Bonsoir ! Alors, si vous avez reçu une alerte sans chapitre associer, c'est pour la simple et bonne raison que comme une idiote, j'ai réalisé que j'avais sauté un chapitre, celui de la rencontre de Canigou. Donc, j'ai dû tout décaler.
En excuse pour le désagrément, je vous poste un chapitre en avance pour la fic.
Sachez aussi que je commence à faire des publications sur AO3. Cette histoire est la première du lot que je bascule sur le site. Le pseudo reste le même.
Merci à Yuwine pour les commentaires et elle va devoir attendre un poil pour ses réponses, parce que bah... no spoil, quoi. Sur ce, bonne lecture !
.
.
Ace s'arrêta devant une vitrine encore debout après le combat du soir d'avant et observa son reflet dedans, s'interrogeant encore sur pourquoi sa peau était si sombre par rapport à ses souvenirs. Il se retourna vers Adara qui semblait chercher quelque chose alors qu'ils traversaient Concord.
- C'est très bête ce que je vais dire, mais j'admets avoir été à deux doigts de leur faire des reproches sur leur odeur corporel, avoua la blanchette en regardant dans la fente de ce qui était dit comme un distributeur de journaux. Mais maintenant que je sais que l'eau est radioactive et donc, précieuse… je pense que je vais devoir m'y faire.
- C'est pas un détail qui me dérange, personnellement. J'ai grandi à deux pas d'un bidonville et passé le reste de ma vie membre d'un gros équipage. Même si les médecins de bords étaient intransigeants sur l'hygiène corporelle, beaucoup considéraient que c'était une option dont ils pouvaient se passer.
Il resserra sa prise sur son arme. Marshall avait fait partie du lot. Et là, il semblerait bien qu'il ne pourrait jamais venger son meilleur ami. De toute façon, il n'était plus sur son monde, alors, tout ça passait malheureusement au second plan.
Il rejoignit la blanchette alors qu'ils continuaient de s'enfoncer sur la route pour rejoindre le point que leur avait recommandé Preston. Une fine bruine tombait du ciel, faisant vaguement râler Codsworth au sujet de la rouille. La façon dont Adara lui promit de s'occuper des conséquences au prochain arrêt l'amusa un poil. Dans leurs interactions, on oubliait presque que l'un d'eux était une machine.
- Tu m'as l'air de chercher quelque chose, pointa finalement le D. alors que la blanchette sautait par-dessus un trou du béton.
- Un journal encore intact. La toute dernière édition.
- Si j'avais su, je vous en aurais gardé une édition, madame. Mais j'ai bien peur que les bombes aient eu raison des services d'informations, dit tristement Codsworth.
Pourquoi diable voulait-elle un journal vieux de plus de deux cent ans ? Le D. était assez perdu sur le sujet. Pas pour longtemps parce que son attention fut captée par des présences un peu plus loin sur la route. Une présence humaine, à n'en pas douter, et deux autres… animales ? Il ne saurait trop dire.
- On va rencontrer quelqu'un, informa-t-il alors qu'ils étaient en vu d'une immense structure de métal servant certainement à une époque pour la publicité. Veux-tu que je passe devant ou c'est bon pour toi ?
- C'est de la paranoïa, du sexisme ou je lis trop loin ? se renseigna froidement l'avocate en lui jetant un regard glacial.
- Paranoïa, plus. Et le fait que je sois majoritairement insensible aux attaques physiques. Donc, il vaut mieux qu'on me frappe moi, qui suis immunisé, que toi, qui risque une blessure. Tu as un fils à retrouver, difficile de le faire quand on est mort.
L'avocate eut une moue mais lui accorda en silence le point.
- Je ne remets pas en doute tes compétences, c'est juste de la logique, rassura le D.
Et le fait qu'elle, elle avait eu une petite vie tranquille et bien rangée, contrairement à lui.
En se rapprochant de l'immense ossature de fer du défunt panneau publicitaire, il nota un sac de couchage sale et une lanterne éteinte dans les hauteurs, posés sur des planches. Bonne planque pour toute bestiole incapable de grimper.
Au pied de la structure, on avait une femme dans la quarantaine, avec une veste rembourrée bleue et des cheveux courts. En dépit de sa silhouette frêle, elle était armée. La bonne femme savourait une cigarette assise par terre, avec à ses côtés… la version vivante de la vache à deux têtes dont ils avaient vu le cadavre sur la route de Concord. C'était ça qui faisait bugger son Haki. Il n'arrivait pas à savoir si c'était une seule créature vivante ou deux dans un même corps. Le ruminant était paisiblement couché sur ses pattes, des caisses, des sacs et des bidons harnachés sur son dos en une pile très comique.
- Bonjour, madame. En voilà une belle bête ! salua respectueusement Codsworth.
La femme au sol eut un rire de fumeur avant de se lever.
- Si vous tenez à votre vie, touchez pas à la brahmine, leur dit-elle d'office.
D'accord, donc, la « vache » était une brahmine et c'était quelque chose de normal dans les environs, il fallait croire.
- On en a pas l'intention, rassura Ace.
- Bien. Je suis Carla l'Ordure, une caravanière de Bunker Hill. C'est quoi votre histoire ? Vous cherchez à faire commerce ou vous voulez la route, comme tous les péquenots du coin, vers Diamond City ?
Et elle recommença à tirer sur sa cigarette.
- Diamond City est notre objectif final, informa Adara. Pour l'instant, nous sommes nouveaux dans le coin, alors, on explore un peu.
- Avec un peu de chance, on trouvera des volontaires pour former une nouvelle colonie, bidonna Ace avec fluidité.
Quand on était marchand dans un environnement de ce genre, les informations pouvaient valoir de l'or, et malheureusement, la loyauté n'existait pas. Son expérience avec quelques trafiquants dans le Grey Terminal et dans la Grand Line lui disait d'en dire le moins. Et vu que la blanchette ne releva pas, elle avait soit capté ce qu'il pensait, soit elle lui faisait confiance. Certes, elle aurait pu leur dire si quelqu'un avait enlevé un gosse récemment, mais cela serait admettre qu'elle faisait commerce avec des salauds, et si elle voulait conserver un maximum de client et ne pas finir stupidement avec une balle dans la tête, il était dans son intérêt de l'ouvrir que devant quelqu'un avec la plus grosse bourse.
- Que vendez-vous ? demanda Adara sur le ton de la conversation.
- De tout. De l'eau purifiée, des provisions non-irradiés, des armes et des protections, répondit la femme.
Codsworth leur avait dit en chemin qu'il pouvait lui-même produire de l'eau saine à la consommation grâce à ses filtres internes, mais la nourriture serait une chose importante à prendre en stock, surtout en sachant qu'en passant par le Red Rocket et en fouillant les pillards d'hier soir, ils avaient trouvé quelques capsules pour faire l'échange puisque c'était la monnaie locale.
- On a pas grand-chose mais on devrait pouvoir faire affaire. Voyons votre stock de nourriture, demanda le pirate.
Et sans un mot, avec une claire expertise venue de l'habitude, la femme grimpa sur la brahmine toujours au sol et défit l'une des caisses qu'elle transportait sans pour autant que le reste ne tombe de son perchoir.
Quand elle ouvrit la caisse pour montrer sa cargaison de denrée, Ace entendit Adara déglutir aussi discrètement que possible pour ne pas vomir. Personnellement, il s'en foutait un peu, du moment que ça nourrissait son homme et que ce n'était justement pas à base…
Ses réflexions s'arrêtèrent quand une odeur familière atteint son nez. Dans les denrées présentes en vrac dans ce caisson, au milieu des morceaux de mouches cuites et les bouts de rats grillés, il y avait de la chair humaine cuite. Il n'était que trop familier avec cette odeur pour l'avoir sentie à chaque fois qu'il faisait flamber quelqu'un.
- Ah ! Monsieur est connaisseur. Ce sont des morceaux d'iguanes, tout juste importés de la Nouvelle Californie, nota Carla en voyant qu'Ace s'était penché sur un élément en particulier.
- Mmmh, nan… sans façon, sourit nerveusement le noiraud. Par contre, on va prendre une dizaine de morceaux d'écureuils.
Au moins, c'était quelque chose avec lequel il était familier. Il paya les soixante capsules demandées sans rechigner. Il n'en savait pas assez pour négocier. Quand il aurait une meilleure connaissance et expérience de ce nouveau monde, il pourrait connaître la valeur des choses et donc, se permettre de tatillonner sur les prix.
L'échange se fit et dans du tissu pour tout emballage, les morceaux d'écureuils changèrent de main.
- Bonne route, leur lança la femme.
Adara se contenta d'un salut de la tête et ils reprirent leur marche sur le bitume abîmé parsemé de nombreux nids de poules.
- Madame… commença Codsworth.
- Pas maintenant, lui dit la blanchette.
Ah, donc, elle le traitait de paranoïaque, mais elle avait ses réticences aussi avec la marchande ambulante. Il fallait qu'elle se décide la bonne dame.
Ils marchèrent un instant, jusqu'à ce que Carla soit hors de vue, et Ace brisa le silence.
- Merci de ne pas avoir relevé le mensonge.
- Contrairement à ce que l'on peut penser, j'ai peu de foi en l'humanité, sans compter que je suis avocate. Je sais très bien que les marchands sont rarement dignes de confiance. Je n'ai pas envie qu'elle déblatère sur ces pauvres gens qui cherchent à recommencer une vie à Sanctuary Hill. Pas après ce qu'ils ont vécu.
- J'ai appris que le fils de Marcy et Jun est mort à Lexington suite à une attaque des goules qui se disputaient le territoire avec les pillards. Après ça, on a pas envie de la blâmer pour sa rage et lui pour son état d'épave. J'ai été comme elle quand un de mes meilleurs amis s'est fait tuer par un gars sous mes ordres dans notre équipage.
- Mes condoléances, monsieur Portgas, présenta tristement Codsworth.
Le D. haussa des épaules. Tant c'était passé entre. La mort de Thatch restait douloureuse, mais Marine Ford et son hécatombe prenait le dessus. Et il restait le mystère de cette étrange apparition bien trop brève pour ne pas être louche.
- Je suis surprise que la seule chose qui te fasse réagir dans le menu post-apocalyptique de Boston, ce soit l'iguane, enchaîna Adara ne désirant pas s'attarder sur le sujet.
C'était quelque chose pour laquelle Ace lui était reconnaissait, mais la réponse ne serait peut-être pas au goût de l'avocate.
- Disons que quand on est le feu à l'état pur, il arrive qu'il y ait des victimes, innocentes ou non, aux brasiers que l'on peut produire. Et c'est pour cela que je déteste le cochon grillé et tout ce qui s'en rapproche. J'ai déjà bouffé de l'iguane grillé, et si ça, ça en est, je veux bien réhabiliter mon donneur de sperme.
Un frisson de dégoût secoua l'avocate qui resserra un peu plus sa prise sur le fusil de précision entre ses mains.
- … c'est une façon comme une autre de dire qu'il est fort probable que ces barbares de californiens font très certainement dans le cannibalisme, traduisit avec un dégoût manifeste le robot.
Canigou eut un aboiement approbateur.
- On a d'autres personnes un peu plus loin. Preston ne nous a pas dit qu'il y avait autant de monde sur la route.
Adara lui tendit la carte qu'il déplia alors qu'elle consultait le Pip-Boy à son bras pour avoir leur position exacte.
- On est sur la bonne voie, on a juste suivi la route en passant par le sud, au lieu de filer tout droit à travers champ comme Preston le recommandait. On devrait arriver, si mes souvenirs sont exacts, à un Drumlin Diner.
Elle se rapprocha d'Ace qui s'était arrêté pour consulter la carte, et après un dernier regard sur celle du Pip-Boy, Adara pointa un point sur la version papier.
- On doit être par ici. Ce qui fait qu'à la prochaine intersection, il faudra prendre à gauche, et on contournera par le sud le Drive-In.
Du doigt, elle suivit la route qu'ils devaient prendre, avant d'arriver à une nouvelle intersection sur le papier.
- Reprendre ensuite à gauche pour remonter vers le nord. Compris, enregistra le pirate en repliant la carte qu'il rangea dans une poche de son pantalon. Que fait-on pour les gens que l'on va croiser, cette fois ?
- Si je peux me permettre, la diplomatie n'a jamais été le fort de madame, et votre paranoïa pourrait rendre les échanges difficiles, intervint Codsworth.
Canigou s'assit sur ses pattes arrière, la tête penchée sur le côté, écoutant la conversation avec intérêt.
- Donc, laissez-moi parler en premier, et nous aviserons en suivant, se proposa le robot.
Vu le manque de réaction de la vendeuse devant Codsworth et le fait qu'elle l'ait majoritairement ignoré, les robots devaient être encore en activité, donc, oui, laisser le Mr Handy faire le dialogue serait une bonne idée. Une idée stupide traversa l'esprit d'Ace. Il devait trouver un chapeau melon au robot. Cela irait tellement bien avec son accent et son ton de voix.
Lentement, ils reprirent leur marche, Canigou marchant devant avec Codsworth. Mais plus ils se rapprochaient, plus Ace sentait que ça puait comme histoire. Il voyait à présent la ruine délabrée de ce qui avait dû être un restaurant routier, et ils entendaient des éclats de voix. Un homme et une femme se disputaient. Cependant, ce qui mettait les nerfs du pirate en alerte, c'était la présence à proximité de deux autres individus. A proximité, mais pourtant, à une certaine distance, avec une présence qu'ils cherchaient clairement à cacher.
- Vous pensez vraiment qu'au vu de la dispute, l'option diplomatie est toujours la bonne ? demanda lentement le pirate en plissant un œil.
Adara ne répondit pas. Elle se contenta de retirer le cran de sécurité de son arme. Ce qui allait parfaitement pour le pirate. Clairement, y'avait de l'hostilité dans l'air. Il doutait que la diplomatie puisse marcher.
Quelques dizaines de mètres plus loin, ils étaient à proximité de ce qu'Adara avait appelé un Drive-In et on entendait plus clairement la conversation qui avait lieu dans ce qui semblait avoir été un petit restaurant d'escale.
- Nous avions un accord, Trudy ! Envoie la marchandise, tu me dois pas mal…
- Il n'est pas question que je refile quoique ce soit à vendeur de poison comme toi !
A présent, ils voyaient parfaitement la femme et l'homme se disputant devant l'établissement délavé par le temps. La femme était sur le seuil, faisant face à son visiteur armé.
- On a deux cons en embuscades dans les buissons, pointa tout bas Ace en jetant un rapide coup d'œil en direction du tas de plantes brûlées qui vivotaient en bordure de la zone.
- Calme, Canigou, rappela à l'ordre la blanchette alors que le chien se mettait à grogner.
- As-tu la moindre idée de ce que cette saloperie a fait à mon fils ! continua de rager la femme.
- Il les a achetés de son plein gré, Trudy. C'est pas de ma faute s'il est devenu addict. Alors, soit gentille, donne-moi ce que tu me dois et ne me fait pas fusiller ton petit commerce !
- Bonjour monsieur, bonjour madame ! salua avec entrain Codsworth.
Sa bonne humeur et politesse furent récompensés par un pistolet braqué sur eux.
- Avancez doucement, bandes de cons. Vous n'avez certainement pas envie de vous mêler de cette affaire, hein ?!
Faisant fi de la menace, Ace marcha droit sur l'homme, et avant qu'il ne puisse tirer, il était sur lui, lui tordant les mains pour lui faire lâcher son arme. Il le positionna parfaitement pour qu'il soit dans la ligne de tir de ceux qui devaient le couvrir et sourit d'un air innocent à l'homme au blouson de cuir.
- Tu vends de la drogue, c'est ça ? T'as pas l'impression que le monde va déjà mal ? Tu crois qu'on a vraiment besoin de rajouter ce genre de saloperie par-dessus ?
Il colla le canon du flingue qu'il avait récupéré contre le crâne de son propriétaire, pile entre les deux yeux, et serra fortement l'épaule de son autre main, brisant aisément les os sous la pression au point que le dealer se mette à hurler de douleur.
- C'est une solution comme une autre, et on ne peut pas dire que le message n'est pas clair, commenta Adara avec une certaine indifférence.
Et elle alla voir la femme, Trudy, pour voir si elle allait bien.
- Ton poison, tu vas te l'enfoncer droit dans ton cul, et si je te revoie, je te jure que je te bute. Wakkatta ?
Dans son état, l'homme n'avait certainement pas envie de s'opposer aux conseils très avisés d'Ace. Il plia bagage, embarquant ses deux gardes du corps avec lui.
Trudy poussa un soupir de soulagement.
- J'espère qu'il ne reviendra pas avant un long moment, soupira Trudy. Je pense que je vais devoir faire un saut à Bunker Hill pour faire affaire avec Cricket. Entrée, laissez-moi vous offrir un repas, c'est la moindre des choses que je puisse faire pour votre aide.
La mention de repas réveilla un monstre endormi et tout le monde fixa Ace avec un air éberlué quand son estomac émit un grognement effroyable.
- Je pense que l'on a dû entendre ce son jusqu'en Australie, pronostiqua Codsworth d'un ton incrédule.
En tout cas, ça fit rire Adara, alors que le D. s'inclinait d'embarras en se répandant en excuses. Avoir un gros appétit dans un monde pareil serait tout sauf un avantage. Ils entrèrent dans l'échoppe pour voir qu'il y avait encore des squelettes à certaines tables, rappelant que le temps était passé pendant qu'ils étaient au frais. Au milieu, on avait une échelle de corde pendant du plafond qui devait avoir été aménagé par la femme en zone de couchage. Dans un coin, recroquevillé sur lui-même, un jeune homme frissonnait en se frottant frénétiquement les épaules.
- C'est mon fils, Patrick, présenta tristement Trudy. Wolfgang l'a encouragé à tester le Jet. Et il n'y a pas plus addictif comme drogue qui puisse exister. Jusqu'à ce que Carla passe dans les environs avec de l'Addictol, je vais devoir le surveiller pour qu'il ne replonge pas si je veux pouvoir le sauver de cette cochonnerie.
- Bon courage, souffla Adara.
Trudy leur montra une table où ils s'assirent et quelques minutes plus tard, elle leur servit le contenu de boites de conserves qu'elle avait ouvert pour l'occasion. Elle trouva même une gamelle et de la nourriture pour chien dans ses affaires, permettant à Canigou de se restaurer lui aussi.
« Alors… la leçon du jour du Professeur Nico… si les habitants des derniers abris se sont manifestés… ou de simples voyageurs… eh bien, c'est… c'est sur les synthétiques. »
Trudy monta très légèrement le volume de sa radio, marmonnant qu'elle espérait qu'il y aurait du neuf sur le sujet. Apparemment, c'était des leçons qui se répétaient.
« Comme tout le monde dans le Commonwealth le sait, eh bien…. Y'a ces gars-là, qui disent faire partie de l'Institut… eh bien, ils ont réussi à recréer des humains artificiellement… ! On… on a tous en mémoire ce qu'il s'est passé sur la place du marché de Diamond City en 2229, après tout… »
Vu la réaction de Trudy, oui, c'était de connaissance commune cet incident, mais en tout cas, ça échappait aux voyageurs.
« On… D'après certains témoignages… eh bien, l'Institut arrive de mieux en mieux à imiter les humains… on avait ceux qui ressemblaient plus à des robots qu'autre chose… on a le cas de ce bon vieux Nick et de Nami… et les rumeurs qui disent que désormais, leurs créations sont plus vraies que nature… et avec les disparitions de ces dernières années… ehehe… y'a de quoi avoir peur ! Après… on… on sait toujours pas ce qu'ils veulent… Ce synthétique, là, Carter… il a commencé à fusiller tout le monde sans raison… on sait pas si c'est un dysfonctionnement ou un ordre. Et l'Institut n'a pas l'air encline à s'expliquer… »
- Peu importe les époques, les scientifiques continueront de se prendre pour les maîtres du monde, grommela le D.
Des humains artificiels ? Honnêtement, c'était tout à fait le genre de connerie qu'il aurait attendu de Vegapunk.
- Ils ont le pouvoir de sauver ou détruire le monde, mais préfèrent faire joujou à voir ce qu'il va se passer en faisant telle ou telle chose, accorda Adara. Certes, la science a apporté de très bonnes choses…
Elle regarda Codsworth qui était intéressé par la leçon de la radio.
- Mais à côté… eh bien, on a qu'à voir autour pour comprendre jusqu'où la science peut mener.
Autant Ace que Trudy étaient d'accord sur le sujet.
« Le fait est que… faîtes attention, hein ?! Gardez… gardez un œil ouvert… »
- Son manque d'assurance fait peine à voir, soupira le pirate en finissant son assiette.
Jamais il n'avait été aussi reconnaissant devant une simple conserve de porc aux haricots.
- Je trouve ça assez adorable, commenta Adara en terminant son assiette. Nous vous remercions pour le repas.
- C'est la moindre des choses.
- Bon courage avec votre fils.
Ace ramassa les assiettes et les rendit à Trudy.
- Merci encore.
- Bonne route. Vous allez où comme ça ? Diamond City ? Quoiqu'avec un air comme le tien, gamin, tu devrais t'amuser à Good Neighbor.
Gamin ? Eh oh ! Il n'était plus un gamin ! Il était un foutu commandant pirate ! Il avait élevé quasiment seul, pendant sept ans, un gosse hyperactif avec la capacité de concentration d'une huître.
- On ne sait pas encore, nous sommes nouveaux dans la région. D'ailleurs, il y a-t-il des choses auxquelles nous devons prendre garde sur le chemin, chère madame ? demanda Codsworth avant qu'Ace ne puisse intervenir.
- Evitez les ruines de l'aéroport de Boston, c'est bourré des goules sauvages. Des pillards, mais pas trop de super-mutants dans les environs. Surtout la faune qui reste comme toujours imprévisible. Tenez, par exemple, aussi dingue que ça puisse paraître, la population de goules des ruines du Drive-In a été éjectée par des rat-taupes.
- …ah d'accord.
- Le pire, reste encore les radscorpions. On en a quelques-uns dans les environs et à côté, les fangeux, c'est de la gnognote. Quand on en croise un, généralement, c'est fini.
Alors, radscorpions, ça se passait d'explication, mais fangeux… aucune foutue idée. Un dérivé du cochon radioactif ? Parce que la fange, s'il ne se trompait, c'était la boue et la saleté, et c'était les cochons qui vivaient dedans, à sa connaissance.
Ils la remercièrent encore une fois pour le repas et les informations, avant de reprendre leur route, Ace portant le sac avec le pompe pendant qu'Adara avait la sacoche avec son fusil de précision. Canigou se baladait quelques pas devant eux avec un os qu'il avait déniché on ne savait où, pendant que Codsworth parlait de tout et de rien, généralement se plaignant du manque d'éducation des gens en ces temps troublés.
.
.
Avec les arbres morts et surtout, l'immobilité morbide du monde, il fut assez simple de finir par apercevoir le premier repère que Preston leur avait donné.
Le Starlight Drive-In.
Ce fut d'abord un grand bâtiment. Ou plutôt, un mur tellement épais qu'il était possible d'entrer à l'intérieur sans avoir à se contorsionner. C'était haut, aussi. Très haut, pas loin d'une quinzaine de mètres, et le double en longueur. En arrivant par l'extérieur, ils virent d'abord le grillage métallique rouillé et une sorte de cabine d'entretien adossée au mur de métal bleu partiellement rouillé par endroit. En le contournant, ils purent voir un escalier grimpant dans l'édifice sans toit, accessible depuis la tranche ouverte.
- La vue doit être magnifique de là-haut, commenta Ace en jetant un œil aux marches rouillées.
- J'admets que j'ai toujours voulu monter, avoua Adara. J'ai assisté à quelques séances et je me souviens que je voyais parfois un technicien grimper par ici avec un bol de pop-corn et une bouteille de Nuka-Cola.
Ace jeta un œil au reste de la zone.
C'était jonché de voitures. De toutes formes et de toutes couleurs. Elles étaient toutes là, rangées dans la même direction, face à cet étrange mur. Et derrière tout ça, il y avait une petite échoppe reliée à ce qui devait être l'entrée officielle du site. Il leva le nez vers le sommet, puis baissa la tête en souriant vers Adara. Ni une, ni deux, ils filèrent vers l'escalier, ignorant l'aboiement d'avertissement de Canigou.
Ce fut un bip qui les fit s'arrêter.
- RUN ! hurla Ace en comprenant qu'ils avaient déclenché une mine.
La blanchette sauta littéralement la dizaine de marches qu'ils avaient monté juste avant pour fuir aussi vite que possible avec Canigou et Codsworth. Le souffle des explosions les envoya valdinguer dans les fourrés.
Oui, des, parce que pour les sauver, Ace avait redirigé l'explosion involontairement grossie par lui, vers la zone opposée… soit les voitures. Et vu la taille de la boule de feu qu'il se retrouva à devoir contrôler et maîtriser derrière pour ne pas finir les quatre fers en l'air avec un incendie sur la couenne, il regretta grandement d'avoir oublié que les voitures étaient, en effet, très susceptibles au feu.
Adara sentit clairement la chaleur lui lécher la nuque alors qu'elle se recroquevillait derrière des rochers avec Codsworth et Canigou. A ce stade, elle ne serait même pas surprise que ses cheveux crament. Déjà qu'elle était facilement repérable avec sa tignasse blanche (rien à faire, même la saleté en avait peur), alors, si elle se retrouvait avec le crâne brûlé…
- Nous pouvons sortir, madame… dit avec hésitation Codsworth en voletant doucement hors de leur cachette.
La chaleur avait eu raison d'une large zone de végétation qui avait pourtant résistée aux radiations de ces deux dernières siècles, finissant proprement en cendre. Le reste, c'était noircit par la suie qui s'était arrêté pile devant le rocher derrière lequel ils s'étaient cachés.
Mais pour ce qui était du cinéma… il n'y avait plus rien.
Ce n'était plus qu'un large cratère assez profond pour avoir engloutit tout ce qu'il y avait là auparavant.
Et au centre de tout ça, haletant, affalé avec autant de dignité qu'un cachalot sur une plage, on avait Ace qui soufflait comme un ventilateur.
- Alors, à ce stade, il n'est plus question de caractère enflammé, mais explosif, lui dit la blanchette.
Le D. ne prit même pas la peine de lui répondre.
- Est-il encore vivant au moins ? s'inquiéta Codsworth.
- …j'vous emmerde. Tous.
- Et le Starligh Drive-In qui n'avait rien demandé dans cette affaire ? Tu y as pensé ? continua l'avocate en descendant avec précaution dans le cratère.
- Qui peut être assez stupide pour mettre une mine à un endroit pareil d'un lieu abandonné ?
- Une personne qui ne s'attendait pas à ce que quelqu'un avec la capacité de destruction d'une mini-nuke pose le pied dessus.
En arrivant devant Ace, elle fronça les sourcils.
- T'as encore des flammes d'actives.
- Eh ?
Il se redressa avec précaution et chercha les flammes en question. Pas longtemps parce que Codsworth se décida d'intervenir et l'arrosa avec son extincteur intégré, laissant le D. crachotant, trempé, avec de la mousse sur un coin de la figure et clairement de mauvais poil.
Adara soupira la tête et tendit une main à Ace pour l'aider à se relever.
- Merci de nous avoir sauvés.
- Me remercie pas, j'allais pas vous laisser griller dans mes conneries, quand même.
Il accepta la main et se remit debout.
- Fichons le camp avant que Trudy ne vienne voir ce qu'il se passe.
Et ils remontèrent du cratère pour s'éloigner aussi vite que possible en prenant ce qu'il restait de la route menant vers le nord-ouest. Sur le ciel du soleil de l'après-midi, d'immenses structures de métal et de béton se détachaient, presque comme d'étranges étagères. Sur sa droite, il pouvait reconnaître une voie ferrée, mais ça…
- Oi… c'est pas une route, ça, si ? se fit confirmer Ace en montrant d'un geste du nez la ruine qui le perturbait.
L'avocate et Codsworth regardèrent la structure en question.
- Eh bien, il s'agit tout particulièrement d'un échangeur autoroutier, lui dit le robot. En mauvais état, certes, le temps ne lui a pas fait de cadeau et il faudrait certainement reconstruire une bonne partie.
- Mais pourquoi l'avoir construite là-haut ? Pourquoi pas au sol ?
- Parce qu'il y a déjà une autre route en dessous.
- Mais quel est l'intérêt de faire une route par-dessus une qui existe déjà ?
Si le robot pouvait cligner des yeux, il le ferait. Il se contenta de rester là, un instant, flottant délicatement devant Ace.
Et l'un de ses appendages frappa dans un bruit métallique le crâne du brun.
- C'est pas bientôt fini avec ces questions stupides, jeune homme !? Vous êtes pire qu'un enfant ! Surtout après la bêtise que vous venez de faire !
Et il donna un autre coup sur le crâne du pirate qui le laissa faire en clignant des yeux. Mais pas Adara, puisqu'elle leva la main pour intercepter l'attaque.
- Tu ne peux pas lui reprocher de ne pas connaître quelque chose quand ce n'est pas ce avec quoi il a vécu. Comprends-le, Codsworth.
- Vous avez raison madame. Veuillez m'excuser, jeune homme, je me suis emporté.
- C'est excusé.
- Je pense… je pense qu'il est temps de parler du groupe complotiste Mass Fusion et leur théorie.
Ace cligna des yeux. C'est vrai qu'elle avait fait mention de lui en parler, parce qu'il avait fait des références ramenant à ce sujet. Et pour l'instant, il était assez curieux. Du coin de l'œil, il remarqua cependant quelque chose et lui fit signe de se taire. Du doigt, il pointa quelque chose qui passait juste derrière elle avec lenteur. Des brahmines faisaient ce que les vaches faisaient de mieux : regarder les trains. Et ces bovins se prélassaient dans l'herbe rase en fixant la voie ferrée à l'abandon devant leur nez.
- Donc, on peut les trouver en liberté, nota avec intérêt Codsworth.
- On fait quoi ? demanda tout bas Ace alors qu'il sentait la bavecommencer à inonder sa bouche.
- Comment ça, qu'est-ce qu'on fait ? s'enquit Adara sans comprendre.
- Soit on en choppe une qu'on se balade, mais elle finira par nous ralentir. Soit je les bute toutes et on les bouffe.
- Et nous transporter trois cadavres de vaches mutantes sur la route de Boston ? Mais tu veux notre mort !
- Bon, t'as encore faim ou pas ?
Adara le fixa d'un air interdit.
- Meh. Comment vous dîtes déjà ? Ah, oui ! Don't mind if I do !
Et il fonça à toute vitesse sur les bovins.
Dix minutes plus tard, il revint, une brahmine rôtie à point sur l'épaule, faisant jouer un ongle entre ses dents.
- Ça fait du bien là où ça passe.
- Je… je ne sais plus quoi dire à ton sujet. Tu viens de gober une brahmine entière en dix minutes ! s'étrangla Adara.
- Si j'avais des cheveux, je me les serais arrachés ! Monsieur Portgas ! Je pensais que vous aviez un minimum de bonnes manières ! renchérit Codsworth en agitant ses appendages un peu partout.
- Mais j'ai des bonnes manières. Preuve numéro un, j'ai laissé partir la troisième parce qu'elle était avec son petit. Preuve numéro deux, j'ai rapporté celle-là pour partager, se défendit le pirate.
- Allez en route avant que je ne devienne folle. Hey boy !
Répondant à l'appel, Canigou aboya. Il accepta le gros morceau de viande grillé à point que lui offrit Ace avant de partir devant, passant sous le pont qui avait servi à la voie ferrée à une époque, se rapprochant du squelette de l'échangeur autoroutier.
C'était sinistre. Sinistre, effrayant et impressionnant, surtout dans l'immobilité des lieux.
De quoi rappeler que la vie n'était qu'une flamme éphémère.
Le D. arrangea son chargement imposant en travers de ses épaules.
- Tu vas t'en sortir ? demanda Adara.
- Oui. J'ai porté bien plus lourd et encombrant dans ma vie. Donc, tu voulais me parler de ce groupe et de leur théorie, non ?
- Mass Fusion… oui…
Plus ils rapprochaient de l'échangeur, plus Ace réalisait à quel point la chose était massive. Les piliers qui soutenaient celui-ci n'étaient peut-être pas aussi grands que les arbres de Shabondi, mais on était à plusieurs dizaines de mètres, déjà, et c'était incroyable. Et ne parlons pas de la largeur.
- Ce groupe…
La prise de parole d'Adara coupa le D. dans sa contemplation alors que la route qu'ils empruntaient descendait très légèrement.
- Ce groupe… je pense qu'on peut dire que malgré le fait qu'on refuse de leur accorder la moindre importance dans l'Histoire du monde, ils sont toujours là. Aucun livre ne parle d'eux, ni de leurs croyances, comme si on voulait les effacer, mais ils faisaient tellement parler d'eux que ça en était impossible de les oublier.
Ace lui jeta un regard. Un regard suffisamment parlant pour qu'elle comprenne qu'elle avait son entière attention et que c'est pour ça qu'il se taisait pour l'instant.
- En école de droit, j'ai étudié des documents les concernant, remontant pour certains à l'indépendance des Etats-Unis. Et aussi dingue que ça puisse paraître, même si, puisqu'on essaye de ne pas conserver de traces de leur groupe en tant que tel, c'est assez difficile de le confirmer… eh bien, il se pourrait que certains d'entre eux, qui étaient mes contemporains, étaient déjà vivants durant la période coloniale, voire avant.
Oh ? On aurait donc de possible immortels dans le lot ?
En bas de la pente, ils durent sauter par-dessus des barricades d'aspect militaire pour rejoindre la route qui était juste sous l'échangeur. Ace leva la tête pour en observer le dessous. C'était presque effrayant dans un sens.
Il tourna la tête vers Codsworth quand il lui tapota le bras pour avoir son attention et eut un hochement en comprenant qu'on lui disait d'aller vers la gauche et la maisonnée en bord de la route qu'ils venaient de rejoindre.
- Leur idée était qu'avant notre âge, notre civilisation… avant toute histoire connue et étudiée… avant tout ce que l'on sait et que l'on a découvert, eh bien, il y avait un autre monde. Une autre civilisation. Dans un sens, ça peut ressembler à la théorie des anciens astronautes. A une différence… il n'est pas question d'une civilisation venue de l'espace pour nous guider… non. Il est question d'une civilisation qui vivait là, avant nous, et qui a été éradiquée par une erreur scientifique.
Le D. se contenta de lever un sourcil avant de lui faire signe de s'accroupir alors qu'ils étaient en vue de la maisonnée. Cela ressemblait presque à une décharge. En plus propre.
Il posa avec précaution son chargement et leva huit doigts. Comprenant le message, Adara montra en silence la carcasse d'un véhicule, puis souleva un peu son fusil. Le pirate hocha secoua la tête, porta un doigt à ses lèvres avant de faire un signe de deux doigts pour dire de continuer la route, avant de faire un semblant d'arc de cercle pour dire de juste mettre de la distance.
Il reprit son chargement et alors que le soleil commençait à descendre devant eux à l'horizon, ils firent un détour précautionneux des environs pour continuer leur route toujours plus basse.
Ce n'était peut-être que des rats, pour Ace, mais ça restait tout de même de précieuses balles qui pourraient être utilisées ailleurs et bon… il avait déjà une grosse explosion sur le dos aujourd'hui.
Une fois l'endroit bien loin derrière eux, sur la route toujours en pente, ils se remirent à marcher normalement.
- Donc, une expérience scientifique aurait eu raison de la civilisation précédente ? résuma Ace pour relancer l'histoire.
Adara jeta un dernier regard vers la silhouette de la décharge qu'ils laissaient derrière avant de reprendre.
- Oui. De ce qu'ils disent, un homme brillant a voulu changer le monde pour le mieux et lui apporter la paix. Et pour cela, il a décidé de rassembler tout le monde. De fusionner toutes les nations. Et il a réussi. Peut-être trop bien, puisque l'humanité a dû repartir de zéro dans l'océan. Mais après, oui, il a bien réuni toutes les terres en une seule et unique nation, si on accorde du crédit à cette histoire.
- La Pangée, mon cher monsieur ! Et nous arriverons bientôt au réservoir qu'il faut prendre par en haut pour trouver Convenant, intervint Codsworth.
- La Pangée était un super-continent. L'unique terre immergé entouré d'un océan unique, il y a de ça trois cent millions d'années. Et c'est sur ce point que nos scientifiques et nos connaissances rejoignent la théorie.
- Ah ouais, elle est perchée, mais j'en ai entendu de plus abracadabrantesque, accorda le pirate alors qu'ils étaient en vue des berges d'un lac artificiel.
Ils continuèrent de suivre la route vers la gauche.
- Et les références comme Grand Line ? Blue ? Red Line et j'en passe ?
- De ce qu'ils disent, cette Grand Line se serait diluée dans le Panthlassa qui entourait la Pangée et on trouverait des spots de concentration de son influence dans des endroits comme le Triangle des Bermudes ou la soi-disant Atlantide. Et cette Red Line serait, elle, sous nos pieds. Elle s'est enfoncée dans la croûte terrestre pour former la ligne équatorial d'aujourd'hui.
La pluie commença à leur tomber dessus. D'abord fine, puis plus intense. Le groupe regarda le ciel qui leur faisait cette mauvaise farce et continua sa route.
- La pluie est radioactive ? demanda Ace.
- En tout cas, le compteur Geiger ne réagit pas, donc, possiblement non, répondit la blanchette en regardant le cadran dédié aux radiations de son Pip-Boy.
- Ceci, par contre, c'est clairement radioactif, pointa Codsworth en montrant des tonneaux jaunes et blanc bien trop familier qui étaient là, à l'abandon sur le bord de la route. Je pense qu'il serait sage de faire un détour.
Ils passèrent par-dessus la barrière de sécurité rouillée de la route qu'ils empruntaient et se mirent à marcher dans l'herbe qui commençaient à devenir glissante avec la pluie, conservant le lac à leur droite.
- Tu penses quoi de cette théorie ? demanda Ace.
- Valide ou pas, ça ne change pas les faits d'aujourd'hui. Il n'y a plus de monde, plus d'histoires… si on trouve des gens qui ont vraiment commencé à reconstruire un semblant de civilisation, alors, ça les intéressera peut-être mais sinon… c'est pas ça qui m'aidera à retrouver Shaun. Et toi ? Qu'en penses-tu ?
- Disons qu'avec le point de vue et l'expérience du monde qui est mien, ce que tu racontes est certes étrange et incroyable… mais tellement possible qu'on j'ai envie de dire « Meh. Le MADS a fait une réunion des anciens élèves qui a mal tourné » ou un truc du genre.
- C'est tout ce que ça t'inspire ?
- Mon grand-père adoptif avait pour habitude de renforcer ses poings en cognant des montagnes. Il s'est fait rappeler à l'ordre par sa hiérarchie après en avoir réduite six en poussière. Et il était humain.
Adara s'arrêta de marcher et le fixa longuement.
- J'aimerais tellement pouvoir te dire que c'est une blague, mais je peux t'assurer que le vieux fou l'a bel et bien fait. C'est de ça que vient son surnom d'ailleurs. Genkotsu no Garp. Garp the Fist, si je traduis bien.
- Et toi, c'était quoi ton petit surnom ? minauda moqueusement Adara en reprenant la marche.
- Hiken. Fire Fist.
- Très approprié, monsieur le caractère explosif.
Canigou aboya et partit subitement devant au travers les arbres puisqu'ils étaient toujours en train de longer la route en marchant sur l'herbe. Le duo se regarda et accéléra le pas pour voir jusqu'où il les menait, suivi par Codsworth. Bientôt, ils virent des lumières dans la grisaille. Cela ressemblait à des projecteurs. En se rapprochant, avec cette fois, plus de précaution en dépit de l'excitation du chien, ils virent les faisceaux de lumières perchés sur des hauts murs de béton, à côté de ce qui ressemblait à des mitraillettes automatisées.
- Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? demanda Adara.
- Fais voire la carte du Pip-Boy, s'il te plaît ?
La blanchette se mit sur l'écran de la carte et tendit son bras vers Ace qui examina le relief avant de sortir la carte papier qui survivait encore et toujours à ses flammes. Il la déplia et l'examina.
- Il est fort probable que ce soit Convenant. On va voir ou on passe notre chemin ?
- Preston a dit qu'on pouvait avoir droit à l'hospitalité pour la nuit et il commence à se faire tard…
- Ok. Laisse-moi juste cacher ça.
- Pourquoi le cacher ?
- La seule personne qui peut prétendre pouvoir me voler ma bouffe n'est plus de ce monde, et je n'ai pas l'intention de laisser quelqu'un d'autre prendre le privilège de mon petit-frère.
Il regarda partout autour de lui, finit par revenir vers la route où il déposa sur le béton sa grillade gigantesque. Il réunit ensuite plusieurs voitures qu'il empila sur la vache morte comme si elles ne pesaient rien, avant de revenir vers le groupe en s'époussetant les mains.
- Quoi ?
- Tu es monstrueux.
- Les gènes et l'entraînement.
Adara ne sembla pas vouloir en savoir plus parce qu'elle reprit la marche avec le chien et le robot, laissant Ace les rattraper. Ils retrouvèrent bien vite le béton de la route qui descendait pile devant les hauts murs de béton avec barbelés qui laissaient tout juste entrevoir des toits très bien entretenus. Ils trouvèrent l'entrée de ce qui était clairement un quartier de haute sécurité. Au-dessus de la lourde porte métallique, on avait placardé un grand « Welcome to Convenant ». Dans l'humble avis du pirate, les barbelés et les machines de guerres gâchaient l'effet.
- Bonsoir, vous venez visiter Convenant ? Si ce n'est pas le cas, passez votre route. Les gens armés qui trainent dans les environs n'aident les nerfs de personne.
Un homme en blouson de cuir noir venait de les interpeller. Auparavant, il tenait le mur sous un petit abri ouvert adossé au béton, regardant la nuit tomber avec la pluie. Sous cet abri, on avait un petit bureau et quelques chaises.
- On cherche un lieu pour se poser cette nuit, informa Ace. Et vu la protection du coin, vous avez vraiment des soucis avec des types louches armées ? Meh.
Il se prit un coup de coude de la part d'Adara.
- Serait-il possible d'avoir l'hospitalité pour la nuit ? Mon compagnon et moi repartirons demain matin. Il nous reste encore beaucoup de route, demanda l'avocate.
- Oui, c'est possible, mais c'est pas aussi simple que ça, leur dit leur interlocuteur. Avant d'entrer, il y a un test assez simple à passer. On l'appelle SAFE test. C'est la seule condition pour entrer dans la ville. Et pour éviter que vous ne trichiez, il faudra le passer chacun votre tour.
- Donc, si l'un de nous le rate, il ne peut pas rentrer, même si l'autre réussi ? comprit Ace. C'est quoi comme test ?
- Je vous pose quelques questions, c'est tout bête.
- Intéressant… et entre nous, il sert à quoi, vraiment, ce test ? demanda Adara.
Avec son ton de voix et son regard, on comprenait parfaitement le sous-titre : ne nous prends pas pour des billes, y'a un but caché, surtout pour une cité aussi protégée.
Et bingo.
- Alors, je ne devrais pas dire ça, mais entre nous… on veut juste s'assurer que les bonnes personnes entrent dans la ville. Pas d'indésirable, pas de personnes qui ne sont pas ce qu'elles semblent être.
Ace avait un soupçon. Un gros soupçon sur ce que ce test cherchait à faire. C'était son nez qui le lui disait, mais il n'en savait pas assez pour dire à cent pour cent, que oui, c'était la bonne solution, alors il tenta lui aussi sa chance et poussa :
- On débarque à peine dans le Commonwealth, est-ce que vous pourriez être à peine plus claire ?
L'homme les regarda d'un air éberlué.
- Bon sang ! Mais vous ne savez pas… attendez, vous n'avez pas eu la leçon du jour sur Radio Diamond City ? Mais il vous sert à quoi ce Pip-Boy ! Bon, écoutez. Sachez que pas tout le monde, ici, est vraiment humain. Certains sont des synthétiques. Alors, finissons-en, passez ce test et venez donc à l'intérieur où nous sommes en sécurité.
Il l'aurait parié. Ils étaient tombés sur une communauté tellement paranoïaque qu'ils avaient imaginé un test pour dénicher des synthétiques. La question était de savoir si le test était réellement efficace.
- Je me dévoue pour le passer en première, se désigna le D. en levant une main.
- Veuillez patienter, madame, ça ne sera pas long pour votre mari.
- On est pas marié, lui dirent en cœur d'un ton agacé les deux voyageurs. Ce n'est pas parce qu'on voyage ensemble qu'on baise ensemble.
Ils échangèrent un high five devant leur synchronisation inattendue.
- Madame, ne soyez pas aussi vulgaire ! Imaginez l'exemple que vous donneriez au jeune monsieur Shaun s'il était là.
Pendant qu'Adara se faisait rabrouer par le robot, Ace fut invité à s'asseoir devant le bureau pendant que leur interlocuteur se mettait de l'autre côté. Il prit un porte-document dans un tiroir verrouillé, un crayon, rangea la clef dans une de ses poches avant de se tourner vers le noiraud qui attendait qu'il commence.
- Bien. Question un. Vous êtes approché par un scientifique frénétique qui hurle « Je vais mettre mon harmoniseur quantique dans ta chambre de résonance phonique ». Que répondez-vous ?
D'une, soit ce gars venait de lui parler dans une langue absolument inconnue, soit l'esprit mal placé d'Ace avait décodé un message tout autre qui le mettait sur les nerfs dans d'autres circonstances. Oui, non, parce qu'il avait la conviction à présent qu'on devait chercher des synthétiques. Mais à moins que l'homosexualité en soit l'un des signes, il ne devrait pas se sentir menacer par un sous-entendu sexuel de ce genre qui pouvait pourtant être aussi bien accidentel.
Ou il était simplement en chien. Ce qui pouvait s'expliquer parce damn, Marco lui manquait comme s'il lui manquait un poumon ou un morceau du cœur.
- Je l'assommerais, répondit finalement le D. en se secouant.
- C'est une réponse intéressante. Question deux. Vous travaillez en interne à l'hôpital…
Ace se pinça le nez. On se foutait vraiment de lui. Où était Marco quand il avait besoin de lui ?
- …quand un patient avec une étrange infection au pied entre en titubant. L'infection se propage à une vitesse alarmante, mais le docteur s'est absenté pour un moment. Que faîtes-vous ?
Le pirate ne connaissait qu'une solution à ça.
- Amputation. En le séparant du pied à temps, on peut empêcher l'infection de se propager.
- Vous l'amputez donc, hun ? Intéressant, intéressant…
Et ce type continuait de prendre des notes de ce qu'il disait, étudiant intensément ses réponses.
- Question trois. Vous découvrez un jeune garçon perdu dans une cave. Il a faim, il est effrayé, mais il semble être en possession d'objets volés. Que faîtes-vous ?
- Je le rassure en lui disant que c'est fini et je lui paye un morceau.
L'homme regarda le pirate avec perplexité.
- C'est… c'est une réponse originale. Très bien. Question quatre.
C'était une impression où Ace voyait une étrange tension chez son interlocuteur ?
- Félicitation ! Vous avez été sélectionné dans une équipe de baseball ! Quelle est votre position ?
- Je préfère la navigation au baseball, merci.
- Vraiment ?
- Quoi ? Un souci avec ma réponse ?
- Non non, elle est juste, originale.
- Eh bien, je vous dis, donnez-moi un navire et je serai le plus heureux des hommes. Votre baseball, j'en ai rien à carrer.
- Je prends note. Question cinq. Votre grand-mère vous invite à boire le thé, mais elle vous surprend en vous donnant un pistolet et vous demandant de tuer quelqu'un. Que faiîtes-vous ?
Ace le regarda longuement. Ok, il en avait marre de prendre ça au sérieux.
- Je lui demanderai une mitraillette pour faire le job correctement.
- Prenez ce test au sérieux, s'il vous plaît ! A moins que… c'est vraiment ce que vous feriez ?
Le pirate haussa un sourcil avec un sourire mystérieux. Bluff ou pas ? Bonne question.
- Passons, on a fait plus de la moitié à présent. Question six. Le vieil Abernathy s'est enfermé à nouveau dans ses quartiers et on vous a ordonné d'aller le chercher. Que faîtes-vous ?
- Je m'approche pas de lui. Les vieux c'est les plus dangereux.
- Vous êtes sérieusement en train de vous payer de ma tête.
- Même pas ! Tous les vieux croulants que j'ai rencontré m'ont botté le cul tellement de fois que j'ai à présent une résistance hors norme à beaucoup de conneries !
L'interrogateur soupira et revint à son questionnaire.
- Question sept. Oh non ! Vous avez été exposé à une forte dose de radiation et une main commence à pousser de votre ventre ! Quel est le meilleur traitement ?
- Aucune idée… couper ce qui est muté pour sauver le reste ?
L'homme marmonna quelques mots que le logia ne parvint pas à comprendre, mais avant qu'il ne puisse l'interroger, la question suivante lui fut présentée :
- Un voisin est en possession du numéro un de la série de Grognak le Barbare. Vous voulez ce comic. Comment allez-vous vous y prendre ?
- Je propose un échange avant de passer à la violence s'il refuse l'offre pacifique.
- Choix intéressant. Enfin, question neuf. Vous avez décidé qu'il serait drôle de faire une blague à votre père…
Ace eut un flash lui rappelant de toutes les blagues que lui, Thatch et Haruta avaient faites sur leur capitaine. La belle époque.
- … Vous entrez dans sa salle de bain personnelle quand personne ne regarde et…
- Je remplace son oxygène par de l'hélium.
Les deux hommes se regardèrent longuement.
- Bienvenue à Convernant. Je vous laisse patienter sur le côté le temps que j'interroge madame.
Comment ça ? C'était aussi simple ?! Où était le piège ? Ace nageait en pleine confusion quand il alla s'asseoir contre le mur le temps qu'Adara passa elle aussi le questionnaire étrange.
