Bonjour!
J'espère que tout le monde va bien, nouveau chapitre, nouvelle lettre, nouvelle pierre! Il restait des pierres en "b", mais j'aime en choisir d'autre au gré de mes envies et des sonorités que je trouve marrante!
Petite information, un diamant rose s'est vendu exactement le 11 novembre pour 26,6 millions de dollars à Genève. Le "Spectre de la rose", baptisé d'après le ballet russe; il a en effet été découvert en Iakoutie, dans le nord-est de la Sibérie. Il fait 14.83 carats. Un an de travail et une dernière enchère par téléphone, la maison Sotheby's détient encore un petit record pour un diamant rose violacé! Cette vente survient quelques jours après la fermeture du gisement Argyle, dont je vous avais parlé :).
Et maintenant les remerciements, Gweeny, Pâquerette, Cassandre, Sombre-Ligne, Mane-Jei, la Ch'tite Emerdeuz, merci pour vos reviews, vos petits mots gentils et si j'ai pu vous donner envie d'aller à l'exposition ou même si vous avez été transportées, j'en suis ravie!
Une inconnue: Je suis contente d'avoir pu te charmer un petit peu! Pour ce qui est d'Emmett, il va arriver, pas tout de suite mais il sera là! Môsieur se fait désirer, il est sur un autre tournage. Merci pour ta review et je vais essayer de continuer à transformer l'essai!
Niru: Merci pour ta review, le lexique sera toujours au rendez-vous!
Guest sans nom: Je te confirme bien, le site a déconné et du coup tu as du lire deux chapitres d'affilés... J'ai eu un petit peu peur en lisant ton commentaire, je me suis dit littéralement "merde si c'est prévisible ça me fait chier" lol mais merci pour ta review! Le tatouage de Bella n'est pas du tout une émeraude, c'est un vrai tatouage circulaire représentant un paysage forestier. C'est mon côté "j'aime la nature" qui ressort! Je n'ai pas trouvé ta remarque hautaine, c'est vrai que parfois je me casse la tête à tout bien détailler mais je ne sais pas faire autrement, alors je préfère faire de longues, très longues introductions pour expliquer. En tout cas, je ferai attention à ton œil aguerri si je fais un voyage littéraire vers l'Asie du Sud-Est ;). Et pour répondre à ta question, non Edward n'a pas eu une déception amoureuse, seulement il est passé d'un métier à un autre et pas mal de journalistes ont pensé qu'il n'était pas légitime alors il est continuellement en train de prouver qu'il mérite cette place.
Le prochain chapitre se fera dans les temps, je l'espère mais je vous préviens d'un petit retard éventuel de deux jours, par précaution même si je pense le corriger à temps! Je viens de penser que j'avais encore des choses à changer dans le prochain chapitre lol. Sinon pour vous dire que l'écriture se passe plutôt bien, je me suis arrachée des cheveux pour le chapitre neuf et pas mal de fois je me suis demandée dans quoi je m'étais embarquée, ce qui est normal maiis vous saurez pourquoi je vous dis ça dans les prochains chapitres! Ne brisons pas la surprise ça serait dommage!
Vous retrouverez un lexique en bas de cette page! J'ai détaillé ce que j'ai jugé bon de l'être.
J'espère que le site ne va pas déconner, sinon vous avez toujours l'application ou la patience ! Bonne lecture et puis on se retrouve en bas :)
Prenez soin de vous, des autres, souriez, commentez et lisez! Par ces temps tout bizarres, c'est le plus important de s'évader!
Chapitre 5: Chrysocolle:
J'étais rentré à l'appartement depuis un moment et pourtant je n'arrivais pas à me calmer, cette journaliste Swank m'avait énervé. Je reconnaissais qu'elle avait de la répartie, quand elle arrivait à aligner trois mots et puis même si à un moment donné j'avais un peu d'estime pour elle car elle avait su me planter après mes remarques quelque peu... désobligeantes, je l'avais retrouvé près du buffet à savourer sa coupe de champagne. Je voulais lui montrer que malgré ses mots, elle se trouvait exactement là où je pensais et que finalement elle était comme tous les autres. Cela m'avait étonné quand elle m'avait dit travailler pour le NatGéo, j'avais beaucoup de respect pour cette revue et pour leur documentaires, ils étaient toujours bien écrits et réalisés, j'avais pas mal participé à leur articles et quelques fois, j'avais pu donner mon expertise pour des documentaires.
J'avais appris auprès de scientifiques de renoms, c'est pourquoi j'étais étonné qu'une simple journaliste puisse y travailler. Ma foi, c'était facile à vérifier. J'étais assis tranquillement sur le canapé, perdu dans mes pensées, j'avais eu le temps de me changer et de donner ma chemise à nettoyer, j'avais aussi envoyé la note de nettoyage à cette journaliste, d'habitude je n'étais pas un goujat mal élevé mais elle m'avait énervé alors elle récoltait ce qu'elle avait semé. J'étais content qu'Alice ait des nettoyeurs à disposition, cela m'avait toujours étonné d'ailleurs, je me fis la note mentale de lui demander pourquoi elle avait besoin d'un service de nettoyage de jours comme de nuit.
En parlant du loup, je l'entendis poser ses clefs dans l'entrée.
— Hey petite sœur!
— Salut Edward. Elle me prit dans ses bras pour me saluer.
— Je n'ai pas eu l'occasion de te voir à l'exposition!
— C'est normal, tu étais trop accaparé de tous les côtés, Monsieur le Professeur a fait tourner plus d'une tête ce soir! Ria ma sœur.
— Tu dis n'importe quoi, ils voulaient surtout parler aux directeurs!
— C'est ça à d'autres! On ne tarie pas d'éloges sur ton travail. D'ailleurs l'exposition est fa-bu-leu-se! S'écria t-elle en se servant un jus d'abricot.
— Je suis content qu'elle te plaise, mais tu savais déjà dans les grandes lignes à quoi elle allait ressembler, tu es venue vérifier le parcours!
— Et alors? Même si on connaît les choses, cela n'empêche pas d'être émerveillé, regarde toi, tu connais les émeraudes et pourtant, quand tu en vois une, tu es comme un enfant un matin de Noël.
Je repensais aux boucles d'oreilles de la journaliste, c'était le modèle «Salon de Diane» de la collection Dior à Versailles. Victoire de Castelane, la directrice artistique avait plusieurs fois mis en avant Versailles dans sa collection, la première année, c'était les détails architecturaux, les dorures ou autres pampilles des lustres qui avaient délicatement été transformés en bijoux, l'année suivante, la maison qui sait promouvoir les trésors français tant du côté de la haute couture que du côté de la joaillerie avait décidé de montrer sa vision des jardins à la française. Avec sa dernière collection, le Versailles secret, faite de passages dérobés et de boudoirs cachés, la collection était merveilleuse. Toujours aussi féerique comme le voulait la directrice. Ses collections, comme un triptyque mettaient en avant le Versailles solaire, Victoire de Castellane était définitivement une grande créatrice. Je l'avais rencontré à plusieurs reprises et j'aimais nos conversations. Je me reperdis dans mon souvenir des boucles d'oreilles, elles soulignaient parfaitement les traits fins de cette journaliste et à regret, je devais reconnaître qu'elle avait bon goût, ces émeraudes étaient magnifiques, les boucles d'oreilles retombaient délicatement. Elle les avait bien mise en valeur car elle avait relevé ses cheveux.
— Edward tu m'écoutes?
Je clignais des yeux pour me reconnecter à la réalité.
— Tu disais? J'étais perdu dans mes pensées...
— Visiblement oui, tu avais complètement l'air ailleurs... Bref je te disais que je déambulais dans les couloirs de l'exposition... Surtout vers les rubis en fait... - Je souriais, ma sœur est les rubis c'était une grande histoire d'amour... - Et je suis tombée sur Isabella Swan!
— Je ne la connais pas.
— Edward tu habites dans une grotte? Elle est exploratrice pour le National Geographic. Elle a été primée pour son reportage qui dénonce le trafic des pierres précieuses malgré le Processus de Kimberley.
Je commençai à ouvrir la bouche pour répondre.
— Ne commence pas Edward, je sais que tu fais partie des personnes remettant en cause l'efficacité du processus.
— C'est bien normal Alice, même si le Sierra Leone est derrière nous, tu ne peux pas nier qu'il y a des conditions d'extraction qui remettent en doute la question de leur rôle dans le financement de régimes totalitaires. Tu sais comme moi la place de la République centrafricaine, surtout devant l'émergence de Dubaï comme concurrente à Anvers et de la Chine comme nouveau marché. Le processus a mal vieilli et n'a pas évolué alors que le monde du diamant, lui, a changé.
— Tu as raison surtout que Dubaï ne contrôle pas strictement la provenance des pierres...
— Bien entendu parce que généralement, c'est la négoce de pierres brutes qui est contrôlé en laissant de côté les gemmes taillées et polies!
— MAIS, tu ne peux pas nier que le processus a apporté une certaine transparence dans ce milieu opaque...
— C'est certain. Et même si il est réformé, il faudra faire face au défi des risques environnementaux. Soupirai-je.
— En tout cas, tout ça pour dire que j'ai rencontré la réalisatrice, elle est adorable! Je pensais tomber sur une scientifique un peu taciturne et grognon... Tiens comme toi! Se moqua ma sœur pendant que je grognais. Mais elle est très gentille.
— Tu as de la chance, j'ai rencontré une espèce d'incompétente, une certaine Irène Swank, elle doit à mon avis raconter des bobards, elle m'a dit travailler pour le National Geographic.
— Peut-être qu'elle se vantait...
— Sans l'ombre d'un doute, elle a passé la soirée à faire la pique-assiette.
— Alala, tous les journalistes ne sont pas comme ça et tu le sais mais tu es tellement archaïque et terriblement têtu.
— Ce n'est pas ma faute, je suis un scientifique et j'aime quand les reportages ou les articles sont épaulés par des faits scientifiques et quoi de mieux qu'un scientifique pour le faire?
— Tu serais étonné de voir le travail d'Isabella, ses reportages sont très bien !
— Oui peut-être enfin c'était pour de l'investigation, pas besoin d'avoir des connaissances en gemmologie.
— Tu n'es pas possible... Enfin je ne vais pas te faire changer d'avis.
— Au fait Alice, je voulais te demander pourquoi tu avais un service de nettoyage? Ricanai-je.
— Bin Edward... C'est simple, pour être parée à toutes les éventualités.
— Mais tu as genre quoi... un millier de robe et de choses à te mettre sur le dos!
— Non non non, Edward ne vient pas sur mon terrain, tu n'aimes pas que les journalistes parlent sans avoir des bases scientifiques, c'est pareil pour toi et moi concernant la mode.
— Hahaha ça n'a rien à voir, tu as des tonnes de vêtements, je suis sûr qu'une vie ne suffirait pas à ce que tu les portes tous!
— Et ta collection de cailloux, tu crois que tu les regardes tous en même temps?
— Bon d'accord tu marques un point... Grommelai-je. En tout cas merci pour le service, j'ai pu au moins nettoyer ma chemise.
— Tu vois que ça sert! Elle haussa les épaules en souriant. Je crois que l'on ne pouvait jamais rester fâcher avec Alice tant elle était joyeuse. Elle gardait toujours un sourire, sauf quand on parlait de mode.
— Je repars demain pour Londres, je dois participer à un atelier pour l'exposition demain et je repars juste après.
— Je ne t'aurai pas vu longtemps. Fit-elle avec sa moue «made in Alice»
— Tu m'as vu plus de six mois chez toi!
— Ce n'est pas pareil, on n'arrêtait pas de se croiser, sans pour autant dîner ou déjeuner beaucoup ensemble!
— Tu pourras venir à Londres! Je tentais de l'amadouer et aussi parce que je ne résistai pas à sa moue triste.
— Je viendrai pour le black Friday!
— Vraiment Alice? M'étranglai-je. L'idée de la foule que cela pouvait représenter dans les rues me terrorisait. Pourquoi un humain normalement constitué voudrait se plier à ce moment de surconsommation? Et comment ma sœur arrivait à ne pas se faire piétiner!
— Je plaisante Edward, je ne vais pas à ce genre de truc... Je commande par internet. Fit-elle pour me rassurer? Je n'étais pas certain de l'être, j'étais bien plus préoccupé par sa santé mentale!
— Tu es censé me rassurer là?
— Ne me dis pas...? Elle porta ses mains à sa bouche comme choquée par une soudaine révélation.
Je levai un sourcil dans sa direction, ne comprenant pas son arrêt.
— Tu n'as jamais acheté sur internet? Les parents ont enfanté un monstre... C'est ça... Cela ne peut-être que ça!
Je riais face à l'absurdité de ses propos.
— Je commande sur une application pour me faire livrer des repas! Me défendis-je.
— Génial Edward, bienvenue dans le XXI ème siècle. Répondit ma sœur d'une voix monotone.
— Ahem, passons ce sujet de discorde...
— Je suis d'accord avec toi! Tiens tu as vu cet article, il fait un tour d'horizon sur les diamants les plus extraordinaires.
— Tiens en parlant de diamant, tu as vu que Tanya a fait une sacrée vente à Hong Kong...?
— Non...?
— Couleur D, Internally Flawless 102.39 carats! Magnifique, pour une fois, Sotheby's a levé le prix de réserve.
— On sait qui l'a acheté?
— «Un mystérieux collectionneur» mais il n'est pas à son premier coup d'essai, il a déjà acheté l'année dernière un diamant de 88 carats.
— Il est parti pour combien?
— Le «Maiko Star» s'est envolé pour presque 15.7 Millions! Je lui montrai les photos de la pierre brute ainsi que du diamant taillé.
— Il est splendide... Tu as une idée de ce mystérieux collectionneur?
— Cela peut-être tout le monde, de nos jours des hommes d'affaires, des magnats du pétrole... C'est à la portée de tout le monde.
— Oui enfin tout le monde qui dispose de 15 millions... Ria ma sœur.
— C'est pas faux... Mais tu vois ce que je veux dire. Enfin en tout cas, montre moi ton article?
— Ha oui regarde! Elle me tendit sa tablette pour que je puisse regarder l'article.
Le journaliste avait signé I.S. pour Vogue et présentait vingt-neuf diamants. Leurs noms ne m'étaient pas inconnu, j'avais estimé pas mal d'entre eux. L'article était bien fait, il présentait sobrement la pierre taillée avec une petite légende. Pour en citer quelques uns , on retrouvait le Pink Legacy, 18.96 carats, Le Pink Promise, 10 carats et 32 Millions, je me souviens qu'il avait été vendu chez Christie's. Il y avait le fameux Lesedi La Rona de Graff, le diamant brut le plus large du monde, et de 1109 carats... Il y avait aussi le magnifique diamant Oppenheimer, 14.62 carats qui avait été adjugé presque 58 millions et avait battu le record chez Christie's. Il était de taille émeraude et baptisé au nom de l'ancien propriétaire. Je l'avais d'ailleurs estimé, ainsi que le Delaire Sunrise, un diamant jaune de 221.81 carats, trouvé en Afrique du Sud, il avait fallu un an de travail pour obtenir une taille émeraude parfaite. Il y avait évidement le Pink Star, je me souvenais de ce diamant de 59.60 carats qui avait déferlé la chronique. Je l'avais estimé et... J'étais ébloui, je n'aime pas vraiment les diamants roses, mais celui là, avec sa couleur «fancy vivid pink», déjà quand ceux-ci ne pèsent seulement 5 carats c'est une prouesse d'en trouver un mais près de 60... C'est un trésor naturel, que j'avais pu voir de mes propres yeux. L'histoire qui allait avec n'était pas commune, je me souvenais qu'il avait été découvert en 1999 et qu'il avait fallu deux ans de taille pour révéler ce diamant. Il avait une première fois été vendu aux enchères dans les locaux de Sotheby's Genève, un diamantaire new-yorkais remporte l'enchère pour près de 83 millions de dollars, c'est là que le rebondissement eut lieu, c'est que l'acquéreur avait fait défaut, ne pouvant pas le payer, c'était la première fois que ça arrivait. Finalement, il a été remis en vente quelques années plus tard, et en cinq minutes, il partit pour 71 millions à Hong Kong, après que la maison Sotheby's l'ait racheté pour le revendre.
Je finissais de lire l'article qui était tout en sobriété. Il n'y avait étonnement pas de superflu, les 29 diamants étaient présentés de façon brève et les photos étaient très bien choisies pour attirer l'œil.
— Il est pas mal...
— Comment j'ai mal entendu? Tu aurais fait l'éloge d'un article non scientifique?
— Un éloge,-je riais - tu y vas un peu fort non?
— Non Edward, c'est un éloge, tu as dit «pas mal».
— Ma foi c'est vrai, je ne sais pas qui l'a écrit mais c'est propre.
— C'est propre... Elle s'approcha à quelques centimètres de mon visage, je tressaillis légèrement.
— Enfin Ali qu'est ce que tu fais? M'étonnais-je.
— Je regarde si c'est bien toi ou si un alien a pris ta place. Dit-elle, j'attendis quelque instant, qu'elle rigole ou je ne sais pas... Finalement, quand je m'aperçu qu'elle était tout à fait sérieuse, je la repoussai gentiment.
— Je suis tout à fait normal, je ne suis pas non plus un mufle qui ne sait pas reconnaître quand un article, non scientifique, comme tu dis, est plutôt bien écrit. Ce n'est pas parce que je n'aime pas les journalistes qui s'intéressent à la joaillerie sans s'y connaître, que je dénigre tous les journalistes, regarde les photoreporters, ou les journalistes d'investigation, je n'ai rien contre eux. Ils ont tout à fait compris le rôle d'informer. Et de ne pas écrire des bêtises. C'est le fait qu'ils ne s'intéressent plus à ce qu'ils écrivent et qu'ils cherchent à faire du sensationnel ou du «clic» qui me dérange.
— Je comprends ce que tu dis... Mais de là à les critiquer tous dès qu'ils n'ont pas une base scientifique... Tu y vas un peu fort!
— Ce n'est pas toi qui les écoute déblatérer sur leur âneries! Un journaliste, une fois m'a demandé ce que c'était un diamant brut!
Ma sœur ria.
— Je suis très sérieux, ou alors une autre m'a dit que c'était impossible que le saphir soit d'une autre couleur que bleu!
L'hilarité de ma sœur augmenta.
— Cela te fait bien rire à ce que je vois mais pas moi!
— Edward, c'est tellement grotesque que tu ne devrais même pas relever, mais tu t'entêtes à vouloir éduquer les gens, c'est normal aussi que tu les trouves tous ignares.
— Je sais, je sais, tu n'es pas la première à me dire que je devrai baisser mes critères.
— Faute avouée à demi pardonnée, tu es sur le chemin de la rédemption mon frère. Se moqua ouvertement ma petite sœur. Je secouai la tête de désespoir, Alice restera Alice mais c'est avec un petit pincement au cœur que je partais. C'est vrai que je m'étais habitué à sa présence, même si on ne se croisait pas beaucoup, le peu de temps que l'on passait ensemble était toujours joyeux.
— Tu vas travailler?
— J'ai reçu des photos de boucles d'oreilles à expertiser.. Éludai-je rapidement, perdu dans ma concentration.
— Elles sont superbes! S'écria ma sœur qui était passée derrière moi pour regarder au dessus de mon épaule.
— Je te présente, «l'Apollo Blue» et «l'Artémis Pink», Fancy Vivid Blue de 14.54 carats pour Apollo et Fancy Intense Pink de 16 carats pour Artémis. Taille poire, je pense qu'elles partiront pour un bon prix.
— Tu les certifies pour le GIA?
— Oui initialement, ça aurait du être des lots séparés, elles étaient à l'origine montées en bague.
— C'est bien de les avoir réunis, je crois que les voir portées me ferait le même effet que de voir des yeux vairons...
— Je vois ce que tu veux dire, ce charme un peu dérangeant?
— C'est tout à fait ça! En tout cas, c'est magnifique! Tu vas les voir en vrai?
— Normalement il y a des experts qui vont le faire et je dois seulement donner mon avis...
— Tu es un consultant très demandé alors!
— Je suis plutôt... populaire! Je remettais mes cheveux en arrière pour la faire rire.
— Je vais commander à dîner, on se regarde une série après?
— D'accord pas trop tard, j'ai l'atelier et mon vol demain... Répondis-je sans lever les yeux de mon ordinateur. J'entendais ma sœur s'afférer autour de moi.
On passa une fin de soirée agréable, elle continuait de me parler de ses projets pour sa collection, j'écoutais profitant de l'instant. J'étais un peu nostalgique du temps où mes sœurs et moi étions tous le temps ensemble. Puis je me souvenais de l'horreur de les accompagner faire du shopping et ça me remettait les idées en place, c'était radical!
— Tu étais encore parti dans tes pensées? Demanda timidement Ali.
— Et bien... je pensais au bon vieux temps! Répondis-je en me grattant l'arrière du crâne, un peu gêné.
— Ça me manque aussi de ne pas traîner avec Rose et toi...
— Comment tu fais ça? Je la regardai étrangement.
— Comment je fais quoi? Ria-t-elle en buvant sa tisane.
— Ça... Ton truc de lire dans les pensées!
— Hahaha, je ne lis pas dans les pensées Edward! Qui fait ça? Je ne suis pas une voyante ou je ne sais quoi!
— Tu pourrais être un vampire! Je plissais les yeux, joueur, j'essayais de voir ses failles.
— Et puis quoi encore! Éclata de rire Alice. Je suis juste comme toi, un peu nostalgique de ne pas vous avoir près de moi. Répondit-elle plus sérieusement.
—Bien... Sur ces belles paroles je vais me coucher. Je me levai tout en m'étirant.
— Enfuis toi c'est ça mais je le sais que tu as un cœur au fond de ta carapace! S'écria ma sœur tandis que je marchais tout en me bouchant les oreilles. J'esquivai au passage un coussin qu'elle avait tenté de me lancer.
Je riais encore en me brossant les dents. J'adorai faire enrager ma petite sœur. Je vérifiai quelque mails avant d'aller me coucher.
Je me réveillai un peu groggy le lendemain, je n'avais pas réellement besoin de beaucoup de sommeil mais j'avais eu du mal à trouver le trouver cette nuit, je m'étais beaucoup réveillé dans la nuit pour finalement renoncer à mon repos, j'avais profité alors pour finir de préparer ma conférence.
Après ma douche, j'enfilais mon intemporel costume trois pièces en tweed, j'avais opté pour du gris clair. Je regardai une dernière fois ma montre à gousset avant de la remettre dans la poche du gilet. C'était une montre que m'avait offert Rosalie pour mon anniversaire. J'essayai de dompter mes cheveux, ce qui était peine perdue puis après un dernier coup d'œil dans le miroir, je descendais dans le salon où m'attendait Alice. Elle me regardait avec un oeil appréciateur, avant de lever les yeux au ciel en soupirant après avoir regardé ma barbe.
— Bonjour petite sœur!
— Tiens encore l'homme des cavernes, où est donc passé mon frère, qui n'avait pas plus d'une barbe de trois jours, une semaine tout au plus...
— Je dois avoir des origines Viking! Je me servais un café avec un jus d'orange tout en croquant dans une tartine.
— Edward, tu as des assiettes!
— Nianiania tu as ton robot aspirateur!
— Et alors, tu peux tout à fait manger à table au lieu de grignoter debout en émiettant ta tartine!
— Que tu es maniaque!
— Et toi tu ne l'es pas assez! En plus regarde, tu te mets des miettes partout dans ta barbe!
— Ce n'est pas grave, ça me fera mon casse croûte pour le déjeuner! Ricanai-je.
— Tu... Argh tu es dégoûtant!
Je m'époussetais tout de même, histoire d'être un minimum présentable pour ma conférence.
— Tu es très élégant...
— Oh un compliment, venant de la maniaque de la mode! Cela me va droit au cœur!
— Raaah que tu m'énerves dès le matin!
J'embrassai le sommet de sa tête.
— J'en profite un petit peu avant de repartir.
— On se voit pour déjeuner?
— Mmmh, je n'aurai peut-être pas le temps, je t'envoie un message quand j'ai fini la conférence!
Je partais vers le Muséum, il était encore un peu tôt, cela me permit de visiter l'exposition «Trésors de la Terre» avant de me rendre dans l'amphithéâtre. J'y retrouvai Aro, qui devait être mon binôme pour la conférence.
— Bonjour maître!
— Bonjour professeur! Me répondit-il en souriant.
— Tu as tes petites fiches?
Mon mentor s'étouffa, tout en secouant la tête.
— Je suis habitué à donner des conférences, n'oublie pas que je donne des cours à l'Ecole des Arts Joailliers!
— Et alors, je m'inquiète pour ta mémoire, comme tu n'es pas tout jeune... D'ailleurs, tu as déjà préparé ta place dans la Grande Galerie de l'Evolution? Je te verrai bien à côté des primates!
— Je me demande comment Eleazar te supporte...
— C'est parce que je suis talentueux!
— Ce n'est pas l'humilité qui va t'étouffer toi !
On riait encore un peu, c'est vrai que j'avais toujours été impertinent avec lui, mais je le connaissais depuis toujours et il savait que j'avais énormément de respect pour lui.
Les personnes ayant réservé pour la conférence commençaient à arriver. Il y avait des jeunes, probablement étudiants, des plus âgés, la conférence était ouverte à tous, l'entrée était ouverte à tous, ce qui faisait que l'amphithéâtre était rempli à ras bords. On attendit que les vigiles ferment les portes pour commencer.
— Et bien bonjour à tous - il balaya la salle du regard - Je suis ravi de vous accueillir et je dois vous dire que si vous étiez aussi nombreux pour mes cours, je serai aux anges! Clama Aro, sous les rires de l'assemblée. Je ne vous présente plus le Professeur Cullen, vous devriez pour la plupart le connaître aux vues de son talent, pour ceux qui habitent dans une grotte depuis ces dernières années, voici mon élève, qui n'a pas encore j'ose espérer dépasser le maître, le professeur Cullen, qui nous prête un peu de son temps précieux.
— Merci pour cette présentation, n'ayez pas d'inquiétude, je n'ai aucune vue sur votre poste de directeur, - Encore des rires - tout fois, je vous remercie de m'avoir invité à collaborer avec vous pour l'exposition et d'avoir pensé à mes fins de mois en me proposant cette conférence. Répondis-je en souriant.
— Vous serez, croyez moi, payé rubis sur ongle, maintenant que nous avons un contrat devant témoins, pouvons nous commencer professeur?
J'aimais beaucoup nos joutes verbales, on était un bon duo et c'était très agréable d'être sur la même longueur d'ondes que son mentor. Je prenais un ton plus sérieux en enclenchant la projection derrière moi.
— Tout d'abord, bienvenue à tous, merci d'avoir fait le déplacement pour cette conférence, nous avons à cœur de transmettre un peu de notre savoir et surtout de partager avec vous tous notre passion pour les belles pierres.
— Quand il s'y met, c'est une vraie pipelette, Edward, je te rappelle toute fois, que la conférence ne dure que deux heures!
— Très bien, nous vous emmenons à la poursuite du diamant bleu, notez la ressemblance d'Aro avec Michael Douglas... Ce diamant fût rapporté du gisement Kollur en Inde, en France par le négociant Jean-Baptiste Tavernier qui l'acheta en 1668 et le vendit au Roi Soleil, qui anobli Tavernier pour le remercier de lui avoir fourni une si belle pierre. Taillé par Piteau, le diamant brut de 112,5 carats passa à 67,5, pour que le roi puisse le porter. Il lui a fallu deux ans de croquis pour le dessiner et deux ans de plus pour réaliser la taille de ce diamant, il y aura à la fin 78 facettes. Si bien, que chaque facette reflète la lumière de l'autre, et la double symétrie à l'intérieur du diamant renvoie la lumière vers la personne qui l'a regarde. On l'appela ensuite le « Diamant Bleu de la Couronne». Pour rappel, à cette époque, les diamants de couleur n'ont pas cet attrait que l'on a pour eux, on peut dire que Louis XIV était un précurseur de la gemmologie moderne. Le diamant a été volé à la révolution, lors du cambriolage du garde-meuble national en septembre 1792.
— Le garde-meuble étant maintenant l'Hôtel de la Marine. Ajouta Aro.
— Le diamant quitta la France pour l'Angleterre, les voleurs voulaient retailler la pierre pour qu'elle puisse être plus facilement vendue. C'est pourquoi on perdit sa trace jusqu'en 1812. C'est ainsi que notre légende du diamant Bleu prend tout son sens, en croisant la route du diamant Hope. Vous le connaissez peut-être car se trouve au Smithsonian Institute de Washington. Le diamant Hope est associé à une terrible malédiction, cette réputation est due au fait que plusieurs de ces propriétaires ont connu des fins tragiques. La malédiction des trois D, Death, Debt, Divorce. La légende voudrait que le diamant cause ainsi deux des trois D, la mort et la dette. En 1830, la pierre a été vendue au banquier Henri Philip Hope qui lui donne son nom. On raconte que tous les héritiers de la pierre moururent de façon tragique. Vous allez me demander pourquoi je fais cette parenthèse avec le diamant Hope, après énormément d'hypothèses, il a été prouvé que le diamant Hope et le diamant Bleu de la Couronne sont tout bonnement, les mêmes.
— Le Hope étant le résultat de la taille après le vol de 1792. Il a été la propriété de Pierre Cartier, le fils du célèbre joaillier puis du milliardaire Ned.B. McLean, héritier du journal familial le «The Washington Post», pour l'offrir à sa femme Evalyn Walsh McLean qui souhaitait posséder toujours plus de bijoux. Puis le dernier acquéreur Harry Winston, l'offrit au Smithsonian. Continua Aro. Les légendes vont bon trains après, Louis XV récupéra le joyau, puis Louis XVI et Marie-Antoinette en héritèrent, les folles rumeurs disent que la malédiction qui avait déjà sévi en Inde lors de son extraction, avait refait des ravages et, était responsable du funeste destin de Louis XVI et sa femme...
— C'est à cause de ces rumeurs, que Evalyn Walsh McLean rajoute une clause à son contrat, que si dans les six mois suivant la transaction, un malheur arrive à la famille McLean, Cartier s'engage à remplacer le bijou. Ce qui ne va pas l'empêcher de porter le bijou constamment, elle organise même des garden party «Find The Hope», cachant le diamant dans ces jardins, les invités avaient pour rôle de le retrouver. Elle le fit aussi porter par son chien. Le fils d'Evalyn meurt renversé à neuf ans par une voiture, on y retrouve dans sa poche le diamant intact, son mari devient alcoolique et s'enfuit avec une jeune femme, plus tard, leur fille de 25 ans meurt d'overdose, Evalyn en perd la raison et finit internée jusqu'à sa mort.
— Comme vous pouvez le constater, le diamant suscite fascination, crainte, mais surtout, les 7 millions de visiteur annuels ne se sont jamais plaints de la malédiction!
— J'aurai aimé vous raconter d'autres légendes, je vais laisser la parole au professeur Volturi, qui va vous expliquer comment avec son équipe il a pu reconstituer le fameux diamant Bleu de la Couronne initial. Avant toute chose, avez-vous des questions?
— Est-ce que le diamant a un lien avec le «cœur de l'océan»? Demanda une jeune fille.
Je souriais.
— Je crois que c'est une des questions que l'on m'a le plus posé à ce sujet. On peut dire que James Cameron s'est inspiré du diamant Bleu de la Couronne et non pas du Hope. Donc non, le Hope ne gît pas au fond de l'océan, le «Coeur de l'océan», lui, seul Rose pourrait nous le dire! Je fis un petit clin d'œil.
— Pour bien vous expliquer la reconstitution, je dois vous parler de la Toison d'Or, le grand insigne de Louis XV qui disparu en septembre 1792. La parure, - Il montra sur l'écran la gravure peinte et à droite la Toison d'Or reconstituée en gemmes de synthèse - a été conçu en 1749 par Pierre-André Jacqmin, cette pièce fut l'objet fondateur de la haute joaillerie parisienne. En son centre se trouvait le plus imposant des diamants bleus et était «gardé par un dragon sculpté délicatement dans un spinelle par Jacques Guay, favori de la favorite, la Pompadour. A Genève, une gravure inconnue de la Toison apparue alors que je retrouvai au Muséum l'unique moulage connu du diamant.
— Le moulage est une empreinte de gemme faite par un lapidaire qui ne peut pas garder les grandes pierres trop onéreuses à des fins pédagogiques et de documentation. Les moulages étaient faits de plomb, puis de plâtre, de nos jours, ils sont fabriqués en résine. Ajoutai-je en montrant le moulage à l'écran.
— C'est à ce moment là, qu'une enquête scientifique en amène à une autre, la première enquête consiste à départager deux adversaires se réclamant être l'avatar du diamant bleu français, les premiers, le clan russe qui revendique la paternité à travers du diamant Terestchenko de 42,92 carats et de l'autre le diamant Hope de 45,52 carats. On ne savait pas à l'époque qu'il était l'objet le plus visité au monde avec la Joconde du Louvre. Nous avons réalisé un scan laser du moulage pour obtenir un maillage, c'est à dire un ensemble 3D de polygones de face, généralement triangulaires, définissant l'enveloppe externe d'un objet. Tout cela dans le but de restituer le facettage d'origine de la gemme. Le résultat, vous l'aurez deviné, c'est le diamant Hope qui remporte haut la main la compétition, le Terestchenko étant trop allongé et pas assez large. Les voleurs de 1792 ont sauvagement raboté les coins du diamants triangulaire français pour lui donner la forme ovoïde actuelle du Hope.
Il marqua une pause en buvant un peu d'eau avant de reprendre.
— Nous avons voulu nous affranchir du virtuel et donc reconstituer le diamant «en vrai», je dois confesser que le défi était de taille... - Il sourit un peu perdu dans ses pensées - premièrement, aucun diamant bleu de ce poids n'a été retrouvé depuis 1668 et si ce minéral avait existé, le prix en aurait été... stratosphérique. En baignant le diamant aux ultraviolets et en plongeant la salle dans le noir complet, on pouvait voir un infime éclat de rouge. Nous avions opté pour de la zircone cubique dont l'oxyde de zirconium cristallisé possède les propriétés optiques sans coûter une fortune, malheureusement, aucune zircone ne possède la couleur «bleu froide», ces zircones bleues industrielles donnent systématiquement une couleur trop enrichie en rouge secondaire par rapport au bleu, la teinte absorbe aussi une grande quantité de lumière. Le constat était là, la zircone incolore est très bien pour les diamants sans couleur mais pas pour les diamants bleus. Ensuite, nous avons procédé à l'enrobage d'une nanocouche de cristaux métallique, grâce à notre collaboration avec un laboratoire new-yorkais, on a pu découvrir que l'ont pouvait ajuster la couleur afin de provoquer une couleur physique bleue désaturée de rouge. On fut agréablement surpris et soulagé de voir que le résultat était tel, qu'un gemmologue averti ne se rend pas compte de la différence entre l'original et la copie sur la base de l'observation optique.
— Maintenant que notre cher Professeur Volturi vous a assommé avec ces termes scientifiques, vous pouvez admirer la reproduction lors de l'exposition avec un œil nouveau, et profiter de ces multiples facettes, taillées autour de l'angle mythique de 41 degrés, réputé pour être le plus favorable pour la taille des diamants.
— Voilà pour terminer cette conférence, vous pouvez attendre pour que je puisse dédicacer le livre.
— J'espère que cela vous a plu et que votre passion a été rassasiée. Je souriais, puis j'allais éteindre le projecteur, tandis qu'Aro signait son livre. Il en avait préparé un tas mais face à l'engouement de la conférence, il fallait qu'il en signe d'autres. J'étais un peu fatigué, comme toujours après une conférence, je mettais tout mon cœur pour essayer d'être le plus pédagogue possible, c'était compliqué d'expliquer à des personnes qui sont venues par passion et intérêt, des choses sans trop les bombarder de termes scientifiques, le but était de les fasciner pas de les dégoûter de la matière. Quand il s'agissait d'enfants, c'était bien plus didactique puisqu'on apportait des pierres synthétiques pour appuyer notre récit.
La salle se vidait peu à peu, je sortais ma montre à gousset pour voir que l'on avait pratiquement parlé pendant deux heures et demi. J'envoyai un rapide message à Alice, pour lui dire de me rejoindre si elle le souhaitait à la Gare du Nord, on mangerait sur le pouce mais je n'avais pas énormément de temps avant le départ de mon Eurostar. J'avais dû trouver une autre solution pour mon retour, car j'étais trop pris dans la conférence, que je n'étais plus dans les temps pour me rendre à l'aéroport.
Aro me salua chaudement, en me disant qu'il avait beaucoup apprécié notre collaboration et que je ne devais pas attendre trop longtemps avant de réitérer. Je devais aussi saluer Eleazar de sa part. Je n'avais pas eu le temps de me pencher sur les critiques de l'exposition mais mon assistante avait dû déjà trier. Angela Weber était mon assistante depuis 2 ans et était devenue une amie. Elle m'avait fait l'honneur d'être celui qui devait lui trouver une pierre pour sa bague de fiançailles.
J'arrivais chez moi sous les coups de 17.00, home sweet home pensais-je. J'habitais le quartier de Shoreditch, un quartier de l'Est de Londres se trouvant immédiatement au nord de la City, il était autrefois un quartier plutôt ouvrier. Il est devenu depuis un peu plus de vingt ans un quartier à la mode, il faisait bon vivre dans ce quartier, les nombreuses galeries d'art, les bars et les petits marchés en faisant un lieu de choix.
J'étais littéralement tombé amoureux de ma maison, une ancienne imprimerie du 19 ème siècle. Le rez-de-chaussée était principalement ouvert avec un salon et une cuisine séparés par un pans de bois avec des vitraux. La cuisine était très bien organisée autour d'un grand îlot, une salle à manger et j'avais des fours piano que j'aimais tant. De la réception, on pouvait passer par une porte dissimulée, un labyrinthe comprenant un bureau, une buanderie, des toilettes d'invités, un hammam et surtout un cinéma. On montait par un escalier aux murs lambrissés vers le premier étage, je m'étais fait plaisir dans cette pièce se trouvait une bibliothèque avec de hauts plafonds et poutres en bois d'origine. La salle était inondée de lumière provenant des fenêtres à guillotine du sol au plafond. Un poêle à gaz et une cheminée étaient la seule interruption du mur recouvert entièrement de bibliothèques. J'avais incorporé dans les armoires un aquarium tropical, au bout de la pièce se trouvait une chambre d'hôtes, une baignoire sur pieds et une douche à l'italienne avec un sol en mosaïque et des murs en briques apparentes. Depuis la bibliothèque on montait par un escalier ouvert pour se rendre au deuxième étage; j'y avais ma chambre principale avec un dressing et une salle de bains. J'aimais beaucoup cette pièce qui était lumineuse grâce à la fenêtre orientée au sud. Des portes fenêtres menaient à la grande terrasse.
J'avais fait l'acquisition il y a un an du troisième étage, qui était baigné de lumière naturelle grâce aux fenêtres à ossature en acier, un balcon donnait sur un atelier d'artistes. Il y avait aussi une chambre avec une cuisinière à gaz qui me servait de chambre de lecture quand je n'avais pas d'invité. Le plus, c'est que cela donnait sur un toit terrasse avec une vue dégagée dans toutes les directions. J'aimais passer du temps là, surtout quand j'avais besoin de concentration. Cette maison avait été décorée et agencée comme un immense cabinet de curiosité, des vitrines de gemmes brutes se trouvaient par ci par là, j'avais aussi une collection de taxidermie, des crânes et squelettes surtout, les anciens propriétaires avaient laissé ça et je trouvais que ça rendait plutôt pas mal. J'avais aussi posé pas mal de verdure. C'était vraiment une maison à mon image, si je peux dire, une maison d'explorateur digne d'Indiana Jones.
J'avais aussi une cage à oiseaux d'où m'observait le mainate d'Eleazar. Je me fis la note mentale de le lui rendre. Il était bien gentil mais je ne faisais pas garde d'animaux!
Je pensais en riant que si je devais dire à des visiteurs que j'étais seulement professeur, je ne suis pas certain de les convaincre avec cette maison. Il est vrai que j'avais des revenus confortables en tant qu'expert et consultant, ma notoriété de gemmologue de terrain me permettait de vivre aisément. Mais je continuai de donner des cours par plaisir. Je mettais un vinyle dans la bibliothèque et en profitais pour me commander à dîner, j'étais trop fatigué pour me faire la cuisine.
Je n'avais pas encore vérifié mes messages sur le répondeur, cela pouvait bien attendre demain. Je passais par mon bureau, Angela m'avait laissé une pile de document. Je les prenais en main tout en m'installant à table. Elle m'avait imprimé les versions des critiques sur l'exposition avant publication. Cela nous permettait de jauger la réponse des médias et du public sur l'exposition. C'était un peu plus contrôlé que les articles sur le net, là, nous n'avions aucun contrôle là dessus.
Je soufflai d'exaspération, les premiers étaient comme je m'y attendais, vides de sens. Pas un ne parlait de l'aspect scientifique ou technique, c'était seulement un ramassis de superlatifs pour aller voir cette exposition. Je pris une autre feuille, cette fois-ci c'était l'article de Sue, elle avait décrit son ressenti tout en appuyant ses constatations par des faits, c'était vraiment un plaisir de la lire. C'était équilibré sans tomber ni dans la revue scientifique ni dans un vulgaire torchon de luxe. Je continuais de manger, parfois je jetais des coups d'œil par la fenêtre pour calmer mon irritation, ça me faisait mal aux yeux de lire ces amas de niaiserie. Je pris le dernier article; je mis un certain temps avant de le finir. Je le reposai. Je regardai fixement devant moi, par la fenêtre. Ma main s'était petit à petit crispée autours de ma fourchette. je finissais mon assiette tendu, mes pensées en ébullition. Une fois mon assiette terminée, je me levai pour débarrasser. Je mis l'assiette et les couverts doucement dans l'évier, je les disposais bien. Je revins fouiller dans la pile des articles, pris le dernier que j'avais lu, le ramenai dans la cuisine et le chiffonna jusqu'à en faire une boule parfaite. Je le jetai avec un sourire satisfait dans la poubelle.
Et un papier recyclé en plus! La planète ne s'en porterait que mieux! J'avais fait une fleur à la planète en jetant cet article, j'en étais persuadé. Il n'avait pas sa place dans ce monde, et encore moins dans ma vie! Alice avait décidément tort, tous ces journalistes étaient les mêmes, incapables décrire correctement. Je n'allais pas laisser les états d'âmes d'un journaliste de bas étage ternir ma journée! Ce torchon avait fini à sa place dans la poubelle!
Je regardai une dernièrement fois ma poubelle, comme si la boule de papier allait en sortir pour me narguer, je secouai la tête et me dirigea vers ma chambre.
Je ne suis toujours pas infaillible et avec la fatigue emmagasinée, j'ai sans doute oublié des milliers de fautes, j'en suis désolée! Je distribue des mouchoirs pour vos yeux qui saignent.
J'ai essayé d'être la plus légère possible pour cette conférence, même si j'ai du vous perdre à un moment, je suis désolée xD
Pas d'inquiétudes, Bella reviendra dans le chapitre suivant et puis Edward sera peut-être moins à cheval sur ses principes ;).
Pour celles qui ne lisent pas après, à la semaine prochaine! Pour les autres, voici le lexique!
Chrysocolle: Des noms grecs "chrysos" or et "Kola" colle. Connue depuis l'Antiquité, elle servait de flux pour souder l'or. Les peintres de la Renaissance l'utilisait comme pigment, sa couleur se rapproche de la pierre turquoise ou la malachite. En Amérique du Sud, les Incas utilisaient déjà la chrysocolle pour confectionner des outils et des pièces de joaillerie à partir de cette pierre, notamment des colliers sertis d'or. Ce sont les eaux riches en silice qui ruissellent le long des filons de cuivre qui sont à l'origine de la formation de ce minéral.
Victoire de Castellane: Créatrice de joaillerie française, elle a commencé au côté de Karl Lagerfeld chez Chanel en supervisant la collection de bijoux fantaisie puis elle deviendra la directrice artistique de la Maison Dior. Elle est apparue dans le film de Sofia Coppola, Marie Antoinette.
Processus de Kimberley:
° Pourquoi ce nom?: Tout simplement parce que c'est dans cette ville d'Afrique du Sud que la première rencontre a eu lieu.
° Qu'est ce que c'est?: C'est un processus qui a été mis en place en 2003 par des professionnels du diamant, des États et des organisations de la société civile, pour mettre un terme au commerce des «diamants de sang, diamants de la guerre ou diamants de conflit». Principalement en Angola, Sierra Leone, République démocratique du Congo - RDC. Il sert à garantir au consommateur que les diamants qu'il achète ne proviennent pas de diamants bruts utilisés par les mouvements rebelles ou leurs alliés afin de financer des conflits.
° Comment cela fonctionne?: Les chargements de diamants bruts exportés doivent être dans un conteneur sécurisé et accompagné d'un certificat de validité par le gouvernement ainsi qu'un numéro de série unique qui atteste que les diamants ne proviennent pas de pays en guerre et qui n'ont pas servi à financer des mouvements rebelles. Selon le processus, les diamants certifiés ne peuvent être échangés qu'entre pays signataires.
° Controverse?: Le processus ne couvre pas les diamants dont le commerce a donné lieu à des atteintes aux droits humains, il n'impose pas non plus que les entreprises qui commercialisent les diamants bruts puissent enquêter elles-mêmes sur la provenance de leurs minerais.
Je ne rentrerai pas dans les détails, comme partout, il y a du bon comme du mauvais.
Certification des diamants:
° GIA: Gemological institute of America, laboratoire de gemme qui a une grande autorité sur les diamants, les pierres de couleurs et les perles dans le monde. C'est ce laboratoire qui a créé en 1940 le «4C» ( Cut, Clarity, Color, Carat) et le système d'évaluation standard des diamants.
° HDR: Hoge Raad voor Diamant, fondation privée à Anvers qui a la plus grande autorité de diamant en Europe. Leur méthode de travail suit trois axes, la qualité avec l'utilisation de technologie de pointe, l'anonymat des résultats obtenus et la disponibilités des certificats à tout moment sur une période de dix ans.
° IGI: International Gemological Institute, laboratoire privé le plus grand. Il se trouve dans plusieurs pays.
° LFG: Laboratoire Français de Gemmologie, il se nomme aussi le « Service Public des Contrôle des Diamants, Perles Fines et Pierres Précieuses». Il est rattaché à la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris. C'est le doyen de tous les laboratoires de gemmologie malgré le fait que les attestations délivrées n'ont pas beaucoup de reconnaissance internationale.
° Ce que l'on retrouve sur un certificat: la forme de la taille, le poids du diamant en carat, son degré de pureté, son degré de couleur, son degré de fluorescence, sa qualité de taille ou proportion ( uniquement pour les diamant rond-brillant), son poli, sa symétrie, ses dimensions ( diamètre, hauteur ou épaisseur...), épaisseur du rondiste, la taille de la colette, le pourcentage de la table..., la date à laquelle a été fait le certificat, tout défaut de structure qui sera noté en commentaire.
- Rondiste: facettage de la partie médiane de la pierre.
- Colette: facette de la pointe du diamant
- Table: facette principale et octogonale au centre
Voir page internet pour le dessin, c'est plus simple qu'une description ( sans les espaces bien entendu et si le site veut bien l'incruster): www. or du monde . com
/uploads /2492 /original /schema-diamant. jpg. Si cela ne fonctionne pas, un petit tour sur Google en inscrivant schéma diamant ou même rondiste colette et table diamant, vous trouverez des coupes :)
L'école des Arts Joailliers: C'est une école d'initiation à la joaillerie destinée au grand public qui a été créée en 2012 avec le soutien de la Maison Van Cleef & Arpels. Il n'y a pas de formations diplômantes, ce sont des cours à la carte. En plus des cours, elle organise des conférences et des expositions. Elle dispose aussi d'un département de recherche.
Jean-Baptiste Tavernier: (1605-1689) Voyageur, il est le premier à avoir fait du commerce avec l'Inde. Il découvrit très tôt le goût des voyages entre autre grâce à son père qui était un marchand de cartes géographiques d'Anvers. Il visita la cour du Grand Moghol et les mines de diamants. Dans un autre périple, il voyagea comme marchand de haut rand, négociant des bijoux, ses principaux clients seront des princes de l'Orient. Grâce à ses voyages, il excelle en connaissance des itinéraires commerciaux en Orient. Il est ensuite présenté à Louis XIV qui lui acheta pour 3 millions de pierres précieuses et l'anoblit ensuite en récompense des renseignements précieux pour la géographie et le commerce qu'il a recueillis au cours de ses voyages en Asie.
