Bonjour à tous !
Déjà, le nom du chapitre, c'est pas moi, c'est une idée de Missty et elle m'a fait une imitation foireuse de « Mister Freeze » de Batman en me sortant ça. Donc, si vous avez des réclamations, voyez avec elle.
Ensuite, maintenant que vous avez une autre cible pour vos fourches et vos piques, sachez que je suis dans un bunker devant un cartoon, donc, me cherchez pas. En plus, j'ai un chat d'attaque.
Maintenant, vos charmantes reviews du chapitre d'avant :
Vx2Ackerman : Why, thank you for your time and your review. I came from very far so, I'm proud of this story, and knowing that you like it makes me happy.
GaiaCross : Les meilleurs partent en premier. Oh, les coupables sont bien mieux… tu vas voir. / Tu sais ce qu'on dit, quand va trop bien, ça va forcément foirer quelque part./ On verra pour la Loi du Talion. / J'aime faire du drama, même si je ne suis pas une pro. / J'ai pas vu de confinement/déconfinement, puisque je bosse en supermarché. Yup./ Merci pour les bisous, je les prends quand même.
sebferga : J'ai choisi bien mieux…
Morgane93 : j'ai besoin de sel pour la cuisine, rien de mieux que les larmes de mes lecteurs qui doivent mijoter un mois entier avant d'être dévoré.
Yz3ut3 : au Plaisir.
Rose-Eliade : On l'oubliera pas comme ça.
Jay-Werdraght : EH ouais, un putain de bordel et tu vas voir que tu n'es pas au bout de nos merdes. Oui, Ace est non-binaire parce que… Ace est… LE FEU ! / J'ai mes plans pour Sirius. Et ça implique peut-être un hot dog.
Ana-chieuse : (j'aime ce pseudo) Moi je t'aime, ça compense, non ? J'aime tous mes lecteurs après tout ! /J'ai pas fait grand-chose à Sally, juste assez pour qu'on sache qui elle est et qu'on comprenne que c'est pas un random qui crève.
Misstykata : Un peu plus de sel de larmes dans votre tasse de drama ma chère ?
lazarinelaugier : cherche pas à ramasser immédiatement ton cœur, ça sert à rien.
Sur ce, à bientôt... !
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Heureusement que Thatch avait passé le permis, sinon, ça aurait été une galère de contrôler sa mère dans sa quête de vengeance. Certes, Ace pouvait se déplacer à pied, même si ça prendrait du temps, mais son frère lui avait proposé son aide, alors, elle n'allait pas refuser. Ils savaient tous que c'était pour l'empêcher de faire une bêtise, mais tant qu'elle pourrait gueuler et en coller une à celui qui avait pris la vie de Sally, elle serait satisfaite.
Harry savait parfaitement que la police faisait de son mieux pour trouver le coupable de ce délit de fuite doublé d'homicide involontaire. Parce qu'ils savaient que si sa mère le trouvait avant eux, ça finirait dans un bain de sang. Son oncle avait assuré à Lestrade qu'il veillerait à ce qu'il n'y ait pas de victimes collatérales, mais seule la police pouvait faire en sorte que l'assassin de Sally Curtis passe devant la justice en étant toujours en vie.
Suite à la crise de magie de l'hôpital, des employés du ministère de la magie avaient été dépêchés sur place pour jeter quelques sorts pour que personne ne se rappelle de quoi que ce soit, laissant un avertissement à Harry sur l'usage de magie en milieu moldu et comme sorcier de premier cycle. Quand l'employé avait noté la tête du garçon en larmes qui ne les entendait même pas, il s'en était allé en soupirant. Parce que le jeune sorcier n'en avait rien à foutre de l'expulsion. Il n'avait pas demandé à être à Poudlard et à cause de leur fichu Statut du Secret, il avait été impossible de songer à la magie pour sauver Sally. Alors, les sorciers, pour le coup, il n'en avait légèrement rien à foutre, si vous voulez bien me pardonner l'euphémisme !
Assis à l'arrière de la voiture, il regardait sa mère remuer ciel et terre pour remonter la piste du chauffeur qui avait envoyé au cimetière sa secrétaire. Son oncle faisait barrage entre la femme à la recherche d'explication et les témoins effrayés. Elle ne reculait devant rien pour avoir ce nom. Pot de vin, chantage, menace, agression, vol. Tout ce qu'elle savait faire, elle l'utilisait pour trouver le nom du salopard.
Lentement, très lentement, trop lentement pour le trio en deuil, ils parvinrent à remonter la piste. Il leur avait fallu presque une semaine pour ça. Une semaine qui avait fait mariner la pirate folle de rage et de douleur.
Le nom qu'ils obtinrent fut la goutte de trop.
Et au pire moment, parce que c'était à l'instant où Thatch avait perdu de vue Ace.
- C'est pas si grave que ça si on met du temps à la retrouver, non ? maugréa Harry.
- Ne dis pas ça, Harry, sermonna son oncle.
- Je le dirai pas, mais j'en pense pas moins.
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Vernon venait de resservir un verre de cognac à sa sœur Marge déjà bien imbibée par le vin quand on frappa sa porte, coupant court à la bonne humeur de cette dernière soirée avec sa sœur. Pétunia reposa sa tasse de café et se leva en arrangeant sa belle robe pour aller ouvrir.
Elle n'eut pas le temps d'entrer dans le hall que la porte vola de ses gonds pour percuter l'escalier, une empreinte de pied calcinée en son centre. Une pirate avec juste son bermuda, son haut de bikini et son chapeau orange entra dans la maison.
- Qui vous a permis d'entrer ainsi chez moi ! Vernon, appelle la police ! glapit Pétunia.
- Ta gueule le cheval et vire du chemin, cracha la D. comme un chat en colère.
Elle prit la femme par les épaules et la poussa brutalement sur le canapé. Vernon sortit dans le salon, suivi de sa sœur, son énorme fils se cachant derrière eux avec inquiétude et curiosité. Enfin, c'était aussi efficace qu'un éléphant essayant de se camoufler derrière un rideau, vu la taille de l'adolescent. Tout juste treize ans, et déjà aussi volumineux que Teach… Et encore, Marshall avait le mérite d'avoir du muscle, ce garçon, lui, c'était une boule de graisse.
- Je ne t'ai pas invitée chez moi ! rugit Vernon. Dudley, va appeler la police !
Le garçon fila aussi vite que son poids le lui permettait.
- T'es content de toi connard ? Tu croyais que personne ne saurait ce que t'avais fait ? Que ça resterait sans conséquence !? crachota la D. en avançant à grand pas vers Vernon.
- Veuillez parler sur un autre ton à mon frère, sale impertinente incapable de s'habiller correctement ! rouspéta Marge.
A ses pieds, son chien était le seul à avoir une réaction intelligente en filant se cacher loin de la zone, la queue entre les jambes.
- Une fille de petite vertu n'a rien à faire dans la maison d'un honnête trav-
La femme n'eut pas le temps de finir sa phrase que la D. usa de sa force inhumaine pour la saisir par sa veste en tweed et de la balancer avec aisance par une fenêtre. Rien ni personne ne pouvait stopper l'avancée inexorable de la pirate assoiffée de sang et de vengeance. D'un coup de pied, elle envoya Vernon sur la table au milieu des restes du dîner. Le meuble ne supporta ni le choc, ni le poids et se brisa, laissant l'homme à moitié sonné dans les débris de bois et vaisselles. Ace prit un couteau de cuisine sur le plan de travail et marcha vers l'homme.
- Si tu avais assumé et appelé les secours, j'aurais pu passer l'éponge, mais t'as préféré rentrer chez toi, sale merde ! siffla la brune en écrasant l'homme sous son pied et son Haki. Sally est morte ! Elle avait tout juste vingt-six ans ! ET TU L'AS LAISSEE CREVER COMME UNE MERDE !
Elle se laissa tomber sur Vernon pour lui planter le couteau dans l'épaule, le faisant hurler de douleur et supplier pour sa vie.
- Tu vas payer ! Une vie pour une vie ! T'as laissé Sally crever, je vais te crever et te laisser te vider de ton sang comme tu as fait pour elle !
Elle retira de nouveau le couteau pour le planter dans son bras, avant de retirer encore une fois la lame. Elle allait planter de nouveau son arme dans le gros porc inconscient et puant l'urine quand quelqu'un lui hurla de ne plus bouger. Elle jeta un regard noir par-dessus son épaule pour voir Lestrade pointer un flingue sur sa tête.
- Lâche ce couteau, Portgas. Maintenant.
- Tire si t'as les couilles, Lestrade, mais j'en ai rien à faire ! Je tuerai cet homme ! Je le détruirai jusqu'à ce qu'il s'excuse de sa propre existence ! cracha Ace.
- Et tu finiras en prison. Pire encore, l'État te retirera la garde de Harry et t'empêchera de le revoir. Pense à ton fils, Portgas. Tu sais que tu risques déjà gros et que tu devras payer cher pour ce qu'il s'est passé ce soir. Tu veux vraiment perdre ton enfant ? Le garçon qui t'attend dehors avec ce gars que tu appelles ton frère ? C'est ça que tu veux, Portgas ?
Il avait le mérite d'avoir appuyé là où ça faisait mal.
Ace lâcha le couteau et se releva. Elle donna un bon coup de pied dans les burnes de Vernon, sans le moindre remord et arrangea son chapeau avec sa main sanglante.
- Je te veux demain, dès l'ouverture du bureau, au poste. Si tu n'es pas là, je mets ton agence, ton bar et les deux salles sous scellées, lui dit clairement le policier alors qu'elle quittait la maison. Et on viendra chercher Harry.
- Elle sera là, assura Thatch en allant prendre sa sœur par les épaules.
Pétunia, qui avait été évacuée avec son fils, la pointa du doigt avec un cri hystérique :
- Et vous la laissez partir après ce qu'elle a fait à mon mari et ma belle-sœur !?
- Si nous sommes intervenus aussi vite, c'est parce qu'on avait l'intention d'arrêter votre mari pour homicide involontaire avec délit de fuite et votre belle-sœur pour non-assistance à personne en danger et complicité ! Si ça avait été une de mes amies que votre mari avait tuée dans cet accident, croyez-moi, je serais aussi fou de rage que Portgas ! Et contrairement à votre mari, elle au moins, même si ses avocats se démènent à chaque fois pour qu'elle s'en sorte, elle s'amuse pas à faire l'innocente. Les seules fois où je l'ai entendue plaider non-coupable dans un procès, c'est quand elle était vraiment innocente ! Votre mari aurait pu s'en tirer avec une simple amende s'il avait pris la peine d'appeler les secours, au lieu de ça, il a laissé une jeune femme mourir !
Le trio n'en entendit pas plus.
Harry prit sa mère par la main sans s'occuper du sang et dit à son oncle qu'ils allaient marcher un peu, le temps qu'il ramène la voiture. Comprenant le message, Thatch les laissa et l'adolescent guida sa mère dans la nuit estivale.
Il avait passé un anniversaire horrible.
Ignorant le voisinage en mal de ragots qui les regarda passer, le duo marcha en silence, sans chercher à savoir où ils allaient. Sa mère n'émit aucune plainte quand des gravillons lui déchirèrent la peau de ses pieds, parce que de toute façon, ses flammes refermaient immédiatement les plaies. Ils laissèrent rapidement Privet Drive derrière eux mais ils continuèrent d'avancer dans la lueur jaunâtre de l'éclairage publique. Finalement, ils arrivèrent à Magnolia Crescent où ils virent un parc, vide à cette heure de la nuit. Une légère brise agitait les balançoires dans un grincement très film d'horreur, alors qu'un tourniquet tournait doucement. Harry repéra un banc et y conduisit sa mère. Les deux D. s'assirent dessus et l'adolescent rajouta sa seconde main sur les doigts recouvert de sang sécher de sa mère.
- /Il le paiera, maman, je t'en fais la promesse,/ assura doucement Harry.
- /C'est pas quelque chose que je veux t'entendre dire, Harry,/ répondit d'une voix tremblante sa mère.
- /Je sais, mais les faits sont là./
Il cessa de regarder sa mère pour fixer les buissons, ne pouvant s'empêcher d'avoir l'impression d'être observé.
- /Sally était comme une grande-sœur. Toujours à se faire du souci, à essayer de dédramatiser les choses. Elle n'avait pas besoin de savoir pour comprendre… même Dobby l'adorait./
Les larmes montèrent aux yeux de l'adolescent qui les essuya sur son bras sans lâcher la main de sa mère.
- /Sally était si joyeuse et lumineuse... Elle aurait pas dû partir comme ça ! Elle aurait dû se trouver un petit-ami, se marier, avoir des enfants, une petite famille./
La colère revint à la charge derrière sa peine.
- /Mais ce sale porc l'a laissée mourir !/
Ace attira son fils dans ses bras, le laissant sangloter contre elle alors qu'elle masquait tant bien que mal ses propres larmes sous son chapeau. Elle embrassa la nuque de son fils et resserra son étreinte, avant de se redresser brusquement.
Quelque chose avait bougé dans les buissons.
- Hotarubi… chuchota la D. sur ses gardes.
Ses lucioles de feu s'éparpillèrent autour d'elle et son fils, apportant un faible éclairage sur les alentours. Une silhouette massive se détacha de l'obscurité. Massive, sombre, avec des crocs luisants et des yeux scintillants.
- Inu ? fit Harry en reconnaissant leur espion comme un chien errant.
- Iie. Ningen, rectifia la D. en dirigeant ses lucioles vers l'étrange apparition.
Elle fut déconcentrée par la lueur des phares de voiture qui l'aveuglèrent à moitié. Quand Thatch descendit de voiture, il fut copieusement insulté, mais le chien mystère avait déjà disparu.
- Nanda ? s'enquit le roux.
- /Tais-toi et roule. On rentre./
- /Parfois, tes crises de narcolepsie me manquent,/ soupira son frère en allant lui ouvrir une portière. /Au moins, tu étais moins acariâtre après une bonne crise./
Harry jeta un dernier regard vers l'endroit où s'était tenu le chien, ne pouvant s'empêcher de trouver l'animal familier, avant de rejoindre à son tour le tout-terrain de son oncle.
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Quand Ace passait en justice, c'était toujours à huis-clos. Aucun journaliste n'arrivait à avoir son vrai nom, n'ayant que le pseudonyme de Hiken à se mettre sous la dent. Pour les photos, on n'arrivait pas à voir sous son chapeau noir et vu comment elle était couverte à chaque fois, impossible de la reconnaître. Le juge en charge de l'affaire avait lu le rapport et jeté un œil à la femme, à son avocat, puis à l'accusation, avant de revenir au clan Portgas.
- Que plaidez-vous ?
- Coupable. Et si je croise ce salopard dehors, je lui arrache les entrailles pour la mort de Sally, annonça Ace en croisant les bras d'un air buté.
Son avocat moldu roula des yeux. Parfois, sa cliente ne lui facilitait par les choses.
Mais le juge était un habitué du caractère et du fonctionnement de Hiken. Elle allait jusqu'au procès, mais son avocat trouvait toujours un moyen pour que la sentence se traduise en heures de travaux d'intérêt généraux et un dédommagement financier. Ne désirant pas se prendre la tête, il fixa une forte somme à payer en amende, dont une partie servirait au remboursement des soins de Vernon, plus quatre cent heures de travaux d'intérêt généraux. Si la partie civile désirait faire appel, le clan Portgas n'en avait rien à cirer. Pétunia aurait dû se sentir contente qu'on interdise par une injonction à Ace de s'approcher de Vernon. Et que le message derrière était qu'ils n'hésiteraient pas à lui retirer la garde de son fils si elle la brisait. La menace était excellente, mais à double tranchant. Parce que sans son enfant, elle n'aurait plus rien à perdre et plus aucune limitation.
Pourtant, Harry n'avait pas laissé tomber l'idée de sa vengeance. Pendant que sa mère, son oncle et Dobby étaient occupés ailleurs, il fouilla dans les dossiers de la pègre pour avoir une liste de noms et d'adresses bien précise. Il ne lui restait plus qu'à attendre la condamnation de Vernon Dursley pour ce qu'il avait fait à Sally, pour pouvoir faire marcher sa vengeance.
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Hermione était nerveuse.
La zone était mal fréquentée et le regard des gens qu'elle croisa ne la rassurait pas des masses. Mais elle devait le faire. Elle n'avait pas réussi à obtenir l'adresse de l'agence de protection et la résidence étant sous Fidelitas, elle ne risquait pas de la trouver comme ça.
- Si je me fais prendre dans une zone comme celle-ci du quartier moldu de Londres, je pourrais sortir toutes les excuses que je veux à mon père, je peux dire adieu à Poudlard et à mon héritage ! siffla Drago à son amie.
Avec la complicité de la mère de Blaise, il avait réussi à retrouver Hermione pendant qu'elle allait faire ses courses avec Neville pour la prochaine rentrée. Inquiet de ne pas avoir eu de nouvelles de Harry depuis fin juillet, ils s'étaient mis à imaginer les pires scénarios. Sans compter qu'il ne répondait même pas sur son portable.
Hermione resserra sa prise sur le chat roux et touffu qu'elle avait récemment acquis, comme si sa présence pourrait la protéger.
Leur seule piste, c'était une simple mention que la mère de Harry avait faîte l'an dernier, devant Gringott. Un bar dans les bas quartiers. Cela ne les aurait pas aidés des masses si le hasard n'avait pas fait qu'ils avaient vu Harry à Gringott aujourd'hui-même. Le garçon ne les avait même pas remarqués alors qu'il quittait la banque avec une expression orageuse sur le visage en rangeant une belle liasse de billets dans son portefeuille. Alors, ils l'avaient suivi, jusqu'à le perdre dans cette ruelle mal famée quand il avait sorti sa cape d'invisibilité.
Neville, tout aussi peu rassuré, se rapprocha des deux autres, faisant que Hermione était presque écrasée entre lui et Drago.
- Qu'est-ce que vous foutez ici, les mômes ? C'est pas un endroit pour des enfants.
Le trio sursauta et se retourna pour voir un homme taillé comme une armoire se tenir derrière eux. Ils déglutirent en reculant légèrement.
- J'bouffe pas les gosses. Vous êtes juste au mauvais endroit, et vos parents doivent vous chercher.
- On… on… bégaya Neville.
- Vous ?
- On cherche un ami, expliqua Hermione d'une petite voix. Il n'a pas donné de ses nouvelles depuis longtemps, et on l'a vu passé par ici avant de le perdre de vue.
- Si on le retrouve, je lui en colle une, grommela Drago en jouant nerveusement avec sa baguette magique au fond de la poche de son veston (les capes sorcières avaient été laissées à la bonne garde de Tom au Chaudron Baveur).
- Les gamins n'ont rien à faire ici et j'ai vu aucun môme dans les environs, outre vous trois. Alors, déguerpissez avant d'avoir des ennuis, leur dit le gros bras.
- Sa mère travaille dans un bar dans ce genre d'endroit ! insista Hermione.
- Et il s'appelle comment votre ami, parce que je suis videur pour le Lost New World.
- Harry D. Portgas ! répondit immédiatement Neville avec un maigre espoir.
L'homme eut un air pensif, puis regarda sa montre.
- Le fils de la patronne s'appelle Harry, après, personne ne sait leur nom de famille, ce qui est normal dans le milieu et rien ne dit que c'est son vrai prénom. La chef doit en avoir fini avec ses heures de travaux d'intérêt général pour la journée. Venez avec moi, on va voir si elle est là.
Et l'homme leur fit signe de le suivre, et les adolescents échangèrent un regard avant de lui emboiter le pas.
- Travaux de quoi ? chuchota Drago à l'adresse de Hermione.
- Travaux d'intérêt généraux. C'est une punition possible devant la justice où le coupable doit faire un travail particulier pendant un certain nombre d'heures en réparation pour son délit.
- Donc, on va voir un criminel ? La mère de Harry… commença Neville.
- Est une femme qui trouve normal que son fils se balade avec de quoi forcer une serrure dans ses poches, rappela Hermione avant de cacher son visage dans la fourrure rousse de son chat.
Ils restèrent bien derrière le videur qui les conduisit jusqu'à une grande bâtisse qui portait le nom du bar qu'il avait cité plus tôt. La demoiselle reconnut immédiatement les idéogrammes qui allaient sous le nom.
Du japonais.
Il était donc de plus en plus probable que ce soit bien ici que se terre la famille Portgas.
Pire que tout, elle avait déjà entendu ses parents parler de ce bar, et pas en bien.
Leur guide salua son collègue à l'entrée et pénétra dans la salle qui avait une musique discrète en fond et quelques clients en train de consommer et de refaire le monde.
- Le propriétaire est tombé sur la tête. Succube au bar et vélane au service, reconnut Drago. Et pourtant, c'est intelligent pour inciter les hommes à la consommation. Sans compter que ces créatures ont une apparence très humaine.
- Derrière le bar, c'est pas le professeur Newgate ? demanda tout bas Neville.
En effet, Thatch était en train de servir une bière, bien reconnaissable malgré l'énormité sur le crâne. L'homme toujours aussi souriant avec les élèves avaient l'air juste au bout du rouleau et pourtant, la pleine lune était loin.
- Je cherche la patronne, annonça le videur en se rapprochant du bar.
Thatch l'ignora totalement, mais la succube se détourna de sa discussion avec sa proie pour montrer une bâche qui cachait une partie du bar. Les enfants furent entraînés en direction de cette zone.
- Le coin est en travaux, alors, vous approchez pas des murs, leur conseilla le videur.
Il souleva le plastique, laissant les enfants passer dans une salle à part.
Et ils reconnurent immédiatement Ace, même si elle leur tournait le dos et avait un chignon grossier sur le crâne. Elle portait un vieux tee-shirt trop grand pour elle, informe, troué et plein de peinture et un pantalon baggy en tout aussi mauvais état. On parvenait même à voir une partie de son tatouage dorsal vu que ça laissait une très bonne partie de son épaule droite à l'air.
- Patronne, j'ai trouvé trois gosses dans la rue qui cherche leur ami qui s'appelle comme ton fils.
Ace se retourna, clairement perplexe, avant de voir les trois enfants. Elle soupira profondément et reposa la brosse pleine de peinture qu'elle avait dans la main sur le couvercle du sceau de même couleur.
- J'm'en charge, va remplacer Sam à l'entrée, qu'il puisse souffler un peu.
Leur guide hocha la tête et quitta la pièce.
- Vous êtes Fire Fist, accusa Hermione.
Les deux garçons la regardèrent sans comprendre.
- Fire Fist est la nouvelle tête de la pègre anglaise depuis plus de cinq ans, expliqua l'adolescente en arrangeant son chat dans ses bras qui commençait à s'agiter. Tout le monde sait que le bar Lost New Wolrd est un centre important de la mafia anglaise et pourtant la police évite de s'en approcher. C'est même pas une question de corruption, c'est simplement qu'ils ont peur. On vous accuse d'une liste de meurtres et disparitions longue comme un bras ! J'arrive pas à croire que vous ayez eu l'audace d'élever un enfant dans un milieu pareil !
- Oooh, ça explique beaucoup ! comprit Drago avec un air pensif.
- Tu parles toujours autant des « on dit » demoiselle, mais qu'est-ce que toi, tu sais vraiment ? demanda simplement Ace en reprenant sa brosse. Qu'est-ce que vous fabriquez dans le territoire de la mafia, d'ailleurs ? Frédéric a dit que vous cherchiez Harry.
- On n'a pas de nouvelles de lui depuis presque un mois, on se faisait du souci, expliqua Neville. On l'a vu par hasard à Gringott et on l'a suivi jusqu'ici.
Ace se détourna du mur qu'elle était en train de peinturluré en bordeaux pour regarder le trio.
- Pattenrond ! Attends ! AÏE !
Trop tard, le mini-tigre de Hermione avait sauté à terre pour venir se frotter aux jambes d'Ace. Elle reposa son pinceau et gratta le crâne du félin avec la seule main de propre qu'elle avait.
- Thatch a acheté les affaires de Harry il y a trois jours, avec Dobby. Mon fils n'est pas sorti depuis un petit moment, il est plongé dans ses devoirs, informa la D. alors que le chat se roulait sur le dos pour avoir des gratouilles sur le ventre. Il est là-haut, dans mon bureau.
- Vous n'êtes peut-être pas au courant, parce que votre fils à une cape d'invisibilité, informa Drago. Il s'est caché dessous en arrivant dans le coin, c'est comme ça qu'on l'a perdu.
Hermione eut presque de la peine devant la lassitude évidente de la jeune femme avec la façon dont elle laissa tomber sa tête vers l'avant.
- Il va achever le travail d'Akainu, ce gosse, si ça continue, maugréa-t-elle. Je lui toucherai deux mots plus tard.
Elle hissa le chat dans ses bras qui lui renifla le visage en ronronnant.
- Comment ça se fait que Harry ne réponde à aucun de nos messages ? demanda Neville.
- Ma secrétaire, Sally Curtis, est morte fin juillet. C'est pas ce qu'on apprécie comme cadeau d'anniversaire.
- Il devrait avoir l'habitude, après tout ce que vous avez fait, gronda Hermione.
Ace lui tendit son chat qu'elle récupéra délicatement.
- Est-ce que je te fais peur Hermione ? Qu'est-ce qui t'effraie ? Ma réputation ou moi ? lui demanda la D. d'un ton las.
- C'est différent ? se défendit l'adolescente.
- Grandement. Tu sais ce qu'elles font, les réputations ? Elles tuent des gens, elles rasent des pays. Tu sais pourquoi ? Parce qu'on cherche pas à connaître, qu'on se limite à la peur. Ce que je fais, c'est pas correct, c'est sale, c'est illégal, et je l'assume. A côté, j'ai sorti des gens de la misère, j'ai ramené la paix dans des endroits d'où on ne sortait pas vivant. Avant que je débarque, vous ne seriez jamais arrivé en vie jusqu'à ce bar. On vous aurait déjà kidnappés, vendus comme de vulgaires marchandises, soit à la prostitution infantile, soit en tant qu'esclave, soit tués. Et comme rien ne se perd dans l'Underground, on vous aurait disséqués pour revendre sur le marché noir chaque centimètre carré exploitable de vos petites personnes. Et si ce n'était pas pour Harry, je me serais pas prise la tête pour faire tout ça, je serais restée dans mon coin à jouer les cambrioleuses.
- Et ça vous dérange pas d'avoir élevé un enfant dans un milieu pareil ? répéta Hermione.
- Parce que tu crois que je suis insensible à ce point ! s'indigna Ace.
Hermione venait de toucher un point sensible : la culpabilité de la pirate.
- Quand j'ai pris Harry avec moi, j'étais prête à pactiser avec le diable pour lui offrir une belle vie ! Mais explique-moi comment j'aurais pu m'en sortir quand je suis jamais allée à l'école ! Quand je ne faisais que baragouiner en anglais ! Quand j'avais pas un rond en poche ! J'ai payé un logement minable pour Harry avec de l'argent sale. Minable et hors de prix ! Pourquoi ? Parce que j'avais pas de feuilles de salaire ni de documents d'identité à présenter pour avoir un toit décent à donner à cet enfant ! Tu crois que je me sentais comment de le regarder grandir dans un placard à balais où des champignons poussaient à même les murs ! Tout ça pour quoi ? Parce que je voulais pas qu'il finisse comme moi et qu'une inscription à l'école nécessitait une adresse !
Ace se détourna pour saisir le pot de peinture à pleine main et le balancer sur le mur avant d'étaler la couleur avec sa brosse.
- Tu sais pourquoi la Reine insiste tant pour m'aider à conserver l'adoption de Harry ? C'est parce que c'est elle qui m'a aidée à lui offrir une meilleure vie. Elle voulait que je ramène la tranquillité dans les rues et je lui ai donné mon prix. J'avais des papiers, il avait des papiers, un toit décent au-dessus de son crâne, de la nourriture dans le ventre, de vrais vêtements sur le dos…
Ace se tourna vers Hermione.
- Je ne demande pas la charité. Je marchande. Elle m'a rendu service, je lui rendais service à mon tour, et ça continue encore aujourd'hui. Et tu sais comment ? Parce que tous ceux qui ont tout perdu, tous les rébus de la société, tous les miséreux savent qu'ils peuvent trouver asile ici au lieu de foutre la merde dehors. Et que s'ils sont prêts à se battre, alors, je peux les aider à reprendre leur vie en main. Je suis bien assez familière avec la misère.
Elle recommença à s'occuper du mur.
- Quand je vois l'enfance que j'ai donné à Harry, par rapport à celle que j'ai vécue, je me dis qu'il a eu un peu plus de chance. J'avais personne pour me protéger dans le bidonville où j'ai grandi. Ma nounou avait seulement la trouille que le vieux fou qui se prétendait mon grand-père la mette en état d'arrestation. J'avais pas dix ans que je devais déjà ramener la nourriture sur la table et me trouver seul des vêtements à me mettre sur le dos. Le pire, c'est que j'avais aussi un petit-frère adoptif qui était incapable de prendre soin de lui seul. Dans ces conditions, le vol était notre seule option, parce que personne n'en avait rien à foutre de deux orphelins pauvres et sales.
Ace fit de nouveau face aux trois adolescents.
- Avant de reprocher quoique ce soit, interroge-toi sur ce qui motive les gens. J'ai fait des choses dont je ne suis pas fière, mais j'assume. Et tu veux que je te dise Hermione ? C'est pas la pègre qui a tué Sally. C'est un connard de chef d'entreprise qui lui a foncé dessus et l'a laissée crever. Et contrairement à Dumbledore qui arrive à s'en sortir comme par enchantement, cette fois, on est du côté non-magique de la balance. Et avec ma réputation, je sais qu'ils l'enverront en taule pour ce qu'il a fait à Sally, seulement parce qu'ils ont peur que je le plante définitivement. Pense ce que tu veux Hermione, j'en ai rien à faire, c'est pas ça qui changera les faits.
- Contrairement à mon père, vous avez déjà plus de morale et de mérite, commenta Drago. C'est pas un peu trop rouge ?
- Nan, ça donne cet effet parce qu'il y a pas encore de meubles pour compléter la décoration, répondit Ace. On aura des causeuses noires avec des coussins mauves…
- C'est tout ce que ça te fait Drago ? s'étrangla Hermione en voyant le Serpentard parler couleur avec la femme.
- Tu veux que je te dise quoi ? Mon père est un mangemort, la logique voudrait qu'il soit à Azkaban, pourtant, il se prélasse dans un grand manoir et profite de la richesse de notre famille, rétorqua le blond avant de montrer de formes imaginaires sur le mur. Un peu de jaune pâle serait bien pour casser tout ce rouge.
- Je vais accrocher des tableaux qui vont bien casser la couleur. Des trucs arts nouveaux que mon stupide frangin a sélectionnés. Il dit que j'ai aucun sens des couleurs, mais il vaut pas mieux que moi.
Hermione foudroya du regard Neville qui venait de rire.
- Elle est gentille, je vois pas pourquoi je devrais avoir peur d'elle, se défendit le garçon. Elle a eu des moments difficiles et ça l'a aidée à en sortir, je vais pas lui jeter la pierre parce qu'elle rend service à la personne qui l'a aidée.
- Tu sais Hermione, on m'a déjà condamnée à la prison. Mais je me suis échappée pendant le transfert, pour ensuite aller poser sympathiquement mon cul au commissariat le plus proche, raconta Ace en débouchant un pot de peinture noire pour y tremper un autre pinceau.
Elle traça de vagues carrés avec le noir sur le mur à deux trois endroits pour montrer à Drago là où serait les cadres, tout en continuant son histoire.
- Tu sais pourquoi ? Parce que Harry était au poste et qu'ils voulaient l'envoyer à l'orphelinat. Je leur ai dit clairement que j'allongerais la monnaie, que je ferais des travaux d'intérêt généraux, mais que l'on ne me séparerait pas de lui. Je préfère faire du mal, et payer en rendant service, plutôt que me tourner les pouces en prison, sans savoir où est mon fils. J'ai quatre cent heures de travaux pour avoir donné une leçon au salopard qui a tué Sally. Et je les ferais jusqu'à la dernière seconde. Et de toute façon, l'homme que j'ai appelé père m'a donné une leçon très importante.
Elle suivit les vagues que Drago faisait du doigt en montrant une zone sur la paroi, laissant le trait noir sur le mur et recula d'un pas pour observer le résultat.
- C'est avec de l'argent sale qu'on construit des hôpitaux.
- C'est… commença Hermione.
- Mon père a souvent évité des démêlés avec de la justice en payant une nouvelle aile à Sainte Mangouste. Une généreuse donation qui lui assurait une certaine tranquillité, raconta le Serpentard.
La demoiselle ouvrit et referma la bouche, avant de soupirer en rendant les armes.
- Je te demande pas de cautionner ce que je fais. Je ne te demande pas d'approuver, lui dit clairement la pirate. Dis-toi seulement que certains choix, qui ont été faits pour moi et par moi, font que j'en suis là aujourd'hui. Je regrette pas mal de choses dans ma vie, mais certainement pas ce que le crime m'a apporté. Je vais demander à Thatch de vous ramener, je doute que vos parents sachent où vous êtes. De mon côté, je vais toucher deux mots à mon fils.
Elle reposa définitivement le pinceau et se lava les mains à l'eau (pas folle pour utiliser du White Spirit) avant de ramener les enfants dans le bar.
- Qu'est-ce que ça donnera ? s'enquit Drago en montrant la salle en travaux derrière eux du pouce.
- Une salle privée.
Elle alla au comptoir en faisant signe au passage à un serveur d'aller remplacer son frère. Voyant qu'on lui prenait les verres et les boissons des mains, le loup-garou cligna des yeux et remarqua les jeunes qui suivaient sa sœur. Sans rien dire, il vida ses poches des capsules de bières, reposa le torchon qu'il avait à l'épaule avant de faire signe aux enfants de le suivre.
- On reverra Harry à la rentrée ? demanda Hermione.
- Oui, mais donnez-lui du temps, d'accord ?
Le trio salua la femme et suivit leur futur professeur hors du bar. Avec un soupir las, elle traversa la salle dans l'autre sens pour grimper dans son bureau, traversant l'escalier puis le couloir qui desservait les vestiaires avant le coin où son fils était fourré. Elle passa sa porte pour voir Harry assis devant la table basse mais pas Dobby.
- Où est Dobby ?
- Parti chercher la ration hebdomadaire en sang de Will, répondit d'une voix absente l'adolescent.
- Et toi, tu n'as pas bougé ?
- Je bosse, se contenta de répondre le jeune sorcier en prenant des notes par rapport à son livre.
- Depuis quand tu mens à ta mère, Harry ?
- Je pense que je peux me le permettre, vu que tu me mens aussi.
La remarque du garçon fit l'effet d'un coup de poignard dans les entrailles de la femme. Elle enfonça ses poings tremblant dans ses poches pour ne pas montrer qu'elle avait été touchée.
- Tu ne diras donc pas à ta mère pourquoi tu es allé à Gringott, n'est-ce pas ?
- Qu'est-ce que ça peut te faire ? Si je disparais, ça te fera des soucis en moins, non ?
- Tu entends ce que tu dis !? s'énerva la femme.
- Oui, parfaitement ! rétorqua tout aussi violemment Harry en la regardant enfin. Tu te caches derrière moi pour justifier tout ce que tu fais, alors, je comprends pas pourquoi tu continues de te faire chier, alors qu'il suffirait juste qu'on se sépare pour arranger les choses ! Pourquoi ça te poserait problème, après tout, je suis pas ton fils, juste un gosse que t'as ramassé !
La D. referma la bouche. Son visage se vida de la moindre expression, inquiétant son fils qui ne l'avait jamais vue réagir ainsi. Quand elle parla, son ton était calme et neutre.
- Ah. D'accord. Puisque tu en as marre, je ne te retiens pas.
Elle se détourna vivement pour sortir en claquant la porte, descendant rapidement les marches, et quitter le bar comme un ouragan, mordant ses lèvres dans l'espoir de retenir ses larmes, son cœur brisé en mille morceaux.
Harry posa sa plume et souleva son parchemin, faisant apparaître une photo qu'il avait trouvée en fouillant dans les affaires de sa mère Un petit groupe de personnes était présent sur le cliché, réuni autour d'un journal, et apparemment, ils ne s'attendaient pas à être pris en photo au vu de leur tête. Harry ne connaissait pas la moitié des personnes présentes, mais il avait aisément reconnu son oncle et Marco dans le tas. Ce qui l'avait brisé, c'était de voir la personne que Marco tenait par la taille. Un jeune homme, pas plus de dix-huit, dix-neuf ans. Des cheveux noirs fous tombant sur la nuque sous un flamboyant stetson orange très familier et pourtant unique. Le jeune sorcier aurait reconnu entre milles les tâches de rousseurs et les yeux couleur cendre, sans parler du tatouage sur le biceps.
Il savait que cet homme, c'était sa mère.
Il avait tellement de questions qui se succédaient, tellement d'incompréhension et de zones d'ombres.
Pourquoi sa mère et son oncle ne lui avaient pas dit qu'elle était un homme à la base ?
Comment avait-elle changé son corps ainsi et pourquoi ?
Si elle lui avait menti sur ça, sur quoi d'autres avait-elle gardé le silence ?
Il resta là, ainsi, à fixer la photo comme si elle avait la réponse au mystère de l'univers.
Quand son oncle vint le voir, il la cacha, lui disant simplement qu'il ne savait pas où était sa mère.
En rentrant, ce soir-là, il s'avéra qu'elle n'était toujours pas là. Harry alla s'allonger, l'esprit tourbillonnant à cent à l'heure, ne pouvant s'empêcher de se sentir coupable de ce qu'il avait dit. Il savait que derrière la façade de pierre, sa mère pouvait être facilement blessée. Et il l'avait très certainement touchée là où ça faisait mal.
Parce que Hiken no Ace ne réapparut pas suite à ce soir-là.
Son oncle ne partit pas à sa recherche. Il devina qu'il y avait eu une dispute, mais ne chercha pas le pourquoi du comment, se contentant de dire qu'Ace était adulte et savait se défendre, mais que son neveu restait sa priorité, surtout avec un assassin sorcier, certainement dérangé, dans la nature.
- Maman saura se défendre, tu crois ? demanda Harry en essayant de cacher son inquiétude.
- S'ils se rencontrent dans une allée, on sait très bien tous les deux que Black n'en ressortira jamais, sauf en petit tas de cendre, assura Thatch. Il n'y a rien ici qui puisse lui faire du mal, sauf s'il s'agit de te protéger, kabu.
La culpabilité avait pris le pas sur la colère. C'était juste trop pour Harry. Entre la mort de Sally et ça, il ne savait plus sur quel pied danser. Sa vengeance contre Vernon lui était même sortie du crâne.
- Tu sais, tu peux lui dire ce que tu as sur le cœur, ça vous aiderait tous les deux à vous réconcilier. Ta mère est têtue, et parfois même stupide, mais elle t'aime et serait prête à tout pour toi.
- Elle a tout laissé tomber, permets-moi d'en douter.
- C'est sa façon d'agir, Harry. Elle n'a jamais laissé personne la voir quand elle allait mal. A l'époque, elle avait son Striker, une machine qui marchait avec ses flammes qui lui permettait de se déplacer sans notre énorme navire. Tu serais surpris du nombre de fois où elle a décidé de juste disparaître. Son record, c'est un mois, et encore, c'est parce que Marco en a eu marre et s'en est allé la chercher par la peau du cou pour la ramener à bord, sinon, il est probable qu'elle serait restée dans son coin encore longtemps. Elle est comme ça, faut pas chercher. Et si tu ne fais rien, Harry, elle ne reviendra pas d'elle-même avant un bon moment.
- Pourquoi tu vas pas la chercher, toi ?
- Et laisser mon unique neveu derrière ? Je suis pas irresponsable ! Si d'ici Noël, elle n'est pas revenue, eh bien, tu resteras au château pendant que je ratisserai le pays.
- Dobby pourrait le faire…
- Je vais pas l'envoyer à l'abattoir, le pauvre.
- Tu me dis de me réconcilier avec elle, mais je fais comment, si je peux pas la joindre ? Elle a pas pris son téléphone !
Ce fut à cet instant que Yuki choisit pour se manifester. Elle se posa sur la table du salon en hululant et leva une patte.
- Yuki vient de te donner la solution, bonhomme.
Thatch avait ébouriffé les cheveux de son neveu à ce commentaire.
- Elle acceptera de faire la paix avec moi ? s'inquiéta l'adolescent.
- On parle de la femme qui aurait pactisé avec le diable pour toi, alors, forcément, elle acceptera de faire la paix.
Et l'homme avait laissé son neveu en privé avec l'oiseau.
Harry avait hésité sur comment exprimer son incompréhension, son ressenti, avant de finalement, aller au plus simple. Il avait glissé la photo à la source de toute cette situation dans une enveloppe avec un simple « pourquoi ? » écrit avec. Yuki était partie avec tout ça, mais Harry doutait qu'elle parvienne à trouver sa mère à temps pour la rentrée.
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Avec une capuche sur le crâne pour être méconnaissable, son oncle l'avait escorté avec Dobby sur le quai du Poudlard express. Là, Hermione les avait repérés. Elle avait foncé sur son meilleur ami avec la vitesse et la force d'un missile, le percutant violemment pour l'enlacer.
- Tu sais ce que vont dire les rumeurs ? tenta d'ironiser Harry en lui tapotant le dos.
- On s'en fiche des rumeurs tant qu'elles n'ont pas compris que tu t'appelles Portgas et non pas Potter, marmonna Hermione dans le col de son ami.
Elle resserra l'étreinte et ferma les yeux.
- Je suis désolée pour Sally. Ils ont montré sa photo dans le journal, elle avait l'air d'une fille géniale. Si tu as besoin de quoique ce soit, n'hésite pas à demander.
- Merci Hermione.
Il lui rendit l'étreinte en essayant de ne pas fondre en larmes. Tellement habitué à la mort, il n'arrivait pas à croire qu'il parvenait encore à pleurer. Il n'osait pas imaginer tout ce que son oncle et sa mère avaient perdu pour faire face envers et contre tout sans fondre en larmes toutes les cinq minutes.
- Kabu, je vais te laisser, tu es entre de bonnes mains, interpella son oncle.
Harry se détacha de son amie et enlaça son oncle qui lui rendit l'étreinte. Le loup se pencha à son oreille pour lui souffler quelque chose :
- Tout d'abord, évite de te promener la nuit, surtout durant la pleine lune.
- Oui, ji-chan.
- Ensuite, ta mère est un peu plus loin sur le quai. Va la voir.
- J'ai vraiment envie d'apprendre le Haki.
- Réconcilie-toi avec elle et on verra pour l'apprendre.
Thatch tapota le dos de son neveu, salua Hermione et s'en alla, les laissant à la bonne garde de Dobby. Le D. s'accroupit au niveau de l'elfe qui attendait patiemment avec les mains dans son kimono.
- Je dois faire quelque chose d'important, Dobby, tu veux bien te charger de mes bagages, s'il te plaît ?
- Dobby peut le faire. Monsieur Harry veut ses bagages avec celles de mademoiselle son amie ?
- Oui, merci, t'es le meilleur. Même s'il faut que je la paie de ma poche, je m'assurerai que t'ai une prime pour ce service.
- Monsieur ne devrait pas ! Dobby est bien trop payé pour son travail ! s'étrangla l'elfe en se cachant la tête dans ses mains.
Et avant que le garçon ne puisse dire quoique ce soit, l'elfe disparut avec les bagages du garçon.
- C'est lui, l'ancien elfe des Malefoy ? s'enquit Hermione.
- Mh. Hermione, je suis désolé, mais j'ai quelque chose de très important à faire, je te retrouve dans le train.
- D'accord, mais ne traîne pas trop, sinon, le train va partir sans toi, et ça serait très bête. Je vais essayer de trouver Drago et Neville au moins.
Harry lui tapota le bras en remerciement et se mit à courir sur le quai, slalomant entre les différentes familles qui disaient au revoir à leurs enfants en partance pour Poudlard, sautant par-dessus les bagages sur le chemin, cherchant sa mère des yeux, pour finalement la voir adossée à un pilier avec des fringues classiques mais toujours aussi masculines.
Trois longues semaines sans la voir, sans un mot, sans avoir eu de ses nouvelles.
Ace réceptionna Harry dans ses bras, le gardant contre elle pendant qu'il sanglotait des excuses. Elle ferma les yeux pour ne pas pleurer quand elle entendit Harry la supplier de ne pas le laisser. Doucement, elle repoussa l'adolescent qui avait tellement grandi par rapport au petit bébé qu'elle avait pris avec elle il y a plus de dix ans. Elle le regarda dans les yeux, lui essuyant ses larmes du pouce, avant de lui infliger une pichenette dans le front qu'il accepta sans broncher.
- /J'aurais préféré que tu me montres la photo quand tu l'as trouvée, plutôt que tu me parles comme ça, Harry. J'ai très mal vécu ces semaines de séparation, pire que quand tu es à l'école./
Elle lui prit le visage entre ses mains, appuyant son front contre celui de son enfant.
- /Je peux passer sur le fait que tu fouilles dans mes affaires, mais certainement pas sur la façon dont tu m'as parlé. J'attends donc de toi un comportement exemplaire cette année si tu veux un cadeau de Noël ou même avoir le droit de faire une sortie à Pré-au-Lard l'an prochain. Surtout quand ce sujet fait partie de ce que j'avais l'intention d'aborder avec toi pour tes quatorze ans./
Elle ramena son fils contre elle en essayant de s'empêcher de trembler.
- /Tu es ce que j'ai de plus cher en ce monde, Harry, s'il y a bien quelqu'un entre nous deux qui doit demander à l'autre de ne pas l'abandonner, c'est moi./
- /Je suis désolé maman… Je…/
- /On a pas passé le meilleur des étés, je te l'accorde. Mais on va prendre de la graine de ce qu'il s'est passé pour que ça ne se reproduise plus. J'ai juste une question pour toi, chaton… est-ce que ça te dérange de savoir que je suis née homme et tout ce que ça implique ?/
- /Je me demande surtout pourquoi tu as fait le changement, mais honnêtement, non. Je t'ai toujours connue comme ça, je peux difficilement être dérangé, c'est juste que je me demande sur quoi d'autres tu m'as menti si tu m'as même caché ça./
Ace eut une grimace.
- /Si j'avais eu mon mot à dire, je serais toujours un homme, mais on a pas toujours le choix dans la vie. Après, j'ai eu presque douze ans pour me faire à ce changement./
Le train se mit à siffler, annonçant le départ imminent.
- /On en rediscutera cet été,/ assura Ace. /File avant de louper le train./
- /On fait la paix ?/ demanda Harry en levant son petit doigt.
Ace le crocheta avec le sien en souriant, les yeux brillants.
- /On fait la paix. Maintenant, file, chaton./
Harry embrassa sa mère une dernière fois avant de se précipiter vers la dernière porte ouverte. Il la salua de la main, le cœur léger, et la regarda sourire en lui rendant son salut, jusqu'à ce que le train prenne un virage, la faisant disparaître de sa vue. Avec un soupir, il referma la portière et partit en quête de Hermione, jetant un bref coup d'œil dans les compartiments tous plus bondés les uns que les autres. Il finit par trouver son amie tout au fond, attendant devant un compartiment avec un mini tigre dans les bras.
- En voilà un beau fauve, nota Harry en grattant sous la mâchoire du félin qui ronronna en réponse.
- C'est Pattenrond. Je l'ai eu en cadeau d'anniversaire à l'avance, sourit la demoiselle. Bon, pour le compartiment, le seul de libre que j'ai trouvé, il y a un adulte dedans.
- Un adulte ? C'est bizarre.
Hermione ouvrit la portière pour montrer que Neville, Drago et Luna étaient déjà installés. Dans un coin, contre la fenêtre, un homme prématurément vieilli dormait, avec des vêtements rapiécés. Il avait l'air encore plus épuisé que son oncle après une pleine lune, c'était pour dire. Les mèches blanches dans ses cheveux châtains faisaient peine à voir.
- C'est le nouveau professeur de Défense, d'après sa valise, pointa Neville en montrant un bagage cabossé et écaillé sur le filet.
Professeur R. J. Lupin.
- Désolé de pas avoir répondu à vos messages, j'ai pas eu un été de tout repos, s'excusa le D. en s'asseyant à son tour.
- On comprend. Mais t'as une sale tête, excuse-moi de te le dire. Pourtant, avec un elfe de maison, tu devrais te porter comme un charme, pointa Drago.
- Entre s'assurer que ma mère ne réduise pas en cendres ses papiers et que mon oncle n'explose pas la cuisine avec ses expérimentations, il a de quoi faire, sourit maigrement le D. en se rappelant du nombre de fois où le pauvre Dobby devait courir à droite et à gauche pour éviter une catastrophe. Parfois, j'ai l'impression d'être l'adulte et eux les gosses, quand je les vois.
- Comment ça se fait que ta mère ne soit pas venue à la gare ? demanda Hermione. Elle a eu des ennuis ?
- Non, on a eu une violente dispute et j'ai parlé sans réfléchir. On s'est réconcilié juste avant le départ du train. J'ai grandi avec beaucoup de non-dits de sa part, et le vase a fini par déborder. Je pensais pas la moitié de ce que j'ai dit, mais… enfin.
Luna changea de place pour frotter le dos de son ami d'un geste réconfortant.
- Sinon, prêts pour la nouvelle année ? demanda le D. pour changer de sujet.
- Grand-mère n'en a pas cru ses yeux quand elle a vu que j'ai pris des cours de Runes. Et je ne parle même pas de mon grand-oncle Algie qui a frôlé de peu l'attaque quand grand-mère lui a montré mon bulletin de notes ! sourit joyeusement Neville. Je suis en train de leur faire manger à tous leurs commentaires sur les Cracmols !
- Je suis content pour toi Neville.
- Et toi et Hermione, vous allez vous en sortir avec tous vos cours ? demanda Luna. Ginny m'a dit que son frère Ronald avait passé tout l'été à vous traiter de tarés pour avoir autant de classes.
- Heureusement que tonton est intervenu, parce que je voulais aussi prendre Arithmancie, quitte à sécher l'Histoire de la Magie, bougonna Harry.
- Vous demanderez grâce avant Noël ! paria Drago.
- Je suis le Bookmaker de l'école, je peux pas parier, nargua Harry en levant les mains.
- C'est ta mère qui t'a appris à gérer les paris ? demanda Hermione d'une voix tendue.
- Non, ça, c'est tonton. Il est pas tout blanc sous la façade de professeur, te fais pas avoir.
- Sinon, cette année, vous allez à Pré-au-Lard, non ? intervint Luna pour changer de sujet.
- Les joies de la troisième année ! Enfin l'opportunité de sortir des quatre murs du château ! sourit d'un air ravi Drago.
- J'ai cru comprendre que c'est le seul village totalement magique d'Angleterre, c'est vrai ? s'enquit Hermione.
Harry ferma les yeux, ignorant les discussions sur le village où, de toute façon, il ne pouvait pas se rendre. Il se laissa bercer par la luminosité faiblissante au dehors, le ronronnement de Pattenrond qui s'était fait une place entre lui et Hermione, et les conversations autour de lui.
- Harry ?
- Hm ?
Le garçon ouvrit un œil éteint pour regarder ses amis.
- J'écoutais pas, désolé.
Il se redressa en s'étirant et bailla comme un chat.
- On te demandait si tu avais hâte de voir Pré-au-Lard, répéta Neville.
- C'est pas là-bas que s'arrête le Poudlard Express ?
- On parle du village en lui-même, rectifia Drago en roulant des yeux.
Le D. haussa des épaules.
- Fudge et Dumbledore sont venus voir maman à l'agence de protection pour lui dire que sa signature n'était pas valable pour l'autorisation de sortie.
- C'est stupide, ton adoption est légale, non ? s'indigna Hermione.
- Hmhm. Avec le sceau de la Reine en plus. Mais, maman et moi, on avait la farouche impression qu'ils voulaient me savoir dans le château, plutôt que dehors. Et ils passent leur temps à essayer de me renvoyer chez les Dursley. Après ce que ce sale porc à fait à Sally, j'ai encore moins envie d'y aller.
- Je ne comprends pas pourquoi ils insistent pour que tu ailles chez une famille moldue qui, de toute évidence, n'est pas recommandable, avoua Neville.
- Et qui ne m'aime pas. Pétunia est la sœur de ma mère biologique, mais elle aurait été ravie de me voir entre quatre planches, renchérit Harry. Elle me l'a dit en face.
- Tu aurais été manipulable, dit le Serpentard.
Tout le monde regarda Drago qui lissait un pli sur sa veste noir d'un geste négligeant suite à son commentaire.
- En vivant avec une famille de ce genre, Portgas aurait été à deux doigts de devenir un Obscurial. En débarquant à onze ans chez lui, n'importe quel sorcier aurait été vu en sauveur, expliqua le blond d'une voix froide. Si en plus, c'était quelqu'un qui tient en haute estime Dumbledore et qui vient par ses ordres, voir le Directeur lui-même…
- J'en serais venu à lui vouer une confiance aveugle, compléta le D. en hochant la tête. Même si j'ai pas eu une enfance idéale, maman m'a aidé à me forger un sacré caractère et à savoir me tirer de beaucoup de mauvais pas, sans parler de l'instinct que j'ai développé, le genre de truc qui m'a permis de percevoir le monstre dans les murs du château ou sentir que le journal était franchement mauvais. Le Directeur essaie de m'amadouer, de me faire avoir confiance en lui pour je ne sais quelle raison, mais honnêtement, il me fiche la trouille.
Un frisson remonta le long de l'échine du D. en songeant aux affaires de pédophilies dont il avait eu vent en grandissant dans le monde de la pègre. Dumbledore ressemblait à l'image qu'il s'était toujours fait de ces dégénérés.
- De toute façon, je lui ai dit que je le trouvais petit et mesquin en déchirant l'autorisation de sortie pour la lui mettre dans la main. L'histoire est close. Ah, et tonton demande à ce qu'on ne fasse aucune promenade au clair de lune, cette année.
- Il a peur de perdre le contrôle ? s'inquiéta Neville.
- L'esprit de l'Alpha est bien trop fort pour ça, réfuta Luna.
Harry se contenta d'hausser les épaules et ramena la capuche de son sweat sur son crâne en fermant les yeux. Ces longues semaines avaient été horribles pour ses nerfs, il avait besoin de se relâcher. Bientôt, sa tête tomba sur l'épaule de Luna qui ne protesta pas de servir ainsi d'oreiller au D. endormi.
Le Poudlard Express poursuivit son chemin vers le nord et le paysage, au-dehors, devenait plus sauvage, plus sombre aussi à cause des nuages qui s'amoncelaient. D'autres élèves passaient et repassaient devant leur compartiment au gré de leurs déambulations dans le couloir. Mais Harry était bien loin dans les bras de Morphée, inconscient des discussions de ses camarades. Il ne se réveilla même pas quand Neville lui mit un gâteau sous le nez suite au passage de la vendeuse de bonbons. Lupin non plus ne se réveilla pas, même quand, en milieu d'après-midi, la pluie se mit à tomber sur le train en de grosses goûtes huileuses.
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Dans la soirée, la pluie s'était intensifiée, couvrant les fenêtres d'une substance grise et luisante qui obscurcissait les fenêtres peu à peu à mesure que la nuit tombait tandis que des lanternes s'allumaient dans le couloir et au-dessus des filets à bagages. Ni le bruit de la ferraille, ni le sifflement du vent et encore moins le bruit de la pluie ne parvinrent à troubler le sommeil des deux dormeurs. Jusqu'à ce que Luna commence à s'agiter, réveillant Harry.
Sans explications, la blondinette fila hors du compartiment, laissant son ami se remettre de sa sieste improvisée.
- On a fait un beau gros dodo, Portgas ? se moqua Drago.
- Uruse na, bougonna le D. avant de bailler à s'en décrocher la mâchoire.
- T'as fait quoi pendant les vacances pour être aussi épuisé ? s'enquit Neville.
- 'm'suis disputé avec m'man, j'l'ai déjà dit.
- A ce point ? s'étonna Hermione.
- Elle est pas rentrée à la maison et n'a pas donné de ses nouvelles pendant presque trois semaines. Je dois dire tout ce qu'il m'est passé par le crâne comme explication à son absence dont j'étais responsable ?
Hermione baissa la tête pour cacher son embarras. Savoir la véritable place et occupation de la mère expliquait que son ami se fasse toujours du souci pour elle, et son soulagement à chaque lettre de sa part. Harry ignora la maladresse de son amie et se rapprocha de la fenêtre en contournant avec précaution Lupin qui dormait toujours.
- Vous pensez qu'on est bientôt arrivé ? demanda le jeune Portgas en essayant de percer l'obscurité.
Comme pour répondre à sa question, le train commença à ralentir.
- Déjà ? s'étonna Drago.
Il arrangea sa montre à son poignet et fronça les sourcils.
- C'est trop tôt, remarqua-t-il.
- Alors pourquoi on s'arrête ?
- Où est Luna ? demanda Harry.
- Au petit coin. Elle en avait envie depuis un moment, mais elle avait peur de te réveiller, explicita Hermione. Son envie a finalement réussi à l'emporter sur ton besoin de sommeil.
L'adolescent se raccrocha au filet à bagages pour ne pas perdre l'équilibre quand le train s'arrêta brutalement. Bien heureusement pour eux, les valises ne tombèrent pas, même si des bruits lointains leur dirent que d'autres n'avaient pas eu cette chance.
Étant debout, le D. alla jeter un œil dans le couloir pour voir qu'il n'était pas le seul à chercher à comprendre ce qu'il se passait.
Il leva la tête au plafond quand l'obscurité prit possession du train.
Il n'aimait pas ça, vraiment pas ça du tout.
Mais qu'est-ce qu'il se passait ?
Dans le noir, il identifia Neville qui s'était levé pour aller essuyer la buée de la fenêtre, cherchant à voir ce qu'il se passait au dehors.
- Je crois que des gens montent dans le train.
- Putain, j'espère vraiment apprendre le Haki rapidement, grogna Harry en faisant apparaître un lumos sans baguette dans sa main.
Il se pencha de nouveau à l'extérieur et fit un geste pour dire à Luna de se dépêcher de rentrer dans le compartiment en la voyant revenir.
- Je vais essayer d'aller voir le machiniste, informa Hermione en faisant elle aussi apparaître une boule de lumière dans sa main comme le faisait Harry.
Elle regarda avec un sourire les trois garçons bouche-bée.
- Je ne suis pas pour rien la sorcière la plus brillante de notre promotion.
- Silence.
Tout le monde tourna la tête vers le professeur Lupin qui venait apparemment de se réveiller. L'homme se leva en tenant dans sa main une poignée de flamme. Pas aussi classe que sa mère, mais pas mal quand même. Malgré son visage gris et épuisé, il avait un regard vif et alerte. Deux yeux ambrés dans lesquels ses flammes se reflétaient.
Harry ne s'en occupa pas.
Tous ses sens hurlaient au danger. Il devait quitter ce train et vite.
Mais il ne bougea malheureusement pas.
Il sentait une présence dans son dos, avec une respiration glaciale dans sa nuque qui lui foutait la chair de poule
- Que tout le monde s'écarte de la porte calmement et se mette derrière moi, demanda le professeur avec une voix calme mais autoritaire.
Harry fit un pas en avant, mais la chose froide qui se tenait dans son dos prit une profonde inspiration semblable à un râle, comme s'il voulait aspirer quelque chose d'autre que l'air.
Et ce fut le froid.
Jamais Harry, même durant les années de squattes, n'avait jamais connu un froid pareil. Son propre souffle s'était figé dans sa poitrine alors qu'il essayait de faire un autre pas vers l'avant. Ses poumons étaient deux blocs de glace et tout son corps perdait sa chaleur.
Il avait mal.
Très mal.
Il chercha à se prendre dans ses bras, mais il se sentait incapable de bouger.
Puis il entendit comme un hurlement. Un enfant hurlait de toutes ses forces. Il avait visiblement très peur et si mal. Harry voulut aller l'aider, après tout, ça lui permettrait de fuir ce truc froid, mais il n'arrivait pas à voir où il était dans ce brouillard si blanc et si épais qui l'étouffait en s'infiltrant par chaque centimètre carré de sa peau...
- Harry ! Harry ! Ça va ?
Quelqu'un lui donnait des tapes sur le visage.
- N... Nanda ?
Harry ouvrit les yeux qu'il n'avait même pas conscience d'avoir fermés.
La lumière était revenue dans le train qui avait d'ailleurs repris sa route, l'aveuglant presque. Il essaya de se redresser pour sentir des mains l'aider. Il était tombé à genoux sur le plancher et il sentait quelque chose de chaud et poisseux sur sa tempe. Hermione était devant lui à lui laver le visage avec un mouchoir. Mouchoir qui prenait une teinte rouge très rapidement.
- Ta cicatrice s'est rouverte toute seule, explicita la demoiselle en voyant son ami chercher l'origine du sang. Tu t'es effondré en te recroquevillant sur toi-même, la tête dans les bras et elle s'est mise à saigner. Tu vas t'en sortir ?
- Je crois…
Il regarda autour de lui en passant une main dans sa nuque pour réaliser qu'il était couvert de sueurs froides. Luna était recroquevillée sur elle-même, le regard dans le vide, avec un Drago extrêmement pâle à son chevet. Neville n'avait pas l'air mieux mais c'était lui qui aidait le D. à se redresser.
Un craquement fit se lever d'un bond Harry qui se mit en position défensive.
Lupin le regarda avec perplexité, une plaquette de chocolat dans ses mains.
Craac
La plaquette craqua un peu plus dans les mains de l'enseignant, explicitant l'origine du bruit qui avait fait bondir l'adolescent comme un diable hors de sa boite. Pour le coup, le D. ne savait plus où se mettre sous l'embarras.
- Portgas, laisse-moi te le dire, sourit largement Drago.
Harry lui jeta un regard interrogateur alors qu'il retirait son sweat-shirt trempé de sueurs froides.
- Toi, Portgas D. Harry, tu es pathétique.
- Uruse na ! bougonna le D. en lui jetant à la figure son haut.
Le Serpentard esquiva le vêtement en riant alors que Harry se laissait tomber sur un siège, vidé de ses forces.
- C'est qui le gosse dans le train qui a hurlé ? s'enquit l'adolescent en prenant le mouchoir de la main de Hermione pour endiguer le sang de sa cicatrice.
- Personne n'a crié, pointa Neville en s'asseyant à côté de lui. Ça ira avec ta cicatrice ?
- J'vois d'ici les ragots de l'école, maugréa le noiraud. Comment va Luna ?
- Elle va s'en remettre, rassura le professeur en tendant deux morceaux de chocolat à Drago. Elle doit en manger, elle se sentira mieux et c'est valable pour vous, monsieur Malefoy. Je vous fais confiance pour vous en assurer.
Il distribua d'autres morceaux à Neville et Hermione, avant de donner le dernier et certainement le plus gros à Harry.
- Mangez ça, vous vous sentirez mieux.
Le D. regarda le chocolat, puis le professeur comme si c'était un extraterrestre.
- On m'a toujours dit de ne pas accepter de sucreries de la part des inconnus.
- Eh bien, je suis le professeur Remus Lupin, le nouveau maître de Défense contre les Forces du Mal. Maintenant que vous me connaissez, vous pouvez vous permettre de manger ce morceau de chocolat, sourit l'homme d'un air amical.
L'adolescent prit le chocolat mais ne le mangea pas.
- Qu'est-ce que c'était que cette chose qu'il y avait derrière moi ? demanda-t-il au professeur.
- Un Détraqueur, répondit Lupin froissa le papier qui enveloppait le chocolat et le mit dans sa poche. C'était l'un des Détraqueurs d'Azkaban.
Il s'accroupit devant Harry en sortant sa baguette magique et écarta le mouchoir de l'arcade sourcilière du jeune. En un tour de magie, le sang disparut. Mais Harry ne pouvait se détacher des yeux ambrés de l'homme.
- Okami ka ? chuchota le D.
- Vous disiez ? s'enquit Lupin.
Le jeune Portgas secoua la tête, préférant garder pour lui son soupçon. Lupin le regarda avec perplexité, mais finit par se relever.
- Mangez, répéta-t-il. Ça vous fera du bien. Excusez-moi, il faut que j'aille dire quelque chose au machiniste...
Il passa devant Harry et disparut dans le couloir.
- Tu es sûr que ça va, Harry ? demanda Hermione en le regardant d'un air angoissé.
- Je ne comprends toujours pas... Qu'est-ce qui s'est passé ? répondit Harry en essuyant la sueur froide sur son front.
- On pense que le Détraqueur cherchait Black dans le compartiment, même si ce truc avait une capuche, donc, ça ne facilite pas les choses pour voir ce qu'il regardait, expliqua Drago.
- On t'a vu essayer d'avancer, puis tu t'es effondré, souffla Hermione qui était blanche sous sa crinière marron hirsute. Tu as commencé à avoir des spasmes...
Luna se recroquevilla un peu plus sur elle-même en grignotant son morceau de chocolat, les yeux embués par les larmes.
- A ce moment-là, le professeur Lupin t'a enjambé, il s'est avancé vers le Détraqueur et il a sorti sa baguette magique, poursuivit Hermione. Et puis, il lui a dit : « Personne dans ce compartiment ne cache Sirius Black sous sa cape. Allez-vous-en. » Mais le Détraqueur n'a pas bougé, alors Lupin a marmonné quelque chose, un truc argenté est sorti de sa baguette et le Détraqueur a fait volte-face et il est parti comme s'il glissait sur des patins...
- C'était horrible, dit Neville d'une voix plus aiguë qu'à l'ordinaire. Tu as senti ce froid quand il est entré ?
- J'ai des mauvais souvenirs que j'aurais bien voulu garder dans les confins de l'oubli, qui sont revenus à la surface, maugréa Drago visiblement mal à l'aise. Certainement pas quelque chose dont je veux refaire l'expérience.
- Personne ne s'est effondré ou a perdu connaissance ? s'enquit Harry.
Ses amis firent non de la tête.
- Peut-être qu'avec tout… ça…tu es plus sensible à leurs effets, supposa Hermione. Tu n'as pas eu un été très facile pour en rajouter.
- Peut-être.
Il se prit la tête dans une main et regarda le morceau de chocolat qui commençait à fondre entre ses doigts. Réalisant qu'il avait anormalement froid, toucha sa poitrine et écarquilla les yeux. Il se délesta auprès de Neville de son morceau de chocolat et retira la goutte de son cou, rangeant l'alliance de Lily Evans dans sa poche pour ne pas la perdre. Avec des mains fébriles, Harry ouvrit le bijou en argent avant qu'une exclamation d'horreur ne lui échappe.
La luciole de feu n'était plus là. Le métal était même gelé entre ses doigts.
Quand il allait à la mer, il laissait toujours son collier au sec, tout comme il évitait de se doucher avec, mais voir que ce fichu Détraqueur arrivait à passer outre le don de sa mère, ça lui foutait la frousse. Jamais il ne l'avait vu s'éteindre, ce Hotarubi !
- C'est… reconnut Neville.
Harry hocha la tête. Avec un soupir, il remit l'alliance sur la chaîne et fourra le tout dans sa poche.
- Je l'enverrai demain à maman si Yuki est là. On est pas encore à Poudlard, donc, le cellulaire devrait passer, non ?
- J'ai un doute sur la couverture réseau, mais essaye toujours, histoire de l'avertir, lui dit Hermione.
Le D. se hissa sur son ancienne place et attrapa son sac dans le filet à bagages pour en sortir son téléphone au moment où Lupin revenait. Il s'arrêta un instant devant la porte, regarda autour de lui, puis dit avec un faible sourire :
- Rassurez-vous, je n'ai pas empoisonné le chocolat.
Les jeunes sorciers se regardèrent et Harry se rassit à côté de Neville, son téléphone en main. Il prit son morceau de chocolat, regarda Lupin, avant de hausser les épaules.
- Je présume que je peux bien manger un morceau de chocolat, vu que vous avez pas de van avec des vitres suspicieusement teintées.
Son commentaire lui valut un coup de pied dans le tibia de la part de Hermione.
- Si on peut même plus blaguer.
Harry croqua dans son morceau de chocolat. À sa grande surprise, il éprouva alors une sensation de chaleur qui se répandit dans tout son corps.
- Nous arriverons à Poudlard dans dix minutes, annonça le professeur Lupin. Ça va, Harry ?
Harry n'avait pas envie d'entendre les conneries sur le Survivant et tout le bordel. Heureusement, son téléphone sonna, lui épargnant de devoir répondre à l'homme. Cela tira un regard surpris et curieux aux sorciers non habitués à la technologie moldu.
- Tu disais sur la couverture réseau, Granger ? nargua Harry.
Cela lui valut un autre coup de pied dans le tibia.
Le D. se leva pour aller dans le couloir avant de décrocher.
- Kaachan ?
« Tout va bien, chaton ? J'ai senti ta luciole s'éteindre, » s'inquiéta sa mère.
Prenant garde à rester au japonais pour avoir de l'intimité, le garçon lui raconta ce qu'il s'était passé. Il jeta un regard aux filles quand elles sortirent du compartiment.
- On va attendre plus loin, les garçons sont en train de se changer, explicita Hermione en lui tendant son sac, un bras autour des épaules de Luna.
Harry la remercia de la tête et son sac sur l'épaule, il alla rejoindre les toilettes pour se changer, tout en continuant de conter sa mésaventure.
- /J'ai jamais eu aussi froid, maman, ni aussi peur. J'étais pétrifié, je me sentais impuissant et je déteste ça,/ conclut l'adolescent en entrant dans une cabine.
« Je sais que c'est pas agréable ce genre de froid, ni ce sentiment d'impuissance. Je suis familière avec ça. Et là, maintenant, tu te sens comment ? »
- /Un peu mieux mais c'est toujours pas ça. Le nouveau professeur de Défense m'a donné du chocolat et ça m'a aidé, mais sans plus. D'ailleurs, je crois que c'est lui aussi un loup-garou, il a les mêmes yeux ambrés que tonton avec cet éclat sauvage, et je suis presque certain d'avoir vu des crocs de loup./
« Demande confirmation à ton oncle et fait ce qu'il te dit de faire. Va pas causer des ennuis à cet homme sans raison valable. »
- Haiii.
« Tu es bientôt à l'école ? »
- /Dans pas longtemps./
Il entendit sa mère s'écarter du téléphone pour interroger quelqu'un avant de revenir vers lui.
« Dobby passera récupérer la goutte après le dîner. En attendant, tu vas manger quelque chose de chaud et bien te couvrir. Et sache que je t'aime très fort chaton. »
- /Moi aussi maman, et je suis désolé pour ce que je t'ai dit./
« N'en parlons plus, Harry. On verra tout ça pour tes quatorze ans, je t'en ai fait la promesse et je tiens toujours mes promesses. Fais attention à toi mon chaton et passe une bonne année. »
-/On se voit à Noël ?/
Le rire de sa mère eut plus d'effet que le chocolat pour soulager le jeune adolescent.
« Et te laisser seul tout l'hiver ? Hors de question ! Tu rentres à la maison pour les vacances ! »
Ils se dirent encore une fois au revoir et Harry se changea rapidement pour ensuite ranger ses affaires dans son sac et retourner au compartiment.
Ils ne parlèrent pas beaucoup pendant la fin du voyage. Au bout d'un long moment, le train s'arrêta enfin à la gare de Pré-au-lard et les élèves se précipitèrent sur le quai dans une grande cohue. Les hiboux hululaient, les chats miaulaient et le crapaud que Neville avait caché sous son chapeau lançait des coassements sonores. Sur le quai minuscule, il faisait un froid glacial et un rideau de pluie fine et froide tombait sans relâche.
- J'avais jamais remarqué qu'il faisait aussi froid dans ce fichu pays, grommela le D. en resserrant sa cape autour de lui.
Ils empruntèrent un chemin boueux où une centaine de diligences attendaient les élèves, toujours avec les mêmes chevaux squelettiques qu'ils ignorèrent pour se mettre à l'abri de la pluie.
- Tu as meilleure mine, nota Luna qui se tenait entre Neville et Hermione.
- Ma mère a ce don pour apporter de la chaleur en toute occasion, même à distance, sourit doucement l'adolescent.
