Bonjour, on se retrouve pour parler de septembre. Et octobre. Oui, parce que notre histoire est elle aussi à cette joyeuse période de l'année. Et il se passe des choses. Merci encore à tous et à toutes pour vos reviews. Et votre présence. Ça fait toujours très plaisir.

Passons aux commentaires :

GaiaCross : Thatch veut protéger son neveu, et un loup-garou qui ne se contrôle pas, c'est une menace pour Harry. / Un pirate ne va pas se laisser marcher comme ça sur les pieds. / Oh, mais il ne va pas y retourner… mais ça ne sera pas sans conséquence. / La luciole, c'est HotaruBI. Et c'est une technique qui n'est ni puissante, ni faîte pour durer. C'est normal qu'elle disparaisse aussi vite. / Je comprenais pas, désolée, et oui, c'est un truc qui pourrait marcher./ On va voir ce qu'il se passe avec le cas « Potter » dans la fic. / Mangetsu a toujours veillé sur Harry, donc, forcément, elle va faire ce qu'il faut pour continuer à le protéger. Et Croûtard est clairement un ennemi. / On n'en est pas encore là pour la Carte, et non, on n'en a pas encore parlé. / C'est toujours un plaisir.

AstraTail : Merci beaucoup, c'est un plaisir pour moi aussi.

Kathelen : Pour un gars qui a tout apprit sur le tas, il s'en sort très bien, non ? / La rencontre sera… épique. On parle des Shirohige après tout. / Reprise pour moi cette semaine. Ce fut difficile. Mais j'ai réussi. / Je vais pas faire comme J.K et ranger Lupin dans un placard pour le ressortir pour l'année cinq !

Mizu Fullbuster : Au Plaisir. / J'ai décidé qu'à chaque fois qu'on me réclamerait Marco, de dire qu'il est mort. Si c'est le cas ou pas… allez savoir. Parce que le Miroir de Riséd, ça remonte à l'an 1, ici, c'est l'an 3, le temps est passé.

Marukolaugier : C'est la remplaçante de Drago.

Rose-Eliade : Au plaisir.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture !

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- C'est ici, tu crois ? demanda Hermione en se présentant avec Harry devant la tapisserie d'un cours de danse pour trolls.

- C'est ici qu'on s'entraîne quand il fait mauvais, mais y'a toujours une porte ouverte quand je viens, et là…

Harry regarda des deux côtés du couloir, mais il n'y avait aucune salle sur toute la longueur du septième étage.

- Essayons ! encouragea la demoiselle.

Elle se mit à marcher le long du couloir en répétant à mi-voix « on veut une salle pour étudier sans que personne ne nous voit et où on puisse remonter le temps ». Au troisième aller-retour, une porte apparut dans le mur. Avec hésitation, Harry l'ouvrit pour découvrir une pièce sobre mais confortable, avec une table en son centre et deux chaises confortables et des étagères remplis de livres le long des murs. Hermione entra à son tour, bouche-béante devant l'apparition.

- Bon, il est l'heure du dîner, nota Harry en regardant sa montre. Il y a des chances qu'on sorte d'ici après le couvre-feu, donc, il faudra qu'on se dépêche de remonter le temps. Vu qu'on sera déjà dedans à cette heure-ci, on risque pas de se voir nous-même. T'es ok ?

Hermione se détourna des livres qu'elle examinait avec avidité pour lui donner son accord et vint s'asseoir à la table, laissant Harry fermait la porte.

- Tu crois qu'il y aura quoique ce soit pour nous aider avec nos devoirs non magiques ? s'enquit-elle.

Une pile de livres, tous traitants de sujet non-magiques, apparut sur un coin de la table en réponse à sa question.

- Tu sais de quoi ça manque ? De musique. Et pas leur musique de vieux, là, renchérit Harry.

Une stéréo apparut sur une table basse entre deux étagères, avec toutes une collection de disques à côté. Les deux jeunes se regardèrent avant d'éclater de rire.

- Tu proposes quoi ? s'enquit Hermione.

Elle s'installa à la table et commença à sortir son agenda avec la liste des devoirs à faire. Harry alla jusqu'à la chaîne hi-fi et parcourut les disques.

- Y'a de tout. Beattles, Rolling Stones, Red Hot Chili Pepers, AC/DC, Scorpion…

- Va pour Scorpion.

Harry lança le CD et rejoignit son amie à la table pour commencer leur travail.

Juste dehors, les doubles apparurent, regardèrent leur montre en hochant la tête et filèrent dîner, affamés après une si longue période d'étude et surtout, pressés de retrouver leur lit.

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Rogue n'arrivait pas à croire que Neville, le garçon tellement nerveux qui faisait fondre ses chaudrons, ait réussi à trouver assez de confiance en lui, pour réussir une potion de Ratatinage impeccable, en seulement deux ans.

A côté, quand on regardait la potion de Finnigan ou de Weasley et malheureusement, de quelques Serpentard, ce n'était toujours pas ça. Quoique Greengrass commençait vraiment à faire des progrès depuis qu'elle avait rejoint le groupe d'étude. Comme quoi, l'intelligence de Lily avait pris le pas sur l'arrogance de James dans les gènes de leur fils.

Ou alors, cette Portgas avait accompli un vrai miracle en élevant un fils travailleur qui possédait un étrange charme.

- Weasley, je vais finir par décider de faire goûter vos mixtures à votre rat si ça peut faire en sorte que vous suiviez correctement des instructions, siffla d'un air hautain Rogue.

Ronald enfonça sa tête entre ses épaules, les oreilles rougies sous la colère.

L'enseignant partit plus loin pour vérifier d'autres potions.

- Hé, Portgas, dit Seamus à voix basse quand Rogue fut au loin.

Harry se pencha vers l'arrière sur deux pieds de sa chaise pour se rapprocher de son camarade assis dans son dos.

- Tu as entendu ? Dans La Gazette du Sorcier de ce matin, ils disent qu'on a repéré Sirius Black.

- Où ça ? s'enquit le D. avec curiosité.

Hermione, Neville et Drago redressèrent la tête avec intérêt.

- Pas très loin d'ici, dit Seamus, l'air surexcité. C'est une Moldue qui l'a vu. Bien sûr, elle n'a pas très bien compris ce qui se passe. Les Moldus pensent qu'il s'agit d'un criminel ordinaire. Alors, elle a téléphoné au numéro vert et quand les gens du ministère sont arrivés, il était déjà parti.

- Tu veux essayer de l'attraper seul, Portgas ? se moqua Ronald.

- Concentre-toi sur ta potion au lieu de raconter des conneries. Après, vu qu'il y a plusieurs paris sur le nombre de chaudrons que tu vas faire fondre cette année, tu risques de faire quelques malheureux si tu réussis la décoction d'aujourd'hui.

Et Harry se rassit correctement pour revenir à sa propre potion, ses lunettes à son col pour ne pas être gêné par la buée dessus.

- Pourquoi tu t'intéresses à ça, Harry ? Tu prépares pas quelque chose de dangereux, n'est-ce pas ? s'inquiéta Neville.

- Je veux des explications. Si, comme le dit Drago, c'est lui qui a vendu mes parents biologiques, je veux qu'il me dise pourquoi et surtout, ce que leur voulait Face de Craie, répondit le D. en reprenant le brassage de sa potion. Pourquoi moi et pas… je sais pas… Finnigan ou Weasley ? Vous comprenez ?

La cloche sonna et tout le monde rangea ses affaires, étiquetant un échantillon de leur potion pour la notation de Rogue avant de s'en aller. Hermione tira la manche de Harry qui discutait toujours du cas Black avec le reste de la bande et il hocha la tête.

Elle devait aller dans un autre cours, à lui de la couvrir.

Il s'arrêta au milieu du couloir, attirant l'attention de tout le monde sur lui, continuant de déballer toutes les raisons qu'il avait de vouloir trouver Black, permettant à Hermione d'user sans risque du Retourneur de Temps, puis rapidement à une autre de prendre sa place.

Sans discrétion parce que le sac de la demoiselle craqua, une petite dizaine de mètres en arrière.

- Tu n'étais pas derrière nous ? s'étonna Neville.

- J'avais oublié quelque chose, se justifia la demoiselle en ramassant ses livres.

Drago vint l'aider, fronçant les sourcils devant la tonne de livres qu'elle avait.

- Mais tu prends combien de cours par jour, Granger, pour avoir besoin d'autant de livres ? Surtout, si vous n'avez que Défense contre les Forces du Mal cet après-midi.

- Quelques-uns. Tiens-moi ça, le temps que je répare mon sac.

Harry vint lui donner un coup de main, se jurant de lui offrir un sac plus solide pour son anniversaire. Genre, un Eastpack, comme lui. Au moins, même si les fermetures foutaient le camp, le tissu, lui, résistait à tout. Et de toute façon, les profs s'en foutaient du sac. C'était peut-être une idée d'investissement. Une petite boutique avec des sacs solides et plus variés pour les sorciers. Et il était certain qu'il existait des sorts pour rendre un sac léger, puisqu'il y avait déjà quelque chose pour les rendre sans fond. Même pas besoin de se prendre la tête pour les concevoir, il suffisait de les acheter dans un banal commerce moldu ! Il devrait parler à sa mère de l'idée.

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Ce fut avec sa nouvelle idée lui trottant encore et toujours dans le crâne que Harry alla rejoindre son cours de Défense contre les Forces du Mal. Le professeur Lupin n'était pas là lorsqu'ils arrivèrent à son premier cours. Ils s'installèrent dans la classe, sortirent leurs affaires et commencèrent à bavarder de choses et d'autres. Neville se pencha avec intérêt par-dessus le bras de Harry pour voir ce qu'il griffonnait sur une feuille volante. Hermione en fit de même de l'autre côté, fronçant les sourcils devant le talent inexistant du D. en dessin, même si son idée était assez claire.

- C'est quelque chose qui pourrait se faire, mais une étude de marché serait un bon début. Ce serait bête de gaspiller de l'argent dans cette idée, même si tu es plein aux as, lui recommanda Hermione. Ah et prends des cours de dessins, je t'en prie.

- Pas l'temps, rétorqua le D. en pliant son papier pour écrire un message dessus qu'il ferait parvenir rapidement à sa mère.

- De quoi vous parlez ? demanda Neville.

Pour toute réponse, Harry lui prit son sac pour le mettre sur la table, avant d'installer son propre sac bien moldu d'un orange délavé juste à côté.

- Regarde le sac que tu as, Neville, comme tout le monde. Il suffit que tu mettes un livre en trop pour que tout se casse. Sans parler qu'ils sont moches et franchement pas originaux. J'ai vu des sacs de courses plus sympathique. A côté, les moldus ont des sacs plus solides, plus décorés, avec, suivant les prix, une plus grande durée de vie. La couleur est un peu partie, maman a peut-être dû changer la fermeture éclair de la poche de devant une ou deux fois, mais il a déjà résisté à cinq longues années ! Alors, je me dis que ça peut être une idée à exploiter. On achète les sacs côtés moldus en grosse quantité, et on les met à la disposition des sorciers sans leur dire d'où ça vient vraiment. Il existe même des modèles qui pourraient plaire aux puristes ! Au moins, c'est solide, original et sympa.

- Les profs t'ont rien dit ? s'étonna le sang-pur.

- Que dalle ! Ce qui les importe, c'est l'uniforme, le reste, ils s'en foutent.

- Je devrais peut-être demander à mes parents de m'en envoyer un, réfléchit Hermione.

- Nop, parce que sinon, il faudra que je te trouve un autre cadeau d'anniversaire ! décréta Harry.

- J'ai envie de te demander la provenance de l'argent qui sera utilisé ? siffla son amie en baissant la voix.

- M'man ne touche ni à la drogue, ni à la prostitution, sans compter qu'elle est plus à acheter des armes qu'à en vendre. Et puis, vu l'argent brassé par tout ce qui est illégal, tu as forcément eu de l'argent blanchi entre tes mains, alors, fait pas ta tête de Miss Parfaite, rétorqua le D. en baissant la voix pour qu'elle seule l'entende.

L'apparition de Lupin vola la possibilité à la demoiselle de lui répondre.

L'homme eut un vague sourire et posa son cartable râpé sur le bureau. Il paraissait aussi miteux qu'à l'ordinaire, mais il avait l'air en meilleure santé, comme s'il avait fait quelques bons repas. Il devait vivre dans une sacrée misère en temps normal pour que Poudlard lui ait permis de retrouver ainsi la santé.

- Bonjour, dit-il. Vous voudrez bien, s'il vous plaît, remettre vos livres dans vos sacs. Aujourd'hui, nous allons faire des travaux pratiques. Vous n'aurez besoin que de vos baguettes magiques.

Les élèves échangèrent des regards intrigués et rangèrent leurs livres. Ils n'avaient encore jamais eu de séance de travaux pratiques en cours de Défense contre les forces du Mal, à part un épisode mémorable l'année précédente, quand leur ancien professeur avait lâché des lutins dans la classe. La façon dont Thatch avait ramené l'ordre était tout aussi mémorable, même si beaucoup auraient voulu assister à son coup de gueule contre Lockhart.

- Bien, maintenant, suivez-moi, s'il vous plaît.

La classe emboîta le pas du professeur avec perplexité mais un certain intérêt. Ils quittèrent la salle de classe, leur sac à l'épaule, pour suivre l'homme le long d'un couloir désert. Ils croisèrent Peeves qui cherchait à saboter une serrure d'un placard à balais avec un chewing-gum. L'esprit frappeur n'avait, apparemment, pas le même respect pour Lupin que pour les autres enseignants. Qu'à cela ne tienne, un simple sort envoya le Poltergeist hurler au meurtre plus loin, le chewing-gum dans la narine.

Avec cette simple confrontation, Remus Lupin venait de gagner le respect de la classe entière. Dean lança un magnifique woow émerveillé, alors que Harry applaudissait avec un air clairement impressionné. Ça changeait des beignes au Haki que son oncle donnait à Peeves en général. Leur enseignant aux robes miteuses les emmena dans un autre couloir, jusqu'à la salle des professeurs où il les fit entrer.

La salle recouverte de lambris était pleine de chaises et de fauteuils dépareillés. Rogue était dans la pièce à lire le journal dans un fauteuil bas. Il regarda les élèves entrés avec des yeux étincelants. Il se leva quand Lupin entra à son tour.

- Ne fermez pas, Lupin, dit Rogue. Je préfère ne pas voir ça.

Il se leva et passa devant les élèves, les pans de sa longue robe noire tourbillonnant derrière lui. Lorsqu'il fut sur le seuil de la porte, il fit volte-face et dit :

- Cette génération a le mérite d'avoir appris à réfléchir un minimum, mais évitez de trop les amocher. Surtout le koneko, ça serait très embêtant, si comme votre prédécesseur, mademoiselle Portgas devait venir en personne pour vous apprendre la dure Loi du Talion.

- Je n'ai pas l'intention de faire faire à ces jeunes quoique ce soit qui nécessite l'intervention d'un parent d'élève en colère, mais merci pour l'avertissement, répondit calmement le nouveau professeur en haussant des sourcils.

Rogue eut un rictus méprisant, mais il n'ajouta rien et sortit en refermant la porte avec un claquement sec.

- Juste pour ma culture générale et mon ignorance, que veut dire ce fameux « koneko » ?

Harry baissa la tête, rouge d'embarras. Il savait le surnom était ridicule, mais comme sa mère le disait dans une autre langue, ça ne le dérangeait pas, et surtout, ils n'étaient pas nombreux à connaître la traduction. Sa réputation allait en prendre un coup si même Rogue s'y mettait.

Hermione adressa un sourire satisfait à son ami avant de répondre au professeur :

- C'est le surnom que donne mademoiselle Portgas à Harry. Cela signifie chaton, en japonais.

- Traîtresse, siffla Harry sous le rire de ses camarades.

- Je trouve que c'est un surnom qui a du charme. Merci pour la réponse, sourit simplement Lupin. Maintenant, suivez-moi tous jusqu'au fond de la salle.

Tout le monde accompagna l'enseignant jusqu'à une vieille penderie où certains professeurs rangeaient leur robe. Sur le sommet, un verre de whisky vide disait à Harry que son oncle devait souvent traîner dans ce coin-là. Lupin se rapprocha du meuble pour retirer le verre et le mettre ailleurs, provoquant un terrible tremblement assourdissant de la penderie, comme si quelque chose remuait à l'intérieur.

- Ne vous inquiétez pas, dit Lupin d'une voix rassurante en voyant quelques élèves faire un bond en arrière. Il y a un épouvantard, là-dedans.

La grande majorité de la classe semblait convaincue que c'était précisément une raison de s'inquiéter. Neville regarda le professeur d'un air terrifié et Seamus contempla avec appréhension la poignée de la porte qui s'était mise à s'agiter. Harry déglutit. Il avait lu le chapitre à leur sujet, et honnêtement, leur pouvoir lui foutait la frousse.

- Les épouvantards aiment les endroits sombres et confinés, dit le professeur. Les armoires, les penderies, les espaces sous les lits, les placards sous les éviers... Un jour, j'en ai vu un qui s'était installé dans une vieille horloge de grand-mère. Celui-ci est arrivé hier après-midi et j'ai demandé au directeur l'autorisation d'en profiter pour faire une séance de travaux pratiques. La première question que nous devons nous poser c'est : « Qu'est-ce qu'un épouvantard ?»

Hermione leva aussitôt la main, comme on pouvait s'y attendre.

- C'est une créature qui change d'aspect à volonté en prenant toujours la forme la plus terrifiante possible.

- Je n'aurais pas pu donner une meilleure définition, approuva le professeur Lupin.

Hermione rayonnait de fierté devant la claire approbation du professeur.

- Ainsi donc, l'épouvantard qui s'est installé dans cette penderie n'a encore pris aucune forme. Il ne sait pas encore ce qui pourrait faire peur à la première personne qui se présentera de l'autre côté de la porte. Nul ne peut dire à quoi ressemble un épouvantard quand il est tout seul mais, lorsque je le laisserai sortir, il prendra immédiatement la forme qui fera le plus peur à chacun d'entre nous. Ce qui signifie que nous avons un énorme avantage sur lui. Pouvez-vous me dire lequel, Harry ?

Harry leva un sourcil de s'être fait ainsi désigner, surtout que Hermione était dressée sur la pointe des pieds à côté de lui pour qu'on veuille bien la laisser répondre.

- Nous sommes neuf personnes dans cette pièce, avec des expériences et un vécu différents. On n'aura pas forcément peur des mêmes choses, donc, il va devoir se décider s'il doit faire peur à chacun d'entre nous à tour de rôle ou en groupe. Et si c'est en groupe, il devra chercher une forme qui sera effrayante pour tout le monde. Je sais que Thomas ne supporte pas les mains coupées, alors que personnellement, une main qui se balade me rappellerait plus la Chose de la Famille Addams, ce qui est tout, sauf flippant.

- En voilà une excellente réponse, Harry, sourit Remus alors que Dean donnait un coup de poing dans le bras de son ami avec un air vexé. Il vaut toujours mieux se trouver en compagnie de quelqu'un quand on a affaire à un épouvantard. Car alors, il ne sait plus quoi faire. Sous quelle forme apparaître ? Un cadavre sans tête ou une limace anthropophage ? Un jour, j'ai vu un épouvantard commettre une erreur. Il a essayé de faire peur à deux personnes à la fois et il s'est transformé en une demi-limace, ce qui n'avait rien de très effrayant. Il existe un moyen très simple de se débarrasser d'un épouvantard, mais qui exige une grande concentration mentale. Pour le neutraliser, il suffit en effet d'éclater de rire. Ce qu'il faut faire, c'est l'obliger à prendre une forme que vous trouvez désopilante. Pour commencer, nous allons nous exercer sans baguette magique. Répétez après moi... Riddikulus !

- Riddikulus, répéta le chœur des élèves.

Harry se sentait vraiment riddikulus à dire ce mot comme un débile.

- Très bien, très bien, mais ça, c'était le plus facile. Car le mot seul ne suffit pas. Et c'est là que toi tu vas intervenir, Neville.

La penderie se mit à trembler à nouveau, mais moins que Neville qui s'avança comme s'il allait à l'échafaud. Ah, tout le courage et l'assurance que le garçon avait acquis en trois ans venaient de s'envoler loin, loin, trèèès loin !

- Très bien, Neville, dit le professeur. Pour commencer, quelle est la chose qui te fait le plus peur au monde ?

Les lèvres de Neville remuèrent mais aucun son n'en sortit.

- Désolé, je n'ai pas compris ce que tu as dit, lança Lupin d'un ton joyeux.

- C'est évident, il a peur du professeur Rogue ! se moqua Ronald.

- Weasley, c'est pas parce que tu es physiquement incapable de suivre une simple recette que tu dois faire de ton cas une généralité, gronda Harry.

Neville jeta un coup d'œil affolé autour de lui, comme s'il implorait de l'aide, puis, il fit signe au professeur qu'il voulait lui dire à l'oreille. Lupin se pencha et son sourire fondit de son visage pour prendre une expression triste suite à la confidence.

- Frank était un bon ami à moi, nous étions de la même promotion, j'ai très mal pris ce qu'il lui est arrivé, souffla Lupin en lui serrant une épaule. Je te dispense de cet exercice, mais j'attends de toi un parchemin sur la meilleure façon de se débarrasser d'un épouvantard. Va te prendre une chaise et assis-toi.

Avec soulagement, Neville alla s'asseoir un peu plus loin.

- Je préfère prendre les devants, plutôt que d'avoir une mauvaise surprise. Harry, si je vous fais participer à cet exercice, doit-on s'attendre à voir Voldemort apparaître ?

Le fait que le professeur prononce le nom honni provoqua une réaction de peur et de surprise chez presque tous les élèves. Harry jeta un regard à ses camarades, se demandant ce qu'il avait fait pour finir avec une bande de dégénérés pareils, puis revint vers Lupin en haussant des épaules.

- Honnêtement, Face de Serpent a l'air d'un gosse qui fait un caprice par rapport à ma mère en colère.

- Tu réalises ce que tu es en train de dire ? s'étrangla Lavande.

- Les mères font souvent cet effet-là, sourit Lupin. Féroces et farouches. Et intimidantes. Très intimidantes.

Ah ben ça, c'était la parfaite description de sa mère.

- Si je devais être honnête, je pense que ce qui me fait le plus peur, c'est qu'il lui arrive quelque chose… continua Harry.

Un frisson lui remonta l'échine et il resserra son col sur sa gorge pour que la chaleur de la goutte ne s'efface pas. Il avait l'impression d'être dans de l'eau glacée tellement le froid s'insinuait dans sa peau, et il percevait dans ses oreilles le long râle qui l'avait rendu si faible, si impuissant. Cette créature qui arrivait à faire ployer la montagne inébranlable qu'était son oncle. Cette créature qui pouvait le noyer sous la peur et l'effroi.

- Harry ? appela Lupin en voyant l'élève pâlir.

- Mais je crois que ce qui me fait le plus peur, même au-delà de la perte de mon seul parent, ce sont les Détraqueurs.

- Imagine ce qu'il se passerait si on les mettait face à un aspirateur ! intervint brusquement Dean avant de mimer l'action. Zouuuuuum ! Pouf ! Dans l'sac !

Le D. esquissa un maigre sourire.

- Avoir peur de la peur elle-même est logique et très profond, commenta Lupin. Ce n'est pas non plus quelque chose que je souhaite voir en classe. Il existe un moyen de les affronter, mais je préfère éviter de vous voir, avec vos camarades, subir les effets d'un épouvantard changé en Détraqueur. Vous comprendrez, n'est-ce pas, que je vous demande d'aller vous asseoir ?

Harry hocha la tête et quitta le rang pour rejoindre Neville.

Parvati et sa peur des momies furent choisies pour l'exemple.

- Tu lui as dit quoi ? demanda Harry à Neville.

- Que j'avais peur que Bellatrix Lestrange s'échappe de prison, elle aussi, et finisse le travail en tuant vraiment mes parents. Ils sont peut-être plus tout à fait là, mais il y a encore un espoir.

Le D. lui serra le bras en compassion et ils regardèrent un à un leurs camarades affronter l'épouvantard, passant de la momie, à l'araignée, au spectre de la mort et même la main coupée de Dean. Hermione entonna le thème de la Famille Addams, suivi par Harry qui claqua des doigts en rythme.

- Ridikkulus !

La main était à présent toute propre, avec un petit col blanc autour du poignet, comme les serveurs, et même un plateau en argent coincé sous le pouce. La main fit sauter le plateau en l'air avant de se tenir en équilibre sur son poignet, laissant l'objet retomber sur ses doigts, bien à plat.

Dean adressa un long regard à Hermione et Harry, avant de rejoindre le rang, en admettant que la main était moins flippante comme ça.

Lupin adressa au duo un regard faussement mécontent, avant de leur dire que c'était une bonne idée d'avoir aidé leur camarade, mais de les laisser se concentrer.

Ça allait être le tour de Hermione quand la porte s'ouvrit sur un Thatch plus que perplexe de voir autant de monde dans la salle des professeurs.

- Tu avais réservé la salle ? s'étonna le loup.

Avant que son collègue ne puisse répondre, l'épouvantard réagit pour prendre la forme de la peur du professeur de Soins aux Créatures Magiques. L'épais livre que le roux avait sous le bras tomba dans un bruit mat au sol devant l'étrange personnage qui avait pris la place de la main coupée. Harry n'avait jamais vu un être aussi ridicule. Même les Dursley n'avaient pas l'air aussi stupide. L'homme devant eux avait une sorte de tenue d'astronaute d'un blanc immaculé avec des boutons et des jointures en or et pierreries. Sous un scaphandre, on avait un visage allongé à la coiffure improbable d'un homme avec une expression à la fois stupide et méchante. Un gémissement plus bas attira l'attention de tout monde. L'apparition tenait une chaîne dans sa main. Une chaîne qui le reliait à un homme blond, bien trop familier pour Harry, qui était à genoux au sol, la tête basse, comme brisé. Il était blessé, avec un lourd collier de métal à son cou, la peau couverte de meurtrissures et une marque au fer rouge dans le dos rappelant une patte griffue. Le pauvre homme était dans un sale état et semblait sur le point de mourir d'un instant à l'autre, pourtant, l'étrange astronaute ne faisait pas attention à lui. Il se contenta de shooter dans un ballon à ses pieds qui en roulant, s'arrêta aux pieds d'un Thatch immobile et pâle comme un linge. Les élèves eurent un cri d'horreur en reconnaissant la balle comme une tête humaine avec une étrange moustache.

- Oyaji… souffla le roux avec des yeux ronds.

Il se laissa tomber à terre pour ramasser la tête entre ses mains tremblantes.

Lupin allait intervenir quand l'homme en blanc parla.

Une simple phrase qui éclaira Harry sur ce qu'ils étaient en train de voir.

- /Je ne t'ai pas donné le droit d'être libre ! Tu es mon jouet et tu le resteras jusqu'à ce que je me lasse !/

Et il leva vers Thatch un pistolet en or à l'ancienne.

Avec un hurlement sauvage, le roux se jeta vers l'homme, écartant Lupin avec violence. Il tomba sur l'épouvantard comme une masse et ses mains passèrent au travers du scaphandre comme si c'était une bulle de savon. Jamais encore Harry avait vu son oncle dans un état pareille.

- Sortez tous ! Je m'en charge ! Le cours est fini ! ordonna Lupin en se relevant.

Harry regarda ses camarades filer et il intercepta Hermione.

- Dis à ma mère que mon oncle a pété un plomb, elle saura quoi faire… J'espère.

Son amie hocha la tête en prenant le téléphone portable du D. et se précipita dans le couloir. Lupin ferma la porte d'un coup de baguette magique avant de lancer un sort à son collègue, le tirant brutalement en arrière pour le séparer de l'épouvantard agonisant. Il s'interposa juste après, faisant apparaître une lune argentée en réaction, même si vacillante. Lupin bannit aisément la sphère dans la penderie avant d'inspirer profondément. Thatch était à présent recroquevillé sur lui-même, comme un enfant effrayé, toujours aussi livide, se balançant d'avant en arrière comme un dément. Avec inquiétude, Harry le rejoignit mais son oncle se recroquevilla sur lui-même.

- Allez chercher l'infirmière, Harry, je vais gérer ici, lui demanda Lupin en voyant que l'élève était toujours là.

L'adolescent fit vol de face, regardant avec méfiance l'adulte, un bras levé comme pour protéger son oncle derrière lui.

- Qu'est-ce qui me dit que vous allez pas profiter de son état pour lui faire du mal ? Ou pire, tout raconter à Dumbledore ? gronda le D. avec fureur.

- Je ne vais rien faire de tel, je vais simplement essayer de le calmer. Je ne sais pas le genre de réaction qu'il peut avoir dans cet état et au vu de son comportement de tout à l'heure, je préfère que ce soit moi, un adulte, qui se prenne un coup, plutôt que vous, Harry.

- Ji-chan me ferait jamais de mal ! Je suis son kabu ! Il…

- Je doute qu'il soit conscient de quoique ce soit dans cet état, alors, laissez-moi faire. Allez chercher Pomfresh, et je vous assure que le Directeur n'en saura rien.

Harry hésita, puis jeta un regard inquiet à son oncle derrière lui. Il bondit hors de la salle à toute la vitesse, sautant le moindre obstacle sur sa route pour arriver le plus vite possible chez l'infirmière. Lupin fixa un instant la porte qui avait été à moitié arrachée par la force étonnante de l'adolescent, avant de la réparer d'un coup de baguette magique. Il soupira et alla rejoindre Thatch. Quand il vit l'homme se plaquer un peu plus contre le mur, le professeur de Défense soupira et posa un genou à terre, parlant à l'homme livide avec autant de douceur que possible pour essayer de l'apaiser. Il n'avait pas compris ce qu'il s'était déroulé, outre que son collègue avait une peur étrange et profonde qui avait provoqué chez lui une réaction très violente. Venant d'un autre loup, il s'était attendu à voir l'épouvantard prendre l'apparence d'une lune pleine, ou même d'un loup-garou sauvage qui boulote un proche, mais ça, c'était incompréhensible. Et sanglant si on se rappelait de l'état du pauvre blond à moitié chauve traîné par une chaine et de la tête coupée.

Thatch Newgate avait-il peur de l'esclavage ou de quelque chose comme ça ?

La porte se rouvrit sur Harry avec l'infirmière et Hermione essoufflée qui rendit à son ami son téléphone portable tout en rangeant dans son col une étrange chaîne en or.

- C'est la seconde fois que je le vois dans cet état, grommela Pomfresh. Il a vraiment besoin d'une thérapie, mais je n'ai jamais vu un homme aussi têtu. Pour l'instant, il faut qu'il dorme. Ça lui permettra de se calmer. Le problème sera de lui faire prendre une potion de Sommeil sans Rêve.

- Un somnus n'est pas suffisant ? s'enquit Lupin.

- Non, il y résiste.

- Vous avez la potion sur vous ? demanda Harry.

L'infirmière la lui montra et le garçon s'en empara malgré les protestations des adultes. Il alla ensuite s'assoir devant Thatch en débouchant la fiole et fit semblant de la boire, avant de la tendre à son oncle.

- C'est bon pour la tête, même si le goût est horrible ! Je te la laisse là ! sourit candidement l'adolescent en posant la fiole devant son oncle.

Et Harry recula en croisant les doigts dans son dos. Avec inquiétude mais curiosité, Thatch regarda la fiole puis avança doucement sa main, comme s'il avait peur de se faire mordre. Il attrapa vivement la potion, par peur qu'on la lui retire et la renifla avec méfiance.

- Bon pour la tête, mais goût horrible, répéta Harry. Tu en as besoin.

Les mains tremblantes, le roux porta la potion à sa bouche et l'avala cul sec. Pour s'endormir aussitôt.

- Vous avez utilisé un fort dosage pour qu'il se soit endormi ainsi, nota Lupin en récupérant la fiole dans la main lâche de l'homme assoupi.

- Avec lui, c'est le minimum. Je ne sais pas si elle est naturelle ou pas, mais il a une immunité à la plupart des potions. Pour l'affecter, un fort dosage est nécessaire. Je vais le ramener à l'infirmerie. Pouvez-vous avertir Hagrid qu'il devra prendre la relève pendant quelques temps pour les cours ?

Et sans attendre de réponse, elle fit léviter le corps du loup-garou pour l'embarquer avec elle.

- C'était une idée astucieuse et sournoise que vous avez eue là, mais ça a marché, en tout cas, nota Lupin en poussant un profond soupir.

- Maman faisait pareil pour me faire prendre mes médicaments quand j'étais malade. Je tombais dans le panneau à chaque fois, raconta Harry en haussant des épaules.

- Il va s'en remettre ? s'enquit Hermione avec inquiétude.

- Votre professeur est un homme fort. Il lui faudra peut-être du temps, vu que cette peur à l'air traumatisante, mais il s'en remettra, rassura Lupin en les faisant sortir de la salle des professeurs.

- Vous n'allez rien dire, pas vrai ? demanda le D. avec insistance.

- Ce ne sont pas mes affaires, je n'ai aucune raison de m'en occuper, rassura l'homme. Filez à présent.

Les deux jeunes s'en allèrent. Harry espérait vraiment que le moulin à rumeur ne prenne pas son oncle pour cible, parce que sinon, ça allait mal finir.

- C'est horrible comme peur, souffla Hermione en suivant son ami dans les couloirs. Ta mère avait une voix blanche au téléphone quand je le lui ai raconté. J'ai préféré user du Retourneur de Temps pour avoir le temps de faire l'aller-retour.

- Merci Hermione, je te revaudrai ça.

- Tu les connaissais, ces personnes…

- J'ai deviné l'un d'eux et reconnu un autre.

Elle hocha la tête, ne poussant pas plus, et le silence revint entre eux alors qu'ils se rendaient vers la bibliothèque. Ils trouvèrent Luna en chemin qui confirma la crainte du jeune Portgas. Ses camarades de classes n'avaient pas su tenir leur langue.

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Lupin avait un don pour l'enseignement, et ses cours étaient passionnants. Il n'aborda pas de nouveau le sujet de l'épouvantard, mais il leur fit étudier une ribambelle d'autres créatures et les moyens de s'en défendre. Ils virent les Chaporouges, d'horribles petites créatures semblables à des gobelins qui s'embusquaient dans tous les lieux où le sang avait coulé, les cachots des châteaux ou les champs de bataille désertés, attendant l'occasion d'assommer quiconque s'y perdait. Ce jour-là, Harry fut content, parce que vu le sang qui avait coulé à cause de la pègre dans Londres, les ruelles sombres aux abords du bar étaient truffées de ces créatures-là, et maintenant, il savait comment s'en débarrasser. Ils passèrent aux Kappas, de monstrueux habitants des eaux qui ressemblaient à des singes couverts d'écailles avec des mains palmées avides d'étrangler les imprudents qui s'aventuraient dans leurs mares ou leurs rivières. Pour rire, Lupin avait eu le malheur de dire que c'était une créature commune au Japon et que Harry devait donc en savoir un peu plus sur le sujet. La semaine suivante, le professeur tombait sur le cul quand, en arrivant en classe, il trouva le D. assis à la place du professeur à raconter une histoire issue du folklore nippon au sujet des kappas. Sans rien dire, l'homme s'était assis avec les élèves pour écouter l'intervention surprise.

- Vous m'avez bien eu, Harry, admit en souriant l'homme à la fin de l'intervention.

- Du moment que vous ne me demandez pas de parler des Tengus, j'ai aucun souci avec l'idée de me faire désigner parce que je connais un peu d'une autre culture, avait répondu l'adolescent en haussant des épaules.

Non, il n'avait pas peur des Tengus, c'étaient des conneries que sa mère racontait pour l'embarrasser ! Vu comment son élève avait rougi de honte à la mention de ces créatures, même si la tentation était forte, Lupin n'avait pas poussé.

L'autre cours intéressant était les Soins aux Créatures Magiques. Hagrid, grand connaisseur des créatures dangereuses, n'avait remplacé Thatch que trois jours, avant que celui-ci ne retrouve du poil de la bête et ne revienne faire classe. Il avait tué l'histoire dans l'œuf de l'épouvantard en disant que personne n'aimait se retrouver face à face avec l'assassin de ses parents. Affaire classée sur une demi-vérité. Harry savait que sa mère y était pour quelque chose dans la remise sur pied rapide de son oncle, puisqu'elle était passée le voir un soir pendant que tout le monde dormait. Elle aurait pu prendre Mangetsu, mais vu que celle-ci était en vadrouille dans le château, Harry n'avait pas pensé à en parler. Elle avait malgré tout songer à Hermione et pour les quatorze ans de celle-ci, la demoiselle se retrouva à aller en cours avec un sac renforcé d'un beau bleu royal qu'elle ne tarda pas à décorer à sa manière avec l'aide de Luna, en rajoutant quelques perles et plumes. Et vu les regards qu'elle attirait, Harry se dit qu'il y avait un possible marché pour son idée. Surtout quand Lavande demanda où elle avait eu son sac.

Malheureusement, les jours raccourcissaient avec l'arrivée d'octobre. Le temps devenait froid et humide. Aller en Botanique ou en Soins aux Créatures Magiques signifiait affronter le froid, la boue, la pluie et le vent. Dans ces conditions, Harry était bien content de sa petite goutte, largement plus discrète et chaude que le pot à confiture contenant un feu ensorcelé que se transportait Hermione.

Un soir, alors qu'ils revenaient d'une séance d'étude dans la salle sur demande avec le Retourneur de Temps, Hermione et Harry trouvèrent la salle commune bien agitée avec leurs camarades en proie à une excitation fébrile.

- Qu'est-ce qui se passe ? demandèrent-ils à Neville qui était assis auprès du feu, dans un des meilleurs fauteuils, et s'appliquait à dessiner une carte du ciel.

- Premier week-end à Pré-au-lard, répondit-il en montrant une note d'information épinglée au tableau d'affichage avec sa plume. Fin octobre, pour Halloween.

L'équipe de Quidditch arriva à cet instant et la nouvelle réjouit les jumeaux.

- Parfait, dit Fred qui était entré dans la salle derrière Harry. Il faut que j'aille faire un tour chez Zonko, je n'ai presque plus de boules puantes.

Harry se laissa tomber dans un fauteuil à côté de Neville avec un soupir. Même s'il faisait bonne figure, il aurait vraiment voulu y aller. Si seulement ce stupide directeur et ce stupide ministre lui disaient pourquoi Black était vraiment une menace pour lui.

- Harry, je suis sûre que toi aussi, tu pourras y aller la fois d'après, dit Hermione en s'installant à côté de lui. Ils vont sûrement attraper Black bientôt, il a déjà été repéré.

- Hermione, ils l'ont vu, mais ils l'ont pas attrapé pour autant. Si ce gars a réussi à fuir d'une prison haute-sécurité, soit il a eu une aide extérieure, soit il est loin d'être con.

- Tu vas faire quoi pendant ce temps ? s'enquit Neville pour changer le sujet.

- Sa na, répondit le D. en haussant des épaules. Peut-être me balader avec Luna, ou voir si mon cher oncle est partant pour une séance d'entraînement. Je vais lui casser les pieds jusqu'à ce qu'il cède pour qu'il m'initie au Haki.

Hermione ouvrit la bouche pour lui demander ce qu'était le Haki en espérant avoir enfin une réponse, mais, au même moment, Pattenrond lui sauta sur les genoux. Il tenait dans sa gueule une grosse araignée morte. Mangetsu suivit le mouvement et vint se lover contre Harry en ronronnant.

- Bah tient, en voilà une qui décide de se remanifester, nota Harry avec un sourire. Tu as bien exploré le château ?

Le chat noir ronronna un peu plus fort pendant que Hermione, totalement gaga de son chat, félicitait Pattenrond d'avoir attrapé l'araignée seul.

Ronald passa à proximité d'eux, apparemment sur le point d'aller se coucher. Les deux chats sautèrent sur lui sans se consulter. Harry retint de justesse Mangetsu, mais Hermione n'avait pas ses réflexes.

- ATTENTION ! s'écria Ronald en saisissant son sac au moment où Pattenrond s'y agrippait de toutes ses griffes et commençait à le déchirer. VA-T'EN, STUPIDE ANIMAL !

Le roux essaya d'arracher le sac des pattes du chat, mais Pattenrond s'y cramponnait de toutes ses forces en crachant et en déchirant le tissu. Harry resta immobile à regarder la scène avec Neville, s'efforçant de retenir Mangetsu pour qu'elle ne se joigne pas à la danse.

- Weasley, arrête, tu vas lui faire mal ! s'exclama Hermione. Et tu n'aides pas les choses !

Tous les regards étaient braqués sur eux, à présent, alors que Ronald secouait frénétiquement le sac sans réussir à faire lâcher prise au chat. Profitant d'une ouverture, Croûtard, le rat de Ronald, sauta du sac et prit la fuite sur ses petites pattes.

- ATTRAPEZ CE CHAT ! hurla Ronald tandis que Pattenrond se lançait à la poursuite du rat terrifié.

Harry jeta un regard en coin à Dean qui humait le thème de Benny Hills pendant que George plongeait sur le chat, mais le manqua.

Un à zéro, faveur Pattenrond. Remise en jeu.

Croûtard se faufila entre les pieds des élèves et courut se réfugier sous une commode, suivi par le chat qui s'arrêta dans une glissade et essaya de l'attraper en donnant de grands coups de patte sous le meuble. Les propriétaires des animaux se précipitèrent pour reprendre leur bien. Hermione prit son mini-tigre dans ses bras et Ronald, à plat ventre, parvint avec moult difficultés à saisir son rat par la queue.

- Regarde ça ! dit-il avec fureur en agitant Croûtard sous le nez d'Hermione. Il n'a plus que la peau sur les os ! Empêche ton chat de le martyriser !

- Ce pauvre Pattenrond ne comprend pas que ce n'est pas bien, répondit Hermione d'une voix tremblante. Tous les chats courent après les rats !

- Je confirme ! répondit Harry. C'est dans la nature des choses.

- Vos chats sont bizarres ! dit Ron en s'efforçant de faire rentrer dans sa poche son rat qui ne cessait de gigoter. Ils ont compris que je cachais Croûtard dans mon sac.

- Tu racontes des bêtises, répliqua Hermione, agacée. Pattenrond et Mangetsu ont senti son odeur, c'est tout…

- Ces chats en veulent à Croûtard ! dit Ronald sans prêter attention aux autres élèves qui pouffaient de rire autour de lui. Mais Croûtard était là avant eux et en plus, il est malade !

Furieux, le roux traversa à grands pas la salle commune et disparut dans l'escalier qui menait au dortoir des garçons. Harry eut un profond soupir et regarda son chat dans ses bras.

- Tu sais, Mangetsu, tu me facilites vraiment pas les choses, ma vieille. Je sais que c'est ton instinct de chasseur, mais franchement, laisse tomber ce rat. Malade comme il est, il te collera une indigestion. En plus, il a la peau sur les os, donc, rien à se mettre sous le croc. T'en fait pas, ma belle, il y a pleiiin de souris bien dodues dans le château, demande à Yuki, elle te montrera. Mais laisse tomber ce rat.

Le félin lui renifla doucement le visage en réponse.

Hermione et lui échangèrent un regard en soupirant. Déjà qu'avec Ronald ce n'était pas le grand amour là, ça n'allait pas aider.

- Je sais pas pour vous, mais ça manquait de M&M's, commenta Dean avec un sourire moqueur. T'en penses quoi Colin ?

Colin brandit son éternel appareil photo avec un grand sourire.

- J'ai pris assez de photos de cet incident mémorable pour le raconter à tout le monde. Surtout le magnifique plaquage de George.

- Reviens ici sale morveux ! rugit George en partant à la poursuite de Colin qui s'enfuit dans son dortoir.

- Vu comme c'est parti, y'a aucun moyen que je puisse laisser Mangetsu dormir avec moi, soupira le D. alors que son chat avait posé sa tête sur son épaule en ronronnant.

- Je peux la prendre, si tu veux, proposa Parvati. A moins que tu préfères demander à Hermione.

- Pourquoi moi, alors que j'ai déjà Pattenrond à gérer ? s'étonna la demoiselle.

- Parce que vous traînez souvent dans votre coin à faire on ne sait quoi, sourit d'un air entendu Dean. On attend la lettre officielle ou vous avouez tout maintenant ?

- Nanda ? demanda Harry sans comprendre.

- Poudlard veut savoir ! annonça fébrilement Lavande. Est-ce que oui ou non, vous sortez ensemble ?

Les deux concernés se regardèrent, avant de dévisager les deux filles. La question de la demoiselle avait attiré l'attention de tout le monde pour le coup.

- Moi ? Sortir avec Harry ? En voilà une drôle d'idée ! s'indigna Hermione.

- On fait une chose très barbare qui s'appelle du travail scolaire, quand on traîne ensemble. On ne conte pas fleurette ou je ne sais quoi.

Quand Harry vit l'argent changer de main, il demanda avec agacement pourquoi on ne l'avait pas mis au courant des paris.

- Ben, t'es concerné par celui-ci, alors, on allait pas risquer de te voir falsifier le résultat pour t'en mettre plein les poches, lui dit clairement Fred.

Harry secoua la tête et regarda son chat.

- Tu sais quoi, Mangetsu ? Tu es bien partie pour dormir dans la salle commune, désormais.

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Le lendemain, Ronald était toujours aussi furieux et il le fit bien sentir en cours de Botanique en manquant de faire germer des haricots magiques étincelants. Apparemment, le rat victimisé se cachait au fond du lit de son maître, à trembler de toutes ses pattes.

Ils avaient ensuite un cours de Métamorphose. Et c'était cet instant que choisi Lavande pour pleurer toutes les larmes de son corps avec le soutien de Parvati qui expliquait gravement les choses à Dean et Seamus.

Il s'avéra que le lapin de la demoiselle avait été tué par un renard. Mais ce qui fit exploser de nouveau l'incident, ce fut le ton tragique de Lavande quand elle leur dit :

- J'aurais dû m'en douter ! sanglota Lavande d'un air tragique. Vous savez quel jour on est, aujourd'hui ?

En quoi la date d'aujourd'hui était-elle importante ?

- Le seize octobre ! Vous vous souvenez de ce qu'a dit le professeur Trelawney ? « Ce que vous redoutez tant se produira le vendredi seize octobre. » Elle avait raison !

Harry roula des yeux et s'éloigna, ne pouvant trouver un niveau suffisant à l'échelle de mesure de la stupidité pour ce qu'il venait d'entendre. Bien entendu, il fallut que Hermione essaye de faire voir de la logique aux gens en prouvant par A plus B que ça n'avait rien à voir avec la prédiction d'une vieille folle que le D. était content de ne plus voir. L'argumentaire tourna vite court puisque là où elle attaquait la Divination, Ronald la fit taire en lui parlant animaux :

- Ne fais pas attention à ce qu'elle dit, Lavande. Elle se fiche complètement des animaux des autres.

Bien heureusement, le professeur McGonagall apparut et ouvrit la porte. Hermione et Ronald entrèrent dans la classe en se lançant des regards assassins, pour s'asseoir encore plus loin l'un de l'autre que d'habitude.

Quand la cloche sonna, l'enseignante rappela la nécessité de bien présenter son autorisation de sortie signée pour la sortie à Pré-au-Lard. Harry attendit que ses camarades s'en aillent pour approcher sa directrice de maison.

- Que puis-je pour vous, Portgas ? s'enquit la femme.

- Vous trouvez ça logique, vous, que le Directeur dise que la signature de ma mère ne soit pas valable pour m'autoriser à sortir ? demanda doucement Harry. S'il veut tant que ça me garder au château, j'aurais préféré qu'il me le dise clairement. J'entends tout le monde parler, tout le monde pense que ce Sirius Black en a après moi. Franchement, professeur, qu'est-ce que ça lui coûte d'expliquer clairement ça au lieu de dire que, non, le nom de Portgas sur mon autorisation n'est pas valable.

- Il y a beaucoup de choses illogiques dans cette affaire, je l'admets moi-même, monsieur Portgas. Et s'il n'y avait pas eu cette affaire avec Black, je peux vous assurer que ce n'est pas moi qui aurais refusé une autorisation de sortie de la main de votre mère, soupira d'un air fatigué et triste l'enseignante.

- Voilà qui me réconforte, ironisa le D.

- Vous avez avancé dans la médiation de votre forme ?

- Pas eu beaucoup de temps. J'essaie d'y travailler avant d'aller me coucher, mais j'ai tendance à m'endormir comme une masse, grimaça l'adolescent.

- Eh bien nous y consacrerons deux heures le samedi de la sortie, à moins que vous ayez quelque chose de prévu.

L'annonce remonta légèrement le moral à Harry qui remercia la sorcière et s'en alla à son cours suivant.

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Le jour d'Halloween arriva avec un D. grognon à la table du petit-déjeuner. McGonagall avait accepté de passer un moment avec lui pour travailler sur sa forme animagus, et oui, son oncle lui consacrerait l'après-midi entière pour l'initier au Haki (à la condition qu'il ne se plaigne pas et qu'il ne dise rien à sa mère). Mais voir les autres si heureux de partir en promenade, ça ne le consolait pas des masses. Au moins, ça aurait pu le détourner de son état morose constant à Halloween.

L'arrivée de Yuki au petit déjeuner changea la donne.

La chouette avait ce qui ressemblait à un petit cadre dans ses serres, recouvert de papier kraft. Sous le regard curieux de ses amis (Luna et Drago étaient même venus squatter à la table de Gryffondor), il le déballa pour se retrouver avec un dessin au crayon sur un papier canson, montrant un petit enfant sourire comme un bien heureux alors qu'il était accroché d'une main à une fenêtre, debout sur une chaise, sur la pointe de ses pieds, et l'autre tendu dehors pour attraper des flocons de neiges. Le gosse avait un pull tellement grand que ça lui faisait presque une robe, et ses cheveux étaient totalement en bataille, mais il rayonnait tellement de joie devant la neige qu'on ne pouvait que sourire pour lui.

- Ta mère dessine bien, ça compense ton manque de talent, sourit Hermione à son ami silencieux.

Harry regarda la date du dessin et nota que sa mère avait dû faire ça quand il avait trois ans, le jour d'Halloween. Comment avait-il pu songer un seul instant qu'elle ne l'aimait pas ? Comment avait-il pu lui dire des choses aussi horribles, juste parce qu'elle gardait beaucoup de squelettes dans son placard ?

Il serra le cadre contre sa poitrine en souriant et se leva de table.

- Je vais être en retard pour mon rendez-vous avec le professeur McGonagall. On se voit après le dîner.

Et il s'en alla en jetant des regards fréquents au cadre, sentant la goutte plus chaude que jamais contre sa peau, mais toujours aussi douce.

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Harry s'était fait haranguer pour rien par Rusard alors qu'il venait de sortir de deux heures avec McGonagall. Grommelant contre sa bonne humeur gâchée par ce stupide concierge, le garçon se dirigea vers la tour, son cadre dans sa main.

- Harry ?

Le D. se retourna et vit le professeur Lupin à la porte de son bureau.

- Qu'est-ce que vous faites là ? demanda le professeur. Où sont Neville et Hermione ?

- A Pré-au-lard, comme tout le monde. Je sors d'un cours particulier avec le professeur McGonagall.

- Ah...

Lupin regarda Harry pendant un instant.

- Entrez donc, je viens de recevoir un strangulot pour le prochain cours.

Curieux, Harry suivit Lupin dans son bureau. Au fond de la pièce, il y avait un grand aquarium dans lequel une répugnante créature verdâtre, hérissée de petites cornes pointues, faisait des grimaces contre la paroi de verre en déployant ses doigts longs et fins.

- C'est un démon des eaux, dit Lupin en contemplant le strangulot d'un air songeur. Nous n'aurons pas trop de mal avec lui. Il suffit de savoir briser son étreinte. Vous avez vu ses doigts extrêmement longs ? Ils sont puissants, mais fragiles. Et je pense que, vu comment vous avez défoncé la porte de la salle des professeurs, ça ne devrait pas vous poser problème à main nu.

Le strangulot montra ses dents, puis alla se réfugier sous un enchevêtrement d'herbes aquatiques.

- Vous savez professeur, vous êtes la seule personne à qui je laisse passer l'usage de mon prénom sans rechigner. Tout le monde, sauf mes amis les plus proches, savent que je montre généralement les dents quand on ne m'appelle pas Portgas, lui fit remarquer l'adolescent.

- Même le professeur Newgate ? s'étonna Lupin. Une tasse de thé ? J'étais sur le point de m'en faire.

- Je veux bien, répondit Harry, un peu gêné.

Lupin tapota sa bouilloire avec sa baguette magique et un jet de vapeur jaillit aussitôt du bec verseur.

- Asseyez-vous, dit Lupin qui souleva le couvercle d'une boîte en fer poussiéreuse. Je n'ai malheureusement que des sachets, mais je crois que vous devez en avoir assez des feuilles de thé.

Harry le regarda. Lupin avait les yeux rieurs.

- J'ai eu qu'un seul cours de Divination et c'est déjà devenu une légende ? s'enquit le garçon.

- Nous, les enseignants, aimons bien parler.

Lupin lui donna une tasse ébréchée.

- J'espère que vous n'êtes pas inquiet ?

- La mort en général, même si je sais qu'elle est inévitable, m'effraie un peu. Je pense qu'il faudrait être stupide pour ne pas avoir peur, dit Harry. Après, il faut espérer qu'on ait une vie bien remplie qui en vaille la peine.

Le jeune adolescent regarda sa tasse sans la voir, jouant du doigt avec le rebord de celle-ci.

- Mon oncle m'a raconté l'histoire de la mort du père de maman, un jour où elle avait le dos tourné, vu qu'elle n'aime pas parler de son père. Il m'a raconté comment un homme qui avait réussi à accomplir presque quotidiennement l'impossible, avait fini par gêner diverses institutions gouvernementales. Ils ont voulu faire de sa mise à mort un exemple pour tous, mais grand-père Roger a fait face à son exécution avec un sourire féroce et a réussi à utiliser ses derniers instants pour allumer la flamme de la passion dans le cœur des gens. Quand tonton m'a raconté cette histoire, je me suis juré de ne pas mourir n'importe comment. Que peu importe ce que je ferais de ma vie, ma mort devait avoir du sens et devait se faire avec éclat et surtout le sourire. Que je devais être heureux de la vie que j'avais vécu et accepter ma mort.

Et il but une gorgée de son thé chaud.

- C'est une décision bien importante pour un garçon de treize ans, nota Lupin. Mais je ne peux que l'appuyer, en vous souhaitant à côté une longue vie bien remplie et heureuse, Harry. A moins que vous préfériez que je vous appelle Portgas.

- Je vous l'ai dit, vous devez être le seul à qui je laisse passer l'usage de mon prénom.

- J'en suis honoré !

- Concernant le professeur Newgate, il en reste à mon nom de famille en public et opte pour mon prénom ou kabu en privé.

- Qui veut dire ?

- Louveteau.

Harry but une autre gorgée de thé et regarda le strangulot qui brandissait le poing vers lui.

- Vous êtes proches, ça se voit. C'est peu courant qu'un élève prenne ainsi la défense de l'honneur et de l'intimité d'un de ses professeurs, on préfère plutôt les tourner en ridicule.

- Vous savez ce qui est arrivé à vos prédécesseurs ?

- J'ai eu vent, comme tous les sorciers, de l'état alarmant dans lequel Lockhart a été envoyé à Sainte Mangouste, et le professeur Newgate laisse entendre que votre mère n'y ait pas étrangère, même si j'ignore si je dois le prendre au sérieux ou pas.

- Je sais pas du tout si m'man est responsable ou pas, mentit le garçon.

Il reprit une autre gorgée et enchaîna :

- Cependant, Quirrell, son prédécesseur, avait Face de Craie derrière le crâne.

- Face de Craie ? répéta Lupin avec perplexité.

- Je trouve ridicule que tout le monde fasse un patacaisse sur le nom de Voldemort, surtout que ça peut prêter à confusion ou tourner dans des situations totalement et absolument ridicules. Alors, le compromis, c'est de lui trouver un surnom qui l'identifie correctement sans froisser les froussards. Dans le même style, j'ai Face de Serpent, mais j'en cherche d'autres.

- Vous n'avez pas froid aux yeux, sourit Lupin. Je rêverais d'être une petite souris pour voir sa tête si on l'appelle ainsi.

- Ma mère m'a un peu trop influencé dans ce genre de chose, grimaça Harry. Pour revenir au sujet, Quirrell avait Voldemort de l'autre côté de la tête. Quand j'ai vu rouge devant lui, c'est le professeur Newgate qui m'a rattrapé. Tout comme il avait déjà empêché Quirrell de me tuer plus tôt dans l'année. Pour rire, il n'arrête pas de dire que s'il faisait pas attention à moi, maman lui ferait payer, mais je sais très bien que ce sont des conneries, qu'il a pas besoin de menace pour ça.

C'était son oncle, après tout. Son oncle un peu foufou, mais qu'il adorait. Une mine inquiète apparut sur le visage de l'adolescent, mais Lupin désarma la peur infondée :

- Même si Dumbledore est venu me voir, suite aux rumeurs et à l'état du professeur Newgate, je lui ai clairement dit, malgré tout ce que je lui dois et mon respect, que cela n'était ni ses affaires, ni les miennes. Surtout avec la réponse qu'a donnée mon cher collègue aux diverses rumeurs sur le sujet. Il est vrai qu'on ne souhaite pas tous faire face à l'assassin de ses parents.

Des coups frappés à la porte coupa la discussion qui partait dans des eaux dangereuses.

- Entrez, dit Lupin.

La porte s'ouvrit et Rogue entra. Il avait à la main un gobelet d'où s'élevait une légère fumée et s'immobilisa en voyant Harry.

- Ah, Severus, dit Lupin avec un sourire douloureux. Merci beaucoup. Vous voulez bien le mettre sur mon bureau ?

Rogue posa le gobelet sur le bureau en regardant alternativement Harry et Lupin, alors que le D. était passionné par la potion. Il avait vu des trucs dégoûtants et mangé des choses encore plus dégueulasses, pour ne pas mourir de faim, mais ce truc-là remportait la palme.

- Je montrais à Harry mon strangulot, dit Lupin d'un ton badin.

- Fascinant, répondit Rogue sans jeter le moindre regard à la créature. Vous devriez boire ça tout de suite, Lupin.

- C'est ce que je vais faire.

- J'en ai fait tout un chaudron, poursuivit Rogue. Si vous en avez encore besoin...

- J'en reprendrai sans doute demain. Merci beaucoup, Severus.

- Je vous en prie, répondit Rogue.

Harry remarqua une lueur désagréable dans son regard.

- Ano, je m'occupe certainement de ce qui ne me regarde pas, mais je fais le commentaire juste en passant, intervint le garçon. Le professeur Newgate sait brasser des potions. Vu que rendre service au professeur Lupin semble vous arracher les dents, vous pourriez simplement vous adresser à ji… au professeur Newgate pour qu'il le fasse.

Rogue et Lupin regardèrent l'adolescent qui avait posé son cadre sur la table pour se lever et examiner de plus près la potion.

- Même si juste l'apparence me fait comprendre pourquoi il est bien content de ne pas en dépendre pour rester conscient, il est le mieux placé pour pouvoir dire si une potion Tueloup est efficace ou pas, et surtout, c'est pas lui que ça va faire chier de faire ce brassage.

- Qu'est-ce que vous racontez, Harry ? demanda Lupin.

- J'ai jamais vu la potion, mais je sais reconnaître l'odeur de l'aconit depuis que mon oncle me l'a fait sentir. Et ce truc en est bourré. Question de première année en potion : « quelle est la différence entre le napel et le tueloup ». Outre que la plante est utilisée pour la potion de la lycanthropie, je pense pouvoir prétendre reconnaître un loup-garou sous sa forme humaine avec tout le temps que j'ai passé avec le professeur Newgate.

- Vous ne cesserez jamais de me surprendre Portgas D. Harry, commenta Rogue d'une voix sinueuse. Cependant, je suis le maître des potions de cette école, jusqu'à nouvel ordre, donc, s'il y a une potion à brasser, je le ferais, surtout quand j'en ai encore un chaudron plein. Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée, et évitez de nous provoquer la découverte d'un nouvel incident cette année, monsieur Portgas.

- J'y peux rien si Halloween est un jour noir pour moi, grogna le D.

Rogue secoua la tête et s'en alla. Lupin resta un instant à cligner des yeux avant de soupirer en prenant le gobelet.

- Je ne sais pas si je dois être surpris du comportement de Severus à votre égard, ou maudire votre intelligence et votre sens de l'observation à mon sujet.

- Le professeur Rogue a une dent contre James Potter, et j'ai cru comprendre que je lui ressemblais pas mal. Cependant, j'ai bien mis au clair que je ne suis pas mes parents biologiques. C'est triste à dire, mais ils ne sont rien d'autres qu'une plaque de marbre que je vais voir tous les hivers avec ma mère depuis que j'ai cinq ans. Le professeur Rogue a, je pense, était l'un des premiers à bien vouloir me regarder pour qui j'étais, et non pas comme le fils d'un couple que je n'ai pas connu.

Harry reprit son cadre et regarda le dessin dedans.

- Maman m'a tiré de l'incendie qui ravagé la maison. Elle m'a dit que mes parents biologiques avaient sacrifié leur vie pour moi et que dans ses derniers instants, Lily lui avait demandé de veiller sur moi. Je leur en suis reconnaissant, mais je leur en veux aussi de ne pas avoir trouvé une autre solution où on aurait pu en réchapper, tous les trois, ensemble.

Il passa ses doigts sur la signature en As de Pique de sa mère dans un coin de dessin, faisant glisser ses doigts sur le verre. Lupin tendit la main et l'adolescent lui passa le cadre.

- A côté, même si maman n'est pas très loquace sur ses origines, elle m'a prise avec elle alors que rien ne l'obligeait. Elle aurait pu mainte fois me laisser dans un orphelinat, mais elle m'a gardé avec elle. On a bravé la misère, on a affronté des hauts et des bas ensemble. Elle a pris soin de moi, parfois un peu maladroitement, avec les moyens du bord quand on avait pas encore de l'argent, mais elle est devenue ma mère, et ça, rien ne pourra le changer.

- Et j'espère que personne ne vous le retirera, parce que ce dessin, si c'est votre mère qui l'a fait, montre qu'elle vous aime énormément, même si le sang n'y est pas.

Il lui rendit le cadre que Harry accepta en souriant. Il avisa l'heure et se leva d'un bond.

- Le professeur Newgate va râler si j'arrive en retard ! Buvez votre potion et prenez soin de vous, professeur !

- Merci Harry, sourit Lupin.

Harry filait déjà hors de la pièce pour monter dans son dortoir, déposer le cadre et se changer en quatrième vitesse pour filer retrouver Thatch à la salle sur demande.

- /Tu étais avec Lupin,/ nota son oncle en voyant son neveu le rejoindre dans le dojo qu'était devenue la salle.

- /On a discuté. Ça a l'air de coûter un bras à Rogue de lui faire du Tueloup./

- /Il y a du mauvais sang entre eux deux. Lupin est juste tellement épuisé qu'il n'a pas la force de continuer une puérile querelle d'adolescent pendant que Rogue a trop souffert. Il a explosé son premier chaudron de Tueloup sous la colère. J'ai évité de lui proposer mon aide pour ne pas le vexer plus./

- /Oups./

Thatch leva un sourcil.

- /Je lui ai dit que tu pouvais essayer de brasser la potion si ça l'embêtait tant de le faire./

- /Les moldus ne sont pas censés savoir faire des potions./

- /T'es pas un moldu, tonton./

- /Ah bon ? Alors je suis quoi, jeune homme ?/

- /Un pirate./

Thatch cligna des yeux et ébouriffa les cheveux de son neveu.

- /Bonne réponse, gamin. Allez, bande-toi les yeux, c'est parti pour l'entraînement./

- /Tu vas l'aider, pas vrai Ji-chan ?/

- /Dois-je me faire du souci de voir mon kabu me déserter pour un autre loup ?/

- /Je te déserte pas, mais t'es un Alpha, c'est pas ton rôle de prendre soin des autres loups ?/

- /Seulement de ma meute. Tu es de ma meute. Ta mère est de ma meute aussi. Lupin n'en fait pas parti. Il est trop attaché à Dumbledore pour en faire partie, pour l'instant du moins. Cependant, pour ta sécurité, et parce qu'il a essayé de m'aider, oui, je vais lui apprendre à maîtriser son côté sauvage. En attendant, si tu veux apprendre le Haki, c'est maintenant ou jamais./

Harry se dépêcha de se déchausser pour rejoindre le tapis d'entraînement avec son oncle qui lui banda immédiatement les yeux. Il était l'heure de l'entraînement.

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Harry avait mal partout, marchait en canard et devait avoir certainement de beaux bleus de prévus, quand il rejoignit la tour de Gryffondor après le banquet qu'il avait loupé. Il voulait qu'une chose : une douche bien chaude et son lit. Sauf que le destin n'était pas de cet avis, puisqu'en arrivant au bout du couloir où siégeait la Grosse Dame, il y avait foule. Tellement qu'il devait jouer des coudes pour avancer. Hissé sur la pointe des pieds, il chercha à retrouver Hermione et Neville, pour se faire percuter par un Percy pressé qui, lui aussi, se faisait un chemin dans la foule avec son joli badge de préfet en chef, demandant des explications.

Peu à peu, les élèves se turent, comme si un frisson glacé se répandait le long du couloir au fur et à mesure que les informations remontaient la colonne d'élève.

- Que quelqu'un aille chercher le professeur Dumbledore ! Vite ! dit alors Percy d'une voix soudain aiguë.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Ginny quelque part dans la foule derrière Harry.

Le D. n'en avait absolument aucune idée.

Il repéra la tête de Neville et parvint à se frayer un chemin jusqu'à eux.

- Ah ! Tu es là ! On se demandait si tu n'étais pas dedans ! souffla Neville avec soulagement en voyant le D. les rejoindre.

- Qu'est-ce qu'il se passe ici ? demanda Harry.

Hermione leva les mains pour dire qu'elle n'en savait rien.

Un instant plus tard, le professeur Dumbledore fendit la foule en direction du portrait. Les élèves se serraient les uns contre les autres pour lui faire de la place et Harry, Neville et Hermione en profitèrent pour aller voir d'un peu plus près ce qui se passait.

- Oh, là, là ! s'exclama Hermione en saisissant le bras de Harry.

La Grosse Dame avait disparu du tableau que quelqu'un avait lacéré avec une telle violence que des lambeaux de toile jonchaient le sol. Des morceaux entiers du tableau avaient été arrachés. Harry se pencha sur les lambeaux. Il reconnaissait dans le découpage grossier la marque d'un simple couteau de table.

Dumbledore jeta un rapide coup d'œil à la toile détruite et se tourna, le regard sombre, vers les professeurs McGonagall, Lupin, Newgate et Rogue qui accouraient.

- Il faut absolument la retrouver, dit Dumbledore. Professeur McGonagall, s'il vous plaît, allez tout de suite prévenir Rusard et dites-lui de chercher la Grosse Dame dans toutes les peintures du château.

- Vous aurez de la chance si vous la trouvez ! lança une petite voix criarde.

C'était Peeves, l'esprit frappeur, qui flottait dans les airs au-dessus de la foule et semblait enchanté, comme chaque fois qu'il était témoin d'un quelconque malheur.

Aisément, Thatch l'attrapa par la cheville et l'attira jusqu'à lui, clairement de mauvaise humeur.

- On n'a pas que ça à foutre, alors, accouche le Poltergeist.

Le sourire de Peeves s'effaça. Il avait peur de Thatch parce que même si l'homme pouvait être blagueur, il pouvait être dangereux quand il était de mauvaise humeur.

- Alors ? Qu'est-ce qui est arrivé à la gardienne de la tour des Gryffondor ?

- Elle a pris la fuite parce que Sirius Black l'a agressée !