braqua vers le sol et Dorea en fit de même. Hagrid fit atterrir brusquement l'engin sur le bitume de l'autoroute et roula en direction d'un tunnel. Elle vit Harry se redresser du side-car et se retourner puis lui lancer un nouveau sortilège de stupéfixion qu'elle contra d'un « protego ».
Dorea rangea sa baguette dans la poche intérieure de sa veste puis se pencha un peu plus sur son balai, reprenant de la vitesse. Du coin de l'œil Selwyn les rattrapait. D'un geste de main, elle fit catapulter le boulon d'une caravane accrochée à une voiture qui roula sur la route et emporta Selwyn au passage.
Harry l'observa la bouche ouverte et fronça des sourcils alors qu'ils s'engageaient dans le tunnel.
Dorea louvoya entre les voitures tandis que le brun, recouvrant sa verve lança d'autre sorts à son encontre. Plusieurs jets de lumière rouge filèrent dans sa direction et elle contourna chacune d'elles.
Ils sortirent enfin du tunnel, filant de nouveau vers le ciel, et brusquement, elle reçut un choc dans le dos, ses membres s'ankylosant subitement.
- NON ! cria Harry.
Et le noir se fit, Dorea se sentant glisser de son balai et l'air sifflant dans ses oreilles tandis que son corps inerte se précipitait droit vers le sol.
