Salut tout le monde ! Suite à des… encouragements de deux d'entres vous, je décide d'être généreuse et de vous offrir ce chapitre qui sort tout juste de chez ma bêta. Eh ouais !

Merci encore d'être là pour la lecture de cette nouvelle fiction, et j'espère qu'elle vous plaira, tout en évitant les pièges des clichés et tout ce qui va avec.

Pour ceux qui me connaissent, vous saurez que j'ai un amour inconditionnel pour la musique. Ici, j'ai pas tenue très longtemps avant de craquer, surtout en sachant que l'un des titres de ce chapitre sera au minimum plusieurs fois mentionner tout au long de la fic. Donc, aujourd'hui, je vous invite à ouvrir Youtube, Daily ou tout autre site de votre choix pour profiter de deux titres de la BO du Greatest Showman. Ce sera d'abord avec la chanson The Greatest Show, puis pour This is me.

Ceci étant dit, on peut passer aux commentaires pour lesquels je vous remercie :

Lun'Art : Ahaha ! Le Deal, hun ? Va savoir (hehehe) / Je ne dirais rien pour l'énigme / Trio ? Ou tu vois un trio ? / Ah ba désolée, mais j'allais pas garder un nom pioché dans un livre d'Histoire de la Magie, surtout quand Harry, ba, il a clairement une autre éducation. Et comme je le rappelle un peu plus bas, les mots qui ont été dit quand le cadeau a été offert en fait quelque chose de symbolique, donc, le nom en est la cristallisation / les relations entre personnages risquent de sembler un peu cliché, j'en ai peur, mais j'espère tout développer correctement pour que ça ne se casse pas la figure. Linewhirosa : Oui, c'est une idée farfelue, mais l'homme est un bon acteur / Ne soit pas inquiète, imagine plutôt ce qui pourrait se passer dans quelques années, avec… hmmm Ombrage ? (je parle, mais je sais même pas comment je vais tourner ça) / j'ai prévu les choses autrement pour les retrouvailles, ma chère. Barruku Iris : Harry qui fait rire ? Harry mignon avec Ace, ok, Harry qui joue les dures, aussi, mais drôle…mouais, si tu le dis. Cobra (que j'ai failli appeler Bordel à plumes .) Les crises de fanboy, ok, mais d'épilepsie, non, donc, tu te calmes / je rigole, mais j'ai vraiment failli écrire Cadre de Référence à la place de Culturel / Pour ce paring, je le laisserai à l'imagination des lecteurs/ De l'amour pour les mal-aimés / Même si ta scène m'a fait rire, je rappel qu'il est question de pirates, ils sont bien plus sournois que ça, ça ne fera pas autant de bruit leur relation… ou du moins, pas sur le moment et enfin, merci aussi à Lilireyna.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et à bientôt ! Et surtout, on n'oublie pas la petite review de l'amour !

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- Là, regarde.

- Où ?

- A côté de la fille aux cheveux crépus.

- Il est pas censé avoir des lunettes ?

- Quelqu'un a vu sa cicatrice ?

- Vous êtes certain que c'est bien lui ?

Le lendemain, dès qu'il eut quitté le dortoir, Harry entendait murmurer sur son passage. Les élèves qui attendaient à la porte des salles de classe se levaient sur la pointe des pieds pour le voir ou revenaient sur leurs pas pour le croiser à nouveau. Cela réduisait le peu de patience que le pauvre D. possédait, et il avait bien envie de hurler de frustration en rappelant à tout le monde qu'il portait le nom de Portgas.

Mais de là à dire qu'il était un imposteur ?

Il ne demandait rien à personne, et voilà qu'on lui attribuait un acte dont il ne souvenait pas et qui avait certainement pris la vie de ses parents biologiques !

Tout ce qu'il voulait, c'était qu'on lui foute la paix et qu'on le laisse étudier en paix. Même s'il appréciait le soutien de Neville, Hermione et Dean.

Autre souci : les cours.

Déjà que c'était la croix et la bannière pour trouver sa salle de classe dans ce château (cent quarante-deux foutus escaliers mouvants avec pour certains des marches piégées ; des portes qui n'en sont pas ou qui demandent une procédure spéciale pour s'ouvrir ; le décor qui décide de se balader tout simplement… ouais, parfait pour perdre les nouveaux ! Harry devrait demander à un des anciens le taux annuel de disparition des premières années à cause de ça.), il fallait suivre les cours. Harry découvrit très vite que l'exercice de la magie ne consistait pas seulement à brandir une baguette magique en marmonnant quelques paroles un peu bizarres et que ça ne marchait pas forcément de la même façon que les exercices qu'il avait pratiqué tout ce temps avec sa mère.

Chaque mercredi soir, ils observaient le ciel au télescope et apprenaient les noms des étoiles ainsi que le mouvement des planètes (ce qui ramenait à chaque fois Harry à cette conversation durant l'été où sa mère les lui avait montrées). Trois fois par semaine, ils étudiaient les plantes dans les serres situées à l'arrière du château, sous la direction d'une petite sorcière joliment potelée qui s'appelait le professeur Chourave et qui s'avérait être la directrice des Poufsouffle. Neville se révéla excellent dans la matière alors que le D. n'avait pas DU TOUT la main verte. Pour le coup, il fut décidé que jusqu'à nouvel ordre, ce serait Neville la source de référence pour leur groupe d'étude en matière de botanique (groupe auquel Parvati avait demandé si elle pouvait se joindre).

L'Histoire de la Magie était une Blague. Avec un grand B. Binns était un fantôme qui parlait sans arrêt d'une voix monocorde sur de célèbres sorciers rendant la classe somnolente. Harry avait appris de sa mère l'importance de l'Histoire, car elle se référait toujours à une citation de Karl Marx sur le sujet quand elle en parlait à son fils. Elle avait énormément de passion pour l'Histoire en général et avait même suivi des cours du soir dessus. Elle serait déçue d'apprendre la qualité des classes sur le sujet dans l'école. Hermione était la seule à parvenir à résister à la voix monotone du défunt enseignant. Cette fille était juste surhumaine dans l'opinion du D. Harry ne pouvait que se résoudre à apprendre qu'à partir du livre

Flitwick, le professeur de sortilèges, était un minuscule sorcier qui devait monter sur une pile de livres pour voir par-dessus son bureau. Directeur de Serdaigle, il était pourtant loin de l'image strict que renvoyait ses élèves, avec sa bonne humeur et son entrain. C'était aussi la classe la plus relaxe qu'ils avaient eue de la semaine pour l'instant. Et ce fut lui que Harry décida d'approcher sur le sujet de la magie sans baguette.

- C'est une question très intéressante que peu posent en première année. Ce sont surtout les sixièmes ou septièmes années qui s'y intéresse, et encore, seulement parce qu'ils prévoient de travailler pour le Ministère de la Magie, généralement en tant qu'Auror ou au Département des Mystères, expliqua le petit professeur pour les oreilles attentives de duo Harry/Hermione. La raison de l'usage de la baguette magique vient du fait qu'un humain n'est pas capable, contrairement à certaines créatures magiques, d'user de la magie environnante naturellement. Ainsi, pour compenser le coût pourtant faramineux de sort basique, on a mis au point les focus qui permettent de capter la magie autour de nous et de la mélanger à la nôtre pour permettre aux sorts d'aboutir. Il est possible, pour des sortilèges assez bénins, de pouvoir s'entraîner à les pratiquer sans magie, mais cela demande beaucoup de discipline ou alors une spécialisation, comme par exemple en métamorphose avec les animagus.

Les deux jeunes lions (surnom donné par les autres maisons à la leur) avaient ainsi remercier chaleureusement le professeur qui leur proposa de venir le voir s'ils avaient un moment de libre, pour tenter de s'entraîner à ça si le cœur leur en disait. Il n'y avait pas de véritable cours sur le sujet, mais Flitwick adorait apprendre aux jeunes de nouvelles choses, alors, il serait plus que ravi de prendre sur son temps libre pour le faire.

On avait aussi la métamorphose. McGonagall, comme le disait son apparence, était une femme très stricte. Harry faisait toujours l'effort de resserrer sa cravate quand il avait classe avec elle. Ça se voyait qu'elle était intelligente et savait de quoi elle parlait. D'autant plus qu'elle était directe. Ce devait être pour ça que sa mère appréciait la femme.

- La métamorphose est une des formes de magie les plus dangereuses et les plus complexes que vous aurez à étudier, avait-elle dit durant leur premier cours. Quiconque fera du chahut pendant mes cours sera immédiatement renvoyé avec interdiction de revenir. Vous êtes prévenus.

Elle avait alors changé son bureau en cochon puis lui avait redonné sa forme d'origine. La démonstration était impressionnante et les élèves avaient hâte de commencer les cours au plus vite, mais ils s'étaient bientôt rendu compte qu'ils n'étaient pas près d'en faire autant.

Après avoir suivi des explications très compliquées, ils avaient commencé à s'exercer en essayant de changer une allumette en aiguille, mais seule Hermione avait obtenu un résultat parfait. Le professeur McGonagall avait montré à toute la classe l'allumette qui avait pris une couleur argentée et dont l'extrémité était devenue pointue et elle avait même accordé à Hermione un de ses rares sourires. Harry obtint néanmoins des encouragements quand il s'avéra qu'il n'était pas très loin d'un bon résultat, malgré le fait que son aiguille n'ait pas de chat et soit plus ronde. A la suite de ça, le D. avait remonté ses manches avec un air tellement déterminé sur le visage que l'enseignante resta pendant un instant abasourdie de la vue du garçon de onze ans faisant preuve de la même volonté qu'un homme adulte. Quand la cloche sonna, le petit groupe d'ami se réunit autour de Hermione pour connaître son astuce, mais Harry fut rappelé en arrière par leur directrice de maison.

- Je voulais m'excuser pour mon lapsus durant la répartition J'ai pris la mauvaise habitude de lire sans réfléchir, venue de la routine et il s'avère que le Directeur avait changé votre nom sur toutes les listes. J'ai pu remettre le nom de Portgas, bien heureusement.

- Merci professeur, et je ne vous en veux pas, assura Harry avec un sourire nerveux. C'est juste que pour le coup, c'est un peu gênant d'être abordé dans les couloirs comme si j'étais un héros pour ensuite me faire traiter d'imposteur.

- Je suis navrée pour ces désagréments. Je voulais aussi vous dire que le directeur souhaite vous rencontrer. Il n'a pas précisé pourquoi, malheureusement, mais j'ai suppose que cela ait à voir avec votre adoption.

- Je peux refuser la rencontre ?

- Non, j'en ai bien peur.

- Si jamais c'est à ce sujet, personne ne m'en voudra de lui dire clairement de s'adresser à ma mère, n'est-ce pas, professeur ? Je suis encore un gamin, mais je sais que je suis un Portgas, même si je n'en ai pas le sang. Et je sais aussi qu'on veut que j'aille chez madame Dursley, et cette femme m'a insulté de toutes ses forces devant mon école quand j'avais cinq ans, alors que c'était la première fois que je la voyais.

- Je l'entends parfaitement, monsieur Portgas et je vous y autorise. Évitez simplement de vous emporter. J'ai eu vent de votre langue acide de la part de votre préfet.

Harry rougit sous la réprimande pour son vocabulaire parfois assez vulgaire (sa mère jurait comme un marin, il y pouvait pas grand-chose) et parvint à obtenir de l'enseignante le droit d'avoir son aide pour devenir animagus s'il obtenait de bon résultat en métamorphose cette année et la suivante.

Cela motiva le garçon à demander le secret de son amie pour son résultat en classe et il s'en alla ainsi de bonne humeur avec la légère appréhension que la rencontre avec le directeur lui inspirait. Rencontre qui devait avoir lieu après un cours de potion le lendemain.

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Il avait attendu avec impatience le cours de Quirrell et celui-ci se révéla finalement presque au même niveau que celui de Binns. Sans parler de l'odeur constante d'ail dans salle de cours et autour du turban mauve qu'il avait sur le crâne. Ça rendait presque tout le monde malade. Et c'était une nouvelle matière où beaucoup se disaient qu'ils devraient se débrouiller par eux même.

C'était tout de même un grand soulagement de voir, qu'outre Hermione qui semblait déjà savoir par cœur tous les livres scolaires, ils étaient presque tous au même niveau. Nombre d'entre eux avaient également été élevés dans des familles non-magiques et, tout comme lui, ne s'étaient jamais doutés qu'ils appartenaient au monde de la sorcellerie. Il y avait tant de choses à apprendre que même quelqu'un comme Ronald ne tirait pas grand avantage de son appartenance à une vieille famille de sorciers.

Vendredi arriva enfin après une semaine épuisante et riche en expérience.

- Qu'est-ce qu'on a, aujourd'hui ? demanda Harry.

- Potion en commun avec les Serpentards, lui répondit Dean.

- Le professeur Rogue est leur directeur de maison, raconta Neville alors qu'ils se mettaient autour de la table du petit déjeuner. Les années supérieures disent qu'il les avantage un maximum et s'en prend à toutes les autres maisons et surtout à la nôtre.

- Joyeux, un enseignant partial, nota Hermione en se servant un verre de jus d'orange.

Au même moment, le courrier arriva. Harry s'était habitué à voir entrer chaque matin dans la Grande Salle, au moment du petit déjeuner, une centaine de hiboux qui tournoyaient au-dessus des tables en laissant tomber lettres et paquets sur les genoux de leur propriétaire. Il leva les yeux avec espoir vers les centaines de rapaces qui voletaient au-dessus de leur tête et se redressa en souriant en voyant Yuki arrivait sur lui avec un paquet et une lettre. Il sifflota légèrement à l'adresse de l'oiseau qui se posa devant lui. En réponse, l'animal gonfla ses plumes avec fierté et accepta une tranche de bacon que lui donna Parvati puisque Harry n'en mangeait pas.

- Elle est magnifique ! s'extasia l'indienne. C'est quoi son nom ?

- Yuki. C'est comme ça qu'on dit la neige en japonais.

- T'es parti très loin pour chercher son nom, Portgas ! se moqua Dean en regardant le D. détacher le chargement de la chouette. Une chouette blanche, appelons-la neige !

- J'ai hésité à l'appeler Lily, mais avec ce que ma mère venait de dire, Yuki m'a paru plus adapté.

Il eut un sourire en coiffant les plumes de l'oiseau qui appréciait l'attention.

- En me l'offrant, ma mère m'a dit qu'elle l'avait choisie parce qu'elle lui rappelait la neige et que les taches noires étaient de la couleur de mes cheveux. Et qu'il neigeait le soir où elle m'a pris avec elle.

- C'est assez poétique comme souvenir, avoua Hermione.

- C'est aussi mon premier souvenir d'elle, avec sa voix et sa chaleur.

Harry continua de flatter la chouette un moment avec un sourire avant de se pencher sur son courrier. Le simple fait de reconnaître l'écriture de sa mère le soulagea d'une tension qu'il n'avait même pas remarqué. Une confirmation qu'elle était toujours vivante et en bonne santé. Il secoua légèrement la tête pour chasser ses inquiétudes et se concentra sur la lecture de la lettre pour voir ce qu'elle lui disait. Même si sa mère ne l'écrivait pas, elle était triste de ne plus l'avoir à la maison, il le voyait entre les lignes, mais elle était heureuse qu'il ait retrouvé un ami et s'en soit fait des nouveaux. Elle lui fit la promesse de lui parler à Noël de deux trois points importants qu'elle avait dénichés et l'encourageait à donner le meilleur de lui.

Il trouva dans le petit carton accompagnant Yuki ses premiers devoirs par correspondance qu'il tendit à Hermione pour qu'elle puisse y jeter un œil ; une grosse boite de petits pois aux wasabi (il la glissa dans sa poche en se promettant de les faire goûter à ses amis plus tard pendant leur séance d'étude) et enfin un étui à lunette.

- Aaah ! Elles sont réparées !

- Tu portes des lunettes ? s'étonna Neville.

- Je suis légèrement astigmate, donc, elles me servent surtout pour les cours ou pour lire, lui répondit le D. en les rangeant dans sa poche. Je les ai cassées un peu avant la rentrée, par accident.

Le groupe termina de déjeuner et ils allèrent affronter les potions que le D. sentait venir avec nervosité.

Lors du banquet de début d'année, Harry avait senti que le professeur Rogue ne l'aimait pas beaucoup, ce qui était assez bizarre de son point de vue, puisqu'il ne l'avait jamais vu avant. Mais son comportement lui montra qu'il était loin de la triste vérité.

Le cours avait lieu dans l'un des cachots. Il y faisait plus froid que dans le reste du château et les animaux qui flottaient dans des bocaux de formol alignés le long des murs rendaient l'endroit encore plus glauque.

Rogue commença par faire l'appel. Lorsqu'il fut arrivé au nom de Harry, il marqua une pause.

- Ah oui, dit-il avec un micro sourire moqueur. Harry Potter. Notre nouvelle... célébrité.

Drago Malefoy ne fut qu'un parmi tant d'autre à se retourner sur sa chaise en regardant Harry. Le garçon venait de se figer alors qu'il allait mettre ses lunettes sur le nez, ayant pourtant eut l'assurance de sa directrice de maison que le nom Portgas avait été remis sur les listes. Aussi, il leva la main, interrompant Rogue qui allait reprendre l'appel avec son ton narquois.

- Vous vous réveillez maintenant que je passe à un autre élève, monsieur Potter ? demanda sarcastiquement l'homme sombre.

- Non monsieur, c'est simplement que le professeur McGonagall m'avait assuré que le nom de Portgas avait été remis sur les listes. Je sais que c'est mon nom de naissance, mais légalement parlant, c'est pas moi, monsieur.

- Étant donné que vous êtes dans ma classe et que jusqu'à présent, je n'ai eu que des crânes dures incapables de comprendre quoique ce soit à l'art des potions, je vous appellerai donc Tête de Cornichon. Je songerai à votre nom si vous prouvez avoir un talent dans le domaine.

Neville, le plus proche, attrapa le bras de Harry en le voyant sur le point de se lever sous le rire des Serpentards.

Le D. était furieux et sa colère sembla tirer une joie sadique à Rogue au vu de son micro-sourire sardonique.

Après tout ce que sa mère avait fait pour lui, c'était la moindre des choses que de porter son nom avec honneur et voilà qu'un con de première qu'il n'avait jamais vu auparavant le lui retirait !

Rogue le regarda un instant, les sourcils froncés, sans ciller, comme s'il le passait au rayon X et une impression désagréable s'empara du D. qui essaya de la chasser. Elle disparut rapidement et l'enseignant lui jeta un étrange regard avant de revenir à l'appel.

- Vous êtes ici pour apprendre la science subtile et l'art rigoureux de la préparation des potions, dit-il une fois l'appel fini.

Sa voix était à peine plus élevée qu'un murmure, mais on entendait distinctement chaque mot. Tout comme le professeur McGonagall, Rogue avait le don de maintenir sans effort le silence dans une classe. Elle avait une certaine douceur alors qu'il parlait des potions, une subtilité proche de la passion qui intrigua le garçon.

- Ici, on ne s'amuse pas à agiter des baguettes magiques, je m'attends donc à ce que vous ne compreniez pas grand-chose à la beauté d'un chaudron qui bouillonne doucement en laissant échapper des volutes scintillantes, ni à la délicatesse d'un liquide qui s'insinue dans les veines d'un homme pour ensorceler peu à peu son esprit et lui emprisonner les sens... Je pourrais vous apprendre à mettre la gloire en bouteille, à distiller la grandeur, et même à enfermer la mort dans un flacon si vous étiez autre chose qu'une de ces bandes de cornichons à qui je dispense habituellement mes cours.

Cette entrée en matière fut suivie d'un long silence.

Harry plissa les yeux.

Il lui en ferait bouffer des cornichons.

Et comme si Rogue avait entendu sa pensée, l'homme se tourna vers lui.

- Potter ! Notre sympathique Tête de Cornichon ! dit Rogue avec un sourire narquois et le rire des Serpentards. Qu'est-ce que j'obtiens quand j'ajoute de la racine d'asphodèle en poudre à une infusion d'armoise ?

Le garçon inspirant profondément pour ne pas perdre son calme, il ferma les yeux, alors que Hermione avait la main levée. Essayant de se rappeler de ses notes qu'il avait prises sur les livres, il finit par rouvrir ses yeux qui avaient pris une teinte métallique et dure. Rogue ne riait et ne souriait plus.

- On obtient un puissant somnifère. Ne me demandez pas lequel, le nom m'a malheureusement échappé.

Rogue eut un rictus en ignorant la main de la jeune Gryffondor.

- Eh bien, la célébrité vous a laissé tout de même quelques neurones de libres pour retenir l'essentiel. Essayons encore une fois, Potter, reprit Rogue en s'avançant dans le rang. Où iriez-vous si je vous demandais de me rapporter un bézoard ?

Hermione leva à nouveau la main comme si elle essayait de toucher le plafond.

- J'ai une question à ce sujet, justement, professeur, informa Harry d'une voix dure.

- C'est une bien piètre tentative pour cacher que vous ignorez la réponse.

- D'après le manuel, on trouve le bézoard dans l'estomac d'une chèvre. Là réside ma question. Pourquoi une chèvre ?

Rogue perdit son air méprisant pour celui de perplexité alors que les Serpentards se mettaient à rire.

- Où iriez-vous en chercher, si ce n'est là-bas ? s'enquit poliment Rogue.

- Dans l'appareil digestif de n'importe quel ruminant ou même dans l'estomac d'un humain. Les moldus opèrent des gens qui ont développé des bézoards dans l'estomac pour une raison ou une autre. Est-ce qu'il y a une différence entre les deux types de bézoard ?

Rogue resta silencieux, regardant le garçon qui s'était levé de son siège pour lui dire cela. L'homme sombre croisa les bras, un sourire sardonique aux lèvres.

- Vous savez lire, n'est-ce pas, Potter ?

- Mon nom est Portgas, et oui, je sais lire, professeur.

- Eh bien, vous profiterez de la merveilleuse bibliothèque de cette école pour trouver la réponse à votre question pour la semaine prochaine. Quelle est la différence entre le napel et le tue-loup ?

Cette fois, Hermione se leva, la main toujours tendue au-dessus de sa tête.

Harry avait enfin compris.

Rogue était en chasse et après son sang.

- Onaji mono. C'est strictement la même chose, si je me trompe pas.

Il regarda Neville puis Hermione qui lui confirmèrent de la tête.

Harry regarda de nouveau Rogue et se retint de ne pas lui adresser le sourire aussi grand que moqueur qu'il avait vu plus d'une fois sur le visage de sa mère. Il mettrait les choses au clair avec ce gars, foi de D. et il ferait ravaler son animosité à cet homme. Rogue le regarda sans rien dire un instant, avant de se détourner de ses élèves en donnant ses consignes.

Ils furent répartis par paire et Harry se retrouva avec Ronald Weasley. Et pour bien montrer que Rogue en avait après lui, suite à une mauvaise manipulation, le chaudron de Neville explosa, faisant retomber la faute sur Harry qui n'avait pas averti son camarade des risques pour soi-disant paraître plus brillant. S'il était concentré sur sa propre préparation, comment est-ce qu'il pouvait regarder le chaudron de Neville ?

Seul un coup de pied de Ronald dans sa cheville fit que Harry ne répliqua pas et le D. serra les dents, se concentrant sur son chaudron pour obtenir la potion la plus correcte possible, même si sa main tremblante de colère rendait les ingrédients assez compliquer à couper.

A la fin du cours, le D. fit signe à ses amis qu'il les retrouverait dehors un peu plus tard, leur rappelant qu'il avait un rendez-vous avec Dumbledore. Cependant, il n'alla pas directement au bureau du Directeur.

Il attendit patiemment en rangeant ses lunettes que la salle de classe se vide avant de s'avancer vers le bureau de Rogue en fermant la porte pour leur laisser de l'intimité.

- J'ai autre chose à faire qu'écouter vos plaintes, Potter, alors, veuillez quitter ma salle de classe, lui dit l'enseignant.

- Avec tout mon respect, j'aimerai des explications. Vous me détestez depuis le premier jour alors qu'aujourd'hui est la première fois que nous nous adressons la parole. Je sais que j'ai un sale caractère, mais avant qu'on se paye ma tête, j'aimerai qu'on m'explique ce que j'ai fait de mal. Et surtout, pourquoi vous vous obstinez à m'appeler Potter, quand je vous ais dit que je m'appelais Portgas. Est-ce trop demander de me laisser le nom de la femme qui s'est tuée à la tâche pour m'élever ?

Rogue se détourna de la classe et du jeune garçon.

- Veuillez sortir de ma classe.

Harry souffla profondément par le nez en comprenant qu'il n'aurait aucune réponse et demanda entre ses dents :

- Est-ce que vous auriez l'amabilité de m'indiquer comment accéder au bureau du directeur, professeur Rogue ?

- Second étage, aile sud, au fond du couloir. Le mot de passe pour la gargouille est meringue.

- Merci bien professeur.

Harry arrangea son sac à son épaule en y glissant son étui à lunette, laissant l'enseignant remettre de l'ordre dans les ingrédients.

- Ah et attention à la sixième marche, monsieur Portgas, conseilla Rogue alors que le garçon franchissait le seuil.

Avant que le D. ne puisse demander pourquoi il l'appelait brusquement par son nom de famille actuel, la porte de referma sur lui. Poussant un juron bien senti en japonais, il tourna les talons et se mit à courir pour rejoindre le second étage, montant les marches trois par trois (il sauta par-dessus la sixième par simple précaution) et fini par arriver au second étage où il fit un dérapage devant le couloir de la gargouille en percutant quelqu'un. Une poigne ferme le retint avant qu'il ne tombe sur les fesses et il retrouva son équilibre sous un rire chaleureux.

- Daijobu ka gakki ?

Harry releva le nez en reconnaissant la langue et rencontra le regard ambré du professeur Newgate.

- / Vous parlez japonais ?/ se fit confirmer Harry.

Un sourire que le garçon ne parvint pas à interpréter étira les lèvres du roux.

- /C'est ma langue natale. Je te retiens pas, tu as l'air pressé, mais je serais curieux d'avoir une discussion avec toi un de ces quatre, petit Portgas./

L'homme lui ébouriffa les cheveux et s'en alla, laissant un D. perplexe derrière lui. Le garçon regarda l'adulte s'éloigner en sifflotant un air qui lui était familier, mais il s'en détourna pour se diriger vers la gargouille, lui donnant le mot de passe. La statue très moche s'écarta, dévoilant un escalier en colimaçon qui se mit à monter dans la tour. Harry se dépêcha de le prendre et se retrouva rapidement devant une lourde porte. Avant même de frapper, une voix âgée l'invita à entrer.

Les portraits des anciens directeurs somnolaient sur les murs entre les lourdes armoires et étagères. Il y avait plein de bruits bizarres venant d'étranges objets en argents. L'attention de Harry fut attirée par un très bel oiseau couleur feu qui hulula doucement depuis son perchoir en le voyant entrer.

- Bonjour Harry, je suis heureux de te voir.

Le garçon sursauta, se mettant discrètement en position défensive. Sa mère lui avait toujours appris à chercher des ennemis avant de faire le curieux et il n'avait pas respecté cette consigne, ce n'était pas bon. Il fronça les sourcils quand il sentit une étrange sensation comme durant le cours de Potion quand le vieil homme le passa au rayon X avec son regard et détourna les yeux pour regarder par-dessus l'épaule du vieil homme. La sensation disparue.

- Monsieur le Directeur, salua le garçon.

- Viens donc t'asseoir.

L'immense nain de jardin ne le rassurant guère, aussi, l'enfant recula d'un pas.

- Approche, je ne vais pas te manger !

- Qu'est-ce que vous me voulez monsieur le Directeur ? demanda avec méfiance le garçon.

- Eh bien, je voulais savoir comment se passait ta première semaine.

- Intéressante, si on exclut l'ennui mortel qu'est le cours d'Histoire, l'odeur d'ail du professeur Quirell et le fait que le professeur Rogue m'a pris en grippe dès que j'ai mis un pied dans cette école.

- Tu dois te faire des idées, mon garçon.

- Je ne suis pas votre garçon et quand il faut lui rappeler toutes les cinq minutes que je porte le nom de Portgas et non plus Potter, je pense être en droit de supposer qu'il ne m'aime pas.

- Harry, voyons, c'est le nom que t'ont donné tes parents, il est normal que…

- Mes parents sont morts. Portgas D. Ace m'a adopté et m'a élevé comme son fils ! Elle est ma famille et c'est normal que j'insiste pour qu'on me laisse son nom.

- As-tu songé à ta tante et à sa tristesse certaine de te croire mort, ou pire ?

- Ma tante Pétunia Dursley m'a bien fait comprendre qu'elle regrettait que je ne sois pas mort avec les Potter. Ma vie de famille n'est pas votre affaire, monsieur le Directeur. Si vous avez un problème avec mon adoption, allez voir ma mère au travail !

Le garçon s'approcha du bureau, attrapa un morceau de parchemin au hasard et la plume du directeur pour griffonner l'adresse en question avant de s'en aller en claquant la porte.

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Harry retrouva le groupe devant le lac, déjà attelé aux devoirs.

- Portgas, je te présente ma sœur jumelle, Padma, présenta Parvati.

Le garçon salua la jumelle de Serdaigle et s'assit entre les garçons dans l'herbe, profitant des restes de l'été. Il tira de sa poche la boite que lui avait envoyée sa mère et la posa au milieu.

- Si vous voulez expérimenter, sourit le brun. Ça pique un peu.

Hermione attrapa la boite pour la lire et retint un reniflement en voyant pourquoi cela devait piquer. Elle se lança et bientôt, secoua une main, l'autre sous son nez, confirmant que ça picotait. Le D. sortit ses livres et commença les devoirs, se renseignant sur ce qui avait été fait en son absence avant de se mettre lui aussi au travail, pendant qu'une main courageuse au hasard picorait dans le pot au milieu de tous.

- Des lions qui jouent les rats de bibliothèque. Le Choixpeau aurait dû réaliser que vous aviez un cerveau et vous envoyer à Serdaigle, nota la voix traînante de Malefoy quelques instants plus tard.

Le groupe se tourna vers le blond qui venait de débarquer avec ses deux gorilles de garde du corps et les regardait avec un visage lisse.

- C'est de la logique, Malefoy, lui pointa Hermione en retournant à un de ses livres pour tourner une page. En nous y mettant à plusieurs, on finit plus rapidement et on trouve ensemble les solutions qui nous pose difficulté. Ce qui nous laisse tout notre temps pour faire autre chose à côté.

Le visage de Drago se déforma en un rictus méprisant alors qu'il allait dire sa façon de penser à Hermione, jusqu'à ce qu'il reçoive quelque chose dans la bouche qu'il avala par instinct et le regrette quand des picotements lui montèrent dans le nez.

- Maintenant que j'ai ton attention, tu remarqueras que Granger ne t'a pas insulté, ni quoique ce soit. Si tu veux te joindre à nous, fais-toi plaisir, mais reste civil, lui dit Harry la main au-dessus du pot de wasabi. J'ai rien contre toi, mais tu commences sérieusement à me gonfler à te comporter comme un prince.

- Je SUIS un Malefoy !

- Et alors ?

- Portgas… appela doucement Neville.

Le D. se tourna vers son timide ami.

- Les Malefoy font partie des vingt-huit sacrées. Ce sont les vingt-huit lignées les plus pures de sorciers d'Angleterre. Ils descendent d'une longue famille de sorciers eux aussi purs. C'est normal…

- Et ? J'ai pas vu de livres parlant de l'existence d'une aristocratie ou quoique ce soit. Donc, non, c'est pas normal de prendre les gens de haut. Je demande rien d'autre à ce qu'on me respecte. Mon sang est rouge, ça devrait être tout ce qui compte, non ?

- Portgas, appela Padma.

Harry se tourna vers les jumelles qui lui adressèrent un sourire moqueur.

- On verra à quel point ton sang est rouge si tu nous libères pas rapidement la lumière, annonça délicatement Parvati.

Harry se dépêcha de se rasseoir.

- Pourquoi tu nous détestes ? demanda Hermione avec curiosité. C'est vrai, on ne t'a rien fait, on te propose de venir étudier avec nous et tu nous regardes toujours comme de la boue sur tes chaussures. En quoi es-tu meilleur que nous ? Je suis vraiment curieuse. Qu'est-ce qui fait que tu viennes d'une lignée pure te hisse au-dessus de nous ?

- Songe pas à ta magie, une semaine de cours, c'est trop peu pour qu'on puisse juger de ça, lui pointa Dean.

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Si pour les jeunes étudiants du château, Thatch Newgate était le professeur le plus cool à égalité avec Flitwick, pour ses collègues, il était le plus renfermé et le plus sombre avec Rogue. On le voyait en salle des professeurs que très rarement et dans ses quartiers encore moins. Il était toujours en retrait à observer sans rien dire. En période de cours, on le trouvait soit dans la forêt, soit dans la bibliothèque, souriant pour les jeunes, neutre pour les adultes.

Quand il assistait aux réunions pédagogiques, on ne le remarquait jamais, outre quand il avait quelque chose à dire ou quand il s'en allait.

Aujourd'hui n'était pas une exception.

Et le sujet était intéressant.

Apparemment, le petit Portgas, alias Harry Potter, avait rejoint un groupe d'étude de premières années qui s'était formé un peu bizarrement sous la houlette d'une certaine Miss Granger, le détachant d'office du comportement du défunt père de l'enfant.

On lui parlait d'un élève trop studieux.

Pour l'avoir vu lui foncer dessus, quelque chose disait que ce n'était que la surface.

Si ce qu'il pensait était vrai, ce gamin signifiait de gros ennuis pour l'école et une source de fou rire potentiel qui chasserait sa déprime.

Quand le reste des enseignants s'en alla, Thatch resta derrière, dans son coin d'ombre contre la penderie, notant que Rogue était toujours là avec Dumbledore.

- Il faut quelqu'un pour faire entendre raison à cette femme. J'ignore comment, mais elle a réussi à mettre son domicile sous Fidelitas, donc, on n'a que cette adresse que l'enfant m'a remise, dit le vieux sorcier. Va la voir, Severus.

- Pourquoi je suis le garçon de course ?

- Tu es jeune et tu sais te montrer très persuasif quand il le faut.

Thatch se pencha sur le côté, content d'être derrière Rogue, même si loin. Une adresse à Londres. Le nom le fit penser à un pub mais il ne put en voir plus que son collègue rangea son papier. Prenant le pari, il avança d'un pas, faisant sursauter Dumbledore quand il se manifesta, et pour le coup, le maître des potions se retourna.

- J'ai une course à faire du côté du Chemin de Traverse, tu veux que je t'accompagne dans ta corvée ? proposa le roux.

- Qu'est-ce qui te fait t'impliquer ? s'étonna le brun.

Un sourire narquois étira les lèvres du loup-garou.

- Le pop-corn.

- Ce ne sera pas nécessaire, il peut se débrouiller seul, assura Dumbledore.

- Tant pis. J'espère avoir droit au souvenir, au minimum. Y'a bien dix ans que je me suis pas marré et je sens que ce qu'y attend Severus sera hilarant.

Et sur ces mots, il quitta la pièce.

Bon, eh bien, il était bien content de porter du noir désormais, parce qu'il était bien parti pour faire une filature.

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Une chemise simple et un pantalon pour passer inaperçu dans le bar et un sort de confusion pour s'assurer que le videur ne le mette pas à la porte, et voilà Rogue dans une salle sombre avec la nuit tombante et les lumières tamisées du Lost New World. Le terme de bar était très loin, ça ressemblait plus à une boite de nuit, avec une scène dans un coin et une petite piste de danse, mais la taille du comptoir et les tables de la salle montraient la fonction première de l'endroit.

Première chose qui le frappa, c'est qu'on l'ignora totalement.

Les quelques clients qui le regardaient se contentèrent de songer « tiens un nouveau » ou un « où est-ce que Hiken est partie le pêcher celui-là » mais rien de plus. Aucun commentaire sur son nez ou ses cheveux.

Ensuite, il remarqua l'effort des clients de penser parler positif alors qu'il sentait sous la surface tourment et fatigue.

Il voulut interpeler une serveuse mais elle lui montra l'horloge sans qu'il comprenne. Avant qu'il ne puisse avoir des réponses, la jeune femme était repartie dans sa course au travers le bar avec ses collègues alors que la brune au stetson noir au comptoir s'échinait à nettoyer la pierre sur laquelle les verres étaient servi. L'agitation était accompagnée par la crainte de manquer de temps, que tout ne soit pas prêt.

Dong !

Neuf heure sonna et la musique changea, devenant plus forte.

- Whoooo aaaaaaaaaaah ooooh !

Tous les membres du personnel venaient de donner de la voix en même temps alors qu'on décrochait les teintures qui rendaient les lieux plus ou moins respectables pour laisser voir des murs noirs avec des éclaboussures de couleurs et des marques de combats.

- Whoooo aaaaaaaaaaah ooooh !

Tout le monde frappait du pied sur un rythme bien défini, donnant l'impression à l'enseignant qu'il venait d'entrer dans une soirée privée avec ses règles et ses habitudes. Il percevait une satisfaction profonde dans le personnel du bar alors que les clients étaient tout aussi contents.

- Whoooo aaaaaaaaaaah ooooh !

Un premier spot s'alluma sur un coin de la scène, dévoilant la silhouette d'un homme encore dans l'obscurité. Le même rituel se répéta jusqu'à ce que l'homme sur la scène soit entouré de spots sans jamais être au centre de la lumière. Le visage baissé, les mains sur une canne d'apparat, il expliqua en chantant ce dans quoi Rogue venait de mettre les pieds :

- Ladies and gents, this is the moment you've waited for …

Been searching in the dark, your sweat soaking through the floor…

And buried in your bones there's an ache that you can't ignore.

Taking your breath, stealing your mind,

And all that was real is left behind…

L'homme se mit à marcher hors de la scène à grand pas, précédé par un projecteur qui ne l'éclairait jamais totalement.

- Don't fight it, it's coming for you, running at ya.

It's only this moment, don't care what comes after.

Au centre de la pièce, d'un geste de sa canne vers le plafond, des spots s'allumèrent dans la salle. Du coin de l'œil, Rogue nota un des employés aux commandes des interrupteurs.

- Your fever dream, can't you see it getting closer.

Just surrender 'cause you feel the feeling taking over !

Avec son accessoire de bois, il pointa la barmaid qui sauta aisément sur le bar sans jamais cesser de servir des boissons, jouant d'équilibre et de souplesse pour continuer à se donner en spectacle sans jamais arrêter le service. Elle se saisit d'une allumette qu'elle gratta sur la surface du meuble en pierre, mettant le feu à une longue ligne sur le dessus sous les applaudissements des clients assis.

- It's fire, it's freedom, it's flooding open

It's a preacher in the pulpit and you'll find devotion

There's something breaking at the brick of every wall it's holding

All that you know, so tell me do you wanna go?!

Le bar entier se donnait en spectacle.

Rogue prit le temps de mieux regarder les clients.

Des vêtements sales, parfois déchirés.

Cicatrices et blessures visibles.

L'homme fronça les sourcils et vérifia l'adresse qu'on lui avait donnée avec le nom, le tout noté dans une écriture infantile. Si c'était une idée de blague de l'envoyer dans un repaire de malfrats, ce gamin, Potter ou Portgas, allait le payer.

Il interpella une nouvelle serveuse qui passait à proximité de lui en bougeant en rythme.

- Je peux vous aider ? demanda-t-elle.

- Je cherche une certaine Portgas.

- 'connais pas. Voyez au bar, on vous renseignera plus facilement.

« C'est quoi ce nom bizarre ? Un autre alias de la chef ? » avait songé la femme en même temps, pour le plus grand intérêt du légimencien.

Et elle reprit son service.

Avec un soupir, Rogue alla donc rejoindre le bar où la barmaid avait finalement déserté le dessus et les flammes mourantes, pour servir boissons tout en riant avec deux trois clients.

- Qu'est-ce que j'vous sers ? demanda la jeune femme en venant se glisser devant le professeur de potion avec un micro sourire.

- Je cherche quelqu'un.

Le rire des autres clients au bar l'agaça. S'il n'y était pas eu autant de moldus autour, il aurait tiré sa baguette pour leur faire comprendre de regarder ailleurs, mais il ne pouvait prendre ce risque de faire une brèche pareille dans le statut du secret.

« Il sait pas comment elle marche. »

« C'est un nouveau lui. »

« Il s'y prend mal. »

Au lieu de se foutre de lui en silence, ils auraient pu l'aider !

Le pire devait être le sourire de la femme. Il ne voyait que ça à cause de la façon dont elle gardait la tête baissée pour que son chapeau masque le reste de son visage. Mais il n'avait perçu aucune de ses pensées. Rien du tout. Il entendait les clients, mais elle, silence complet.

- Consomme et je t'aiderai, sinon, casse-toi, lui dit-elle.

- Une bière alors.

- Locale ou étrangère ?

Avant que Rogue ne puisse lui dire l'inutilité de la question, la jeune femme pointa une ardoise au-dessus du bar, de la taille d'un tableau raisonnable, listant toutes les bières en vente dans le bar.

- Ce que vous recommandez.

La barmaid se baissa pour ouvrir un frigo sous le comptoir et en ressortit une petite bouteille marron, puis un verre propre sur une étagère avant de verser la boisson qu'elle fit glisser jusqu'à l'homme qui en but une gorgée, regardant la jeune femme se laisser aller sur le plateau de pierre, remontant d'un doigt son chapeau juste assez pour laisser voir son visage fin avec des tâches de rousseurs et ses yeux couleur cendre encadrés par deux mèches de cheveux noirs s'échappant de sous le chapeau. Pour se fondre à la clientèle qu'elle servait, elle avait une affreuse cicatrice en travers l'œil gauche et des cernes.

- Donc, tu cherches quelqu'un, c'est ça ?

L'accent de la jeune femme était familier mais il n'arrivait pas à le placer.

- Une certaine Portgas. Elle travaille ici de ce qu'on m'a dit.

- Et tu lui veux quoi ?

- Ce ne sont pas vos affaires.

La jeune femme se redressa avec un sourire moqueur, les mains sur le rebord du bar.

- C'est bien dommage que tu ne sois pas plus loquace, parce qu'ainsi, tu n'as aucune chance de trouver la personne que tu cherches.

Et elle s'en alla nettoyer un verre, faisant rager Rogue. Si encore, il pouvait entendre ce qu'elle pensait, il aurait fait avec, mais elle avait assez de discipline pour empêcher ça.

- Ce sont des affaires privées, je doute que ça vous regarde !

- Oh, si, ça me regarde, lui assura la barmaid.

- HEY ! Poupée ! C'est quoi tout ça ! demanda un client en pointant une immense coupe en verre qui était mise sur une étagère derrière le bar à la vue de tous, bien à l'abri derrière la responsable du coin.

- Appelle-moi poupée encore une fois et je te sers tes bijoux de familles comme apéritif. Et ça, c'est l'argent en jeu pour les cons qui pensent pourvoir me vaincre en résistance d'alcool. Le principe est simple. T'alignes les billets, j'en fais autant pour chaque verre de vodka. Le premier qui tombe paie la consommation de l'autre. Si c'est moi qui gagne, l'argent va dans le pot. Si c'est le client, la cagnotte est remportée.

- Sers-moi un B52 ! appela quelqu'un.

- Un shot flamboyant en route !

Rogue prit sa boisson et suivit la barmaid quand elle alla à l'autre bout de son comptoir pour préparer le shot.

- Je dois vraiment voir cette femme ! insista le sorcier.

- Et je répète, si j'ai aucune justification sur le pourquoi, tu peux déjà me payer ta bière et te barrer.

Rogue profita de l'instant où elle leva les yeux vers lui pour user de la légimencie avec appuie visuelle pour envahir sa tête.

… et il eut l'impression de se prendre un mur en pleine tête.

Tchak !

Il sursauta quand un couteau cranté fut brusquement planté dans la pierre à un cheveu de sa main avec un sourire menaçant et deux yeux d'argents

- Je sais ce que t'essaies de faire, et crois-moi, obstines-toi et ça te fera plus mal qu'à moi, lui dit la jeune femme avec calme.

Bzzzt…

Rogue risqua un œil vers le couteau pour voir qu'une mouche avait été épinglée sous la pointe et poussait un « bzzt » d'agonie. Avec un rire de gosse, la jeune femme fit tourner le couteau, achevant la mouche, avant d'appuyer son coude juste à côté puis son menton dans sa main. Cette femme était une psychopathe.

Les clients du bar prirent leurs consommations et allèrent s'asseoir à des tables un peu plus loin, sentant que ça risquait de dégénérer. Les « on retrouvera son corps dans la Tamise s'il continue » ne l'impressionnèrent guère. Il avait été un agent double durant la guerre, il avait survécu à Voldemort.

- Donc, je répète ma question. Tu veux quoi à Portgas ? sourit paisiblement la jeune femme.

Impertinente moldue.

Rogue porta une main à sa ceinture là où il avait rangé sa baguette.

- Sors ça ici et contre moi, et tu devras t'en acheter une nouvelle, continua plaisamment la jeune femme.

Elle termina de préparer les shots de B52 qu'on lui avait demandé, avant d'en porter un devant son visage et de souffler doucement sur la boisson, mettant le feu sur le dessus de l'alcool.

Cette femme était une sorcière, certainement spécialisée dans la pyrotechnique.

La barmaid reposa le verre et sortit de dessous le bar une allumette qu'elle alluma sur le premier verre avant de l'utiliser pour mettre le feu aux autres shots. Un serveur arriva immédiatement et ramassa les verres, jetant un regard aussi amusé que ses pensées à Rogue avant de s'en aller, laissant une commande de rhum flip à la jeune femme au passage. Elle eut un air triste à l'annonce de la demande et se mit au travail, envoyant le shaker en l'air le temps de recevoir le paiement d'un client sur le départ. D'un coup de hanche, elle referma le tiroir-caisse et versa l'alcool dans un verre.

- Je dois parler à cette femme, c'est très important, insista Rogue.

- On tourne en rond.

- Que fait une pyrotechnicienne de votre talent derrière un bar à vendre de l'alcool dans un lieu aussi mal famé du Londres moldu ?

- Je suis la patronne ici. C'est mon bar.

Rogue se redressa avec surprise, regardant la jeune femme avec sa chemise trop grande pour elle faire des allers et venues d'un bout à l'autre du bar.

- Je dois la voir au sujet de son fils, finit par répondre Rogue.

Un verre éclata dans la poigne de la jeune femme. Les fragments de verres passèrent au travers de ses doigts dans un petit embrasement. En jurant, elle ramassa les restes du verre pour les envoyer dans la poubelle à proximité avant de revenir vers Rogue. Elle récupéra son couteau et le porta à la gorge du sorcier devant elle.

- Dis-moi qu'il est arrivé quelque chose à mon fils et cette lame sera le dernier de tes soucis.

- Pardon ?

- Tu m'as bien entendu, mon gars. Je suis la personne que tu cherches et si j'apprends qu'on a fait du mal à mon enfant, ça ira très mal.

- C'est une blague ! s'indigna Rogue.

Le Survivant n'avait pas l'air de quelqu'un évoluant dans un lieu aussi mal famé !

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Thatch sirotait son rhum flip dans un coin reculé du bar, observant de loin la dispute entre Rogue et la barmaid.

Okay, aux dernières nouvelles, Ace était un homme, pourtant, en dépit du fait que ce soit clairement une femme qui servait les boissons, l'ancien pirate reconnaissait aisément l'agilité et l'adresse de son jeune frère commandant, sans parler de sa fascination pour le feu et de son sourire vicieux.

Portgas D. Ace aurait eu des ennuis avec Ivankov quand il avait le dos tourné ?

Peu importe, il était là, et c'était l'essentiel. Thatch pourrait rentrer au bercail.

Le roux la regarda siffler un des serveurs qui hocha la tête en venant la remplacer derrière le bar, laissant la femme aller jusqu'à la scène, se mettant au milieu du projecteur alors qu'un piano triste se mettait à jouer.

- I'm not a stranger to the dark...

Hide away, they say,

'Cause we don't want your broken parts…

I've learned to be ashamed of all my scars !

Run away, they say,

No one will love you as you are.

Thatch ferma les yeux, appréciant la voix féminine légèrement cassée qui chantait. La jeune femme s'était prise dans ses bras comme pour se protéger, racontant une histoire que le commandant connaissait que trop bien, puisque c'était aussi la sienne. Il rouvrit les yeux pour la voir lever les bras de chaque côté de son visage en serrant ses manches entre ses doigts.

- But I won't let them break me down to dust,

I know that there's a place for us…

For we are glorious… !

Elle porta une main sous son chapeau et tira avec brutalité sur une baguette de bois qui retenait sa tignasse, laissant libre cours à la cascade d'ébène en de longues boucles aux reflets roux, vaguement réunies dans une tresse très lâche sous l'audience captivée. Comme toujours, Ace attirait les regards et les cœurs.

- When the sharpest words wanna cut me down !

I'm gonna send a flood, gonna drown them out !

I am brave, I am bruised,

I am who I'm meant to be, this is me !

Elle déchira sa chemise en s'avançant entre les tables des clients, toujours suivie par le projecteur, continuant son histoire. Le tissu jaune dans ses mains fut envoyé voler vers le bar, la laissant avec un micro short retenu à sa taille fine par une ceinture de tissus bleu et avec pour haut un simple bikini noir.

- Look out 'cause here I come !

And I'm marching on to the beat I drum !

I'm not scared to be seen,

I make no apologies, this is me !

Elle se hissa sur la table d'un client et se mit à tourner sur elle-même, les bras en croix, laissant ses tatouages et ses cicatrices visibles à tous. Thatch fronça les sourcils en voyant celle qui défigurait l'emblème de leur équipage, jumelle à celle sur la poitrine de la jeune femme. Comment avait-elle reçu une blessure pareille et survécu ?

- Another round of bullets hits my skin…

Well, fire away 'cause today, I won't let the shame sink in !

We are bursting through the barricades !

And reaching for the sun !

- We are warriors ! répondit le chœur des employés du bar alors qu'Ace levait le poing vers le plafond.

-Yeah, that's what we've become !

Elle sauta sur une autre table en donnant un coup de pied dans le vide avant de tendre une main vers le bar pour recevoir une bouteille d'absinthe.

- Won't let them break me down to dust,

I know that there's a place for us,

For we are glorious !

Continuant de sauter de table en table, elle termina au centre de la pièce après le refrain, buvant en trois longues gorgées la totalité de la bouteille pendant l'interlude du chœur, avant de sortir une allumette de sa poche qu'elle alluma sur la semelle de sa chaussure et de souffler dessus, produisant un puissant jet de flammes qui prit des formes d'arabesques libres et sauvages, avant que le feu ne s'éteigne.

- And I know that I deserve your love !

There's nothing I'm not worthy of !

Elle alla ensuite s'asseoir sur le bar, juste à côté de Rogue, retirant son chapeau pour le poser juste à côté de la bière de l'homme, se penchant assez sur lui pour qu'il puisse comprendre le message dans toute son amplitude.

- When the sharpest words wanna cut me down,

I'm gonna send a flood, gonna drown them out,

This is brave, this is bruised,

This is who I'm meant to be, this is me !

Et elle sauta du bar en se recoiffant pour aller de nouveau danser au milieu de clients, entre et sur les tables. Libre, sauvage et captivante, comme elle l'avait toujours été.

- Look out 'cause here I come !

And I'm marching on to the beat I drum !

I'm not scared to be seen !

I make no apologies, this is me !

Elle sauta de tables en table pour rejoindre la scène, laissant la place au chœur.

- Whenever the words wanna cut me down

I'll send the flood to drown them out.

Les bras en croix, la tête penchée vers l'avant, elle conclut son spectacle :

- This is me !

Définitivement Ace.

Définitivement la même personnalité flamboyante qui les avait tous charmés. Mais surtout, quelqu'un qui avait enfin compris une leçon qu'ils avaient tous voulu lui enseigner. Celle de se montrer tel qu'il était, de ne plus se cacher et se forcer à rentrer dans un moule pour lequel il n'était pas fait.

Juste être lui.

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Ace se laissa aller dans le fauteuil de son bureau, les pieds sur le meuble, regardant Rogue s'asseoir devant elle.

- Vous aimez vous foutre de la gueule des gens, nota avec haine le maître de potion.

- Si t'avais dit directement ce que tu me voulais, je me serais pas foutu de ta gueule, justement, lui dit Ace en refaisant sa tresse qu'elle enroula de nouveau en chignon qui se logea dans son chapeau. Qu'est-ce qu'il se passe avec Harry ?

Rogue ouvrit la bouche mais la femme le coupa.

- L'adoption ?

- En effet.

Avec un soupir, elle se leva de son bureau et vint s'asseoir au bord de celui-ci juste devant l'homme qui se força à la regarder dans les yeux.

- Vous devriez vous remettre une chemise.

- J'en ai pas d'autre et mes compétence magiques se résume à mettre en feu ce qui me fait chier. Le sujet du moment n'est pas mon attirail, mais l'adoption de mon fils.

Avec un sourire de morveuse, elle tapota son ventre et ses abdominaux très marqués.

- Et entre nous, je tire beaucoup de fierté de mes muscles. C'est un travail constant de les garder dans cet état quand j'ai aucun adversaire à ma taille. M'enfin. Donc, nous parlions de l'adoption de Harry. Vous avez une idée depuis combien de temps j'élève cet enfant ?

- Environ cinq ans, si j'en crois les papiers qui ont été transmis au Directeur.

- C'est ce qui est sur le papier. Dans les faits, ça fera dix ans la nuit d'Halloween. Je me suis retrouvée devant une femme en larmes pleurant la mort d'un époux et je lui ai jurée de prendre soin de l'enfant qu'elle laissait derrière elle en mourant. Harry est littéralement la seule chose que j'ai à perdre. Je n'ai ni famille, ni patrie. J'ai déjà perdu tout ça une fois. Mon fils est la seule chose pour laquelle je suis encore ici.

- Avez-vous conscience…

- Du danger ? Ce bar n'est que la pointe de l'iceberg. C'est le lieu de rendez-vous de tous les rébus de la société, alors le danger, c'est quelque chose de familier. Si t'es ici pour me faire la morale sur l'environnement dans lequel j'ai élevé mon fils, tu peux dire à ton chef de bien relever le fion pour j'y enfonce ma godasse et qu'il crache mes semelles pendant encore deux trois siècles.

Elle se pencha sur Rogue, le saisissant par le col de sa chemise.

- J'ai entendu bien assez de critiques pour en avoir ras la casquette. Vu comment tes cheveux sont gras, mec, tu flamberas très bien si tu me cherches.

Rogue plissa les yeux et brandit sa baguette, un sort au bord des lèvres.

Un coup pied crocheta sa chaise et son sort fila vers le plafond alors qu'il tombait à la renverse. Avant même de pouvoir se relever, un pied se posa sur sa poitrine, et une lance de feu juste sous son menton.

- Une combattante, comprit Rogue à voix basse.

- On m'a appris à me battre alors que je savais à peine marcher. C'est toute ma vie.

Elle retira son pied et s'accroupit à côté de lui, lui présentant une main qu'il saisit pour se redresser légèrement.

- Je me salis les mains depuis trop longtemps pour changer du jour au lendemain. Mais le seul homme que j'ai appelé père m'a donné une leçon importante. C'est avec de l'argent sale qu'on construit des hôpitaux. Et c'est avec de l'argent sale que je veux faire de mon fils quelqu'un de bien. Quelqu'un d'assez rodé dans les coups bas pour les voir venir, mais avec assez de morale et d'expérience pour ne pas tomber dans les saletés du monde.

- Vous êtes une utopiste de croire que grandir dans un environnement pareil fera de lui quelqu'un de bien.

- J'ai élevé un petit-frère avec moins que ça. Dix ans après, il ramenait la paix dans un pays en crise, là où les autorités étaient pieds et poings liés. Quelque part, voir les mauvais exemples aide au moins un peu.

Facilement, elle le remit debout.

- Tu t'es pas présenté, pointa la jeune femme.

- C'est maintenant que vous le remarquez ?

Ace se contenta de rouler des yeux en allant relever la chaise.

- Rogue. Je suis Severus Rogue. Le maître de potion de votre enfant.

- J'avais une amie qui adorait faire l'apprentie chimiste. Elle avait réinventé le feu grégeois. Whisky ? Rhum ? Tequila peut-être ? Ou peut-être du saké ? La vodka est en bas, par contre.

- Vous aimez l'alcool.

- Mon tatouage parle pour moi. Comment vous dîtes, déjà, vous les anglais ? Bonding ? Maaa, peu importe.

Ace attrapa dans un cabinet d'une bouteille de whisky et deux verres qu'elle déposa sur son bureau alors que Rogue se rasseyait. Il accepta la boisson ambrée qu'on lui tendit.

- Et l'alcool est un très bon combustible. Tout ce que j'ingère est déjà brûlé. Il m'aura fallu du temps, mais j'ai finalement réussi à maîtriser mes dons jusqu'à ce niveau. L'instinct et les échecs compensent souvent l'éducation qu'on n'a pas.

Elle but une gorgée de son propre verre.

- Très bel instinct si ça vous a appris à contrer la légimencie. Le directeur était mécontent que vous ayez mis sous Fidelitas votre logement.

- J'ai deux choses en commun avec les gobelins, le sens des affaires et l'amour des batailles. Enfin, je suis plus une Adrenaline Junkie, mais on se comprend eux et moi. J'ai réglé deux trois affaires pour eux, elles traînaient en longueur parce qu'ils ne sont pas pris au sérieux pour une différence génétique. En échange de la promesse que je m'amuserais pas à braquer leur banque, même si c'est très tentant, ils m'aident à parfaire mes connaissances sur le côté sorcier de la société.

- Vous ne vous cachez pas, et pourtant, votre fils ment comme un professionnel pour vous.

- Mon défaut est de ne pas savoir mentir. Je le compense en me contentant d'édulcorer mes paroles ou de rester sur le need to know. Et Harry ne ment pas totalement. Outre ce bar qui me sert plus de bureau et lieu de rencontre, j'ai monté une agence de protection pour les starlettes et autres.

- Choix intéressant.

- Et maintenant que tu sais tout ça, Rogue. Tu vas faire quoi ? Tu as des ordres pour me convaincre de renoncer à mon fils, je suis pas dupe. J'ai eu des lettres de trop de monde à ce sujet ces derniers temps me disant que je devrais laisser une autre famille se charger de lui. Je sais pas qui sont les Parkinson, mais ils apprendront très vite que m'insulter ne me touche pas, mais si on s'en prend à mes proches, là, ce n'est plus pareil. Ma mère a fait une erreur dans le choix d'aimer l'homme qui m'a donné son sang, je suis la première à le dire. Mais c'était la femme la plus admirable qui ait existé.

- Et vous-même ? Pas de monsieur Portgas, outre l'enfant ?

- Nan, le dernier était mon grand-père maternel, si jamais il a existé. La question reste la même. Que faisons-nous ?

Rogue sirota son verre, appréciant la brulure de l'alcool dans son sang, tout comme le silence des pensées de la femme et regarda les yeux de cendre braqués sur lui. La forme lui était familière, lui rappelant ceux de Lily, bien que la teinte soit clairement différente.

Il ferma les yeux.

Lily… une stupide erreur de sa part lui avait fait perdre son monde.

Il crispa sa main de libre sur son avant-bras marqué.

- J'ai fait une promesse. Une promesse en mémoire de la femme que j'ai aimé comme un fou, et, je le réalise pleinement aujourd'hui, une femme qui ne songeait qu'à l'amitié. J'ai fait des erreurs qui ont réduit cette amitié à néant. Erreurs qui ont mené à ce que je la perde. J'ai promis de veiller et protéger tout ce qu'il reste d'elle.

- Harry.

- Oui, malheureusement.

Il soupira et fit tournoyer dans son verre le liquide ambré.

- Comment Harry a-t-il eu la cicatrice sur son arcade sourcilière ? demanda Rogue.

- C'était avant que je le change d'école. Il avait sept ans. J'avais un peu de retard pour venir le chercher et des rivaux l'ont fait enlever à proximité de la sortie des classes. J'ai interrogé tout le monde, user de toutes les méthodes et en trois heures, j'étais devant leur planque. Ils avaient passé Harry à tabac. Je suis pas la personne la plus sympathique du monde, et surement pas avec le meilleur sens moral, mais je ne touche pas aux enfants.

Elle ferma les yeux en inspirant profondément, reposant le verre sur son bureau quand il commença à crier sous la pression et l'alcool à entrer en ébullition.

- Je le lui avais demandé, mais il n'a pas fermé les yeux devant le massacre. Il y avait très longtemps que je n'avais pas perdu le contrôle de mes flammes. Je pense que c'est depuis ce jour qu'il n'arrive plus à consommer de bacon.

Elle mordit ses lèvres.

- Il tenait tout juste debout, mais il m'a prise dans ses bras pour me dire qu'il m'aimait alors que j'avais encore les mains pleines de sang. Si le reste des blessures ont fini par guérir, il garde cette cicatrice encore aujourd'hui et l'aura certainement encore longtemps.

Voilà qui expliquait un peu du mystère de l'enfant. Et qui le faisait remonter dans l'estime de Rogue.

- Les cicatrices sont de bons rappels à l'ordre. Vu la taille des vôtres, je pense que votre propre leçon devait être très dure à avaler.

- Peut-être, mais je referais la même erreur s'il le faut. Parce que rien n'est plus important pour moi que ma famille, et c'est pour la protéger que j'ai eu cette cicatrice, même si j'en suis arrivée là pour tout autre chose.

- Les erreurs font partie de la vie.

- La mort aussi.

Ils trinquèrent avec un maigre sourire.

- Techniquement parlant, mon serment est préservé puisque vous prenez soin de l'enfant, mademoiselle Portgas, même si c'est un peu bancal. Je ne vois pas pourquoi je m'interposerais quand vous faîtes un travail bien plus admirable que l'aurait fait Pétunia Dursley.

- Ce cheval ?

Ace avala cul sec son verre et se leva de son poste sur le bureau pour aller jusqu'à un placard qu'elle ouvrit pour fouiller dans des papiers. Elle tira un journal qu'elle tendit à Rogue. La Une était claire, même si ça datait d'avril dernier. Les Dursley étaient la famille la plus poissarde du pays et se faisait régulièrement cambrioler.

- Donnez ça à votre patron.

- Vous n'êtes pas étrangère à ces incidents, n'est-ce pas ?

- J'ai particulièrement apprécié taguer leur façade !

Rogue retint un reniflement sarcastique en lisant le journal pour en voir l'article.

- Vengeance ? devina-t-il.

La jeune femme s'était resservie un verre et elle regardait à présent par la fenêtre de son bureau la nuit tombante, tournant le dos à l'enseignant en exposant pleinement son tatouage dorsal.

- Peu importe les antécédents et les circonstances, dire à un enfant qu'il n'aurait pas dû venir au monde ne se fait pas.

Rogue regarda le dos tatouer de la jeune femme et termina son verre.

- Je ne vais pas prendre plus de votre temps, ni du mien. Mais le directeur ne laissera pas tomber. De mon côté, je pourrais laisser filtrer des informations intéressantes de temps à autres d'un côté, comme de l'autre.

- Vous êtes un agent double ! Je déteste les taupes ! rit franchement la brune.

Rogue reposa son verre et se leva.

- J'offre le whisky, mais n'oubliez pas de payer la bière à Sebastian.

- J'ai une dernière question pour vous, lui dit Rogue.

Ace se retourna à moitié vers Rogue pour l'écouter.

- Qui lui a parlé des bezoards non-magique ?

- Moi.

Elle regarda de nouveau par la fenêtre.

- L'homme qui aurait pu être le père de Harry était un navigateur de génie et un redoutable médecin, souffla-t-elle.

- Très bonne soirée.

- De même.

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Thatch regarda Rogue payer au bar puis partir.

Il se leva de son coin d'ombre, cessant de se fondre dans la masse des criminels et des rejetés qui s'amusaient et se donnaient en spectacle. On devait sentir qu'il n'était pas quelqu'un à prendre à la légère parce qu'on lui laissa le passage jusqu'au bar.

- J'aimerai voir la femme qui tenait le bar avant vous. C'est la patronne, si je me trompe pas.

- Yep. Vous voulez quoi à Fire Fist ?

Quel manque d'originalité… En même temps Iro avait été la preuve que la D. n'était pas douée pour trouver des noms et surnoms originaux.

- Dîtes-lui qu'un certain Thatch de la Quatrième veut la voir. Et si elle dit que je suis mort ou un truc du genre, qu'elle me rencontre pour le vérifier.

- Si vous la dérangez pour des conneries, c'est votre corps qui finira dans la Tamise. Alors j'espère que vous êtes prêt.

- Ça fait dix ans que j'attends ça.

L'homme cessa d'essuyer son verre, jeta le torchon sur son épaule et alla prendre un téléphone, composant un court numéro.

- Patronne ? Y'a un client qui veut vous voir. Thatch de la Quatrième… Nan, il a pas l'air de blaguer… Ba, justement, il vous invite à le vérifier vous-même… hum… humhum… Bien reçu.

Il raccrocha.

- Votre nuque s'i'ou plaît.

Thatch pencha la tête vers l'avant pour laisser voir sa nuque au barman en poussant ses cheveux du passage pour qu'il puisse voir le symbole des Shirohige qu'il avait tatoué dessus. Une tape sur l'épaule lui fit signe de se redresser. Il écouta les indications de l'homme et se dirigea vers le bureau d'Ace.

Il ne prit pas la peine de frapper à la porte et pénétra dans la pénombre du bureau.

Ace se détourna de la fenêtre et le dévisagea alors qu'il refermait la porte.

- T'as eu des ennuis avec Ivankov, frangin ? J'aurai voulu voir la tête de l'ananas déplumé devant le changement.

Le silence était un mauvais signe, surtout quand elle avait baissé la tête pour cacher son visage avec son chapeau. Le léger tremblement des épaules de la demoiselle n'échappa pas au regard aiguisé du loup-garou.

- Ace.

Elle releva la tête en inspirant profondément, se mordant une lèvre pour ne pas craquer. Le plus vieux se contenta d'ouvrir les bras et elle fonça dedans pour pleurer. En silence, il referma ses bras sur elle, retenant tant bien que mal ses propres larmes.

Il n'était plus seul.

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S'il y en a UN SEUL qui me demande les titres des chansons, je vous jure, je sors le Necronomicon et je vous maudis jusqu'à la dernière génération. Parce que vous me faîtes rire les gens qui me laissent des commentaires pour ça, mais c'est la preuve que vous êtes sélectif dans vos lectures, parce que je veux bien faire un pavé à chaque fois, mais c'est le genre d'information que je mets en INTRODUCTION ! Donc, si vous arrivez ici et me sortez ces questions, je vous invite à remonter tout en haut pour obtenir vos réponses. Merci :)