Coucou ! J'ai eu un bug sur AO3, donc, je me décide à être généreuse sur Fallout. la chanson est "Sitxteen Tons" sur la variante Tennesse Ernie Ford.
Merci à Sam pour son autorisation pour utiliser son personnage.
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Beaucoup de choses échappaient à Ace sur le moment.
- Some people say a man is made outta mud
A poor man's made outta muscle and blood
Muscle and blood and skin and bones
A mind that's a-weak and a back that's strong
Le premier point qu'Ace ne comprenait pas, c'était leur route. Adara avait décidé de changer leur itinéraire. Ils venaient de laisser le duo Amelia/Dan continuer leur chemin vers Bunker Hill, pendant que l'avocate leur avait fait prendre vers le nord.
- I was born one mornin' when the sun didn't shine
I picked up my shovel and I walked to the mine
I loaded sixteen tons of number nine coal
And the straw boss said "Well, a-bless my soul"
Le second c'était pourquoi la blanchette avait décidé de pousser la chansonnette avec l'artiste, quand Travis avait diffusé cette chanson, claquant des doigts sur un rythme qu'elle semblait connaître extrêmement bien.
- I was born one mornin', it was drizzlin' rain
Fightin' and trouble are my middle names
I was raised in the canebrake by an ol' mama lion
Cain't no-a high-toned woman make me walk the line
Après, vu son expression, il n'avait pas trop envie de lui poser la question. Ou du moins de l'interrompre. Elle avait ce quelque chose dans le regard qui lui disait qu'elle était loin. Très loin dans ses souvenirs, très loin de ce monde mort et détruit qu'était le Commonwealth. Même Codsworth n'osait pas en placer une, même si l'un de ses yeux était fixé avec inquiétude sur la femme.
- If you see me comin', better step aside
A lotta men didn't, a lotta men died
One fist of iron, the other of steel
If the right one don't a-get you then the left one will
Le pirate aurait bien voulu avoir accès à la carte. Juste pour voir où ils allaient. Mais Adara avait pris leur carte papier tout en continuant de consulter régulièrement le Pip-Boy. Ce qu'il savait, pour l'instant, c'est qu'ils étaient en train de revenir sur leurs pas et qu'ils n'allaient pas tarder à retrouver les restes de la caravane de Stockton
- You load sixteen tons, what do you get?
Another day older and deeper in debt
Saint Peter, don't you call me 'cause I can't go
I owe my soul to the company store
Enfin, la musique s'acheva.
Un corbeau croassa.
Ploc
Une goutte de pluie tomba sur le ciment devant eux.
Un bourdonnement résonna alors que des moustiques géants jaillissaient d'une maison avec un hangar à bateau à proximité. Codsworth s'apprêta à partir à l'assaut mais Ace le retint en secouant la tête. Il se contenta de tendre deux doigts vers une mine anti-personnelle qu'il venait de repérer en dehors des buissons brûlés.
La carcasse de la voiture d'à côté explosa avec.
De la main, il redirigea les flammes pour qu'elles englobent les quatre créatures volantes aussi grandes qu'un humain.
Les horreurs des radiations
Il ferma son poing quand il ne resta que des cendres et remarqua que tout le monde le regardait. Même Canigou.
Qu'est-ce qu'il avait fait ?
Adara lui refila une taloche.
- Ce n'était pas nécessaire de faire autant de grabuge pour ces moustiques, s'agaça la femme.
- Tout comme ce n'était pas nécessaire de faire tout ce chemin pour revenir sur nos pas, reprocha Ace. Où on va comme ça ? Non, parce qu'on aurait pu s'épargner un petit kilomètre, j'en suis certain.
- Kilomètre ? Ici, c'est le miles qui est en vigueur pour les mesures de distances.
- Nous avons fait une route de près de sept kilomètres, soit quatre virgule quatre miles ! annonça Codsworth. Il est vrai qu'il est curieux que vous souhaitiez faire demi-tour à quasiment mi-chemin.
En dépit de sa peau sombre, il était simple de voir qu'Adara rougissait d'embarras.
La pluie tombait sérieusement à présent.
- Eh bien… j'ai capté quelque chose entre temps et je me suis faite la réflexion que si nous devions écouter la voyante, autant le faire maintenant.
- Et pourquoi ?
Pour toute réponse, Adara les entraîna à l'abri de la maison à l'abandon qu'ils avaient libéré de ses squatteurs. Certes, il n'y avait plus de vitres, les meubles avaient soufferts et le plancher pouvait s'effondrer par endroit, mais au moins, ils étaient à l'abri. Elle posa la carte papier sur l'îlot encore intact de la cuisine et tout le monde se réunit autour, même Canigou qui posa le bout de ses pattes avant à côté pour se dresser sur les pattes arrière afin de voir.
- Nous allions ici, dit la blanchette en posant son doigt sur Bunker Hill. Et notre objectif, c'est d'entrer dans Boston.
Et elle descendit son doigt vers la ville au sud.
- Cependant, Malden et donc, ce griffon, eh bien, c'est là-haut.
Et elle posa son doigt sur un point qui, à présent, semblait bien plus proche que leur objectif de base, même si à l'opposé.
- Ma logique dit « quitte à faire un détour, autant le faire là, maintenant et redescendre ensuite, plutôt que devoir retraverser la moitié de l'Etat pour y aller plus tard ». D'où pourquoi j'ai décidé de faire demi-tour.
- Tout à fait logique, en effet, accorda le robot.
Ace se redressa et regarda la pluie à l'extérieur.
- Qu'est-ce qu'on fait ? On continue ou on attend à l'abri ? demanda le pirate.
- Continuons, ce n'est vraiment pas très loin.
- Que dit le Pip-Boy ?
- Rien de bien intéressant. Les données sont aussi datées que la carte.
- Si on continue, il va falloir baisser le volume ou éteindre la radio. On va se rapprocher de zone avec des formes de vies qui ne me laissent pas bonnes impressions.
- Comment tu fais ça ?
- Comment je fais quoi ?
- Elle parle de votre capacité à sentir des choses de ce genre, Commandant, traduisit Codsworth.
Adara éteignit la radio et se fut le signal pour se remettre en marche. Lui, il s'en foutait, il avait vu pire comme voyage, mais il était clair que l'avocate commençait à souffrir de l'effort même si elle encaissait sans un mot et avec un visage de marbre.
Ils se réengagèrent sous la pluie battante, suivant les barrières rouillées de sécurité qui délimitaient le peu de béton qui restait de ce qui fut autrefois une route.
- C'est avec de l'entraînement que je fais ça. C'est apprendre au corps à anticiper ce qui peut lui faire du mal, le mettre en danger, et ce, avant que ça se produise. Tous les gros combattants l'avaient par chez moi. Et quelques civils, qui, malheureusement, étaient nés avec une forme qui les rendait empathiques au point qu'ils soient parfois capables de lire dans tes pensées ou tes souvenirs. A côté, j'ai connu quelqu'un qui avait développé sa technique au point de prédire le futur immédiat. Parler avec ce type était une horreur, parce qu'il faisait tout seul la conversation, disant exactement ce que tu voulais lui dire, argument, contre-argument, justification et juron inclus. Et en dépit de ça, ça arrivait.
C'était étrange de se dire que ce salaud de Katakuri lui manquait. Il avait un certain respect pour le gars, même si c'était un ennemi. Parce qu'en dépit de tout, il faisait passer sa famille et son équipage en premier plan, peu importe la situation. Dans d'autres circonstances, dans une autre vie, il aurait été un Shirohige du tonnerre. Il se souvenait encore du rire du paternel quand il lui avait fait la réflexion. Le vieux avait sorti que même si finir dans le même lit que son ex-camarade d'équipage le répugnait sérieusement, il ne pouvait pas nier que Katakuri aurait été un très bon fils.
En tout cas, il l'était plus que Teach.
Il tourna le nez vers une route qui retournait vers Convenant. Là, sur le béton, on avait les marques de la caravane attaquée, puisqu'il avait pris soin de se débarrasser des corps avant que cela n'attire des saletés.
- Et sinon, c'est quoi cette chanson ?
- Sixteen tons ? C'est une très vieille chanson écrite en… 1947, je crois ? Elle était de Merle Travis, mais en 55, elle a été reprise, d'un côté par Frankie Lane du côté de l'Angleterre, et ici, aux U.S par Tennessee Ernie Ford. Et c'est cette version qui a été diffusée le plus massivement et surtout, a le mieux perduré dans le temps.
- Et… ? insista le D.
Il n'était pas contre les anecdotes, mais cela ne lui disait pas pourquoi cette chanson en particulier avait semblé toucher à ce point la femme.
- Elle parle du travail dans les mines de charbon. Et pendant de nombreuses années, mon père a été employé dans une mine souterraine de charbon, dans le Kentucky. C'est à presque milles miles d'ici, en direction sud-ouest.
Ace regarda Codsworth qui lui fit l'équivalence :
- Mille six cent neuf kilomètres.
- Ah ouais, quand même… mais tu dis « nombreuses années », donc…
- Peu après mon entrée à l'école primaire, ma grand-mère est morte… disons que l'histoire de ma famille est un poil compliquée et que parce que c'est compliqué, ma grand-mère faisait le trottoir.
- J'ai rencontré ma meilleure amie quand elle a failli mourir d'une agression pendant qu'elle était justement en train de tapiner, donc, je ne vais certainement pas porter de jugement.
- Merci. Donc, ma grand-mère est morte, et elle tapinait à Boston. Le temps que mon père apprenne la nouvelle et puisse faire la route, le proxénète avait fait main basse sur le peu d'objets de valeur qu'elle avait et ses rares économies. Mon père a pété une durite. Il l'a tué, il est retourné sur son lieu de travail, a attendu une visite du propriétaire pour le tuer avec tous ses associés et ceux qu'ils embauchaient pour s'assurer que l'excavation se déroule sans accroc. Il a ensuite vidé le coffre-fort de toutes ces personnes pour répartir équitablement la somme avec tous les ouvriers. La part qu'il s'était accordée a servi à me payer les meilleures écoles du pays pendant qu'il se lançait dans une carrière de Super Héros, pour certains.
- Je ne peux pas dire que j'aurai agi comme lui, si j'avais été à sa place, parce que ce que tu décris, c'est un homme d'une grande patience qui a fini par craquer très sérieusement, et moi, je ne suis pas quelqu'un de patient. Mais j'approuve absolument ses actes.
Un maigre sourire douloureux fit une furtive apparition sur le visage de l'avocate qui fixait obstinément le béton.
- Mes condoléances, devina le noiraud.
- Merci.
Le silence retomba.
Et c'était peut-être pour le mieux, puisqu'il sentait des menaces à proximité. Il porta un doigt à ses lèvres pour faire signe de garder le silence, et d'un geste de la main, indiqua à Adara et Codsworth de faire profil bas.
Si les deux humains se mirent à marcher courbés, Codsworth se mit à flotter presque au ras du sol, relevant au maximum ses appendices pour qu'ils ne frottent pas contre le sol. Même Canigou avançait bas sur ses pattes.
Ils quittèrent la route pour se mettre à avancer de derrière une ligne d'arbres, de hautes herbes et buissons, se rapprochant un peu de ce qui fut à une époque un parc de jeu, au vu des balançoires.
Lentement, avec précaution, sous le couvert de la pluie, ils continuèrent leur route.
Adara jeta un œil à son Pip-Boy, et arrêta son camarade. Perplexe, Ace l'interrogea du regard et elle lui montra l'écran vert et noir. D'après la carte, ils étaient à proximité de l'hôpital Medford Memorial. Et leur objectif était derrière. L'abri 75 était littéralement indiqué sur cette carte. Apparemment, Vault-Tec avait installé la localisation de tous ses abris dans le programme de cartographie des Pip-Boys.
Des pas lourds mais lointains percèrent la pluie.
C'était presque comme entendre Garp marcher avec agacement et ça lui faisait remonter un frisson de crainte. Pourtant la forme de vie associée à cette démarche n'était pas aussi puissante. Avec précaution, ils revinrent vers la route. Là, un long véhicule jaune (Adara lui avait dit que c'était un bus, un transport en commun) leur servit de couverture pour pouvoir se rapprocher à peine plus de l'hôpital, au minimum pour pouvoir apercevoir son entrée.
Coller contre le flanc du véhicule, ils plissèrent des yeux pour apercevoir quoique ce soit dans le rideau de pluie. Ils finirent par apercevoir une silhouette massive, tout en muscle, avançant lentement, comme faisant une ronde autour du bâtiment. Elle était penchée vers l'avant, la tête quasiment rentrée dans les épaules et elle semblait avoir un très gros flingue entre les mains. Elle était presque totalement à poil, outre peut-être un pagne, mais avec la distance, impossible de savoir précisément. Ce qui était certain, c'est que ce truc avec une peau hésitante entre le vert et le gris.
Et qu'elle n'était certainement pas amicale.
- Nanda sore wa ? murmura Ace.
- Un troll, peut-être, non ? supposa tout bas Adara. Il m'a l'air d'avoir un petit air de famille avec Shrek.
- Madame, vous regardez trop de programmes pour enfants, lui dit sérieusement Codsworth.
- Tu vas me faire croire que la scène de Lord Farquaad qui remonte sa couverture parce qu'il a une érection devant un portrait de la princesse Fiona est une scène destinée aux enfants ?
Le silence du robot voulait tout dire.
- Mon point. En attendant, je n'ai pas envie de m'approcher de ce truc, et non, tu ne vas pas lui chercher des noises, Ace, on ne sait pas ce que c'est, ni ce dont c'est capable. Dans le pire des cas, tu pourrais détruire par erreur un bout de continent et j'aimerais retrouver mon fils en vie.
- Tu me gâches le fun.
A pas de loup, ils revinrent en arrière. Ils allaient faire un détour pour ensuite revenir par derrière afin de rejoindre le nid du possible griffon. Ils retournèrent vers le bas-côté de la route. Juste à temps parce qu'ils entendirent des bruits de coups de feu. C'était proche. Honnêtement, Ace n'aurait eu aucune hésitation à se mettre au milieu, mais il avait Adara, Codsworth et Canigou. Eux, ils n'étaient pas immunisés contre les balles.
C'était triste de devoir mettre en retrait son don la majorité du temps avec le risque de voir un bout du monde détruit, tout ça parce qu'il était désormais dans un milieu hautement explosif avec des radiations rendant tout cela incontrôlable.
Parce que oui, il avait la vilaine impression que les radiations avaient une influence sur son fruit. Les flammes ne lui répondaient plus aussi bien. Et au fond, ça lui faisait un peu peur. Pour l'instant, ce n'était que des flammèches qui persistaient… mais s'il était pris dans une grosse explosion nucléaire, qu'elles étaient les chances qu'il en ressorte ? Qu'elles étaient les chances qu'il ne se perde littéralement pas dans les flammes autour de lui et ne puisse jamais retrouver sa forme humaine ?
Il avait beau se comporter comme une tête brûlée, se montrer plein d'assurance, dans les faits, il commençait à avoir la trouille. Il avait juste appris à la faire sortir d'une façon tout sauf saine pour la continuité de son existence.
Il s'arrêta et se retourna vers leur droite. Ils étaient en train de passer au-dessus d'un canal via un pont de pierre. Il entendait des bourdonnements.
Il fit un geste de deux doigts à Adara signifiant clairement d'accélérer et ils partirent tous en courant, ne cherchant plus à être discrets, tout dans le but d'échapper à ce nouvel assaut de moustiques.
Sans chercher à se concentrer sur où ils allaient, ils foncèrent tout droit, descendant et remontant le léger relief des environs et sautant par-dessus des bouts de roches qui dépassaient du sol. Ils traversèrent une nouvelle route et se jetèrent dans des buissons quand les bourdonnements commençaient à se rapprocher.
Si Ace était calme alors qu'il était à moitié couché sur Canigou, Adara était haletante même si elle s'efforçait de reprendre son souffle le plus silencieusement possible. Leur cachette était étroite, mais parfaite. Ils étaient encerclés par des rochers, au beau milieu d'une touffe de végétation qui avait réussi à pousser à cet endroit.
Ils virent les moustiques voleter encore un peu dans les environs, avant de s'éloigner. Par précaution, ils attendirent un instant avant de quitter leur cachette. Là, l'avocate consulta le Pip-Boy alors qu'ils longeaient un chantier qui aurait dû permettre la création d'un quartier d'habitation qui ne verrait jamais le jour pour le coup. Ils se glissèrent entre des rochers, continuant leur détour pour rejoindre leur point de destination.
Sentant une menace assez étrange de son Haki, Ace s'immobilisa et le reste du groupe, commençant à apprendre à suivre certains réflexes et commentaires du pirate, s'arrêta à son tour.
Le noiraud scanna des yeux les environs, se tournant vers une structure assez imposante et lisse. Il voyait des silhouettes passer devant à pas lents et chancelants. Difficile de bien les voir. Sans un mot, il montra la structure d'un gris noir à sa comparse qui lui présenta le Pip-Boy.
Centre de Recherche Med-Tek.
- Labo privé, souffla tout bas la blanchette.
Le pirate hocha la tête, lui fit signe de ne pas bouger, avant de tendre une main vers l'avant.
- Hotarubi.
Des lucioles de feu quittèrent sa main. C'était rare quand il utilisait la technique comme ça, parce que ça lui foutait une migraine d'enfer après coup, et qu'elle était tout de même dangereuse pour sa vie, mais c'était utile. Il ferma les yeux et son corps s'effondra sur lui-même alors qu'il transférait sa conscience dans les flammes qu'il avait conçu. Ainsi, sous la forme d'une nuée de lucioles de feu, il se rapprocha un peu plus du bâtiment.
Il voyait à présent des corps au sol, mais aussi des entités qui semblaient tourner en rond, avec des vêtements usés jusqu'à la corde sur le dos. Pour l'instant, il n'y en avait que deux qui semblaient « actives », mais il y en avait trop qui étaient affalées, immobiles, sur le goudron qui mettait en alerte son Haki.
Il revint vers son corps et éteignit ses lucioles pour reprendre son enveloppe de chair et d'os (autant qu'il pouvait l'être avec son logia). Adara n'avait pas bougé. Elle avait juste épaulée son fusil pour mettre l'œil sur la lunette afin de voir ce que lui-même avait remarqué.
- Avez-vous vu quelque chose d'intéressant ? se renseigna Codsworth.
- Je pense avoir vu des goules sauvages. C'est humanoïde, la peau très pâle, quasiment comme de la craie. Assez ridée et pourtant très lisse. Chauve et des traits du visage fondus. Y'en a pas mal par terre. Je propose qu'on s'éloigne discrètement.
Il se tourna vers l'avocate qui avait un doigt sur la détente. Ça se voyait qu'elle se retenait de faire feu. Finalement, elle baissa son arme et passa devant avec discrétion. Gardant une distance de sécurité, ils suivirent la route depuis les broussailles. Un peu de prudence ne faisait de mal à personne.
De loin, ils virent les ruines d'une maison qui avait l'air d'avoir subi une explosion assez récemment, mais ne s'y attardèrent pas, même si le Pip-Boy se mit à bipper un instant.
- Une autre station a été trouvée sur la radio, informa simplement Adara.
Ace hocha la tête.
- Avons-nous mit assez de distance avec les possibles menaces ? se renseigna l'avocate en regardant la carte du Pip-Boy.
- Oui, on est bon.
- Parfait. On va contourner Med-Tek.
Sans un mot, ils revinrent vers la route et la traversèrent vite pour ne pas rester à découvert trop longtemps avant de prendre refuge dans un bosquet d'arbres. Et sous la maigre protection des arbres, ils contournèrent le laboratoire, ignorant le sol de plus en plus boueux et bourbeux.
La seule chose qu'ils rencontrèrent durant la manœuvre, ce fut deux fourmis de la taille d'un avant-bras (ce qui était tout sauf rassurant) que le D. écrasa proprement et avec force en leur sautant littéralement à pieds joints dessus. Adara avait un air absolument blasé.
Le Pip-Boy émit une nouvelle série de sons.
- Je pense que cela signifie que le signal qu'il avait détecté est désormais hors de portée, supposa Codsworth.
Pour le confirmer, la porteuse de l'appareil jeta un œil dans les stations, essuyant régulièrement l'écran pour y voir quelque chose en dépit de la pluie, avant de remettre sur la carte.
- Nous ne sommes plus très loin.
Ace retira son poing de l'abdomen d'une immense mouche mutante et hocha la tête.
Lentement, toujours aussi discrètement que possible, ils se rapprochèrent de nouveau de Malden. Ils virent d'abord des commerces qui n'ouvriraient plus jamais leurs portes. Puis, il y avait cet immense panneau publicitaire de métal qui avait chuté sur un bâtiment qui ne devait pas faire plus de deux-trois étages.
Lentement, ils descendirent une petite pente pierreuse et finirent sur l'arrière-cour à l'abandon d'un grand bâtiment en brique délabré.
- C'est l'école, chuchota la blanchette. Et pas de signe de griffon. Cette vieille s'est foutu de nous.
- Pas trop vite. On vient juste d'arriver, lui recommanda le D. à voix basse. Parce, je tiens à te dire que c'est censé être un abri Vault-Tec, mais que pour l'instant, on a rien vu à ce sujet.
Et il reprit la marche, longeant le mur de ce qui devait être l'arrière de l'école. Il y avait d'autres bâtiments construits dans le même style de briques, mais impossible de savoir si ça appartenait à l'école ou si c'était autre chose.
Codsworth s'éleva juste assez dans les airs pour passer par-dessus le grillage de ce qui délimitait un terrain de jeu (« basket-ball » lui précisa Adara quand il s'interrogea à voix haute de ce que l'on faisait ici) et en fit rapidement le tour avant de revenir par un trou de la barrière.
Suivant un chemin large en pavés, ils arrivèrent à l'angle de l'école mangée par les éléments et la nature qui reprenait ses droits. Un dernier coup d'œil vers les jambes d'un squelette qui dépassaient de la poubelle dans un coin du terrain (le gars avait dû chercher à se réfugier dedans tête la première ou il avait été victime de bizutage), et ils passèrent de l'autre côté de l'école. Ils virent une maigre rambarde de pierre émerger à un moment des hautes herbes, avant qu'elle ne s'arrête, laissant voir clairement les commerces autour de l'école. Mais à présent, ils étaient sur la partie avant de celle-ci. Le toit abritant les marches était bien abîmé au point qu'on y trouvait de nombreux trous, et plusieurs des fenêtres sur l'une des faces avaient explosé. Certainement celles qui avaient pris le plus gros du souffle.
Le D. tourna la tête pour voir qu'Adara avait ouvert le casier d'un distributeur de boisson rouge.
- Quoi ? Il y a perpet' que je n'ai pas eu de caféine, je peux bien espérer trouver une bouteille de Nuka-Cola même si ce n'est pas ce que je préfère.
- Vous avez toujours été à contre-courant, madame, nota avec amusement Codswroth.
Ace secoua la tête et retourna à son observation de l'école. A pas lent, sans chercher à se cacher puisqu'il ne sentait rien d'hostile dans les environs, il passa devant les marches qui permettaient d'entrer dans l'école. Quelqu'un avait pris la peine de barricader les portes, mais vu la tête de la planche de bois qu'on avait mis pour bloquer l'ouverture, ça devait faire très longtemps que plus personne n'était ici.
Alors qu'il était sur le point de conclure le tour complet du bâtiment, il remarqua la façade droite effondrée, épargnant de justesse un banc. Il se hissa sur les gravats, se retrouvant nez à nez avec deux salles de classe. Avec le mur, une partie du sol de l'étage avait disparu, faisant qu'une partie des meubles de la salle du dessus étaient tombés dans celle d'en dessous. Avant de s'aventurer plus loin, il recula de quelques pas et nota une porte de garage cassée qui bloquait l'accès à ce qui devait être le sous-sol.
- Pas de griffon, conclut l'avocate avec un ton acide alors que le pirate revenait vers la salle de classe.
Le D. l'ignora. Il venait de remarquer quelque chose dépassant du toit effondré. Il retira son sac et le posa par terre, avant de s'avancer avec prudence dans les ruines. Avec perplexité, il nota la présence d'une porte grillagée digne d'une prison sur l'un des murs du couloir visible par le mur effondré et la porte absente de la salle de classe. Cela semblait mener à un bureau, mais rien n'était certain. Il prit les marches qui devaient servir à accéder aux classes de l'étage, puis, tout en haut des celles-ci, se ramassa sur lui-même pour sauter.
- Tu entends ? demanda le noiraud.
Et il se projeta vers le bord du toit qu'il saisit facilement avec fermeté.
- Quoi donc ? se renseigna la femme.
- Il y a une radio allumée.
Il se hissa sur le sommet et marcha vers l'entrée du bâtiment. Il s'arrêta juste en chemin. Dans un des reliefs du toit, comme pour s'assurer que rien ni personne ne pourrait l'en déloger, il y avait la radio allumée. Il doutait qu'elle ait été mise là par hasard.
Il jeta un œil autour de lui.
Il n'arrivait pas à se séparer de cette impression d'être observé.
Gardant les sens à l'affût, il reprit sa route sur le sommet de l'école et arriva enfin au niveau du drapeau du pays qui surmontait le préau de l'entrée. Un semblant de nid fait avec des métaux, des débris et quelques morceaux de bois occupait la majeure partie de la zone. On pouvait voir quelques bouts de tissus dans le tas, mais surtout des plumes et du duvet. Au centre, un cadavre.
- Peux-tu m'expliquer quelque chose, Adara ? demanda l'acrobate en fixant ce qui l'avait alerté en premier lieu.
En bas, la femme, le robot et le chien avaient suivi sa progression des yeux et étaient juste à ses pieds. Adara leva la tête pour le regarder avant de la rebaisser quand elle se reçut des gouttes dans les yeux.
- Qu'est-ce que tu veux savoir ?
Facilement, Ace poussa sa trouvaille du toit.
Une brahmine morte tomba lourdement aux pieds du groupe encore en bas, les surprenant.
- Comment elle a fini en haut, dit avec un sombre amusement le D.
Adara releva à nouveau la tête pour regarder le toit, puis l'animal.
- Il est vrai que je vois mal ce genre de bête grimper volontairement sur le toit de l'école, mais qui peut dire si les mutations et l'ajout d'un second cerveau n'a pas altéré son comportement, réfléchi Codsworth.
- Vous avez vu ses blessures ? Ce qui l'a tué ? Ce sont des serres d'oiseaux qui ont fait ça. Les serres d'un oiseau géant.
BONG !
- Et je pense que le prédateur responsable de ça vient de se ramener.
Le noiraud se tourna vers la créature qui venait de se laisser tomber lourdement du ciel, sur le toit.
- Tu disais qu'il n'y avait pas de griffons ? Je pense qu'il vient de nous trouver.
L'animal avait une belle taille, un corps de lion et un buste d'aigle. Deux yeux carmin fixaient avec un air ancien Ace. Ils ressortaient d'autant plus que le poil et le plumage de l'animal étaient blancs. Un spécimen albinos ou un effet des radiations ?
Ace n'eut pas le loisir de se poser la question qu'il dû se jeter sur le côté quand la bête fonça sur lui. Son Haki le mettait en garde, alors, il n'allait pas tester les limites de son logia.
Il y avait quelque chose qui le titillait sur l'affaire, mais il ne savait trop quoi.
Il entendit le son d'un cran de sécurité qui saute.
- N'ATTAQUE PAS ! JE PEUX M'EN SORTIR MAIS S'IL TE PREND POUR CIBLE, TU AURAS MOINS DE CHANCE !
Il entendit le « tsk » de la blanchette qui avait réussi, il ne savait comment, à monter sur le toit.
Le D. frappa ses poings ensemble, les enflammant dans le même mouvement, avant de se mettre en garde. Il ne put s'empêcher de sourire quand la créature poussa un mugissement féroce en se cabrant.
Depuis longtemps il voulait un bon combat. Celui contre l'écorcheur n'avait pas duré assez longtemps.
Il fonça à l'assaut et le griffon en fit autant.
Dun dun dun duuuun…
Ces notes…
Sans qu'il ne comprenne le pourquoi du comment, il se retrouva éjecté sur le côté. Par réflexe, il fit une roulade dans sa chute pour se relever immédiatement. Thatch venait de le pousser hors du chemin, se tenant les bras grands ouverts devant le griffon… qui recula en poussant une complainte déchirante à vous percer les tympans.
- /COUCHER AARCH ! C'EST UN FRÈRE !/
- Pourquoi ?! s'exclama le D. en regardant son camarade.
Thatch sembla sur le point de dire quelque chose, mais déjà, il n'était plus là.
En tout cas, il n'y avait plus d'hostilité dans la créature. Elle avait l'air si mal. Si déchirée, si malheureuse, comme quelqu'un qui rêve d'en finir mais qui n'y arrive pas.
- Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? demanda doucement Adara.
Elle garda sa voix basse et ses distances pour ne pas antagoniser la bête qui était plus ou moins calmée. Quant au D., lui, il avait entendu quelque chose qui expliquait que ce griffon le fasse tiquer. Il n'y avait qu'un moyen de tester la théorie.
- Adara… j'ai besoin que tu redescendes et que tu récupères les chaînes qui sont dans mon sac.
Il rangea ses flammes, et doucement, se rapprocha, bas sur ses jambes, une main tendue bien à plat.
- /Tout doux, officier, tout doux…/ souffla d'un ton apaisant le pirate.
Il se souvenait de ces articles parlant d'un officier de la Marine avec un zoan de ce genre. Ce n'était peut-être pas l'homme, mais ça ne coûtait rien de mettre la théorie au défi.
Le griffon regarda l'endroit où s'était tenu encore il y a un instant Thatch, ses plumes vibrant encore de sa complainte. Lentement, il orienta sa tête d'aigle vers le logia qui s'immobilisa, prêt à reprendre le combat si l'animal se remontrait hostile. Le bec se leva juste un peu, comme s'il reniflait l'air.
La suite, le D. ne la comprit pas très bien.
Il n'avait senti aucune hostilité, pourtant, il se retrouva les quatre fers en l'air, le griffon sur lui… qui lui lécha un instant le visage avant de le saisir par le col, le tirant vers le nid où il le jeta, pour ensuite se rouler en boule sur lui. Il se noyait dans de la fourrure, les plumes et le duvet.
Comment il en avait fini dans cette situation ?
- Tout va bien ? se renseigna Adara.
Son ton de voix disait qu'elle était à la fois inquiète et qu'elle se retenait de rire. Donc, elle devait très probablement voir la situation.
Et le griffon qui frottait son bec contre lui alors que difficilement, le noiraud se retourna. Il arriva à extraire un de ses bras du nid.
- Toujours vivant ?
- Au lieu de te moquer de moi, peux-tu récupérer la chaîne comme je t'ai demandé avant qu'il ne décide de me donner la becquée.
- Qu'est-ce que tu veux faire avec des chaînes ? Le domestiquer ? Il a l'air de bien t'aimer déjà, je doute que cela soit nécessaire.
- Arrête avec tes conneries et donne-moi cette foutue chaîne.
Il entendit le rire de la femme alors qu'elle remerciait Codsworth.
- Doucement… préconisa le D. en sentant le corps du griffon vrombir sur lui et les plumes gonfler. Je sais pas ce que vous faîtes, mais il se sent menacé.
- Donne, Codsworth, je vais le faire.
Un tintement contre le métal du robot disait que quelque chose devait avoir cogné la carlingue du Mr Handy. Le vrombissement de la machine s'éloigna alors que le pas feutré et prudent d'Adara continuait de se rapprocher. Et clairement, elle avait l'attention du griffon.
- Ne bouge plus, préconisa Ace en entendant un grondement de la part de la créature sur son dos.
- Il regarde les fers, je pense que c'est ça qui le met mal à l'aise. Attends…
Ace se tira un peu plus du nid, arrivant tout juste à émerger la tête pour voir que la blanchette était à accroupie, et mettait la chaîne des menottes de kairoseki derrière sa nuque, avant de reprendre marche, les mains bien visible, paume vers le ciel, avançant avec lenteur. Très lentement. Un pas, regardant le griffon pour jauger ses réactions, avant d'en faire un autre. Elle avait son intérêt, mais pour l'instant, il n'avait pas l'air hostile. Il eut un rictus d'avertissement, mais ne bougea pas plus.
- /Làààà, tout va bien, officier, elle est pas méchante… /
- Faut que tu m'expliques, vraiment, siffla Adara qui faisait de son mieux pour rester calme. Continue de lui parler, il me fusille moins du regard.
- /C'est une amie, officier, tout va bien… / continua le noiraud en frottant doucement une des pattes de l'animal mythique.
Un pas après l'autre, avec précaution, elle continua de se rapprocher du nid.
Et elle y était.
Elle était là, devant eux.
Avec précaution, elle leva la main pour caresser le bec du bout des doigts. Et au plus grand étonnement d'Ace, la créature se mit à ronronner. Il sentait les vibrations sur son dos alors que le griffon blottissait son bec dans la paume de main de la femme très surprise de la réaction de la créature mythique.
- Si on m'avait dit un jour qu'un griffon ronronnerait dans ma main… souffla la femme.
Elle leva une autre main et lui gratouilla les plumes avec un sourire.
Ace avait envie de rire.
Il avait à présent du matériel de chantage contre un homme dont il avait lu les faits d'armes de nombreuses fois dans les journaux alors que l'homme était surtout un gratte-papier.
Il leva un bras et réussit à attraper l'un des bracelets de kairoseki qui pendait de derrière la nuque de l'avocate ébahie par la rencontre alors que Codsworth se rongeait figurativement les ongles.
Le pirate détestait le contact du kairoseki, mais ce n'était pas pour lui. Il se saisit du bracelet à pleine main et le plaqua contre les plumes blanches. Et immédiatement, les plumes devinrent une peau sombre et c'était désormais un homme adulte qui se blottissait contre la paume de main d'Adara en ronronnant.
- /Mes félicitations, officier Rhyddid, vous avez capturé l'infâme second commandant de Barbe Blanche. Vous allez faire quoi ? Rester assis sur mon dos toute la journée à ronronner ou… je sais pas, vous habiller ?/ demanda Ace avec un ton amusé.
- Ffycin... Ble ydw i ? ... Pardon... je crois ? souffla l'homme en se détachant de la main de l'avocate qui était figée par la surprise.
L'homme recula d'embarras, mais avant que l'on puisse vraiment voir qu'il était légèrement nu, une couverture sortit de nulle part et percuta en pleine tête l'homme quelque peu perdu qui avait pris la place du griffon.
- C'est un plaisir de vous revoir parmi nous, Rhyddid-san, mais je pense que vous allez vouloir bouger, dit une femme avec amusement.
- Qui va là ?!
Adara s'était redressée brutalement, scannant la zone de son fusil, prête à faire feu. Ace était nerveux, pour le coup. Parce que la voix de femme, il l'avait lui aussi entendu, mais il ne parvenait pas à sentir son origine. Sans compter que la voix se permit de pouffer de rire.
- Nous aurons tout le temps de faire plus ample connaissance plus tard, madame Vanles, mais comme dit précédemment, il faut que vous alliez vous abriter. Et maintenant, Travis-kun.
Pile à cet instant, la musique de la radio se coupa et la voix de Travis se manifesta :
« Ok tout le monde, vous avez l'habitude, mais on a une tempête radioactive qui nous vient de nouveau de la Mer Brillante, donc, on se met tous à couvert dans un endroit hermétique et on attend la fin de l'alerte. »
- La plomberie est en état de marche et il y a du savon, précisa avec calme et amusement la voix de femme. La valise de l'entrée a du change qui vous attend, chûjo-san.
- Ok, venez. Et merci, Robin-san, siffla le griffon-humain en nouant autour de sa taille la couverture.
Il sauta directement dans la salle de classe éventrée et arracha presque de ses gonds la porte à barreaux. Ace allait le suivre quand Adara l'attrapa par le bras.
- Lui fais-tu confiance ?
- Dans d'autres circonstances, je t'aurai dit non, mais là, avec ce qu'il vient de se passer, c'est un oui.
Et il sauta à son tour, ramassa son sac et se tourna vers le toit.
- Saute, je te rattrape.
La femme n'hésita pas et sauta pour se faire rattraper sans difficulté par le D. alors que Codsworth suivait le mouvement. Canigou aboya avant de courir à la poursuite de l'homme qui n'était déjà plus en vue. Le reste du groupe suivit.
La pièce, où ils étaient à présent, était un bureau avec une grande double porte ouverte, menant à la cave de l'école où ils s'engouffrèrent au pas de course. Leur guide était à peine plus loin, un peu en contrebas de leur position, au pied d'un escalier métallique menant à un passage en écrou jaune très familier.
Ils venaient de trouver l'entrée de l'abri 75.
Ace nota juste en grimpant les marches que sur le mur de gauche, il y avait un étrange emblème de tagué à la bombe blanche. Une tête de mort avec une croix faîte de fusil sur le front.
Ils s'engouffrent dans l'abri et Adara se jeta sur la console. Avec un effroyable grincement, la porte se referma, les coupant du danger extérieur.
En se détournant de la porte, Ace vit des choses assez incongrues par rapport à l'abri 111. Déjà, dans l'entrée, il y avait un sac de sables derrière lesquels étaient mis en sécurité les restant d'une tourelle mitrailleuse automatique. Puis il vit le sang depuis longtemps séché et un cadavre desséché d'un homme lourdement équipé.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ici, officier Rhyddid ? se renseigna le D. alors qu'Adara s'approchait avec une certaine curiosité morbide du cadavre.
Pour toute réponse, Rhyddid se montra des pieds à la tête. C'était difficile à voir sur sa peau sombre, mais sur ses dreads blancs qui lui descendaient jusqu'aux reins, c'était plus clair. Il était lui-même couvert de sang séché.
L'esprit d'Ace fit un arrêt sur image.
Peau sombre, dreads blancs ?
Il regarda Adara qui retirait une substance suspecte de la fourrure de Canigou, puis revint vers l'homme. Certes, par rapport aux dernières photos qu'il avait vu dans les journaux, le vice-amiral Rhyddid Aarch avait pris de l'âge, expliquant en partie ses cheveux blancs, même si les rides n'étaient pas si présentes que ça. On aurait dit qu'il avait à peine la cinquantaine. Et certes, Adara avait un visage plus anguleux que celui de l'officier aux yeux rouges, mais il y avait une étrange ressemblance qu'il ne pouvait pas ignorer.
Clairement, l'homme avait vécu. Il avait rajouté pas mal de plumes dans ses cheveux et des perles, mais avec le temps et la crasse, impossible d'en voir des détails. Mais bien heureusement, il était trop occupé à chercher quelque chose pour remarquer l'examen du pirate.
- Vault-Tec faisait des expériences sur des enfants pour faire des soldats parfaits, ici.
Cela fit se dresser d'un bond Adara. Oui, la mère en elle ne supportait pas l'idée qu'on puisse toucher à des gamins.
- Alors, après la bonne dose de radiation que j'ai encaissée et qui a fait prendre le dessus à l'instinct zoan, quelque part dans mon cerveau animal, il m'a semblé être une bonne idée de revenir ici. Pour protéger d'autres enfants. Pour empêcher que quiconque puisse mettre la main sur les recherches. C'était il y a cinq ans. Sauf que des Artilleurs avaient fait de cet endroit leur base.
- Et qui sont ces Artilleurs ? demanda la femme.
Le griffon haussa des épaules.
- Des pillards avec un entraînement et du matériel de qualité militaire. Je sais que je ne me suis pas présenté, mais je pense que, puisque nous sommes coincés ici jusqu'à la fin de la tempête, il serait une bonne idée de s'enfoncer un peu plus pour profiter au moins d'un siège… et du confort d'une douche.
Il ne le précisa pas, mais Ace pouvait se douter que l'homme aimerait aussi s'habiller.
D'un geste du bras, il les invita à le suivre un peu plus loin dans l'abri.
- Ils faisaient des expériences sur des enfants, vous disiez ? demanda Adara.
Ace remarqua qu'elle avait toujours son arme en main. Il lui fit signe de la ranger, mais elle l'ignora.
Soit. Ce n'était pas ça qui aurait raison du vieux griffon de toute façon.
- Par générosité, Vault-Tec a décidé de faire cadeau d'un abri pour les familles avec enfants de Malden, d'où sa présence sous l'école, parce qu'il était question d'enfant de moins de quinze ans. Normalement, c'était sur inscription, mais dans les faits, à la tombée des bombes, les enfants inscrits et au moins deux de leurs parents pouvaient venir trouver refuge ici. Quand les bombes sont tombées, six enfants se présentèrent sous la guidance de dix adultes.
En contrebas de la passerelle d'entrée, Ace aperçut des cartons tout juste ouverts, remplis de peluches et de jouets qui n'avaient jamais été touchés. C'était triste à s'en arracher le cœur.
- Une fois l'abri refermé, les enfants ont été séparés de leurs parents. Soi-disant que les adultes devaient recevoir un briefing du Superviseur, continua de raconter Aarch. Dans les faits, ils ont été abattus puis incinérés.
Il appuya sur le bouton d'un ascenseur et ils pénétrèrent dans la cabine. Ace ferma les yeux, se concentrant sur sa respiration. Le dernier ascenseur dans lequel il avait mis les pieds, c'était celui d'Impel Down. Et le souvenir était encore trop récent pour lui. Faire une crise de panique à côté du zoan était tout sauf une bonne idée.
Les portes se rouvrirent sur un long et large couloir où ils trouvèrent un autre corps partiellement décomposé.
- Quant aux enfants, ils ont retrouvé le Superviseur dans l'atrium qui les a foutus dans une cellule où on leur a retiré tout ce qu'ils avaient. Des souvenirs, des bijoux de famille, jusqu'aux vêtements qu'ils avaient sur le dos. Tout cela a fini dans l'incinérateur avec le corps des parents.
Plus ils avançaient, plus ils voyaient des barricades de fortunes et des marques d'un terrible combat que les dénommés Artilleurs avaient mené contre le Griffon.
- Vault-Tec a donné pour mission à son Superviseur de se connecter avec les enfants, de les apaiser, de leur raconter des histoires.
Ils trouvèrent une valise étrangement propre au beau milieu du passage, comme mise là spécifiquement pour qu'ils la trouvent. Aarch s'en approcha, l'ouvrit partiellement pour voir son contenu, hocha la tête et la referma avant de la prendre avec lui.
- On peut retrouver une des histoires dans l'un des terminaux de ce qui devait servir de salle de classe. De la propagande pour enfants qui raconte des choses horribles sur le monde en dehors de Vault-Tec. Du fait qu'ils n'ont aucun héros pour les sauver…
Il y avait quelque chose dans la voix d'Aarch… du sarcasme ? Ace n'en était pas certain.
- Et que c'était à eux de le devenir, ce qui était clairement du lavage de cerveau, d'où la nécessité d'avoir des enfants sous l'âge de quinze ans pour leur expérience. D'où la nécessité de participer activement aux cours et surtout, aux entraînements. Rien d'aussi stupide que ce que Garp aurait pu concocter et que tu as très certainement subit…
- J'en fais encore des cauchemars… marmonna le logia avec un frisson d'effroi.
- Mais ce n'est pas quelque chose qui est fait pour des enfants.
- Vous vous connaissez d'où ? se renseigna Adara. Si je ne me trompe pas, tu m'as dit que Garp était le nom de ton grand-père, non ?
- So desu, confirma Ace. Rhyddid et moi ne nous connaissons pas personnellement. Je ne sais de lui que ses exploits dans les journaux et les « on dit ».
Ils arrivèrent dans une grande salle qui devait servir d'atrium avec un coin cafétéria. Sur leur gauche, il y avait une grande ouverture sans porte menant directement au générateur d'énergie qui maintenait encore le courant dans l'abri. Ace s'en rapprocha et nota avec une certaine horreur un terrain de jeu à l'abandon. Il y avait même une balançoire. C'était la pire chose à faire dans son esprit de mettre un terrain de jeu pour enfant juste à côté de ce qui produisait l'énergie qui faisait tourner l'abri. Un accident, surtout avec des gosses, pouvait arriver si vite. Il revint vers les autres pour voir que Aarch semblait jauger Adara du regard, qui, même si elle ne le montrait pas, était clairement perturbé par le regard ancien qui la fixait.
- Quel âge, pensez-vous qu'Ace of Spade a ? ... ou plutôt, quel âge pensez-vous que j'ai ?
- Vous étiez clairement un membre du groupe de Mass Fusion, j'ai déjà vu votre avis de recherche à la télévision. Ce qui vous donne déjà plus de deux cent ans.
- Immortalité dans les petites lignes du zoan ? devina Ace.
Le regard mort de l'homme était la seule confirmation dont il avait besoin.
- Mes regrets.
C'était la seule chose qu'il pouvait dire, parce que ça signifiait que l'homme avait certainement survécu à tous ses proches, sa fille unique y comprit.
Aarch hissa la valise sur son épaule.
- Je connais particulièrement Portgas, ici présent, parce qu'il connaît intimement mes frères cadets. Après tout, ne sommes-nous tous pas des fils de l'océan ?
Cette phrase… c'était comme une formule magique qui fit ouvrir grand les yeux du pirate.
Quand l'officier se retourna pour reprendre la marche, Ace remarqua son tatouage au beau milieu de sa poitrine. De simples entrelacs mais en y regardant de plus près, ça formait un symbole familier astucieusement caché, comme un arbre au milieu d'une forêt. L'emblème de son équipage.
- Naaan… un agent double ? interrogea le noiraud qui n'y croyait pas.
Cela pouvait expliquer pourquoi il n'avait pas vu l'officier à Marine Ford.
Cela fit grimacer Aarch.
- Non ... et oui. Je suis dans ... j'étais dans la marine, parce que mon clan luttait contre l'esclavage. mais parfois, voir les pommes pourries dans les figures d'autorités, ça vous fait prendre la décision de mettre les pieds dedans... Puis un capitaine qui ne sait pas que l'on est pas adoptable, vous casse les pieds pendant cinq longues années... On finit par se sentir membre de la famille malgré tout avec toutes les migraines qui allaient avec. Plume doit encore en rire. Je suis marine... je ne suis pas pirate. Mais je suis un Shirohige…
- Oh la vache ! Oh, elle est bonne celle-là ! se marra le noiraud.
Adara les regarda avec un sourcil levé, clairement perdue. A côté, Codsworth avait l'air perturbé par quelque chose sans vouloir le vocaliser.
Aarch les entraîna dans une pièce à droite avec des bancs et des casiers. D'un côté, on avait une porte menant clairement à une douche, de l'autre, un couloir s'enfonçant toujours plus loin dans l'abri.
- Sauf si vous voulez passer en premier… invita Aarch en ouvrant ce qui s'avérait être une salle de bain commune.
- Ce n'est pas nous qui sommes couverts de sang et avec juste une couverture pour toute sauvegarde de notre dignité, lui dit clairement Adara.
- Portgas ? Douche commune ?
- Non. L'avantage du logia est que tout ce qui peut provoquer de la crasse, des odeurs corporelles et autres saletés est rapidement grillé à point. Je vais attendre avec Adara. Je passerai en dernier.
L'homme haussa des épaules et entra avec la valise, laissant le duo s'asseoir sur l'un des bancs du vestiaire ouvert.
- J'entends tes méninges tourner à plein régime depuis tout à l'heure, tu sais, se moqua Ace à l'adresse de sa camarade de voyage.
- Oh, ils doivent toujours être moins bruyants que les tiens devant un autocar ou un feu tricolore, répondit la blanchette. Donc, c'est un officier dans la Marine, de ce que j'ai compris ?
- Et on a le même père adoptif ! sourit largement Ace. Un pirate, Edward Newgate, un pilier de l'ancienne ère des pirates. J'ai été un de ses commandants. C'était le meilleur père du monde, dans mon opinion. C'est pour ça que ça surprend quand tu tombes sur un officier de la Marine, surtout qui a une réputation d'être le plus incorruptible de tous comme Rhyddid, d'être un fils non officiel d'un capitaine pirate.
Ace fit rouler ses épaules et regarda le plafond, se rappelant de tous les bons moments passés sur le Moby Dick.
- Oyaji, comme on l'appelait, c'est qui est une façon de dire « père » un poil familière… c'était un chic type. Un cœur grand comme l'océan. Têtu comme la mer. Il prenait les gens à bord, dans sa famille, sans poser de question. Ils les appelaient ses enfants. Ses fils et ses filles. Il leur offrait un foyer, de l'affection, une famille. Et pour beaucoup, c'était tout ce que nous avions.
- C'est bien loin du cliché du pirate classique qui pille et détruit tout sur son passage, nota Codsworth.
- Oh, le cliché existe. Mais pour certains, la piraterie est le seul moyen d'être libre ou de pouvoir vivre. De pouvoir exister quand le monde ne nous y autorise pas. Honnêtement, je ne suis qu'à moitié surpris. Le vice-amiral Rhyddid Aarch était un des rares marines ayant une bonne réputation auprès des populations civiles. Il n'intervenait que rarement sur le terrain, puisqu'il était dans les affaires internes, mais il faisait beaucoup de bien. Sa fille, Carmen, a été à la tête d'une Organisation Non Gouvernementale médicale apportant des soins et du secours gratuitement sur les océans à toutes populations civiles dans le besoin.
- Des chics types, donc.
- Ouais.
- Et donc, un collègue de ton grand-père ?
- Ils ont le même grade, mais la Marine, c'est immense comme organisation. Je pense plus que le vieux fou a dû lui refiler énormément de boulot avec toutes les conneries qu'il a dû faire. Garp était déjà là quand Rhyddid a dû rejoindre les rangs et donc, monter en grade avec d'un côté, la légende de l'homme et de l'autre, des rumeurs sur toutes les conneries qu'il faisait, avant d'accéder au poste et de voir le résultat sur papier. Si le vieux con n'avait pas été un Héros de guerre, je pense qu'on l'aurait foutu à la porte depuis longtemps. Surtout quand on sait que son fils unique s'est barré de la Marine pour fonder un mouvement révolutionnaire et qu'à côté, ses petits-fils, que ce soit mon frère adoptif autant que moi, sont devenus des pirates assez gênants.
- Je ne pense pas que cela doive faire joli sur les états de services, en effet.
Le reste du temps qu'Aarch passa sous la douche, Ace le passa à lui raconter les conneries que Garp avait faites. Les destructions qu'il avait laissé sur son passage, ses faits d'armes, ses méthodes d'entraînement. Adara avait écouté en silence alors que Codsworth était absolument horrifié par ce qu'il entendait.
Enfin, la porte se rouvrit sur le zoan qui finissait de s'habiller en installant à son poignet ce qui ressemblait à un Pip-Boy, mais en plus moderne, si c'était possible. Plus lisse, moins encombrant et, Ace en était certain, d'une apparence trompeusement fragile. Aarch fit glisser la manche de sa veste longue couleur sable par-dessus. Il déposa un sac à bandoulière sur le banc et y posa son pied pour faire les lacets de ses chaussures de randos.
- La douche vous va tellement bien, chûjo, déconna Ace.
- Il ne manque plus que l'infernal raffut d'un navire et je devrais être bien, lui sourit Aarch avec un regard mort.
Et il changea de pied pour ses lacets.
- Bon ! Il faut que je le fasse !
L'intervention de Codsworth coupa l'instant alors qu'Adara allait entrer dans la salle de bain à son tour. A présent, tout le monde fixait le robot. Et d'un geste presque frénétique, un de ses appendages fit des va et vient entre la femme et le zoan.
- Vous êtes apparentés, n'est-ce pas ?
Ace eut un soupir de soulagement mental. Ce n'était pas lui qui allait mettre le pied sur un sujet sensible, pour une fois.
- Même si j'admets que les cheveux blancs peuvent le faire croire, pas toutes les personnes à la peau sombre sont forcément d'une même famille, dit froidement Adara en s'arrêtant sur le seuil. Je doute que tu apprécies qu'on dise de toi que tu es de la même catégorie qu'un Protectron sous prétexte que vous êtes tous les deux des robots.
Ouch, elle avait très mal pris la remarque si elle parlait ainsi à Codsworth.
- Madame, jamais je ne permettrais de faire une remarque de ce genre, au combien stupide et raciste, s'agaça le robot en grondant presque l'avocate. Je parle de la forme des yeux et du visage. De la façon de parler. De minuscules détails que je connais par cœur pour vous avoir servi durant tout ce temps et que je retrouve étrangement chez l'officier Rhyddid.
Aarch termina de faire ses lacets et se redressa sans rien dire, sans émotion. Ace avait vu des cadavres avec plus d'expressions. Il avait perdu sa femme, sa fille et ses amis en plus des Shirohige. Codsworth avait fait preuve de maladresse sur le sujet, mais honnêtement, le D. voyait mal comment le dire autrement.
- Le vice-amiral Rhyddid a perdu sa famille, Codsworth, reprocha Adara. Un peu de respect.
- Je l'entends et je vous demande pardon pour le manque de tact, mais je pense que la question mérite une réponse. Je connais votre tragique histoire de famille, madame, alors, imaginez un peu si vous trouviez un nouveau parent en une personne apparemment très honorable comme monsieur si présent.
- Je vais être simple, dit froidement Aarch. Il y a peu, voire même presque aucune chance que ce soit possible. Je suis un griffon. La chance s'amenuit encore plus.
Oui, avoir un zoan disait avoir une partie de son ADN modifié par le fruit, avec, possiblement, son système reproducteur. Donc, les chances d'une fécondation réussite étaient très faibles. C'était ce que Marco lui avait expliqué à l'époque quand Ace lui avait avoué pouvoir changer de genre avec son logia. Cela avait jeté par la fenêtre toute idée qu'ils puissent un jour avoir des enfants.
- Sans omettre un point... j'ai perdu les miens et je ne peux voir même pas la capacité physique ou mentale de garder une nouvelle compagne. J'ai pas encore pu me "flinguer" parce que j'ai promis de ne jamais le faire. Alors... Faire cette hypothèse ... laissez tomber, finit l'officier en cherchant un paquet de cigarette.
Sans un mot, le logia ouvrit son sac et ressortit les chaînes de kairoseki qu'il avait récupéré. Il les tendit à l'officier qui les réceptionna et se les enroula autour du poignet ne portant pas son Pip-Boy.
- Je vais juste vous donner deux noms, et le sujet s'arrêtera là, dit simplement Adara. Parce que j'ai perdu mon mari et je cours après mon bébé qu'on m'a enlevé, donc, je n'ai pas la tête à me trouver une famille sortie de nulle part. Est-ce que ça vous va ?
Il eut un long silence durant lequel Aarch se trouva une cigarette qu'Ace alluma pour lui. Après avoir tiré dessus une première fois (et remercié une certaine Robin pour cela), il répondit à l'avocate :
- Ça ... me va... Je vous aiderai pour votre enfant... ça reste mon travail d'enquêter.
Alors, la femme se laissa aller dans l'encadrement de la porte en croisant des bras.
- Senedra Green ?
Aarch secoua la tête. Non, cela ne lui parlait pas.
- Freya Shawcross ?
Là, le griffon fronça les sourcils. Le nom lui parlait clairement. Et ce fut la seule confirmation dont Adara eut besoin, apparemment.
- Félicitations. C'était un garçon et il s'appelait Askel Vanles.
Et elle s'enferma dans la salle de bain. Ace dû se lever d'un bond pour rattraper Aarch quand celui-ci s'évanouit sous l'annonce.
Et on disait de lui qu'il n'avait pas de tact ?
