Ho Ho Ho!

J'avais dit qu'il y aurait une petite pause... Mais voilà mon cadeau de Noël! C'est aussi la raison de mon retard précédent, je voulais que tout tombe bien, que vous ayez un cadeau de ma part sous le sapin, dans la cheminée ou je ne sais où!

J'espère que ma contribution vous fera plaisir, que vous soyez en famille ou non, que vous fêtiez Noël ou non, je vous souhaite de joyeuses fêtes et un bon repas chaud. Que ce chapitre vous fasse un peu voyager! J'espère être au plus juste et que votre imagination soit stimulée.

Merci à mes acolytes Gweeny et Cassandre, qui subissent (oui c'est le mot lol) mes idées farfelues et mon humeur changeante. J'aurai une annonce à faire bien plus tard mais je peux déjà vous chuchoter qu'il s'agirait d'une idée pour un prochain vote... D'habitude se sont les problèmes qui n'arrivent jamais seuls mais ici, se sont les cadeaux ! Voilà zip c'est secret! Ais vous pouvez toujours me faire part de vos théories!

Merci à Pâquerette d'être toujours présente et de ne pas être partie en courant après Yolo.

Un remerciement tout particulier pour Tony33: Merci beaucoup pour ta review, ça m'a vraiment touché et c'est très encourageant de savoir ce que les gens pensent. Surtout quand c'est dit avec autant de gentillesse. Accueillez notre nouveau lecteur non fantôme! Je te souhaite officiellement la bienvenue!

Merci à tout le monde qui prend le temps de commenter et ceux qui en prennent pour lire. C'est déjà un très beau cadeau, croyez moi, il n'y a pas mieux que de savoir vos avis. Pour les petits fantômes, je vous souhaite aussi de bonnes fêtes même si vous êtes invisibles!

Il y a un passage où je suis un peu dubitative et je ne veux pas que cela soit mal perçu. Je ne suis pas là pour vous donner des leçons et encore moins des leçons de vie. C'est seulement ce que je ressens. Voilà peut-être que ce n'était pas la peine de faire une remarque là dessus mais cela me tenais à cœur.

Le prochain chapitre sera approximativement de la même longueur, ne vous habituez pas trop xD Je fais un peu au gré de mes envies, de l'imagination et en réfléchissant à la cohérence des prochains chapitres.

N'oubliez pas d'être bienveillants et tolérants.

Prenez soin de vous et des autres toujours! Et vous connaissez la chanson, souriez!

Joyeux Noël à tous et bonne lecture!


Chapitre 11: Emeraude

Le vol Maputo-Antananarivo avait duré 2 heures en traversant l'océan Indien. On avait choisi de dormir à l'hôtel cette fois-ci après deux jours de bivouac au Mozambique.

Demain, on avait convenu de prendre la route pour Antsirabe dans la région de Vakinankaratra. Je n'avais pas encore prévenu les autres qu'on aurait ensuite deux heures de marche pour se rendre dans un hameau isolé. Je connaissais Alice, il fallait la mettre devant le fait accompli sinon la connaissant, elle irait directement trouver un moyen pour ne pas marcher. Autant Rosalie et moi, nous aimons marcher, autant Alice était la plus citadine de nous trois. Pourtant, quand elle le voulait, elle n'était pas en reste pour foncer. Je crois qu'elle était plus yoga et escalade que treck dans la jungle.

J'étais encore en train de réfléchir, peut-être que j'allais changer quelques membres des équipes pour couvrir une plus grande partie, comme on avait fait depuis la Guinée. Je pensais que j'allais intervertir certaines personnes dans les groupe pour aider à maintenir une dynamique et faire en sorte que tout le monde puisse travailler avec chacun d'entre nous. C'était aussi plus judicieux que de voyager en un seul grand groupe.

Isabella avait été subjuguée par les tourmalines paraibas, je pouvais la comprendre, ces pierres étaient tourmaline était la plus recherchée et donc la plus rare avec sa couleur allant du bleu néon au vert « menthe à l'eau», grâce à la haute teneur en cuivre. Alice et moi avions négocié pour en acheter quelques lots. J'étais plutôt satisfait de nos achats.

Je regardai par la fenêtre de la voiture qui allait nous conduire à l'hôtel, il faisait beau et ça promettait d'être une belle journée, mais il fallait se méfier, c'était encore la saison des pluies et on n'était pas à l'abri des cyclones. La saison avait changé avec notre nouvelle destination. Il était encore très tôt, une fois à l'hôtel chacun vaquera à ses occupations, j'avais prévenu que nous aurions un temps de repos à notre arrivée. Le but de notre projet n'était pas de nous épuiser, même si il est vrai qu'on avait démarré sur les chapeaux de roues en Afrique, le rythme allait se calmer en Asie. On avait beaucoup plus de choses à voir et je voulais garder du temps pour aussi visiter un peu, ce n'était pas tout les jours que l'on avait la possibilité de découvrir ou redécouvrir des endroits sur terre.

J'avais choisi Madagascar pour sa richesse de son sol en pierres précieuses, quasiment toutes les pierres s'y trouvaient, surtout des saphirs roses, des spinelles et des grenats. Mais je voulais me concentrer que sur deux pierres, les tourmalines et les saphirs, même ci pour ceux là, une autre destination m'était directement venu à l'esprit.

Madagascar est classée comme pays pauvre et «Tana» la capitale est malheureusement confrontée aux pickpockets mais c'est aussi une île pleine de ressources extraordinaires. C'était une des raisons de ma passion pour les voyages, pour découvrir des lieux uniques.

On avait de nouveau fait des binômes pour la répartition des chambres, je me retrouvai avec Jacob. C'était un gars simple, tout ce que j'avais appris de lui, c'était qu'Emmett et lui avaient l'air de ne pas s'apprécier. Je n'étais pas du genre à me mêler des relations des autres alors je ne me posai pas vraiment la question. J'étais en train de me prélasser dans le patio, les autres étaient partis de leur côté, quand Isabella arriva. Elle était vêtue d'un bermudas en jean, d'une chemise en lin bleu et d'une paire de sneakers. Elle m'indiqua la chaise à côté de moi et je lui fis signe qu'elle pouvait s'assoir. Elle posa dans un même élan sa paire de lunette de soleil tout en relevant ses cheveux dans un chignon déstructuré.

— Tu ne te reposes jamais? Me dit-elle joyeusement.

— Toi non plus... Je fis mon sourire en coin, c'était devenu une habitude quand je lui parlais.

— Pas vraiment, avec le décalage horaire et les heures d'avion... Je t'avoue que mon sommeil est quelque peu secoué. Tu veux quelque chose à boire?

— Je crois que ce frigo a vu des jours meilleurs... J'avais coulé un regard peu appréciateur sur le distributeur à mon arrivée.

— Je ne dirais pas non à une THB! Elle empoigna deux bouteilles avant de revenir en face de moi.

Je regardai l'étiquette de la Three Horses Beer, quelques petites gouttes s'écoulaient sur le côté, après tout pourquoi pas se désaltérer, je bus une grosse gorgée au goulot, satisfait.

— Pourquoi Madagascar est mal vue?

Sa question me prit de cours, même si je m'habituai petit à petit à son esprit qui était aussi vif que le mien, je ne savais pas si elle voulait combler le silence pour qu'il ne soit pas gênant ou si elle aimait réellement parler avec moi, je décidai de ne pas trop m'en préoccuper, j'aimais bien faire la conversation.

— Malgré les paysages à couper le souffle et la culture malgache, Madagascar est jugée comme une mauvaise élève face à l'écologie qui est un sujet prédominant à notre époque.

— Pourquoi ça? Elle bu une gorgée de sa bière en me regardant avec curiosité.

— Les forêts sont ravagées par les habitants, chaque jours, des milliers d'hectares partent en fumée. Je ne crois pas que cela soit une forme d'inconscience de leur acte, seulement, le bois brûlé permet d'avoir du charbon. Et pour eux, c'est vital pour pouvoir faire la cuisine et se chauffer.

— Je comprends, c'est périlleux de juger des us comme cela, quand il s'agit de subvenir à ses besoins pour survivre, est-ce que l'écologie reste la priorité dans ces cas là?

— Tu as raison mais c'est aussi parce qu'ils ne savent pas forcément que brûler à tout bout de champ, la nature a ses propres règles et à force, elle ne repousse pas. Malgré le fait qu'il y ait énormément d'écoles publiques, cela à un coût. Et la plupart des Malgaches ne peuvent pas aller plus loin que le collège, c'est pourquoi ils n'ont pas tous la connaissance sur certaines causes comme l'écologie. De plus, ils sont très liés avec les ancêtres les empêchant d'avancer. Les coutumes les aident à se sentir en sécurité et à survivre. C'est pourquoi ils souhaitent vivre et travailler comme leur ancêtres.

— Cela aide à maintenir un savoir-faire et pourtant cela ne leur donne pas accès à la technologie...

— Oui... Me dit-il hésitant. Il semblait vouloir dire quelque chose mais se ravisa au dernier moment. Je décidai de ne pas laisser un silence s'installer. Je changeais alors de sujet.

— Est-ce que c'était nécessaire d'envoyer le plus gros de notre matériel à Singapour?

— Je comprends ton étonnement, mais crois moi, il est plus raisonnable de transporter le minimum sur nous ici. Les vols sont fréquents et le fait d'être un gros groupe en mouvement n'est pas à notre avantage. C'est pourquoi le matériel est mieux là-bas, une fois que l'on partira pour l'Asie, on récupérera le tout.

J'étais confiant dans mes paroles, ici, même en étant un gemmologue aguerri, on n'était jamais à l'abri. La misère était présente partout alors les touristes et autres personnes susceptibles d'avoir de l'argent étaient des cibles faciles. Je regardai Isabella qui semblait soucieuse. Elle finit par reprendre la parole.

— J'aimerai que tu m'apprennes les origines et les coutumes du pays. Je veux adopter le bon comportement pour aborder les habitants. Je ne veux pas les effrayer avec l'appareil photo et surtout je refuse de tomber dans le voyeurisme, je veux partager.

— Vous pouvez avec la caméra d'Emmett et les appareils photos d'abord vous approcher des enfants, qui sont un peu plus enclin à se rapprocher. Même si ils sont timides ou réticents, parfois c'est la première fois qu'ils voient une caméra. Alors il faut bien leur faire comprendre qu'on est là pour échanger.

— Et pour la langue?

— Même si le français est la deuxième langue, la première reste le malgache. L'anglais est plus privilégié à l'île Maurice, aux Seychelles et surtout en Afrique du Sud.

— Tu parles malgache?

— Pas suffisamment à mon goût mais j'ai un guide de confiance qui nous accompagnera.

— Et... Où est ce qu'on va aller? Quel est le programme?

— Tu es bien curieuse! Tu n'aimes pas les surprises? J'avais dit ça sur le coup d'une impulsion inconnue.

— Mmmmh... Pas vraiment, j'aime savoir où je mets les pieds! Elle ria tout en disant ça.

— Très bien, aujourd'hui, je pensais que ça serait une journée calme, il y a le musée d'art et d'archéologie, puis ensuite nous pourrions aller dans un village de forgeron. Après, j'ai prévu que l'on se rendre dans une autre région, pour aller voir des tourmalines.

— Et ensuite? Elle balayait toutes mes informations en une phrase, comme les enfants impatients de savoir «quand est-ce que l'on arrivait».

— On continuera plus au sud pour aller voir des saphirs puis nous irons clôturer notre aventure africaine par un autre pays.

— Et tu gardes le secret pour me faire enrager? Elle me sondait du regard, comme pour y lire tout ce qu'elle pouvait, je plongeai dans ses yeux verts... Puis je clignai des yeux, avant de répondre, le charme était rompu comme par enchantement.

— Haha, non pas spécialement, je veux que vous savouriez pays par pays! Je fis mon petit sourire en coin.

— Est-ce que tu es bien certain de ce que tu viens de dire? Répondit-elle suspicieuse.

— Je le jure madame le juge! J'avais levé ma main en signe de bonne foi.

— Je te crois... Pour cette fois! Rajouta-t-elle perfidement.

On continua de déguster notre bière tout en parlant de tout et de rien, c'était agréable de converser sans se poser de questions. Isabella était une interlocutrice plaisante.

Ma sœur et Jasper sortirent main dans la main dans le hall, Alice fit des grands signes dans notre direction avant de nous rejoindre.

— On allait visiter le musée d'art et d'archéologie, ça vous dit de nous accompagner?

— Pourquoi pas! Je suis curieuse de voir ce qu'il y a comme trésors! - Elle marqua une pause, puis me regarda. - Puis quoi de mieux qu'un archéologue comme guide!

— Tu marques un point Bella! S'écria ma sœur, puis se rendant compte de son ton familier, elle se rattrapa. Pardon...Isabella...

— Tu peux m'appeler Bella si tu veux!

Ma sœur battait à présent des mains soulagée qu'Isabella ait accepté sa demande silencieuse d'être son amie.

— Mais je ne suis pas du tout calé en objets ethnographiques de l'île! M'écriai-je.

— Il parait qu'il est tout petit ? Jasper me regardait pour avoir une confirmation.

— C'est vrai que la visite est très courte mais cela permet de soutenir les étudiants et la recherche! Ajoutai-je.

—C'est décidé alors! Fanfaronna Alice.

—Il y a aussi le musée de la photographie... Je me raclai la gorge l'air de rien.

— Je m'inscris pour ça! Merci d'y avoir pensé. Isabella rayonnait, je me passai une main sur la nuque gêné.

— Ohhhh et si nous allions au parc des lémuriens aussi! Puis il y a la colline avec la place fortifiée et le palais de la reine!

— Alice, on n'est pas là que pour faire du tourisme! Je la grondais un peu comme une enfant.

— S'il te plaît Edward... En plus cela pourrait faire des supers photos pour l'équipe de tournage... Elle me fit sa moue à laquelle personne ne peut résister.

— Bon soit. Cédai-je.

— Ouiiiiii !

— Tu t'es encore fait avoir. Chuchota Jasper en rigolant.

— Je défie quiconque de résister... Puis tu es mal placé, toi tu lui manges dans la main! Je le charriais aussi.

— Que veux-tu l'amour nous fait faire tant de choses... Soupira-t-il, malgré ses paroles, il avait une lueur de fierté en regardant ma sœur.

On attendait un petit peu, histoire de voir si d'autres personnes étaient intéressées par notre parcours touristique. J'avais bien notifié à tout le monde de prendre le moins de chose de valeur sur eux, le reste resterait dans une chambre et serait gardé par des personnes à tour de rôle, pour que tout le monde puisse profiter des sorties. On n'était jamais trop prudent. Je l'étais peut-être à l'extrême mais j'avais subit trop de déconvenues pour me permettre d'être irréfléchi. En plus je gérai le groupe, même si tout le monde était majeur et vacciné, c'est naturellement que je me sentais comme responsable des équipes.

Comme j'avais dit, la visite du musée avait été rapide, c'était essentiellement des instruments de musique. On se dirigeait vers le musée de la photographie avec notre petit groupe composé d'Alice, Jasper, Emmett, Rosalie, Jacob, Rebecca, Leah, Isabella et moi.

Le musée se trouvait dans l'ancienne résidence des maires, une bâtisse traditionnelle qui avait un toit en double pente et une varangue à poteaux de briques, une architecture mérina.

Il avait eu à cœur de mémoriser un siècle de photographies entre 1860 et 1960, ce qui faisait au total près de 14 000 clichés. On pouvait aller dans quatre salles de projection qui diffusaient des films thématiques comme par exemple l'histoire principales des villes malgaches, les personnages du XIX ème siècle. Une grande salle d'exposition et le jardin du musée permettent d'accueillir des expositions temporaires. Il y avait aussi un petit café où le chef proposait une cuisine territoriale. En ce moment, il y avait une exposition sur la photographie contemporaine ouverte à tous dans le jardin.

Après avoir fait le tour de ce musée, nous nous rendions en voiture à Ambohimanga, on y trouva une rova; un complexe royal fortifié. Emmett, Jacob et Rebecca étaient déjà en train de prendre des photos, le frère d'Isabella me faisait penser à un enfant, il s'agitait partout, le sourire aux lèvres, il était particulièrement bruyant. Quelques malgaches se retournaient sur son passage, surpris de voir un grand gaillard comme ça, brailler.

— Qu'est ce qui te fait rire Edward? Me demanda Rosalie qui regardait aussi le petit groupe de photographes.

— Je me disais qu'il ressemblait à un gosse... Je souriais tout en les observant.

Rosalie ne répondit pas mais en tournant la tête vers elle, je pouvais voir qu'elle le regardait avec... intérêt? Ma sœur qui était très sélective, elle renvoyait les nombreux prétendants pour x ou y raisons inconnues, avait l'air tout à fait curieuse vis à vis d'Emmett. Je notai ces petits détails dans un recoin de ma tête.

— Il me fatigue... Isabella nous avait rejoint et regardait aussi son frère faire le pitre avec consternation, ce qui nous fit rire.

— Il a un côté charmant... Murmura Rosalie, ce qui confortait mon observation. Enfin le, la place est tout à fait charmante! Se rattrapa-t-elle en se tournant vers la place fortifiée.

Je riais pas du tout dupe mais je ne voulais pas attirer les foudres de ma sœur, je décidai de changer de sujet.

— On pourrait traduire Ambohimanga par la colline bleue ou la colline sacrée. Vous voyez - je montrais une carte -, ici se trouvent les terres centrales de Madagascar, sur les terrains autour se trouvaient les premiers occupants de l'île, les Vazimbas.

— C'est un lieu de culte?

— C'est en effet un lieu de culte et de pèlerinage suite à son statut de cité royale, de site funéraire. Grâce à l'ensemble des lieux sacrés, fontaine, bassins, pierres de sacrifice et j'en passe. Il se dégage une forte spiritualité, avec le culte des rois et des ancêtres.

On continua la visite, la colline royale avait un système de fortifications constituées de fossés et d'une quinzaine de portails de pierre, il y avait la cité royale avec là deux palais, un petit pavillon puis l'enclos royal et sa fosse à bœufs. La cité abritait aussi les quatre tombaux royaux. Et enfin la place publique, la Fidasiana. On traversa la place de justice et d'autres lieux de culte naturels ou bâtis.

Quand on avançait encore, on se retrouvait dans une forêt primaire qui conservait de nombreuses espèces végétales et des plantes médicinales.

— Les malgaches viennent ici en pèlerinage pour s' imprégner de l'esprit des lieux, se ressourcer et demander une bénédiction et la protection pour ce qu'ils vont entreprendre dans leur vie. C'est aussi le seul site malgache à figurer sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.

— C'est vraiment pratique d'avoir un bon guide! Roucoula Alice qui était arrivée derrière moi. Elle posa sa tête sur mon épaule. Je souriais, j'aimais vraiment avoir ma famille autour de moi.

— J'ai entendu dire qu'on allait voir les lémuriens? Emmett s'était approché de nous joyeusement.

— Fais gaffe à ce qu'on ne t'oublie pas là-bas! Le provoqua Jacob. Isabella leva les yeux au ciel, elle avait une adorable moue mi lasse mi consternée. Adorable moue? Enfin tu t'entends parler? Je secouai la tête pour chasser ma conscience.

—Jacob n'en rajoute pas... Supplia presque Isabella.

— Tu vois Bell's! Ce n'est pas toujours moi qui commence! Un vrai gamin celui-là! Emmett grommela la fin de sa phrase dans sa barbe avant de tourner les talons pour aller parler avec Jasper.

Isabella soupira et nous partions tous vers le parc Ronomafana, où se trouvait de nombreux lémuriens, des amphibiens, reptiles et oiseaux de l'île. C'était toujours délicat d'aborder le sujet des parcs nationaux, des réserves et des zoos. J'étais assez réservé pour les zoos alors que pour le reste, cela permettait tout de même de préserver des espèces malheureusement pour elles qui ne peuvent pas le faire. J'appréciais la réintroduction des espèces dans leurs environnements naturels mais c'était difficile d'être tout à fait objectif, il y avait, comme pour beaucoup de chose, des points négatifs et des points positifs. Tant que le respect et le bien-être de l'animal était la priorité, je n'avais rien contre.

Mes sœurs regardaient avec joie les lémuriens sautiller d'arbre en arbre.

— Edward tu sais pourquoi ils font partie des animaux emblématiques ici?

Je réfléchissais un instant, il y avait des contes que l'on m'avait raconté.

— Il y a plusieurs version de cette légende, mais la plus courante, un petit garçon est allé en forêt tropicale, à l'est de l'île. Il grimpa en haut d'un grand arbre pour ramasser du miel sauvage. Il ne pouvait plus redescendre... Le sort du petit garçon semblait scellé... - Devant la mine déconfite d'Alice, je rajoutai un peu de drame, elle me regardait avec inquiétude - Puis soudain, un lémurien indri est venu se balancer à travers les branches et l'a aidé à descendre de la canopée. «Babakoto», se traduirait par ancêtre de l'homme à donné le nom au lémurien.

— Ouf il s'en est sorti! Alice avait vraiment l'air soulagée.

— Raconte nous d'autres légendes! S'égailla Kate.

— Oh oui, oh oui! Alice battait des mains.

Je leur racontai quelques légendes que je connaissais, comme celle du sorcier déguisé en vielle dame, qui est allé quémander de l'eau dans un village, puis sur un coup de tête le sorcier transforma tous les villageois en crocodile. Depuis, le crocodile, surnommé voay ou mamba représente la réincarnation. Beaucoup de tribus le vénère et le protège. Essentiellement dans la région de l'Ankarana.

On fit un détour par les chutes de la Lily où se trouvaient deux magnifiques cascades, ensuite direction le lac de cratère d'Andranotoraha et celui d'Ambatohasana. Sur le chemin, on se gavait d'avocat crémeux et de tomates juteuses. Malgré le fait que le baraoa, une variété de tilapia, qui faisait la renommée de l'Itasy, était une espèce menacée, cela n'empêchait pas de les voir pêchés hors saison, de ce fait, on en trouvait toute l'année aux marchés.

On roulait à présent vers Antsirabé, dans les Hautes Terres au centre de l'île. Elle se situe à 1500 m d'altitude. La ville est réputée pour sa station thermale ce qui lui valut son surnom de « la ville d'eau». Beaucoup de personnes venaient pour se délecter des vertus thérapeutiques de ses bains. La ville est aussi entourée de trois lacs; Tritriva, Andronomafana et Andraikiba.

— J'irai bien au lac Tritriva... Dit Leah laconiquement.

— Ha ouais pourquoi? Commenta Jacob goguenard.

— J'ai lu une légende dans le guide, un couple d'amoureux se serait jeté du haut de la falaise pour punir leurs parents qui ne voulaient pas leur laisser vivre leur amour. Lui répondit Leah rêveuse.

— Encore faut-il que tu aies quelqu'un ! S'amusa Jacob.

— Et bha... C'est... Ça... Je suis certaine qu'Alice et Jasper voudront y aller! N'est-ce pas? Fit Leah en regardant ma sœur avec des yeux suppliant.

— Parfaitement! Minauda celle-ci en regardant Jasper, tout en faisant un petit clin d'oeil à Leah, personne n'était dupe, on avait tous remarqué que cette dernière avait le béguin pour Jacob et que lui était aveugle au possible. Ce qui m'amusa, cette ambiance bonne enfant était vraiment agréable.

— Oh un pousse-pousse! S'exclama Emmett.

— Je ne pensais pas en voir ici! S'étonna Seth.

— Ça fait partie des clichés malgaches les plus répandus non? Renchérit Kate.

— Tu as raison avec les lémuriens et la vanille. Je lui répondis avec un sourire.

— La vanille? Pourtant celle de Bourbon est la plus connue? Isabella me regarda avec étonnement.

— Une seule question à la fois! - Je riais doucement avant de reprendre un ton plus sérieux. - Pour te répondre Emmett, les posyposy comme on les appelle aussi, a supplanté le palanquin au Japon, s'est exporté dans les colonies européennes, grâce aux coolies chinois qui avaient été recrutés pour la construction des lignes de chemin de fer. Et pour la vanille, ce sont les planteurs réunionnais qui ont introduit la culture de la vanille vers 1880. D'abord installées sur une île côtière dans le Canal du Mozambique, les plantations prennent pied dans les régions orientales de l'île grâce au climat humide favorable.

— Quels sont les pays qui approvisionnent le marché mondial? Demanda Rosalie.

— Mmmh, à ma connaissance, Madagascar et l'Indonésie dominent le marché. En revanche pour de la vanille de qualité grand cru, la Réunion et Tahiti sont en tête.

— Et dans les Comores, LVMH s'est implanté pour sa marque Guerlain. Commenta Alice.

— Cela ne m'étonne guère, les Comores ont comme autre ressource le clou de girofle, une épice avec laquelle on peut éventuellement fabriquer de la vanilline. Expliqua Rosalie.

— De la quoi? S'étonna Emmett en regardant ma sœur.

— La vanilline est un des multiples composants de l'arôme naturel de la vanille.

Notre expédition continua vers le village des forgerons, ici se trouvait un père qui perpétuait l'héritage familiale, ici on était forgeron de père en fils.

L'homme me tendit un sachet de tabac, c'était une coutume locale, il chiquait le sachet entier toute la journée. L'homme expliqua à notre guide qu'il le faisait depuis petit. Ses parents ne savaient pas quoi faire lorsqu'il avait été malade et le sage du village avait conseillé de lui faire manger du tabac, ça l'avait guérit et depuis, il en chiquait toute la journée pour ne pas retomber malade.

— C'est fou la puissance des croyances... Commenta Rosalie.

Emmett s'amusa à courir après des enfants, Jacob et lui prenaient pas mal de photos et de vidéos. Les petites filles tournaient autour des filles aussi. On repartit, après avoir donné un peu de nourriture et de l'eau que l'on avait apporté exprès pour le village, c'était des denrées utiles pour eux et pour nous, c'était une manière de les remercier comme on jugeait bon de le faire.

Je somnolai dans notre van, la journée avait commencé tôt et elle n'était pas encore prête à se terminer. Je surpris tout de même une conversation à côté de moi.

— Comment c'était la Namibie? Je reconnus la voix d'Isabella.

— C'était super! Tu aurais vu, les gisements proviennent des anciens volcans qui se trouvaient le long de la côte atlantique du pays!

— Tu as bien appris ta leçon! La taquina sa sœur.

— Haha, c'est Rosalie qui m'a expliqué...

— Ha si c'est elle qui te l'a expliqué... Je comprends mieux! Continua sa sœur joueuse.

J'esquissai un sourire, j'avais vu juste.

— Elle explique très bien! Rien à voir avec...des...C'est pas comme si...- Il se raclait la gorge mal à l'aise et changea de sujet rapidement - Enfin en tout cas, ce qui est stupéfiant, c'est que sur les plages, il y a d'imposantes machines qui aspirent le sable pour trier et extraire les diamants! En plus, au large on a pu monter dans des bateaux qui quadrille la côte! Emmett parlait avec entrain.

— Pourquoi? Sa sœur avait le même ton joyeux, comme deux enfants qui partageaient un secret.

— Pour récupérer les diamants qui, au fil du temps, se sont déposés au fond de l'océan, c'est la De Beers qui a le monopole. L'entreprise a même passé un commande avec l'Etat de Namibie pour avoir un navire plus gros.

— Pour l'extraction off shore des diamants... Je pouvais apercevoir Emmett acquiescer de la tête.

— Il sera énorme, 160 personnes à bord, et grâce au système très mécanisé, il pourrait récupérer l'équivalent de 500.000 carats par an! Expliqua son frère avec fougue.

— Hey mais ça fait quasi 35% de plus par rapport à la production actuelle!

— Ils ont fait une affaire, la co-entreprise Debmarine Namibia, qui est détenue à 50/50 par la De Beers et l'Etat.

— Il me semble que la société a aussi une fondation pour des œuvres sociales en faveur des femmes et de l'éducation des jeunes filles. Enfin pour moi c'est la moindre des choses... Ajouta Isabella plus pour elle-même que pour avoir une confirmation.

— J'aurai tellement voulu voir des guépards! J'ai pris pas mal de photos.. Les dunes dans le désert, les terres arides dans une autre région... J'ai même vu des otaries!

— J'aurai bien aimé y aller... On sentait bien dans le ton de sa voix une petite pointe d'envie. J'eus un espèce de pincement au cœur.

— Ne t'en fais pas petite sœur! Quand on aura des vacances on retournera dans les pays qui nous ont le plus marqué, qu'est ce que tu en dis? Lui proposa son frère pour la rassurer.

— C'est une bonne idée ça! Isabella avait tout de suite changé de ton, elle était bien moins déçue.

— Hey oui, je reste le grand frère qui a touuujours des bonnes idées!

— Hahaha! Tu restes un gosse que je dois touuujours surveiller oui!

Ils riaient tout les deux, coupés du monde extérieur. Je dû m'assoupir un peu car je sentais que l'on me secouai l'épaule.

— Edward réveille toi, on a un problème! Alice m'avait presque rendu sourd en criant.

— Quoi? Qu'est ce qu'il y a? J'étais à présent sur le qui-vive.

— Le chauffeur du van nous a dit que l'on ne pouvait pas aller plus loin en voiture? Elle me regardait inquiète, je pouvais voir derrière Jasper qui se contenait de rire.

— Ha ce n'est que ça... Je soupirai soulagé.

— Comment ça « ce n'est que ça»? Répéta ma sœur qui commençait à devenir hystérique.

— Et bien ... Parce que l'on va continuer la route à pieds, c'est pour cela que je vous ai dit d'emporter le moins de chose possible...

— Comment ça à pieds? Pour combien de temps? Alice était maintenant tout rouge.

— Allons chérie, calme toi... Tenta Jasper pour la calmer, ce qui fit l'effet inverse, classique quand on demande à quelqu'un de se calmer...

— Ne me dit pas de me calmer! S'emporta Alice.

— Alice, cesse de faire l'enfant, on va marcher pour rejoindre le hameau, il n'y a pas de route, ni d'électricité et encore moins d'eau mais c'est très intéressant pour notre reportage! Grondai-je plus fort qu'elle, ce qui eut pour effet de la calmer un peu, je n'avais pas l'habitude de lui crier dessus. Même si son visage blêmissait de plus en plus une fois que son cerveau avait assimilé les informations que je venais de lui transmettre.

— Mais ça va durer combien de temps? Couina ma sœur.

— 2 heures. Elle blêmit légèrement.

— Ne t'inquiète pas mini pouce! Je te porterai ton sac si il le faut! La rassura Emmett.

— Mini pouce? Alice commençait à esquisser un sourire.

— Bah oui tu es toute petite! Dit tranquillement Emmett.

— Et tu ne t'es jamais dit que c'était peut-être toi qui n'avait pas une taille normale? Dit suspicieusement Alice.

— Non non, c'est définitivement toi qui a un problème! Répondit perfidement le géant.

— Bon tant qu'elle se chamaille, on peut la faire marcher... Me chuchota Rosalie, ce qui me fit rire. Alice avait le don de s'énerver pour un rien et de calmer en un claquement de doigt.

— Tu l'as échappé belle... Murmura Jasper à mon encontre.

— Toi aussi... Si elle avait su que tu étais au courant...! Je souriais machiavéliquement.

— Ne m'en parle pas... Soupira mon beau-frère.

— Elle vous fait si peur que ça? Demanda Isabella qui avait entendu notre conversation.

— Bella... Tu n'as pas idée de ce dont est capable un petit être comme elle! S'amusa Rosalie, qui avait adopté le surnom d'Isabella au passage. Je l'enviai un petit peu de pouvoir être aussi familier. Mais enfin qu'est ce que je dis, n'importe quoi!

— Je crois que je ne veux pas savoir! Elle fit mine de frissonner. Je riais de bon cœur, c'était adorable.

— Sage décision Bella... Je savais que tu étais quelqu'un de censé! Continua ma sœur solennellement.

— J'ai quand même une surprise pour toi! Dis-je en tapotant sur l'épaule d'Alice pour qu'elle se retourne vers moi.

Je sortais pour lui montrer les vélos que le chauffeur avait sorti.

— Et je suis censée être contente? Bégaya Alice en regardant les vélos.

— Ça va te muscler tes petites gambettes, tu me remercieras quand tu auras des jambes sublimes pour l'été!

Elle réfléchit cinq minutes avant d'enfourcher le vélo, l'air déterminé. Jasper me mima un « bien joué». Je secouai la tête, avec les années, j'avais appris à trouver toutes sortes de manières pour contourner ma sœur, qui pouvait être assez capricieuse quand elle le voulait.

Sur notre chemin, on voyait des enfants et des adultes dans les rizières, ils étaient occupés à repiquer le riz. La route était assez chaotique, il y avait des bosses et des trous mais on était tous ensemble, pédalant à bonne allure et dans la bonne humeur.

Pov Bella:

On arrivait dans le hameau, des enfants jouaient à courir autour de nous, nous accueillant avec des rires. On posait les vélos. Edward parlait avec le chef du village.

Je commençai à sortir mon appareil, comme j'avais dit à Edward, je ne voulais pas tomber dans le voyeurisme. Tout au long de mes voyages, j'avais toujours la crainte que les appareils photos ou caméras puissent les effrayer. Chaque pays et chaque personne étaient différents vis à vis de l'approche de son image.

Les enfants sont plus faciles à approcher, même si certain d'entre eux étaient timides ou réticents. Ils avaient peut-être pour la plupart jamais vu d'appareils photos. Puis notre groupe avait de quoi effrayer. Mais il a suffit de quelques secondes pour que l'appréhension ne tombe, je les avais laisser faire le premier pas, pour moi c'était primordial que cela vienne d'eux et non pas l'inverse.

Je ne parlais pas la langue alors tout se passait par des petits sourires et des gestes. Les garçons entouraient mon frère et ses acolytes, ils jouaient avec la caméra, faisaient des grands sourires et puis la consécration, ils les avaient invité à jouer au foot avec eux.

Je les photographiai, le ballon était fait de sacs plastiques enroulés. Alice sortait son Polaroïd, les enfants étaient subjugués par les clichés, leurs visages apparaissaient comme par magie, même si au début, ils étaient surpris, c'était presque de la sorcellerie pour eux, maintenant ils en redemandaient.

Leur sourires, leur joie de vivre n'avait pas de prix. Les enfants touchaient les cheveux d'Edward, qui se laissait faire en riant, les adultes nous proposaient du rhum tout en nous accueillant. J'avais déjà fait la constatation dans mes précédents voyages, que c'était souvent les personnes qui n'avaient rien qui donnaient le plus. C'était peut-être cliché de dire ça, mais c'était la réalité. Dans notre monde, où l'on est assez matérialiste, on se demande toujours quoi leur donner pour les rendre heureux, puis quelques minutes avec eux, et on comprenait qu'un sourire, qu'un peu de phrases dans leur langues, et de notre temps, cela suffisait.

Les enfants poussèrent des cris de joie quand mon frère sortit son drone, ils regardaient avec des yeux pétillants l'objet. Ils nous demandèrent de faire des blagues aux adultes, voir comment ils réagiraient de voir le drone tourner autour d'eux pendant qu'ils étaient en train de cultiver les champs. C'était très drôle de les voir réagir comme les enfants, ils étaient aussi surpris et joueurs qu'eux.

Cette simplicité avait de quoi remettre les choses en ordre dans notre vision du monde. Je n'allais certainement pas changer drastiquement, j'étais une citadine et je ne pouvais en aucun cas le droit de comparer ma vie à la leur... Seulement, je reconnaissais au plus profond de moi que cette reconnection était bénéfique. Cela aidait à remettre nos priorités en place.

Dans ce village coupé de tout, il n'y avait pas d'école, pas d'eau, pas d'électricité et pourtant tout le monde semblait heureux. Le village était rythmé par la chasse aux tourmalines.

Je continuai de prendre des photos, c'était étrange ce sentiment de vouloir les aider sans pour autant changer leur mode de vie. Le pays était compliqué, les coutumes freinaient le développement mais le chef du village était confiant, il avait dit à Edward qu'il gardait bon espoir.

Grâce à Edward et au guide, ils nous avaient aidé à avoir la bonne attitude, ne pas tomber dans la pitié tout en étant conscient de leur mode de vie. Il fallait être ouvert à l'idée que notre façon de voir le bonheur, notre idée de la richesse n'étaient pas forcément les même ici. Et je crois que c'est ce que Edward voulait nous montrer, son quotidien était entouré d'argent, de pierres magnifiques et pourtant, il avait pris conscience de la richesse intérieure des gens, grâce à ces voyages. Je crois que c'est pour ça qu'il voulait y aller en personne.

C'était étonnant, Alice virevoltait parmi les petites filles, les autres se tressaient les cheveux, j'appuyai sur le déclencheur de mon appareil, mitraillant tout ce que je voyais avec une émotion à peine contenue. Edward s'approchait de moi.

— Tu vas bien? S'inquiéta-t-il en jetant un coup d'oeil dans ma direction.

— Oui... Je crois que je viens de prendre une claque humaine. Dis-je timidement.

— C'est fascinant n'est-ce-pas? Me sourit-il avec son éternel sourire en coin.

— J'apprécie beaucoup... Je suis désolée, je pensai à tort que tu étais... enfin je t'avais mal jugé. C'était sorti de nul part mais j'avais besoin d'être sincère avec lui.

— Ce n'est pas parce que je vis dans un monde... aussi matérialiste que je ne suis pas attaché aux vraies valeurs. - Il passa la main sur son visage, comme pour chasser une lassitude bien trop présente - J'aime les voyages pour ça, j'aime partager, échanger avec eux et malgré tout, même si je ne pourrai rien faire d'extraordinaire, je soutien des associations locales, pas pour me donner bonne conscience mais parce que c'est la seule façon de les aider sans les insulter en leur offrant des choses inadaptées.

Il soupira longuement avant de reprendre.

— On a tous notre conception du bonheur, il est pourtant propre à chacun... Il dépend de nos rêves, de nos cultures, de notre façon de penser. J'ai pris conscience que l'on était tous responsable de notre bonheur. La richesse ce n'est pas l'abondance de bien... Vous avez vu, le bonheur dans l'éclat de rire d'un de ces enfants, dans nos différentes rencontres, de la nature qui nous entoure, dans le partage de nourriture, de culture... Une fois que l'on a pris conscience de ça... Alors je pense que l'on a un regard différent... C'est grâce à ce genre de projet que je veux toucher les gens, même si ils ne se préoccupent pas des personnes derrière les gemmes qu'ils portent... Si un minimum de personnes est touché par vos images alors je serai heureux.

—Je vois. Soufflai-je. Il me montrait une facette de lui que je ne connaissais pas et qui me laissait sans voix.

— Et tu n'as pas encore rencontré toutes ses populations! On est qu'au début de notre voyage! Il ria en me faisant un clin d'oeil. Je crois que mon cœur eu un raté. C'était rare de le voir aussi heureux.

— J'ai hâte alors! Chuchotai-je.

— Viens, Joro, le chef du village, veut nous parler. Il avait remit son masque impassible et sa carapace par la même occasion. Je le suivi, encore un peu sonnée par notre conversation.

Akoriabe, faly mahfantatra! (Bonjour, je suis heureux de vous rencontrer!) S'exclama le chef. Il nous invita à rentrer dans sa maison.

Salama. (Autre forme de bonjour) On répondit tous en cœur.

Devant se trouvait la femme du chef et ses enfants, ils avaient mis le couvert par terre. Je me désinfectai les mains avec du gel, ici comme d'autres pays d'Afrique, l'eau était rare et on était jamais trop prudent. On avait tous des poches d'eau scellées. Edward nous avait aussi fourni deux gourdes filtrantes, des pailles d'ultrafiltration et des pastilles pour désinfecter l'eau. Le goût de l'eau après désinfection de la pastille n'était pas très bon mais c'était toujours mieux que d'être malade.

— Voici le vary, le riz, on n'égoutte pas le riz, d'abord on le cuit jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'eau et en grande quantité pour toute la journée.

L'aspect du riz avait l'air mou et collant, je continuai de regarder les autres plats.

— Ici, le loaka, le plat, là le hen'omby Ritra, c'est cuit sans eau, c'est du zébu de notre élevage. Et là du tsaramaso, des haricots blancs. Mazotoa! ( Bon appétit) Edward avait traduit, je me demandais combien de langues il parlait.

Misaotra Répondit-je en remerciant la femme du chef qui me tendait mon assiette.

Emmett piocha dans un petit récipient, il avait à présent les larmes aux yeux.

— Vous avez goûter le sakai Monsieur Emmett! C'est très pimenté... Le chef avait dit ça avec un petit ton plaisantin. Il s'amusait de voir mon frère essayer de calmer la brûlure, il tirait la langue sous les rires de l'équipe... Enfin surtout Jacob qui se retrouva dans le même état, il avait voulu fanfaronner. Ils étaient maintenant tout les deux en train de tirer la langue en pleurant. Rosalie quant à elle se servait allègrement du condiment et le mangea sans sourciller.

— Je jure que cette femme va devenir mon idole... Murmura Leah. J'étais bien d'accord avec elle. Rosalie imposait le respect le plus total.

— Aujourd'hui, on va fêter le retour de mes enfants au village, même si ils ont été aveuglés par la grande ville, ils ont eu la sagesse de revenir. On va organiser une corrida.

Ici, les corridas servaient à accueillir les enfants mais aussi, les femmes pourront voir de leur propres yeux un futur mari potentiel, qui aura brillé par sa force et son courage face à la bête.

Les hommes chantaient en tournant autour des zébus tout en buvant du rhum, qui est considéré ici comme de l'eau bénite. Les femmes criaient et sondaient bien la foule des hommes, pour ne pas manquer le spectacle.

— Monsieur Edward, ce soir on ira voir le devin.

Je vis Edward acquiescer. On se dirigeait en petit comité vers le sorcier du village. Il était à la fois devin, astrologue et sorcier.

— Je ne suis pas satisfait de ce que l'on trouve dans les mines alors il faut consulter le sorcier pour faire avancer les choses! Le devin habite dans le village à côté. Nous expliqua le chef.

Il nous ouvrait la voie pour se rendre chez le devin, qui habitait dans un espèce de hameau derrière des collines.

— Ici Edward et ses amis, ils vont rester faire la fête avec nous et nous aider pour le gisement, je vous demande d'être gentil avec Edward car il est sympathique! Expliqua Joro au devin une fois que l'on était arrivés.

— Vazaha tu seras notre frère! Déclama le sorcier en regardant vers Edward.

— Je viens te consulter, pour savoir si on peut faire un sacrifie ce soir pour rendre fertile notre concession.

Le devin écoutait en fermant les yeux Joro, il rentra dans une espèce de transe, parlant un dialecte inconnu pour moi.

— Tu vas implorer l'esprit des Vazimbas, les ancêtres, ensuite, tu pourras faire ton sacrifice, le ciel est propice. Il nous regardait, à présent, confiant.

— Merci devin, grâce à toi, nous aurons de quoi vivre. Soit béni! Joro se félicita de cette bonne nouvelle.

C'est sans autre cérémonie que Joro sortit de la maison du devin. Il marchait d'un pas rapide, pressé d'annoncer la bonne nouvelle aux villageois. Tout le monde s'était réuni autour du chef, on était prêt à tourner ce rituel, quant à moi, je ne lâchai pas mon appareil, comme si mon cerveau était en mode automatique et que le seul souhait que j'avais été d'appuyer sans réfléchir pour figer l'instant.

— Mes amis, nous sommes ici pour prier et rendre hommage à Dieu, pour cette terre sacrée et fertile qu'il nous a confié. Nous tous, réunis ici, nous te prions de nous donner ta bénédiction et exaucer nos prières, que l'on trouve beaucoup de tourmalines! S'écria le chef, plein de vigueur.

Les enfants jouaient de la musique pour implorer les ancêtres, les vazimbas, les premiers habitants de l'île qu'ils considèrent maintenant comme des dieux. Une fois le zébu sacrifié, Joro se déplaçait vers une grotte sacrée de la montagne en répandant à l'aide d'une tasse, le sang du zébu.

—Priez pour nous, que nous trouvions de la tourmaline, nous te bénissons. S'écria le chef du village.

On se retrouvait dans la grotte, la « maison des princes».

— Je vous donne ma bénédiction à vous mes enfants, pour que vous obteniez de bons résultats. Dit la femme du chef solennellement.

Joro alluma des cierges tout en versant du sang sur un petit autel.

— On cherche de la bonne tourmaline, de la rubellite et de la polychrome! Déclamait le chef en levant les mains vers le ciel, implorant les ancêtres.

— La rubellite est une tourmaline de nuance rose-magenta, rouge-violacé et rouge vif, c'est une pierre fortement convoitée. La tourmaline bicolore ou polychrome, appelée comme ça en fonction du nombre de couleurs ou d'association dans une même pièce. Il y en a beaucoup que l'on nomme «melon d'eau», comme une pastèque, la pierre est verte à l'extérieur et rose, rouge au centre. Encore une fois Edward nous apprit des choses.

Le devin bénissait la foule en buvant du rhum.

— Aujourd'hui, c'est fady alors demain, on ira trouver des pierres.

— Qu'est ce que c'est « fady»? Demanda Seth.

— Chaque village malgache organise sa vie sociale en fonction des fady, les interdits que seuls les plus âgés et les devins ont le droit de lever. Et le samedi c'est fady. Joro avait dit ça comme si c'était évident.

On retourna au village, la nuit commençait à tomber, les femmes du village nous avaient préparé de la viande de zébu pour accompagner le reste du riz, on avait aussi le droit à un bouillon de riz grillé.

— D'où vient le nom des tourmalines?

Je regardai Kate, je me fis la remarque que je n'avais jamais vraiment parlé avec elle.

— Le nom vient du cinghalais, tura mali «pierre aux multiples couleurs» autrefois on les appelait aussi «pierre qui attire les cendres» car les cristaux provoquaient un phénomène incompréhensible. Une fois chauffés au-dessus d'un foyer, ils en attiraient les cendres. Expliqua Jasper.

— Comment les pierres faisaient ça? Emmett avait l'air tout à fait intéressé.

— Tout simplement car sous l'effet de la chaleur, les cristaux se chargent électriquement; on appelle ça la pyroélectricité ou le phénomène piézoélectrique, qui est très utilisé en horlogerie, avec le quartz. La chimie du groupe est très complexe à cause d'un grand nombre de substitutions possibles. Rosalie avait prit la parole.

— C'est pourquoi le britannique John Ruskin, un critique d'art et d'architecture passionné par la géologie affirma « que la composition chimique ressemble plus à une ordonnance d'un médecin du Moyen-Age qu'à la formation d'un respectable minéral». Rajouta Edward avec un ton théâtral qui nous fit rire.

— La tourmaline regroupe en fait, une quinzaine d'espèces à part entière, on y trouve le schörl, la tourmaline noire par exemple. Continua Jasper.

— On utilise la tourmaline dans les sèche-cheveux et les lisseurs! Récita Alice mélodieusement.

— Ah ouais? Leah avait tellement crié, qu'elle m'avait fait sursauter.

— La tourmaline, elle va recouvrir les plaques du lisseur qui seront directement en contact avec les cheveux, en formant une couche très fine, ce qui rendra plus fluide le passage des plaques sur les mèches. Mais surtout, la particularité c'est que la tourmaline émet des ions négatifs quand elle est au contact avec de la chaleur. Le cheveu quand à lui va émettre des ions positifs qui seront neutralisés par la tourmaline, ce qui aura pour effet d'éviter l'électricité statique!

— C'est pour ça que l'on retrouve aussi des sèche cheveux qui englobe la céramique et la tourmaline. Ajouta Rosalie.

— Et pourquoi ça? Ma meilleure amie ne perdait pas une miette de la conversation.

— Car la céramique sert à retenir la chaleur et la diffuser d'une façon homogène. Alice avait répondu comme si elle était dans une émission scientifique pour les enfants.

C'est sur ces belles paroles que l'on allait se coucher, les femmes étaient d'un côté, les hommes de l'autre. Joro avait mis à disposition deux maisons. On avait besoin de repos avec toute la route que l'on avait fait et surtout pour le lendemain, on allait se rendre dans les grottes. Cela promettait d'être intéressant. Je m'endormis sans problème, la fatigue accumulée avait eu raison de moi.


Pardonnez moi (pas mes péchés) mais les fautes éventuelles, je suis comme les lutins du Père Noël, je voulais que ça soit fait dans les temps. Alors si jamais il y en a encore, je changerai peut-être en relisant, pour ne pas que vous ayez les yeux qui saignent encore plus.

Cette fois-ci c'est la bonne je reviendrai après les fêtes ;)

À très bientôt.