Bonsoir! Bonjour!
Le chapitre a été plus long à écrire que prévu, j'ai eu quelques moments de doutes et pas mal de réécriture... Même si pour rien vous cacher j'ai failli sauter la semaine de publication tellement j'étais... Préoccupée.
J'ai reçu une review qui m'a un peu turlupinée, et du coup, je voulais vous demander votre avis: comme vous le savez et vous avez pu le remarquer, je suis une adepte des longues descriptions mais je me demandais si cela vous convenait? Je ne veux pas changer radicalement mais on m'a souligné que je ne faisais pas assez de "fiction". Donc ma question est la suivante: Est-ce que je garde ce modèle actuel ou alors j'essaye de faire bien moins de description. Je dois dire que je suis un peu inquiète parce que je ne veux pas tomber dans des lectures trop "encyclopédiques" et perdre de vue mon objectif principal de vous détendre. Mais c'est aussi ma façon d'écrire alors je suis partagée et je crois que j'aurai besoin de votre avis pour me situer. Je trouve quand même ça plus "enrichissant" et plus sympas de découvrir les pays dans lesquels ils vont même si je n'ai pas pour vocation d'organiser vos prochains voyages. Je dirai tout de même que je veux vous en mettre "plein la vue" dans le sens positif du terme, je veux qu'on voyage, que l'on pense à autre chose et qu'on puisse rêver, tout simplement.
Ma deuxième question et ensuite on passe aux remerciements, est-ce que vous préférez des chapitres exclusivement sur un point de vue ou le fait d'avoir celui de Bella et d'Edward ne vous gêne pas? C'est tout ... Pour le moment. Merci d'avoir lu mon petit moment d'état d'âme. Même si j'écris pour me faire plaisir, je veux faire tout mon possible pour vous satisfaire alors je pensais que c'était important de vous faire part de mes interrogations !
Une inconnue: Haha seul l'avenir te dira si tu as raison pour Rosalie et Emmett! Mais c'est certain qu'avec eux deux, on peut s'attendre à beaucoup de choses! Je crois que j'adore le fait que Bella se fourre le doigt dans l'oeil jusqu'au boyau et que justement tout le monde joue autour de ça. Comme quoi une méprise peut aller très loin. Je te remercie de commenter et d'être aussi enthousiaste avec mon histoire! A très bientôt!
Guest sans nom: Haa les cartons de déménagement, une vraie plaie... Merci de m'avoir rassurée sur le fait que j'ai le droit de ne pas faire quelque chose de tout à fait réel et ne t'en fais pas, je ne parlerai jamais de pandémie ou de Covid sauf dans mon fidèle "Prenez soin de vous et des autres et puis souriez!". Je suis contente que tu apprécies les interactions, j'essaye de faire des choses un peu plus fluide, même si parfois j'ai un peu l'impression de patauger dans la semoule. En tout cas merci pour tes commentaires ! A très vite pour la suite !
Pour le reste, Gweeny, Alex, Mane-jei, la ch'tite emmerdeuz et Pinky-sunset, merci pour vos reviews et de répondre toujours présents pour cette histoire. So, Tony, Pâquerette, Niro, je pense à vous aussi et j'espère que vous allez bien! Et que vous n'êtes pas écrabouillés sous les descriptions quelque peu denses... Les petits fantômes, vous êtes toujours les bienvenue et un petit coucou serait accueilli avec une grande joie. Les anciens et les anciennes, j'espère que si vous repassez par là, vous apprécierez le voyage !
J'espère en tout cas que la lecture sera toujours plaisante, je m'évertue à jongler entre les descriptions, l'histoire et les relations et c'est un équilibre précaire mais je suppose que je ne m'en sors pas trop mal même si j'ai toujours envie d'améliorer mon écriture et d'être à votre écoute. Je prends en compte vos conseils, vos avis et vos mots pour la suite des chapitres et même si parfois je deviens chèvre, je pense que le résultat est acceptable.
En tout cas, nous allons bientôt dépasser le nombre de reviews que j'avais sur ma précédente fiction *yaaaay* ça se fête. Merci de votre soutien, vraiment, c'est important pour moi que vous sachiez que les nombreux jours passés à imaginer les chapitres puis à les écrire sont récompensés par vos mots si gentils. Donc vous avez compris le message, continuez à me soutenir !
Nous arrivons enfin dans cette destination tant attendue. Je ne parlerai en aucun cas de l'actualité birmane, nous ne sommes pas là pour parler politique et autres. Donc cela restera du côté édulcoré du pays, sans toutefois oublier des petites choses et d'autres. J'ai bien conscience que mes récits sont plutôt oniriques mais je suis là pour vous changer les idées pas pour vous rappeler oh combien la vie est compliquée. Sur ces derniers mots, j'ai sûrement oublié de nombreuses choses mais je peux vous dire que les deux prochains chapitres seront consacrés aux pierres précieuses. Vous pouvez souffler, pas de course aux visites.
Les personnes ne m'appartiennent toujours pas, elles sont toujours à Stephenie Meyer.
Je n'ai pas d'action chez Gwen mais si vous voulez passer lire sa fiction, vous savez où aller et si vous ne savez pas, par un super procédé appelez "boum" . The magic in me - Gwen Who. Voilà vous savez tout. Oui la pub entre nous c'est un p'tit rituel mais si on ne se soutient pas mutuellement qui le fera?.
N'oubliez pas de sourire, de prendre soin des autres et de vous!
On tamponne le passeport , les formalités douanières sont terminées, en route pour de nouvelles aventures avec votre dévouée pilote! (Oui c'est moi).
Kaname.
Chapitre 16: Gypse.
Nous étions dans le vol pour Nyaung U, dans la plaine de Bagan, je me remémorai nos visites dans la dernière ville du Sri Lanka. Nous avions visité Anuradhapura , pour clôturer notre visite du triangle culturel, formé par les anciennes capitales Polonnaruwa et Kandy. La vieille ville est aussi connue sous le nom de Ville Sainte classée au Patrimoine Mondial de l'Unesco.
La nature avait repris ses droits avant le début du 20 ème siècle où des travaux de grande ampleur eurent lieu pour réhabiliter les vestiges. Les vestiges en question: de nombreuses dagobas ou stupas, je n'ai jamais réussi à faire la différence. Jasper nous avait expliqué que les stupas avaient différents noms suivants les pays, ainsi les stupas deviennent chörten au Tibet, dagoba au Sri Lanka, thap au Viêtnam.
Ce que je retenais principalement parmi les temples que nous avons visités, c'est le temple Jaya Sri Maha Bodhi et l'arbre sacré de la Bodhi dans le centre spirituel de la ville. Cet arbre a poussé à partir d'un rameau rapporté d'Inde, depuis la ville de Bodhgaya, par la fille aînée du roi Ashoka à l'origine du bouddhisme au Sri Lanka. C'est sous cette variété que le prince Siddharta a atteint l'illumination et est devenu le Bouddha. Selon la légende, le prince, avant d'atteindre l'Eveil, aurait fait pousser cet arbre en une seule nuit grâce à la méditation. Il est considéré comme l'arbre le plus vieux du monde.
« Bo» comme on le surnomme est un figuier qui mesure environ 30 mètres de haut. Depuis près de deux millénaires, il bénéficie de soins ininterrompus. Il est soutenu par plusieurs branches qui forment une sorte d'échafaudage. Au bout de ses branches, des petits rubans symbolisant les voeux des croyants flottaient paisiblement.
On portait tous un bracelet de fil blanc bénit par un keuwa, afin de nous protéger. Il a récité un sutra et nous a ensuite noué le bracelet autour du poignet. On avait ensuite assisté à la cérémonie de l'arbre. Un cortège de Sri Lankais vêtus de blanc et avec de longs habits déambulait. Les fidèles défilent avec les mains remplies d'offrandes et se rendent au temple pour les donner au moine et prier. J'avais été pour ma part hypnotisée par autant de ferveur. D'autres personnes faisaient trois fois le tour de l'enceinte en portant une petite jarre d'eau qui sera par la suite déposée au pied de l'arbre, il n'est pas autorisé de l'arroser avec. Cet arbre n'était pas extraordinaire comparé aux stupas géants à côté mais l'ambiance, elle l'était. Ils avaient su transmettre cette spiritualité qui prend au ventre. C'était indescriptible, je n'étais pas particulièrement croyante mais j'avais ouvert un peu mes horizons grâce à cette expérience.
Le plus vieux dagoba, celui de Thuparama avait aussi son importance puisqu'il contiendrait la clavicule droite du Bouddha. Il a été restauré en 1862 où il troquait sa forme de «montagne de riz» contre une forme de cloche qui est une forme plus commune.
Je n'oublierai certainement pas Ruwanwelisaya qui abrite aussi une des reliques de Bouddha, j'avais eu la surprise de voir des gens le laver, installés sur une échelle à plus d'une dizaine de mètres de hauteur,avec des brosses et du savon, pour qu'il conserve son blanc immaculé.
Celui de Jethawanaramaya est aussi à retenir, rien que pour ses 100 millions de briques qui le composent.
Je gardai un précieux souvenir du Sri Lanka, mais pour être tout à fait honnête, je trépignais d'impatience d'arriver au Myanmar. Mes pensées tourbillonnaient dans ma tête, est-ce que ce voyage sera à la hauteur de ce que j'espérai? On parlait tout de même du Myanmar, pour une personne qui a grandit en lisant «La Vallée des Rubis» de Kessel, je me faisais une idée époustouflante de cet endroit et je me surpris à rêver de dénicher des rubis «sang de pigeon», comme n'importe qui.
La famille Cullen n'avait, encore une fois, pas fait les choses à moitié, on se retrouvait dans un magnifique hôtel situé dans 10 hectares de jardins tropicaux entourés de temples antiques. Les chambres, enfin les suites je présume, étaient plus que spacieuses et décorées d'objets d'artisanat local. Je lorgnai sur la baignoire à balnéo.
Je me retrouvai avec Leah et Rebecca dans la suite, Rosalie partageait maintenant celle d'Emmett. Pour notre confort de voyage, on avait gardé le plus de matériel utile mais le reste, on l'avait fait envoyer en Thaïlande, chez Jasper où il serait bien gardé. Cela nous évitait de nous balader avec nos précieuses sauvegardes. J'avais été dubitative au début et assez parano à l'idée de me séparer des images tournées ainsi que des disques saturés de photos mais je dois reconnaître qu'on était loin du service postal lambda. On avait, l'équipe technique et moi, poussé un «ouf» de soulagement quand on a su que tout était en sécurité.
Je rédigeais toujours un petit journal de bord pour déposer des idées en l'air, raconter nos aventures et poser des phrases par ci par là pour la future narration des reportages. Les conditions de voyage étaient plus que déroutantes, j'avais bien conscience que l'on était privilégiés et que c'était loin d'être à la portée de tout le monde, surtout pour ce qui était des véhicules privés. Mais tout semblait être sorti d'un rêve, je me demandais tout de même la part que payait la production... Au vue du standing... Je n'osais pas imaginer en fin de compte, il valait mieux jeter un voile pudique sur les dépenses. Tout ce que je retenais c'est que le terrain était vraiment le meilleur endroit pour se faire aux ficelles du métier.
On arrivait à l'hôtel en fin de soirée, il était question de se lever tôt pour nos visites du lendemain, j'accueillais avec joie la douceur des draps et le matelas moelleux dans lequel je me retrouvai. Après un sommeil réparateur et un bain relaxant, je rejoignais les autres pour le petit-déjeuner, il faisait encore nuit noire dehors.
Mes yeux passaient sur les différents mets que je voyais. Pour bien commencer la journée, il y avait des samoussas qui avaient l'air savoureux et craquant sous la dent, des brioches à la vapeur fondantes, du nam-bya, l'équivalent du naan indien servi avec des lentilles. Ainsi que des beignets longs et moelleux à tremper habituellement dans le thé noir, influence anglaise oblige, préparé avec du lait et du sucre ou du lait concentré ou bien du café. Je pris de la soupe Mohinga, le plat national qui combine nouilles ou vermicelles de riz à un épais curry ainsi que du poisson-chat. Il y avait des saveurs telles que l'ail, le gingembre, la citronnelle. J'appris par la suite qu'il y avait aussi de la farine de pois chiches. On pouvait aussi rajouter des œufs de canne durcis, du pain de poisson ou des beignets de courge à notre convenance. Grâce à la province du Yunnan voisine, on pouvait déguster du thé vert. L'eau du robinet n'est pas potable mais on trouvait facilement de l'eau purifiée, on devait simplement vérifier que les bouteilles étaient fermées et scellées.
C'est repus que l'on partait vers notre destination encore inconnue. Edward se positionnait toujours en guide car non sans surprise, il parlait «un peu» le birman. Je pensai que l'on allait prendre des véhicules ou des vélos électriques, mais je me trompai lourdement. Des nacelles nous attendaient, les pilotes et les équipes gonflaient les ballons, d'abord avec des ventilateurs géants pour faire rentrer de l'air froid puis rapidement avec du gaz pour chauffer les ballons. Des montgolfières? Rien que ça?! Non mais Bell's vise la démesure du type! Se marrait ma conscience. Moi j'étais silencieuse et mitigée, entre être estomaquée parce qu'on allait visiter les temples au levé du soleil ou par le fait que le budget semblait illimité.
On se divisait pour être à l'aise dans deux montgolfières, elles pouvaient contenir chacune seize personnes mais non il fallait que l'on en prenne deux. Je me retrouvai avec Tanya, Edward, Jane, Rosalie, Emmett, Jake, Leah et Rebecca. La meute, Kate, Alice et Jasper étaient dans l'autre. Et si on poussait Tanya par dessus bord? Proposa sans détours ma conscience qui se frottait les mains. Je secouai la tête, je me ferai presque peur avec cette jalousie mal placée. Il ne m'intéressait pas du tout en plus; c'est ça à d'autre!
Rosalie me sourit et me laissa une place à côté... d'Edward, je lui lançai un regard lourd de sens, elle me lançait à présent un sourire radieux. Ma meilleure amie qui avait vu toute la manigance leva son pouce en l'air en direction de Rosalie qui lui répondit par un clin d'oeil. Oh... Elles étaient de mèche...
— Hey Jake?! J'élevai la voix pour que Leah puisse m'entendre, elle me fit des signes négatifs de la tête.
— Oui Bella?
— Tu as une petite place à côté de Leah si tu veux! Déclamai-je tout haut.
— Ha super merci! Il se plaçait entre sa soeur et Leah, celle-ci me fit un signe du pouce sous la gorge. Oui oui je suis morte mais 1 point partout et toc!
Le décollage se fit tout en douceur, le staff nous faisait des grands signes de mains pour nous dire au revoir, c'était parti pour le vol. Au début, la visibilité n'est pas top puisque le soleil n'est pas encore levé mais une fois dans les airs, la beauté des temples suffit pour rendre le paysage magique. Je ne savais plus où regarder, cette expérience unique, il n'y avait pas de mots assez forts pour la décrire. J'étais simplement subjuguée, j'étais témoin du réveil de ces temples à la lueur de l'aube, la lumière croissante éclairait les temples de mille et une couleur.
— Après le tremblement de terre, de nombreux temples, stupas, monastères et bâtiments furent endommagés. Depuis, l'accès au sommet est fermé. En revanche certaines collines sont aménagées pour le coucher du soleil.
— Mais ça a été un mal pour un bien... Le site n'était pas inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Ajouta Edward qui écoutait notre conversation.
— Enfin pourquoi? Je ne cachais pas ma surprise, la plaine était somptueuse.
— Il s'est avéré que les restaurations faites par la junte militaire à l'époque, ont été quelque peu controversées. Elles ne respectaient pas strictement l'histoire, ils ne tenaient même pas en compte les conseils des spécialistes de la restauration. Ils s'étaient contentés d'utiliser des briques et de l'acier comme pour réparer des bâtiments normaux. Ce qui a eu pour résultat le rejet de la candidature.
— Ce qui pose vraiment problème... Mais je suppose que la restauration a été reprise par le programme de rénovation aux normes internationales?
— Tu as tout à fait raison, cela a été rectifié et maintenant, cette ancienne capitale du premier empire birman est à présent classée au patrimoine mondial de l'Unesco.
Nous survolions maintenant des champs et des petits villages, des villageois promenaient leur troupeaux de chèvres ou travaillaient la terre. Plus le soleil montait, plus il rayonnait sur les temples, c'était superbe. Mon doigt ne quittait pas le déclencheur de mon appareil photo, même si je prenais mon temps à observer et m'imaginer tel un aigle survolant la plaine. Les autorités ont interdit le survol direct des temples, mais nous étions suffisamment proche pour les voir.
Au delà des plaines, au sud de New-Bagan, des villageois nous saluaient d'un signe de la main, on pouvait même distinguer leur sourire, nous leur répondions avec le même engouement. Dans les airs, il n'y avait pas grand monde, je m'attendais à voir des colonies de montgolfières mais il n'en était rien, peut-être que notre pilote était plus émérite ou influent.
Nous amorcions la descente puis l'atterrissage, après une collation pour remercier le staff et le pilote.
Le pilote nous avait longuement parlé de Bagan, anciennement Pagan, le site se trouvait sur la rive gauche du fleuve Irrawaddy. Cette vaste plaine est considérée, à juste titre, comme le trésor du Myanmar. J'avais lu que près de 2000 temples, pagodes hindous ou bouddhistes étaient recensés. Les temples ont été construits entre le X ème et le XIII ème siècle, ce qui est un réel trésor de l'humanité à mes yeux.
Je constatais avec étonnement que beaucoup de temples et pagodes étaient petits. On loua des vélos électriques que l'on appelle ici e-bike. Il y avait différents modèles dont un qui ressemblait vraiment à un petit scooter. On avait décidé de visiter les petits monuments le matin après le vol en montgolfière puis de recharger les batteries de nos e-bikes à l'hôtel ainsi, on profiterait du déjeuner.
J'eus le plaisir de goûter le ngar khu hin, le curry (hin) de poisson pêché dans les eaux de la mer d'Andaman ou dans le golfe du Bengale et qui était préparé avec de l'ail, du gingembre, coriandre et tamarin, des oignons, du curcuma ainsi qu'une pâte salée odorante; le ngapi. Au goût de crevette ou de poisson fermenté qui ne se déguste jamais seul. Le curry au mouton ou au poulet restent les plus populaires, les bouchers sont majoritairement musulmans, c'est pourquoi on trouve peu de curry au porc, quant au boeuf, il est considéré comme un compagnon de travail.
Il y avait de nombreux accompagnements, des légumes en saumure, crus, cuits, bouillis, il y en avait pour tous les goûts. Je choisi de prendre du aye myit tar, des gros haricots cuisinés ainsi que du htamin, le riz.
Je dégustai pour la première fois le thé en salade pour accompagner le curry. Le phet thoke est un mélange de feuilles de thé marinées, de chou, d'oignons, de tomates, d'ail, d'huile, de haricots et des arachides grillés. Emmett avait rajouté des graines de sésame pour donner encore plus de goût. Seul le Myanmar a conservé cette habitude de manger du thé alors qu'autrefois, c'était un usage très répandu en Asie.
Je prenais un peu de ma gyi ywet thoke, le thé est alors remplacé par des feuilles de tamarin. Je fis la découverte aussi de balachung, des crevettes séchées et pilées dans de l'ail frit. Il y avait tout un tas de nouilles sautées le khaut swel kyaw et de riz frits le htamin kyaw , tous deux inspirés de la cuisine chinoise de la région orientale Shan. Seth et Jake avaient rajouté du poulet dans leur riz et nouilles sautés.
On buvait pour certain de la bière locale et pour d'autres du jus de fruits, j'optai pour un jus de tamarin, Tanya prit du htayei, le jus de «toddy» est une boisson alcoolisée que les paysans extraient du sommet du palmer toddy.
On mangeait des fruits en dessert, pour ne pas s'alourdir pour le reste de la journée, j'avais déjà l'impression d'avoir mangé pour quatre. C'est sans compter mon frère et son acolyte de table Jake, qui prirent des beignets huileux et la meute mangeait des petits gâteaux à la crème de coco ainsi que des boules de glace pilées et arrosées de différents sirops. Jasper et Edward se laissèrent tenter par du tapioca au lait de coco. Tanya et Jane avaient craqué pour un gâteau de riz à la cannelle et l'autre à la banane.
On visita des temples toute la journée, une vingtaine sur la carte était indiquée. Parmi ceux là, je me souvenais des plus connu comme le temple de Sulamani qui possède de magnifiques fresques murales. Le temple a été construit vers la fin du XII ème siècle et c'est un des plus imposant de la plaine. Celui de Htilomino fait aussi partie des grands temples de Bagan, c'est le plus récent temples bouddhistes pourtant, il a été construit au début du XIII ème siècle. Il est haut de presque 50 mètres, il a été inspiré du temple Sulamani qui lui même était inspiré du temple Thatbyinnyu; le plus haut temple bouddhiste de Bagan avec ses 65 mètres de hauteur. Il est essentiellement construit avec des briques. C'est autour de ce temple que l'on trouve le plus de petits échoppes de souvenir. On s'arrêta aussi dans un monastère bouddhiste en bois, le Nat Taung Kyaung datant du XVIII ème siècle. On visita aussi le temple de Dhammazedi qui mérite le détour car il a une forme pyramidale. On s'arrêta évidemment au temple le plus connu, Ananda qui date du XI ème siècle, c'est un des rares temples encore fréquentés par les fidèles qui viennent prier. A l'intérieur du temple se trouve quatre immenses statues de Bouddha. La pagode Shwesandaw est quand à elle, la plus réputée pour voir les couchers de soleil à Bagan. Son nom veut dire «Temple d'or des cheveux», elle a été construite pour abriter les reliques des cheveux de Bouddha.
La pagode de Shwezigon est une pagode dorée qui ressemble paraît-il à celle de Yangon, j'aurai tout le loisir d'aller vérifier quand on y sera. La pagode Bupaya qui surplombe l'Irrawaddy. Son nom signifie «Pagode de la gourde.» C'est un des plus anciens sites de la plaine, elle a été construite vers l'an 1000.
Nous avions choisi un autre temple, celui de Oak Kyaung Gyi pour admirer le coucher de soleil. C'était un des défis les plus importants d'avoir sa photo du coucher de soleil sur les plaines, mais j'étais grisée par l'envie et l'excitation de la réussir. En tournant la tête vers mes compagnons de route, je remarquai que je n'étais pas la seule à être fébrile devant ce spectacle.
Nous étions proches de celui d'Htilominlo et à la nuit tombée, quand celui ci s'allume, c'est vraiment magnifique. Je ne pouvais pas décrire tout ce que je ressentais, on avait aussi découvert des temples perdus, des temples incontournables mais ce qu'on ressentait c'était la préservation des lieux. On s'imaginait tout de suite propulsés dans des temps plus anciens. J'avais aussi cette impression d'être une exploratrice qui partait à la découverte des charmes d'antan. J'avais eu cette même impression quand avec Emmett et l'équipe nous étions partis à Angkor, j'avais un faible pour ces ruines car elles étaient situées dans la forêt. Je me prenais pour Lara Croft, cette archéologue de fiction fascinée par les anciennes civilisations et la découverte. Elle m'avait fait rêver de relique perdue et de complots d'organisations mafieuses qui veulent s'approprier les reliques pour dominer le monde.
On rentrait à l'hôtel. Demain, on partait pour une autre ville. Je triais les photos de ce matin sur mon MacBook, je me revoyais dans les airs, surplombant la plaine, des souvenirs revenaient comme ce temple en haut d'un volcan, le monastère de Taung Kalat sur le mont Popa. Alice m'avait expliqué avec espièglerie que c'était le refuge des 37 grands esprits, les Nats. Les superstitions birmanes interdisent de porter du noir ou du rouge au sommet du mont. Il ne faut ni jurer ni apporter de la viande. J'avais été très étonnée de voir ce mont riche en végétation et en ruisseaux, il n'y en a pas moins de 200, au milieu des terres plutôt arides du centre du pays. La terre y était rendue fertile grâce aux centres volcaniques comme m'avait gentiment explicité Rosalie. Edward nous avait évité une ascension pieds nus de 777 marches, on avait été bien plus ébahis par notre point de vue aérien sur le monastère.
Le lendemain, après notre traditionnel petit-déjeuner, on prit la route pour Monywa. Cette ville est connue pour concentrer des coopératives agricoles qui produisent de nombreuses denrées puisées dans la vallée de la Chindwin: oranges, haricots, Jaggery, farine et nouilles sont des exemples parmi tant d'autres. On y trouve aussi des objets traditionnels en bambou et en roseau. Des gens slalomaient avec des sacs empilés sur des tuk-tuks, des comptoirs pullulaient au bord de la route. Parmi le tumulte de la rue, et le trafic incessant des tuk-tuks, j'aperçus une petite étale où se préparait une sorte de potion. Je m'approchai étonnée. Un homme d'un certain âge avait autour de son cou une petite tablette en bois, il était en train d'enrouler des feuilles de bétel, de la chaux; souvent des coquillages broyés, une noix d'arec et parfois une feuille de tabac, ou d'autres épices.
Mâcher du bétel était répandu ici, j'avais vu bon nombre d'hommes le faire. Ils recrachaient inlassablement l'excès de salive rougeâtre sur fond de raclement de gorge à tout va. Résultat: les sols étaient maculés d'immondes crachats, malgré les crachoirs à disposition et les gens si souriant nous faisaient honneur de leur sourires édentés rouge sang. Pourtant c'était une tradition ancestrale, de nombreuses chroniques de voyageurs parlaient de cette pratique et ce dès le XVI ème siècle!
— Eurk! C'est dégoûtant! S'écria Leah en grimaçant, on venait d'assister en direct au spectacle de recrachage du bétel.
— A priori c'est un excellent coupe faim... Nous indiqua Alice qui ne cachait pas son dégoût.
— Et un super vermifuge! Compléta Jasper en riant devant nos mines quelque peu gênées.
— Jasper Whitlock, si un jour je te prends à chiquer du bétel en faisant ces bruits d'animaux, je... Je te quitte! Menaça Alice en appuyant son doigt sur la poitrine de son petit ami, qui s'arrêta de rire instantanément. Déclenchant les notre par la même occasion.
— Oh allez Belly Bean, tu ne veux pas ressembler à un zombie dégoulinant de sang? S'amusa Emmett en mettant ses bras devant pour mimer un mort-vivant.
— Pour ta gouverne chéri, la noix d'arec contient de l'acide gallique qui use l'émail des dents et tuméfie les gencives... C'est pour ça que tu as l'air d'avoir mangé des humains bien frais! Rosalie esquissa un petit sourire narquois.
— Vous êtes fous, on n'est pas dans Zombieland!
De nombreuses personnes nous avaient salués par des Mingalarbar!, pour nous dire bonjour, Tanya nous avait expliqué que cette phrase était apprise pour les voyageurs étrangers alors que les birmans utilisaient entre eux Nei kaun: ba la. J'avais noté que les birmans étaient très chaleureux et que spontanément, ils venaient nous saluer et nous dire quelques mots, sans avoir d'arrière pensée. Cette spontanéité faisait chaud au coeur, c'était pas à New York où les gens sont pressés que cela arriverait!
Ils portaient tout le longyi, ce bout de tissu que l'on entourait autour de la taille pour former une espèce de jupe longue. Il mettait en valeur les silhouettes longilignes des birmans. La seule différence entre les hommes et les femmes étaient la façon de nouer le longyi et les motifs. Les enfants remontaient la pièce de tissu jusqu'en haut des cuisses en le torsadant et le passant entre les jambes pour le coincer derrière pour jouer au foot plus aisément. Cela me faisait penser au short des sumos. Les écoliers en avaient de couleur verte.
Pour ce qui est des pierres, il n'était pas rare de croiser des personnes qui essayaient de vendre aux rares touristes qu'ils croisaient, des soit disant rubis de Mogok. Il suffisait de refuser poliment et ils repartaient chercher fortune ailleurs.
On arrivait dans le village de Myint, je compris en un coup d'oeil pourquoi Edward voulait que l'on s'y arrête, il y avait des stupas anciens délabrés. Mon impression d'être une aventurière à la recherche d'une civilisation perdue refit surface en voyant la végétation reprendre ses droits sur les constructions de l'homme. De l'extérieur, les stupas faisaient grises mines avec leurs piques cassées mais l'intérieur était intact: les peintures étaient parfaitement conservées.
On arriva devant l'entrée du temple de Thanboddhay où se trouvait deux immenses statues d'éléphants en couleur et grandeur nature. J'étais estomaquée par la beauté de l'ensemble de temples et stupas plus magnifiques les uns que les autres. Ils étaient peints de toutes les couleurs, du vert, de l'ocre mais le rouge vif et le jaune dominaient , ce qui était plutôt une rareté, puisque la plupart des temples et pagodes sont dorés. Le toit du temple était couvert et comprenait des minis stupas dorés, je pense avoir pris une centaine de photos rien que du toit, tellement il m'avait marqué. A l'intérieur du temple, rien de particulièrement stupéfiant même si les couleurs vives telles que l'ocre, le doré, le bleu et le rouge faisaient scintiller de mille feux les murs. Au détour d'un couloir, j'aperçus une horde de petit Bouddhas derrière un autre bien plus grand. L'intérieur était chargé et kitsch à souhait, la présence de presque cinq cent mille images du Bouddha concentrées dans un même espace était pour beaucoup dans le charme de ce lieu. Jasper nous informa que l'on pouvait voir depuis une tour l'ensemble du site mais que malheureusement, la tour était interdite aux femmes... Alors les filles et moi, on s'était rabattue sur une petite colline qui dominait le temple. Après avoir étudié de près les dessins qui ornaient les colonnes, pour la plupart des motifs floraux. En partant, on déposait une petite statuette histoire de compléter encore un peu plus les murs qui comportent des petites étagères prévues à cet effet.
Nous continuons ensuite la route pour aller voir le bouddha géant Bodhi Tatung, avant d'arriver à destination, on tombait sur un champ de bouddha assis. On s'amusa à déambuler dans cette forêt de statues. Emmett et Rosalie prenaient des poses de couple.
Le Bouddha en question protégeait la ville de toute sa hauteur, il prenait appui sur un socle de treize mètres et demi pour venir côtoyer le ciel avec une hauteur de plus d'une centaine de mètres; un parfait exemple de la dévotion. Nous allions de surprise en surprise, à côté se trouvait un énorme Bouddha couché sur plus de 9 mètres, ce qui en fait aussi l'un des plus grands du monde. A l'intérieur du site se trouvait des milliers de peintures retraçant la vie de Bouddha et ses enseignements. Quelle ne fut pas ma surprise de voir des représentation des enfers sur les murs. A l'étage, les illustrations sont bien plus zen. Pour couronner le tout et comme s'il n'y en avait pas déjà assez, il y en avait un autre Bouddhas, cette fois assis sur quatre éléphants couchés.
Emmett nous fit rire par sa remarque en disant que le panorama qui juxtaposait les bouddhas, la montagne et le toit d'un temple semblait presque faux. On aurait pu penser que c'était un montage réalisé par l'office du tourisme de la région pour appâter les étrangers... Seth rajouta qu'à force de voir des Bouddhas toute la journée, on finirait par en rêver la nuit.
On repartit pour la dernière visite dans cette ville, les grottes de Po Win Daung; 492 grottes travaillées entre le XIV ème et XVIII ème siècle. C'était un endroit incroyable , l'intérieur des grottes accueillait environ 2600 statues de Bouddha, les plafonds ainsi que les murs étaient décorés de peintures rupestres. La zone devenaient notre terrain de jeu, on assouvissait notre soif de découverte, on ne savait pas à quoi s'attendre en pénétrant dans les grottes, chacune d'elles avaient sa spécificité, une était en ruine, l'autre habitée par des singes , une autre encore avait servi de défouloir à des artistes en herbe, de nombreux gribouillis ornaient les murs. Pendant notre exploration des grottes, nous croisâmes des habitants voisins qui fumaient des cheroots.
— Les femmes confectionnent ces cigares birmans. C'est un mélange d'ingrédients grillés et refroidis puis roulés dans une feuille de thanal phet, qui poussent à 1000 mètres, puis le tout est collé avec une base faite à partir de riz gluant. Expliqua Tanya en montrant discrètement une femme qui fumait le cheroot.
— Qu'est ce que c'est la poudre qu'ils ont sur le visage? Demanda curieuse Leah.
— Je m'étonne que personne n'est demandé plus tôt! Fanfaronna Alice avant de nous expliquer. C'est le thanaka, une pâte d'origine végétale qui couvre le visage pour protéger du soleil, pour rendre la peau douce. On va justement aller dans une ville réputée pour son thanaka.
On s'arrêta pour aller visiter Shwebo, une ville située dans la région de Sagaing, au nord-ouest. Comme Monywa, la ville est connue pour être un centre d'échange pour les produits agricoles.
Avec la chaleur, les habitants que l'on croisait ne faisaient quasiment rien, pas mal de gens discutent et d'autres profitent pour faire la sieste. Les temples et pagodes étaient monnaie courante mais c'était toujours agréable à voir. On était surtout venus pour le palais royal, enfin plutôt sa reconstruction, puisque les bâtiments en bois ont pas mal souffert, tremblement de terre, pluie et séisme sont souvent responsables des destructions de site. Les visiteurs rapportent une poignée de terre de la victoire à garder dans leurs maisons.
— Des officiers royaux et des hauts gradés de l'armée revenaient pour fouler «le pays de la victoire». Jasper nous parla presque avec passion du roi Alaungpaya, qui unifia l'ensemble du pays sous un même royaume et fit de Shwebo l'ancienne capitale.
Edward nous avait annoncé que l'on arriverait dans la soirée dans la vallée de Mogok. Sur le trajet pour s'y rendre, les conversations allaient bon train. J'étais installée à côté d'Edward, Rosalie et Emmett était devant nous. Alice et Tanya étaient tournées vers nous sur les sièges à côté.
— Pourquoi on n'a pas visité le site de Mrauk_U? Demanda mon frère curieux de ne pas avoir visité ce magnifique endroit.
— Comme vous savez, le Myanmar, vit des temps difficiles en ce moment... Commença Edward.
— Tu veux parler de ce qu'il se passe avec les Rohingyas? Commentai-je.
— Exactement, dans le monde de la joaillerie, Cartier, Bvlgari, Chanel et Tiffany ont décidé jusqu'à nouvel ordre de boycotter les achats de rubis... Continua le professeur.
— Pour montrer leur hostilité au régime. Ajouta Tanya.
—Mrauk-U se trouve non loin de la capitale de l'état de Rakhine ou anciennement d'Arakan; Sittwe.
— Je vois, donc pour montrer que l'on soutient cette ethnie, on ne s'y rendra pas? Je voulais montrer que j'avais bien compris.
— C'est ça... Même si c'est un peu difficile d'être en accord avec ce que l'on ressent ou pense, puisque l'on vient aussi pour admirer et peut-être trouver des rubis à Mogok, je pense que l'on contribue comme on peut en respectant nos idéaux. Renchérit Alice.
— Il ne faut pas oublier que la vallée vit grâce aux rubis et qu'il ne suffit pas de dire que l'on refuse la provenance des pierres... Simplement, on ne peut pas tourner le dos au peuple. Et malgré tout, les rubis sang de pigeon restent parmi les plus beaux au monde. Conclut Edward gravement.
— Dans les enchères, on voit encore de nombreux rubis birmans, du temps ou les gens étaient moins éthiques, mais c'est vrai que les grandes maisons essayent de maintenir une belle image. Expliqua Tanya.
— En tout cas, si j'en vois... Je crois que je serai éblouie! Chantonna Alice pour détendre l'atmosphère.
Je souriais évasivement, mon cerveau commençait à fourmiller. J'étais tout aussi partagée entre la beauté de la pierre, l'envie de montrer cette passion et cette vallée aux gens car elle abrite de nombreux secrets et mythes était très forte mais on ne pouvait pas fermer les yeux sur la réalité du pays. On devait bien évidemment rester le plus impartiaux, dans la mesure du possible, on ne pouvait pas se permettre d'avoir des œillères et oublier les conflits actuels. En tout cas, j'étais contente de savoir que nous étions sur la même longueur d'onde.
Je rêvais que j'étais installée confortablement, une odeur fraîche mais épicée, comme du bois de santal embaumait l'air. C'était agréable et je me sentais en sécurité.
— On la réveille? J'entendis au loin des voix.
— Elle a l'air de bien dormir...
— Laissez la, elle finira par sortir de son sommeil.
— C'est sûr que tu ne vas pas te plaindre...
Je levai doucement les paupières, encore embrumée. Puis soudain tout se mit en place, la surface confortable était l'épaule d'Edward. Je le regardai confuse alors qu'il me souriait, je coulais un regard vers Tanya qui me regardait amusée.
— Oh... Je... Je suis désolée! J'ai du poser ma tête pendant un virage...! Je tentai de trouver une excuse pour expliquer que j'avais fini par m'endormir sur Edward.
— Un virage hinhin... Fit Rosalie.
— Serré le virage! Enchaîna Emmett en ricanant, je lui envoyais un regard noir, qui le fit encore plus rire.
— C'est vrai que c'est plutôt plat depuis un moment... Commenta Alice.
Je regardai Jasper désespérée. Allons Bella y'a pas mort d'homme! Tu t'es endormie sur Edward, c'était chaud et confortable voilà tout! Oui enfin sous les yeux de sa petite amie! D'ailleurs pourquoi elle dit rien?! Elle va vouloir m'empoisonner ou pire elle attend le moment où on sera seule pour m'étouffer dans mon sommeil! Je secouai la tête pour me remettre les idées en place. Puis je regardai Tanya afin de sonder un peu son regard. Elle n'avait pas l'air de vouloir m'étriper... Peut-être qu'elle cache bien son jeu... Elle est sûrement du genre mante religieuse! Je touchai mon cou comme pour me rassurer que j'avais encore ma tête.
— En tout cas... Isabella, tu peux t'endormir sur moi quand tu veux... Ajouta Jane sans sourciller en me regardant.
Je clignai plusieurs fois des yeux. Est-ce que j'avais bien entendu? Elle me fait du rentre dedans? Jane?
Rosalie regarda avec espièglerie Jane... Mais qu'est ce que va s'imaginer Rose? Arrg ma tête allait exploser tellement j'avais des pensées dans tous les sens.
— Tu as bien dormi Isabella?
Je reportai mon attention sur celui qui m'avait servi d'oreiller.
— Euh... Oui... Oui c'était ... Moelleux. Murmurai-je en me raclant la gorge.
— Je suis ravi d'être... Moelleux. Il me souriait en coin, toujours avec cette petite lueur dans le regard.
Mais à quoi tu joues Bella? Je ne te connaissais pas aussi joueuse! Roh ça va je ne vais pas le violer! J'ai juste dit qu'il était moelleux! Oui oui ça commence comme ça et on oublie vite qu'il y a la mante religieuse qui veille !
La fin du trajet se fit sans encombre, ma tête était restée loin d'Edward et je n'étais plus le centre de l'attention. On descendit à Kyauk Myang pour aller admirer les fabriques de poteries. Les techniques séculaires étaient encore intactes dans cette région. Le processus est entièrement manuel et les objets qui y sont fabriqués sont souvent des grandes jarres à eau pour les ménages qui ne disposent pas de plomberie.
— Ce qui est étonnant, c'est que la demande de jarres de Kyauk Myang est telle que cela suffit pour soutenir les quatre grandes coopératives de fabrication et des petits ateliers privés. Commenta Tanya.
— Je dirai même plus, que le commerce est entravé par un facteur assez curieux... La qualité supérieure des jarres.
— Comment ça c'est plutôt un point positif? Fis-je étonnée.
— Oui et non car comme elles sont robustes et durables, une famille peut s'en servir pendant des générations sans devoir en acheter des nouvelles.
— Je comprends ton point de vue Ed... Donc cela va à reconsidérer la politique occidentale qui consiste à rendre chaque article obsolète et pas facile à réparer de sorte que l'on soit obligé de le remplacer rapidement? Synthétisa Rosalie.
— Puis les récipients en plastique, la plomberie n'ont pas aidé à augmenter le commerce des jarres... Continua Alice.
— Jusqu'au moment où un cyclone a emporté les vieux pots et les tuyauteries pour relancer les ventes! Conclut Jasper en souriant.
— Je vois...
— Ils combinent deux types d'argile pour produire les jarres, la rouge provenant du fond de l'Irrawady et la jaune qui provient d'un gisement naturel. Comme vous pouvez le voir, le processus de fabrication est sophistiqué et entièrement manuel. - Il nous montra les jarres - Tout d'abord, la moitié de la jarre est jetée sur une roue par deux personnes, les jarres sont trop grandes pour qu'un seul homme puisse à la fois tourner la roue et en plus manipuler le cylindre d'argile qui monte.
Je regardai avec curiosité le processus avant que l'on se déplace.
— Ensuite, elle est séchée en la plaçant sur des braises chaudes à l'intérieur du récipient pour augmenter la chaleur du soleil. Et le processus est répété pour compléter la jarre. Enfin l'émail est appliqué au pinceau une fois que l'argile a séché.
— Après les objets sont prêts et sont placés dans les fours pour la cuisson au bois.
Je regardai les artisans qui nous souriaient, ils n'avaient pas l'habitude de voir des occidentaux. Ils étaient sympathiques et curieux et grâce à Jasper, Tanya et Edward, on arrivait à communiquer facilement. Cela nous a permis d'échanger quelques secrets de leur artisanat.
C'était toujours agréable de faire ce genre de halte, j'avais l'impression de m'enrichir humainement et culturellement. On reprit la route, qui était un peu plus cabossée maintenant. On fit une halte obligatoire à l'immigration pour donner le permis d'entrée ainsi que tout une partie administrative qui m'échappait. Cela allait relativement vite, je suppose que la réputation des experts n'étaient pas pour rien dans l'histoire. Une fois chose faite, on continuait la route qui commençait à serpenter. Les paysages devenaient alors tous plus beaux les uns que les autres, des montagnes verdoyantes où des pieux de stupas ponctuaient le paysage par leur couleur dorée. La végétation luxuriante et les paysages rendus célèbres par Kessel. Géographiquement, Mogok est nichée dans une vallée entourée de montagnes. Il y a seulement deux routes, celle que l'on avait prise depuis Shwebo puis la plus récente qui est aussi la plus rapide mais aussi réputée comme la plus dangereuse. Elle est située dans le pays Shan qui tire son nom de l'ethnie majoritaire du pays.
Nous voyions défiler des villages où les gens étaient tous plus curieux. Les femmes sortaient sur le parvis de leurs maisons pour ne pas manquer le spectacle de notre petite troupe. Tanya nous expliqua que nous étions les rares à avoir un laisser passer.
A l'intérieur de certains villages, la lumière dorée faisait luire les rizières qui les traversaient. Les pentes escarpées étaient les témoins des années, c'était un régal de pouvoir prendre des photos pour immortaliser notre traversée. Des enfants sortaient de l'école, c'était drôle de les voir se promener avec la hanse de leurs sacs sur la tête, le sac pendait derrière, dans leur dos. Je sentais une grande excitation au creux de mon ventre, mon coeur battait la chamade, enfin, j'atteignais cet endroit rempli de mystère et de secrets.
— Il est dit qu'un aigle géant a survolé le monde puis qu'il a été attiré par un morceau de chair fraîche brillant à la lumière... Commença Edward qui d'un coup avec toute notre attention. Il s'en saisit mais ne put l'entamer... C'est là qu'il comprend qu'il s'était trompé et qu'il s'agissait d'une pierre incomparable. Avec respect il emporta la pierre et la déposa sur la plus haute cime de la montagne. C'est le premier rubis du monde et à ses pieds s'ouvrait la vallée de Mogok, la «terre des rubis». Dit-il avec émotion.
— Ainsi s'écrivit la légende... Il y a peu, des tigres et des léopards rôdaient dans les parages et jusque dans les années 80, des dacoïts, une forme de brigand détroussaient ceux qui venaient s'aventurer par ici. Ajouta Jasper.
— De plus, la junte birmane a quasiment verrouillé l'accès. C'est pourquoi il faut des permis car régulièrement, la vallée est totalement fermée. Cela tient presque du miracle que l'on ait pu y accéder. Souffla Tanya.
— Oui mais tu me connais... Quand je veux quelque chose je l'obtiens. Dit Edward avec orgueil. Il lui souriait à pleine dent.
— C'est vrai et c'est ce qui me plaît chez toi. Tu ne lâches rien. Susurra la blonde.
Nous arrivâmes dans un des rares hôtels de la vallée. On rentrait tous pour se préparer à la répartition des chambres quand deux hommes s'arrêtèrent devant Edward.
— Edward Cullen, les années n'ont pas de prise sur toi, tu es toujours aussi étincelant... Dit le plus grand.
— Que veux tu Henri, c'est à force de côtoyer des gemmes, je commence à briller... Répondit-il avec un sourire en coin.
— Ou tu te fossilises Edward! Ria le second homme, il avait un air de famille avec le premier.
— Kennedy, tu ne manques toujours pas d'air, moi qui pensais que tu me tenais en haute estime! Fit théâtralement Edward.
— Je te respecte comme un ancien... Mais place aux jeunes à présent! Fanfaronna-t-il.
— Tu es loin d'avoir mon niveau... C'est pour ça que tu es aussi obstiné mais comme un petit chiot tu aboies beaucoup mais tu ne sais pas mordre!
Le dénommé Kennedy ouvrit la bouche pour répondre mais il fut coupé par Henri qui éclata de rire.
— Hahaha, je te retrouve bien là Edward! - Il se retourna vers Kennedy - Par contre mon cher frère, tu vas devoir apprendre à mordre ! Il s'essuya le coin des yeux tout en riant.
— Henri, je ne savais pas que tu serais ici.
— Chère Alice... Tu es toujours aussi ravissante, si j'avais su que tu viendrais, j'aurai fait un effort vestimentaire.
— Hey hey ne drague pas ouvertement ma femme comme ça! S'interposa Jasper, ils rirent tous, c'était assez rare de voir Jasper s'immiscer dans une conversation.
— Assez plaisanté, Henri, Kennedy, je vous présente l'équipe technique et voici les frères Ho. Kennedy est le fondateur et président de l'AIGS (Asian Institute of Gemological Sciences) à Bangkok et il est négociateur et expert gemmologue. Son frère est un négociant. Ensemble ils ont fondé la Gem Alliance, une coopération dont on fait partie pour partager les informations et les données de gemmologie.
— Il faut dire que nous sommes la deuxième génération d'une famille de courtiers en pierres précieuses. Précisa Henri.
— Vous vous êtres rencontrés comment? Demanda Seth.
— Kennedy est spécialiste en horlogerie mais il gère aussi la création et la gestion de complexes hôteliers. Nos parents se sont côtoyés et ensuite de fil en aiguille, nous sommes devenus amis.
— Il faut dire que notre Jewelry Trade Center, qui est la propriété de la famille, ne passe pas inaperçu avec ses 59 étages.
— Comme vous pouvez le constater, ils sont très modestes! Chuchota Jane déclenchant l'hilarité générale.
Edward nous présenta un par un, chacun des deux frères nous gratifia d'un petit mot gentil.
— Isabella Swan! Je mets enfin un visage sur votre nom! S'amusa Kennedy. J'avais écrit de nombreux articles sur lui.
J'allais répondre quand je fus interrompu par une personne.
— Tiens tiens... On arrive au bon moment. N'est ce pas Félix?
— Ne serait-ce pas les Cullen? Répondit l'autre.
Je sentis d'un coup les membres de la famille se tendre. En me retournant vers la voix, je vis des jumeaux habillés d'une façon très chic. C'était même presque trop de voir des costumes trois pièces dans ce décor.
— Alec, Félix... Quel bon vent vous emmène? Siffla Tanya, elle avait un regard froid que je ne connaissais pas.
— Allons allons c'est comme ça que l'on accueille des vieux amis? Répondit faussement désolé celui qui portait un costume violet foncé.
— Comment-allez vous? S'interposa Edward, son ton était sec mais il voulait éviter un conflit évident.
— Nous allons bien, Kennedy, Henri, je ne vous avez pas remarqué. Il avait presque craché son venin vers les frères Ho.
— C'est bien normal, ton égo surdimensionné te précède. Répondit tranchant Kennedy, par rapport à la joute avec Edward, tout amusement était parti. Avec les autres, on se regardait gênés, on sentait bien que l'ambiance bonne enfant avait disparu avec l'arrivée des jumeaux.
— Nous n'avons pas été présenté, je m'appelle Alec Volturi. Il me fit un sourire... charmant et se baissa pour me faire un baise main.
— Je suis son frère Félix. Me dit l'autre avec plus de réserve.
— I... Isabella Swan.
— Enchantés de vous rencontrer. Dirent-ils en chœur.
— Edward, tu ne m'avais pas prévenu de ta venue, qu'est ce que tu fais dans ces contrées?
— Comme vous, je suppose. Dit-il en serrant les dents.
— Nous allons être amenés à nous revoir alors. Isabella... Nous avons été ravis de faire votre connaissance. Ils partirent sans se retourner.
— Ils manquent pas d'air ces guignols! S'exclama Emmett.
— C'est vrai, ils ne sont même pas intéressés à nous! Continua Seth.
— Laissez tomber, ce sont des cons! Souffla Alice agacée.
Je n'en demandai pas plus, tout ce que je compris c'était que la relation avec les dit jumeaux n'était pas ce que l'on pouvait appeler au beau fixe. On dîna avec Kennedy et Henri, qui animaient bien la conversation. La tempête était passée à côté et la soirée se finissait dans une ambiance calme et détendue. Demain matin serait le grand jour, la découverte de la vallée n'était qu'à un pas. Je ne pouvais pas décrire combien j'avais hâte d'être au lendemain.
Comme d'habitude, je suis désolée des petites fautes qui se glissent dans la lecture! Le chapitre était censé être moins long mais les aléas de l'écriture... Je ne pense pas me tromper en disant que vous n'allez pas vous plaindre ! Haha.
Je vous ajoute quelques précisions et je vous dis à très bientôt!
Petites notes:
- Jaggery: C'est un sucre non raffiné. 70% environ de la production de sucre de palme se fait en Inde où on l'appelle "Gur". En Thaïlande il porte le nom de Namtan tanode, gula melaka en malaisie et kokuto au Japon.
- Cheroot: C'est le cigare birman. Il est généralement petit avec les deux extrémités coupées. Il est souvent aromatisés aux épices et à la puple de tamarin, d'ananas, de pomme de terre et de citron. On mélange avec le tabac des particules de bois sec aromatiques. Les Birmans pensent que le parfum du cheroot adhère à la peau du fumeur et ainsi il permet de dissimuler l'odeur de la sueur qui attire les moustiques. Le mot que l'on prononce " chiloulite" c'est un dérivé du mot "chiroute" que les marins employaient du XVIII au XIX ème siècle. Ce mot est lui même issu du tamoul " chututtu" qui signifie tout simplement: rouleau de tabac. Il est rendu célèbre par Rudyard Kipling avec son roman " Sur la route de Mandalay". Ce sont surtout les femmes qui fument le cheroot, les hommes préfères chiquer le bétel.
- Thanaka: Pâte jaunâtre que l'on applique sur la peau. Elle protège l'épiderme des rayons et brûlure du soleil. La pâte a plusieurs propriété astringente, antiseptique et déodorante. Elle rend la peau douce et dégage de surcroît un subtil parfum d'agrume dont raffolent les habitants. Le parfum rappelle aussi le bois de santal. La crème est obtenue en râpant l'écorce de l'arbre avec un peu d'eau sur une pierre circulaire que l'on appelle kyauk pyin avec une rigole pour évacuer l'eau. Il est souvent vendu en petits rondins ou en fagots. En médecine indigène, on utilise les feuilles pour soigner l'épilepsie. Il permet de réduire aussi l'acné.
- Thanboddhay: Le site est composé de plusieurs pavillons en plus du temple. Il est souvent comparé avec le site de Borobudur en Indonésie, qui est le plus grand temple bouddhique du monde.
