Hello les passagers et les passagères!

Voici la suite de l'histoire! Elle est un peu plus longue que le chapitre précédent et j'espère que cela vous plaira. Je tenais aussi à m'expliquer sur mon retard, comme vous savez, j'ai moins de temps pour écrire mais aussi j'ai eu une période "vide" car le simple fait de me pencher sur cette histoire me rendait nostalgique et triste. C'est toujours un peu le cas mais je fais du mieux que je peux! Rassurez-vous, j'ai une très bonne motivation pour terminer cette histoire, je ne la laisserai en aucun cas tomber. Cette fiction plus que les autres me tiens à coeur, car la personne qui m'a partagé son savoir et sa passion a rejoint les étoiles et même si cette histoire n'est que pure fiction, le mot hommage prend tout son sens.

Merci de m'avoir lu jusqu'ici, de continuer de me soutenir, d'avoir supporté l'attente, les pavés et mes fowlies passagères. Les lectrices et lecteurs fidèles se reconnaîtront et pour les autres petits fantômes, un grand merci aussi.

Pâquerette, on espère toujours que tout va bien pour toi.

N'hésitez pas à rejoindre le discord, enfin à demander le lien.

Un petit coucou, un message ou n'importe quoi est toujours le bienvenue, je ne mords pas et réponds normalement toujours.

Prenez soin de vous et des autres comme d'habitude et puis souriez!

A très bientôt.

Kaname.


Chapitre 21: Moldavite

Mon regard parcourait les mille et une couleurs qui se bousculaient devant moi: un paysage vallonné, des terres ocres fraîchement labourées, le jaune des champs de blé contrastant avec le vert des buissons et des plantations... Je me redressais capturant chaque parcelle avec mon appareil. Les paysans s'activaient dans les champs avec leurs outils moyenâgeux.

Je me surpris à admirer les arbres banians, sûrement vieux de plusieurs siècles, leurs branches tentaculaires pointées vers le ciel, comme si elles cherchaient à attraper les nuages. Hop une photo de plus, je soupirais, ce goût de liberté mélangé au goût amer de la déception.

— Est-ce que tu regrettes ? Rebecca me sortit de mes pensées troubles.

Je souriais maladroitement, avec l'adrénaline et les émotions contradictoires, je n'avais pas vraiment réfléchi au pourquoi du comment, et maintenant, alors que nous étions à l'arrière d'un camion transportant des pommes de terre - un paysan avait bien voulu nous prendre en stop - pour la première fois, j'osais aborder le sujet.

— J'ai conscience que c'était totalement... Impulsif comme réaction... Mais...

— Tu avais besoin de recul? Besoin d'évacuer ? Interjecta ma compagne d'aventure.

— Je crois... Que je ne pouvais que fuir...? C'était plus une question rhétorique, parce que c'était ça, en pleine nuit, la seule chose à laquelle j'avais pensé, c'était de fuir cette dure réalité qui serait imposée devant moi. Nous n'étions plus dans "la bulle protectrice Cullen" mais nous étions prises dans l'étau manipulateur de cette famille. Je me sentais nauséeuse et des les larmes menaçaient de couler à nouveau...

— Je te comprends tu sais Bella... C'est aussi pour ça que j'ai fuit avec toi... Je pense qu'il doit y avoir une explication à tout cela mais je me sens trompée et démunie... J'aurais aimé avoir des réponses mais ... Je pense que je ne suis pas prête à faire face... Me confia Rebecca d'une petite voix.

— On appelera Emmett et Jake... Quand tout cela sera un peu calmé... Ils doivent nous chercher... Pour être tout à fait honnête... Je n'ai pas non plus la force pour me retrouver en face d'eux...

Je parlais des Cullen et en particulier devant celui aux yeux verts émeraudes qui auraient sondé mon âme sans vergogne. Je ne pourrai plus le regarder sans penser à ce que l'on avait vu, l'idée qu'il puisse être un tel monstre m'était insupportable. Une partie de moi voulait croire qu'il était bien celui qu'il prétendait être... Mais ce que j'avais vu... Avait semé le doute au plus profond de moi et pour le moment, je n'étais pas capable de le voir comme le professeur érudit qui nous avait accueilli comme jamais nous l'avions été. Je revoyais son sourire en coin et ses yeux emplis de malice... Puis soudain son sourire s'était déformé en un sourire carnassier, donnant des ordres et tenant un bâton pour battre ces hommes et ces femmes qui se tuent à la tâche pour remonter une pierre...

Je n'étais pas née de la dernière pluie et je savais que les diamants de sang et autres trafics de pierres précieuses existaient. Mais de là à en être témoin... Je n'étais clairement pas préparée à ça. J'avais appelé rapidement mon chef, pour lui dire que je me retirais de ce projet. C'était... La meilleure chose à faire. Je savais que les retombées seraient désastreuses et que ma carrière allait sûrement prendre un tournant... Dévastateur... Je refusais d'être complice de ces actes et j'avais l'obligation de les dénoncer. J'aurai pu fermer les yeux, comme d'autres auraient fait sans l'ombre d'un doute mais mon éthique de reporter n'était pas ça, je refusais d'être mêlée à ça. C'était peut-être bien la chance de ma vie, de faire partie de cette aventure mais si c'était au prix de mon humanité, alors ce n'était pas la peine. Une fois rentrée à New York, j'accepterai les sanctions sans broncher mais j'ose espérer que la chaîne me suivra... Ce n'était pas non plus bon pour leur image de garder ce genre de reportage. Le Nat geo restait encore un magazine et une chaîne non corrompus et j'avais l'infime conviction que c'était la bonne décision.

— Papa comprendra tu sais...

— Tu lis dans mes pensées ?

— Je connais mon père... Même si il n'est pas seul à diriger, il ne prendrait pas le risque d'avoir les défenseurs des droits humains à dos. Par contre, je peux dire adieu à quelques tournages !

Je souriais malgré moi, elle essayait de détendre l'atmosphère et j'étais rassurée d'avoir quelqu'un auprès de moi.

— J'ai un peu peur des retombées... Mais je suis certaine qu'une fois qu'Emmett sera au courant, il pourrait...enquêter ?

— Tu crois qu'il accepterait de "jouer les agents doubles"? Me répondit Rebecca avec des yeux ronds comme des soucoupes.

— Il adorerait ! Mais je ne veux pas le mettre dans une situation inconfortable vis à vis des autres, il a vraiment l'air heureux avec Rosalie... J'avais un petit pincement au cœur en pensant à Rosalie. On s'était bien rapprochées en tant que "belles sœurs" et je ne savais pas où la placer, si elle faisait partie des gentils ou des méchants...

— Attendons alors... Tu comptes faire quoi maintenant?

— Je voulais te montrer cette région, le pays Shan. On pourrait se reposer et visiter un petit peu, il y a pas mal de villages avec des minorités ethniques, je crois... - je marquais une pause, réfléchissant en même temps - je crois que j'ai besoin de me reposer l'esprit et quoi de mieux qu'un mini trek. En plus, nous pourrions redescendre vers le lac Inle, il est connu pour ses pêcheurs et ses marchés flottants qui regroupent de nombreuses ethnies, en majorité les Inthas et d'autres Shans mais l'on pouvait aussi croiser des Taungyo, des Pa-o et d'autres qui vivent dans quatre villes au bord du lac ainsi que dans des petits villages. J'ai vraiment besoin de voir des gens...

— Je te comprends, moi aussi j'ai besoin de reprendre foi en l'humanité et quoi de mieux que la population et la découverte pour se ressourcer!

— Je savais que tu comprendrais! J'ai envie de prendre des photos et d'immortaliser d'autres images...

— Ça n'effacera pas ce que l'on a vu tu sais... Me dit prudemment Becky.

— Je n'ai pas envie d'effacer... Aussi affreux que c'était, je veux me souvenir de chaque détail pour les faire payer. J'avais dit ça avec une rage peu contenue, oui ils allaient payer pour avoir fait ça et "il" allait payer pour m'avoir fait ressentir des émotions qui étaient depuis trop longtemps enfouies. J'avais redécouvert le flirt, l'intérêt pour une personne, le désir... "Il" avait osé me charmer mais son vrai visage était apparu au grand jour et je n'aspirai qu'à une chose, que son si beau visage ne revoit plus la lumière du jour pendant un moment.

Rebecca jugea bon de retourner à sa contemplation tandis que j'envoyais un rapide message à Emmett.

" Tout va bien, je t'expliquerai tout, rejoins moi à Mandalay dans trois jours. Trouve un prétexte pour y aller, la ville est réputée pour son marbre, si jamais tu as besoin d'un coup de pouce. Viens avec Jake. Fais toi petit et surtout prends soin de toi. Je t'aime. B."

Je croisai les doigts pour qu'il ne montre pas ça aux autres mais mon frère, sous ses airs de joyeux drille était loin d'être bête et si j'étais partie, c'était qu'il était question de force majeure.

Notre chauffeur nous arrêta devant la pagode de Shwe Oo Min, qui mesure tout de même 15 mètres de haut et qui sert d'entrée aux multiples grottes de Pindaya. L'entrée, nous sommes accueillies par des stupas blancs et majestueux, comme pour donner une atmosphère de pureté et de sérénité avant d'arriver aux grottes. Dès notre arrivée, je ressentais déjà la tranquillité de la ville nichée au bord d'un lac naturel où chacun vaquait à ses tâches quotidiennes. J'immortalisais l'instant avec mon appareil. La ville tenait son nom d'une légende locale, qui disait qu'une énorme araignée emprisonna une princesse (parfois sept selon les récits) qui n'avait pas su regagner le village à temps, tellement occupé à se laver dans le lac. Elle trouva refuge dans la grotte. La monstrueuse araignée qui était affamée bloqua l'entrée et ficela la princesse pour la garder pour un prochain festin. Un prince, qui sortait de l'école militaire, arpentait les collines environnantes quand il entendit les cris de la princesse. Il vit avec effroi que la grotte était bloquée par la toile mais eut l'idée brillante de provoquer l'araignée pour la faire sortir. Une fois chose faite, il lui décocha une flèche en pleine tête et la terrassa. Il sauva bien évidemment la princesse et j'ose espéré pour eux qu'ils vécurent heureux. Tandis que la ville prit le nom de "l'araignée tuée".

On avait maintenant l'habitude de voir des Bouddhas mais la grotte, après une descente d'une centaine de marches, nous donnait l'impression d'un labyrinthe tant il y avait de statues, de recoins et de cavités. Les statuettes étaient en marbre, en teck, en ciment, en albâtre, la caractéristique commune était qu'elles étaient toutes recouverte d'or. La luminosité était grâce à cela presque irréelle. En déambulant parmi ces statues, les représentations de Bouddha évoluaient, signe que chaque Bouddha venait d'une époque particulière, avec des codes différents de siècle en siècle. Le parcours se faisait entre les stalagmites et les stalactites de cette roche calcaire. La disposition des milliers de statues était vraiment parfaite pour mettre le tout en valeur.

Après avoir fait un don à la pagode, nous nous rendions presque avec frénésie à la fabrique d'ombrelles du village. On suivait des enfants qui avaient bien voulu nous montrer le chemin. Le papier Shan est la spécialité de la région et sert pour la fabrication de lampes, ombrelles, carnets ou même papier à lettre. J'appris que le papier était fait à partir de fibre de mûrier qui est ensuite cuite au feu de bois, avec un mélange de glaise et de cendres. Ensuite le papier est disposé sur une toile en coton pour former l'ombrelle. Tandis qu'avec dextérité, une femme taillait les bouts de bois qui allaient servir d'armature à l'ombrelle. Les étapes de la fabrication était vraiment saisissantes.

Nous rencontrâmes une femme, elle nous expliqua qu'elle était guide et qu'elle était de la minorité ethnique Pa-O, reconnaissable par leur grand turban sur la tête, une blouse, une veste et un longyi qui couvre les genoux. Le tout de couleur bleu marine ou noir. Les hommes rajoutent une chemise blanche en dessous de leur veste. On se rendit avec joie dans son village. Je n'avais littéralement pas quitté mon appareil tant les paysages étaient sublimes. C'était verdoyant et enchanteur, à droite des travailleurs dans des champs, à gauche une fillette sur le dos d'un buffle, par ci des rizières par là des montagnes. Je ne savais plus où donner de la tête. Je m'amusais à montrer les clichés sur l'écran de l'appareil aux enfants qui souriaient ou riaient de se voir. Ils commentaient tous dans leur langue... Même si nous nous comprenions que très peu, notre guide improvisée parlait un petit peu l'anglais. Je sortais quelques mots en birman que j'avais appris auprès... Des autres.

Une femme au milieu d'un champs coiffée d'un chapeau en bambou était assise. Je la pris en photo. Je m'avançais vers elle pour lui montrer le résultat mais elle me répondit en riant qu'elle ne voulait pas voir la photo car elle se trouvait moche. Je lui répondis comme je pouvais en birmans que je la trouvais jolie! Notre guide avait traduit qu'ici, les femmes trouvaient qu'elles n'avaient pas une belle peau et c'est pour cela qu'elles usaient du thanaka, pour protéger leurs peaux.

Le ciel s'assombrit d'un coup et c'était le moment pour continuer de mitrailler avec l'appareil, la nature verte ressortait parfaitement sous ces nuages sombres. Un reste de soleil permettait d'avoir un bout de féerie avant que le ciel ne gronde.

On pressait le pas pour rejoindre le village où nous fûmes accueillies avec bienveillance et une curiosité enfantine. Une autre femme triait des haricots et riait de nous voir, c'est vrai qu'avec mon teint de porcelaine je sortais un peu du lot. Ensuite, nous nous rendîmes dans la famille de notre jeune guide, sa grand-mère se laissait prendre en photo pendant qu'elle fumait, les enfants s'agitaient autour de nous. Malheureusement je ne retenais pas tous les prénoms, mais à force de sourire et de moments de complicité partagés, j'avais l'intime conviction que l'on se comprenait.

La famille avait préparé "quelques plats", la table était garnie d'une multitude de plat tous plus appétissants les un que les autres. J'appréciais notamment un petit pain fourré au curry. C'est repu que l'on gagna notre chambre, c'était le grand luxe, une petite pièce dans une des maison nous avait été gardée, des nattes de plusieurs couleurs et deux petits lits sommaires nous attendaient pour un repos bien mérité après tout ça.

— Et dire que demain on va aller se promener dans des champs de thé ! Dit Becky en bâillant.

— Je pensais qu'on aurait plus de mal à gérer avec nos sacs... Heureusement que tu as pensé à laisser nos valises à Mandalay.

— Il m'arrive d'avoir un peu de lucidité !

Rebecca avait repéré notre prochaine destination avec les Cullen et ensuite... Nous avions légèrement rusé en disant que nous étions parties un peu plus tôt pour faire les repérages pour le tournage. C'était osé mais ça avait payé. Ce qui nous laissait le loisir de vagabonder plus aisément sans se soucier des bagages encombrants. Nous avions passé une excellente journée et soirée, le fait d'être aussi bien reçues et la fierté de se dire que l'on pouvait se débrouiller seule y étaient pour beaucoup.

Le lendemain, nous étions levées aux aurores, toute personne qui travaille dehors se lève avant le lever du soleil. Après un copieux petit déjeuner fait de plats chauds et de salade de feuille de thé, nous eûmes la surprise de voir une charrette à bœuf devant la maison.

— Voilà notre carrosse ! Riai-je en montant dedans. Rebecca riait aussi en me suivant. On voulait de l'insolite, on était servies. C'était parfait pour commencer la montée.

Après quelques heures à longer des rails, notre jeune amie nous expliqua que ce sont en réalité les turcs amenés par les anglais qui ont construit ces rails. Après les rizières, on tomba finalement sur des champs de piment, le moment d'immortaliser les cueilleuses et les trieuses. Turbans et thanaka toujours au rendez-vous.

Les femmes se prêtent au jeu et prennent la pose, un homme plus âgé qui s'était arrêté pour que ses buffles puissent brouter, prend lui aussi la pose assis sur le chemin, le menton haut et l'œil brillant de fierté. Il est curieux et pose plein de question à notre amie qui répond avec le sourire. Les femmes avaient toutes des tatouages en dessous du cou, ce qui attira mon attention.

— Pourquoi les femmes sont tatouées ici? Je montrai délicatement la zone en posant mes doigts sur mon cou.

— Ça, c'est contre les serpents et autres dangers pour celles qui travaillent dans les champs. Me répondit notre guide. Puis elle se mit à rire, l'homme âgé avait demandé si nous voulions nous marier avec un de ses enfants. Je refusais avec un sourire gêné la proposition.

Nous arrivions dans un autre village Pa-O où des grands-mères s'afferaient à tisser des écharpes. Elles nous expliquèrent qu'elles gagnaient bien plus en vendant leurs écharpes aux visiteurs qu'en se tuant le dos aux champs. Les autres triaient encore des piments sur des grandes bâches. On repartit Becky et moi avec deux écharpes, une orange avec des lignes de couleurs pour elle et une rouge avec des carreaux espacés pour moi. Après une montée abrupte mais un panorama sur la campagne qui valait largement le coup d'œil, on se sépara de notre amie qui nous laissa prendre le chemin du monastère pour notre prochaine nuit. On la remercia chaudement et c'est avec la promesse de lui envoyer nos clichés développés que l'on se quitta. Le soleil commençait à décliner doucement, une fois arrivée au monastère qui n'était pas bien loin, on se présenta au moine supérieur. Après des sourires et des courbettes, on gagna nos "appartements". Après une douche très rudimentaire, c'est à dire froide, je prenais quelques clichés en haut de la colline tandis que Becky jouait avec des enfants. Je pris un cliché de notre moine passant la tête par la porte. C'était un moment qui restera gravé. On ne se fit pas prier pour aller dormir. La journée avait été longue en marche mais parsemée de petits instants hors du temps. Je m'endormis en espérant que la nuit serait réparatrice.

Le lendemain, après une petite donation au monastère, on repartait sur les chapeaux de roues pour attraper le train pour se rendre au lac Inle. Au détour d'un champs, on croisa un enfant qui jouait avec son lance-pierre et notre surprise fut de taille quand il assoma des oiseaux grâce à son arme de fortune. Encore un village mais une autre ethnie, les Danus. Ils n'ont pas de couleurs vestimentaires comme les Pa-O mais sont tout aussi accueillants. Nous avons eu le plaisir de visiter des plantations de thé dans les montagnes. Après avoir saisi quelques moments de la récolte et de nombreux sourires, il était temps pour nous de prendre le train.

C'est fatiguée que l'on monta dans celui-ci. Le balancier du train me berça jusqu'à notre arrivée au lac. Je n'avais pas vu le temps passer. Je me frottais les yeux pour admirer le paysage, le lac entouré de montagnes, d'habitations en bois et en bambou sur pilotis et de jardins flottants, c'était vraiment époustouflant.

On gagna notre hôtel, qui est en fait une ONG qui sert à éduquer les habitants de la région en proposant une sorte d'école hôtelière. Le charme était bien présent avec la vue sur le lac, le propriétaire souhaitait préserver la culture autour du lac et c'est avec une mine désolée qu'il nous informa que l'hôtel ne disposait pas de piscine contrairement à des établissements voisins plus onéreux.

On se souriait, le fait de ne pas avoir ce genre de prestation était le cadet de mes soucis alors que par ses actions, il faisait vivre des minorités entières. Le peuple Inthad vit autour du lac qui se trouve en altitude. En sortant de la chambre, Becky et moi avions soif d'aventure, et c'est tout naturellement que l'on repartit après un brin de toilette.

Le paysage était à couper le souffle, le lac entouré de montagnes, la végétation dense et le spectacle des pêcheurs valaient vraiment le coup. Les pêcheurs savaient très bien quoi faire pour égayer les touristes mais c'était saisissant de les voir sur leur pirogue pêcher à la cage. Ils tiennent la pagaie avec un pied et avec leur mains s'occupent de la cage filet, si bien que si l'on ne prête pas attention, on dirait des unijambistes. D'autres pêcheurs utilisent une technique différente, sans la cage, où le but est de rester à l'affût avec une rame en l'air et de taper l'eau pour je suppose faire venir le poisson. Les deux styles sont très photogéniques et nous nous donnions à cœur joie de prendre le tout en photo. Le lac abrite neuf espèces de poissons endémiques, si bien que l'UNESCO l'a classé comme une réserve de biosphère, je remercie le propriétaire de l'hôtel qui nous a gentiment donné un petit guide. J'aurais aimé avoir un petit cours du professeur... Je secouai la tête avec virulence, non je ne devais pas y penser. Je refuse de gâcher ce moment. La journée fut éprouvante entre la visite en pirogue des jardins flottants, les habitants du lac faisaient pousser toutes sortes de légumes, notamment des tomate. Et ensuite la visite des petits villages au bord de l'eau. Les enfants étaient toujours accueillant et les adultes partageaient volontiers quelques denrées avec nous. Les anciens nous regardaient avec curiosité puis finalement certains nous proposaient de fumer le cigare emblématique. Nous apprîmes que sur cinq jours, il y avait des marchés flottants, la population aux alentours se réunissaient dans cinq marchés différents. Rebecca et moi étions d'accord pour se lever tôt afin de ne pas souffrir de la chaleur et aussi pour ne rien manquer du spectacle sur l'eau.

Il était presque 6.00 du matin quand je m'étirais comme un chat avant de sortir de mon lit. Une rapide toilette et Becky et moi nous nous retrouvions en bas, dans notre pirogue. Le propriétaire de l'hôtel nous avait trouvé un guide qui parlait anglais pour nous amener à destination. Je ne me lassais pas de voir le batelier faire ses mouvements avec son pied. C'était gracieux et millimétré, comme si il ne faisait qu'un avec sa rame. C'était un des rares bateliers qui avait encore une rame, les autres avaient tous des bateaux à monteurs. Nous nous rendions au premier marché, une foule de femmes Pa-O, reconnaissables maintenant pour nous grâce à notre expérience passée, vendait le thé venu de leur précieuse montagne. Après deux galettes de riz et du thé en salade, nous continuâmes notre promenade le long des canaux. C'était toujours agréable de capter le regard des habitants, d'échanger des bonjours... J'avais l'impression de prendre une bouffée d'air frais. Il y avait de nombreuses couleurs entre celles des fleurs, des fruits et légumes. Dans d'autres marchés, on trouvait des petites pièces d'artisanat, allant de la joaillerie, poterie, cigare, tissus et autres confections, il fallait bien que les villageois gagnent leur vie.

Au gré de nos découvertes, je souriais comme une enfant en apercevant des stupas abandonnés par ci par là. Notamment dans le village d'Indein, où nous avions pu déambuler entre des centaines de stupas de toutes tailles. Le tintement des cloches avec le vent et les paysages avaient suffit pour m'enchanter et m'apaiser. La sérénité des lieux m'avait quelque peu gagnée. Et c'est bien plus sereine que j'entamais le chemin du retour, j'observais la vie le long du canal, un peu comme en Inde le long du Gange.

Je repartais surtout avec des souvenirs de fabrique de toutes sortes, je n'avais pas résisté à l'envie d'acheter des petites babioles allant du bracelet au petit artisanat local. Je me souviendrai surtout de la gentillesse des gens, ils ne vous poussent nullement à acheter mais partage volontiers avec vous leur art. Une multitude de visages et de sourire resteront gravés dans ma mémoire, des Pa-O, des Dans, des Shan et d'autres villageois qui descendent de leur villages pour sillonner les marchés autour du lac. Des anciennes pagodes partiellement immergées qui se reflétaient dans l'eau au coucher du soleil, c'était magique. Loin de l'agitation de ces derniers jours, je pouvais facilement dire que j'avais retrouvé mon calme. Les stupas recouverts de végétation avaient achevé ma journée. C'est littéralement des images plein la tête que je m'endormis ce soir là.

Au petit matin, nous repartions de notre havre de paix, j'avais l'esprit plus tranquille grâce à la quiétude des lieux et puis j'étais rassurée d'avoir Rebecca à mes côtés. Je n'avais que très peu réfléchi aux derniers événements et ce n'était pas plus mal de profiter de l'instant présent. On avait eu des déconvenues, il nous était arrivé parfois d'être refusées car deux femmes voyageant seules était quelque peu déroutant mais on ne se laissait pas abattre et nous avions découvert la vie rurale. C'était très loin du luxe et du confort que nous apportaient les Cullen mais cela faisait du bien de partager ce genre d'expérience. Rien que le fait de se faire comprendre en mimant comme on pouvait les mots. Cela commençait par des sourires un peu gênés puis finalement la bienveillance des gens faisait le reste. Je ne m'étais jamais sentie comme une étrangère, parfois on me regardait avec curiosité mais ce n'était pas malaisant.

On remontait vers Mandalay non sans faire une halte au monastère de Maha Aungmye Bonzan à Ava, une des anciennes capitales royales. Après une bonne demi journée en calèche, on arriva dans ce lieu. Il n'avait rien d'extraordinaire mais on pouvait voir la lumière se faufiler par les petites ouvertures des fenêtres, puis la revoir filer d'un autre côté, les contrastes et les jeux de lumière valaient le détour. C'était vraiment agréable de déambuler entre les champs, de marcher en pleine nature. Des pagodes et des Bouddhas, ils y en avaient partout, on avait de la chance qu'elles soient rapprochées. Certaines avaient de magnifiques gravures. Les pagodes étaient un vrai régal à prendre en photo pour leur reflets sur l'eau. C'était impressionnant de voir des Bouddhas sous les arbres ou d'autres dissimulés de ci de là, résistants aux crues, aux guerres et aux tremblements de terre... Comme un message nous indiquant que Bouddha restait impassible.

La fin de journée était consacrée à la découverte du pont de U-Bein, dans l'ancien royaume d'Amarapura qui faisait elle aussi partie avec Sagaing, Ava et Mandalay des anciennes capitales royales. Dans l'histoire, nous avions appris que ce pont était censé être le plus vieux pont en teck du monde.

— Le coucher de soleil avec ses couleurs rosées, orangées et bleutées, les moines et le clapotis de l'eau... J'ai l'impression que c'est la carte postale rêvée... Soupira Becky en prenant des photos.

Je riais, c'était certes une photo touristique parfaite mais la réalité était quand même très belle. On avait de la chance, à cette période, il n'y avait pas une foule monstre de touristes. Il y avait des bateliers qui cherchaient tout de même des "clients" mais rien de bien méchant, il suffisait de refuser poliment. Cela faisait maintenant quatre jours que l'on vivait notre aventure en binôme, c'était à la fois grisant mais j'avais l'impression que quelque chose me manquait, mon frère me manquait et puis... Je n'avais pas voulu faire face à tout cela, j'avais choisi la solution de facilité en prenant la fuite. Mais à l'aube du cinquième jours, je devrais m'expliquer auprès d'Emmett et Jacob.

— Ça va bien se passer... Tenta de me rassurer Becky alors que nous nous engagions vers la route pour Mandalay.

— Je ne suis pas certaine, je suis partie en pleine nuit... Sans laisser de mot... Je triturais mes doigts nerveusement.

— Mais c'était nécessaire... Est-ce que tu ne te sens pas mieux ?

— Un peu... Ça m'a fait du bien de... Voir autre chose... De vivre autre chose. Je lui souriai timidement.

— Ça me rappelle nos premiers reportages... Quand on crapahutait à la recherche d'hébergement, quand on manquait cruellement d'informations et qu'on repartait bredouilles ! Ria mon amie avec nostalgie.

— C'est vrai... Ce n'est pas si loin... Mais on en a fait du chemin depuis nos premiers tournages.

— Et maintenant... avec le recul... Tu crois que...? Commença-t-elle doucement.

— Je n'en sais rien... J'ai tellement voulu passer à autre chose, profiter des moments avec les habitants... Mais j'ai besoin d'explications... C'est certain.

— On joue encore un peu les touristes alors ? Dit-elle avec un sourire espiègle.

— Oh que oui! On se tapait les mains dans un "High five" comme pour sceller notre accord. Il était encore un peu temps de profiter. Demain, les questions et les tracas reviendront.

Il nous restait encore du temps pour visiter temples et pagodes réputés de la ville, j'étais loin d'être une experte et j'aimais simplement flâner au gré de mes envies de photos. Le palais de Shwenandaw, seul vestige du palais royal, était magnifique. Tout le monastère est en teck avec des gravures. Non loin de là se trouve la pagode de Sandamuni, elle est tout à fait classique à un détail près, c'est que tout y est symétrique. On s'en est donnés à cœur joie pour les photos, juste et côté se trouve la pagode de Kuthodaw réputée pour avoir le plus grand livre du monde, ce qui était un peu ... Erroné, en fait les pages du livre sont dispersées dans tous les petits stupas autour. C'était un lieu de vie avec plein d'enfants. La dernière pagode était tout à fait classique mais faisait partie des lieux les plus sacrés du pays. La pagode de Mahamuni, était vraiment au dessus des autres, on ressentait cette ferveur comme jamais. Les birmans apportaient des feuilles d'or pour couvrir le Bouddha. On ressortit un peu grogis de la pagode.

On arriva à l'hôtel où nous avions laissé nos bagages, on retrouvait le confort occidental, en sortant de la douche, j'avais enfilé un peignoir moelleux, j'ouvrais mon ordinateur. Je tombais sur les dernières photos que je n'avais pas eu le temps de trier. Un pincement au cœur se fit ressentir à la vue de notre photo de groupe devant une montagne, puis d'autres dans les mines, et une autre particulière où se trouvait Edward, souriant de toutes ses dents alors qu'il me montrait un minuscule rubis. Il avait les cheveux ébouriffés comme à son habitude, son sourire atteignait ses yeux et lui donnait l'air d'un adolescent. Son regard... Figé sur l'écran me transperçait. Je refermais d'un coup mon ordinateur comme électrocutée. Comment allais-je expliquer tout ce merdier à Emmett...? Et surtout... Comment allais-je faire pour calmer mon cœur qui battait à tout rompre? C'était un fait que je ne pouvais plus nier, j'étais attiré par le professeur, l'homme de lettre et de connaissance mais aussi par l'homme au quotidien. Érudit mais malicieux, narcissique mais bienveillant, hautain de prime abord mais si généreux... J'étais tombée sous le charme de ses mots, de ses récits et de sa façon d'exposer les choses. J'étais loin d'être indifférente à sa beauté physique, ses cheveux qui paraissaient doux comme de la soie, son regard émeraude qui envoûterait n'importe qui, ses bras forts et ses mains délicates. Je me pris à fermer les yeux, imaginant ses mains parcourir mon corps, me faisant frissonner, son visage si proche du mien, je m'imaginais rapprocher ma bouche de la sienne, cherchant à créer une connexion. Son regard ancré dans le mien alors que je brûlerai de...

J'ouvrai les yeux d'un coup, le cœur au bord des lèvres, la respiration erratique. Mon peignoir était légèrement entrouvert sur ma poitrine je pouvais la voir monter et descendre au rythme effréné de mon cœur. Non non non, je refusais d'éprouver quoi que ce soit pour lui. Je... Je m'étais égarée, je devais sûrement être cruellement en manque pour m'imaginer ce genre de ... Choses... Avec ... Lui.

— Bella non mais ça va pas tu ... C'est genre comme si tu fantasmais sur Ted Bundy! Criait ma conscience!

— Il est quand même vraiment... Attirant !

— Qui Ted ou Edward ?! Fis-je avec surprise.

— Edward! Gloussa ma conscience.

Je secouais la tête, voilà que je dialoguais avec ma conscience, rien n'allait. Cet homme était non seulement dangereux mais il l'était tout autant pour ma santé mentale... Et pour mes mœurs!

Je m'endormis du sommeil du juste, demain on irait au marché avant de rejoindre les garçons.

Je me réveillai aux aurores, nous avions prévu d'aller au marché de Zegyo, au centre de Mandalay. J'étais contente de rejoindre mon frère en qui j'avais une confiance aveugle et Jake, qui malgré tout était resté un très bon ami et parfois un confident. J'avais le poids de ce secret sur les épaules et j'étais rassurée de pouvoir m'en délester un petit peu, même si je n'étais pas certaine qu'ils m'écoutent sans broncher, fort heureusement, Becky en était témoin aussi et puis, il nous restait nos preuves matérielles, enfin visuelles.

Nous déambulions dans ce marché, où se trouvait un côté normal «fruits et légumes» et de l'autre, on pouvait trouver le fameux thanaka, en peau, en format familiale... Il y en avait sous toutes les formes. On retrouvait aussi des petites boutiques qui vendaient le portrait de Aung San. Il est considéré comme le libérateur de la nation puisqu'il a obtenu l'indépendance des anglais. Puis il est mort assassiné, trahi par son ancien premier ministre. Les portraits de sa fille, Aung San Suu Kyi, avaient eux aussi trouvés naturellement leurs places à côté. C'était vraiment les idoles de tout un peuple, si bien que j'avais pu remarquer plusieurs fois que dans des magasins, dans des portefeuilles, on pouvait retrouver leurs photos.

On continuait notre découverte du marché qui équivalait à un plongeon dans les coutumes locales et l'histoire. En passant devant une autre échoppe, des rosaces faites en billets, c'était très courant d'en trouver, j'avais appris grâce à mes observations que les birmans étaient très généreux, les offrandes font intégralement partie de la société birmane. Des moines avec des bols qui allaient de maisons en maisons pour récolter les dons, cela allait du riz aux cadeaux en passant par l'argent. C'est pourquoi, il était courant de trouver des rosaces de billets pour les offrir aux moines.

Comme toujours, il y avait des temples et des pagodes disséminés un peu partout, ici, le fait de construire une pagode permettait de se racheter de ses péchés. Ainsi, une personne qui a les moyens, et qui a quelque chose à se reprocher, n'hésitera pas à construire une pagode pour se libérer et ainsi avoir l'esprit tranquille. Simple comme un bonjour, une bêtise, paf une pagode!

Ce que j'aimais dans les marchés, c'était parcourir les ruelles et les odeurs de mets inconnus. Les plats cuisinés sous nos yeux faisaient toujours gargouiller mon estomac et je ne résistais pas à la tentation d'y goûter, parfois à mes risques et périls quitte à me retrouver la bouche en feu. Il y avait des couleurs de partout notamment grâce aux étales de longyi, la principale différence entre le vêtement porté par les femmes ou par les hommes était que la gente masculine l'attachait pour former un gros nœud au niveau du ventre.

En quittant le marché, j'avais l'impression d'avoir appris des choses et c'est galvanisées que l'on continuait notre route pour rejoindre nos frères respectifs. On passa par une énième rue mais cette fois-ci, on faisait face à une armée de copies du Bouddha, des outils électriques d'un autre temps, des marteaux tonitruants et des nuages de poussières nous accueillirent. On se retrouvait nez à nez avec des artisans accroupis entre les sculptures, produisant sans relâche des statues. C'était drôle de voir quelques touristes dans la même posture que les artisans, essayant d'aligner les ouvrier avec les statues pour avoir un cadre parfait, je ne leur en voulais pas, j'aurai fait la même chose.

On s'engagea sans un marché clos, une sorte de carré gigantesque quadrillé d'allées rectilignes avec une multitude d'artisans qui s'afféraient à la tâche. Côte à côte se trouvaient des ateliers dans des petits échoppes surchauffées où l'on retrouvait des étalages des vendeurs et parfois quelques salles de jeux. Nous nous trouvions au marché aux jades. C'est ici que sont fabriqués les bracelets que l'on appelle «bangle», cela me disait quelque chose car c'était typiquement les bracelets rigides en jadéite dont les chinois sont friands. Je n'eus pas le temps de dire ouf que mon frère me prit dans ses bras.

— Putain Bell's! Ne me fait plus jamais une peur comme ça! Il m'étreignit à m'étouffer mais je lui rendis son câlin, j'étais soulagée de le voir. Du coin de l'oeil je vis Jake faire pareil avec sa sœur.

— Je suis désolée Emm... Dis-je d'une petite voix.

— On en reparlera jeune fille! Tu ne vas pas t'en sortir comme ça! Me gronda-t-il, je baissais les yeux honteusement.

— Wouah visez moi ça, on se croirait des mois en arrière, quand on faisait notre reportage en Chine! Siffla Becky.

— C'est vrai ça, pourquoi y'a ces petits bracelets ici? S'amusa Jake en prenant un des bracelets dans ses grandes mains, suscitant l'intérêt du vendeur.

— Ed m'a dit que la jadéite de Birmanie est la plus belle du monde, après la couleur verte émeraude, le jade mauve de couleur naturelle était très recherchée et pouvait atteindre des prix très élevés! Nous renseigna Emmett.

— Ed hein...? Grognais-je dans ma barbe.

— T'as dit quoi Bell's?

— Je disais à oui le jade «impérial», regarde ces cabochons presque translucide...

— Oh c'est vrai que c'est pas mal du tout! Mais tu sais, je crois qu'on aurait du venir avec les autres, ils auraient pu discuter avec les tailleurs, polisseurs ou les marchands! Ici, on ne parle quasiment qu'en birman... Fit Jake déçu.

— Mmh. Grommelais-je pour toute réponse.

Pas besoin de parler le birman pour voir des vendeurs vendre leur morceaux de jade aux artisans qui achètent avec attention la matière première. Les acheteurs chinois étaient nombreux, on savait par expérience que leur intérêt pour le jade ne datait pas d'hier, les empereurs eux-mêmes, voulaient conquérir la région productrice, ce qu'ils n'ont jamais pu faire.

Chaque pièce est examinées à la lampe torche pour contrôler la pureté, la transparence et l'existence de cette veine mauve qui donne la valeur au produit.

On regagna l'hôtel, c'était bon de se retrouver entourée par des gens de confiance.

— Il parait que les mines de Jade dans le nord du pays sont surexploitées pour faire face à la demande! Commença Emmet, ce qui me fit grogner.

— Ouais, mec, ils tiennent pas compte des populations qui habitent sur ces terres, je ne te parle même pas de la déforestation de la jungle! Continua Jake désabusé.

— Edward m'a dit que les gisements échappaient à tout contrôle commercial et qu'ils faisaient l'objet de trafic en tout genre par l'armée, en passant par la maltraitance des ouvriers. Genre, comme salaire, parfois ils n'ont qu'une dose d'héroïne et merci! Chuchota Emmett sous le ton de la confidence.

Ca en était trop, je tapais du poing rageusement sur la table.

— Il en sait quelque chose peut-être ?! Les richesses du sous sol exploitées par peur de manquer? La pauvreté et la maltraitance ?! Le grand Professeur Cullen nous parle d'éthique maintenant ?! Je soufflais comme un buffle tant j'étais énervée.

— Bah enfin Bell's, pourquoi tu dis ça? S'étonna mon frère devant mon soudain coup de sang.

J'ouvris rapidement mon ordinateur, les photos de cette nuit défilaient, ensuite les vidéos... Devant leur mines qui blanchissaient de plus en plus devant ce qu'ils avaient sous les yeux.

— Bell's ... Qu'est ce que... Qu'est ce que c'est que ça? Emmett me regardait avec stupeur, un voile de tristesse marquait son regard.

— ... Bella, tu... C'est pour ça que tu es partie?

— Bingo, tu es perspicace pour une fois Jake! Un rire amer sortit de ma gorge.

— Je ne suis pas certain de comprendre ce que tu insinues ? Emmett fronça les sourcils.

— Tu ne comprends pas ou tu ne veux pas voir la réalité? Lui balançai-je.

— Attends, tu crois que... Non me dit pas que? Balbutia Jake.

— Tu as filmé ça à Mogok? Répondit dans un souffle Emmett.

— Bien joué Sherlock!

— Mais alors quoi? Pourquoi tu n'en as pas parlé? On aurait compris, enfin même je veux dire que les Cullen n'allaient pas laisser passer ça! Enfin Bella, tu as perdu la tête, il faut leur montrer! Dit nerveusement mon frère. Jake posa sa main sur son bras, puis me regarda comme si il avait vu un fantôme.

— Tu ne vas tout de même pas...

— Je ne vais tout de même pas quoi?

— Tu penses que c'est eux?

Je voyais du coin de l'œil Emmett, son regard faisait la navette entre Jake et moi. Becky se ratatinait sur sa chaise.

— Je ne pense pas, j'en suis certaine. Regarde le panneau, le nom ne te dit rien? Je lui lançais un regard de défi, il fit défiler les photos jusqu'à tomber sur le nom de la mine. Soudain, un éclair de compréhension passant dans le regard de mon frère.

— QUOIII ?! Mais comment tu peux les imaginer faire une chose aussi horrible? Enfin Bella t'as perdu la tête?!

— Tu ne trouves pas ça un peu bizarre que, comme par hasard, la mine que nous avons visité le jour change de visage la nuit?

— Mais de là à dire qu'ils sont responsables de ce merdier! Crois-tu vraiment qu'ils soient capables de ça?

— Je ne crois rien, j'en ai la preuve, sous mes yeux. Répondis-je entre mes dents.

— Jamais. Je refuse de croire ça. Fit Emmett catégorique.

— Normal, tu fais partie de leur clan maintenant que tu es avec Rosalie! Crachai-je vexée qu'il ne me croit pas.

— Tu délires ma pauvre! Tu...Comment oses-tu les accuser alors qu'on a toujours été traité comme des rois, que grâce à eux, on a eu accès à des choses qu'on aurait jamais pu voir! Tu me déçois Isabella. Contra Emmett en me regardant droit dans les yeux, ce que je pus voir dans son regard... Je ne l'avais jamais vu, il y avait de la tristesse, de la colère et de la déception. J'eus des frissons rien qu'en le regardant mais je refusais de baisser le regard.

— Ils cachent bien leur jeu, crois moi j'ai réfléchi, ils sont les mieux placés pour contrôler tout ça, tu ne t'es jamais demandé comment ils ont pu accumuler une fortune aussi colossale? T'as pas vu rien qu'une montre d'Edward pourrait mettre à l'abri un pays en voie de développement! Pardon mais je ne crois pas que l'université paye aussi bien leur professeurs! Il était archéologue pas Crésus hein!

— Tu... sa famille est riche! Ils ont des fondations, des mécénats, ils sont respectés dans leur domaine et ils sont généreux! Les défendit mon frère.

— En plus, j'avais du mal à le croire en voyant la brochette de mannequins qu'ils étaient au début, mais ils sont vraiment experts dans leur domaine. Puis comme dit Emm, ils nous ont ouverts des portes sans nous demander quoi que se soit en retour!

— Un peu d'argent et ça y est vous êtes éblouis? Je ne pensais pas que vous étiez à ce point crédules, à moins qu'ils vous donnent un truc, alors quoi Emmett, Rosalie va te mettre sur son héritage? Dis-je acerbe. Ce qui arriva, jamais j'aurai pu l'imaginer, Jake s'était levé et il avançait vers moi menaçant.

— Tu veux me gifler? Pourquoi tu t'es arrêté? Fais le si tu l'oses! Je le regardai avec défi, voyant qu'il s'était stoppé dans son élan, je m'adressais à mon frère qui était resté assis, les bras ballant. Et toi? Tu vas aussi me gifler?

— Je n'arrive pas à croire ce que tu viens de dire Bella... Bien sûr Jake, je t'en veux d'avoir voulu lever la main sur ma sœur ... Mais toi ... - son regard empli de déception et de tristesse voir de dégoût me statufia sur place - tu me blesses comme jamais personne ne l'a fait. Comment peux-tu être aussi méchante, vindicative et injuste! Je ne te reconnais pas!

— Je...

— Tu quoi? Je me suis fait un sang d'encre quand tu es partie, parce que tu es ma seule famille, au lieu de me parler, tu préfères disparaître! Et quand je te retrouve, tu dis ce genre de choses sur notre équipe? Sur ma relation avec Rosalie? Tu me crois aussi vénal pour m'abaisser à ça? Tu crois que je suis intéressé par l'argent des Cullen ou par le prestige de faire partie de leur sphère ? Pour quoi je passe ? Pour le pauvre petit Emmett en quête de reconnaissance?

— Tu...

— Non laisse moi finir Bella, tu m'as blessé au plus au point, toutes - il montra les photos sur l'écran - ces merdes là, il y a forcément une explication rationnelle mais croire que les Cullen sont dans le coup et que se sont des salauds de la pire espèce... Je refuse de le croire.

— J'ai vu aussi tout ça! S'écria Rebecca qui était restée spectatrice. J'ai vu la drogue, la maltraitance et j'ai voulu trouver une solution, je voulais croire qu'il y avait une explication autre que le fait qu'on ait été manipulés...

— Mais manipulé de quoi?! Tu crois qu'ils se seraient donnés ce mal pour nous prendre pour des pigeons ? En quoi cela leur serait bénéfique de le faire?

— Je ne sais pas, ils avaient sans doute pas prévu que l'on découvre leur sombres secrets!

— Et Edward?

— Comment ça, et Edward? Je levai un sourcil interrogateur en direction de mon frère.

—Tu crois qu'il a simulé ses sentiments pour toi, que cela faisait partie du plan «machiavélique Cullen»? Cracha-t-il.

— Je... Quoi?

— Tu étais trop aveuglée pour voir qu' il n'aurait jamais organisé tout ça si il ne tenait pas à ce projet, il s'est plié en quatre pour avoir les autorisations pour nous, Alice a organisé notre hébergement, Jasper, Tanya, tous, ont joué de leur relations pour nous ouvrir les portes en grand et c'est comme ça que tu les remercies?

— Peut-être que seulement Edward est fautif...

— Foutaises! Tu es tellement démunie face à tes propres sentiments que t'arrive pas à gérer le fait que quelqu'un s'intéresse à toi !

— Ca n'a rien à voir!

— A ouais? Moi je vais te dire ce que je pense, au début, moi aussi j'ai cru que c'était un connard péteux de première mais quand j'ai vu comment il parlait avec passion, quand ses yeux s'illuminaient alors qu'il nous montrait ses secrets, ça, ça ne trompe pas. P'tête que t'as raison, j'suis de leur côté parce que je sors avec Rosalie, mais jamais je ne te laisserai les insulter comme tu le fais. Et j'espère que tu à perdu la tête à cause du dépaysement ou parce que t'es pas foutue de réaliser que t'as des sentiments pour lui.

— C'est faux.

— A d'autres, je sais très bien que tu en as mais t'es trop orgueilleuse pour le reconnaître.

— Et alors? Cela change en rien le fait qu'on a vu ce que l'on a vu, on ne l'a pas inventé quand même merde!

— Et t'as eu l'information comment?

— On me l'a dit.

— C'est pas à toi que je vais apprendre que vérifier nos sources est la base pour un reportage d'investigation, oh non pardon, je ne suis que spécialisé dans les reportages animaliers.

— La source était sûre, je ne suis pas idiote!

— Tu n'es pas idiote mais tu suis aveuglement tout ce que l'on te dit, qu'est ce qui te fait croire que c'est justement pas une mise en scène?!

Je le regardai, ouvrant et fermant la bouche. Je n'avais pas pensé à ça, j'étais tellement énervée et dégoûtée que j'avais conclu que tout ce que je voyais était vrai.

— Ton silence en dit long...

— Je... Je n'avais pas pensé à ça... J'admettais que peut-être, je m'étais emportée par des émotions contradictoires et que j'avais réagi avec impulsivité.

— Bella, je suis désolé d'avoir voulu te gifler... Mais on se connaît tous et on a confiance entre nous. T'as vrillé et complètement déconné là...Sur tout ce que t'as dit, tu le penses même pas au fond de toi...

— Je... je sais pas Jake, je suis perdue, je refuse de les voir coupables mais les preuves sont là, je ne sais plus qui croire, quoi penser...

— Et alors? Quand c'est comme ça tu m'as moi, on est une famille, si on commence à douter de l'un d'entre nous, c'est foutu! Tu as toute ton équipe, on a réussi avec le temps à s'entourer de gens de confiance, de nos amis...Et toi tu décides de partir sur un coup de tête? J'aurai fait quoi moi si il t'était arrivé quelque chose? J'aurai dit quoi à maman...? Que j'avais pas réussi à te protéger? Qu'encore une fois j'ai rien pu faire...?

Des larmes coulaient le long de ma joue, je n'avais pas réalisé à quel point mes actes, mes paroles, tout l'avait blessé... Je m'étais comportée comme une égoïste et j'avais entraîné Rebecca avec moi.

— Je suis désolée... Je ne voulais pas te blesser à ce point, j'ai mal agit, j'ai embarqué Becky...

— Oh non ma belle, je ne vais pas te laisser te jeter la faute, j'étais consentante et moi aussi j'ai pas réfléchi, j'étais tellement énervée d'avoir été dupée et tellement écoeurée parce qu'on avait vu que j'ai juste voulu prendre mes jambes à mon cou.

— Bon les filles, vous avez merdé, on va garder ça entre nous, c'est pas la peine de faire du mal aux Cullen et qu'ils sachent à quel point t'as merdé Bella. On leur dira que les images t'ont bouleversé et que ça t'as fait fuir...

— T'es pas obligé de me couvrir Emm.. Je peux très bien assumer...

—Non, je ne te laisserai pas gâcher ça, déjà il va falloir rattraper ce merdier, on a vu le père de Jake et Edward a promis de te ramener... C'est dire à quel point il croit en ce projet et en nous...

Je baissais les yeux honteuse de mon comportement et surprise qu'Edward prenne ma défense enfin du moins veuille me retrouver.

— Je ne serai pas aussi étonnée à ta place, ça se voit qu'il ressent quelque chose pour toi. Commenta Jake.

— Enfin en tout cas, rien n'est gagné, il va falloir revenir. Parce que même si tu nous as blessé n'ayant pas confiance en nous, tu avais toutes les raisons de croire qu'Edward était... malhonnête. Quelqu'un a cherché à te duper et qu'il a réussi à nous diviser. On doit tirer ça au clair. Mais on est avec toi... Commença Emmett.

Son téléphone sonna, puis le mien, suivit de celui de Jake et Beccky. Je fronçais les sourcils ne comprenant pas comment nos téléphones pouvaient sonner en même temps.

Je répondis en voyant qui m'appelait.

— Allo Leah...?


Je suis désolée si il reste des fautes, je ne suis pas infaillible et encore moins en ce moment. J'espère vraiment que ce chapitre sera à la hauteur de vos attentes.

Merci de patienter gentiment et de ne pas m'insulter en dm, j'aimerai poster aussi rapidement qu'avant mais... On a tous une vie!

Je vous retrouve au plus vite.