Bonne année ! Bonne santé ! Touuuut plein de bonne chose !

Et on se retrouve pour l'anniversaire d'Ace et Oda avec l'évènement le plus attendu de cette fic. C'est cool, non, de commencer 2022 avec la Troisième Tâche pour l'Héritier de l'Underground, non ? Bien entendu… MARCO IS DEAD. Donc, n'attendez pas un miracle.

Avant de passer aux commentaires, sachez que j'ai une nouvelle idée d'histoire. Vous vous souvenez de l'idée de base qui a donné Golden Prince et Sea New King ? On est pas loin d'une situation de ce genre, sauf qu'on a pas d'oncle Rayleigh (ou alors très peu). Pour l'instant, ce ne sont que des idées qui viennent et repartent, mais c'est vraiment une histoire que j'ai envie de faire. Et de vous partager. Seulement, avec mon évolution (je ne suis plus la gamine de mes débuts, c'est certain), je me retrouve partager. Et vous pouvez m'aider à me décider. Je vous donne donc rendez-vous sur mon profil où j'ai laissé un poll à ce sujet. Merci d'avance.

A présent, les commentaires :

Lala : Exact, il va débarquer. Entre quarte planches de sapin.

NeferGwen : Alors, je ne comprend toujours pas à quoi tu fais allusion avec le chocolat noir, mais je pense que je vais laisser tomber./ Non, Marco ne reviendra pas, fais-toi une raison, donc, pas de papa poule à l'horizon. Continue, et je tue Harry aussi - ! / Très bonnes fêtes !

Yz3ut3 : Au plaisir !

Sur ce, très bonne nouvelle année et à bientôt !

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Le jour de la dernière tâche arriva. Il y avait un vacarme assourdissant autour de la table qui donnait un mal de crâne faramineux au jeune qui aurait voulu ignorer tout ça.

Lorsque les hiboux postaux apparurent, l'un d'eux apporta à Harry une carte de Sirius pour lui souhaiter bonne chance. C'était un simple morceau de parchemin plié en deux qui portait l'empreinte boueuse d'une patte de chien, mais Harry y fut très sensible. Comme d'habitude, un hibou moyen-duc déposa devant Hermione un exemplaire de La Gazette du sorcier. Elle déplia le journal, jeta un coup d'œil à la première page et elle plissa les yeux. Curieux, Neville regarda par-dessus l'épaule de son amie et leva les sourcils.

- Skeeter est portée disparue encore aujourd'hui, annonça la fille. Ils n'ont toujours aucune piste.

Ils ne risquaient pas d'en trouver si la vieille mégère avait disparu ici, à Poudlard… Hermione regarda le D. qui n'avait pas l'air du tout surpris et qui continuait de boire son jus d'orange.

- Elle a fait connaissance avec la Loi du Talion ? demanda Hermione à voix basse.

- Pas encore, de ce que je sais, lui répondit le garçon. En attendant, vous avez un examen dans dix minutes. Moi, je suis peut-être excusé, mais pas vous.

Hermione regarda sa montre, poussa un cri de panique et se précipita hors de la Grande Salle.

- Tu vas faire quoi, toi, pendant ce temps ? demanda Neville à son ami.

- Histoire moldue, autant rester dans le thème.

Mais à cet instant, le professeur McGonagall s'avança vers la table des Gryffondor et s'approcha de lui.

- Portgas, dit-elle, les champions doivent se réunir dans la salle du fond juste après le petit déjeuner.

- Oi ! Matte ! La tâche, c'est ce soir ! s'exclama Harry.

Il craignit soudain de s'être trompé dans les horaires. La panique lui prenait la gorge. On ne pouvait pas lui faire ça !

- Je le sais très bien, Portgas, mais les familles des champions sont invitées à assister à la dernière tâche. Il s'agit simplement d'aller leur dire bonjour.

Elle s'en alla, laissant Harry soupirer de soulagement.

- Tu diras bonjour à ta mère pour nous, si on la voit pas ? demanda Neville en se levant.

- Pas de soucis. Merde pour l'examen.

- A tout à l'heure.

Et Neville se dépêcha de partir.

Harry ne prit pas la peine de finir son petit-déjeuner. Il devança presque Fleur et Cedric dans leur chemin vers la salle du fond. Il ouvrit la porte et entra, cherchant avec espoir…

- Konnichiwa koneko-chan.

Ace reçut en souriant son fils dans ses bras quand celui-ci se jeta sur elle. Dans sa tenue toujours aussi minimale, la femme se détachait des autres familles si bien habillées.

Elle se pencha et l'embrassa sur la joue, lui murmurant au passage qu'il avait le soutien de Remus et Dobby.

- Et moi, je pue ?

Harry se redressa et reconnut le grand homme châtain fringant à la coupe militaire qui servait au bar de sa mère.

- Seb !

- Eh !

Sebastian échangea un check avec l'adolescent en souriant.

- Et moi qui pensais que tu détestais tout ce qui était magique ! s'étonna le garçon.

- Et avec raison, regarde la merde dans laquelle tu es. Mais j'ai rien contre les gosses. Et mes collègues sont corrects, donc, aucune raison de leur en vouloir. Et où est-ce que j'en serais si je devais détester ma patronne et son gosse ?!

Il se tourna vers Ace avec en souriant de toutes ses dents (en dépit de l'incisive manquante sur la gauche de sa mâchoire du bas).

- D'ailleurs, mon augmentation, elle en est où ?

- Tout dépendra de ton comportement aujourd'hui, Seb, lui répondit Ace.

- Du genre, j'ai le droit de faire un bon bras d'honneur au dirlo ?

- Hmm… c'est intéressant comme proposition.

Le trio éclata de rire, heureux dans leur petite bulle.

- Sinon, gamin… c'est vrai ce qu'on dit ? Tu fais chavirer les blondes ? taquina Sebastian en ébouriffant la chevelure du garçon. La fillette française, là-bas, te dévore des yeux, sans parler d'une certaine Luna Lovegood…

- Kaachan ! s'indigna Harry en rougissant comme une tomate.

- Ah, j'y suis pour rien ! Adresse-toi à ton oncle ! se défendit sa mère en levant les mains pour se défendre.

- Tu nous fais faire un tour, Harry ? dit Sebastian en restant indifférent au regard noir de l'adolescent.

- Oui, bien sûr.

Ils se dirigèrent vers la Grande Salle et passèrent devant les Diggory réunis. Le père de famille se tourna vers eux à cet instant.

- Ah, te voilà, toi, dit-il en toisant Harry. J'imagine que tu dois te sentir un peu moins fier maintenant que Cedric a le même nombre de points que toi, hein ?

- Disons que ça la fout très mal pour moi, parce que j'essaye de perdre et qu'au final, je me retrouve en tête, lui rétorqua Harry.

- Ne fais pas attention, dit Cedric à voix basse en regardant son père les sourcils froncés. Il est en colère depuis l'article de Rita Skeeter sur le tournoi, tu sais, quand elle a laissé entendre que tu étais le seul champion de Poudlard, alors que tu as refusé d'être interviewé.

- Shimatta… grogna Ace. J'étais tellement concentrée sur l'idée qu'elle n'ait rien dit d'injurieux ou de déplacés à ton sujet que j'ai pas cherché plus loin. Suman.

- Il n'a pas jugé utile de démentir, n'est-ce pas ? dit l'homme. Enfin, ça ne t'empêchera pas de lui montrer de quoi tu es capable, Ced.

- Vu que cette femme a tendance à mentir comme elle respire, je vois pas comment les sorciers peuvent être aussi crédules, attaqua Sebastian. Ah ! J'oubliais ! La magie vous rend juste tellement feignants.

- Un moldu ? Ici, à Poudlard ?! s'étrangla le sorcier.

- J'suis un cracmol, trou d'uc ! lui répondit le barman avec un geste explicite et vulgaire du bras. J'en suis fier et je vous emmerde !

Le sorcier sembla sur le point de protester, mais sa femme intervint, lui posant une main sur l'épaule en secouant la tête.

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Harry passa une matinée très agréable dans le parc ensoleillé en compagnie de sa mère et de Sebastian à qui il montra le carrosse de Beauxbâtons et le vaisseau de Durmstrang. Sa mère avait fait le tour autant que possible du vaisseau, pour la plus grande perplexité des élèves qui l'occupaient, avant de leur sourire en leur recommandant d'en prendre soin.

- Quoi de neuf ? demanda Harry alors qu'ils allaient faire un tour du côté de la forêt interdite pour rendre visite aux sombrals.

- Pas grand-chose. Uagadu ne prend que les natifs et les autres écoles ont la trouille de Dumby, répondit Seb en haussant les épaules.

- La Reine va venir ce soir, annonça Ace.

- Honto ka ? s'étonna l'adolescent en se retournant sur le chemin boisé.

- Hm. Elle va avoir quelques mots durs avec Dumbledore. C'est triste, parce qu'elle avait négocié pour qu'on puisse avoir ailleurs le même genre de contrat pour protéger notre famille, et tout ça tombe à l'eau. Si je pouvais t'inscrire à des cours par correspondance, je dis pas, je serais partie quitte à ce qu'on se retrouve recherchés à l'international, mais même ça, c'est impossible.

- J'ai fait le deuil, répondit simplement l'adolescent alors qu'ils finissaient par tomber sur les sombrals. Je ferais plus attention à mes arrières à l'avenir.

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Ils retournèrent au château pour déjeuner, squattant sans vergogne la table de Gryffondor, discutant avec le groupe d'amis. Drago et Luna vinrent même se joindre à eux, juste avec leur chemise, réduisant au minimum ce qui pouvait les rattacher à leurs maisons d'origine. Quand le groupe remarqua le regard mécontent de Dumbledore dans leur direction, Sebastian alla au culot, lui adressant un bon gros bras d'honneur avant de lever son verre en toast.

- Bon, et mon augmentation ? demanda-t-il comme si c'était tout à fait normal à Ace.

- Vous êtes fou ! s'étrangla Ronald un peu plus loin.

- Tu l'as jamais vue celle-ci pour pouvoir dire ça de moi, répondit placidement le barman en montrant sa patronne du doigt qui était en grande conversation avec les jumeaux.

- On prend le large pour l'été ? demanda Harry avec espoir à sa mère quand il vit qu'elle avait fini avec les deux frères.

- Soit on y va en famille, soit tu invites tes potes, lui dit la pirate.

Le garçon regarda Luna qui hocha la tête en rougissant.

- Drago, on va éviter de rajouter de l'huile sur le feu ? s'enquit Harry.

- Vu que ma mère attend un autre enfant, je pense que si je veux rester en vie, je vais faire profil bas. Il serait capable de me tuer puisqu'il a un autre possible héritier, marmonna Drago.

- Au moindre souci, n'hésite pas, notre porte est ouverte. Je préfère que tu viennes chez moi plutôt que ton père ne dépasse les bornes, lui dit la D. avec un air sérieux.

- Merci, Ace, sourit tristement le blond.

- Hermione ? Neville ? enchaîna Harry histoire de détourner l'attention de son ami.

- Je dois refaire mon bronzage, Camilla dit que ça me va très bien, lui dit Hermione.

Sous la table, elle attrapa discrètement la main de Drago sans jamais le regarder. Le blond lui adressa un regard perplexe, mais la lionne se contenta de lui serrer sa main en soutien. Il eut un maigre sourire et lui rendit le geste.

- L'oncle est très collant depuis que je lui prouve que je suis un bon sorcier. Grand-mère va lui remettre les idées en place, donc, je préfère ne pas être là. Triste à dire, mais ça me manque presque l'époque où tout le monde pensait que j'étais un cracmol, dit Neville.

- Avec les premières générations, on est les mieux adaptés pour vivre dans un monde, comme dans l'autre, y'a aucune honte à être cracmol, mon gars, lui assura Seb. Et regarde ma patronne ! On oublierait presque qu'elle a de la magie tellement elle l'utilise pas.

- C'est surtout parce que mes compétences se limitent à tout faire flamber, lui répondit Ace en buvant son verre d'un air indifférent.

- C'est vrai ce que vot' fils a dit à Rogue ? Vous pouvez vraiment faire naître du feu à partir de l'eau ? demanda Seamus.

La D. chercha quelque chose du regard et repéra de l'eau à proximité. Elle tendit son doigt dans cette direction et le verre d'eau devant McLaggen vit sa surface se recouvrir de flammes pendant quelques secondes, avant qu'Ace ne range son doigt, les faisant disparaître.

- CQFD, répondit Harry. Le bar est fermé, pour le coup ?

- On ne ferme surtout pas ce bar, Harry. Seb et moi sommes peut-être ici, mais le bar reste ouvert, Samuel s'assure que tout se passe bien et nous avertira si on a besoin de nous, lui répondit sa mère en recommençant à manger.

- Le spectacle transitoire sera juste moins intéressant, sifflota innocemment Seb avant de se prendre une taloche de la part de sa patronne.

- Ta mère est vachement cool, commenta Ginny qui était séparée de Harry par Luna.

- C'est parce qu'elle a pas fini de grandir, sourit l'adolescent.

Sa mère lui tira la langue pour toute réponse, recevant la même chose de son fils en échange.

- Aaah, j'aurai dû y réfléchir à deux fois avant d'accepter de t'adopter, soupira la femme d'un air qui sonnait très faux.

- Ouais, ben, la garantie est passée, donc, ça sert à rien d'aller te plaindre au service après-vente, lui répondit du tac-o-tac le garçon.

- Tant pis, ça m'apprendra. On va faire avec.

- Comme toujours.

Et le duo éclata de rire.

Harry passa un si bon moment qu'il eut presque l'impression d'être revenu à la maison. Il ne pensait plus à la troisième tâche qui l'attendait le soir même ou à son changement impossible d'école.

Ils passèrent l'après-midi à faire une grande promenade dans le parc, allant jusqu'à espionner Thatch qui donnait un examen à ses sixièmes années (cela valut au groupe un lourd regard noir et un doigt explicite disant de foutre le camp), puis revinrent dans la Grande Salle pour le grand banquet qui avait lieu ce soir-là. Cornélius Fudge et un homme à l'allure d'un vieux lion avaient pris place à la table des professeurs. Fudge, assis à côté de Madame Maxime, avait l'air grave et ne parlait à personne, alors que l'homme à la chevelure grise parlait avec animation à Maugrey. Madame Maxime se concentrait sur son assiette et Harry eut l'impression qu'elle avait les yeux rouges. A l'autre bout de la table, Hagrid ne cessait de lui jeter des regards.

- Ano jii-san wa dare da ? demanda Harry à sa mère. Verpey wa doko da ?

- Verpey est mis en examen par Bones. Il semblerait qu'il ait voulu influencer le tournoi à travers toi pour se faire de l'argent. Vu les quelques fois où il avait des tunes, il s'empressait de parier de nouveau l'argent… et je ne parle pas de tout ceux qu'il a arnaqués, lui dit sa mère.

Vu qu'elle l'avait dit en anglais, elle voulait faire jaser tout le monde et bien entendu, quasiment tous les élèves mordirent à l'hameçon.

Il y eut plus de plats que d'habitude mais Harry, qui commençait à se sentir de plus en plus nerveux, ne mangea pas grand-chose, grignotant légèrement et profitant de la présence de Luna et sa mère qui ne mangeaient pas plus. Lorsque le ciel bleu qui s'étendait sous la voûte du plafond magique s'empourpra à l'arrivée du crépuscule, Dumbledore se leva et la Grande Salle plongea aussitôt dans le silence.

- Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, dans cinq minutes, je vous demanderai de vous rendre au terrain de Quidditch pour assister à la troisième et dernière tâche du Tournoi des Trois Sorciers. Les champions sont priés de suivre le chef du bureau des Aurors, Rufus Scrimgeour, qui se charge de remplacer Mr Verpey. Il les accompagnera sur place.

Harry se leva. Ses camarades de Gryffondor l'applaudirent, mais ses amis lui souhaitèrent bonne chance.

- Harry, la goutte, s'il te plaît, demanda Ace en perdant son sourire.

Sans un mot, l'adolescent retira le collier de son cou et le donna à sa mère qui ouvrit le pendentif facilement, dévoilant la toute petite boule de feu d'un jaune si pâle qu'elle en paraissait verte. Elle passa une main dessus et la luciole prit en taille et intensité, crépitant de façon rassurante dans la main de la D. qui referma le médaillon pour le remettre au cou de son enfant. Elle posa ensuite une main sur la poitrine de son fils.

- /Je ne te demande pas de gagner, je veux que tu me reviennes en vie, Harry. C'est tout. On est d'accord ?/

- Yakusoku, répondit son fils.

Et il enlaça sa mère de toutes ses forces pour la rassurer, avant de se redresser. Il retira sa robe de sorcier et la donna à Luna.

- Je viendrais la récupérer. Je fais le strict minimum et je reviens.

La blondinette hocha la tête et tout le monde regarda le brun s'en aller comme s'il partait en guerre, suivant les autres champions qui marchaient derrière le chef des Aurors.

Ils pénétrèrent bientôt sur le terrain de Quidditch qui était à présent méconnaissable. Une haie de six mètres de hauteur l'entourait entièrement avec, face à eux, une unique ouverture qui donnait accès au vaste labyrinthe. Le chemin qui s'y enfonçait paraissait sombre et effrayant.

Cinq minutes plus tard, les tribunes avaient commencé à se remplir. On entendait des exclamations enthousiastes et le martèlement des pas le long des travées. Les premières étoiles étaient apparues dans le ciel d'une couleur bleu foncé. Accompagnés de Hagrid, les professeurs Maugrey, Newgate, McGonagall et Flitwick firent leur entrée dans le stade et s'approchèrent de Scrimgeour et des champions. Ils arboraient de grandes étoiles rouges et lumineuses sur leurs chapeaux, sauf Hagrid et Thatch qui les portaient au dos de leurs gilets.

- Nous allons patrouiller autour du labyrinthe, dit le professeur McGonagall aux champions. Si vous vous trouvez en difficulté et que vous souhaitiez être secouru, envoyez des étincelles rouges en l'air et l'un d'entre nous viendra vous chercher. Compris ?

Les champions approuvèrent d'un signe de tête.

- Je sais que vous ne voulez pas faire cette compétition, Mr Portgas, mais faites un effort pour aller jusqu'au bout, demanda McGonagall. Sans compter que si on doit vous sortir de là alors qu'un autre champion est en danger, cela serait très regrettable.

Zut ! Et lui qui avait pensé attendre de s'enfoncer un peu dans le labyrinthe pour lancer les étincelles et en finir avec l'épreuve.

Les patrouilleurs s'éloignèrent pour commencer leur ronde. Thatch lança un regard à son neveu qui hocha la tête en réponse. Le loup eut le même geste et s'éloigna.

Scrimgeour pointa ensuite sa baguette magique sur sa gorge et marmonna :

- Sonorus.

Aussitôt, sa voix magiquement amplifiée résonna dans tout le stade.

- Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, la troisième et dernière tâche du Tournoi des Trois Sorciers est sur le point de commencer ! Permettez-moi de vous rappeler le classement actuel des concurrents ! A la première place ex aequo, avec quatre-vingt-cinq points chacun : Mr Cedric Diggory et Mr Harry D. Portgas, de l'école Poudlard !

Affolés par les applaudissements et les cris de joie, des oiseaux s'envolèrent de la Forêt interdite et disparurent dans le ciel assombri.

- À la troisième place, avec quatre-vingts points : Mr Viktor Krum, de l'institut Durmstrang !

Nouveaux applaudissements.

- Et à la quatrième place : Miss Fleur Delacour, de l'académie Beauxbâtons !

Harry aperçut, au milieu des tribunes, ses amis et sa famille qui applaudissaient poliment Fleur Delacour. Il leur adressa un geste de la main et ils lui firent signe à leur tour, le visage sérieux.

- Mr Scrimgeour, je peux partir en dernier ? demanda Harry. J'ai pas demandé à participer, donc, ça sert à rien que je prenne les devants.

L'auror regarda les autres champions qui haussèrent les épaules pour dire qu'ils ne voyaient aucun problème.

- Attention... À mon signal, Diggory entrera dans le labyrinthe ! reprit Rufus. Trois... deux... un...

Il lança un bref coup de sifflet et Cedric s'engouffra dans le labyrinthe pour disparaître rapidement dans l'obscurité. Deux minutes plus tard, Krum entra à son tour, bientôt suivi de Fleur et enfin, de Harry.

Les haies qui les entouraient plongeaient le chemin dans l'obscurité. Était-ce dû à leur hauteur et à leur épaisseur ou bien avaient-elles été enchantées ? En tout cas, dès qu'il eut pénétré dans le labyrinthe, Harry ne pouvait plus entendre la foule, ni les autres concurrents. Il avança lentement, faisant naître d'un geste de sa main une petite bulle de lumière qui flotta un peu en avant de sa tête pour lui éclairer la route.

Au bout d'une cinquantaine de mètres, il marcha jusqu'à arriver à une bifurcation. Il sortit sa baguette magique, son Haki aux aguets, ne pouvant s'empêcher d'avoir l'impression d'être épié.

- Pointe au nord, murmura-t-il à sa baguette magique qu'il posa à plat sur sa main.

La baguette tourna sur elle-même et s'arrêta en pointant sur sa droite, vers la haie. C'était la direction du nord et il savait qu'il devait aller au nord-ouest pour atteindre le centre du labyrinthe. La meilleure chose à faire consistait à prendre à gauche en attendant de pouvoir tourner à droite dès que possible.

Il prit donc tranquillement le chemin de gauche, s'enfonçant toujours à son rythme dans les profondeurs du labyrinthe. Celui-ci devenait de plus en plus sombre à mesure que la couleur du ciel virait au bleu marine. Il arriva à une nouvelle bifurcation. Il regarda de nouveau sa baguette qui n'avait pas changé d'orientation et estima qu'il pouvait prendre encore une fois à gauche.

Ce chemin-là était également désert.

C'était très effrayant. Même son Haki ne percevait aucun obstacle à proximité.

Bientôt, Harry atteignit une autre bifurcation qui lui permit d'aller à droite. Là encore, la voie était libre.

Cette absence d'obstacles le mettait mal à l'aise. Normalement, quelque chose aurait dû lui barrer le chemin. Il avait l'impression que le labyrinthe essayait de lui donner un faux sentiment de sécurité. Soudain, il se figea et se colla à une haie, éteignant sa lumière.

Il avait perçu quelque chose d'humain derrière lui.

Plongé dans le noir, avançant le dos contre la haie, la baguette en main, Harry continuait sa route en regardant toujours en direction de la présence humaine qu'il percevait. Lentement, sur la pointe de ses tennis. Puis, il s'arrêta et décrocha son couteau de chasse de sa cheville.

Il entendit à présent du mouvement. Pas avec son Haki, mais avec ses oreilles.

Cedric apparut dans le rayon lumineux de sa propre baguette. Il venait de surgir du chemin de droite et manqua de faire un arrêt cardiaque en voyant l'adolescent dans les ombres.

Déjà qu'il avait l'air sérieusement secoué, on put comprendre qu'il poussa un cri de fillette.

- T'as croisé quoi pour faire une tête pareille ? demanda Harry en baissant baguette et couteau.

- Un manticore ! Le professeur Newgate leur a trouvé une foutu manticore ! Il est fou ce moldu !

Où diable son oncle avait-il trouvé un manticore ?

Il hocha la tête et disparut le long d'un autre chemin. Soucieux de mettre la plus grande distance entre lui et le manticore, Harry repartit sans demander son reste.

Soudain, au détour d'un virage, il vit...

Un Détraqueur qui marchait à sa rencontre ! D'une hauteur de près de quatre mètres, le visage dissimulé par sa capuche, ses mains en décomposition tendues devant lui, il avançait vers Harry à l'aveuglette. La respiration râlante vola sa chaleur, et il sentit à son cou la goutte essayer de rester entière. Une sueur froide lui coula dans la nuque, et le sang commença à suinter de son arcade sourcilière, mais il savait ce qu'il avait à faire.

Se battre.

Il pensa à ce qui pourrait le rendre le plus heureux : sortir de ce labyrinthe et fêter la fin du tournoi en compagnie de ses amis et de sa famille. Il concentra toutes les forces de son esprit sur cette seule pensée, leva sa baguette et s'écria :

- Spero Patronum !

Immédiatement la panthère coula de la baguette magique comme une cascade d'argent, laissant des maigres flammes sur sa course vers le Détraqueur… qui recula d'un pas et se prit les pieds dans l'ourlet de sa robe ?

- Un Épouvantard ? grommela le garçon en comprenant à qui il avait affaire. Attends, je vais appliquer la méthode de Thomas.

La panthère s'immobilisa alors que son invocateur s'avançait pour la rejoindre. Il leva la baguette en incantant Riddikulus.

Un aspirateur apparut de nulle part et fit son office en emprisonnant rapidement le Détraqueur dans son ventre, faisant rire le garçon devant le ridicule de la scène.

Il y eut un craquement sonore et le changeur de forme explosa dans un filet de fumée. La panthère argentée disparut également, au grand regret de Harry qui aurait eu bien besoin d'un peu de compagnie. Tenant à nouveau la baguette magique au-dessus de sa tête, l'oreille tendue, il poursuivit son chemin le plus silencieusement possible, accélérant le pas pour en finir rapidement.

Il voulait que les autres champions trouvent rapidement le trophée, qu'il puisse enfin en finir.

Gauche... droite... encore à gauche... Par deux fois, il se retrouva dans un cul-de-sac. Il eut une nouvelle fois recours à l'enchantement des Quatre-Points et s'aperçut qu'il était allé trop loin vers l'est. Il revint sur ses pas, prit un chemin sur sa droite et vit alors une étrange brume dorée qui flottait à quelques mètres devant lui.

Harry s'en approcha avec prudence en l'éclairant de sa bulle de lumière. Il s'agissait sûrement d'un piège et il se demanda s'il allait pouvoir le faire disparaître.

Il marmonna un sortilège et un courant d'air ravagea l'allée, échevelant le garçon, mais il balaya la brume avec facilité, lui libérant le passage. Il commença à traverser la zone dans le vent violent quand un hurlement d'homme déchira le silence.

C'était la voix du professeur Maugrey. Pour l'avoir entendu malgré le labyrinthe, c'est qu'il avait dû hurler très fort.

Pourquoi ?

Le silence revint alors qu'il gardait l'oreille aux aguets.

Il n'entendait que le mugissement du vent qu'il avait invoqué. Il reprit sa route, se disant que ce qu'il y avait dehors était l'affaire de son oncle. Quand il eut traversé la zone de la brume, il arrêta le vent et le piège reprit sa place normale. Le D. ne s'attarda pas pour mieux regarder, il voulait sortir de ce labyrinthe.

Pendant dix minutes, il ne rencontra pas d'autres obstacles que des culs-de-sac. Par deux fois, il choisit la même mauvaise direction, puis découvrit enfin un autre chemin et se mit à courir. Il sauta par-dessus le filet du diable qui l'attendait sur la route, augmentant l'intensité de sa lumière pour faire fuir la plante, et continua sa course dans les allées à la recherche du centre.

Harry prit un chemin qui partait vers la gauche et se retrouva dans un cul-de-sac. Le chemin de droite n'avait pas d'issue, lui non plus. Le cœur battant à tout rompre, Harry se força alors à s'arrêter pour recourir à nouveau à l'enchantement des Quatre-Points. Il revint ensuite sur ses pas et choisit un chemin orienté au nord-ouest.

Il suivait cette nouvelle direction depuis quelques minutes quand il se décida d'accélérer le pas. Il en avait marre, il voulait mettre un terme à tout ça. De temps à autre, il se retrouvait dans des culs-de-sac mais l'obscurité grandissante lui donnait la certitude qu'il approchait du cœur du labyrinthe. Tandis qu'il avançait d'un bon pas le long d'un chemin droit, il vit à nouveau quelque chose bouger devant lui et le rayon lumineux de sa bulle de magie éclaira une extraordinaire créature qu'il n'avait vue jusqu'alors qu'en image, dans son manuel de Soins aux Créatures Magiques.

C'était un sphinx. Il avait le corps d'un lion gigantesque, de grandes pattes dotées de griffes et une longue queue jaunâtre qui se terminait par une touffe de crins marron. Quant à sa tête, c'était celle d'une femme. En le voyant s'approcher, la créature tourna ses grands yeux en amande vers Harry qui la regarda bêtement. Le sphinx bloquait le passage en marchant d'un bord à l'autre du chemin mais ne semblait pas avoir d'intentions agressives.

- J'vais parler sans réfléchir, mais vous êtes plus classe en vrai que sur un manuel scolaire. Et ne parlons même pas des pâles copies de pierres faites par les égyptiens, lui dit le D. Vous avez une classe… wow !

La créature esquissa un sourire.

- Merci pour ces compliments, porteur du D., c'est très touchant.

Harry fronça les sourcils.

Porteur du D. ? Il ne s'était pas présenté, c'était dans les capacités de sphinx de savoir ce genre de détail ? Et pourquoi le D. spécifiquement ?

- Tu es tout près de ton but, continua la créature d'une voix grave et rauque. Le moyen le plus rapide d'y arriver, c'est de passer devant moi.

- Je présume que ça ne sert à rien de vous demander gentiment de me laisser passer, que je puisse en finir, devina le garçon en se prenant la nuque dans une main.

- Bien évidemment, répondit la créature en continuant de faire les cent pas. A moins que tu saches résoudre mon énigme. Si tu donnes la bonne réponse, je te laisserai passer, si ta réponse est mauvaise, je t'attaquerai férocement. Enfin, si tu ne dis rien, tu pourras repartir sans dommage dans la direction opposée.

- Bon, très bien.

Il s'assit en tailleur, attentif.

- J'écoute votre énigme, lui assura le jeune.

Le sphinx s'assit sur ses pattes de derrière, au milieu du chemin, et récita ces vers :

D'abord, pense au premier de ce qu'il faut apprendre

Lorsque l'on ne sait rien à l'âge le plus tendre.

Ensuite, dis-moi donc ce que fait par naissance

Celui qui, au palais, a élu résidence.

Enfin, pour découvrir la dernière donnée

Il suffit de la prendre à la fin de l'année.

Tu connaîtras ainsi la créature immonde

Que tu n'embrasserais vraiment pour rien au monde.

Harry resta bouche bée.

- Une charade ? Maji ka ? bougonna le garçon.

Il s'était attendu à pire.

Avec un soupir, il se releva et répéta à voix haute l'énigme, la décortiquant méthodiquement.

Les indices mis bout à bout devait permettre de trouver la créature qu'il ne voudrait pas embrasser pour rien au monde. C'était vite dit, y'en avait des tas. Mais si cela avait été choisi, ce n'était certainement pas par hasard, il devrait être prudent une fois le sphinx passé.

- Ce qu'il faut apprendre à l'âge le plus tendre... murmura Harry en faisant les cent pas. Il y a tellement de choses à apprendre voyons... l'alphabet ? Si on l'apprend pas rapidement, lire devient une épreuve…hmm... « Le premier de ce qu'il faut apprendre... » La première lettre de l'alphabet latin, donc ? « A » ? Je vais garder ça sous le coude. Le vers suivant… Celui qui a élu résidence au palais... dit Harry. Dans un palais, il y a des rois, des empereurs… ce qu'ils font… ils dirigent, ils… règnent...

Harry se tourna vers le sphinx, l'air déçu.

- Faîtes plus dur pour les prochains, vraiment. Et oui, je confirme que j'ai pas envie d'embrasser une araignée.

Le sourire du sphinx s'élargit. La créature se leva, étira ses pattes avant, puis s'écarta pour le laisser passer.

- Arigatou ! dit Harry.

Il reprit sa marche, préférant rester prudent. Sa baguette magique lui disait qu'il devait être tout prêt et qu'il allait dans la bonne direction. S'il ne rencontrait pas d'autres horreurs, il avait une chance d'arriver au but et d'en finir.

Un peu plus loin, il arriva devant une nouvelle bifurcation.

- Pointe au nord ! murmura-t-il à nouveau à sa baguette.

Après avoir tourné un instant sur elle-même, elle indiqua le chemin de droite. Il s'y précipita et vit alors une lumière devant lui.

Posé sur un piédestal, à une centaine de mètres, le Trophée des Trois Sorciers scintillait dans l'obscurité. Il en avait enfin fini. Dommage pour les autres, mais il semblerait qu'il allait gagner. Harry se mit à courir lorsqu'une silhouette surgit soudain d'un chemin adjacent.

Cedric.

Le plus jeune s'arrêta pour laisser l'honneur au garçon de Poufsouffle de passer devant. Il s'appuya à la haie, attendant que le garçon prenne la coupe. Le geste surprit le plus vieux qui se tourna vers Harry pour lui demander ce qu'il lui prenait.

Contre toute attente, il se retrouva projeté à terre par le petit brun.

Harry avait vu à sa gauche quelque chose d'immense qui dépassait au-dessus de la haie et avançait à toute allure le long d'un chemin perpendiculaire. La chose se déplaçait si vite que Cedric allait se faire percuter. Sachant que parfois, hurler ne fait que perdre du temps, le garçon avait sauté sur son compatriote pour le plaquer au sol, faisant que l'énorme acromantule leur passa au-dessus.

Dans la précipitation, Cedric trébucha. Sa baguette magique lui échappa des mains tandis que l'araignée faisait volte-face pour revenir à l'assaut.

- Merci tonton, siffla Harry entre ses dents en se rappelant que c'était une des créatures qu'ils avaient vue tout récemment en cours.

Le bras du D. jaillit, lançant un sort qui rebondit sur le sol et percuta le ventre velu de l'animal qui s'effondra sur le côté, écrasant une haie proche, dans un enchevêtrement de pattes velues qui s'étendirent en travers du chemin.

- Merci Portgas, haleta Cedric en se relevant.

- De rien… le professeur Newgate nous les a fait voir il y a deux semaines, sourit aigrement le D.

- D'abord les dragons, puis l'araignée…

- Uruse na. Va plutôt prendre le trophée. Regarde, t'as deux mètres à faire.

Mais Cedric ne bougea pas. Il resta immobile à regarder Harry qui rangeait son couteau à sa ceinture et mettait sa chemise par-dessus pour cacher la lame. Le jeune homme tout juste adulte tourna ensuite la tête et contempla le trophée. À la lueur des reflets d'or qui brillaient sur le Trophée des Trois Sorciers, Harry voyait l'expression de désir sur son visage. À nouveau, Cedric tourna les yeux vers lui.

Il prit une profonde inspiration.

- Prends-le, toi, dit-il. C'est toi qui dois gagner. Tu as sauvé ma peau deux fois dans ce tournoi.

- Sois pas con ! lui reprocha le plus jeune. Va le prendre, tu le veux et ta maison le mérite. Celui qui atteint le trophée avant les autres remporte la victoire. C'est toi. Je te garantis que je n'ai pas l'intention de lever le petit doigt pour le prendre.

L'attrapeur fit quelques pas vers l'araignée, s'éloignant du trophée.

- Non, dit-il en hochant la tête.

- Cesse de faire le chevalier noble et généreux, répliqua Harry d'un ton irrité. Prends ce trophée, qu'on puisse enfin sortir d'ici. J'en ai marre de tout ça, je veux retrouver ma mère.

Le Poufsouffle regarda Harry qui se tenait contre la haie avec les bras croisés, la respiration haletante et un air butté sur le visage.

- C'est toi qui m'as prévenu, pour les dragons, dit-il. J'aurais été éliminé dès la première tâche si tu ne m'avais rien dit.

- Moi aussi, j'ai été aidé, répondit sèchement Harry en songeant à la lettre de Bill. Et tu as voulu m'aider pour les sirènes, on est quitte.

- Pour l'œuf, moi aussi, on m'a aidé, dit le plus vieux.

- On est quittes quand même, assura le plus jeune.

- Tu aurais mérité plus de points pour la deuxième tâche, reprit Cedric avec obstination. Tu es resté sur place pour libérer tous les prisonniers. J'aurais dû faire la même chose.

- Non, j'ai insisté pour ramener la fillette parce que Neville m'avait dit que Fleur était hors course, et que je ne suis pas un connard au point de laisser une gamine comme ça derrière. Alors, fais pas chier et prends ce trophée. J'ai pas voulu participer et je veux pas gagner. Toi, t'as fait le nécessaire pour en arriver là !

- Non, répondit Cedric. Je refuse.

Il enjamba les pattes de l'araignée pour rejoindre Harry qui le regarda s'avancer vers lui avec des yeux ronds. Le jeune homme parlait sérieusement. Il s'éloignait volontairement de la gloire que Poufsouffle n'avait jamais réussi à obtenir depuis des siècles.

- Vas-y, dit le plus vieux.

Visiblement, ce geste lui coûtait jusqu'aux ultimes forces de sa volonté, mais son visage était ferme, décidé. Les bras croisés, il paraissait inébranlable.

Harry regarda alternativement le Poufsouffle et le trophée. Il se pinça le nez pour ne pas perdre son calme. Il en avait marre, il voulait juste sortir d'ici, mais devant lui le visage sombre et obstiné de Cedric prolongeait les choses.

- T'as pas choisi le meilleur moment pour montrer pourquoi Poufsouffle est la meilleure des maisons de Poudlard, lui pointa Harry.

- Et si on le faisait tous les deux ? Ta mère sera contente, tu t'en sors vivant et tu fais un bon pied de nez à celui ou celle qui t'a impliqué dans cette affaire.

Harry regarda le trophée, se mordant un pouce, quelque chose lui disait qu'il ne devait pas s'en approcher. Mais Cedric ne lui laissa pas le choix. Il lui attrapa fermement le bras et le tira derrière lui jusqu'à la coupe du tournoi.

- On prend le trophée tous les deux en même temps. Ça restera une victoire de Poudlard. On sera ex aequo, lui expliqua Diggory.

- J'suis pas emballé par l'idée.

- Allez, arrête ton chichi.

Il crocheta la main du plus jeune à la hanse…

À cet instant, Harry ressentit une secousse quelque part au niveau du nombril. Ses pieds avaient quitté le sol et il n'arrivait plus à lâcher le Trophée des Trois Sorciers qui l'entraîna comme une tornade dans un tourbillon de couleurs, Cedric lui tenant toujours le poignet.

.


.

Harry sentit ses pieds atterrir lourdement sur le sol. Il écarta les jambes pour ne pas perdre l'équilibre alors que sa main pouvait enfin lâcher le Trophée des Trois Sorciers.

- Où sommes-nous ? demanda-t-il en redressant la tête.

L'expression de Cedric montrait qu'il n'en savait pas plus que lui. Il se releva alors que Harry regardait autour de lui, les sens aux aguets, son couteau dans une main et sa baguette dans l'autre.

Ils n'étaient plus du tout dans le parc de Poudlard. De toute évidence, ils avaient parcouru des kilomètres, peut-être même des centaines de kilomètres, car les montagnes qui entouraient le château avaient disparu. Ils se trouvaient à présent dans un cimetière obscur, envahi par la végétation. À leur droite, derrière un grand if, se dessinaient les contours d'une petite église. À leur gauche s'élevait une colline et le D. distingua la silhouette d'une belle maison ancienne qui se dressait à son sommet.

Le plus vieux regarda la Coupe des Trois Sorciers, puis leva les yeux vers son camarade.

- Est-ce que quelqu'un t'avait dit que le trophée était un Portoloin ? demanda-t-il.

- Non. Sinon, je serais pas autant sur les nerfs.

Il contemplait le cimetière dans lequel régnait un silence total, très inquiétant.

- Est-ce que ça fait partie de la tâche ?

- Je ne pense pas, marmonna le jeune Portgas.

Cédric brandit sa baguette magique comme Harry, scrutant l'obscurité.

- Le Portoloin peut pas nous ramener au château ?

- Il faut attendre dix minutes avant qu'il puisse faire machine arrière, lui expliqua Diggory.

Le plus jeune se força à respirer calmement.

- « Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi. » marmonna-t-il.

- Qu'est-ce que tu racontes ? demanda Cedric.

- La litanie de la peur de Dune. Un livre de science-fiction mol…du…

Son Haki venait de l'avertir. Des choses se rapprochaient. Il y avait un humain… un animal, peut-être…et quelque chose…

Ce fut trop pour le garçon.

La sensation que lui renvoyait le Haki était immonde. Il eut un haut le cœur et déversa sur le sol du cimetière le peu qu'il avait mangé au dîner et son repas de midi.

Scrutant l'obscurité, ils distinguèrent la silhouette d'un homme qui s'approchait d'eux en marchant parmi les tombes d'un pas assuré. Harry n'arrivait pas à apercevoir son visage, mais, à en juger par sa démarche et la manière dont il tenait les bras, il portait visiblement quelque chose devant lui. De petite taille, il était vêtu d'une cape avec un capuchon rabattu sur la tête pour cacher son visage. Lorsqu'il se fut approché davantage, le jeune eut l'impression que c'était un bébé qu'il portait dans les bras... Ou peut-être s'agissait-il d'une simple robe de sorcier roulée en boule ?

Un nouveau renvoie le prit à la gorge alors que Cedric, perplexe, essayait de voir ce qui n'allait pas, se déconcentrant de la surveillance des silhouettes.

L'homme s'arrêta à côté d'une haute pierre tombale en marbre qui n'était qu'à deux mètres d'eux. La silhouette encapuchonnée les regardait, alors que le D. en était en rendre de la bile. C'était une horreur ce que lui transmettait son Haki. Monstrueux. Un affront à la nature, à la vie et à la magie.

Très loin au-dessus de lui, il entendit une voix aiguë et glaciale.

- Tue l'autre, dit la voix.

Il y eut comme un souffle de vent et une deuxième voix perçante lança dans la nuit ces mots terribles :

- Avada Kedavra !

Harry repoussa Cédric en espérant le sauver, mais le sortilège toucha la main du garçon. Les deux étudiants finirent à terre. Mais le plus vieux était déjà mort avant de toucher le sol, son expression figée dans un masque de peur et de surprise.

Pendant une seconde qui parut une éternité, Harry regarda son visage, ses yeux gris, grands ouverts, dénués d'expression, comme les fenêtres d'une maison abandonnée, ses lèvres entrouvertes qui exprimaient la surprise. Puis, avant que son esprit ait eu le temps de lui rappeler la situation et que la colère et l'instinct de survie ne prennent le dessus, une main le saisit et l'obligea à se relever.

Le petit homme encapuchonné avait posé son fardeau. Sa baguette magique allumée, il traîna l'adolescent vers la pierre tombale avec moults difficultés, parce que le D. n'avait pas l'intention de se laisser faire. Mais quand il réussit à se libérer, la magie le ramena en arrière avec violence pour le plaquer contre la surface de marbre d'une tombe. Il eut tout juste le temps de voir un nom trembloter dans le faisceau lumineux de la baguette magique :

TOM JEDUSOR

- Little Hangleton, comprit le garçon.

L'homme à la cape fit apparaître des cordes qui s'enroulèrent autour de Harry en l'attachant des pieds à la tête à la pierre tombale. Sous le capuchon, Harry entendait une respiration brève, haletante. Il se débattit et l'homme le frappa d'une main. Une main à laquelle il manquait un doigt. Harry sut alors qui se cachait sous le capuchon. C'était Queudver.

- Uragiri ! cracha le mafieux avec colère. J'aurai dû laisser Remus et Sirius te tuer sale connard ! Ça fait quel effet, hein, de tuer des gosses encore sur le banc de l'école !?

Queudver, qui avait fini d'attacher le prisonnier, ne répondit pas. Il était occupé à vérifier la solidité des liens, ses doigts saisis de tremblements incontrôlables tripotant maladroitement les nœuds. Lorsqu'il fut certain que l'enfant ne pouvait plus faire le moindre mouvement, le rat tira de sa cape un morceau d'étoffe noire qu'il lui fourra dans la bouche en guise de bâillon, coupant court au flot d'insultes et de menaces. Puis, sans un mot, il s'éloigna. Harry n'entendit plus rien. Il ne savait pas où le traître était allé et n'arrivait même pas à tourner la tête pour regarder derrière la pierre tombale. Il ne pouvait voir que droit devant lui.

Le corps de Cedric était étendu à cinq ou six mètres de lui. Un peu plus loin, le Trophée des Trois Sorciers scintillait à la lueur des étoiles. La baguette magique de Harry était par terre, à ses pieds, là où Pettigrew l'avait jetée, et son couteau encore un peu plus loin, à peine visible dans l'herbe. A l'intérieur du tas de tissus, quelque chose semblait s'agiter et le D. sentit une nouvelle vague de nausée lui remonter la gorge. Quand on lui avait vendu le Haki, on ne lui avait pas dit qu'il pouvait se sentir aussi mal à cause de ça.

Il savait surtout que quoiqu'il se cache dedans, cela ne devrait pas exister. C'était un affront, une transgression à l'ordre des choses. Son Haki lui signala que la présence animale était en approche. Animal, mais avec quelque chose de semblable à l'abomination sous la robe, mais atténué. Comme un simple morceau rattaché à un hôte, comme un parasite. Harry baissa les yeux et vit un gigantesque serpent qui ondulait dans l'herbe, autour de la pierre tombale à laquelle il était attaché. Il entendit la respiration sifflante et saccadée de Queudver s'approcher à nouveau. On aurait dit qu'il traînait derrière lui quelque chose de très lourd. Il revint alors dans le champ de vision du prisonnier qui le vit pousser un chaudron de pierre contre la tombe.

Ce truc était juste énorme. C'était un gigantesque récipient de pierre, arrondi comme un ventre, dans lequel un homme adulte aurait eu la place de s'asseoir. Apparemment, il était rempli d'un liquide qui clapotait durant le déplacement.

La chose enveloppée par la robe roulée en boule s'agitait avec de plus en plus d'insistance, comme si elle essayait de se libérer. A présent, Queudver, une baguette magique à la main, s'affairait autour du chaudron. Profitant de la distraction, Harry se décida qu'il était temps de se barrer. Il ferma les yeux pour se recentrer, vider son esprit pour se réfugier derrière ses barrières d'occlumancie. Il ignora le crépitement des flammes qui venaient de s'allumer sous l'énorme récipient et le grand serpent s'éloigna en ondulant dans l'obscurité.

Au contraire, cela lui assurait qu'on ne ferait pas attention à lui !

L'apprenti sorcier agita doucement les doigts de sa main la plus éloignée de Peter, comme s'il invitait quelque chose à venir, et doucement, lentement, son couteau glissa dans l'herbe en silence. Il prenait peut-être son temps, mais au moins, c'était discret.

Le liquide qui remplissait le chaudron semblait chauffer très vite. Il se mit à bouillonner en projetant des étincelles enflammées comme s'il avait pris feu. Il s'en échappait une épaisse vapeur, estompant la silhouette de Queudver qui entretenait les flammes.

En réponse, Harry fit prendre un peu de vitesse à son couteau.

Le ballot d'étoffe parut s'agiter de plus en plus. Tendu, Harry laissa le couteau en paix, ne désirant pas se faire chopper. La voix aiguë et glacée s'éleva de nouveau :

- Dépêche-toi.

A présent, toute la surface du liquide projetait des étincelles, comme si elle était incrustée de diamants.

- C'est prêt, Maître.

- Maintenant... dit la voix glacée.

Queudver déplia alors la robe, révélant son contenu.

« Sale gueule, » songea le D. en essayant de rester calme.

Il comprenait pourquoi son Haki avait allumé la loupiote hérésie dans son crâne.

C'était comme si l'homme avait soudain renversé une pierre sous laquelle se cachait une chose repoussante, visqueuse, aveugle. Et pourtant, c'était être gentil dans la description. Parce que ce qu'il avait sous les yeux, c'était juste horrible. Pire qu'un interrogatoire violent et musclé par sa mère. Pire que son premier meurtre.

Cent fois pire.

La chose avait la forme d'un enfant accroupi et pourtant, rien n'aurait pu paraître plus éloigné d'un gosse. C'était un être entièrement chauve, recouvert d'écailles grossières, d'un noir rougeâtre. Il avait des bras et des jambes frêles, graciles, et un visage plat, semblable à une tête de serpent, avec des yeux rouges et flamboyants. Jamais un enfant n'aurait pu avoir un tel visage et être humain. A moins de sortir des entrailles de Tchernobyl.

La créature semblait tout juste capable de faire quelques gestes. Elle leva ses bras minces et les passa autour du cou de Queudver qui la souleva. Dans le mouvement, son capuchon glissa en arrière et Harry vit à la lueur des flammes le visage blafard et souffreteux du traître exprimer sa révulsion tandis qu'il transportait la chose auprès du chaudron.

Ce gars était tellement lâche qu'il préférait tuer un jeune comme Cedric et se mettre au service d'une chose aussi répugnante.

Pendant un instant, la tête aplatie, maléfique, fut éclairée par les étincelles qui dansaient à la surface du liquide. Peter déposa alors la créature dans le chaudron. Il y eut un sifflement et elle disparut sous la surface. Harry entendit son corps frêle heurter avec un bruit sourd le fond du récipient de pierre.

« Que cette chose se noie, pensa Harry en se reconcentrant sur son couteau. Qu'elle se noie...»

Queudver parlait.

Sa voix tremblait et il semblait fou de terreur. Il leva sa baguette magique, ferma les yeux, puis prononça ces paroles dans la nuit noire :

- Que les ossements du père, donnés en toute ignorance, fassent renaître son fils !

Aux pieds de Harry, la tombe grinça. Stupéfait, il vit une fine volute de poussière s'élever dans les airs puis, obéissant au sorcier, tombèrent doucement dans le chaudron. La surface, brillante comme le diamant, s'agita et un long sifflement s'en échappa. Des étincelles jaillirent en tous sens et le liquide prit une couleur bleu vif qui ressemblait à un poison.

Poussant un faible gémissement, l'homme sortit de sous sa cape un long poignard à la fine lame argentée. Des sanglots brisèrent sa voix tandis qu'il prononçait ces paroles :

- Que la chair… du serviteur… donnée vo-volontairement… fasse… revivre… son maître.

Harry était trop concentré pour faire parvenir à lui son couteau pour calculer ce que faisait l'homme qui tendit sa main droite devant lui, celle avec le doigt manquant. Peter serra étroitement le poignard dans sa main gauche et l'éleva au-dessus de lui.

Le hurlement qui déchira la nuit et brisa un instant la concentration du garçon alors que son couteau n'était qu'à deux pas. Il vit la main coupée tomber sur le sol sous les halètements angoissés de Queudver. Celui-ci la ramassa en dépit de ses larmes de peur et de douleur pour la laisser tomber dans le chaudron. Il accentua son effort pour reprendre son couteau, encore bien trop loin de lui, quand Peter vint se planter devant lui.

- Que le s-sang de l'ennemi... pris par la force... ressuscite celui qui le combat.

Harry ne put rien faire. Il était trop solidement attaché. Se débattant inutilement contre ses liens, usant de toute sa magie dans l'espoir de se défaire, il vit le poignard étincelant trembler dans la main désormais unique de l'animagus. Puis il sentit la pointe de la lame pénétrer le creux de son bras droit et le sang couler lentement dans la manche de sa chemise déchirée et sur le cuir de son holster. Queudver, haletant sous la douleur, fouilla maladroitement dans sa poche et en tira un flacon dont il appuya le goulot contre la coupure de Harry pour recueillir le sang qui gouttait.

D'un pas chancelant, il retourna ensuite auprès du chaudron et y versa le sang. Le liquide devint aussitôt d'un blanc aveuglant. Sa besogne achevée, Peter tomba à genoux devant le chaudron, puis s'affaissa sur le flanc et resta étendu sur le sol, agité de spasmes et de sanglots, serrant contre lui le moignon sanglant de son bras mutilé.

D'une dernière poussée, pendant que le chaudron bouillonnait, Harry parvint à refermer sa main gauche sur son arme.

« Merci maman de m'avoir appris à être ambidextre, » songea le garçon.

Alors qu'il redressait la lame entre ses doigts pour couper les liens de son bras, le chaudron projetait de tous côtés des étincelles semblables à des diamants si brillants que tout le reste paraissait par contraste d'un noir profond.

Pendant un long moment, rien ne se produisit, outre une première corde qui termina de lâcher sous la lame aiguisée du couteau.

Il ne pouvait pas espérer que le rituel échoue. Son Haki lui renvoyait toujours ce sentiment immonde, bien qu'il s'y soit désormais habitué.

Les étincelles qui jaillissaient du chaudron finirent par disparaître. Un panache de vapeur s'éleva alors à la surface du liquide en formant un écran de fumée si épais que Harry ne pouvait plus rien voir d'autre, ni Queudver, ni Cedric, ni quoi que ce soit...

Bientôt, une vague de terreur le prit à la gorge, suivi par une haine insoutenable : à travers le nuage de vapeur, il venait d'apercevoir la silhouette sombre d'un homme grand et squelettique qui s'élevait lentement du chaudron.

- Habille-moi, dit la voix aiguë et glacée au milieu du panache de vapeur.

Frénétiquement, Harry continua à s'attaquer à ses cordes, profitant du mou qu'il avait désormais pour se libérer les jambes.

Secoué de sanglots, Queudver, tenant toujours contre lui son bras mutilé, ramassa la robe noire étalée par terre. Il se releva et, de sa main unique, passa la robe sur la tête de son maître.

L'homme squelettique sortit alors du chaudron et Harry se redressa, les cordes encore sur lui pour cacher son état, la lame de son couteau masquée par son poignet.

L'individu regarda Harry... et Harry regarda en face le visage qui avait hanté ses cauchemars quand il était enfant.

Plus livide qu'une tête de mort, les yeux écarlates et grands ouverts, le nez plat, avec deux fentes en guise de narines, à la manière des serpents...

Lord Voldemort venait de renaître devant lui.

Avec toujours une sale gueule.