JOYEUX NOËL !

Heureux ? Un chapitre de l'Underground sous le sapin, c'est cool, non ?

J'espère en tout cas !

Aujourd'hui, on a deux gros blocs, et vous verrez que Harry n'a pas besoin d'avoir le sang de Hiken pour avoir hérité de quelques-uns de ses défauts. Je n'en dirais pas plus. Outre que l'on peut compatir avec McGonagall.

Ceci étant dit, nous pouvons passer aux commentaires :

Kathelen : Nous n'aurons jamais la réponse à cette question donc. / Amuses-toi avec les câlins va !/ On verra jusqu'où va Thatch avec Tonks, je rappelle que monsieur n'est pas du genre à rester longtemps avec la même femme./ Au plaisir pour les cookies. / OUUUUIIIII ! J'arrive ! Et t'imagine pas le froid, je suis à 1h des montagnes brrrr et je m'en fou des routes. J'ai un fidèle VTT et deux bonnes jambes ! / Donc, le chapitre précédent : C'est plus une référence, on n'aura pas d'aparition du détective sinon, Ace aurait déjà fini derrière les barreaux malgré l'accord de la reine. Ou alors, Sherlock se serait fait descendre pour s'être occupée de ça. / Merci pour la canne « d'appart »./ On aime ce duo :) / Il n'y a pas à chercher loin. Thatch a eu le temps de faire un briefing aux deux pirates avant qu'ils ne soient changé en tableau et avec cette carte, Izou se fait juste confirmer que le gosse que Thatch a mis en avant c'est bien leur neveu, donc, le fils de leur as de pique personnel (Ace était le capitaine des Spades). /Colin n'a pas d'appareille photo magique, c'est via le développement dans une potion spéciale qu'elle le devient. Ici, on a juste trempé une photo de famille montrant le duo dans cette même potion. Le caractère est basé sur le souvenir du loup-garou. Leur savoir s'arrête donc à que ce sait Thatch, pas leurs originaux. Comme je l'ai dit auparavant, notre ami cuistot avait des photos de familles sur lui quand il est mort, donc, ça en sort pas de nulle part./ Tu ne sais pas à quel point Dumby n'a pas fini de les faire chier *regarde ses chapitres déjà écrit et laisse échapper un rire machiavélique*.

Morgane93 : Heureuse que le chapitre ait été à ton goût. Si je ne m'attarde pas sur les fêtes, c'est que je n'ai pas grand-chose à dire sur le sujet. J'aurais pu mettre plus, mais je pense que mes chapitres sont déjà assez gros. Je ne suis quelqu'un comme Etsukazu dont chaque chapitre est aussi long qu'un arc complet de One Piece.

sebferga : Au Plaisir, l'ami.

Sur ce, je vous souhaite de très bonnes fêtes et une bonne lecture. Mais n'oubliez pas qu'on ait encore en pandémie. Ne faîtes pas les cons, faîtes attention pour s'assurer que vous et vos proches restiez en bonne santé encore longtemps.

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Passer deux heures dans le parc par une matinée glaciale de janvier n'avait rien de très séduisant, mais Thatch avait eu l'idée de divertir ses élèves en allumant un feu de joie plein de salamandres. La classe consista à ramasser du bois sec et des feuilles pour entretenir les flammes, à la plus grande joie des amphibiens qui se délectaient à courir et sauter sur le tas de bûches brûlantes. Quand ils eurent un assez haut foyer, leur professeur sortit un paquet de marshmallow qu'ils firent griller dans le feu pendant qu'il leur parlait des salamandres. On pouvait donc dire que la reprise des cours se déroulait sous de bons auspices pour Harry. Sans compter qu'il devait commencer les cours de défense contre les Détraqueurs.

- Vous devriez prendre conseil auprès du professeur Newgate, vous avez vraiment mauvaise mine, professeur, alors que lui est une boule d'énergie, avait conseillé Hermione en privé à Lupin à la fin du premier cours avec l'homme.

Et elle s'en était allée en laissant leur enseignant plein de questions regarder Harry qui leva les mains pour clamer son innocence.

- Brillante comme elle est, elle a dû faire le rapprochement avec le cours du professeur Rogue, vos absences, ou que vous étiez étrangement malade en même temps que le professeur Newgate. Votre problème de fourrure ne me regarde pas tant que vous ne cherchez pas à me boulotter moi ou un de mes amis.

- Je vous crois. Cette jeune fille est vraiment très brillante. Dîtes-lui que je le fais déjà, mais que même si je sens déjà du changement, il faudra du temps.

L'adolescent se fit un plaisir de passer le message à son amie qui eut un pauvre sourire.

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À huit heures le jeudi soir, Harry quitta la tour de Gryffondor pour se rendre dans la salle d'Histoire de la magie, comme lui avait demandé le professeur Lupin. Durant le chemin, Haruta l'accompagna en gambadant de tableau en tableau, lui disant avec un clin d'œil qu'elle était sa protection rapprochée sur ordre de McGonagall. Harry accepta l'excuse, après tout, il faisait connaissance avec sa tante. Même si ça lui faisait mal de se dire qu'il ne la connaîtrait très certainement jamais en personne, il appréciait cette présence. Et comprenait aussi pourquoi son oncle n'avait pas joint Marco. Le blond avait une part bien trop importante dans sa vie, rien que par son absence, pour qu'on refuse de faire le remplacement par une vulgaire image. Et sa mère ne l'aurait certainement pas supporté.

Lorsqu'il arriva, la salle était vide et plongée dans l'obscurité. Il alluma les lampes d'un coup de baguette magique et attendit en faisant la causette au tableau. Ce ne fut que cinq minutes plus tard que le professeur Lupin arriva devant la classe avec une grande caisse en bois qu'il posa sur le bureau.

- Ton rendez-vous est là, gamin ! Je file, je vais essayer de faire peur à Hiken ! caqueta Haruta avant de disparaître en quittant le cadre.

- C'est l'un des personnages du nouveau tableau ? s'enquit Lupin.

- Hm. Haruta Newgate. Caractère haut en couleur. Les jumeaux l'ont prise en consultante pour leurs blagues. Qu'est-ce que c'est cette malle ?

Harry referma la porte alors que Lupin enlevait sa cape pour la poser sur une table.

- Un autre épouvantard. J'en ai cherché dans tout le château depuis mardi dernier et heureusement, j'ai fini par en trouver un dans l'armoire de Rusard. C'est ce qui peut se rapprocher le plus d'un vrai Détraqueur. Nous pourrons donc vérifier si votre pire crainte est bien eux. Si c'est le cas, quand il vous verra, l'épouvantard va prendre l'aspect d'un Détraqueur et nous pourrons donc nous entraîner sur lui. Quand on ne s'en servira pas, je le garderai dans mon bureau.

- Et si ma crainte est autre chose ?

- On improvisera sans, je le crains.

- Eh bien, allons-y, soupira Harry en essayant de cacher son appréhension.

Le professeur Lupin sortit sa baguette magique et fit signe à Harry d'en faire autant.

- Le sortilège que je vais vous enseigner, Harry, est un acte de magie très avancée qui dépasse de très loin le niveau de la Sorcellerie de premier cycle. On l'appelle le sortilège du Patronus.

- Le Patronus. Capiche. Comment marche ce sortilège ?

- Si le sortilège se déroule normalement, vous verrez apparaître un Patronus, c'est-à-dire une sorte d'anti-Détraqueur, un protecteur qui jouera le rôle de bouclier entre vous et le Détraqueur.

Intéressant à savoir.

- Le Patronus, poursuivit le professeur Lupin, représente une force positive, une projection de tout ce qui sert de nourriture aux Détraqueurs – l'espoir, le bonheur, le désir de vivre – mais, à l'inverse des humains, le Patronus ne peut pas ressentir de désespoir et le Détraqueur ne peut donc pas lui faire de mal. Je dois cependant vous avertir, Harry, que ce sortilège est peut-être trop complexe pour vous. De nombreux sorciers hautement qualifiés ont des difficultés à le mettre en pratique.

- A quoi ressemble un Patronus ? demanda l'adolescent.

- Chacun est unique. Il change de forme selon le sorcier qui le fait apparaître.

- Et comment le fait-on apparaître ?

- En prononçant une incantation qui ne produira son effet que si vous vous concentrez de toutes vos forces sur un souvenir particulièrement heureux.

Le plus heureux de sa vie ? Il avait l'embarras du choix.

Après un moment de réflexion, il s'arrêta devant l'arrivée du premier bulletin de Poudlard avec la lettre du professeur Rogue.

- Je suis prêt, dit-il en s'efforçant de se rappeler le plus précisément possible la merveilleuse sensation qu'il avait éprouvée quand sa mère l'avait pris dans ses bras en lui disant sa fierté.

- Voici l'incantation qu'il faut prononcer.

Lupin s'éclaircit la gorge et dit :

- Spero patronum !

- Spero patronum, répéta Harry à mi-voix. Spero patronum.

- Vous êtes bien concentré sur votre souvenir ?

- Ooooh oui, répondit Harry en ramenant ses pensées sur cet instant mémorable. Spero patronum... Spero patronum, Spero patronum...

Quelque chose jaillit alors de l'extrémité de sa baguette magique, comme une fumée argentée.

- YES ! s'enthousiasma le jeune Portgas. Ça a marché !

- Très bien, dit Lupin en souriant. Vous êtes prêt à essayer sur un Détraqueur ?

- Bring it on !

- Comme vous voulez, jeune homme.

Harry tenta de se concentrer sur cet instant avec sa mère, mais un nœud se forma dans son estomac en songeant qu'il devrait entendre le rire de Gordon s'il échouait. Le revoir avait été un supplice, il ne voulait vraiment pas subir cela de nouveau.

Lupin saisit le couvercle de la caisse et le souleva.

Aussitôt, un Détraqueur s'éleva lentement, la tête dissimulée sous une cagoule, une main luisante, putréfiée, serrant sa cape. Les lampes qui éclairaient la classe vacillèrent puis s'éteignirent. Le Détraqueur sortit de la caisse en bois et s'avança lentement vers Harry. Celui-ci entendit le bruit caractéristique de sa respiration, semblable à un râle, tandis qu'une vague glacée se répandait dans tout son corps.

- Spero patronum ! hurla Harry. Spero patronum ! Spero...

Mais le Détraqueur et toute la salle autour de lui semblaient se dissoudre... Harry se sentit une nouvelle fois happé par un brouillard blanc et épais. La voix de Gordon, plus puissante que jamais, résonna dans sa tête...

- On va bien s'amuser, gamin !

- LAISSEZ-MOI ! MAMAN !

- Tu peux crier, elle n'est pas là~ !

- Harry !

Harry reprit brusquement conscience. Il était étendu sur le plancher et les lampes s'étaient rallumées dans la classe. Il était inutile de demander ce qui s'était passé.

- Suman, murmura-t-il en se redressant, le visage ruisselant d'une sueur froide.

Il toucha son sourcil du doigt et les ramena à ses yeux, notant qu'ils étaient couverts de sang.

- Vous vous sentez bien ? demanda Lupin.

- Comme un charme ! ironisa le jeune.

Il se releva en s'accrochant à l'une des tables et s'appuya dessus pour se maintenir debout en inspirant profondément.

- Tenez...

Lupin lui donna un Chocogrenouille.

- Mangez ça, ensuite, on recommencera, dit-il. Je ne m'attendais pas à ce que vous réussissiez du premier coup. J'aurais même été stupéfait si ça avait été le cas. Et je vais me charger de votre sourcil.

- Nan, laissez tomber, elle va passer son temps à se rouvrir de toute façon, cette cicatrice. Et ça me fait chier, marmonna Harry en croquant la tête de la grenouille. J'ai compris la leçon, c'est bon, mais elle veut pas arrêter de saigner pour des prunes ?!

- Harry, si vous préférez arrêter là, je le comprendrai très bien...

- Je veux continuer ! protesta l'adolescent d'un ton féroce en engloutissant le reste du Chocogrenouille. Il le faut ! Je fais quoi, moi, si j'en croise un autre dehors !

- Peu probable, ils sont tous à Azkaban.

- J'crois pas aux probabilités. Je sais une chose, par contre.

Le D. avait un air déterminé à faire peur.

- Ma mère et mon oncle ne peuvent pas se défendre contre ces choses, pourtant, ils y seront encore plus sensibles que moi. Alors, je dois l'apprendre. D'abord pour passer au-dessus de ce handicap, et ensuite pour protéger ceux qui me sont chers.

- Très bien... dans ce cas, peut-être faudrait-il vous concentrer sur un autre de vos souvenirs heureux ? Celui-ci ne semble pas être suffisamment intense...

- Donnez-moi un instant.

L'élève réfléchit un moment en faisant les cent pas et décida que le moment où sa mère lui avait dit que leur oncle viendrait vivre avec eux était véritablement un très heureux souvenir. Il avait eu l'impression de faire un pas de plus dans la direction d'une vraie famille. Un instant réjouissant. Il resserra à nouveau les doigts sur sa baguette magique et s'avança au milieu de la salle.

- Prêt ? dit Lupin en posant les mains sur le couvercle de la boîte.

- Prêt, répondit Harry.

Il se concentra sur l'euphorie qu'il avait ressenti à cet instant, s'efforçant de chasser de son esprit toutes ses appréhensions sur ce qui se passerait lorsque la caisse s'ouvrirait.

- Allons-y, dit Lupin.

Il souleva le couvercle. Une fois de plus, les lumières s'éteignirent et un froid glacé se répandit dans la salle. Le Détraqueur glissa hors de la caisse. On entendit le râle de sa respiration et une main putréfiée se tendit vers Harry...

- SPERO PATRONUM ! hurla Harry. SPERO PATRONUM ! SPERO PATRONUM !

Les cris avaient recommencé à résonner dans sa tête, mais, cette fois, c'était comme s'ils provenaient d'une radio mal réglée. Leur intensité diminuait, augmentait, diminuait à nouveau... Harry voyait toujours le Détraqueur qui s'immobilisa tout à coup... Alors, une immense ombre argentée jaillit de la baguette magique de Harry et flotta dans l'air, entre le Détraqueur et lui. Harry avait l'impression que ses jambes s'étaient liquéfiées, mais il tenait toujours debout... Pour combien de temps encore, il ne le savait pas...

- Riddikulus ! rugit Lupin en se précipitant en avant.

Il y eut un craquement sonore et le Patronus se volatilisa en même temps que le Détraqueur. Harry se laissa tomber sur une chaise, les jambes tremblantes, comme s'il venait de courir plusieurs kilomètres. Du coin de l'œil, il vit le professeur Lupin obliger à rentrer dans sa caisse l'épouvantard qui avait repris la forme d'une lune pleine.

- Excellent ! s'exclama Lupin. Bravo, Harry ! C'était un très bon début, et surtout y arriver au second essai.

- On peut faire un nouvel essai ? Juste un ?

- Non, pas maintenant, répondit fermement Lupin. Ça suffit pour ce soir. Tenez...

Il donna à Harry une grande barre du meilleur chocolat de chez Honeydukes.

- Mangez tout, sinon, Madame Pomfresh sera furieuse contre moi. On recommence à la même heure la semaine prochaine ?

- D'accord, dit l'élève, encouragé par cette réussite.

Il croqua un morceau de chocolat pendant que Lupin nettoyait le sang, refermait la blessure d'un geste de la baguette et éteignait les lampes qui s'étaient rallumées lorsque le Détraqueur avait disparu.

- Dîtes, professeur, votre Patronus ressemble à quoi ? demanda le garçon.

- Lorsque je le peux, j'évite de le montrer sous sa vraie forme, ça me rappelle mon… infirmité, dit Lupin avec un sourire crispé. Il s'agit d'un loup.

- C'est dommage, c'est beau un loup. Ça protège sa meute, c'est libre, c'est fier, c'est élégant.

- Vous êtes un beau-parleur, Harry, vous allez faire des ravages auprès des filles ! ricana Lupin. Mais merci pour ce sentiment.

Harry regarda sa barre chocolatée avec un pauvre sourire.

- M'man dit souvent que son fiancé n'a pas besoin de m'avoir élevé pour que je sois aussi beau-parleur que lui, souffla le jeune homme en se coupant un autre morceau.

- Elle a quelqu'un, mais elle vous a élevé seul ? s'étonna Lupin en venant s'asseoir à côté de lui.

- La version courte est qu'il y a eu un accident qui lui a fait perdre de vue sa famille et son fiancé, juste avant qu'elle me rencontre. La version longue, je la connais pas encore, mais vu qu'elle pensait que mon oncle était mort, alors qu'elle l'a retrouvé il y a deux ans…

L'adolescent croqua son morceau de chocolat et l'avala.

- Elle l'aime trop pour le remplacer, alors, je me suis mis moi aussi à espérer qu'elle le retrouverait. Mais les années passent, je grandis sans père et je la vois essayer de faire front alors qu'elle meurt un peu plus chaque jour sans lui. Tonton dit que son mec doit être dans le même état. Ils les comparent aux inséparables. Les oiseaux, vous voyez ?

- Oui, je vois parfaitement. Elle parle de lui ? Je ne suis pas un expert en amour, mais ça pourrait peut-être l'aider.

- Rarement, des mentions, parfois, mais si elle s'attarde plus, elle fond en larmes. Pas Noël dernier, mais l'autre, le simple fait d'en venir à dire que son fiancé était une sorte d'Animagus phénix l'a fait s'enfermer dans sa chambre pour pleurer pendant dix minutes. Tonton parle plus, donc, si je veux des réponses, je vois avec lui quand elle est pas là.

- Vous êtes un garçon très fort, Harry, pour soutenir ainsi votre mère.

- Vous devriez sortir plus souvent, professeur, parce que les familles monoparentales, il y en a de plus en plus.

Il se leva, croqua le dernier morceau de chocolat, souhaita bonne nuit au professeur et se dirigea vers la tour de Gryffondor. Haruta l'attendait dans le couloir. Elle lui adressa un pauvre sourire en venant marcher à côté de lui le long des tableaux.

- Elle n'était pas là. Je verrais la prochaine fois.

- Faut essayer plus tôt le matin.

- Le jour où Hiken se lèvera avant dix heures, il neigera en enfer.

- Avoir un gosse à sa charge oblige à changer ses habitudes. Si je vais en enfer, j'emporterais des skis, oba-san.

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Pour compenser la surcharge de travail, Harry et Hermione avaient eu l'idée d'allonger leurs week-ends grâce à la Salle sur Demande et la complicité de Izou et Haruta qui s'arrangeaient toujours pour leur permettre d'entrer et sortir en dépit des protestations du Chevalier du Catogan. Ces week-ends prolongés artificiellement leur permettaient de souffler et de se reposer les nerfs sans perdre de vue leur travail scolaire, et surtout, de ne pas perdre la tête.

Cependant, tout ne pouvait aller comme sur des roulettes.

Pour Harry, il s'agissait du cours de défense contre les Détraqueurs qui ne se déroulait pas aussi bien qu'il l'aurait souhaité. Après plusieurs séances, il réussit à produire une forme argentée aux contours incertains chaque fois que l'épouvantard-Détraqueur s'approchait de lui, mais son Patronus était trop faible pour faire fuir le Détraqueur. La forme argentée se contentait de flotter en l'air comme un nuage à demi transparent qui vidait l'adolescent de toute son énergie en parvenant tout juste à maintenir le Détraqueur à distance.

- Vous êtes trop exigeant avec vous-même, lui dit gravement le professeur Lupin, alors qu'ils en étaient à leur quatrième séance. Pour un sorcier de treize ans, créer un Patronus, même informe, constitue un beau résultat. Vous ne vous évanouissez plus, n'est-ce pas ?

- Je pensais qu'un Patronus... attaquait les Détraqueurs... répondit le D., découragé. Qu'il les faisait disparaître...

- C'est ce que ferait un vrai Patronus, approuva Lupin. Mais vous avez quand même obtenu une belle réussite en très peu de temps. Si les Détraqueurs se montrent à nouveau sur votre route, vous saurez les maintenir à distance suffisamment longtemps pour pouvoir chercher du secours, ou appeler des Aurors.

- Vous m'avez dit que ce serait plus difficile s'il y en avait beaucoup, fit remarquer le jeune.

- Je vous fais entièrement confiance, répondit le loup-garou avec un sourire. Tenez... Vous avez bien mérité de boire quelque chose. Quelque chose que je vous ai rapporté des Trois Balais et que vous n'avez jamais goûté...

Il sortit deux bouteilles de son cartable alors qu'ils s'asseyaient sur une table de la salle d'Histoire.

- De la Bièraubeurre.

- Merci.

Harry prit garde de ne pas préciser qu'il connaissait déjà. Il prit une gorgée et hocha la tête.

- Vous croyez que si je recommande cette boisson pour le bar de ma mère, et que les clients sont moldus, elle va se faire taper sur les doigts ?

- Pour l'artisanat qui peut passer pour moldu, il n'y a aucun risque, mais ne poussez pas.

- Vous connaissez le B52 ?

- Du tout.

- C'est un shot d'alcool qui porte le nom d'un bombardier, c'est une arme aérienne, pour faire simple. Outre que c'est bien alcoolisé, la spécificité de la boisson vient qu'on la sert en enflammant le sommet de l'alcool. C'est une boisson moldue qui pourrait passer pour sorcière. Ils ont plein de produit comme ça, alors, honnêtement, je pense que la Bièraubeurre, ça risque rien.

- Eh bien, si ce que vous dîtes est vrai, je recommande alors le whisky pur feu, pour ceux qui aime les boissons plus fortes.

- M'man est le feu à l'état pur. Elle peut avaler une bouteille d'absinthe pur comme si c'était de l'eau, alors, vous me faîtes bien rire avec votre whisky, sans vouloir vous vexer.

- Que diraient les sorciers s'ils savaient que leur Survivant s'y connaissait autant en alcool ?! fit semblant de s'indigner Lupin.

- Que je suis un garçon sérieux et serviable qui aide sa maman sur son lieu de travail, répondit le D. avant de boire une gorgée de sa boisson. C'est bizarre, mais je me sens presque aussi proche de vous que de mon oncle. Mon oncle, c'est différent, maman m'a tellement parlé de lui que j'avais l'impression de le connaître par cœur avant même de le rencontrer, mais j'ai un énorme sentiment de familiarité avec vous.

Remus eut un soupir et avoua :

- James était un frère pour moi, je ne sais pas si votre mère vous l'a dit. On a fait notre scolarité ensemble, il m'a littéralement soutenu, en dépit de mon problème de fourrure, quand j'allais mal. J'étais là à son mariage et j'étais là à votre naissance, Harry. Je vous ai vu plus d'une fois quand vous étiez petit, avant cette infernale nuit d'Halloween.

- Tout s'explique, comprit le jeune. J'ai parfois des flashs, des souvenirs avant cet Halloween, mais c'est si confus…

- C'est normal, vous étiez petit.

- Vous êtes bizarre.

- En quoi ? s'étonna le loup-garou devant la remarque étrange de l'adolescent.

- Même le professeur McGonagall ne peut pas s'empêcher de me parler de mes parents, pendant les cours particuliers qu'elle me donne pour être Animagus. Le garde-chasse est sympa, mais quand je le croise, il arrête pas, et je ne parle même pas de Dumbledore. Et vous, qui avez été certainement plus proche de mes parents que tous les autres… vous ne dîtes rien.

- Vous voudriez peut-être ?

Harry fit tourner sa Bièraubeurre dans sa bouteille.

- Je sais pas trop. Je sais pas si ce que je ressens à ce sujet, c'est une curiosité insatiable, un manque ou juste parce que j'ai peut-être pas fini le deuil de quelque chose dont je me souviens pas. En tout cas, je sais d'où vient votre curiosité envers ma vie avec ma mère.

- Je plaide coupable, sourit le loup. Mais même si la vie ne vous a pas fait de cadeau, je sais que votre mère vous aime et qu'elle fait son maximum pour que vous soyez heureux, Harry. Et en ça, je suis certain que James et Lily lui en sont reconnaissants et moi aussi, je lui en suis reconnaissant, parce que je n'aurais pas supporté de voir le petit garçon que j'ai connu, subissant une triste vie. Concernant les autres, comme vous avez dû le comprendre, vous ressemblez à votre père, et j'ai bien peur qu'ils cherchent en vous quelque chose de lui qui pourrait dire qu'il n'est pas totalement parti. Je pense que ce n'est pas vous qui n'avez pas fait votre deuil, mais plutôt eux. Ce que vous ressentez est normal. On ne peut pas s'empêcher de vivre avec des « si ». Si vous aviez vécu avec les Potter, qu'est-ce que ça aurait été… là est toute la question.

Ils burent un instant en silence, avant que Harry ne laisse parler sa curiosité :

- Je passe du coq à l'âne, mais, qu'est-ce qu'il y a sous la cagoule d'un Détraqueur ?

Le professeur posa sa bouteille, l'air songeur.

- Les seules personnes qui l'aient jamais su ne sont plus là pour le dire. Lorsque les Détraqueurs soulèvent leur cagoule, c'est pour faire usage de leur arme ultime.

- Et qu'est-ce que c'est ?

- Ça s'appelle le Baiser du Détraqueur, dit Lupin en esquissant un sourire devant le reniflement hilare de l'adolescent. Ils le font subir à ceux qu'ils veulent détruire définitivement. Ils doivent avoir une espèce de bouche là-dessous, car il paraît que leurs mâchoires se referment sur les lèvres et ils aspirent leur âme.

- Le Ministère fait quoi des légumes qui restent derrière ? s'enquit le D. en frissonnant.

- Allez savoir. En tout cas, le ministre a annoncé dans la Gazette de ce matin que c'était ce qui attendait Sirius Black si on l'attrapait.

- Comme ça, direct, sans préambule ?

- Oui, pourquoi, ça vous choque ?

- J'espérais un procès. Tout le monde dit qu'il en a après moi, parce qu'il est un des plus fervent adepte de Face de Serpent, mais je comprends pas pourquoi. C'est certainement stupide, mais j'ai cette interrogation dans le crâne depuis un moment. Pourquoi les Potter ? Pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'ai de différent pour qu'on veuille me tuer alors que j'avais même pas deux ans !

Harry porta une main à son sourcil.

- Même ce foutu Gordon avait une raison, même si c'était stupide. Vous savez, vous, pourquoi il a fallu que mes parents se cachent ?

- Je sais juste que Dumbledore a eu des informations de la part d'un espion, sans plus, soupira Lupin. Si y'en a un qui a des réponses, c'est le directeur.

- Un vieux fou manipulateur qui veut m'envoyer chez une femme qui préférait me voir entre quatre planches.

- Même si je n'approuve pas l'idée de vous séparer de votre mère, je présume qu'il doit avoir ses raisons. Il devrait les expliciter au lieu de faire des mystères, mais Dumbledore a la mauvaise habitude de ne dire que ce qu'il juge nécessaire.

On toqua à la porte et l'homme alla ouvrir. Thatch s'appuya au chambranle de la porte avec un sourire en coin.

- Je vais vraiment croire que tu me désertes pour un autre loup, kabu. Vous avez vu l'heure ? Haruta est venue me chercher en panique parce que tu manquais à l'appel.

- Ah oui, en effet. On parle, on parle, mais c'est quasiment le couvre-feu, nota le professeur de Défense en regardant sa montre. Même heure, même jour, la semaine prochaine, Harry ?

- Je serais là. Merci pour la boisson.

Il sauta de sa chaise et rejoignit son oncle, avant de s'arrêter, prit d'une illumination.

- /J'ai deux oncles comme professeur. Pourquoi je me prends la tête à bosser quand ils peuvent me refiler des bonnes notes comme ça !?/

- Si tu veux marcher comme ça, va falloir que tu réussisses à m'acheter, Portgas D. Harry, pointa avec amusement Thatch en se penchant sur son neveu. Maintenant, va te coucher.

- Bonne nuit professeur Lupin, bonne nuit professeur Newgate !

Et Harry fila sous le bras de son oncle pour rejoindre son dortoir.

- C'est un garçon fin. Un sacré filou. Je doute qu'il vous déserte, Alpha, vous êtes son oncle après tout, pointa Lupin en prenant sa cape sur un bras avec son sac et les deux bouteilles dans l'autre. Ne le niez pas, ça se voit pour qui sait regarder.

- On a toujours peur, surtout quand Harry correspond à un miracle qu'on aurait jamais cru possible. Bonne soirée, Remus.

Et Thatch s'éloigna.

Harry, lui, rejoignait la tour pour voir Izou faire la morale au chevalier.

- Quelque chose d'intéressant ? s'enquit l'adolescent.

- Il a fait chialer une pauvre première année en panique qui s'était faite une liste de tous les mots de passe qu'il avait inventés, et qui l'a malheureusement perdue. On s'obstine à lui dire de prendre un mot de passe et d'y rester, expliqua le pirate.

L'androgyne donna un coup dans la visière du chevalier, avant de se tourner vers son neveu, ignorant l'homme en armure qui devait voir des étoiles avec sa façon de tituber.

- Tu as déjà vu un chat apporter du courrier, chibi Portgas ?

- Je suis pas un chibi, et jamais. Pourquoi, vous avez vu ça, vous ?

- Aujourd'hui même ! Quand on a eu une vie aussi bien remplie que moi, on garde une arme jusque sous son coussin, alors, un chat roux qui fait le postier… Oh et dit au rouquin d'arrêter de hurler comme ça, j'ai vu son rat passer comme s'il avait une Big Mum affamée au cul.

- Je vous prends au mot ! Bonne nuit.

Harry donna le dernier mot de passe connu et le tableau s'ouvrit, laissant le pirate recommencer à faire la morale au chevalier. En effet, dedans, Ronald hurlait en montrant un drap à Hermione qui défendait encore une fois Pattenrond. Le D. soupira et poussa un sifflement perçant pour le faire taire.

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Haruta arriva à cet instant dans le tableau et pointa dans la direction de la salle commune.

- /C'est le chibi qui vient de siffler comme ça ?/

- /Hmhm,/ confirma Izou.

- /Ace en a fait un chibi Marco !/ paniqua la pirate en se plaquant les mains sur les joues dans un semblant d'effroi.

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- Izou te demande de baisser d'un ton, ton rat est vivant, arrête de hurler comme si tu voulais réveiller un cimetière, annonça Harry quand le roux eut fini de hurler comme une pucelle au bûcher.

- Tu la défends parce que c'est ta petite copine ! rouspéta Ron. Mais j'ai retrouvé des poils de son chat à côté de mon lit et du sang sur mon drap !

- Je défends Hermione parce que tu es le seul ici à avoir un rat et que Izou a dit l'avoir vu fuir de la tour. Quand ? Tu lui demanderas demain matin, parce qu'il se fait tard, qu'on est tous crevés et que tu nous casses les oreilles.

- Tu expliques les poils et le sang comment ?

- Pattenrond traîne souvent dans mes jambes et mon lit n'est pas loin du tiens, ils ont dû tomber à un moment ou un autre, supposa Neville qui était derrière Hermione.

Il retira sa robe et l'observa avant de trouver une petite touffe de poils orange du bas du vêtement qu'il montra à Ron.

- Pour le sang, il s'est peut-être blessé, on en sait rien. Donc, demain, tu verras ce qu'il en est avec Izou et basta. Maintenant, bonne nuit.

Harry prit un bras de Neville et se tourna vers Hermione pour leur faire part l'avertissement sous-entendu par Izou durant la conversation de tout à l'heure.

- Restons sur nos gardes jusqu'à nouvel ordre, avec baguette à portée de main. Je pense que l'on va pas tarder à recevoir la visite de Black, leur chuchota le D.

- Tu vas être prudent ? demanda Hermione.

- J'ai deux oncles et une tante pour veiller sur moi. Franchement, je doute qu'il m'arrive quoique ce soit.

Cependant, en allant se coucher, Harry attendit que tout le monde soit au lit pour fouiller dans sa valise et récupérer dans le double fond un couteau cranté.

Il retira la lame de l'étui et regarda son œil se refléter à l'intérieur.

Il savait s'en servir, mais est-ce qu'il aurait ce qu'il fallait pour le faire ? C'était une chose que de commandité l'horreur en payant quelqu'un d'autre, mais prendre soi-même une vie…

Harry souffla profondément et remit la lame dans son fourreau. Il alla rejoindre son lit et glissa l'objet sous son coussin. Il espérait ne pas devoir s'en servir.

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Son oncle ayant autant d'intérêt pour le Quidditch que lui, Thatch accepta d'entraîner son neveu au Haki pendant que Gryffondor jouait contre Serdaigle. Luna vint se joindre à eux, se plaignant qu'elle ne voyait presque plus Harry et que de toute façon, Chang était une pimbêche qui l'insupportait, et qu'elle voulait faire un article dans le Chicaneur sur les techniques secrètes de combats moldus qui explicites en quoi ils étaient plus fort que les sorciers.

- Neville ne se joint pas à toi ? s'étonna Thatch à l'adresse de Luna alors que son neveu se bandait les yeux.

- Non. Il reçoit de l'aide pour son devoir d'Astronomie de la part de Hermione.

Harry se laissa tomber en tailleur au centre du dojo et attendit que son oncle commence.

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Quand il revint à la tour de Gryffondor, perclus de douleur et avec une belle collection de bosses, Harry voulait qu'une chose, se plonger sous la couette et essayer de se rappeler quand était la dernière fois qu'il n'avait pas eu aussi mal.

- Tu t'es battu contre le Saule Cogneur ? demanda Neville quand lui et Hermione le rejoignirent devant la tour.

- Nan. Ji-chan m'a torturé avec la bénédiction de ma propre mère, grommela le brun.

- Qu'est-ce que tu fais pendant tes cours de self-défense, Harry ? s'enquit Hermione avec inquiétude.

- J'apprends à me défendre. Tonton a laissé entendre quelque chose comme faire de moi le nouveau Katakuri.

Cela fit rire Haruta qui était littéralement assise sur le Chevalier du Catogan allongé par terre après s'être bien fait rétamer le cul.

- Qu'est-ce qu'il a encore fait ? s'enquit Neville en montrant le chevalier vaincu.

La pirate se pencha de derrière son journal pour jeter un vague regard à son siège improvisé.

- Il a cru qu'il pouvait rivaliser avec moi et Izou à l'épée… et voilà le résultat. En attendant, je te souhaite de t'amuser énormément avec ton entraînement au Haki.

Et elle replongea dans son journal.

- Harry se prend des coups et c'est tout ce que ça vous fait ? s'étonna Neville, devançant Hermione dans le rôle de mère poule.

La pirate baissa son journal d'un air blasé.

- Il vaut mieux qu'il apprenne une technique qui peut lui sauver la vie, dans un environnement contrôlé, avec comme instructeur quelqu'un qui veut sa survie, plutôt qu'à la dure, sans personne pour lui sauver les miches. Nous autres, on l'a appris en esquivant des balles de pistolets, des coups d'épées et des boulets de canons. Et malheureusement, on s'appelle pas tous Marco pour pouvoir s'en tirer indemne et même lui, il a pas mal morflé, en dépit de sa régénération quasi instantanée. Quand on peut, il faut choisir le moindre mal.

- Vous croyez vraiment que ma mère serait d'accord si ça devait pas être utile à ma survie ? s'enquit le D. auprès de ses amis.

- La méthode est bizarre et assez brutale, excuses-nous de nous en faire ! Et c'est pas ce fameux Haki qui protège ton oncle des Détraqueurs, rouspéta la demoiselle.

- IZOUUUU ! appela Haruta en se penchant vers l'arrière.

Quelques instants plus tard, Izou apparut dans la toile en empochant dans les manches de son kimono quelques pièces en or.

- Tu vas finir par dépouiller tout le château, tu sais ? pointa sa sœur avec amusement.

- Estime-toi heureuse que je réserve le strip poker aux soirées entre commandants, se contenta de répondre l'androgyne avant de remarquer Harry. Tu fais quoi encore dehors, chibi ? Avec ce que t'as fait subir Thatch, tu devrais être dans un bon bain ou au fond de ton lit !

- La petite miss futée a besoin d'une explication sur le principe du Haki pour qu'elle ne se fasse pas des cheveux blancs pour rien, expliqua Haruta. Et vas pas me dire que Harry pourra se reposer avec le boucan que fait le reste des gosses. Ils sont moins nombreux que nous, mais ils sont dix fois plus bruyants.

Izou soupira et sorti son kiseru en se laissant aller contre le cadre du tableau, sa position favorite, apparemment.

- Le Haki, c'est un travail de l'esprit.

Hermione et Neville clignèrent des yeux.

Le pirate alluma sa pipe et tira une longue bouffée de tabac.

- Et ? craqua la jeune sorcière.

L'androgyne expira la fumée et commença l'explication :

- Les trois formes sont un travail de la volonté et de l'instinct. Tu veux couper l'océan, tu peux couper l'océan. Tu veux percevoir la moindre forme de vie autour de toi, tu le peux. Tu veux t'imposer sur les esprits faibles, tu le peux. Même si sur les trois formes, seules deux peuvent être apprises, c'est quelque chose qui reste à la portée de tout le monde, magie ou non. Parce que tout est une question de volonté.

La peinture porta deux doigts à ses tempes sans cesser de fumer.

- A force d'un entraînement brutal et très spécialisé, tu arrives à user de ta volonté pour repousser les limites des sens et du corps. Tu peux percevoir certaines choses qui échappent au commun des mortels, entendre le flux de la vie lui-même…

- Yassop est capable de tirer une balle en pleine tête de sa cible, même s'il y a dix kilomètres en eux et avec un banal fusil, renchérit Haruta.

- Et Katakuri peut voir je pense l'équivalent d'une à deux minutes dans le futur, au point de faire presque seul un jeu de questions-réponses et de dire avant toi ce que tu voulais dire et que tu diras forcément, même après qu'il l'est annoncé, compléta Izou.

Hermione avait l'air sceptique.

- On est plus d'un à lui avoir dit que le fait de voir un peu dans le futur n'enlève rien au fait que chaque homme a le pouvoir de le changer, rassura Haruta. Le tout est une question de choix.

- Le Haki est une question d'entraînement. Ou alors, on a la malchance de naître avec le Haki déjà éveillé et si tu ne trouves pas le moyen de le maîtriser, t'as de bonnes chances de devenir fou. Les empathiques, à côté, c'est du pipi de chat.

- Haiiro est un bon exemple, avec Otohime, pointa Haruta.

- Qui sont ces gens ? demanda Harry.

- Otohime était la femme du roi Neptune. Une sirène admirable, une grande perte, que ce soit pour l'île Gyojin, que pour le monde dans son ensemble, expliqua Izou. Elle a été la première à vouloir laisser derrière des siècles de maltraitances et de ségrégation raciale pour tendre la main aux humains.

- Comme Martin Luther King ? se fit confirmer Hermione.

- Je peux pas te le confirmer mais je me renseignerai auprès de l'Allumette.

Alias Ace.

- Et cette Haiiro ? demanda Neville en butant légèrement sur le nom.

- C'est son surnom, parce qu'on ne connait pas son vrai nom, pourtant c'est une des nôtres, mais chacun ses squelettes. On la connait couramment sous le nom de Kali. Elle est, je crois bien, la première amie femme que s'est faite l'Allumette, répondit Haruta.

- Ces deux femmes percevaient avec une clarté effrayante dans l'esprit des gens, sans avoir le moindre contrôle dessus. Elles sentent leurs moindres émotions, souffrances et pensées. Sans arrêt. Quand tu vas pas bien et que tu fais bonne figure, elles le savent et parfois, elles le ressentent encore plus fort que toi. Là où Otohime essayait de faire le bien, d'aider les autres, Kali est une femme tellement meurtrie et désabusée qu'elle tirait de la satisfaction à enfoncer le couteau dans la plaie pour se détourner de ses propres maux. Pour tout dire, si l'Allumette ne nous avait pas éclairés sur ce point, on l'aurait juste prise pour une sadique de première, alors qu'au fond, c'est quelqu'un de bien.

- Faut juste creuser profond pour apercevoir son bon fond.

Haruta se prit une taloche qu'elle ignora par habitude.

- Ce doit être horrible à vivre, frissonna Neville.

Les deux pirates hochèrent la tête.

- C'est pour ça que ceux qui passent par l'apprentissage s'en sortent mieux. Au lieu de finir comme ces exemples, c'est un simple affutage des sens qui est fait et qui peut être contrôlé. Mais pour ça, faut du boulot, faut apprendre à l'esprit et aux sens à aller au-delà de ce qu'ils font réellement. Et c'est pas le nez dans un livre que ça se fait, mais en prenant des coups. Quand tu as le Haki, ok, tu peux te permettre de garder le nez un petit moment dans un livre, si tu veux te la jouer comme la tête d'Ananas ! conclu Haruta.

- M'en parle pas, ce gars utilise son temps d'entraînement avec ses hommes comme une heure de lecture et il remue bien le couteau dans la plaie en faisant des remarques, en esquivant les coups et autres sans jamais lever le nez de son putain de livre ! Combien de fois j'ai voulu le lui faire bouffer son bouquin !

Izou eut une grimace alors qu'il essayait d'étrangler quelque chose d'invisible devant lui et Haruta lui tapota le dos avec compassion.

- On peut revenir au sujet ? réclama Hermione.

- On a fait le tour du sensitif ? se fit confirmer Haruta en levant les yeux vers son frère.

- Je pense.

- Il reste donc deux formes, pointa Neville.

- Te prend pas la tête avec le Haoshoku. Il faut maîtriser très bien les deux autres formes, sans compter que même comme ça, je crois que c'est une personne sur un million qui vient au monde avec ce Haki, lui dit Izou.

- Peut-être plus, Iz', mais vu que ce sont que des combattants qui ont déjà une bonne expérience, qui développent les deux autres formes, il doit y en avoir quelques-uns qui ont le Haoshoku, sans pour autant en montrer des signes, outre parfois accidentellement.

- Ton point se tient.

- Et c'est quoi ? insista Hermione en essayant de ne pas laisser parler sa frustration.

- La Volonté du Roi.

- Hein ? dit très intelligemment Neville.

- Le folklore autour de ce Haki veut que ceux qui le possèdent sont de potentiels rois. Dans les faits, ceux qui l'ont sont des meneurs d'hommes de naissance. Charisme, force, volonté… pas de vulgaires pantins qui font de la politique. Le genre de personne que tu ne peux briser que difficilement et qui, même les deux pieds dans la tombe, auront apposé une marque dans l'Histoire, raconta Haruta.

- Techniquement parlant, si je me souviens bien de comment Oyaji l'a décrit, c'est comme une puissance intérieure, tout au fond de toi, expliqua Izou en mettant son poing sur son estomac, avant de le faire remonter vers sa tête. Une puissance que tu fais remonter, pour ensuite libérer comme une bombe. Plus l'utilisateur sera entraîné, plus son Haki fera de dégât. Les esprits faibles tomberont sur son passage, soit sans connaissance, soit simplement à genoux parce qu'ils ont tout simplement la trouille. Les autres le sentiront passer mais resteront plus ou moins indifférent.

- En fait, ça vous prend quasiment à la gorge pour vous faire comprendre qui est le patron, résuma Haruta. Mais si son utilisateur pousse, il peut jusqu'à affecter l'environnement autour de lui, le déformer, le briser. Deux utilisateurs du Haki qui s'affrontent peuvent déchirer le ciel en deux.

- C'est tout bonnement monstrueux ! souffla Hermione. C'est… inhumain comme force !

- Nous sommes des monstres, dirent en cœur les deux pirates comme s'ils parlaient de la météo.

- Comment peut-on vivre avec une telle puissance et je sais pas… éclater ? demanda Neville.

- Quand tu as le Haoshoku et que tu peux l'utiliser, tu as déjà un bon entraînement derrière qui te rend résistant à ce qui tuerait un être humain lambda. La chibi - HEY ! s'indigna Haruta - n'en a pas l'air comme ça, mais si elle le veut, elle peut donner un coup de boule dans un boulet de canon en plein vol et s'en sortir avec juste une micro bosse, quand le projectile explosera en miette. Et c'est aussi de la volonté de chacun de vouloir ou pas en faire usage. Shanks, ce satané pochard, a quasiment tout le temps le Haoshoku actif.

- Tu me diras, ça lui permet de faire un tri dans le recrutement, marmonna sa sœur avec une moue boudeuse. Si seulement il voulait bien le ranger quand il est en visite, les charpentiers en ont marre de réparer le plancher à chaque fois et Cassandra râle après nous parce qu'on a pas fait évacuer tout le monde assez vite et qu'elle se retrouve à devoir remettre sur pied la moitié de la famille.

- Et à côté, t'as des gens, si on te le dit pas, tu soupçonnerais pas qu'ils ont ce Haki.

- Ils doivent avoir quelque chose qui les trahit, non ? supposa Hermione avec une mine pensive.

- Outre que tu leur obéis et que tu les écoutes plus facilement ? Que dalle. Tu as tendance à attribuer ça au charisme et tu vas pas plus loin. On parlait de l'Ananas tout à l'heure, eh bien, Marco a beau être un maître en Haki sensitif et physique, tu le verras jamais user volontairement du Haoshoku, pourtant, il l'a.

- Son histoire personnelle y joue, je te rappelle, Haruta, rabroua Izou avant de se tourner vers les jeunes attentifs. Notre frère Marco a fait plus d'une fois usage du Haoshoku par accident, quand il était gamin, avant que notre père ne le trouve. Disons qu'à l'époque, il était dans quelque chose qui ferait de l'enfer un parc d'attraction. Eh bien, ça a joué sur le fait qu'il niera de toutes ses forces avoir ce Haki et s'il en fait usage par accident, il aura littéralement la frousse ou niera que c'est lui la source si on lui pose la question. Il a été conditionné pour avoir dans le crâne l'idée que lui, qui use de ce don, c'est mauvais pour sa peau.

- Autre personne, qui vous sera plus familière, qui a le Haoshoku mais qui le montre rarement, c'est Ace, embraya Haruta.

- La mère de Harry ?! s'étranglèrent les amis du jeune Portgas.

- Et je crois que l'hérédité a facilité les choses pour qu'elle le développe, parce que son père, Gol D. Roger, paix à son âme, l'avait aussi. Ace a énormément de charme et de charisme, et on est beaucoup à l'avoir attribué à ce petit côté d'éternelle enfant au sourire immense. Mais dans les faits, elle a ce Haki.

Hermione et Neville regardèrent leur ami qui hocha la tête.

- M'man dit qu'elle a une voix à son oreille qui lui demande ce qu'elle veut, de temps à autre. Et que c'est une façon de contrôler son don. Mais la plupart du temps, elle s'en sert pour impressionner et menacer, en le gardant juste sous la surface. Pas assez pour impressionner Dumbledore, mais suffisamment pour que Fudge prenne ses jambes à son cou, expliqua le D.

- Ta mère à l'air foldingue, avec un étrange sens moral, mais elle a pas l'air d'être…

Hermione agita ses mains comme si elle cherchait ses mots.

- Tu es gentille avec foldingue. Marteau est plus proche, ricana Izou.

- On est plusieurs à avoir dit qu'on avais dû la bercer trop près du mur, avoua Haruta. Puis, son grand-père d'adoption est venu voir Oyaji pour la ramener au bercail, afin d'en faire un membre éminent de l'armée, un exemple pour tous, et je passe toute la propagande pro-Marine du vieux fou. On est bien familier avec lui. Et sa marque de folie-pure. Genkotsu qu'on le surnomme. Garp le Poing de la Justice. Pour lui, une montagne, c'est un sac de frappe, et c'est normal d'en détruire six en s'entraînant dessus. Alors, comment tu crois qu'il a fait pour élever des enfants ? Honnêtement, l'absence de sens commun d'Ace s'explique presque complètement par le semblant d'éducation de ce fou furieux.

- Avec l'hérédité, Roger n'était pas des plus rationnel non plus.

- Oui, bon, c'est vrai, mais Roger est mort avant de la connaître, outre lui donner son sang, il a pas fait grand-chose pour elle. Mais oui, l'hérédité peut jouer.

- Merci Haruta.

- Harry, ta famille est folle, lui dit d'emblée Neville.

- Et je l'aime pour ça ! sourit joyeusement le Portgas.

- Et nous, on regrette de pas être là en personne pour te montrer toooute notre affection, koneko-chan ! lui dit Haruta.

- Ce surnom, j'étais ok avec quand j'étais gosse, et je laisse encore ma mère l'utiliser, mais franchement, il commence à devenir embarrassant, maugréa Harry.

- Toujours mieux qu'Ananas Volant ou Banane Ambulante, pointa Haruta avec pragmatisme.

- Et je pense qu'on finira notre leçon un autre jour, nota Izou en montrant quelque chose derrière les trois jeunes avec sa pipe japonaise.

Le trio se retourna pour voir Dumbledore venir vers eux avec son sourire de grand-père affectueux. Les mains dans le dos, il s'approcha pour s'arrêter juste à côté d'eux.

- Vous n'êtes pas en train de faire la fête avec vos camarades pour cette victoire qui augmente les chances de votre équipe d'avoir la coupe de Quidditch ? Ou alors, vous avez oublié le mot de passe, peut-être ?

- On félicitera l'équipe plus tard, mais on est pas fan de Quidditch, justifia Harry en haussant les épaules.

- C'est bien dommage, mon garçon, votre père…

- Est une plaque de marbre dans le cimetière de Godric's Hollow, monsieur le Directeur. Il est mort pour me sauver la vie, je ne suis pas sa réincarnation, et encore moins sa copie. Et je pense que vous devriez consulter, parce que vu le nombre de fois que je vous ai dit que vous n'aviez pas le droit de m'appeler « mon garçon », y'a de quoi s'inquiéter. Je suis un élève de l'école, c'est tout et mon nom est Portgas.

Les deux pirates applaudirent leur neveu avec un sourire.

- Nous étions en train de parler des talents au poker de monsieur Izou, répondit Neville en regardant le pirate en question.

- Viens me voir quand tu as du temps, je te donnerai deux trois trucs si tu es si partant que ça, sourit l'androgyne avec un clin d'œil complice.

- Lui apprendre à tricher, oui, grommela Haruta en retournant derrière son journal.

Elle s'arrangea sur le chevalier qui poussa un faible gémissement en réponse.

- C'est Garp qui traite Roger de dégénéré, ce que tu racontes. Et je pense que c'est même de la jalousie parce que tu veux pas admettre que je suis plus fort que toi à ce jeu.

- Répète-le un peu pour voir !

Haruta se leva d'un bond en tirant une épée littéralement du néant. Izou en fit de même et leur combat d'escrime les embarqua rapidement hors du tableau. Les trois jeunes se regardèrent et pendant que la demoiselle secouait la tête avec lassitude, Neville et Harry échangeaient un rire.

Le chevalier Catogan se redressa péniblement dans sa toile et souleva sa visière.

- Morbleu, lui annonça Hermione.

- Comme il vous sied, jeune dame, lui répondit le chevalier en faisant basculer le tableau sur la fête bruyante des Gryffondor.

- Bonne soirée monsieur le Directeur, salua-t-elle.

Et elle embarqua les garçons avec elle, laissant le portrait se refermer sur un Dumbledore qui perdit immédiatement son air affable pour une expression plus sombre.

Le trio félicita l'équipe, avant de se séparer pour rejoindre leur dortoir.

Neville et Harry se mirent rapidement en pyjama et s'apprêtèrent à se coucher quand Neville interpella Harry :

- Ce Haki… il te fait quoi, à toi, quand ta mère en fait usage ?

Le D. termina d'enfiler son vieux tee-shirt avant de faire émerger sa tête ébouriffée et répondre :

- Quasiment rien. Je sens juste un frisson, comme un courant d'air chaud d'un orage d'été, et j'ai parfois les cheveux qui se dresse sur la nuque. Mais je pense que c'est comme pour ses flammes.

Harry s'assit sur son lit et prit le dessin qu'avait fait sa mère pour le regarder avec un sourire, avant de reposer le cadre sur sa table de chevet.

- M'man m'aime trop pour me faire le moindre mal, alors, même ses pouvoirs se plient à sa volonté de me préserver.

Il caressa la cicatrice sur son sourcil alors que Neville s'asseyait au bord de son propre lit.

- Le jour où j'ai reçu cette marque, il y avait huit hommes adultes sur moi qui essayaient de me tuer sous leurs coups, alors que j'avais que sept ans. Maman m'a retrouvé et elle était tellement en colère qu'elle a éclaté comme une bulle de savon. Du lot, il n'y en a qu'un seul qui a réussi à survivre, et c'est parce qu'il était parvenu à s'éloigner assez vite et loin, et encore, quand tu le vois, il porte des marques profondes que je doute même que la magie pourrait guérir. A côté, j'étais tout au centre des flammes. J'ai vu ceux qui m'ont fait du mal se tordre de douleur et mourir dans l'incendie. Je pouvais passer ma main au travers du feu… et ne rien sentir. Quand elle m'a pris dans ses bras pour nous sortir de là, elle avait juste recondensé ses flammes, mais elle n'était pas encore redevenue humaine. Je… j'étais en sécurité. Son feu avait beau me lécher la peau, ça me faisait rien du tout. Je sais qu'elle est dangereuse, instable et tout et tout, mais je crois bien être la seule personne qui n'ait rien à craindre d'elle. Parce que, que le sang y soit ou pas, je reste son fils.

- Ce doit être agréable d'avoir une mère aimante, souffla Neville avec tristesse.

Harry se leva et vint s'asseoir à côté de son ami.

- Je pense que le fait que la tienne réagisse aux bonbons et qu'elle te donne le papier prouve qu'elle n'est pas totalement perdue. Elle est là, quelque part, certainement prisonnière dans son propre corps, mais elle a conscience de ce qui l'entoure et sait que tu es son fils. Je pense que c'est sa manière à elle de te dire qu'elle t'aime et qu'elle voudrait être avec toi.

Neville esquissa un sourire.

- Merci Harry. Merci d'être un si bon ami.

- C'est un plaisir. Allez, je suis moulu, je vais sous la couette. Bonne nuit.

Harry poussa gentiment Neville qui lui répondit en l'éjectant de son lit et ils allèrent tous deux se coucher, se concentrant pour ignorer les bruits de la fête en bas.

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Harry avait fait un étrange rêve.

Il avait rêvé qu'il arpentait une immense forêt de coraux, dans un silence total, presque comme s'il était sourd. Le genre de silence qu'il percevait durant les plongées sous-marines qu'il faisait avec sa mère. Il voyait une étrange lueur argentée devant lui, aussi brillante qu'un incendie. Il chercha à s'en approcher, mais la lumière s'éloignait au rythme de ses pas. Déterminé, le D. accéléra le pas, courant de toute la vitesse de ses jambes en louvoyant entre les immenses coraux, mais la source de lumière en fit autant, frappant le sol de galets avec un bruit mat et rapide. Bientôt, l'adolescent arriva dans une clairière moussue où se dressait une étrange pierre cubique bien plus grande qu'un homme. La lueur sauta sur le sommet du monument avec une grâce féline et s'y assis sur ses pattes arrière.

Il n'eut pas le temps de l'identifier que quelque chose l'incita à se réveiller.

Étendu dans le noir, légèrement désorienté, l'adolescent écouta la nuit, essayant de comprendre pourquoi il s'était réveillé. Le silence lui disait que ses camarades avaient enfin fini leur fiesta, mais ce n'était pas ça qui l'avait tiré de son sommeil.

Le parquet du dortoir craqua très légèrement , comme si on s'éloignait de son lit et en plissant les yeux, il remarqua qu'on avait touché à ses rideaux. En faisant le moins de bruit possible, il tira son couteau cranté de dessous son oreiller et souleva très légèrement son rideau pour voir la silhouette d'un adulte se rapprocher d'un autre lit en essayant de se faire discret. C'était le lit de Ronald. Harry fronça les sourcils quand un rayon de lune lui permit d'identifier le visage creusé par la prison et la cavale.

Sirius Black était entré dans le dortoir. Comment avait-il fait pour passer outre la garde de Izou et Haruta ?

Avec la souplesse d'un chat, usant de ce qu'il avait appris toutes ces années, Harry se glissa en silence de son lit, cachant la lame de son couteau avec son avant-bras pour que son éclat n'alerte pas sa proie. Black avait commencé de découper le rideau de Weasley quand le parquet finit par trahir l'avancée de l'adolescent. Il se retourna mais ne put rien faire contre le bond et le cri sauvage du D. qui tomba sur lui comme une pluie de briques. La lame crantée entailla le bras de Black qui se protégea de son mieux, son propre couteau abandonné quelque part.

- Shine kuso dree ! cracha le D. alors que son adversaire, prisonnier sous lui, luttait en vain contre la force de l'adolescent qui rapprochait bien trop dangereusement son couteau de la gorge de l'adulte.

- Je veux pas me battre contre toi ! lui dit le fugitif.

- Ah ouais ?! Va dire ça à la plaque de marbre des Potter, uragiri !

Devant la colère et la haine du D., l'ancien prisonnier était peur, surprise et tristesse.

Alors que les camarades de chambre se réveillaient sous le raffut, Black usa de l'énergie du désespoir pour renverser la donne. La tête de Harry heurta quelque chose de dur, alors que Weasley hurlait comme si on l'égorgeait. Pendant un instant, l'homme voulut lui prendre sa lame des mains, mais Harry le mordit de toutes ses forces, l'obligeant à s'éloigner.

- Ne laisse jamais un adversaire prendre ton arme de tes mains, il te remerciera en te la plantant dans la gorge, répéta Harry en se rappelant de la leçon que lui avait donnée sa mère à ce sujet.

Il fit jaillir son bras comme un serpent, faisant perler du sang sur la cuisse de Black qui recula de nouveau. Quelqu'un alluma la lumière et l'homme prit immédiatement la fuite, claquant la porte derrière lui.

- Harry ! Tout va bien !? demanda Neville.

Le D. était déjà sur pied pour poursuivre Black. Il ouvrit en grand la porte du dortoir, ne voyant que le pan de la robe carcéral du sorcier à l'angle de l'escalier. Manquant de se rompre le cou, Harry dévala les marches et sauta les dernières en se réceptionnant dans la salle commune en une roulade. Le portrait allait se refermer quand il se glissa à l'extérieur. Il allait reprendre sa poursuite que la voix de sa tante le rappeler à l'ordre.

- Harry ! Yamerro !

Le D l'ignora, continuant de s'éloigner à la poursuite du traître.

- /Laisse Thatch s'en charger. Poursuivre un homme blessé sera un jeu d'enfant. Il l'attrapera et aura des réponses, Izou a déjà sonné l'alerte. Ecoute-le./

L'adolescent s'arrêta, haletant, et entendit en effet un sifflement tonitruant résonnant dans le château. Un sifflement qui disait « homme blessé en fuite ». Puis, il changea en « homme-chien blessé en fuite ».

- /Rentre, Harry, laisse ton oncle s'en charger. Fais profil bas./

Inspirant profondément, le cœur battant à la chamade sous l'adrénaline, Harry essuya son couteau sur son pantalon de pyjama noir et se tourna vers le tableau du chevalier pour voir sa tante avec le tranchant de son épée sous la gorge du chevalier au Catogan et son flingue sur la tempe de celui-ci. La boîte de conserve devait vraiment se sentir menacée par la pirate vu qu'il avait levé les bras bien tendus, comme s'il voulait toucher le plafond. Après, vu l'expression de rage et de colère de la femme habituellement si souriante et joyeuse, c'était prévisible.

- /Tu as été blessé ?/ demanda Haruta alors que Harry cachait sa lame en la coinçant dans l'élastique de son pantalon de pyjama et en mettant son tee-shirt par-dessus.

L'adolescent toucha l'arrière de son crâne et grimaça légèrement.

- /Une bosse. Je me suis cogné. Comme si tonton m'en avait pas assez infligées cet après-midi./

Izou arriva dans la toile à cet instant, encadrant avec sa sœur le chevalier. Quand un autre sabre et pistolet rejoignirent les premiers, un frisson bien visible secoua Sir Catogan.

- /McGonagall arrive et Thatch est sur les talons de Black. Il ne le laissera pas fuir. Bien joué Harry. Allez, dedans./

- Et toi pas un mot, t'en as assez fait comme ça, rouspéta Haruta à l'adresse du chevalier en revenant à l'anglais alors que le tableau pivotait pour permettre à l'étudiant de retourner dans la tour.

Tout le monde était réuni dans la salle commune, cherchant à savoir ce qu'il se passait et traitant Ronald de fabulateur quand il disait que Black avait essayé de s'en prendre à lui.

- Tu as fait un cauchemar parce que tu as trop mangé, Ron ! lui dit Percy qui avait mis son badge de préfet en chef sur sa veste de pyjama. Et toi, tu étais où, Portgas ?

- En train de poursuivre le cauchemar de ton jeune frère. T'as rien de cassé, Ronald ?

Le roux, très pâle, secoua la tête.

- C'est à toi qu'il faut poser la question, tu étais au corps à corps avec lui, pointa Neville.

- Tu t'es battu avec Sirius Black ?! couina Hermione en perdant ses couleurs.

- Nan. J'ai essayé de l'avoir mais il refusait de se battre contre moi. Je me suis juste cogné quand il s'est dégagé.

Il se frotta les bras pour chasser sa chair de poule alors que le stress redescendait.

- Je vais me prendre une veste, si vous le permettez.

Et surtout ranger son couteau.

Il voulut monter dans son dortoir quand Ronald lui attrapa un bout de tee-shirt.

- Merci d'être intervenu.

- T'es peut-être pas ma personne favorite au monde, mais je suis pas sans cœur au point de le laisser te planter comme ça, marmonna le D.

Et il gagna rapidement son dortoir.

Il rangea sa lame et s'assit sur son lit en essayant de retrouver son calme. Il travailla sur sa respiration, les mains tremblantes.

Il avait attaqué un homme avec l'intention de le tuer.

Un homme qui, apparemment, ne lui voulait pas de mal puisqu'il avait lâché immédiatement son arme en le reconnaissant. Harry se serra dans ses propres bras en essayant de s'apaiser, se balançant d'avant en arrière au bord de son lit.

Il se devait d'être fort s'il voulait être digne du nom des Portgas.

Il ne pouvait pas craquer.

- Harry, ça va ?

Le D. jeta un vague regard par-dessus son épaule pour voir Neville sur le pas de la porte.

- Ouais, ça va, mentit Harry.

- McGonagall est là.

- J'arrive, ne m'attend pas.

- T'es sûr que ça va ?

- Oui.

Harry inspira profondément et se leva, remettant sa lame sous son coussin. Il ouvrit sa valise et y prit sa veste en laine. Il allait descendre quand il repéra l'arme de Black. Un simple couteau de table. Tout juste bon à couper du saucisson. Et pourtant mortel si on s'en donnait la peine. Il ramassa le couvert et rejoignit Neville. En bas, McGonagall essayait de comprendre ce qu'il s'était passé.

- Monsieur Portgas, j'ai cru entendre que vous et monsieur Weasley aviez été attaqués par Black, apparemment, dit d'emblée l'enseignante.

- Et vous avez compris de travers, professeur, grommela le jeune homme en refermant correctement sa veste moutonneuse.

Il alla se tenir entre Hermione et Neville, les mains dans les poches, l'arme de Black dans une de ses manches.

- Je me suis réveillé je sais pas pourquoi et j'ai vu qu'on avait fermé complètement mes rideaux alors que je les laisse toujours un peu ouverts, parce que j'aime avoir l'heure sous le nez. J'ai entendu le parquet craquer comme si on s'éloignait de mon lit et j'ai jeté un œil dehors pour voir Sirius Black en train de découper le rideau de Ronald. Comme je suis pas sans cœur, j'ai décidé d'intervenir. J'ai voulu le prendre par surprise mais ce fichu parquet m'a trahi. Black s'est retourné et il a lâché son arme volontairement quand je lui suis tombé dessus comme une tonne de briques. On s'est battu ensemble assez longtemps pour réveiller tout le monde, dont la sirène d'alarme qu'est Weasley, et Black a fini par prendre le dessus sur moi. Il est parti sans demander son reste. Comme je suis un garçon stupide et borné, je l'ai poursuivi dans la salle commune et je serais encore en train de lui courir après si Haruta ne m'avait pas rappelé à l'ordre.

Avec un rictus féroce, le D. planta un bon coup de pieux dans ce qui le dérangeait dans toute cette affaire :

- C'est un secret pour personne que quand il doit y avoir des problèmes dans ce château, c'est pour ma pomme parce que je suis soi-disant ce foutu Survivant, alors que ce sont des racontars de sorciers crédules qui ressortent sans réfléchir ce qu'on leur dit. Tout le château, jusqu'à Mimi Geignarde au fond de ses chiottes, sait que Black veut ma peau. Expliquez-moi pourquoi il ne m'a pas tué alors qu'il en avait l'occasion, pourquoi il en avait apparemment après Ronald et surtout pourquoi il m'a clairement dit qu'il ne voulait pas se battre contre moi !

- Monsieur Portgas…

De colère, Harry balança le couteau de Black qui alla se planter avec force sur une table basse à proximité, faisant reculer tout le monde.

- Dîtes-pas que je fabule, professeur ! Je suis parfaitement éveillé, et en colère, parce que le gars qui a soi-disant vendu mes parents et qui veut ma peau m'a filé entre les doigts ! Et ce même gars a fait que se défendre quand j'en avais après sa peau ! Je veux des réponses ! J'en ai assez qu'on me laisse dans le noir soi-disant pour me préserver ! J'ai treize ans, pas trois ! J'ai le droit de savoir des choses comme le fait que ce type est censé être mon parrain par exemple !

L'annonce causa un choc dans toute la tour et McGonagall devint livide.

- Comment… ?

- …Je le sais ? La prochaine fois que vous parlez des gens dans leur dos, assurez-vous que ça leur remontera pas aux oreilles. Est-ce qu'on peut au minimum savoir comment cet homme est entré dans la tour ? Et je suis certain que Ronald voudrait savoir, dans votre grande mansuétude, pourquoi il a un assassin en cavale au cul ! Vous êtes professeur, vous devez avoir des réponses pour vos élèves, non ?

- Harry, calme-toi, lui demanda Hermione en lui prenant les bras.

- NON, JE ME CALMERAI PAS ! J'EN AI ASSEZ D'ÊTRE PRIS POUR UN CON !

Les lampes de la tour émirent un craquement menaçant.

- Je vais demander à l'infirmière de vous apporter un philtre de paix, monsieur Portgas, vous allez perdre le contrôle de votre magie si vous continuez comme ça, pointa McGonagall.

- Je veux pas qu'on me bourre de potions, je veux des réponses ! Le tableau sera peut-être déjà plus bavard que vous !

Harry se dégagea brutalement des mains de son amie et alla faire pivoter le portrait pour rester sur le seuil de la salle commune. Catogan suait toujours à grosses gouttes entre les pirates furieux.

- Me faîtes pas la morale, avertit Harry.

- /T'es pas le fils de ta mère pour rien…/ nota narquoisement Haruta.

- Comment Black est entré ?

- On attend un peu après le couvre-feu pour aller faire un tour dans le château, histoire d'être certain que personne ne traîne dehors, expliqua Izou avec venin. On revenait de notre ronde quand on a vu Black lire une liste de possibles mots de passe au chevalier. L'imbécile a ouvert le dortoir avant qu'on ne puisse l'en empêcher. J'ai immédiatement sonné l'alarme, mais le corps enseignant a eu du mal à sortir du lit, il faut croire.

Harry jeta un regard noir à l'enseignante.

- Au moins, je sais comment j'ai eu le temps de me recevoir une bosse. Et c'est censé être le lieu le plus sécurisé de Grande Bretagne ? On rentre dans ce château comme dans un moulin. Puisqu'il a été prouvé par cet incident que Black n'en a pas après moi, je pense que je peux me permettre d'aller m'aérer la tête. Mettez-moi en retenue ou retirez-moi des points, mais ce soir, je rentrerai pas dans ce dortoir. Je vais aller squatter chez les Serpentard, tiens ! Au moins, je suis certain qu'ils ont la paix au fond de leur cachot.

Et le tableau se referma sur le D. en colère.

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Sirius aussi avait quelqu'un en colère sur le dos.

Il était plaqué à un mur de la Cabane Hurlante, ses mains accrochées misérablement au poignet qui l'étranglait presque, espérant le repousser alors qu'il commençait à manquer sérieusement d'air.

- Tu veux que je te dise ce que tu as fait comme erreurs, Black ? Permets-moi de te donner les cinq plus grosses erreurs de ta soirée, annonça Thatch avec un calme trompeur alors qu'il accentuait sa prise sur la gorge de sa proie. Un, je déteste qu'on me réveille comme ça, et généralement, il faut que je cogne quelque chose pour évacuer ma colère. Deux, c'est d'autant plus vrai quand la pleine lune est pas loin. Trois, tu as commis l'erreur de croire que je n'étais qu'un vulgaire moldu et tu n'as pas songé un instant que passer ce Saule Cogneur, ta seule défense, serait un jeu d'enfant pour moi.

Thatch se rapprocha du fugitif, un rictus dévoilant ses crocs de loup, ses yeux ambrés brillant de colère.

- Quatre, tu as mis en danger mon seul et unique neveu. Cinq… tu as des réponses pour expliquer une bonne partie de la malchance du neveu en question. Alors parle vite, avant que je décide d'utiliser la récompense pour ta peau afin d'offrir un bon cadeau d'anniversaire à Harry.

- Har-ry ?