Bonjour à tous ! On se retrouve aujourd'hui pour la suite de la quête de Human Error de Fallout. Merci encore et toujours d'être avec moi sur cette aventure. Et merci encore et toujours à Sebfrega d'être au rendez-vous.
Comme vous l'aurez comprit/découvert, la fic est désormais disponible sur AO3. J'explore encore et toujours les fonctionnalités du site (je vous jure que je vais comprendre comment avoir les images sur les chapitres pour avoir les portraits des personnages et les fanarts, et SURTOUT la cover de la fic) mais déjà, vous pouvez profiter d'un peu d'ambiance avec des dialogues du jeu (malheureusement en anglais pour la majorité) et des musiques.
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et à bientôt !
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Adara s'assit à son tour sur la chaise et croisa les bras autant que les jambes dans l'attente de son interrogatoire. Trop loin pour entendre, elle n'avait pas la moindre idée de ce à quoi elle devait s'attendre, mais si elle en croyait l'expression de son camarade qui tenait le mur à côté de la porte, ça ne devait pas voler bien haut. Codsworth vint flotter à côté d'elle, ses appendages s'agitant dans un cliquetis métallique sous la nervosité.
- Quand vous êtes prêtes, madame.
- Finissons-en, soupira la blanchette.
- Bien. Question un. Vous êtes approché par un scientifique frénétique qui hurle « Je vais mettre mon harmoniseur quantique dans ta chambre de résonance phonique ». Que répondez-vous ?
Cela manqua de la faire rire. Il y avait tellement de conneries qui lui venaient en tête pour répondre à cette question. Elle se décida de partir sur une réponse scientifique qui ne voulait certainement rien dire.
- Je ne pense pas que ce soit un sujet d'inquiétude. S'il faisait ça, il causerait une déstabilisation parabolique de la fission singulaire.
- …Hun ?
Un point pour elle. Codsworth la fixa d'un air étonné.
- Donc, euh, question deux.
L'avocate était certaine d'avoir entendu Ace étouffer un rire.
- Vous êtes une interne à l'hôpital, quand un patient avec une étrange infection au pied entre en titubant. L'infection se propage à une vitesse alarmante, mais le docteur s'est absenté pour un moment. Que faites-vous ?
Adara n'était pas une experte en médecine, mais elle avait un père qui lui avait raconté des histoires horribles de son temps à la mine de charbon, dont des saletés de ce genre. Et ça lui rappelait la gangrène. Et contre ça, malheureusement, il n'y avait que peu de solutions.
- Je coupe le pied pour sauver le reste de la jambe. On aura tout le temps d'étudier le pied plus tard, mais le plus important reste de sauver cet homme.
- C'est une réponse très intéressante, nota l'homme sur son calepin. Question trois. Vous découvrez un jeune garçon perdu dans une cave. Il a faim, il est effrayé, mais il semble être en possession d'objets volés. Que faites-vous ?
Il parlait à une mère, il attendait quoi comme réponse en lui parlant d'un enfant effrayé ?
- Je lui fais un câlin et je le rassure en lui disant que tout ira bien.
- Vous êtes une très bonne mère, madame, assura Codsworth avec un ton rassurant.
Oui, elle se faisait du souci pour Shaun et le délai toujours plus grand pour le retrouver.
L'homme la regarda, jeta un œil à Ace, eut un geste de la tête avant de prendre en note sans rien dire de plus. Quelque chose disait que son camarade avait eu une réponse similaire. Et ça la rassurait, dans un sens, de savoir que le type avec qui elle s'était alliée pour retrouver son enfant pouvait penser la même chose dans une situation de ce genre.
- Question quatre. Félicitations ! Vous avez été sélectionnée dans une équipe de baseball ! Quelle est votre position ?
Receveur était une réponse qui lui vint en premier lieu dans le crâne. Avant que ses pensées s'arrêtent un instant. Certes, c'était une réponse comme une autre, mais elle n'aimait pas le baseball. C'était Nate qui appréciait le sport, pas elle.
- Je ne joue pas au baseball. Je préfère la Lucha Libre.
- Un passe-temps de barbare, reprocha Codsworth. Vous avez passé bien trop de soirées devant la télévision avec un saladier de pop-corn pour regarder ces combats violents !
- C'est du catch mexicain, Codsworth. Ce sont des acteurs, des cascadeurs. Le combat est scripté. Certes, cela n'enlève pas l'aspect impressionnant ou le danger de la profession…
- Je… je vois. Dommage, fit leur interlocuteur. Question cinq. Votre grand-mère vous invite à boire le thé, mais elle vous surprend en vous donnant un pistolet et vous demandant de tuer quelqu'un. Que faites-vous ?
La réponse sortit avec tout le sérieux du monde.
- Je lui demanderais un mini-gun pour faire le job correctement.
- Vous vous êtes donné le mot ou vous connaissez déjà le test, avouez-le ! s'énerva l'homme en posant avec violence ses notes sur le bureau.
- Quel est le souci ? demanda la blanchette.
- J'ai eu une réponse quasi identique, informa Ace avec un sourire. Genre, j'ai juste utilisé une arme différente.
L'avocate retint un rire alors que Codsworth les regarda d'un air exaspéré. Leur interlocuteur eut une expression semblable, presque démoralisée, avant de reprendre :
- Question six. Le vieil Abernathy s'est enfermé à nouveau dans ses quartiers et on vous a ordonné d'aller le chercher. Que faites-vous ?
- Je force sa porte en crochetant sa serrure, répondit l'avocate.
- Et c'est tout ?
- Oui, pourquoi, je dois en dire plus ?
L'interrogateur soupira et revint à son questionnaire.
- Question sept. Oh non ! Vous avez été exposée à une forte dose de radiation et une main commence à pousser de votre ventre ! Quel est le meilleur traitement ?
- J'utiliserais un laser de précision pour me débarrasser des tissus mutés.
L'expression de l'homme disait qu'Ace avait très certainement encore une fois donné une solution qui y ressemble. Adara n'y pouvait pas grand-chose, à sa connaissance, peu de médicaments étaient efficaces passer un stade d'exposition radioactif. Il restait le Radaway, mais ça ne serait que s'exposer à des saletés pires du dehors et se condamner à vivre dans une bulle.
- Biais technologique… hummm… marmonna l'homme avec lassitude en prenant ses notes. Question huit. Un voisin est en possession du numéro un de la série de Grognak le Barbare. Vous voulez ce comic. Comment allez-vous vous y prendre ?
- Je propose d'échanger son numéro contre une autre bande dessinée de ma collection. C'est un comics, pas de quoi en faire des tonnes, répondit la blanchette.
- Choix intéressant. Enfin, question neuf. Vous avez décidé qu'il serait drôle de faire une blague à votre père…
Les poings d'Adara se serrèrent imperceptiblement. La dernière fois qu'elle avait vu son père, c'était à son exécution. Le mois d'avant, elle lui avait fait la promesse qu'elle rouvrirait son affaire, qu'elle ferait appel, qu'elle le sortirait de prison où il avait fini pour elle. Mais il lui avait juste souri calmement, comme s'il acceptait les faits. Il lui avait demandé d'avoir une belle vie alors qu'on le mettait sur la chaise électrique.
- … Vous entrez dans sa salle de bain personnelle quand personne ne regarde et…
- Je lui saute dessus pour un câlin. Je ne peux pas faire de blague à un homme comme mon père.
L'homme la regarda, puis haussa des épaules.
- Vous pouvez entrer à Convenant. Si vous cherchez à faire des achats, adressez-vous à Penny. Pour les soins, c'est avec le docteur Patricia Montgomery.
- Merci pour les informations.
- Le dortoir collectif est dans la seconde maison sur la gauche. Passez une bonne soirée.
Il se leva et alla déverrouiller la porte permettant d'accéder enfin à la colonie. Et Adara resta figée sur le seuil. C'était… c'était un morceau d'avant-guerre parfaitement préservé. Tout le monde avait des vêtements propres, si ce n'est un poil décoloré, entretenant un petit bout de jardin devant chez eux avec leurs flamants roses de plastic et leurs nains de jardins. Les boîtes aux lettres étaient certes rouillées, mais elles étaient parfaitement en place devant les petites maisons.
- Quel adorable petit voisinage ! s'extasia Codsworth. Si on oublie les murs de prisons.
Un homme en costume était assis sur une chaise de jardin, à côté d'une petite table, écoutant un transistor parfaitement entretenu tout en lisant le journal. Une femme travaillait dans un coin sur un établi, tandis que quelqu'un bossait dans les champs. Il n'y avait pas grand monde, peut-être une dizaine, voir quinzaine de personnes. Mais tout ceux qu'ils croisaient leurs souriaient d'un air amical.
- Je suis parano ou… demanda Ace sans finir sa phrase.
- Non non, ça me met moi-même très mal à l'aise, confirma Adara. C'est… c'est trop parfait. Trop… trop propre, presque. Je n'ai pas le terme mais…
- Oui, oui, je pense à la même chose. Je t'ai dit, non, que j'ai grandi dans un bidonville, non ?
- Oui, tu me l'as dit un peu plus tôt.
- En fait, ce bidonville était fait avec tous les déchets de la noblesse du royaume d'à côté. Genre, ce royaume avait d'immenses murs qui l'encerclait. Plus tu étais riche et influent, plus tu vivais au milieu de la cité. Mais ceux qui n'en avaient plus les moyens, ils finissaient dans le bidonville. C'est grâce à cela que cette cité se disait toujours propre.
- J'ai bien peur que ce que tu as vécu ne soit pas une expérience isolée avec les horreurs du monde moderne. Mais je ne pense pas qu'on soit sur le même type de squelette dans le placard, dans le cas pré-…
La parole d'Adara fut coupée par un coup de gueule d'un homme qui détonnait clairement de la population locale. Un mec en tenue de cuir poussiéreuse de la route qui devait en voir des vertes et des pas mûres. Un visiteur, clairement, qui se prenait la tête avec un homme en costume et chapeau.
Des grésillements les alertèrent, leur faisant pivoter la tête en direction de la radio qui coupa court la dispute qui brisait l'environnement paisible. Pendant un moment, ce en fut que du bruit blanc. L'homme assis à côté de la radio se redressa et tapota sur le transistor dans l'espoir de le réparer.
« Hiii, konnichiwa… »
Une voix suave sortit du haut-parleur, surprenant tout le monde. Et l'homme à l'autre bout se mit à rire.
« Ici Black Leg, je vous parle depuis Goodneighbor. J'ai hijacké la ligne de ce petit merdeux de Miles pour un petit message personnel. Alors, Diamond City, tout va bien ? Vous attendez encore qu'on vienne régler les soucis pour vous ? Tout va bien sous le soleil et l'Institut vous pisse pas trop dans les pompes ? Han ! Vous faîtes pitié. Et vous savez le pire ? Ceux qui auraient pu vous aider, vous les avez foutus à la porte. »
Adara était prête à dire que l'homme semblait un poil salé. Mais juste un poil. Pourtant, quand il reprit la parole après avoir audiblement tiré sur une cigarette, y'avait un petit sourire de revanche dans sa voix.
« Sinon, vous en avez pas marre avec vos power noodles de merde ? Vous êtes dans votre jolie petite bulle, à vouloir ignorer le monde et ceux qui sont différents, vous avez foutu à la porte le meilleur cuistot de ce putain de coin de merde. C'est pas Wellingham qui va vous faire de la cuisine de qualité. Soufflé à l'œuf d'Ecorcheur ? HAN ! Me faîtes pas rire ! Il arrive tout juste à différencier le sel du poivre, ce tas de ferraille ! Ce que je sais par contre, c'est qu'il n'y a que deux personnes qui savent encore comment préparer la vraie Sriracha. Et avec l'un qui joue littéralement les clignotants, il semblerait que ceux qui ont la meilleure cuisine du Commonwealth, ce soit les goules et les rébus qui vous servent de voisins ! Alors, le jour où vous mettrez derrière vous votre racisme et connerie incommensurable, on en rediscutera. En attendant, je lève un verre pour de très vieux amis, présents ou non dans le Commonwealth et que Nika nous bénisse tous. »
Il eut un nouveau grésillement qui ramena de la musique qui se coupa rapidement sur la voix paniquée de Travis Miles qui ne comprenait pas ce qu'il s'était passé, ni pourquoi "Black Leg" avait décidé de prendre en otage la diffusion pour ce message étrange, avant de s'excuser et de remettre la musique.
- Ce type prétend pouvoir faire de la Sriracha ? souffla Adara. Codsworth, il faut que nous allions le rencontrer.
- Votre amour de la nourriture épicée aura raison de votre estomac, gronda gentiment le robot. Quelque chose ne va pas, monsieur Portgas ?
- Alors, sans offense, on peut arrêter le monsieur ? demanda Ace avec une grimace. Genre, monsieur, c'est pour les gens respectables, pas vraiment ce que je suis. Si dire juste « Portgas » est trop compliqué, j'ai bossé dur pour atteindre le grade de commandant de flotte dans mon équipage, donc, « commandant Portgas » me va très bien.
- Je réitère donc ma question, commandant Portgas, répéta avec autant de patience que possible le robot. Il semblerait qu'il y ait quelque chose qui vous chiffonne.
- C'est la voix du gars de la radio, ce Black Leg. Elle m'est familière. Mais ce qui me fait le plus tiquer est cette mention à Nika.
- Ce n'est pas un culte duquel je suis familière, informa l'avocate. Personnellement, si je devais m'aligner à un courant de pensée, je serais plus une animiste.
- Nika est un dieu de chez moi, dit gravement le D. Un guerrier mythique, le dieu du soleil… que l'on a cherché à effacer de l'Histoire. Je connais son histoire parce que j'ai côtoyé des anciens esclaves et d'anciens prisonniers, et le personnage de Nika est associé à eux. C'est un dieu libérateur. Un dieu protecteur et bienveillant, ami et libérateur des opprimés. Son nom dit littéralement « qui sourit à pleine dent ».
Adara regarda son camarade qui avait simulé un immense sourire avec ses doigts avant de fixer la radio.
- On sait quoi faire une fois que l'on aura retrouvé Shaun. Allons nous poser.
Avec une main dans le dos de son camarade pour l'encourager à avancer, ils se remirent en marche. Ils virent dans le fond, entre deux petites maisons, un Mr Handy endommagé vantant les mérites de la limonade de Deezer. Comment diable ce « Deezer » arrivait-il à faire de la limonade sans qu'il ne semble y avoir de citron dans les environs, ça restait un mystère. Un mystère qu'ils n'avaient pas vraiment envie d'explorer parce que quelque part dans leur esprit, une boisson gratuite disait qu'il y avait quelque chose de louche.
- Soyez les bienvenus !
L'un des hommes impliqués dans la dispute de tout à l'heure était à présent devant eux. C'était un individu bien portant en costume gris et petit chapeau.
- Je suis Jacob. Jacob Orden et c'est moi qui suis en charge de cette petite ville. Je suis heureux que vous ayez réussi le test, notre porte est toujours ouverte pour les personnes de qualité.
- Cette place à l'air bien trop belle pour être vraie, pointa lentement Adara en essayant de se retenir de resserrer sa prise sur son arme.
Du coin de l'œil, elle voyait le voyageur qui avait fait scandale attendre dans le fond, en la fixant elle et Ace spécifiquement.
- Pour faire concurrence à Diamond City et Bunker HIll, il faut que nous offrions quelque qu'ils n'ont pas. Et nous ici, c'est le confort et la civilité. Restez avec nous un moment et vous pourrez être témoins de cela. Seulement…
Il se tourna partiellement pour regarder le voyageur en cuir qui lui adressa un regard noir.
- Je vous recommande de rester au large de Mr Dan. Nous avons eu quelques plaintes à son sujet.
- Merci pour l'avertissement.
Cette étrange attitude presque trop accueillante la mettait sur les nerfs. Ça puait l'hypocrisie, elle en était certaine. Quelque chose ne tournait pas rond dans cet endroit. Comme si elle avait mis les pieds dans une simulation qui essayait beaucoup trop de se faire paraître sans défense et réelle. A côté, on avait ce… ce Dan, qui avec un visage grave, leur fit un signe les invitant à le suivre dans une allée entre deux maisons. Rien de suspect à tout ça, bien entendu.
Le duo échangea un regard.
- On mord à l'hameçon ? demanda Ace alors que Jacob s'éloignait.
- Il a l'air moins irréel que les autres personnes du coin. Allons voir ce qu'il nous veut. Codsworth, peux-tu garder un œil sur nos arrières avec Canigou, s'il te plaît ?
- Bien sûr, madame. Allons voir ce que vend ce Mr Handy, Canigou, invita le robot familial.
Et il flotta jusqu'à son homologue malheureusement en moins bon état. Les deux voyageurs allèrent à la rencontre de l'étrange individu à l'abri des regards qui commença par un soupir et râler :
- Tous ces faux sourires et ce palabrage me mettent sur les nerfs. Plus vite je serai parti d'ici, mieux ça ira.
Bon, ils n'étaient pas les seuls à trouver le coin bizarre.
- Je suis Dan, on me surnomme l'Honnête, allez savoir pourquoi. J'ai été embauché par le vieux Stockton à Bunker Hill pour retrouver une de ses caravanes et les dernières traces que j'ai d'eux mènent ici.
Il montra l'extérieur au-delà des hauts murs de béton, avec un vague geste du pouce, ce qui signifiait donc que les restants de la caravane devaient être dehors.
- Le souci est que pendant que j'essaie de retracer ce qu'il s'est passé, tout le monde me mène par le bout du nez ici.
- Bon courage, mais malheureusement, nous venons d'arriver, donc, je crains que nous ne puissions vous aider.
L'homme les observa sérieusement un instant, avant de baisser la voix :
- J'ai une offre à vous faire. Vous m'aidez à retrouver les gars de la caravane et on se partage la récompense. Il faut retrouver au moins un survivant qui aurait pu échapper à ce massacre. Et j'ai l'intention d'accomplir ce contrat.
Les deux camarades de voyages se regardèrent, puis Ace parla à voix basse lui aussi :
- Là, dans l'instant T, on peut pas promettre notre aide. On est à la recherche d'un gosse porté disparu, donc, vous comprenez.
Les épaules de Dan s'affaissèrent.
- Je comprends parfaitement. Je suis désolé pour vous, bon courage.
- Attendez, coupa Adara. Dites-nous ce pour quoi on doit garder un œil ouvert et on devrait s'arranger.
Dan les regarda un instant, clairement pensif, avant de reprendre la parole.
- Avez-vous un début de piste, quoique ce soit, pour retrouver le gamin ?
- Rien du tout, outre les divagations d'une vieille junkie.
- Alors, voilà ce que je vous propose… le vieux Stockton, il a beaucoup de contacts. Il connaît du monde, et beaucoup de choses qui se passent dans le Commonwealth. Si vous m'aidez à retrouver au moins Amelia, la fille du vieux, je vous accompagnerai jusqu'à Bunker Hill pour que vous puissiez l'interroger. A défaut, il pourra vous faire intégrer une caravane allant à Diamond City. Kessler a un accord avec plusieurs gangs locaux qui vous permettront un passage en sécurité. Et contre tout ce qui est goule et super-mutant, j'ai envie de dire que quelques bras armés de plus ne seront pas de trop.
- On va y réfléchir, dit clairement l'avocate.
Même si clairement, intégrer un groupe semblait être une bonne option pour entrer dans Boston, il restait le fait que leur priorité était de retrouver Shaun. Sans compter qu'on les avait encouragés à se rendre à Malden. Elle n'avait pas foi en les racontars de la vieille Mama Murphy, mais clairement, elle savait des choses. Et ce n'est pas comme s'ils avaient une autre idée dans le crâne.
- Il faut garder un œil pour la fille Stockton, c'est ça ? se fit confirmer Ace.
- On a Amelia Stockton, Fred O'Connell qui était le leader de la caravane, et Jay Mayfield. On a aussi deux mercenaires en plus, mais je n'ai pas de noms, apparemment, ils ont été embauchés par Mayfield en personne. Ce qu'il reste de leur caravane se trouve au nord-est, un peu plus loin d'ici.
- Je vois. On gardera un œil et une oreille avertie, mais on a notre propre recherche prioritaire.
- Je comprends parfaitement. Merci pour votre temps en tout cas.
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Adara ne dormait que d'un œil, enroulée autour de son arme, Canigou à moitié allongée sur elle pendant que Codsworth flottait doucement à côté de son lit. Ace n'était pas dans le sien. Il s'était absenté il y a de ça une heure et il n'était… pardon, il revenait à peine. Dans la pénombre, Adara voyait la silhouette agile de son camarade de voyage se glissait par la fenêtre qu'il avait ouverte pour partir juste avant. Fenêtre arrière qui menait droit sur le mur de protection de la colonie.
- As-tu trouvé quelque chose ? demanda à voix basse la blanchette en s'asseyant dans le lit.
Ace referma doucement la fenêtre et vint s'asseoir à côté d'elle.
- Les restes de la caravane sont très proches du coin. Et y'a des marques de sang qui mènent de l'attaque jusqu'à quelques mètres d'ici.
Il tira de sa poche une fine boîte de conserve qu'il lui tendit. En la prenant en main, le métal était légèrement chaud au toucher, dû au don du noiraud. Mais pas assez pour ne pas deviner un liquide qui lui, était froid, à l'intérieur de la boîte de conserve.
- Besoin de lumière ?
Adara leva le nez pour voir que son camarade avait allumé une flamme sur son pouce pour lui éclairer l'objet qu'elle avait dans sa main. Et l'étiquette l'alerta immédiatement.
- Une des limonades de Deezer, précisa inutilement Ace.
- Clairement, la caravane est passée par ici.
- On continue de fouiller ou on le laisse se démerder pour voir après ? demanda le pirate.
- J'ai bien réfléchi et… je pense qu'on va l'aider.
- Que nous vaut ce changement d'avis, madame ? se renseigna tout bas Codsworth.
Et il flotta pour contourner le lit afin de se rapprocher du duo assis de l'autre côté.
- Tout ce qu'il y a dehors est nouveau pour nous et nous en sommes réduits à fouiller dans le noir, se justifia l'avocate. Je veux retrouver Shaun, mais pour cela, il faut mettre toutes les chances de notre côté. Ce Stockton, clairement, il a de l'argent et des contacts. Bien assez pour se payer un enquêteur privé ou au minimum un mercenaire. Si on l'aide à retrouver sa fille, il nous aidera en retour. Peut-être même qu'il mettra à notre disposition des moyens dont il dispose. D'une façon ou d'une autre, nous avons besoin d'alliés, de gens qui savent ce qu'il se passe et qui peuvent nous orienter un peu mieux. Il y a toujours un risque, surtout quand on parle d'un marchand. Mais…
- Te justifie pas. Je vois parfaitement ton point de vue, rassura Ace. Donc, on trouve ce qu'il est arrivé à la fille de ce Stockton et on va l'embaucher dans notre quête pour retrouver Shaun. D'accord ? Donc, on gère cette histoire et direction Bunker Hill.
Ça allait pour Adara. A courir dans le noir, elle pourrait passer huit fois devant son petit sans le voir, alors que là, elle avait une occasion d'avoir l'appui de ceux qui avaient un réseau pouvant la renseigner.
- Je ne devrais pas dire ça, surtout à une défenseuse de la loi, commença Codsworth.
- Je ne défends pas la loi, je défends le bon sens et le peuple, c'est pour ça que je suis devenue avocate, rectifia froidement la blanchette en se levant les bras croisés.
Le robot eut un moment de silence, puis s'agita presque comme s'il secouait la tête.
- Comment ai-je pu l'oublier ? Excusez-moi madame.
- Je t'en prie, Codsworth. Dis-moi donc ce qui te travaille.
Le robot pointa quelque chose au travers le mur qui devait être un peu plus loin dans la colonie.
- J'ai remarqué un étrange aménagement dans ce qui semble être la maison du maire Orden. Il a une zone avec des minuscules fenêtres qui sont plus hautes que ce que des humains peuvent accéder sans aide. Étant capable de voler, j'ai pu jeter un œil par ces ouvertures pour voir de l'autre côté ce que je soupçonne être une cellule de détention.
- Étrange. Pour une communauté aussi petite, le crime ne devrait pas être une option, donc, une cellule ne sert à rien…. réfléchi Adara.
Elle s'arrêta pour voir qu'Ace avait étrangement blanchi à la mention de cellule et qu'il se frottait presque frénétiquement les poignets.
- Est-ce que ça ira ? s'inquiéta l'avocate.
Le noiraud sursauta et lui adressa un sourire faux qui signifiait « je ne vais pas bien, merci de vous en faire mais laissez-moi me désagréger dans mon coin, merci. »
- Ace ? Et si… et si tu te reposais ? Je vais aller y jeter un œil avec Codsworth, invita l'avocate.
Il y avait clairement des mauvais souvenirs associés à la détention, elle n'avait pas envie de le pousser dans ses retranchements, et ce, sans même prendre en compte les risques avec ses dons s'il perdait son sang froid.
- On a besoin de quelqu'un pour rester ici et donner le change si quelqu'un vient faire un tour, justifia la blanchette.
Le noiraud eut un long soupir tremblant et ne chercha pas à lutter, se contentant de se recroqueviller contre la tête de lit en se prenant la tête dans une main.
- Allons voir, Codsworth, souffla l'avocate.
- Tu auras besoin de ça.
Le duo tourna la tête vers le noiraud sur le lit qui agitait entre deux doigts une clef.
Avec perplexité, la femme prit l'objet et l'examina. Cela ressemblait à une clef de maison.
- Disons que Orden doit penser qu'il a perdu ses clefs. Si ça tourne mal, n'hésitez pas à hurler.
- Que feras-tu ? demanda Adara.
- Tout cramer jusqu'à ce qu'on soit en sécurité, pourquoi ?
Avec agacement, la femme se débarrassa du fusil de précision pour prendre l'arme de poing, plus discrète et plus facile à manier dans une infiltration.
- Le feu ne résout pas tous les problèmes.
- Seulement parce que l'on n'a pas fait cramer la bonne chose. Je pense pouvoir prétendre être un expert dans le domaine.
La blanchette leva les yeux au ciel alors que Codsworth avait un soupir empli de lassitude. La femme vérifia qu'elle ait des munitions sur elle et que son chargeur soit plein avant de se diriger vers la fenêtre par laquelle Ace était passé un peu plus tôt.
Sous le couvert de la nuit, marchant courbé, avec pour seul éclairage les lumières publiques remises à l'état par la communauté et la flamme qui permettait à Codsworth de rester en apesanteur, elle contourna les maisons, cherchant des yeux toute personne pouvant monter la garde. Dan avait été mis à la porte un peu plus tôt, ayant apparemment outrepassé son séjour ici, alors, rien ne disait qu'il n'y aurait pas des gens dans les rues pour s'assurer qu'il ne revienne pas. Codsworth lui pointa une maison d'un de ses appendices avant de lui dire de rester là. Il flotta paisiblement jusqu'au Mr Handy à proximité qui humait pour lui-même.
- Bonsoir, mon très cher monsieur Deezer ! salua joyeusement Codsworth.
- Bonsoir à vous, camarade Mr Handy ! Venu redemander votre dose de ma limonade faite maison ?! s'enthousiasma le robot avec une voix commerciale.
Profitant de la distraction, Adara traversa rapidement la rue pour rejoindre la maison que son camarade robotique venait de lui montrer. Elle entra aisément la clé dans la serrure et l'ouvrit. La porte était déjà ouverte et elle pivota sans bruit. Il n'y avait personne à l'intérieur. Elle referma le battant, le verrouilla derrière elle et s'avança dans la pièce. Un bureau, quelques étagères, une micro bibliothèque et un terminal alimenté en énergie qui diffusait une très légère lueur sur la pièce. Rien de bien exceptionnel, de prime abord, jusqu'à ce qu'elle remarque sur sa droite la pièce que Codsworth avait aperçue. Derrière une porte renforcée dont l'ouverture était clairement commandée par le moniteur. Dans la pénombre, elle s'en rapprocha et tira sur son cou pour voir, en dépit de l'obscurité, dans la pièce de l'autre côté de la porte de sécurité. Elle arriva à apercevoir deux chaises et un seau de métal. Il y avait des tâches sombres sur le sol, et elle craignait que cela ne soit du sang.
Elle s'en détourna pour revenir vers le terminal qui luisait faiblement dans la pénombre. Sans un bruit, elle s'y installa et le sortit de son état de veille pour voir qu'on demandait un mot de passe. Il était temps de faire parler son talent de hackeuse.
Bien vite, elle passa outre la sécurité étrangement haute pour un lieu aussi pauvre et trouva deux options. Un avec des données personnelles, des dossiers littéralement, et un autre avec un… rapport ? sur un pêcheur ?
« Chaque chose en son temps. D'abord voir ce que ce Orden mijote, puis on s'intéressera à cette histoire de pêcheur. » songea l'avocate.
Elle aurait tué pour des lunettes là, dans l'instant T, mais elle devrait faire sans. Peut-être que si elle revenait à moment donné à Sanctuary Hills, elle pourrait les trouver dans les décombres de sa maison ?
Elle entra dans le premier dossier pour voir des semblants de rapports sur les habitants les plus importants du coin. Le premier était sur un certain Mr Fitzgerald. On disait de lui qu'il traitait avec énormément de sérieux leur mission, qu'il ne faisait pas parler de lui, mais que cela aurait été bien qu'il ait une influence sur son épouse.
Mission ? Qu'est-ce que c'était que ces conneries ?
Elle eut plus d'informations en entrant dans le fichier de l'épouse, madame Penny Fitzgerald. Si Adara se rappelait bien, c'était la femme qui tenait la boutique de la ville. Et à son sujet, Orden avait beaucoup de reproches à lui faire. Le premier était « mentionne les synthétiques comme indésirables ».
C'était une histoire qui commençait bien.
Il était mention à son sujet d'une altercation avec une autre personne du nom de Mr Belle. Du fait aussi qu'elle ait un discours négatif au sujet d'autres lieux dans le Commonwealth, notamment Diamond City (à force d'en entendre parler, Adara se disait qu'ils allaient finir par devoir y aller). Il était mention aussi du fait que la femme avait averti un autre marchand sur les « méthodes » de l'Institut.
« Note : Si Mrs Fitzgerald n'était pas aussi efficace dans son rôle, je demanderais à ce qu'elle soit réassignée au Complexe. Mais comme elle est mariée à Mr Fitzgerald, il est nécessaire qu'elle reste postée ici de façon permanente… »
Mission ? Complexe ? De plus en plus curieux. Il ne fallait pas avoir fait des études de droit comme elle pour comprendre que Convenant n'était que la façade accueillante d'une organisation aux objectifs bien obscurs. Derrière, on avait ce Complexe. Ce qu'il voulait, ce qu'il visait, allez savoir.
Adara passa au dossier suivant dans l'espoir de trouver d'autres informations.
Elle apprit que Ted Huntley était un homme nerveux et anti-social, dont l'utilité pour l'instant était de servir de messager avec le Complexe, en dehors du fait qu'il s'occupait du champ de la communauté. Apparemment, il avait un passé assez traumatique, d'où son comportement, mais rien de plus avec lui, la laissant avec encore trois personnes d'intérêts avec un rapport à leur sujet sur le terminal.
Elle jeta un regard par-dessus son épaule pour s'assurer qu'elle soit vraiment tranquille en dépit du fait que la porte soit fermée à clef, et reprit sa lecture avec le dossier suivant : Talia McGovern.
C'était une femme nerveuse et sur les nerfs, débordante de compassion. Apparemment, on ignorait si cette compassion était de la comédie ou un signe de guérison suite à un trauma. Le fait qu'elle en fasse trop était apparemment un problème puisqu'il était essentiel que tout le monde agisse naturellement.
Cela rappelait à Adara ce vieux film, dans un sens. Le Truman Show, avec Jim Carrey dans le rôle principal qui découvrait du jour au lendemain qu'il avait vécu toute sa vie dans un programme télévisuel entouré d'acteurs. Ici, tous les visiteurs étaient à la place de Jim Carrey qui commençait à réaliser à quel point le monde autour de lui était faux.
Le rapport suivant était sur le médecin local : Patricia Montgomerry. Une femme qui refusait de s'intégrer qui devait avoir un gros sentiment d'injustice de s'être vu assigné à Convenant au lieu de travailler sur leur mission première.
Juste cela disait à Adara que la « mission première » de ce complexe avait besoin d'un minimum d'expertise médicale. Et elle craignant de découvrir pourquoi. En tout cas, la seule raison pour laquelle cette femme était en ville, c'est parce que Convenant avait besoin de quelqu'un avec des compétences médicales pour attirer du monde.
L'avocate passa enfin au dernier nom. Swanson. C'était l'homme qui leur avait fait passer le test à l'entrée. Un homme discret sous les ordres directs du Complexe, de ce qu'elle lisait. Personne ne savait ici qui il était, ni ce qu'il avait vécu afin de pouvoir l'aider. Il se mettait clairement à l'écart de la communauté. La question restait de savoir si c'était ses ordres qui le réclamait ou juste son caractère.
Cela faisait beaucoup et elle commençait à avoir pas mal de questions. Énormément de questions. Dont une qu'elle souhaiterait adresser directement à Dan lui-même qui devait encore traîner en dehors du portail de Convenant.
Elle revint tout au début et entra le brouillon au sujet du pêcheur.
« Mr Huntley a dû avorter cinq course vers le Complexe à cause d'un pêcheur (nom inconnu) qui se serait installé à l'étang de Mystic Pines. Mr Huntley a rapporté que le "nouveau coin de pêche favori" de l'individu est directement au-dessus de l'entrée du Complexe. L'équipe ayant récupéré le sujet Stockton a failli se faire apercevoir par cet inconnu. Je recommande… »
Le brouillon n'allait pas plus loin. Adara avait ce qu'elle voulait. Elle remit le terminal en veille et, aussi silencieuse qu'un chat, revint vers la porte. Elle la déverrouilla et l'entrebâilla juste assez pour voir si la voie était libre, avant de se glisser à l'extérieur. Évitant l'éclairage public, elle se glissa dans les ombres et se dirigea à pas de loup vers la maison/dortoir. Elle pénétra à nouveau par la fenêtre pour voir qu'Ace s'était soit endormi, soit avait fait une crise de narcolepsie, parce qu'il avait la tête sur sa poitrine, les yeux fermés, alors qu'il était toujours assis contre la tête de lit.
Même si c'était louche un départ en plein cœur de la nuit, Adara ne pouvait pas rester une minute de plus dans cet endroit. Elle ramassa les rares affaires qu'ils avaient défaits et bénit tous les esprits qui l'écoutaient quand Ace se réveilla apparemment en sursaut de sa crise.
- Dehors, se contenta de lui dire l'avocate devant le regard interrogateur de son camarade.
Il hocha la tête et avec des gestes patauds, il se releva du lit pour l'aider à finir de ranger avant qu'ils ne s'en aillent. Les apercevant en train de sortir par la porte officielle du dortoir, Codsworth cessa sa conversation avec son homologue robotique et les suivit sans un mot, comprenant à l'expression de l'avocate que les choses étaient sérieuses.
Sauf qu'il y avait un communauté d'accueil à la sortie sous la forme du maire.
- Bonsoir, vous partez déjà ? sourit aimablement le vieil homme.
- Une longue route nous attend, répondit laconiquement Ace.
- Je vois. Vous savez, on vous a vu fouiner un peu partout. Pas très civil de votre part, je dois dire.
La clef du maire pesait brusquement très lourd au fond de la poche d'Adara.
- Je sais que vous devez penser que vous faîtes ce qui est juste. Je me dois cependant de vous mettre en garde. Ne faîte pas de décision stupide que vous pourriez regretter.
- Et si vous nous disiez clairement ce que vous avez à l'esprit, siffla l'avocate.
- Vous avez entendu des rumeurs au sujet d'une certaine caravane d'un certain Stockton… et d'un certain complexe. Vous ne pensez pas que nous aurions quelques raisons pour faire ce que nous faisons. Les meilleurs intentions du monde ?
- L'Enfer est pavé de bonnes intentions, lui dit simplement Adara.
C'était justement ça qui avait mis son père sur la chaise électrique.
- Et si je vous offrais cent capsules chacun pour arrêter votre petite enquête ?
- Je suis une avocate. La corruption est contraire à mes principes d'éthique.
- Ouuuh… si l'avocate parle d'éthique, c'est que votre affaire pue un max, alors, perso, je préfère avoir foi en mon nez plutôt qu'en vos capsules. Ah et navré, pour ce qui est du fric, je préfèrerai encore et toujours l'or sonnant et trébuchant, renchérit le D. en fronçant les sourcils.
Du coin de l'œil, Adara vit que son camarade avait fermé son poing sur le canon du fusil à pompe, apparemment prêt à administrer un coup de crosse au vieux devant eux s'il insistait à leur tenir la jambe.
- Essayons autre chose… on récupère les survivants de la caravane de Stockton et on s'en va chacun de notre côté, sans plus d'effusion de sang, proposa la blanchette.
L'ancien soupira et s'éloigna.
- Je n'ai aucun pouvoir sur ce sujet. Je vais les avertir de votre visite.
Le duo devant la porte se regarda, haussa des épaules et quitta la colonie. Ils jetèrent un regard au bureau de Swanson qui n'était plus à sa place. On entendait vaguement ses pas alors qu'il courrait dans la nuit pour certainement avertir le complexe de la visite prochaine du duo. Et il était fort probable que Dan l'ait suivi, vu qu'il n'était pas dans les environs.
La blanchette ouvrit son Pip-Boy pour se faire confirmer la localisation du point de repère de Mystic Pine. Oui, c'était en face, de l'autre côté du plan d'eau.
- Faut contourner le plan d'eau, dit-elle à Ace en laissant retomber son bras.
- Eh bien en marche. Ah, et j'y pense.
Alors qu'ils se mettaient déjà en marche dans la pénombre pour contourner l'étang radioactif, Ace sortit une holotape de ses affaires.
- J'ai trouvé ça dans la poubelle pendant que tu fouillais le terminal du gars.
La blanchette prit la disquette et l'examina à la lueur verdâtre de son Pip-Boy. Il n'y avait aucune indication dessus, outre deux lettres : R.R.
Avec curiosité, elle inséra l'holotape dans le lecteur de son Pip-Boy et lança la lecture.
Une femme leur parla. Une femme mature, clairement. Mature et sérieuse, avec une mission à accomplir pour laquelle, elle était semblerait-il prête à suer sang et eau.
« Réveille-toi, Commonwealth. Les Synthétiques ne sont pas nos ennemis. Ce ne sont que des victimes dans cette guerre, eux aussi. Certes, ils ont été créés par l'Institut. Mais ils ont été conçus en tant qu'esclaves. Des êtres avec des pensées, des sentiments et des rêves, qui sont mis au pas par leurs maîtres tyranniques. Alors, rejoins-nous. Bats-toi avec nous contre le véritable ennemi ici : L'Institut. Rejoins le Railroad. Quand tu seras prêt pour la prochaine étape, pas d'inquiétude, nous te trouverons. Que Nika soit avec nous dans cette guerre pour la liberté. »
Et l'enregistrement s'arrêta.
- Même si je trouve étrange que le culte de Nika se soit ainsi propagé, je peux au moins dire à ce groupe qu'ils ont choisi le bon dieu et la bonne méthode. Et qu'ils ont possiblement un allié, commenta Ace.
C'était dingue comme un simple message de propagande répondait à tant de questions. Tout devenait subitement plus clair pour Adara. Et surtout, elle savait que faire et que choisir dans la situation qui se présentait.
- J'ai peut-être compris de travers, mais avec ce que j'ai réuni, voici que j'en déduis, dit la femme avec une voix froide. Convenant est un appât. Une couverture de surface pour attirer des voyageurs qui sont sélectionnés avec le test que l'on nous fait passer à l'entrée. Mais derrière, il y a ce complexe qui tire les ficelles. Leur but est de dénicher les synthétiques, et ce, en utilisant leur test d'entrée. Je ne pense pas que leur test soit fiable à cent pour cent, donc, ils doivent utiliser tous les résultats positifs ou les sujets pour lesquels ils sont certains d'avoir affaire à des synthétiques pour raffiner leur méthode. Le pourquoi reste à voir, mais je pense que c'est une façon qu'ils ont trouvé de lutter contre l'Institut dont tout le monde n'arrête pas de parler.
- En parlant d'Institut, personne n'en a fait mention à Convenant, nota le D. d'une voix acide. Tu sais ce que je pense ?
- Eclaire-moi ?
- Je pense que ce n'est pas en attaquant les victimes des circonstances qu'ils pourront gagner cette guerre. S'en prendre aux synthétiques n'est pas la solution. Avec ce qu'on a appris à ce sujet depuis qu'on est sorti de l'abri, il semblerait que l'Institut ait la possibilité d'en faire des tas. Ce qui implique des moyens. Beaucoup de moyens, que ce soit financier, militaire et scientifique. Ce n'est pas un synthétique ou deux qui disparaît qui leur mettra un coup dans la machine. Ils peuvent toujours en faire plus. De plus performants, de plus obéissants, de plus difficiles à détecter.
- Il ne serait pas surprenant qu'ils aient déjà infiltré les grosses factions ou villes du coin, s'ils sont aussi doués que ça. Mais clairement, sauf en éradiquant en une fois les synthétiques, ils n'arriveront à rien comme ça.
Elle porta deux doigts à sa tempe.
- Il faut viser la tête. Le cerveau de l'opération.
- Ce qui me va très bien parce que je suis très anti-esclavage, siffla dangereusement le D.
- Moi de même. Ce n'est pas parce que l'esclavage est censé être aboli depuis plus de quatre cent ans que le problème a disparu, et malheureusement, avec mon teint de peau, j'ai eu droit à plus d'un sous-entendu sur le fait que ma place était plus avec des chaînes à mon cou que sur les bancs d'une école ou au barreau d'un tribunal, gronda froidement la femme.
- Tout va sauter.
C'était une simple constatation sur ce qui risquait très fortement d'arriver une fois qu'ils seraient arrivés à destination.
- Je n'ai aucun problème avec le sujet. Essayons juste de faire sortir les innocents d'abord, répondit l'avocate.
- C'est bon pour moi.
Adara vérifia que ses armes soient chargées et qu'elle ait des munitions à portée de main. Ils allaient dans une situation inconnue. Alors, il fallait qu'ils se préparent. Si Ace pouvait mettre le feu à tout et n'importe quoi, ce n'était pas son cas, et elle n'avait pas l'intention de le laisser tout gérer. Elle n'était pas une bonne à rien, une petite femme sans défense. Elle était une femme forte apte à prendre les armes pour ce en quoi elle croyait.
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Pour arriver à la localisation de ce « complexe », il avait fallu marcher deux bonnes heures. Assez pour que le soleil commence à se pointer à l'horizon. Ils surent qu'ils étaient au bon endroit parce qu'il y avait du matériel de pêche au-dessus d'un des trois tuyaux d'évacuations qui étaient assez grands pour qu'un homme puisse entrer en marchant courbé. Mais ce n'est pas ça qui attira l'attention de l'avocate. C'est les gardiens de cette entrée.
Les tuyaux émergeaient de la colline par une dalle de béton. Et sur cette dalle de béton, il y avait un couple d'assis, se tenant par la main. L'un d'eux était sur une chaise et l'autre sur un fauteuil roulant. Et même en étant toujours des squelettes, ils étaient toujours ensemble, côte à côte, regardant l'étang et la nature depuis leur poste d'observation.
- C'est… c'est triste et très beau à la fois, commenta Ace devant la vue.
Adara s'accroupit devant le vase qui était posé au pied du couple toujours lié dans la mort. On avait mis des fleurs fraîches dedans. Quelqu'un devait penser la même chose qu'eux et rendre hommage à cette scène en y mettant régulièrement des fleurs.
- Tu veux savoir le plus triste ? demanda doucement l'avocate.
- Dis-moi ?
Avec une phalange, elle tapote le vieux fauteuil roulant de l'homme du couple.
- Ils n'auraient pas fait un long chemin pour venir ici. Ce n'est physiquement pas faisable, même en prenant en compte l'échangeur au-dessus de nos têtes. Ils viennent de très près. Et si tu remontes la pente, tu as la maison de retraite Mystic Pines. Ce devait être des résidents qui profitaient d'un des rares plaisirs que la vie pouvait leur offrir à leur âge, avant que les bombes ne tombent.
Elle tourna la tête en entendant son camarade frapper dans ses mains et vit qu'il les avait jointe en fermant les yeux, comme s'il priait.
Elle l'aurait laissé faire, honnêtement, mais Dan l'Honnête avait eu une tout autre idée en émergeant de l'un des tuyaux en grommelant.
- Vous tombez bien, grinça-t-il en les voyant.
Il fouilla ses poches et en sortit une boite de gélules de Rad-X.
- Ce gars, à l'entrée, Swanson. Je l'ai vu se barrer en courant, donc, je l'ai suivi jusqu'ici. Faut croire que j'ai bien fait parce que sous nos pieds, y'a une foutue base d'opération.
- Un complexe, oui. On a appris qu'ils ont une sorte de centre de recherche pour repérer les synthétiques, confirma Adara.
Dan eut l'air mortifié à l'idée.
- Il n'y a aucun moyen de reconnaître un synthétique d'un véritable humain sans le tuer ! L'Institut est bien trop avancée à ce stade pour qu'on puisse faire la différence ! Ils ont dû tuer des tas d'innocents dans leur folie !
- Quelles sont les chances que la miss Stockton en soit une ?
- Aucune foutue idée et honnêtement, c'est pas mon souci. Synthétique ou pas, y'a un vieux type à Bunker Hill qui dit que c'est sa fille, alors, je vais pas me détourner de mon boulot parce que c'est possiblement une création de l'Institut. Ce que je sais par contre, c'est qu'ils sont des gardes à l'entrée. C'est un miracle qu'ils ne m'aient pas repéré.
- Laissez-nous parler, on fera notre possible pour sortir la fille de là.
- Dois-je rappeler vos talents inexistants en négociation, madame ? demanda Codsworth.
- On fera avec. C'est bon pour toi, Ace ?
Le D. retira une chaîne de son sac et l'entoura autour de son poignet. Immédiatement, Adara sentit la température ambiante se rafraîchir. Une observation plus poussée lui fit remarquer que c'était les mêmes entraves qui avaient fait partie du caisson du noiraud dans l'abri 111.
- Je suis prêt, assura le jeune homme en armant son fusil à pompe.
- Vous avez du Rad-X pour entrer ? La zone est suffisamment immergée pour que les radiations puissent poser problème, pointa Dan.
- Canigou, tu restes là, ordonna Ace.
Le chien eut un gémissement triste, mais alla s'asseoir au pied du couple de cadavres. Quant à Adara, elle avait déjà sorti une de ses propres boîtes de Rad-X et en fit tomber quelques gélules dans la main tendue de son camarade, avant d'en prendre tout autant. Puis, avec précaution, ils se glissèrent dans le tuyau que leur pointa Dan et le remontèrent aussi loin que possible, Codsworth insistant pour passer devant.
Bientôt, la lumière ne provint plus que du Pip-Boy d'Adara et de la flammèche qui alimentait Codsworth. Mais ils continuèrent leur avancée pendant quelques minutes, jusqu'à voir de la lumière vive et artificielle pénétrant dans le tuyau par une paroi absente un peu plus loin devant eux, comme si quelqu'un avait collé un projecteur juste devant.
- Halte ! Qui va là ! cria quelqu'un à l'extérieur du tuyau.
Se sachant grillés, ils sortirent pour arriver dans une grande pièce qui devait certainement servir à l'entretien du service d'évacuation des eaux usées auparavant. Sur leur gauche, une plateforme rouillée remontait en légère pente douce pour en rejoindre une qui était juste devant eux et qui menait au reste du complexe. Et trois personnes se tenaient sur cette structure de métal devant eux. Ils avaient un peu de mal à les voir à cause de la puissance du projecteur qui étaient braqués droit sur le tuyau, et donc, sur le visage de nos héros, mais ils apercevaient la silhouette de leur comité d'accueil, tout comme ils arrivaient à voir une tourelle automatique juste derrière eux.
- Nous n'acceptons aucune personne étrangère à notre organisation. Que voulez-vous ? demanda l'un des gardes.
Le changement de posture de l'un d'eux disait qu'ils venaient d'être mit en joue, sans compter que le canon de la tourelle semblait braquer droit sur eux.
- Nous sommes ici en paix, assura Adara. Nous sommes à la recherche de réponses sur le statut d'une caravane de Bunker Hill appartenant à Stockton, rien de plus.
Ce n'était pas tout à fait vrai, mais s'ils voulaient arriver jusqu'aux prisonniers sans encombre, il le fallait. Sans compter qu'il y avait quelque chose dans l'air qui la rendait nerveuse. Qui lui donnait envie de rugir et de tomber sur ces gens avec la rage des dieux. C'était comme si la peur, la haine et l'incompréhension des gens qui avaient passé du temps entre ces murs s'étaient infiltrés dans le sol pour l'attaquer vicieusement par derrière en lui intimant de venger tout le monde.
Leur priorité était de trouver des survivants et de les faire sortir, mais c'était difficile avec ces sentiments qui l'envahissaient.
Elle sentait Ace trembler à côté d'elle. Pas de peur ou de froid, mais comme si lui-même se retenait d'agir.
Les gardes hésitèrent puis soupirèrent avant de leur faire signe de les suivre.
- Pas de geste suspect ou on vous descend. On va vous conduire au docteur Chambers. Elle aura certainement une idée de quoi faire de vous.
A pas lents, sous la surveillance armée du groupe, ils grimpèrent pour les rejoindre sur la plateforme et les suivirent au travers le complexe. Plus d'une fois, Adara dû empêcher Ace de retirer la chaîne à son poignet. Oui, au travers certaines portes grillagées, on pouvait voir du sang, et oui, elle sentait que cet endroit avait connu un nombre incalculable de morts violentes, mais ils se devaient de garder la tête froide. Ils étaient dans une mission de sauvetage. La mort et la destruction étaient à chaque coin de couloir dans cette antique structure humide où la pierre taillée marron se confondait avec les énormes canalisations qui passaient ça et là sans logique apparente.
Finalement, ils arrivèrent dans une immense pièce, et d'office, le regard d'Adara monta vers la coursive supérieure de celle-ci. Elle voyait trois portes de cellules.
- Cellule numéro deux occupée par personne vivante, siffla entre ses dents Ace.
- Patiente encore un peu, lui répondit l'avocate.
Elle devait se concentrer sur l'idée de sauver cette personne en cellule, le reste viendrait en temps et en heure.
Leur guide leur demanda d'attendre à l'entrée et alla à la rencontre d'une femme assez âgée, une scientifique clairement, si on en croyait sa blouse blanche et ses lunettes de protections. Les deux échangèrent quelques mots et avec une voix hautaine, elle s'adressa à eux :
- Donc, vous êtes ceux qui menaient l'enquête sur la caravane de Stockton ? Est-ce que vous avez la moindre idée que la soi-disant fille de ce vieux sénile est très probablement une synthétique ?
Adara remarqua quelque chose sur la poche pectorale de la femme. Un emblème familier, très familier, suffisamment familier pour qu'il soit sur son sac en plus du logo de l'abri 111. Cette femme portait une blouse de l'équipe scientifique de Vault-Tec. Et maintenant qu'elle avait fait cette connexion, elle ne pouvait s'empêcher de trouver une certaine ressemblance avec les protections de ceux qui servaient de garde, avec celle de l'équipe de sécurité de l'abri. Certes, dessous, c'étaient des vêtements tout ce qu'il y a de plus lambda, mais le parallèle venait de la percuter et la faisait tiquer.
- Peu importe, poursuivi la femme. Je vais être très claire avec vous. Il n'y a que deux façons dont cela peut se finir. Soit, nous arrivons à un accord, soit, ça se termine dans la violence. Je vous fais une offre. Vous me laissez en finir avec la synthétique de Stockton et me laissez continuer mon travail, et je m'alignerai sur la récompense qui vous a été promise. Soit, c'est la mort.
- Ouais, nan, pas moyen, intervient Dan. J'ai mon mot à dire, c'est mon contrat, et pas moyen que je vous laisse m'acheter.
- Bien heureusement pour moi, je ne parlais pas avec vous, lui dit sèchement la scientifique.
- Vous vous alignez avec cette folle et vous allez avoir un sérieux problème, dans le genre, léthal.
- Merci de ne pas remettre en doute l'intégrité de madame, cher monsieur ! s'insurgea Codsworth.
- Voici ma réponse à votre accord, docteur.
Elle se saisit du révolver à deux mains et le pointa sur le front de la femme. Elle n'avait pas besoin de s'en faire sur le risque de se faire tirer dessus par la sécurité. Ace avait comme anticipé son action et avait littéralement enfoncé le canon de son fusil à pompe dans la gueule du type de la sécurité.
- Je jure comme Avocat d'exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité. C'est le serment que j'ai prononcé le jour où j'ai cessé d'être une élève. C'est un serment que j'ai répété sur la tombe de mon père. Et clairement, accepter votre offre va contre ce serment.
Elle retira la sécurité de son arme.
- No deal.
Le coup de feu partit.
Adara regarda le corps tomber à ses pieds.
La première fois qu'elle avait vraiment tué quelqu'un, c'était pour se défendre, et ça avait mené son père en prison quand il avait pris le blâme pour elle. Elle s'en voulait encore aujourd'hui alors que c'était de la légitime défense qui avait mené à cette situation.
Mais là, avec cette scientifique au crâne explosé se vidant de sa cervelle sur le sol sale, elle sentait qu'elle avait fait le bon choix.
Un coup de feu, plus important, brisa ses pensées.
Ace avait tiré aussi de son côté, laissant un nouveau corps sur le pavement sans le moindre regard.
Oui, ils avaient fait le bon choix, elle le sentait dans le fond de son estomac.
- Je vais sortir la fille de là, gardez la porte, demanda Adara en se dirigeant vers un terminal à proximité.
Son instinct avait été juste en voyant rapidement des commandes d'ouvertures de porte. Elle ne réfléchit pas et les ouvrit toutes.
Des coups à la porte l'avertirent qu'on cherchait à entrer, mais Ace s'était juste adossé au battant en croisant les bras, les talons bien plantés dans le sol et clairement, il ne bougerait pas comme ça. Déjà Dan était parti chercher la fille dans sa cellule. La pauvre femme, tout juste la vingtaine, était traumatisée et hystérique, avec des marques visibles de tortures et de maltraitance. Elle répétait en boucle qu'elle n'était pas une synthétique, qu'elle était Amelia Stockton, un véritable être humain.
Que ce soit le cas ou pas, Adara n'en avait rien à faire.
Elle voyait une fille dans un état lamentable et fit la chose la plus logique pour elle : elle ouvrit ses bras et la serra contre elle.
- Quoiqu'il se soit passé, c'est fini. Le cauchemar est fini.
L'avocate entendait presque la voix de son père répétant les mêmes mots qu'elle à cet instant. Les derniers mots qu'il lui avait adressés avant de finir dans le couloir de la mort.
- On va vous ramener à Bunker Hill, assura Dan à la demoiselle.
La pauvrette était en sanglots dans les bras d'Adara.
- Je peux faire sauter la chaîne pour libérer la route ? demanda Ace.
- Ecoute-moi, interpela la blanchette à l'attention de la jeune femme dans ses bras.
Elle la saisit par les épaules pour la regarder dans les yeux.
- On va devoir courir. Très vite. Sans réfléchir et sans se retourner. Donc, tu restes courbée, et tu me suis, d'accord ?
Amelia renifla et hocha la tête.
- J'ouvre ou tu ouvres la route ? demanda Dan à Ace qui rangeait soigneusement sa chaîne dans son sac.
- Je te laisse ouvrir. Si je m'y mets, il y a de forte chance qu'on ait quelques petits soucis, grimaça le D. avant d'ouvrir à peine la porte pour y passer une main.
De l'autre côté, on entendit des cris et des hurlements de douleur, avant qu'Ace ne referme le battant avec une main un poil fumante.
- Vous êtes prêt ?
Adara fila son pistolet à Amelia et arma son fusil. Dan en fit autant.
Le noiraud posa un doigt sur la porte en regardant la blanchette pendant que Codsworth ramassait lui aussi une arme. L'avocate comprenait presque d'instinct ce que lui suggérait son camarade et se mit en garde, visant précisément le doigt. Quand la porte s'ouvrit, elle fit feu, et un des rares gars encore debout derrière se prit une balle dans le crâne. Dan lui-même fit le ménage, passant devant avec le robot. Ils avancèrent aussi vite que possible, refaisant le chemin inverse pour retrouver la sortie.
- Filez, ne vous retournez pas ! hurla Ace alors qu'ils courraient sur les différentes passerelles.
Vu que ça commençait à sentir le brûlé derrière, personne n'avait envie d'arrêter la course pour voir ce qu'il se passait.
.
.
C'est avec un certain soulagement qu'ils finirent à l'air libre, mais là encore, ils continuèrent de courir. Avec raison parce que le souffle de l'explosion manqua de les renverser. Un morceau de l'échangeur, déjà abîmé par le temps et les bombes, trembla et quelques voitures tombèrent d'en haut, bien heureusement pas assez proche du site d'explosion pour rajouter au chaos.
Ace les rejoignit comme si de rien était, et ensemble, ils se remirent en marche.
Ils se devaient de retourner à Bunker Hills.
Ils firent juste une pause entre temps pour se restaurer grâce à la brahmine grillée qui attendait toujours dehors. Et aussi pour qu'Amelia puisse se calmer.
Malheureusement, ils avaient oublié un détail. Le chemin le plus praticable passait devant Convenant.
Donc, ils eurent droit à un comité d'accueil armée.
Et le retour de l'étrange inconnu avec son jingle de piano de série noir. Son épée mit hors-jeu quelques tourelles, avant qu'il ne se tourne vers leur groupe, comme pour leur dire quelque chose, avant de disparaître.
Mais bientôt, tout était fini, avec la colonie de Convenant en feu.
Sans un mot, comme s'ils étaient liés par un pacte, le groupe s'éloigna sans regarder le massacre. Personne ne parlerait de ce qu'il venait de se passer. Personne ne ferait mention du fait qu'ils avaient littéralement rayé de la carte une colonie humaine dans un environnement post-apocalyptique.
- On devrait allumer la radio pour garder une oreille sur la météo, suggéra Dan alors qu'ils s'éloignaient sans un regard de la colonie en feu.
Sans un mot, Adara lança la radio de son Pip-Boy.
I go out walkin' after midnight
Out in the moonlight
Just like we used to do
I'm always walkin' after midnight
Searchin' for you
Les accents Texans de la chanson firent sourire tristement la blanchette qui laissa retomber son bras, écoutant le titre vieux comme le monde pendant qu'ils s'éloignaient du brasier. La route pour Bunker Hills était encore longue.
I walk for miles along the highway
Well, that's just my way
Of sayin', "I love you"
I'm always walkin' after midnight
Searchin' for you
