Hey bonsoir,

Nouvelle publication avant l'heure, rien d'effrayant même si j'étais tentée de vous faire peur pour Halloween et ne pas poster du tout...Mais je ne suis pas aussi sadique!

Les remerciements vont à Gweeny, Pâquerette, Mane-Je pour leur reviews sur le dernier chapitre, qui d'ailleurs n'a été que très peu lu, je suis désolée de le signaler mais 36 vues... C'est peu. Merci à Celine-Mallen et SombreLigne de suivre l'aventure! Je ne suis peut-être pas assez reconnaissante ou expansive, mais je pense être quand même assez transparente et que c'était clair pour vous, que cela me touche beaucoup.

Je pense que c'est le temps qui veut ça et que l'on n'a pas forcément l'envie de penser à autre chose que la situation actuelle. Du moins, j'espère que c'est ça et pas un désintérêt total pour cette histoire, ce qui me rendrait triste et lasse aussi, j'aime partager des choses et c'est compliqué pour mon petit cœur tout mou de gérer tout ça, même si je n'ai pas pour vocation de devenir la prochaine romancière à succès. J'ai seulement envie de vous divertir et d'amener un peu de paix à l'esprit. Ce que fait Gwen Who dans tout son travail d'écriture, on est vraiment sur la même longueur d'ondes à essayer de vous distraire des mauvaises pensées du moment! Voilà mon état d'âme en vrac mis de côté, c'est toujours un plaisir d'essayer de vous emmener dans mon monde. Je frétille littéralement d'impatience pour la suite!

Voilà tout est dit, plus qu'un chapitre avant l'exposition tant attendue! Puis vous connaissez la chanson, si vous aimez, un petit signe est plus que bienvenue! Mais les fantômes, je vous aime quand même!

Bonne lecture, prenez toujours soin de vous, des autres et puis souriez, c'est gratuit et ça ne fait de mal à personne.


Chapitre 3: Améthyste

Après cinq mois de travail acharné, le projet d'exposition avait presque pris sa forme finale. Nous avions réussi à tenir les délais, pour que tout soit prêt lors de l'ouverture; pourtant ce n'était pas gagné d'avance.

Marier 500 minéraux, gemmes et objets d'art et 200 pièces de joailleries, n'était pas une mince affaire. Heureusement, j'avais à mes côtes deux associés, Victoria Lefèvre et Garrett Pace, les scénographes. Les deux noms me semblaient familier quand je les avais vu sur les documents. C'est après quelques jours que j'ai pu mettre mes idées au clair, j'avais effectivement connu la designer Victoria Lefèvre lors de l'exposition « The Art and Science of Gems» à Singapour. Quant à Garrett, c'était un architecte qui s'était finalement pris de passion pour la photographie il nous avait expliqué son envie de s'inspirer du roman de George Sand, Laura, voyage dans le cristal qui lui même servit d'inspiration à Jules Verne avec son célèbre Voyage au centre de la Terre. Victoria, elle, avait pour idée de traiter la lumière, la couleur et les matières d'une manière fluide en mélangeant les contrastes et les transparences.

Je peaufinais mes croquis, soumettant mes idées aux autres, des tons obscurs pour les profondeurs, des couleurs chaudes pour les convulsions telluriques, évoluant vers des tons plus froids, à mesure que le public remonte en surface. Aro avait ajouté sa touche personnelle, au cœur de l'exposition se trouvait un espace entièrement lumineux, un textile blanc translucide était tendu. C'était la reproduction, si je peux dire, des aventures d'Aro, fasciné par une grotte découverte au Mexique. Les concepteurs avaient choisi stratégiquement le milieu comme point de repère mais aussi comme espace méditatif et contemplatif.

On travaillait beaucoup sur des maquettes et sur des plans, pour ne pas à avoir à tout chambouler, il était aussi plus aisé de déplacer des vitrines aussi légère qu'une plume que les vrais. Cela nous permettait de bien mémoriser le parcours, de voir si cela fonctionnait et si le spectateur allait être séduit et attentif.

On était tombés d'accord sur le fait qu'il y aurait trois parties, la première partie l'histoire de la Terre et l'histoire du savoir-faire. La seconde l'évolution des minéraux brut aux bijoux et enfin la dernière partie sera une ode à Paris, sous différents regards.

Je regardai le rendu de la première partie, le spectateur aura l'œil directement attiré par la première vitrine, elle sera entièrement consacrée au rubis qui se décline en trois pièces. Le cristal d'origine, la gemme et le bijou. Le rubis «brut» datant de près de 30 millions d'années sera présenté tel qu'il fut découvert, enchâssé dans le marbre blanc, dans sa gangue. Ensuite on verrait les gemmes façonnées qui attendaient leur transformation et enfin la création de haute joaillerie signée Van Cleef & Arpels, le clip Fuchsia. On avait ensuite choisi de façon définitive les minéraux puis les trentaine d'objets et bijoux issus des collections du Muséum ainsi que des prêts d'autres musées, afin d'illustrer la virtuosité de la main, témoignant de l'évolution des savoir-faire lapidaires au fil du temps. Préhistoire, sédentarisation, Antiquité.

Ensuite, le public sera happé au cœur de la Terre, cette fabrique de minéraux à la découverte des phénomènes naturels, les vitrines se changeront de forme, elles prendront une forme cyclique, rappelant les cycles géodynamiques. Minéraux ou métaux précieux se confrontent aux gemmes et bijoux. Ce qui prouvait ainsi que la gemmologie s'immisce comme un trait d'union entre la science et la création artistique.

Le public pourra découvrir la pression, la température, les fluides, l'eau, l'oxygène, la vie, le métamorphisme... Ces phénomènes qui déterminent l'espèce minérale.

Et enfin, le parcours s'achèvera sur l'alchimie entre le savoir, la création, la recherche et l'innovation.

La journée avait filé comme une étoile, on avait quasiment réussi à faire tout ce que l'on voulait, les décisions avaient été prises et maintenant, on laissait le savoir faire aux scénographes et aux petites mains, pour retranscrire grandeur nature nos idées. Il ne nous restait plus qu'un mois pour finir le tout.

Nous avions longuement hésité puis le directeur du Muséum, Bob Banner, avait tranché, on ferait une soirée d'inauguration pour la presse. J'avais essayé d'esquiver cette soirée en vain. Ce n'est pas que je n'aimais pas être présent, je participais à de nombreux ateliers pour l'exposition mais c'était le contact avec les journalistes. Fort heureusement, pas mal d'entre nous dans le métier ne comptions pas sur eux pour se faire une image mais il y en avait qui ne jurait que par la presse. Pour moi il était important de se démarquer par notre détermination, l'acharnement et le travail. Mon entourage avait pendant longtemps essayé de me faire changer d'avis, d'être moins... coincé ou plutôt... être plus souple mais j'avais travaillé dur pour en arriver là et je pensais que c'était ça être méritant. Les journalistes n'ont pas tous des défauts, juste moins je les côtoyais mieux c'était. Je suis un scientifique, je ne voulais être jugé que par mes pairs.

Nous étions à J-15 de la soirée d'inauguration, les pièces avaient été acheminées et elles attendaient dans la réserve. Pour ce qui était des joyaux prêtés par la maison Van Cleef & Arpels et des collections privées, nous avions convenu, pour des raisons de sécurité, qu'ils n'arriveraient que 48 heures avant la soirée. Cela nous laisserait le temps de les placer et de faire une dernière fois le tour du parcours. Nous avions fini de rédiger les panneaux explicatifs ainsi que les légendes. Aujourd'hui nous avions, Aro et moi, rendez-vous avec une journaliste, comme nous étions à la fois commissaire d'exposition mais aussi commissaire scientifique. Je soufflais en traînant des pieds. Aro m'avait chargé de trouver un endroit pour la recevoir en dehors du Muséum. J'avais opté pour le salon de thé japonais Sadaharu Aoki, j'étais un grand amateur de cuisine japonaise et encore plus de pâtisserie maintenant que j'y avais goûté. J'avais découvert ce pâtissier lors de mon voyage en première classe sur un vol de la All Nippon Airways pour Tokyo. Depuis, j'en étais friand.

Une fois arrivée devant, je fus soulagé de voir que notre journaliste serait Sue Clearwater, elle était l'une des rares que j'appréciais, elle s'occupait de suivre régulièrement le travail de mes parents et ses articles étaient toujours tournés pour mettre en valeur le travail et la rigueur du métier.

— Je vois que tu es soulagée que ça soit elle. Chuchota Aro qui était arrivé derrière moi.

— J'aurai tourné les talons sinon. Répondis-je en souriant tout en m'avançant pour saluer la journaliste. Madame Clearwater, ravi de vous revoir.

— Professeur Cullen, toujours aussi charmant.

— Ahah et vous toujours aussi spontanée!

— Rentrez donc, j'ai réservé. Nous glissa Aro en nous laissant passer.

— Comment vont vos parents ?

— Ils vont parfaitement bien, ils travaillent sur la nouvelle collection.

— Oh... Et bien je serai ravie d'en savoir plus. Dit-elle l'œil pétillant.

— Voyez ça avec eux, je ne dirai pas un mot de plus. Riais-je en mimant une bouche cousue.

— Vous n'avez pas honte de froisser une femme de mon grand âge! Fit-elle outrée, mais ses yeux étaient toujours aussi malicieux.

— Madame, vous devez avoir quoi... vingt-cinq ans? Ajouta Aro.

— Ahaha Aro, vous devriez faire attention, je pourrai marquer ça dans mon article, que dirait Sulpicia !

— Que je suis un homme de goût. Souriait mon mentor.

Nous nous installions dans une salle privée. L'ambiance était détendue et c'était plus qu'agréable quand on voulait commencer une interview. Elle sortit un calepin et son téléphone.

— Si cela ne vous dérange pas, je vais vous enregistrer, une fois que j'aurai fini l'ébauche de mon article, je vous enverrai une copie et si vous avez des remarques à faire, je ferai les corrections nécessaires avant la publication.

— Tu vois Aro, tous les journalistes devraient être comme elle! Dis-je, ce qui fit rire mes deux voisins.

— Edward, combien de fois devrai-je te rappeler ô combien tu es dur à contenter.

— Non, c'est le niveau des journalistes qui baissent, pour eux, il est plus intéressant de faire du sensationnel que de respecter le travail et la passion des gens. Et un minimum de savoir ne fait pas de mal Aro. Il est important de savoir de quoi et à qui on parle. De plus, Madame Clearwater à la gentillesse de nous présenter son travail avant publication.

— Tu marques un point là, combien de fois j'ai été... surpris, de lire certains articles qui ne traitaient pas du tout de ce dont on avait parlé et que la personne avait pris... certaines libertés.

— Ne m'en parlez pas, c'est une plaie ces petits jeunes qui veulent un scoop et qui bâclent le travail. Notre rôle est de partager nos passions et d'informer sur des sujets méconnus.

Nous passions rapidement la commande, j'avais craqué pour une forêt verte Kyoto, c'était comme une forêt noire en Allemagne sauf que le chocolat était remplacé par du thé matcha, un régal. Aro prit un mille-feuille au matcha et Sue, un gâteau Saya, à la crème chocolat blanc fraise et une autre à la pistache sur un biscuit joconde. Le tout avec du thé Hojicha qui est un excellent thé vert torréfié. Nous entamions nos mets quand elle commença à poser les questions.

— L'objectif de cette exposition est-il d'offrir au visiteur l'opportunité de s'émerveiller?

— Comme vous le savez, la devise du Muséum est « émerveiller pour instruire». La beauté de l'histoire naturelle, que ce soit des objets, des phénomènes ou œuvres de la nature, c'est une source inépuisable d'émerveillement. Outre les faits que nous montre la science, j'aime penser que cette émotion nous permet d'aborder le savoir autrement. Répondit Aro.

— Je rajouterai que cette exposition sert de continuité entre les productions de la nature que sont les minéraux, l'attirance qu'ils exercent sur les Hommes, par leur beauté, leur rareté et la consécration que font les lapidaires et les créateurs de bijoux. C'est peut-être présomptueux, mais notre but est de créer une passerelle entre poésie, littérature, science, histoire de l'art, pour sortir des hiérarchies traditionnelles. Ajoutais-je sérieusement.

— Quel est le véritable trésor de cette exposition?

— Pour moi, sans compter la création de la maison pour l'exposition, je dirai que c'est la restauration de " l'Arbre aux tourmalines" créé par Jean Vendôme. C'est un peu une œuvre au carrefour entre la joaillerie, le design et la sculpture. Aro répondit un peu absent, comme prit dans le souvenir ce la pièce.

— C'est très dur de choisir, je suis un amoureux des pierres mais je pense que «la table de Mazarin» qui est une marqueterie de pierres représentant la faune et la flore, est un objet majestueux. Il allie le savoir-faire des Hommes de la Renaissance à la beauté des pierres.

— La collaboration entre le Muséum et Van Cleef & Arpels, instaure-t-elle un nouveau regard sur la science? En créant un dialogue inédit entre l'esthétique et la science?

— Il faudrait demander à la responsable dans cette maison! Mais si je peux vous rectifier sur ce point, il n'a rien d'inédit, les objets de l'histoire naturelle peuvent avoir une esthétique intrinsèque, les spirales des coquilles d'argonautes, les motifs flamboyants de crustacés tropicaux, la géométrie des minéraux, tout cela a été source d'inspiration pour de nombreux artistes, peintres, sculpteurs, écrivains ou poètes et bien entendu joailliers.

— De plus, comme Edward vous l'a dit, ce n'est pas inédit, il y a déjà eu une collaboration avec le Muséum pour une exposition à Singapour, au ArtScience Museum, à qui nous avons prêté des pierres. La maison Van Cleef & Arpels, vous dirait probablement qu'avec leur projets de recherche, les conférences et les expositions de l'Ecole de Joaillerie à leur nom s'inscrit dans un long dialogue entre la science, l'art, la technique et l'esthétique, qu'ils veulent transmettre et valoriser.

— Une dernière question, je suis curieuse, il y a-t-il des pièces d'exception présentées pour la première fois en France?

— Pour ce qui est de la collection du Muséum, nous allons pour la première fois montrer, de l'or natif «Occitane de Sabine» trouvé dans le massif de la montagne Noire dans le Haut-Languedoc, des saphirs du Puy-de-Dôme, les deux plus gros trouvés en Europe, un coquillage percé datant de 90 000 ans qui est considéré comme un des plus anciens bijoux au monde. Nous avons aussi la Grande Table des Orsini, dont Edward a parlé tout à l'heure, ayant appartenu au cardinal Mazarin, des gemmes provenant des joyaux de la Couronne de France. Edward pourra plus facilement vous parler de la collection patrimoniale de Van Cleef & Arpels.

— Ils nous ont généreusement prêté un collier en platine et diamants porté par sa Majesté la reine Nazli d'Egypte dans les années 30, une parure Trèfles en or jaune, turquoise et diamants, un clip Bouquet de bleuets en or jaune, rubis et calcédoine, une collerette Cravate en platine, saphirs et diamants, une broche imaginée à partir d'une perle baroque et un nécessaire des années 20, mêlant inspiration chinoise et Art déco.

— Et bien, j'ai hâte de découvrir ses chefs d'œuvres pendant la soirée d'inauguration, messieurs merci d'avoir répondu à mes questions et pour avoir partagé votre passion et votre savoir.

Une fois l'interview et les gâteaux finis, je rentrai gaiement chez Alice. Je lui racontais mon entrevue.

— Haha pour une fois que tu ne traumatises pas un journaliste mais bon c'était Sue aussi, elle est adorable.

— Elle est surtout compétente et elle a une vraie connaissance.

— Edward, Edward, Edward, qu'est ce que l'on va faire de toi, tu es bien trop sévère, il y a des journalistes tout à fait compétents.

— Possible. Grognais-je.

— Tu es de mauvaise foi! Tu en as rencontré et tu en rencontreras d'autres! Crois moi un jour tu seras bluffé.

— Si ce jour arrive ma chère sœur, je veux bien partir moi même à Mogok te chercher un rubis ! Plaisantai-je.

— Ne plaisante pas là dessus, un deal est un deal, si cela arrive, tu ne reviens pas sur tes paroles? Me menaçait ma sœur, haute comme trois pommes.

— Promis, parole de Cullen mais ça n'est pas près d'arriver! Fanfaronnai-je.

— La vie te surprendra!

— Oui oui c'est ça, sur ces belles paroles je te souhaite une bonne nuit! Je partais en rigolant devant la mine déconfite de ma petite sœur.

Je m'endormis après la rédaction du dossier de presse. Je reconnais que j'étais pressé de voir l'accueil fait à cette exposition. Je n'étais cependant pas trop inquiet.


Pov Bella:

Il y a des jours comme ça où on se lève du mauvais pied et dès lors, la journée devient une succession de péripétie, « j'aurai mieux fait de rester couché» était la seule phrase que j'avais à l'esprit. Aujourd'hui était un de ces jours là.

Mon patron m'a expressément fait revenir de mes vacances, pour que je me rende à Paris pour une exposition. Je ne suis pas du genre à cracher dans la soupe, mais de un, j'avais fait du bon boulot et je méritais ses vacances et de deux, je n'étais pas la seule journaliste qualifiée. Il y avait sûrement d'autres journalistes qui avaient suivi un cursus en gemmologie en plus des études de journalisme et réalisation, ce qui était un petit plus.

Je travaillais d'un côté pour le « Shine Bright» un site dédié à la joaillerie et l'horlogerie et de l'autre, j'étais exploratrice pour le National Geographic, ce que je ne savais pas avant d'intégrer la grande équipe d'experts, c'est que tout le monde pouvait devenir explorateur, exploratrice pour ce média. Il ne suffisait pas seulement d'être photographe, scientifique... On était très polyvalent, j'étais journaliste reporter et finalement mes compétences se sont étoffées avec la photographie et la réalisation. Il m'arrivait aussi d'écrire des articles dans des revues spécialisées. Mon reportage sur le trafic des «diamants de sang» a même été récompensé. Mes différents boulots me permettait de vivre confortablement à New York. J'habitais en collocation avec ma meilleure amie, Leah Clearwater, qui était aussi journaliste mais de mode.

Ce que je préférais dans mon métier était bien sûr de partir sur le terrain, aller moi même dans des gisements. Mon attrait pour les pierres était né grâce à ma mère qui détenait une mallette remplie de pierres, pas vraiment précieuses ou fines, j'avais découvert avec le recul que la plupart étaient des bouts de verres. En tout cas, sa passion fugace pour la lithothérapie avait fait naître en moi l'envie de voir ses pierres de plus près. Pour ce qui est du journalisme, depuis toute petite je regardais avec fascination les documentaires et reportages de Attenborough ; rien que sa voix suffisait à me captiver. En grandissant j'ai continué à suivre son travail et à m'y intéresser de plus près. Il était touche à tout. À la fois naturaliste, réalisateur, journaliste, scénariste et archéologue... De quoi faire rêver l'ado un peu idéaliste que j'étais. C'est grâce à lui que j'ai voulu me lancer dans cette carrière et que j'ai pu réaliser mon rêve de travailler pour le National Geographic.

J'étais donc rentrée à la hâte à New York pour repartir pour Paris. J'étais dans ma lecture du dossier de presse de l'exposition quand mon voisin eu la bonne idée de renverser son café sur mes documents. En plus de m'avoir bercé par ses doux ronflements les trois quart du vol. C'est énervée que j'envoyais un mail au commissaire d'exposition pour qu'il m'envoie le dossier par mail.

Une fois arrivée à Paris, mon patron m'avait réservé une chambre à l'hôtel Meurice. Un palace parisien de style néo-classique haussmannien. Je n'avais pas l'habitude d'être aussi bien traitée et même si nous avions un budget confortable, je doute que l'on puisse se permettre un hôtel cinq étoiles sur la rue de Rivoli, à deux pas de la place Vendôme. Je me demandai si ce n'était pas un coup monté par ma meilleure amie qui avait du dire à sa mère que j'étais à Paris. La mère de Leah était une grande journaliste dans le domaine de la haute-joaillerie et horlogerie. Elle devait connaître énormément de gens et ses articles sur les nouvelles collections faisaient toujours mouche. J'adorais Sue, on ne se voyait pas souvent mais quand je revenais de mes reportages, je trouvais toujours le moyen de la voir. J'espérais d'ailleurs la voir à l'exposition, si quelqu'un devait y être invitée c'était bien elle. Une fois dans la chambre, je relus une dernière fois le dossier de presse, je laissais mes yeux vagabonder sur les quinze pages. J'appris sans surprise qu'Aro Volturi était un des commissaires scientifiques et de l'exposition, vu sa place de directeur de la galerie de minéralogie et de géologie, il était tout naturel qu'il y soit. Le deuxième ne m'était pas inconnu, de nom en tout cas, je ne l'avais jamais rencontré mais son nom courait un peu partout ses derniers temps. Il était professeur gemmologue touche à tout. Apparemment il excellait pour dénicher des pierres merveilleuses et de nombreux cabinets, laboratoires, musées, demandaient son expertise. Je me demande si il était à la hauteur de sa réputation. Je savais qu'Aro ne s'entourait que des meilleurs mais Edward Cullen était aussi le fils du talentueux Carlisle Cullen et d'Esmée Cullen qui était considérée comme une créatrice de montre et de bijoux hors pair. Il me semblait avoir lu quelque part qu'elle avait commencé par une carrière de lapidaire et de diamantaire. Leur fille travaillait chez Van Cleef & Arpels, justement la maison qui collabore pour cette exposition. J'étais un peu dubitative quand à la légitimité du professeur Cullen. Je veux bien qu'il ait un certain talent mais pour le moment, il me semblait bien pistonné. J'attendrai de voir sur place si l'homme est aussi doué que les bruits de couloir le disent.

En sortant de l'hôtel, je manquais de me faire renverser par une trottinette électrique et c'est à peine remise de mes émotions qu'un cycliste m'insulta parce que je le gênais sur le trottoir. Il n'y a pas à dire j'étais bien à Paris. J'aimais bien cette ville... de temps en temps. Cette ville était charmante... Quand on faisait abstraction du peu d'effort fait par les français quand on était un touriste perdu mais fort heureusement il restait des irréductibles gaulois, qui vous donnaient un renseignement sans vous grogner dessus. Je parlais français, certes avec un accent mais je pense être tout à fait compréhensible. La circulation était quant à elle aussi chaotique qu'à New York, sauf qu'il pleuvait des noms d'oiseaux à foison ici. Je ne savais plus si il fallait marcher sur le trottoir tant les deux roues faisaient la loi.

J'étais arrivée deux jours plus tôt, pour me reposer et essayer de rattraper mon décalage horaire, puis aussi pour flâner un peu dans la ville. J'avais re découvert des quartiers que j'appréciais, d'autres qui étaient avant plutôt à craindre étaient devenus des quartiers populaires prisés par des bobos. Je me rendais place des Vosges, puis redescendait vers le Marais. J'écoutais de la musique tout en m'asseyant à une terrasse, sirotant un bon café crème. J'envoyais un message à mes parents pour leur dire que j'étais bien arrivée et à mon frère un selfie devant la pyramide du Louvre. C'était très cliché mais je voulais le faire rouspéter. Il adorait Paris. Mon frère, Emmett, est mon cameraman, il est aussi vidéaste. Il a une carrure de garde du corps mais il a un cœur en or. C'est un gamin dans un corps d'Action Man en fait. Un de ses passes temps favoris est de m'embêter. Je crois que ça rassure ma mère de le savoir près de moi quand je pars loin pour les reportages et jamais je ne l'avouerai mais ça me rassure aussi. Parfois, quand on associe famille et travail, cela dégénère mais avec nous, on est plus productifs à deux Swan qu'à un seul. Il avait été appelé pour un autre documentaire, il lui restait encore deux ou trois mois avant de rentrer.

J'appelais en fin d'après-midi Leah, en raccrochant, je lui avais promis de lui rapporter une paire de chaussures de créateur. J'avais levé les yeux au ciel, ne comprenant pas pourquoi elle ne se les achetait pas à New York. Elle avait rigolé en disant que c'était «Paris». Phrase complètement évasive pour moi. Pour moi Dior restait Dior, qu'il soit à Paris, New York, Tokyo ou que sais-je. Elle s'était gentiment moquée de moi en me disant qu'heureusement je n'avais pas choisi la mode comme passion. J'aimais les créateurs, enfin Yves Saint Laurent, pour ses magnifiques tailleurs, mais je trouvais que Chanel était pour les vieilles femmes, mis à part pour le maquillage, pour Hermès, je pensais qu'il fallait monter à cheval pour pouvoir porter leur collection, ce qui désespérait ma meilleure amie. Je lui disais que j'avais des chemises de créateurs mais j'aimais que ça soit discret. De toute façon quand je n'étais pas au travail, j'étais toujours dans des tenues très casual, je n'allais pas traîner dans des gisements avec une robe Prada! Sinon pour le bureau, j'avais souvent un tailleur pantalon. Le reste du temps, comme maintenant, j'étais en jean noir troué sur un genou, des baskets et un t-shirt dont je roulais un peu les manches. Les journées étaient encore douces pour un mois de septembre.

Je regardai ma montre, j'avais encore le temps de me promener un petit peu avant de rentrer à l'hôtel me changer, j'appellerai ensuite un taxi pour me rendre au jardin des plantes. Cela m'éviterait de prendre le métro. J'avais aussi eu Sue au téléphone, elle m'avait donné rendez-vous à l'entrée, pour que l'on puisse découvrir l'exposition ensemble, elle m'avait dit que c'était elle qui avait fait l'interview à la première page du dossier de presse et qu'elle avait hâte d'y être. A vrai dire, je n'avais pas hâte de rencontrer mes confrères journalistes, j'étais surtout très curieuse de voir comment ils avaient mis en scène tout ça. Et j'avais aussi hâte de voir si le professeur Cullen était à la hauteur de mes attentes. Il ne devait pas m'impressionner ou quoi mais c'était un peu l'impression comme quand on vous parle d'une série et quand on la regarde, elle n'est pas si bien que ça. C'est un peu l'effet «surcoté» qui me chiffonnait. Je ne le reverrai sans doute jamais mais c'était l'occasion de rencontrer un homme de talents. Et puis ça sera l'occasion d'avoir un peu de savoir d'Aro Volturi, c'était un puit de science. C'est d'un pas décidé que je montais dans le taxi.

Il faisait à peine nuit quand j'arrivai, les jours avaient raccourcis, je voyais mes confrères se précipiter vers l'entrée, certains étaient venus visiblement pour le buffet d'après leur conversation, d'autre pour le professeur Cullen, j'avais remarqué que c'était plutôt de la gente féminine avec un physique de mannequin, le genre à glousser, comme ma collègue Jessica Stanley d'ailleurs. Je fis quelques signes de la tête à des personnes que je connaissais.

Ma tête était passe partout, j'étais quelqu'un de banal, des cheveux châtains tirant un peu vers le roux, une coupe wavy au carré jusqu'aux épaules, je portais un tailleur Givenchy noir avec des manches trois quart. J'avais pris la liberté de porter un haut fin en dentelle dessous. Je me disais qu'un chemiser serait de trop. J'avais aux pieds des escarpins noirs Chanel, simple mais efficace. Sue me prit dans ses bras en arrivant, me complimentant sur ma tenue et sur ma paire de boucle d'oreilles, j'avais opté pour le modèle «Dior à Versailles», en or blanc et rose. Des diamants entouraient une émeraude, une de mes pierres préférées. Quelques diamants qui complétaient le nœud de la boucle d'oreille étaient entourés d'argent noirci et de platine. Sue était aussi superbe dans sa robe rose pâle. Elle m'avait chuchoté qu'il fallait faire honneur aux couleurs et que c'était l'occasion de sortir ses atouts, elle parlait de sa parure de saphirs, la collection « Chandelier» de Chopard ... M'avait-elle dit en me faisant un clin d'œil. Sue me faisait rire, elle était à la fois espiègle et redoutée. Peut-être que c'était parce qu'elle m'avait vu grandir que je n'avais jamais eu peur d'elle mais d'après mes collègues, c'était une genre de «Miranda Prestly», dans le diable s'habille en Prada. Avec ses origines amérindiennes et ses cheveux bruns comme le charbon, son âge n'altérait en aucun cas son charme ravageur. Leah et moi, on s'était bien gardées d'aller vérifier. C'est bras dessus, bras dessous, que l'on descendait l'escalier menant à l'exposition « Pierres Précieuses».


C'est fini pour ce chapitre mais le prochain est déjà prêt et... Je n'en dis pas plus !

Il y a encore peut-être des fautes, j'ai essayé de corriger le plus possible... J'espère que le chapitre vous plaira et que vous m'en direz des nouvelles.