Bonjour à tous, on se retrouve aujourd'hui avec le pov d'Adara dans sa mission de tout faire sauter ! Honnêtement, pour une avocate, elle est sacrément badass, faut le dire.
Je n'ai, pour l'occasion, pas grand chose à dire, donc, je vous dis au mois prochain pour la suite. Il y aura toujours plus de drama et de révélation dans cette histoire, et parole de scout, vous aurez bientôt une explication sur le nom assez étonnant de cette histoire. Sur ce, bonne lecture !
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C'était une étrange sensation. Une sensation qu'Adara n'avait pas ressentie depuis ses années collèges et lycées quand elle devait se battre contre des racistes avec qui elle partageait les cours. Une sensation qu'elle avait eue lorsqu'elle avait hacké dans le terminal de son principal afin de comprendre pourquoi aucune de ses plaintes n'étaient prises au sérieux.
C'était un mélange de peur et d'excitation. L'adrénaline, lui avait dit son père la dernière fois qu'elle l'avait vu au parloir.
C'était ce qui la faisait sourire comme une forcenée quand elle sauta du toit avec l'armure automatisée, avec le minigun entre les mains recouvertes de gants robotisés. L'arme était encore chargée. Elle ne pourrait pas l'utiliser éternellement, vu ce que le compteur de munitions lui faisait comprendre en diminuant si vite, mais pour l'instant, en visant bien et en limitant son usage, elle offrait une douche spectaculaire aux pillards.
- BANZAIIII !
Elle leva la tête pour voir le saut spectaculaire qu'Ace fit du toit du musée pour rejoindre celui d'une boutique de l'autre côté de la rue, tombant comme une masse de brique sur un homme qui était perché là-haut. Même si elle ne pouvait que saluer le saut, elle ne s'en occupa pas plus, elle devait se concentrer sur ses assaillants. Il y avait pas mal d'informations qui étaient diffusées dans le casque de l'armure et certaines parlaient de l'état lamentable de celle-ci. Le bras gauche et la jambe droite étaient endommagés. Même si ça lui permettait de prendre pas mal de coups, ça ne la protégerait pas éternellement.
A pas lourd et mécanique, comme luttant contre la gravité, Adara avança dans la rue abîmée, répondant aux tirs sur elle par une brève douche de son minigun. Toujours plus en venaient depuis le nord.
- ADARA ! RENTRE DANS UNE BOUTIQUE ! MAINTENANT ! hurla Ace alors que l'avocate avait presque rejoint le croisement.
Elle ne comprit pas immédiatement.
En fait, l'explication, elle se fit visuelle et de la pire des façons qui soit : le béton se souleva. C'était grotesque. Le ciment de la route était fracturé et se soulevait comme si dessous, un poussin géant cherchait à éclore. Alors oui, elle prit refuge dans l'une des boutiques, espérant y trouver un accès vers le toit.
Elle était à peine sur le seuil de l'une d'elles que la route céda enfin.
Une main en jaillit. Une main immense, écailleuse, dotée de griffes de la taille d'une main humaine. Une main qui se saisit du rebord de la route. Une seconde la rejoignit et ensemble, elles hissèrent un monstre à la surface. Cette créature effroyable aurait pu parfaitement passer pour un dinosaure. En fait, si elle n'avait pas eu des bras aussi longs et des pouces opposables, Adara aurait été tenté de se demander si ce n'était pas une nouvelle espèce de t-rex. L'abomination avec une crête osseuse courant de la queue à la nuque ; une tête reptilienne avec des crocs démesurés et des cornes se recourbant vers l'avant.
- UN ECORCHEUR ! FUYEZ ! hurla un pillard.
Il n'eut pas le temps d'aller plus loin parce que la créature, ou Ecorcheur, se jeta sur lui et le goba facilement. C'était rapide, avec des mouvements sinueux et agiles. En un instant, il sautait d'une proie à l'autre, poussant des rugissements cauchemardesques et balayant tout sur son passage avec ses mains griffues.
Dans un geste très suicidaire, Ace sauta de son perchoir, une lance de flammes dans chaque main qu'il envoya se planter dans le dos de la créature. Dans un mugissement digne des enfers, celle-ci se retourna, manquant de peu de balayer Canigou de sa queue. Aucune idée de quand est-ce que le chien les avait rejoints, mais il était là.
L'écorcheur passa devant la boutique aux vitres cassées (où Adara avait trouvé refuge) clairement en colère contre Ace pour l'avoir partiellement brûlé, au moins. L'avocate en profita pour lui tirer dessus. La bestiole assez haute pour arriver au moins jusqu'à la moitié du second étage, poussa un nouvel hurlement et fonça sur la façade. Avec son poids et l'impact, celle-ci trembla, mais ses bras passaient tout juste par les ouvertures tellement il était grand. C'était comme un géant cherchant à entrer dans une maison de poupée. La femme recula juste un peu pour rester hors de sa portée, posa un genou à terre pour avoir un meilleur angle et continua à tirer, forçant la créature à reculer… et la chose tomba à la renverse quand une immense boule de feu la percuta, la renversant sur une voiture à proximité.
Ce genre d'armure n'était pas ce qu'il y avait de plus rapide, mais Adara eut juste assez de temps pour se réfugier derrière le comptoir encore debout quand tout explosa.
Quand elle avait dit à Ace les dangers des explosions, il semblerait qu'il ne l'ait écoutée qu'à moitié. Elle voyait les flammes passer au-dessus de son refuge, léchant le mur, sous le hurlement de rage et de douleur de la créature. Puis, comme attirées par un aspirateur, elles régressèrent, permettant à Adara de se redresser pour voir que son camarade préparait une nouvelle boule de feu avec les flammes qu'il avait récupéré, s'apprêtant clairement à faire un second service.
Avant que le noiraud ne décide de faire sauter toute la rue, la blanchette reprit la douche sur l'écorcheur, espérant le tuer avant.
Dung dung dung duuuuuuung…
Du piano ?
Ici ?
Et surtout maintenant ?
Qui avait lancé une holobande avec de la musique digne d'un film noir ? Adara n'en avait pas la moindre idée.
Encore moins comprit-elle d'où sortit l'homme en trench-coat qui se matérialisa venant de nulle part sur l'écorcheur, une épée dans une main, un magnum dans l'autre. Sous son chapeau de feutre, on avait un catogan aubrun à moitié défait cachant partiellement le visage, ne laissant visible qu'une joue basanée avec une horrible cicatrice formant un arc de cercle sur le côté du visage, pas très loin d'un œil ambré étrangement éteint.
PAN !
Le coup de feu fit littéralement exploser la tête de la bestiole. C'était impossible. Certes, le minigun d'Adara prenait du cinq millimètres en munition par rapport au quarante-quatre du magnum, mais elle avait douché la bête avec son arme et c'était sans compter sur l'explosion et les flammes d'Ace.
Et là, il avait juste fallu que ce type débarque et tire dans la tête…
- Thatch ?
Le mystérieux étranger commença à se tourner vers Ace quand celui-ci parla, mais avant qu'il ne puisse finir son mouvement, il n'était déjà plus là, disparaissant dans quelques notes de pianos assez déroutantes.
Et ils étaient là, comme deux cons, devant le cadavre de la bestiole, encore fumante de l'explosion.
Ace fixait le vide, comme s'il venait de voir un fantôme.
Finalement, la blanchette soupira et retira le casque de l'armure. Il faisait très chaud dans ce truc, elle se sentait en sueur.
- Portgas ?
Le noiraud sursauta et la regarda. Sans un mot, il lui prit le casque des mains. Il jeta un dernier regard à l'endroit où l'étrange apparition avait eu lieu, puis tourna les talons pour rejoindre l'intérieur du musée.
Canigou le regarda partir avec un gémissement triste.
- Allez, on y va, l'encouragea Adara.
Et avec un pas lourd et bruyant, elle prit la suite d'Ace. Elle se demanda comment il allait faire pour ouvrir la porte qu'il avait lui-même barré de l'intérieur. Sa réponse fut inattendue, et pourtant, tellement prévisible. Le noiraud arracha tout simplement la porte, puis les barres, comme s'il arrachait une affiche d'un mur.
Preston et son groupe de civils étaient redescendus dans le hall à cet instant et furent estomaqués devant la démonstration de force. Sauf Mama Murphy qui était assise sur un banc à côté et apparemment trop épuisée pour s'étonner de quoique ce soit.
- C'était… très impressionnant, fini par leur dire Preston quand ils le rejoignirent. Je suis assez heureux que vous soyez de notre côté.
- Ça ira pour vous, maintenant ? demanda Ace avec les mains sur les hanches.
- Ouais. Pour un moment, en tout cas. On peut au moins se déplacer vers un coin plus sûr… Ecoutez… Quand nous nous sommes rencontrés, vous nous avez dit avoir été heureux d'aider. Vous l'avez fait et nous vous devons la vie. Donc… c'est pas grand-chose, mais c'est le mieux que je puisse faire pour vous remercier.
Il fouilla ses poches et en tira une poignée de balles jaunes et noirs que la femme reconnut comme des cellules à fusion. Parfait, elle aurait des munitions pour son arme nouvellement acquise.
Mais ce n'était pas fini. Il remit sa main dans sa poche et en tira… des capsules de Nuka Cola.
- Preston, ils viennent de sortir d'un abri, ils ne sont pas familiers avec les trucs les plus communs du Commonwealth, se moqua gentiment Sturges.
Il se tourna vers le duo perplexe pour leur expliquer :
- C'est la monnaie utilisée aujourd'hui pour les échanges commerciaux. Les capsules de Sunset Sarsaparilla valent dix capsules de Nuka Cola. Après, le troc reste possible.
- Oh, comprit Preston.
Adara regarda Ace qui lui rendit le même. Ils étaient sur la même longueur d'onde.
- Vous nous avez donné des munitions, c'est largement suffisant. Vous aurez certainement besoin de ces… capsules, plus que nous.
Et pile à cet instant, une radio à l'étage se manifesta.
- J'espère que Miles ne nous annonce pas une nouvelle tempête radioactive, soupira Preston en levant la tête vers le plafond.
- Alors… voici… euh… quelques informations… Enfin, c'est plus une rumeur… Eh bien, quelqu'un… je sais pas trop qui, mais je suppose… enfin… je pense pas que ce soit très important… enfin, quelqu'un… eh bien… Je suppose qu'ils ont cru voir deux personnes en… combinaison Vault-Tec… je veux dire, sortant de l'abri 111.
Tout le monde était silencieux, le nez vers le plafond, écoutant la voix de la radio qui se répercutait dans la ruine muette qu'était le musée.
- C'est… c'est le fait qu'on parle de l'abri 111 qui est bizarre, je suppose, hein ? Je veux dire… c'est pas si rare que ça, les combinaisons Vault-Tec… C'est juste que… Enfin, je pense que vous avez compris l'idée… Je… je pense que je vais remettre la musique…
Et la musique se remit en marche.
- Il semblerait que l'information ait déjà atteint Diamond City, nota Mama Murphy avec amusement.
- Ce qui explique le sentiment que quelqu'un nous épiait quand on est sorti de l'abri, nota Ace en appuyant son menton sur son poing.
Adara le regarda avec perplexité.
- Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ? On aurait pu chercher.
- Parce que d'une, vu mon passif, la paranoïa n'était pas à exclure et deux, je dois te rappeler qu'il a fallu te secouer pour te sortir de ta torpeur en voyant l'état du monde de dehors ?
La blanchette eut un rictus. Son camarade avait un point.
- Vous savez où est la Bibliothèque Publique de Boston ? demanda Sturges au duo.
Ace regarda Adara qui hocha la tête.
- Il y a une femme là-bas. Les radiations ne lui ont pas fait de cadeau, mais c'est la nana la plus cultivée qui existe à l'heure actuelle. On l'appelle le Professeur. Allez la voir, elle vous aidera à vous remettre à jour. Apportez-lui juste des livres et de l'engrais en paiement.
- Des livres, je peux comprendre, c'est logique, mais de l'engrais ? interrogea Adara.
- Elle est avec une synthétique. Pourquoi elle a choisi une compagnie aussi suspecte reste à comprendre, mais la synth a réussi à faire pousser des mandarines non-radioactives dans la bibliothèque. D'où la nécessité d'apporter de l'engrais, expliqua Preston.
Synthétique ? Qu'est-ce que c'était donc un synthétique ?
- Merci pour le tuyau. Qu'est-ce que vous allez faire, à présent ? se renseigna Ace.
- Il y a longtemps, Mama Murphy a eu une vision d'un endroit appelé Sanctuary. Un vieux voisinage… que l'on pourrait ramener d'entre les morts. Pourquoi vous ne nous accompagneriez pas ? On pourrait avoir besoin de votre aide.
- Ils le pourraient, mais ils ne le feront pas, intervint lentement Mama Murphy. Ils se doivent de rester fort, comme ils l'ont toujours été. Parce que leur destinée est plus importante qu'il n'y paraît. Et je comprends leur douleur.
- Epargnez-moi vos conneries sur le Destin, s'agaça Adara.
Elle ne s'attendait certainement pas à se faire rabrouer par Preston.
- Je viens de vous voir affronter tous les deux un lézard irradié de plus de six mètres… et vous me dîtes que vous pouvez pas avoir un esprit un poil plus ouvert !
L'avocate adressa un regard trahi à Ace quand il se mit à rire.
- Tout va bien, Preston, assura la vieille dame avec patience. Peu de personnes peuvent comprendre mon don de Vision. Et je n'ai pas besoin que la demoiselle me croie. Juste qu'elle m'écoute.
- Dîtes-moi, baa-san… commença le D. en s'accroupissant à côté d'elle pendant que Canigou gémissait sur les genoux de la vieille. Est-ce que tu sais qui nous a aidé dehors ?
- Bien évidemment… le quatrième… le dernier de sa caste… le sourire et le rire de son père… Ton camarade est bloqué entre les âges et les couches du temps.
- …j'ai pas tout compris, mais j'ai la confirmation que je cherchais et qu'il est dans de beaux draps… pour pas changer.
Avant qu'il ne se relève, la femme se saisit de son bras. Elle tendit une main vers Adara qui hésita, avant de poser le gantelet de métal dans la paume frêle de la grand-mère.
- Vous êtes des personnages hors du temps. Et sans espoir, comme bon nombre de témoins du monde d'avant. Mais tout n'est pas perdu. Ma chère… je peux sentir son énergie. L'énergie de votre fils, mon enfant… il est en vie.
- Où est mon fils ?! Où est Shaun !? demanda immédiatement l'avocate.
Shaun était tout ce qu'il lui restait, elle prendrait tout ce qu'elle pouvait pour le trouver, même les délires d'une voyante. Elle n'avait rien à perdre.
- J'aimerai tellement le savoir, mon enfant. Je ne le vois pas, je ne fais que le sentir… Je sais qu'il est là, dehors. Normalement, et tout le monde serait d'accord avec moi… la recherche aurait dû commencer à Diamond City, la plus grosse colonie des environs… mais pour cette situation, il y a mieux à faire. Quelqu'un à voir. Il faut que vous alliez à Malden, sur les ruines de l'abri 75.
- Elle a perdu les pédales, c'est certain, c'est le nid du Griffon, cracha la seule femme du groupe de civils.
Adara nota que la vieille resserra sa prise sur le bras d'Ace.
- Tu auras besoin des fers qui ont gardé tes flammes en cage. Je ne peux pas dire plus… je suis épuisée… apportez-moi du Jet, plus tard et je pourrai vous en dire plus.
- Non ! intervint Preston.
Adara recula pour laisser l'homme se planter devant la grand-mère.
- Mama Murphy, on a déjà eu une discussion à ce sujet. Cette saleté… cette drogue, elle va finir par vous tuer.
- Oh, tais-toi, Preston. On meurt tous un jour ou l'autre, sauf si on a été béni par le fruit des rêves de l'ancien monde et le divin Atome.
L'avocate était perdue devant cette argumentation. C'était une conversation d'alien.
- Disons que si on vous parle d'Atome et son culte, il vaut mieux que vous fassiez vite demi-tour si vous ne voulez pas finir en goule, résuma Sturges devant leur air perdu.
- D'accord… ?
Un culte de l'Atome ? Qu'est-ce que c'était encore que ces conneries ?
- Nous avons besoin de la Vision. Et nos nouveaux amis ici aussi en auront besoin. Maintenant, mettons-nous en route, Sanctuary nous attend.
- Si j'en crois la baa-san, j'ai besoin de quelque chose de l'Abri 111, informa Ace à l'attention d'Adara. Sans compter qu'il commence à se faire tard, je doute que ce soit une bonne idée de voyager de nuit.
- Tout dépend, leur répondit Preston en aidant Mama Murphy à se remettre debout.
- Cela dépend de quoi donc ? se renseigna Adara.
- Les Super Mutant ne sont pas vraiment un souci dans les environs, sauf si on se rapproche de certaines zones, mais ils sont plus présents dans Boston même.
Super Mutant ? Qu'est-ce que c'était encore ces conneries ? Cependant, Preston n'avait pas fini.
- Les pillards, sauf s'ils sont fous, ne s'aventureront pas dehors aux heures les plus sombres de la nuit… parce que c'est l'heure à laquelle il est plus difficile de repérer les goules des corps aux sols. Elles sont extrêmement radioactives, donc, leur affrontement peut être mortel, une sale surprise quand on essaye de survivre au Commonwealth. Ne parlons pas des Radscorpions.
Le duo échangea un regard.
- On va vous accompagner jusqu'à Sanctuary, décida finalement Adara. Ace doit récupérer quelque chose de l'abri et je vais avoir besoin d'un plan de votre part.
- Les Pip-Boys ont une carte intégrée, pourtant, s'étonna Sturges.
- Oui, mais le souci est qu'il est resté enfermé dans l'abri avec nous, donc, qu'il n'est pas à jour. Sans compter que l'avantage d'une carte routière est que ça peut se partager plus facilement, qu'on peut y mettre des notes. Le Pip-Boy est attaché à mon bras. Si on se sépare, mon camarade sera perdu.
- Je suis encore apte à lire des panneaux ! s'indigna Ace.
La blanchette le regarda longuement. Très longuement. En quoi lire des panneaux l'aiderait ? Sauf si les panneaux en question étaient à jour par rapport à ce monde post-apo. Sans compter qu'il ne connaissait pas les environs, donc, ça ne l'aiderait pas à se repérer plus que ça.
Le noiraud leva un doigt.
- Alors, je vois tes arguments, mais je peux t'assurer qu'avec toutes les conneries que j'ai vécues, je peux m'en sortir.
- Tu m'en diras tant. Je vais en profiter pour déposer l'armure. C'est pas ce qu'il y a de plus discret et pratique.
- Permettez ? demanda Ace en se rapprochant de Mama Murphy.
Et il la balaya sur ses pieds en la saisissant comme une princesse dans ses bras, faisant rire la grand-mère.
- On avancera plus vite.
- Tu vas t'épuiser pour rien, lui pointa Preston d'un ton agacé.
Adara soupira en le voyant faire et enfila le casque de l'armure. Retour à Sanctuary Hills, apparemment.
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Une fois à Sanctuary Hills, elle avait laissé l'armure dans le garage encore debout d'un de ses anciens voisins, pour la seule et unique raison que Sturges y avait trouvé un poste mécanique d'avant-guerre qu'il pouvait reconvertir pour l'entretien et l'amélioration de la relique qu'elle utilisait. Il avait appris comment faire cela grâce aux Atom Cats avec qui il était ami. D'ailleurs, il leur demanda de leur transmettre son bon souvenir si jamais ils les rencontraient.
Par la suite, étant donné qu'ils devaient entrer dans l'abri de Vault Tec pour récupérer du matériel, Ace avait proposé qu'on enterre les corps.
Qu'on enterre Nate.
Il avait fallu un long moment pour qu'Adara arrive à formuler une réponse. Mais c'était si frais dans sa mémoire. Si compliqué à accepter. Pour elle, c'était comme si hier encore elle revoyait son compagnon en vie. Certes, leur couple battait de l'aile, surtout avec son soupçon de plus en plus grand sur l'infidélité de son époux… mais ils avaient partagé quelques années de leur vie ensemble. Ils s'étaient mariés, ils avaient eu un merveilleux petit garçon.
Mais tout ça n'était qu'un souvenir d'une vie avant les bombes. Une vie qu'elle ne pourrait pas retrouver, et mettre Nate en terre ou non ne changerait rien aux faits. Si elle voulait retrouver Shaun, elle devait aller de l'avant. C'est pour ça qu'elle accepta l'aide d'Ace et qu'ils mirent sommairement en terre le défunt soldat et le reste des victimes de Vault Tec.
Par la suite, elle resta assise sur la tombe fraîche de son défunt mari, l'esprit vide, le regard planté sur la croix faîte avec les piquets de leur ancienne clôture de jardin. Nate avait été croyant. Pas elle, personnellement, au vu des malheurs du monde et de sa famille, elle ne pouvait concevoir que l'entité en laquelle son compagnon croyait était Bon, et elle ne souhaitait pas lui accorder ainsi sa foi. Mais elle l'avait respecté pour lui. Elle lui avait offert une croix et une prière, jusqu'à repêcher une bible encore intacte de la maison pour lire un passage à la dépouille. Mais ça s'arrêtait là.
Quand Ace vint la voir, elle se sentait vide et sans force.
- On a remonté des lits de l'abri. On devrait pouvoir dormir confortablement. Viens te reposer, une longue journée nous attend demain.
Sans un mot, elle l'avait suivi jusqu'à une zone dégagée où les lits avaient été installés en rond autour d'un feu de camp. Elle s'était allongée et avait fermé les yeux, mais le sommeil eut du mal à venir. Ce n'était pas à cause de la radio que Sturges avait réparée et allumée à proximité. Non, le volume était assez bas pour ne pas empêcher le sommeil, mais assez haut pour que la personne de garde puisse réagir en cas de diffusion d'information dangereuse (comme une nouvelle tempête radioactive par exemple). Elle entendit vaguement une organisation des tours de garde avant de se tourner dans le lit froid et humide en quête de sommeil. Avant de finalement se relever et se désigner d'office pour le premier tour de garde. Quitte à ne pas dormir, autant se rendre utile.
C'est pour cela qu'elle passa une partie de la nuit à marcher dans ce qui avait été son voisinage avec Codsworth. Elle avait été tentée d'allumer le Pip-Boy pour avoir de la lumière mais on l'avait mise en garde contre cela. Cela ne ferait que la rendre plus facile à viser. Elle revoyait les visages souriant de ses voisins. Les pelouses d'un vert rutilant et elle entendait encore le rire des enfants, le vrombissement des moteurs des Corvegas.
C'était à la fois si récent et pourtant si loin.
Elle avait presque envie de se laisser tomber à terre et pleurer. Mais elle ne pouvait se le permettre. Son fils avait besoin d'elle, elle se devait de le sauver. Elle se devait de le protéger. Il était tout ce qu'il lui restait, elle ne le laisserait pas tomber, même si ça voulait dire traverser l'enfer…
Un regard autour disait que c'était peut-être ça qu'elle allait faire, parce que le monde était désormais un enfer sur terre.
Quand Preston vint la relever, elle alla se coucher, mais le sommeil ne vint toujours pas. Elle resta donc là, allongée dans le lit, à regarder le feu de camp qu'Ace entretenait comme si sa vie en dépendait.
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Adara s'assit sur le siège conducteur de l'épave rouillée de la Corvega de Nate et se pencha pour atteindre la boîte à gant côté passager. Elle tira sur la poignée, mais le temps et les intempéries avaient fait leur œuvre.
- Ace ! appela-t-elle avec frustration.
- Koko desu, répondit le noiraud pas très loin.
- J'ai besoin de toi pour décoincer quelque chose.
Elle n'entendit peut-être pas ses pas alors qu'elle s'acharnait sur la boîte à gant, mais elle sentit le changement de température qu'elle commençait à lui associer. Il apparut du côté passager, debout à côté du défunt véhicule.
- Peux-tu débloquer la boîte à gant sans tout faire sauter ?
- Ce manque de foi est consternant, déconna le jeune homme. Je ne fais sauter que ce qui me dérange… généralement ma paperasse.
La blanchette lui adressa un regard tout sauf amusé. Mais elle devait admettre que sa capacité à diffuser les situations nerveuses et déprimantes était une chose pour laquelle elle lui était reconnaissante.
- Comment fais-tu pour relativiser ? Pour garder le sourire ?
Ace s'assit sur le siège passager, les jambes encore dehors, et sortit un couteau cranté qu'il avait dû trouver dans les environs.
- J'avais un petit-frère. Adoptif. J'étais un gamin dépressif, agressif et violent, quand j'étais enfant. Puis, ce petit con est entré dans ma vie… et c'était comme voir le soleil pour la première fois. En grandissant avec lui, j'ai fini par apprendre à relativiser, à sourire même si j'ai mal. Je peux pas rebondir aussi bien que lui, que ce soit littéralement que figurativement, mais… il m'a appris, sans même que je le réalise, ce que c'était d'aimer la vie.
Même si ses mains tremblèrent et que son regard était suspicieusement brillant, il conserva un petit sourire pendant que sa lame rougissait comme si mise dans une forge à haute température. Il glissa la lame dans un petit espace encore accessible de la boîte à gant, et parvint à faire sauter la rouille. Il laissa ensuite sa place quand l'espace de rangement fut désormais ouvert.
- Peux-tu faire de même avec le coffre à l'arrière, je te pris ?
Sans un mot, Ace alla se mettre à la tâche pendant qu'Adara retirait le contenu du rangement. La rouille avait pour le coup préservé le contenu. Elle fouilla les papiers devant, balançant sans un regard les papiers d'identités dedans avec les documents du véhicule et de l'assurance, ne conservant qu'une carte routière.
Un grincement à l'arrière lui dit que son camarade avait ouvert le coffre, la faisant sortir. Nate était revenu d'une bourse aux armes tout récemment, et ça l'arrangeait particulièrement. Elle fouilla le coffre pour trouver un fusil de précision de seconde main, et les munitions allant avec.
- Je suis plus à l'aise avec ça, se justifia-t-elle en mettant les munitions dans ses poches.
S'ils devaient croiser d'autres individus ou formes de vie hostiles sur le chemin, elle préférait les abattre de loin avant qu'ils ne soient une menace. Ce qu'ils avaient vu à Concord leur disait que clairement, ici, il fallait se défendre soi-même pour s'en sortir.
- Preston, puis-je vous embêter un instant ? se renseigna Adara en interpellant l'homme qui faisait des aller et retour pour aider à la construction d'un camp de fortune pour les survivants.
L'homme délaissa sa tâche et vint à leur rencontre, son mousquet laser toujours à portée de main. Sans un mot, l'avocate étala la carte routière sur le capot de la voiture et récupéra un crayon encore sur le siège passager.
- Vous connaissez mieux qu'Ace et moi les environs, pourriez-vous nous recommander un itinéraire et des lieux où nous pourrions nous rendre ?
- Je peux faire cela, assura l'homme avec un sec hochement de tête.
Et il retira un de ses gants pour mieux donner ses indications, alors qu'Ace se rapprochait. Même Canigou sembla s'intéresser à ce qu'il se passait vu qu'il se dressa sur ses pattes arrière pour mieux voir.
- Ici, vous avez Diamond City, la plus grosse colonie du Commonwealth, expliqua l'homme en mettant son doigt dans Boston même, à proximité du réservoir d'eau de Chestnut Hillock. C'est de là que diffuse Travis. Vous pourrez y trouver un détective. Après…
Il laissa Adara marquer le lieu avant de pointer un autre endroit un tout petit peu plus au nord.
- Par-là, c'est Goodneigbor. Le coin est malfamé, mais les goules ne sont pas ouvertement hostiles en plus d'être encore apte à réfléchir. Vous mettez pas dans les mauvaises grâces du maire Hancock et tout devrait bien se passer.
- Meh, ça peut pas être pire que Jaya, ou Shabondi dans leurs mauvais jours, commenta Ace d'un ton désintéressé.
Preston fit glisser son doigt de l'autre côté du réservoir quand Adara nota la nouvelle localisation.
- Ici, c'est l'abri 81 de Vault-Tec. Ils ont ouvert leurs portes il y a quelques temps déjà. Coincé, méfiant, mais si on les cherche pas, ils peuvent offrir des soins, le gîte et le couvert en échange de quelques biens ou des capsules. Leurs médecins sont très efficaces.
- Noté. Autre chose ?
- Le nid où Mama Murphy veut vous envoyer, c'est ici, dans ce qui devait être une école. Abri 75 de Vault Tec.
Et il remonta son doigt vers le nord, pointant la zone de Malden à Adara qui continua sa prise de notes sur la carte.
- Si vous souhaitez vous rendre dans ces endroits, je vous recommande de traverser Concord…
Du doigt, il leur montra un chemin sur la carte routière, ignorant les chemins indiqués dessus.
- Et de vous rendre vers le Drive-In.
- Starlight Drive-In? se fit confirmer l'avocate. On parle bien du cinéma de plein air ?
- J'ignore ce qu'est un cinéma mais oui, c'est bien le nom du lieu. Cependant, n'entrez pas dedans. C'est bourré de goule. Mon conseil est de le contourner. Juste là…
Il glissa son doigt un tout petit peu plus au nord.
- Vous avez une décharge. C'est bourré de rataupes, mais c'est toujours mieux que les pillards que vous risquez de croiser en vous rapprochant de Lexington. De la décharge, allez jusqu'à la berge et suivez-la vers le sud.
C'est ce qu'il fit jusqu'à s'arrêter sur un autre point.
- Nous avons Convenant ici. C'est une autre colonie. Elle est… particulière. Personnellement, je n'y mettrais pas volontairement les pieds, mais si vous avez vraiment besoin de soin, de provision ou de repos, ça reste une option si vous passez leur questionnaire à l'entrée. L'eau et le lit sont gratuits.
- C'est toujours bon à prendre, surtout si l'eau courante à côté est radioactive, mais on avisera, assura Ace pendant qu'Adara continuait avec le marquage de la carte.
- Si vous allez vers Malden, remontez par le hangar à bateau de Taffington. Outre des insectes géants radioactifs, vous n'aurez aucune menace là-bas. Du moment que vous restez discret sur les routes, bien évidemment.
L'avocate roula ses yeux sans commentaire. Le regard noir d'Ace parlait pour eux. Avec ce qu'ils avaient vu à Concord, ils n'allaient pas s'amuser à faire les cons sur la route.
- Si vous souhaitez redescendre vers Boston, il va falloir que vous preniez par le pont ici. Beaucoup de voitures, beaucoup d'essences.
- Faire un détour à partir du hangar en redescendant ? se renseigna Ace en montrant une autre route sur la carte.
- Non. Le chantier naval est un repaire de fangeux et c'est la même chose pour la zone de turbines de Poséidon Energie. Peu importe la route, continuez et restez au large du BADTFL.
- Bureau de l'alcool, de la drogue, du tabac, des armes à feux et à laser, expliqua l'avocate à Ace. C'était le bureau de régulation. Ils étaient sur le cas de Eddie Winter avant la guerre. Un salaud qu'ils ont laissé partir pour avoir toutes les autres organisations criminelles.
Elle eut un souffle agacé. Eddie Winter était le pire des salauds. En comparaison, c'était comme si la BADTFL avait laissé partir un ogre pour ramasser les voyous qui cherchaient à l'imiter sans succès.
- En suivant la route, vous avez Bunker Hill. C'est un centre d'échange et de commerce. Ils ont des matelas pour vous reposer qu'ils mettent à disposition pour quelques capsules et l'eau est en libre-service. Ils payent une taxe aux pillards locaux pour qu'on les laisse en paix, donc, vous devriez être assez tranquilles. Là où ça devient difficile, c'est pour entrer dans Boston. Les ponts sont surveillés et on tombe régulièrement sur des pillards qui cherchent à tenir tête à des Super-Mutants. Sans parler des goules. Là, je ne peux pas plus vous aider. Peut-être passer par le cratère de Cambridge ici, malgré les goules, en restant discret, pour contourner le plus gros que vous pourriez croiser en passant par le premier pont. Prendre celui-ci. Au moins, vous serez bien accueillis à la bibliothèque. Vous approchez sous aucun prétexte des ruines de la CIT.
Les deux camarades se regardèrent et hochèrent la tête.
- Je ne peux que vous souhaiter bonne chance, conclut Preston.
- Merci. Si vous voulez des armes, il y en a deux trois qui restent dans le coffre de la voiture. Mon époux n'en a plus besoin là où il est à présent.
Et elle se retint de jeter un regard derrière elle en direction du jardin de ce qui avait été sa maison. C'est là, un peu à l'écart, qu'elle avait enterré la dépouille de son compagnon.
- On décolle ? demanda Ace.
- Juste un instant, j'ai une question pour Sturges.
Elle s'éloigna de la voiture pour aller voir le mécanicien qui avait trouvé un marteau et le mettait à bon usage dans la remise en état d'une maison à proximité qui leur servirait de base.
- Sturges, puis-je vous poser une question ?
L'homme s'immobilisa et la regarda.
- Moui, bien sûre ?
- Vous vous y connaissez en robotique ?
- Alors là, pas du tout. Pourquoi ? Un souci avec le Handy Man ?
- Non. Je cherche quelqu'un pour faire sauter, dans le codage de Codsworth, ce qui l'empêche de développer son libre-arbitre.
- Oooh… ah ouais… vous devez vraiment avoir de l'affection pour ce robot si vous cherchez à faire ça. Mais nan, je n'ai pas les compétences pour ça. Mais je sais qui peut vous aider, et vous devez peut-être le connaître.
Le connaître ? Elle ne connaissait personne dans ce monde. Elle était une relique du passé.
- On a un cyborg qui traîne parfois dans le Commonwealth, le type est ultra cool. Il m'a appris deux trois trucs sur les Armures Assistées. Ce sont ses ajouts et modifications robotiques qui lui ont permis de résister toutes ces années, et ce, en dépit des bombes. L'homme se nomme Franky. Il a des cheveux bleus, une chemise hawaïenne et un slip de bain.
Adara cligna des yeux.
Oui, elle connaissait cette description. Elle l'avait vu à la télévision juste avant les bombes, quand on leur montrait encore le portrait du groupe de Mass Fusion. Elle se tourna vers Ace qui attendait encore au niveau de la voiture un peu plus loin et qui la regardait. Voyant qu'elle le fixait, il eut une mimique interrogative, clairement trop loin pour entendre la conversation, mais elle se tourna à nouveau vers Sturges.
- Merci. Merci beaucoup.
- Aux dernières nouvelles, le gars est parti vers Nuka World. Alors, si vous voulez le trouver, chercher là-bas.
Le parc d'attractions à l'effigie de la célèbre boisson Nuka Cola avait toujours été un endroit qu'Adara évitait comme la peste. Trop de monde à son goût. Nate voulait y conduire Shaun quand il aurait été plus vieux, mais il fallait croire que ça n'arriverait jamais. Mais elle garderait l'information dans un coin de sa tête.
- Bon courage.
- Merci, à vous aussi.
Et Adara alla rejoindre Codsworth, faisant un simple signe de la tête à Ace pour lui dire qu'ils pouvaient y aller.
- Codsworth, nous allons chercher Shaun, nous accompagneras-tu ?
- Mais avec grand plaisir madame ! s'exclama le robot avec une voix vibrante de joie.
La blanchette arrangea sa prise sur son fusil de précision. Avec Codsworth, Ace et Canigou, elle prit la route pour Concord.
« J'arrive, Shaun. »
