Bonsoir ! Navrée de vous avoir abandonné comme ça. Oui, Sebfrega, j'ai vu ton appel à l'aide. Et je ne vais pas vous amenez plus loin. Juste à Scollay Square.
Donc, le chapitre est déjà présent, on avance un poil, on arrive à Goodneighbor (cue to Magnolia) en apprenant un poil sur Adara mais aussi, si l'organisation des déplacés présent à cette époque.
Disclaimer : Betty Hutton chante It's a man et Sabrepulse a les droits de Close To Me, il les prête pour Just Shape and Beat.
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Adara n'en avait rien à faire. Ou plutôt, ce n'était pas un détail auquel elle souhaitait s'intéresser pour l'instant. Elle n'avait pas la tête à se pencher sur cette famille qu'elle venait de se découvrir quand sa priorité était de retrouver son fils. Si son père s'était longuement interrogé sur qui était son géniteur, pour elle, c'était autre chose, puisqu'il s'agissait de son grand-père.
Certes, qu'il le veuille ou non, il avait été le déclencheur de pas mal de malheurs pour leur famille, mais il n'y pouvait rien. Elle lui en était même reconnaissante, parce qu'en dépit des conséquences, cet homme avait offert de l'affection et du respect à une femme au fond du gouffre d'un mariage violent et sans amour. Cela n'avait duré qu'une nuit, mais ça avait marqué sa grand-mère, la blanchette le savait.
Tout comme elle savait à présent d'où venait sa chevelure si particulière, même si, d'après la conversation qu'elle entendait entre les deux hommes, ce n'était pas la couleur de cheveux d'origine de l'officier (ils continuaient de parler en anglais, même si clairement, Rhyddid était plus fluent qu'Ace et que son camarade avait besoin de revenir au japonais pour certains mots ou expressions).
En les écoutant parler alors qu'ils marchaient vers Bunker Hill, elle apprit les évènements qui avaient mené à l'enfermement de son camarade dans un caisson si particulier. Déjà, ce métal étrange qui semblait pouvoir neutraliser leurs dons se nommait «kairoseki» et on lui avait traduit ça comme «granite marin». Elle avait quelques doutes sur le sujet, parce que ça ressemblait plus à du métal qu'à de la pierre, mais soit.
Pour les évènements en soit, il s'avéra qu'Ace était mort. Depuis tout ce temps, elle se baladait avec un monstre de Frankenstein. Elle entendait la voix du scientifique fou, à présent, quand elle regardait son camarade. C'était une immense tentation de lui hurler à la figure «It's alive! It's alive!», mais elle avait trop d'éducation et de self control pour le faire. Même si ça aurait pu être drôle.
Donc, Ace était mort et enterré. Sauf qu'apparemment, avant que Rhyddid ne puisse avertir la «famille» aka, l'équipage dont Ace faisait parti à la base, la Marine avait investi un endroit appelé Sphinx. Cela avait fait jurer le noiraud pendant cinq minutes, sans interruption et proférer des menaces toutes plus imaginatives et sanglantes les unes que les autres, avant que le Griffon en ait assez et lui pointe que les coupables de cet affront étaient morts et enterrés depuis des plombes. Cependant, pour en revenir à l'assaut, on avait découvert après coup que le corps d'Ace avait disparu.
- Si j'en juge ton nouveau teint de peau, je me demande si on n'a pas cherché à te faire intégrer au projet Pacifista. On a voulu que tu rejoignes les Corsaires à moment donné, après tout, ça peut jouer. Sans compter que ton fruit était de nouveau en circulation, avait dit Rhyddid.
Ace avait haussé des épaules en disant que même s'il ressemblait à un dénommé «King» il aimait son nouveau bronzage (elle était mal placée pour parler de prénom, elle s'appelait Adara Temperance Vanles, et encore, quand elle avait su pourquoi leur grand-mère avait prit ce nom suite au divorce et désavouement, Adara avait fait une demande par son père pour inverser ses prénoms, parce que sinon, ça aurait été Temperance Adara) et que s'il avait une copie de son fruit, pour l'instant, outre ce qu'il supposait être une influence des radiations, il ne voyait pas de différence.
- Ne cherche pas les radiations. Nous avons perdu Smoker comme ça. Il s'est littéralement dissout dans le nuage de l'explosion des bombes.
- Bien noté, Rhyddid-san.
Et avec ça, Ace enchaîna sur un autre sujet qui lui, se fit rapidement couper: comment se faisait-il qu'ils soient tous les deux ici avec d'autres. A cette question, Rhyddid avait eut l'air encore plus vieux et brisé.
- Robin-san l'expliquera mieux que moi. C'est d'ailleurs la personne qui doit être vue en priorité. Son don lui permet de savoir énormément de choses dans le Commonwealth. Donc, s'il y a bien une personne qui peut savoir où est l'enfant, c'est bien elle, expliqua l'officier.
- Je me fiche du comment. Je dois retrouver mon fils, dit simplement Adara alors qu'elle fixait la route dévastée devant eux.
Ils arrivèrent devant un pont. Il n'y avait pas tant de voitures de bloquées dessus par rapport à ce que Preston leur avait dit. Peut-être qu'il faisait référence à un autre? Ou un des échangeurs qui continuaient de les surplomber avec leur silhouette menaçante ?
Du coin de l'œil, avec la nuit tombante, elle remarqua parfaitement quelque chose clignoter en rouge au sol, entre quelques barrières de construction.
Une mine anti-personnelle.
- Le matériel militaire est en libre-service ou il n'y a plus de limite aux armes que l'on peut se procurer? demanda rhétoriquement l'avocate en notant une autre mine un peu plus loin.
Elle épaula son fusil, l'œil dans le viseur.
Celle-ci était à côté d'une bouteille de gaz.
- Est-ce nécessaire de vous recommander de reculer, messieurs? continua-t-elle d'un ton désintéressé.
Avant qu'on ne puisse le demander le pourquoi du comment, elle tira sur la mine qui explosa. Explosion qui devint disproportionnée avec la présence de la bouteille de gaz, les trois véhicules et les mines que l'avocate n'avait pas vu. Elle se tourna vers Ace quand elle nota que le feu s'éteignit particulièrement vite et celui-ci lui offrit son air le plus innocent du monde.
- But de la manœuvre, maître Vanles? se renseigna Aarch avec sa cigarette au bec.
- Il fait sombre et il y a clairement des mines anti-personnelles, vice-amiral Rhyddid, expliqua sereinement la blanchette. Plutôt que de marcher par erreur dessus, autant les faire toutes sauter avant de s'aventurer sur le lieu. Sans compter qu'avec Ace à côté, et comme il nous en a fait la démonstration, le feu ne peut pas se répandre.
Elle se tourna vers le pont vaguement éclairé par les carcasses carbonisées où quelques flammes persistaient.
- Je pense cependant qu'il faudra que vous traversiez la zone au pas de course, nota Codsworth en s'avançant de quelques mètres pour observer les dégâts. Mes capteurs perçoivent une légère fuite radioactive. Rien de brutal ou létal, mais cela risque de s'aggraver si on s'attarde.
- C'était un risque que j'avais prévu.
Et elle déboucha un flacon de Rad-X. Elle le secoua à l'attention d'Aarch qui la refusa de la main avec un soupir.
- Je ne crains malheureusement pas la radioactivité… ça me rend juste… légèrement tatillon.
Quelque chose disait que c'était les radiations qui avaient apparemment bloquer l'homme sous sa forme animal victime de ses instincts et que c'était ce qu'il entendait par «tatillon».
- Et faites tout sauter, si vous le souhaitez, maître Vanles. A moins que vous ne vouliez que je vous serve de taxi à l'allumette et vous.
- Y'avait longtemps qu'on m'avait pas appelé Allumette, nota tristement Ace.
Adara lui tapota le bras d'un geste compatissant avant que Canigou ne saute sur le noiraud pour lui remonter le moral. Ce qui laissa l'occasion à la femme de répondre à son «grand-père»:
- Sans offense, vice-amiral, j'ai bien peur qu'à l'époque actuelle, une explosion soit plus banale qu'un griffon avec des passagers. Vous et Ace êtes peut-être des individus habitués aux combats, je reste une avocate, une civile.
Elle redressa son arme pour en tapoter le canon.
- Ma maîtrise des armes à feu, je la dois au second amendement. Alors, pardonnez-moi de ne pas vouloir me faire remarquer.
A cela, Codsworth se tourna vers ce qu'il restait de l'explosion, puis vers la femme, l'air de dire «c'est ça être discret?». Dans tous les cas, cela fit rire Aarch.
- J'en ai assez de terroriser les gens, de toute façon.
- Eh bien en route.
Et elle s'enfila une pilule de Rad-X avant de passer le flacon à Ace.
- Même si je doute de l'efficacité, il vaut mieux prévenir que guérir.
Et c'est au pas de course qu'ils traversèrent le pont Tucker Memorial, sautant par-dessus le trou imposant au milieu du passage. Rapidement, le compteur Geiger des Pip-Boy se manifesta. Par un grésillement sur celui d'Adara et une voix mécanique pour celui d'Aarch qui parlait japonais.
- Ah ouais, signal vocal du niveau, littéralement, nota Ace à l'attention d'Aarch.
- Franky-san c'est fait voler l'idée du Pip-Boy à la base, certes, mais cela ne l'a pas empêché de raffiner l'idée. Et lorsqu'on se bat, on n'a pas forcément le temps de jeter un œil au compteur pour voir le niveau des radiations.
- C'est pas faux.
Déjà, ils étaient de l'autre côté du pont. Adara les enviait. Ils avaient assez d'entraînement et de souffle pour se faire la causette pendant qu'ils courraient, comme si ce n'était rien.
Ils cessèrent de courir juste en dehors du pont, à côté d'une pile de pneus.
A côté, Travis parlait du patronage d'une boutique qui vendait de la viande et juste de la viande, avant d'annoncer la chanson suivante. Mais elle éteignit rapidement la radio en percevant des sons de tirs. Il y avait un combat à proximité.
Elle consulta la carte et le Pip-Boy. Oui, elle pourrait consulter Aarch, mais elle préférait ne pas se reposer sur lui. Elle ne voulait rien lui devoir. Non, elle ne lui en voulait pas. Elle voulait juste ne pas dépendre d'autrui au maximum. Jusqu'à présent, Ace et elle s'étaient complétés. Elle aurait pu affronter les épreuves jusqu'à présent seule, mais la présence de l'homme avait juste accéléré les choses. Et rendu moins lourde la solitude.
Elle consulta les cartes et décida de couper littéralement à travers champ. Si Ace la suivit sans rien dire, ne sachant pas où aller, Aarch ne dit rien, la laissant décider même s'il semblait clairement savoir où ils allaient.
Ils arrivèrent vers la ville, rencontrant une première construction qui était à moitié brisée par l'effondrement d'un morceau de l'échangeur. Elle se sentait à moitié ridicule dans sa façon dont elle rasa les murs, surtout devant des combattants comme Aarch et Ace, mais elle ne faisait que suivre son instinct de survie pour l'instant, et là, on lui disait de rester à l'ombre et de raser les murs alors que le soleil disparaissait à l'horizon.
C'est là qu'elle vit du mouvement.
Ce qu'elle avait aperçu par sa lunette, elle le voyait à présent dans la pénombre montante.
Bossue, la peau pâle et brûlée par les radiations. C'était bien plus effrayant que n'importe quel zombie qu'elle avait pu voir dans les films de série Z ou les Comics, mais dans les faits, le comportement était le même.
Ne souhaitant prendre aucun risque, elle arma son fusil.
- Ils sont rarement seuls, lui dit simplement Aarch en ayant repéré ce qu'elle comptait faire.
- Un moyen de les soigner? murmura la femme en surveillant le cheminement mécanique et laborieux de la forme de vie tordue qu'était la goule dans sa traversée très lente de la rue.
Quand Aarch parla, on sentait qu'il y avait un sujet de très douloureux derrière.
- A ma connaissance, il n'y a que quelques personnes pouvant trouver un remède à la goulification. Mais du lot, deux pourraient en avoir le désir. Pour le premier, Trafalgar Law, est malheureusement exploité et tenu en laisse par l'Institut malgré le bien qu'il pourrait apporter aux civils. Le second…
Adara tourna la tête pour voir le Griffon qui fixait le lointain avec son regard mort, une main tremblante sur sa cigarette.
- Un génie altruiste comme on n'en trouve que rarement. Il a disparu peu avant que les bombes ne tombent.
Cela tira une réaction à Ace. Un halètement de douleur et il lui sembla si pâle qu'elle craignit qu'il ne s'effondre, si ça n'avait pas été pour la main forte du Griffon sur l'épaule de son camarade.
- Ace?
- T'occupe.
Elle ne le connaissait peut-être pas depuis longtemps, mais elle connaissait ce genre de ton de voix. C'était quelqu'un qui venait d'apprendre une très mauvaise nouvelle et qui avait besoin de l'assimiler.
Elle lui poserait des questions plus tard. Là, ils étaient à découvert.
Elle revint à la goule.
- Autant leur offrir le repos.
Elle tira.
La tête de la goule explosa.
Ils reprirent leur marche, avec une ambiance bien plus lourde. Déjà avec la découverte qu'elle et Aarch étaient des parents, ça avait mis un coup, mais là, clairement, c'était comme si on avait rouvert une plaie sensible du duo masculins. Une plaie telle qu'elle avait l'impression d'avoir ouvert un geyser de sang.
Avec précaution, ils continuèrent leur route, l'oreille et l'œil aux aguets passant à côté de la dépouille puante de la goule et des ruines de maisons.
- Y'a du monde. Des gens, des vrais, avertit Ace.
A l'angle, Adara reconnu un endroit où elle s'était déjà rendue dans l'exercice de ses fonctions. Parce qu'après la petite maison de quartier en bois totalement ravagé, et un arrêt de bus à l'abandon, il y avait un bâtiment très rectangulaire blanc et bleu clair avec des piliers sur l'entrée.
Le bureau local de la BADTFL. Confirmation, ils se rapprochaient de Bunker Hills et de Boston puisque cette structure, elle le savait, elle était à Charlestown.
En entendant le premier coup de feu, elle se jeta derrière une voiture pour se mettre à couvert. Ace resta à découvert quand Aarch alla se mettre en sécurité derrière la structure métallique de l'arrêt de bus.
- Ah mais ce n'est pas possible d'être aussi mal élevé! s'indigna Codsworth alors que d'autres individus, des pillards au vu de leur tenue, apparaissait.
Ce ne fut qu'un petit accrochage sur leur route, mais ça prouva que le chemin était tout sauf une promenade de santé. Deux longues heures de marches et ça par-dessus, clairement, à cet instant, la femme rêvait d'un bon livre avec une bonne musique et un bon thé.
Mais Shaun avait besoin d'elle.
Leur route se poursuivit dans le sang et la poussière avec trois corps de bandits sur le pavement, passant à côté des magasins en désordre et des véhicules à l'abandon. Ace grimpa à l'arrière de l'un d'eux, de facture militaire, et fouilla dans les rangements pour revenir avec des balles pour son arme qu'il lui lança. Les munitions finirent dans son sac.
Il n'y avait plus de son de coup de feu.
C'était calme, avec juste un peu de vent et le son de l'eau passant à proximité, puisqu'ils se rapprochaient de la façade atlantique et des diverses embouchures de fleuves.
A peine plus loin, ils virent des barricades. De hautes barricades, d'abord avec des sacs de sable, puis des murs de bois et de métal, ne laissant qu'un étroit passage au milieu pour continuer la route.
Derrière, Adara s'arrêta.
Il y en avait une autre, un peu plus loin, sur le terre-plein où s'élevait normalement le monument de Bunker Hill. La seule chose qui dépassait des remparts était l'immense obélisque commémoratif de la bataille de 1775.
- Pas mal, commenta Ace en admirant la structure avec une voix un brin morte.
- Outre quelques dommages, le fait que le monument soit encore debout est une preuve de l'ingéniosité humaine dans le domaine de la construction! commenta fièrement Codsworth. Ce monument est debout depuis 1843!
Aarch eut simplement un soupir.
- Il n'y a que deux entrées. Une petite porte à l'est, et une grande, que les marchands itinérants utilisent, au sud, leur dit-il.
- Prenons celle au sud. Qu'ils nous voient venir et puissent nous identifier comme…
Adara s'interrompit quand au loin, on entendit de nouveaux échanges de tirs.
- … non hostiles? termina le robot avec un ton anxieux.
- Dépêchons.
Ils suivirent la rue au pas de course, entre les ruines de voitures servant de base avancée de protection au besoin, et les grands immeubles d'habitations en briques rouges délavés. Des arbres aux feuilles rougies leur faisait de l'ombre dans la nuit qui se levait alors qu'ils contournaient la palissade.
Ils passèrent ce qui pouvait être une tour de guet, ou en tout cas, un coin de surveillance, où quelqu'un les interpella:
- Vous cherchez quoi?!
- Affaire, répondit Aarch avant qu'Ace ou Adara ne puissent trouver une réponse. Mes camarades doivent récupérer une prime auprès du vieux Stockton.
- On vous ouvre la porte est, mais rangez les armes. Kessler vous attendra. Dépêchez-vous.
Pour se dépêcher, ils le firent. Ils mirent la vitesse supérieure dans leur balade autour de la structure pour trouver la porte dont il était question, remarquant au passage qu'un camion avait dû être bougé pour bloquer une rue. Clairement, l'endroit était devenu une place forte pour se protéger. Et avec le son d'un tir tout proche, c'était compréhensible.
Ils virent à moment donné que le muret qui encerclait le terre-plein était effondré et ils en profitèrent pour se rapprocher des palissades en escaladant la pente douce terreuse au sommet de laquelle se dressait le monument.
Les tirs s'intensifiaient. Quelqu'un avait même rapporté une arme automatique. Adara n'aimait pas ces sons, mais cela ne semblait pas affecter grand monde outre elle et Codsworth.
- Comme dirait miss Wright, toutes les pistes et les rumeurs mènent à Bunker Hill. C'est un bon endroit pour commencer à poser des questions sur l'enfant, informa Aarch alors que la porte était en vue.
La porte en question s'ouvrit et ils s'engouffrèrent dans la sécurité relative qu'offrait les palissades de bois et de tôle. La place était quasiment déserte. Cela pouvait s'expliquer par l'horaire, mais aussi par les coups de feu. Après, même si les gens étaient nerveux, il n'y avait pas grande agitation, comme si ces échanges de tirs étaient monnaie courante.
- Kessler est à l'entrée sud à s'assurer que personne ne s'approche trop. Allez la voir.
Et sans un mot de plus, on les laissa à leur sort.
- Chaleureux, nota narquoisement Ace.
Canigou eut un gémissement donnant son accord.
- Allons voir cette personne, puisqu'ils y tiennent, soupira Adara.
Ils continuèrent de suivre la palissade jusqu'à la grosse entrée. Il n'y avait pas grand monde, vraiment. Et pas grand-chose. Deux trois cultures, une pompe manuelle à eau comme on en trouvait avant la guerre dans les parcs ou en campagne. Mais on avait aussi des abreuvoirs et des mangeoires puant la bouse de vache. Il y avait aussi deux trois cabanes le long des palissades. Pas le grand confort, mais l'art de la récup' était bien exploité en ces temps troublés.
Ils finirent par trouver Kessler. C'était une femme blonde, Adara lui aurait donné la cinquantaine. Elle portait un costume jaune-beige d'avant-guerre, fumant une cigarette en regardant la grande allée par laquelle on pouvait accéder au monument par l'entrée sud. Elle se détourna de son observation en les voyant approcher. Même si elle resta décontractée en leur parlant, le flingue qui pendait dans sa main de libre disait qu'elle était prête à tout.
- Vous là… marchands ou pillards? demanda-t-elle avec une certaine froideur.
Pendant un instant, Adara se demanda si cette femme espérait vraiment qu'on lui dise honnêtement si on était des pillards. Quand on braque une banque, on ne se présente pas d'office sous le couvert d'un bandit. Enfin, si, dans certaines situations, mais avec déjà l'arme au poing, prêt à faire un massacre.
- On ne fait que passer. On a une affaire à finaliser avec un certain Stockton, répondit calmement Ace. On ne veut causer d'ennuis à personne, ni en avoir, on a bien mieux à faire.
- Je vois et ça me va, dit simplement la femme. Vous pouvez circuler dans le marché, mais on sort pas les armes. Vous êtes libre de faire vos affaires. Stockton doit encore traîner à son comptoir du marché à cette heure-ci. S'il n'y ait pas, aller voir les Savoldi.
Et sans leur demander leur nom ou quoique ce soit, elle s'en alla dans son coin.
- Très chaleureux, en effet, nota Adara quand la femme fut au loin.
Elle nota un trou dans la structure de l'obélisque d'où quelqu'un les observait depuis les hauteurs. Un poste discret de surveillance, clairement.
Ils entrèrent dans le bâtiment derrière l'obélisque, une sorte de mausolée où, avant la guerre, était exposée la statue du héro Dr Joseph Warren. Mais ici, c'était un hub commercial, avec des comptoirs de ventes et des étagères pour mettre en vue des produits. Principalement des provisions et des armes, avec de l'équipement jusqu'au matériel de récupération pouvant être utilisé dans l'amélioration de son chez soi ou de ses affaires.
Ils trouvèrent le vieux Stockton, un homme ancien en costume et chapeau noire, assit derrière le comptoir à écouter la radio. Il se redressa en les voyant venir.
- Bonsoir, seriez-vous madame Vanles et monsieur Portgas.
- C'est nous, confirma Adara alors qu'Ace avait une grimace au «monsieur».
- Amelia m'a rapporté ce qu'elle a vécu. C'est… c'est horrible et je vous en suis reconnaissant. Vraiment.
- Comment va-t-elle? demanda Ace.
- Elle… elle a pris du temps pour elle. Le Professeur a offert de l'accueillir le temps qu'elle puisse faire la paix avec l'expérience traumatique qu'elle a subi.
Adara ne pouvait s'empêcher de songer qu'il y avait plus que ce que disait l'homme. Qu'il y avait quelque chose en plus dans ses paroles.
- Voici votre récompense. Et si vous avez besoin de vous reposer, dîtes aux Savoldi que je vous offre la chambre pour la nuit.
- Merci. Vous êtes marchands, c'est ça? fit Ace en récupérant la récompense.
- Cricket, Carla l'Ordure et Lucas Miller sont des caravaniers qui travaillent pour moi. Je suis malheureusement trop vieux pour continuer à arpenter les routes.
- Je vois. Je vous souhaite une bonne nuit et merci pour le couchage, remercia Aarch.
Il y avait tellement de points sur lesquels Adara aurait voulu insister, poser des questions, mais… Elle ne se sentait étrangement pas en sécurité ici. C'est comme s'il y avait des yeux et des oreilles partout.
- Mais nous allons décliner. Nous répondrons à votre invitation un autre jour, certainement, enchaîna la blanchette. Nous avons malheureusement quelques affaires qui ne peuvent nous permettre de rester dans les environs trop longtemps.
- Je vois. Eh bien, je vous souhaite bon voyage et à une prochaine fois, je l'espère.
Le trio se détourna et se dirigea vers la sortie «officielle» de la place forte.
- Nous allons devoir remonter le Freedom Trail, leur dit Aarch. Sauf si vous avez une meilleure idée, tous les deux, je propose que l'on rejoigne Goodneighbor, qui s'est formé autour de la Old State House. De là, je connais un chemin quasiment direct et sans danger pour retrouver un informateur.
- Vous connaissez clairement les environs mieux que nous, donc, je vais vous suivre sur ce coup, répondit Adara. Je ne suis pas là pour faire une visite touristique, cependant, j'ai déjà eu le plaisir de faire ma photo souvenir avec mon compagnon ici, avant tout ça. Donc, si quelques étapes pouvaient être sautées…
- Cela doit pouvoir se faire.
- Et pour celui qui ne comprend strictement rien, ça donne quoi? demanda avec humour le D.
- Le Freedom Trail est un pèlerinage de quatre kilomètres au travers Boston, passant par seize étapes importantes ayant marqué l'histoire de la Guerre d'Indépendance des Amériques! dit fièrement Codsworth. Elle est représentée par une ligne de brique rouge qui relie chaque lieu entre euxet fait la fierté de Boston depuis 1951!
- Pas tous les lieux sont représentés, pointa Adara. Le Freedom Trail, à ma connaissance, ne fait pas mention du lieu de la Boston Tea Party…
Ace hocha la tête pour dire qu'il se rappelait de ce qu'elle lui avait raconté l'autre jour.
- … ou du Liberty Tree où les patriotes se sont rassemblés pour les premiers actes de révolte jusqu'à ce que l'orme soit abattu. Et à cause d'installations souterraines, ils n'ont rien replanté à la plaque en signe de commémoration. Ils se sont contentés d'une place de bronze. Mais personne pour raconter son histoire. Et comme à côté, on a la Combat Zone, qui est le quartier rouge de Boston, avec, si je ne me trompe pas, le passage du métro… impossible de replanter un arbre. Et même s'il y avait bel et bien un parc dans les environs de l'ancienne localisation de l'arbre, ce n'était pas quelque chose de faisable. Alors, ils se sont contentés de mettre une plaque de bronze. Mais qui va s'intéresser à ça quand on a un strip-club juste à côté.
Elle détestait cet endroit.
Principalement parce que sa grand-mère y avait «bossé» pour Gennaro Angiulo dans son Jay's Lounge.
- Couper au maximum est faisable, mais il y aura toujours des détours à faire, parce que malheureusement, les bombes sont passées par là, leur pointa Aarch.
- Destruction de bâtiments et hostilité sur la route? devina Ace.
- Oui. Et en plus des pillards et goules, on risque de tomber sur des Super-Mutants.
- Niveaude puissance?
Aarch prit le temps de réfléchir. Longuement, comme s'il remontait très loin en arrière.
- Je dirai… le niveau d'un pirate gyojin?
Que diable était donc un gyojin?
- Pas loin de ce que valait quelqu'un comme les anciens des Taiyou. Mais en plus stupide et avec des kamikazes. Ils cherchent des noises à tout et n'importe quoi. Il y en avait à proximité de l'abri 75. Disons qu'ils ont décidé de faire un gros rappel des troupes avant de s'en prendre à moi pendant que j'étais en période nidification.
Ace hocha la tête, mais pour Adara, c'était du charabia. Et elle commençait à avoir mal au crâne. La fatigue, elle le savait. Honnêtement, la proposition de l'ancien était tentante, mais elle ne se sentait pas en sécurité dans les environs.
Elle jeta un dernier regard à l'obélisque évidé qui servait à présent de tour de guet, la statue de bronze encore debout qui montait éternellement la garde devant l'escalier sud de Bunker Hill.
- En route.
A pas rapide, elle descendit les escaliers, retenant de son mieux un bâillement. Elle n'avait pas leur forme ni leur force et encore moins leur endurance. Mais hors de question pour qu'on la prenne pour quelqu'un de faible. Qu'on remette en question sa capacité à retrouver son fils. Elle se devait d'y arriver, même si ça voulait dire aller au-delà de ses capacités physiques et mentales.
Personne ne lui fit la moindre remarque.
On la suivit dans la nuit.
Ils descendirent la rue en pente, bordés de bâtiments en ruines. Le temps était tellement passé que les gravats s'étaient brisés sur le passage des tempêtes, des bêtes et des quelques survivants. Ce n'était plus que des gravillons aujourd'hui, parfois de rares morceaux, formant un chemin cahoteux.
Devant eux, un pont. Le dernier pont à passer avant qu'ils ne soient vraiment dans Boston.
Par rapport à la rue qu'ils venaient de traverser avec ses ruines de chaque côté, ici, c'était si… dégagée. Avec les bâtiments encore intacts de l'autre côté, il suffisait que quelqu'un se mette dans une des fenêtres, et ce serait un jour de fête.
Elle comprenait presque ce que Nate avait dû sentir durant les déploiements.
- Je compte trois mines au sol, annonça Aarch.
Autant Adara qu'Ace se tournèrent vers lui.
Codsworth s'avança avec précaution, ses yeux projetant une faible lumière, alors qu'il fouillait le sol.
- Vous avez d'excellent yeux, vice-amiral, nous avons en effet la présence de trois mines anti-personnelles au sol! confirma le robot. Dois-je m'en occuper?
- Je vais m'en charger, si ça explose, je vais pas perdre un membre. Aaah, les zoans… soupira le D. en allant rejoindre le robot.
Un geste du pouce et le Mr Handy retourna au niveau des autres pendant qu'Ace avançait les mains dans les poches sous le regard inquiet de Canigou.
La triple explosion ne tira aucune surprise. Cela commençait à être redondant. Tout comme ça l'était de voir les flammes se faire aspirer par le noiraud qui n'avait même pas l'air ébouriffé.
Ils se dépêchèrent de traverser le pont pour ne pas rester à découvert plus longtemps. Qui pouvait dire qui viendrait voir l'origine de l'explosion même si c'était commun dans le Commonwealth.
Un bip leur dit qu'une nouvelle station de radio venait d'être captée par les Pip-Boy.
Aarch jeta un œil à son Pip-Boy.
- Tiens. C'est nouveau, nota le Griffon.
Curieuse, Adara jeta un oeil au sien et s'arrêta.
Radio Silver Shroud.
- Il y a un souci? s'inquiéta Ace.
L'avocate se connecta à la station et une voix à écho fit une annonce qu'elle ne connaissait que trop bien et qui lui fit monter les larmes aux yeux.
«Galaxy! News! Radio!»
C'était ça… c'était vraiment ça…
«Quand les criminels envahissent les rues de Boston, un justicier solitaire sort de l'ombre pour protéger les innocents et faire régner la justice.» raconta le narrateur avec une voix mystérieuse et un fond musical de série noire. «Cet ange gardien s'appelle… SILVER SHROUD!Episode d'aujourd'hui, meurtre à Scollay Square.»
Elle éteignit immédiatement la radio pour ne pas fondre en larmes.
- Adara… Adara… hey… appela Ace avec inquiétude.
Elle secoua la tête en ravalant ses larmes.
- On a encore de la route à faire, dit-elle avec une voix étranglée.
- On est à moins de vingt minutes, on peut prendre ce temps, lui assura Aarch.
- Raison de plus pour continuer de marcher!
Elle ne voulait pas se rappeler. Elle ne voulait pas se souvenir. Tout ce qui lui rappelait son père restait douloureux et le Shroud… c'était la goutte de trop.
Elle se devait d'avancer.
Mais quelque chose la retint par un bout de sa veste au milieu de son dos. Elle se retourna pour voir que c'était Ace qui l'avait attrapé. L'instant suivant, elle avait la veste d'Aarch sur ses épaules et le griffon la força à le suivre. Ils quittèrent le pont pour rejoindre la promenade pedestrian un peu en contrebas qui suivait le cours de la rivière Charles. Alors qu'elle se débattait, il la posa sur le banc et s'assit à côté d'elle. Ace grimpa de l'autre côté, s'installant sur le dossier, appelant Canigou pour qu'il saute sur la femme et s'allonge sur ses genoux, la gardant en place.
- On sait très bien que parfois, quand c'est douloureux et que ça reste bloqué, on préfère ne pas y penser, dit simplement Aarch. Mais on peut prendre cinq minutes. Juste cinq minutes et un repas chaud pour le moral, une fois à destination.
- On peut parler de la pluie et du beau temps. Attendre en silence. Ou tu peux vider ton sac, lui proposa simplement Ace en regardant volontairement vers le ciel.
Ne pas craquer. Ne pas craquer.
- On sera les derniers à te juger, assura Aarch.
- Je ne suis pas vulgaire, mais je le pense très fort, cracha d'une voix tremblante la femme.
- Oh, on a entendu pire, donc, tu peux te faire plaisir.
Adara préféra revenir sur Radio Diamond City. Moins de risque de fondre en larmes.
«Et c'était Betty Hutton avec It's a man.» concluait Travis quand elle se connecta à la station. «La chanson suivante est une demande spéciale de Nami… oui, je sais, c'est une synthétique… mais c'est rare quand elle vient nous voir, alors, on peut bien la lui accorder.»
Les larmes étaient oubliées. Tout le monde fixait le Pip-Boy à présent. C'était un nom si particulier, cela ne pouvait pas être une coïncidence. Surtout quand elle était assise à côté d'un homme qui était déjà là depuis bien avant la guerre.
«Vous connaissez son style, donc, vous ne devriez pas être surpris. Cette fois, elle nous a déterré quelque chose qui se nomme Close to Me et c'est une création de quelqu'un qui… qui aurait porté le nom de scène de Sabrepulse… Parfois, je me pose vraiment des questions sur le monde d'avant les .»
Et il lança une musique qui n'était pas du tout familière avec ce que l'avocate avait entendu avant la guerre. C'était… artificiel. Électronique. Certains sons lui rappelaient les musiques des jeux que l'on pouvait avoir en holotape pour y jouer sur Terminal ou Pip-Boy. Voir même les bornes d'arcades. Mais tous ces sons étaient remixés pour former de la musique, aussi dingue que cela puisse paraître.
- C'est du génie à l'état pur, souffla Ace avec des yeux ronds.
- C'est ce qu'il se passe quand un musicien et un cyborg mettent leur tête ensemble, expliqua Aarch qui s'était levé de son siège pour tracer quelque chose dans le sol avec le bout d'une griffe.
Il y avait quelque chose qui échapper totalement à la femme mais que les deux hommes semblaient avoir capté. Quoi donc?
Elle le réalisa en voyant enfin ce que Aarch gravait dans le sol.
C'était du morse.
On avait caché du morse dans la chanson. Comment? Où exactement? Aucune idée. Mais elle était admirative du talent de ces deux hommes pour parvenir à le percevoir au travers la mélodie.
- Il y a deux twists, lui dit Ace alors que la musique s'était finie. Le premier, c'est que ce qui ressemble en premier lieu à du morse, est en faite une série de chiffres.
- Des chiffres qui correspondent à des traits, continua Aarch.
- La langue japonaise a un alphabet avec des traits, non? Les idéogrammes ont chacun leur signification.
- Exact. Cela fait référence à un nombre de traits et donc, à certains kanjis. Le second twist est que cela fait référence à des choses que seuls des gens ayant connus le même monde qu'Ace ou moi peuvent comprendre.
Il piocha dans le sac en bandoulière pour en tirer un carnet de notes et un crayon dans lequel il nota les conclusions du message secret avant de se tourner vers Ace qui marcha sur le message et se mit à sauter à pieds joints dessus pour faire éclater le pavement pour effacer le message, avant de balayer le tout avec le revers de sa chaussure jusqu'à l'eau.
- On s'y remet? demanda le D. avec innocence.
Elle avait envie de demander ce qu'était ce message, mais elle avait bien assez dans son assiette dans sa quête pour retrouver son fils. Elle se pencherait sur ce mystère quand son bébé lui serait rendu.
Elle tapota le flanc de Canigou et se leva. Cette communication inopinée lui avait tiré ses pensées du souvenir que représentait Silver Shroud. Ils remontèrent sur le pont.
Et comme cela avait été dit plus tôt, le Freedom Trail était sur leur route. Une ligne de brique rouge qui courrait sur le bord du pont et se poursuivait dans Boston. Ils étaient à présent devant un rond point avec une statue effondrée.
S'ils continuaient de suivre le trajet de la ligne, ils seraient partis vers le USS Constitution, cependant, ils allaient plus au sud, vers la Old State House qui était normalement à la moitié du trajet touristique, ce qui leur aurait fait perdre du temps inutilement.
Alors, ils continuèrent au travers les ruines et les carcasses de voitures et maisons. La partie de l'échangeur qui passait au-dessus Boston s'était semblerait-il effondrée à plusieurs endroits, coupant régulièrement le passage.
Et clairement, ils n'étaient pas seuls puisqu'ils croisèrent une goule sauvage qui avait été tuée par quelqu'un.
- Présence humaine hostile à gauche, souffla Ace.
Restant collée contre la façade d'un immeuble, l'avocate se pencha dans la rue de gauche pour voir ce qu'il y avait. Pour se recoller immédiatement à sa cachette, sa peau virant à une teinte assez proche de ses cheveux.
Certes, il y avait des barricades et de l'éclairage provenant soit de lumière de fêtes, soit d'un éclairage de chantier. Mais cela avait éclairé à contre-jour quelque chose d'horrible.
Deux cadavres suspendus par les entrailles à des poteaux.
Un bruit de chute l'alerta et elle nota que Codsworth avait décapité une goule sauvage. Comme quoi, entre les bonnes mains, des outils de jardinage pouvaient être dangereux.
- On nous a entendu, souffla Aarch.
Adara fit un geste invitant à prendre une route vers la droite.
Et c'est ce qu'ils firent, s'éloignant aussi discrètement que possible pour se fondre dans une ruelle, passant un immeuble en rénovation qui allait avoir besoin de plus de travaux que prévu à présent.
Seulement, les pillards devaient avoir l'habitude, parce que non seulement, leur campement avait une ouverture sur la rue dans laquelle ils débarquèrent, mais en plus, ils les attendaient. Adara grimpa immédiatement dans les échafaudages pour se mettre en position avec son fusil, Codsworth gardant ses arrières, pendant qu'Aarch, Ace et Canigou étaient en bas à faire un massacre.
C'était effrayant de les voir faire.
Après, vu le nombre de cervelles qu'elle éclata, elle ne pouvait pas dire qu'elle était un enfant sage.
Même si elle devait avouer que le regard boudeur que lui lança Ace était très drôle quand une de ses balles lui passa au travers le crâne pour s'enfoncer dans l'œil d'un des pillards. Elle savait à présent que son camarade avait le crâne assez vide pour qu'elle puisse lui tirer au travers. Et cela fut un avantage contre la tourelle de défense qu'ils avaient installée.
- Eh bien… j'ai comme l'impression que la virée shopping ne sera pas pour aujourd'hui, commenta Codsworth alors qu'ils rejoignaient les deux autres au milieu du camp détruit.
Avant que la blanchette ne puisse demander à son robot pourquoi il parlait de virée shopping, elle remarqua devant quoi ils étaient: Haymarket Hall.
Elle se força à regarder le sol et la carte de son Pip-Boy pour ne pas voir les cadavres suspendus à intervalle régulier sur la place. C'était soit ça, soit elle allait vomir, et vu le peu qu'elle avait dans l'estomac, ça allait être un plaisir.
- Par ici, leur dit-elle en les entraînant vers des échafaudages.
Ils tournèrent dans une ruelle, continuant leur route vers leur destination avec précaution, parce qu'il semblait que leur combat ait réveillé la zone si on en croyait les coups de feu qu'on entendait en fond sonore.
Mais la suite était pire.
Cette fois, c'était des filets de viande non identifiable qui étaient suspendus à des poutres de métal qu'on avait planté dans le sol. La chaire était encore sanguinolente, mais elle avait noirci et dégageait une odeur horrible.
- Tu as grandi avec une ivrogne sur le pas de la porte d'un bidonville, tu n'es pas autorisé à faire des commentaires sur des odeurs, Ace, marmonna le pirate avec une grimace de dégoût.
- Territoire de super-mutant. Accélérons, l'odeur est trop forte pour mon odorat animal, siffla Aarch en protégeant son nez de son poignet.
Boum! Boum!
Qu'est-ce qui venait d'exploser?
- Tu te sens de courir? demanda Aarch. Courir longtemps et vite?
Courir, elle savait le faire. C'était une compétence qu'elle avait continué à entretenir depuis ses années d'école. Parce que la fuite était la meilleure façon de gérer des camarades de classes violents et racistes quand elle était une minorité ethnique et qu'elle n'aurait aucune chance de s'en sortir si elle affrontait ses agresseurs.
- On va essayer de passer discrètement. Ils ont l'air occupés, alors, autant en profiter. Mais si on nous repère, il faut qu'on prenne la fuite, parce qu'on en aura jamais fini si on engage le combat.
Une explosion eut lieu très proche d'eux, puisque le flash de celle-ci les aveugla sans qu'ils ne puissent voir d'où ça venait.
Ils rasèrent le mur pour traverser l'endroit.
Mais bientôt, le cri d'Ace la fit se redresser d'un bond pour courir aussi vite que ses jambes pouvaient la porter. Elle avait déjà participé au marathon de Boston, mais là, c'était passé au niveau master, entre les possibles mines au sol dans les décombres, les décombres justement et les personnages hostiles sur la route. Après, elle n'était jamais montée sur un camion, donc, quand les décombres leur firent passer par-dessus un, ce fut donc une première pour elle.
Ses poumons la brûlait, mais elle continua de courir.
Aarch passa devant elle, alors qu'elle sentait la chaleur d'Ace dans son dos qui devait protéger leurs arrières. Le Griffon lui fit un geste de la tête alors qu'il portait littéralement Canigou pour ne pas le perdre en route. Il les fit passer par un morceau d'échangeur, les éloignant du sol alors qu'ils continuaient de courir.
Ce n'était pas un marathon, elle courait pour sa vie. Et elle savait par instinct que si cette chose qui leur courait après les toucher, elle allait finir dans les sacs de viandes qu'ils avaient vus.
- HIKEN!
Elle sentit une immense source de chaleur dans son dos, mais ne se retourna pas pour voir.
Aarch sauta sur des pillards sous sa forme animal, poussant un cri qui fit fuir les camarades de celui qu'il tenait entre ses serres, avant de continuer sa course sous cette forme, Canigou dans son bec.
Ils arrivèrent à une partie de l'échangeur effondré où le béton s'était effrité. Ils y étaient presque. Ils auraient même pu sauter ici, et filer vers leur destination qui se trouvait à présent sur leur droite, mais une haute barricade leur coupait la route.
- C'EST DE L'AUTRE COTE! cria Adara.
Et elle le regretta parce qu'elle manqua de tomber et ses poumons lui firent comprendre que parler n'était pas une option.
Ace la choppa littéralement par les hanches en la jetant sur une de ses épaules. Le Griffon vola facilement de l'autre côté de la barrière, et le pirate la sauta en usant de ses flammes pour rester suffisamment en apesanteur pour finir de l'autre côté où elle fut reposée.
Ils entendirent des cris, mais personne ne vint les chercher.
Elle s'adossa à un mur pour reprendre son souffle, avant d'ouvrir les yeux devant la scène.
Ils étaient sur Scollay Square, elle le reconnaissait. Droit devant elle, elle avait la Old State House. Le Freedom Trail et sa plaque étaient parfaitement visibles aux pieds de la barricade qui isolait le square du reste du quartier des finances. Et pour le coup, l'entrée de la zone sécurisée était difficile à louper, puisqu'il y avait une porte de métal qui était mise en valeur par un néon en forme de flèche.
- Bienvenu à Goodneighbor, le voisinage le plus agréable que l'on puisse espérer, ironisa Aarch.
Le néon qui soulignait le nom de l'endroit grésilla mais resta allumé.
L'endroit avait l'air aussi insalubre que Combat Zone à l'époque où sa grand-mère tapinait.
Joyeux… et elle devait y trouver une piste pour la disparition de son fils?
