Bonjour à tous ! On se retrouve aujourd'hui pour un nouveau chapitre et la découverte de Goodneighbor et on retrouve une vieille connaissance. Merci à Nemerof91 pour sa review et on se retrouve en Novembre.

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Il y avait une étrange odeur dans l'air. Quelque chose de familier qu'Ace n'arrivait pas à replacer. En attendant, ce n'était pas ça qui lui fit baisser sa garde alors qu'Adara allait frapper du poing contre la porte de métal de la place forte après avoir réalisé que l'endroit était verrouillé.

- Ouais ?

Quelqu'un était monté par-dessus la barricade, se mettant littéralement à cheval sur elle, un fusil entre les mains. Un gars plutôt bien fringué en dépit de la couleur défraîchie de son costume.

- On est là pour le cuistot, informa Aarch.

Le gars ouvrit une montre à gousset et la consulta.

- Juste à temps pour le service du soir. Cherchez pas de problèmes et tout se passera bien.

Et il retourna d'où il venait pour leur ouvrir en suivant la porte, les faisant rapidement entrer avant que le battant ne se referme.

L'endroit avait une certaine ambiance dans la nuit. L'éclairage était offert par des lampadaires miraculeusement actifs et l'enseigne de deux magasins. Un d'arme et l'autre général, de ce qu'il comprenait. Sur sa droite, il découvrit pour la première fois ce qu'était un synthétique. Il y avait une estrade éclairée par de grosses ampoules et on avait installé devant des chaises vides à l'heure actuelle. Le spectacle était un robot. Enfin, pour Ace c'était un robot, mais la ressemblance avec l'humain au niveau des membres, de l'imitation des muscles et articulations rendait la vision malaisante. Surtout que la création de métal était inactive, et donc, ses yeux sans vie fixaient droit devant avec un regard sans expression et sans paupière.

Dans un bruit humide, ce qui ressemblait à une tomate pourrie glissa des câblages du synthétique et s'écrasa sur le sol, rejoignant d'autres de ses comparses.

C'était clair et largement moins hypocrite que ce que le pirate avait vu à Convenant.

Adara lui donna un coup sur le bras et lui montra quelqu'un d'un geste de la tête. C'est à moitié étonné qu'Ace reconnu le type du restaurant routier. Le dealeur de drogue avait un bras en écharpe en les regardant avec haine, mais il préféra tourner les talons plutôt que de venir chercher les ennuis. Cela lui tira un furtif sourire. C'était bon d'être craint, parfois.

Il regarda le grand bâtiment à sa gauche. La fameuse Old State House. Par rapport à ce qu'il avait vu depuis qu'il était sorti de son caisson, il pouvait clairement dire que c'était un très vieil édifice. Dans le genre, place du gouvernement ou un truc du genre, datant de trèèès loin. C'était plein de fenêtres, en tout cas.

- Oi ! Vous là !

Un homme en blouson de cuir et au crâne rasé vint à leur rencontre en s'allumant une cigarette. Et clairement, il avait la tête de quelqu'un qui cherche des problèmes.

- Attendez un instant, leur dit l'homme en tirant sur sa clope. C'est la première fois, non, que vous venez à Goodneighbor, non ? Vous pouvez pas vous balader comme ça sans assurance.

- Sauf s'il s'agit d'une assurance pour garder les cons et les abrutis au loin, je ne suis pas intéressée, lui dit d'office Adara.

Quelqu'un était clairement de mauvais poil. Certainement un contrecoup de son breakdown.

- Allez, soit pas comme ça, poupée…

Au mot poupée, Ace sentit le niveau de menace de la part du Griffon monter de plusieurs crans. Ouch, quelqu'un avait décidé de se suicider.

- Je pense que tu vas aimer ce que j'ai à te proposer. Tu me refiles tout ce que tu as, ou des accidents risques de t'arriver. Dans le genre gros et sanglant, ces accidents.

- Et tu as tout intérêt à dégager, ou c'est toi qui aura besoin d'une assurance.

Oui, clairement, Adara était de très mauvais poil. Cela exsudait de tous les pores de sa peau, comme un immense monstre dans son ombre prêt à se refermer sur quiconque la chercherait.

- Sans compter que je suis une avocate. Je n'aurai pas eu le temps de te faire revivre le quart des dossiers qui me sont passés entre les mains que tu auras déjà réclamé pitié. Mon argent… ou ta vie ?

Yup. Définitivement. De très mauvaise humeur. S'il ne tenait pas à sa peau, Ace lui aurait même demandé si elle était à cette période du mois. Et l'homme dû le sentir parce qu'il recula de plusieurs pas en marmonnant qu'ils allaient dire que l'assurance était payée pour cette fois.

Avant que les deux combattants ne puissent avoir leur mot à dire, un type apparut d'une allée entre la vieille baraque et la boutique d'armes. Un somptueux tricorne, quoiqu'un peu poussiéreux, un long manteau rouge et une chemise bleu avec un col en froufrou.

- Eh là, doucement.

Le type parlait avec une voix légèrement cassée et rocailleuse, mais tellement calme, tellement tranquille, comme s'il avait tout le temps du monde. Il dégageait de l'assurance à des mètres à la ronde.

Le fait qu'il soit aussi pépère pouvait s'expliquait dans son apparence. Yeux injectés de sang, peau et chair tellement brûlé qu'il n'avait du nez que l'os et un épiderme ridé.

Cet homme était clairement une goule. Une goule non sauvage ou autre, parce qu'Ace ne connaissait pas le nom qu'ils se donnaient.

Leur racketteur jeta sa cigarette (qu'Ace écrasa machinalement) pour faire face à son interlocuteur avec son costume si particulier.

- Quand quelqu'un entre la première fois par cette porte, c'est un invité, dit calmement l'homme goulifié. Alors, tu vas ranger tes tentatives stupides d'extorsion.

- Qu'est-ce ça peut t'foutre ? Ce sont pas des nôtres !

- Pas d'amour pour ton maire, hein, Finn ? Je t'ai dit de laisser tomber.

Alors, ce gars qui se disait le maire, eh bien Ace… bah il le connaissait pas, mais il l'aimait bien. Cette façon de rester cool et zen… tout en avertissant son interlocuteur de façon subtil qu'il n'était pas en position de force et que s'il insistait, ça allait mal finir.

- T'es trop doux, trop faible, Hancock, reprocha Finn. Continue de laisser les étrangers nous marcher dessus et un jour, on aura un nouveau maire.

- Allons, mec. C'est de moi qu'on parle. Et laisse-moi te dire un truc…

Calmement, tout en continuant à parler, Hancock s'était rapproché.

Quand le couteau jaillit de la manche du maire, Ace s'y attendait à mille pour cent.

Finn se retrouva avec une lame plantée dans l'estomac. Encore, et encore, et encore. Jusqu'à ce qu'il s'effondre sans vie.

- Pourquoi a-t-il fallut que tu dises ça, hein ? Tu me brises le cœur, soupira Hancock en nettoyant son arme avant de la ranger. Eh, les gars, allez donner ce truc aux voisins, je suis certain que les molosses des géants verts seront contents du repas gratos.

Il releva la tête et sourit à Adara quand des mecs qui devaient faire office de la sécurité s'occupèrent du corps.

- Tout va bien frangine ? Je demande pas à tes potes, ils ont pas l'air trop ému, mais toi… t'avais de sacré vibes, tout de même. Pas bon pour les chakras.

Ok, là, Ace allait rire. Ce type était shooté, il n'y avait pas d'autres explications.

Mais Adara ne répondit pas. Elle le fixa, sans expression, clignant simplement des yeux.

- Oh, je sais ! Mon look t'a coupé le sifflet. J'espère que tu l'aimes, enchaina avec un sourire le gars en se rapprochant. Je trouve que ça me donne un côté assez sexy, dans le genre, roi des zombies. C'est très populaire auprès des dames.

Le D. se mordit une phalange pour ne pas rire. Il l'aimait énormément ce type.

- Pour répondre à la question que tu dois te poser, frangine, je suis une goule. Un gros irradié de la première heure. Y'en a pas mal dans le coin, donc, évite de trop fixer, certains pourraient prendre moins bien que moi.

- Merde alors, je n'imaginais pas qu'ils avaient doté les mannequins de l'exposition de la Old State House d'Intelligence Artificiel, fit semblant de s'étonner la blanchette.

Cela fit rire le maire.

- J't'aime bien, frangine ! Bienvenue à Goodneighbor, je suis le maire John Hancock. La cité du peuple, pour le peuple, vous m'suivez ? Tout le monde est le bienvenu.

- Par le peuple, pour le peuple ? Oh misère…

Cela fit rire Hancock.

- Je sens qu'on va bien s'entendre. Considérez cet endroit comme votre maison loin de chez vous… du moment que vous vous rappelez qui est le boss.

- Ace et j'adore ton style, mec ! salua joyeusement le pirate en tendant sa main au maire qui la lui serra fermement avec un sourire.

- Et t'as un prénom vachement cool, tout de même, gamin. Et une bonne poigne. Toi, je vais te garder à l'œil, tu pourrais me piquer mes doigts.

- Pense à les compter après cette poignée de main, alors.

Adara eut un tsk d'agacement devant leurs conneries avant de tendre la main.

- Adara Vanles.

- Madame, un plaisir de faire connaissance avec quelqu'un qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.

Il lui serra la main avec toujours ce sourire. Puis, il se tourna vers Aarch et ses yeux s'agrandirent.

- Mais-dîtes-moi-que-je-rêve ! Soit je suis tellement défoncé que j'hallucine, soit nous avons un revenant ! Les filles ! Amenez-vous ! Venez voir qui va là !

- Hancock, salua Aarch. La sobriété, c'est pas pour demain, n'est-ce pas ?

Le ton de voix était mitigé chez l'ancien. Pas moyen de poser des questions ou de s'attarder, parce qu'un « AARCH » perçant lui vrilla les tympans et qu'une femme goule en costume se jeta sur l'ancien pour s'accrocher à lui en pleurant.

- Oh, je suis si heureuse de te revoir ! Tellement heureuse ! Quand Sanji nous a dit ce qu'il t'était arrivé…

Et elle continua à sangloter.

- … moi aussi je suis heureux de te revoir, Daisy, souffla Aarch en tapotant maladroitement le dos de la femme qui sanglotait sur sa chemise.

Attirées par le cri, d'autres personnes vinrent voir ce qu'il se passait et clairement, le vieux zoan avait marqué positivement les esprits. Il y avait toujours quelqu'un pour le remercier, dire à quel point il était heureux de le revoir, qu'il leur avait manqué.

- Hey, c'est à vous qu'on doit le retour de la peluche, là ? demanda Hancock. Si c'est le cas, vous en avez pas conscience, laissez-moi vous dire que vous avez rendu un très fier service au Commonwealth.

- Ce n'était pas l'objectif, mais plaisir d'avoir pu aider, répondit Adara en haussant des épaules.

- Une raison particulière pour venir à Goodneihgbor ? Outre le joli minois des goules ?

- On cherche quelqu'un et Rhyddid est censé nous aider à le retrouver, informa Ace.

- Bon courage dans votre entreprise.

Il se tourna vers la foule avant de frapper dans ses mains,

- Allez, les enfants, laissez le Griffon respirer, il a repris son service de Bon Samaritain.

Il y eut quelques rires et Aarch fut libéré de la foule qui retourna à ses occupations. Sauf un robot qui n'avait pas rejoint la foule et qui se tenait sur le seuil d'une boutique. Un robot très humanoïde, très féminin, dans sa silhouette, avec d'épaisses couches de métal en protection pour les circuits, allant jusqu'à imiter une poitrine, avec des bras équipés de pinces et un vague visage sans trait seulement légèrement fendu de haut en bas avec un gros œil rouge en son centre. Et dans une gestuelle très humaine, la machine se laissa aller contre l'encadrement de l'ouverture de la boutique en croisant les bras.

- Eh alors, beau gosse, tu n'as même pas rapporté de souvenir de Malden pour la pauvre et malheureuse Kleo ? demanda la machine. Tu n'es pas censé être un gentleman et couvrir une femme de cadeaux ?

Même la voix de la machine, en dépit de l'interférence des circuits et du courant qui l'alimenté qui faisait grésiller le son en lui donnant une teinte artificielle, on avait toujours une voix féminine. C'était assez perturbant.

En tout cas, Aarch était blasé devant le robot plus qu'autre chose. Il eut un soupir et lui sortit :

- Kleo, je suis aussi content de te voir, mais ces dernières années ont été compliqués. La prochaine fois, on verra si tu as été sage.

- Mais je suis une gentille fille, chéri. Je ne suis une vilaine fille qu'avec les gens qui me déplaisent.

Hancock eut un grand rire en retournant vers la Old State House dans laquelle il disparut.

Quant à Aarch, il leva les yeux au ciel avant de faire un geste vers Adara et Ace qui attendaient patiemment jusqu'à présent.

- Mais oui, Kleo. Mais oui. Venez, on va à l'hôtel Rexford.

- Le luxe a survécu aux bombes ? demanda Adara alors qu'ils se mettaient en marche.

- Pas vraiment, mais il reste assez pour que des gens puissent y vivre. Il y a quarante ans, oui, là, on avait du luxe. Luxe de bandits de la classe aisée.

Ils tournèrent à l'angle du monument pour finir sur une rue plus large et qui, pour le coup, était envahie par des vendeurs de rues vendant des produits qui auraient été communs à une époque mais qui ressemblaient à du luxe aujourd'hui. Ils croisèrent deux hommes en costard, comme celui qui leur avait ouvert et qui devaient faire office de sécurité. Ils étaient au-dessus d'un corps au sol que tout le monde ignorait. Le crâne était salement abîmé et l'un des deux types avait dans ses mains un petit objet ensanglanté.

Ace reconnut l'objet comme identique à celui qu'il avait récupéré sur la dépouille du corbeau.

- J'arrive pas à croire qu'ils aient eu le culot d'essayer d'infiltrer Goodneihgbor. S'ils continuent, ils vont avoir de sacrés soucis, marmonna l'un des hommes.

- Comment on va pouvoir dire ça à sa mère…

- Excusez-moi… intervint Ace en se rapprochant.

Les deux types le regardèrent sans rien dire.

- C'est un synthétique, c'est ça ? Comment vous l'avez démasqué ?

- Très simplement, répondit l'un des gardes. On connait tous ceux qui vivent à plein temps dans le quartier. Et Sammy fait partie du nombre.

- Du jour au lendemain, il a arrêté l'alcool et la clope, et sa femme a fini par venir nous voir parce qu'elle se faisait du souci… parce que son mari n'avait pas eu d'aventures extra-conjugales depuis un petit moment !

- Ow…

Le monde marchait sur la tête pour qu'on puisse se faire du souci quand le compagnon était fidèle.

- Et ceci, c'est la confirmation que le pauvre Sammy ne s'est pas racheté une conduite. On vient de la retirer de son crâne.

Le garde montra le composant électronique qu'il avait dans sa main.

- Même s'ils arrivent à imiter l'apparence, il reste des défauts dans la personnalité et les habitudes de vies des gens remplacés.

- Merci pour l'information.

C'était toujours quelque chose de bon à savoir parce que, certes, il n'avait aucune opinion sur les Synthétiques, mais savoir qu'il y avait un remplacement de gens mais qu'il n'était pas parfait, c'était intéressant. Cigarette, alcool et abstinence disaient que… il ignorait si à ce stade, on pouvait parler de programme ou d'éducation, mais dans tous les cas, on forçait pour un mode de vie sain. Pas d'affaires extra-conjugale ? Loyauté ou concentration sur une tâche/mission.

Ce n'était que des suppositions, mais il garderait un œil ouvert sur ces détails à l'avenir. A voir où ça le mènerait.

Il rejoignit le duo qui l'attendait à présent devant l'hôtel et ils pénétrèrent ensemble.

Il y avait foule à l'intérieur. Une foule qu'ils percutèrent parce qu'elle envahissait le hall et se rassemblait majoritairement au niveau de ce qu'il arrivait à apercevoir comme un bar, juste à côté de l'entrée. Aarch leur fit signe de se mettre en retrait, le temps que le rassemblement s'apaise. Apparemment, on distribuait de la nourriture, une sorte de soupe de poisson dont l'odeur safranais faisait saliver le logia.

- /Pour faire une bonne bouillabaisse

Il faut se lever de bon matin

Préparer le pastis et sans cesse

Raconter des blagues avec les mains./

Ace reconnu la voix qui chantonnait comme celle de l'homme qui avait hijacké la radio à Convenant. Cette voix familière d'un homme qui se faisait appeler Black Leg et qu'il n'arrivait pas à replacer. Mais aucune idée de ce qu'il disait.

- /Les courageux prennent leur canne

Et vont eux mêmes la pêcher

Mais le poisson passe et ricane

Y a plus qu'à l'acheter au marché !/

Adara pencha la tête sur le côté.

- C'est du français.

- J'ignore ce dont tu parles, pour moi, ça me rappelle North Blue, lui dit le D.

- Vous avez tous les deux raison, leur répondit Aarch.

Une autre personne s'éloigna du bar avec une assiette de poisson en bouillon. L'odeur commençait à torturer l'estomac du noiraud.

- /Ah ! que c'est bon la bouillabaisse

Ah ! mon dieu que c'est bon bon bon

Ah ! que c'est bon la bouillabaisse

Ah ! mon dieu que c'est bon./

Le Griffon porta deux doigts à ses lèvres et siffla. La réponse fut vulgaire au possible.

- Écoute, salaud, t'es pas content, tu vas te faire foutre chez les connards de Supers Mutants, ou t'attends la fin du service, parce que là, enfoiré, je suis occupé ! Alors, soit tu fais la queue comme tout le monde, soit tu dégages !

- Que de vulgarité, s'offusqua Codsworth.

- Parce que c'est un putain de Mr Handy qui me cherche ! Ok poussez-vous. Rufus, je te laisse finir le service.

La foule se sépara pour laisser passer un homme blond qui avait le visage légèrement penché vers l'avant alors qu'il s'allumait une cigarette qu'il avait entre les dents. Il était assez bien habillé, en simple costume, bien qu'il n'ait pas la veste qui aille avec et qu'il ait remonté les manches de sa chemise blanche. Tout en se rapprochant, il releva la tête. Son visage était partiellement masqué par ses cheveux qui tombaient avec une certaine élégance sur une moitié de son visage, masquant des brûlures de radiations. Pourtant, par rapport aux quelques goules qu'ils avaient sous les yeux dans ce hall d'entrée, il avait l'air moins abîmé. Et même si le regard bleu qu'il braqua sur leur groupe était ancien, il y avait une lueur furieuse dedans très vivante.

D'un geste sec de la main, il éteignit son allumette et les fixa… Avant de faire demi-tour.

Cette façon de bouger… ce maniérisme…

Ace eut un flashback.

Il revoyait un homme d'environ son âge appuyé sur la rambarde d'un navire au large d'Alabasta. Un homme que son frère lui avait présenté comme son cuisinier. Le prénom l'avait marqué, à l'époque, mais il n'arrivait pas à remettre le doigt dessus.

L'individu revint avec quatre assiettes, dont une avec simplement de la viande alors que les trois autres bien chaudes étaient pleines de bouillabaisse. Et il les portait avec aisance, comme un serveur très expérimenté. Cela lui rappelait les rares fois où il avait vu Thatch faire le service à table. Il donna l'une des assiettes à Aarch et avec un sourire, bien loin de l'aura menaçante qu'il avait exsudé auparavant, il tapota l'épaule du Griffon.

- /Marre de bouffer cru ? Je savais que tu reviendrais à la civilisation tôt ou tard. Heureux de te revoir Vice-Amiral Peluche !/

Aarch eut un sourire et frotta le crâne.

- Heureux de te revoir, aussi.

Et là, le sourire fondit. Avec un geste violent qui aurait pu faire tomber les assiettes toujours en équilibre dans sa dernière main, le blond se débarrassa des doigts dans ses cheveux et gronda le zoan.

- /T'as pas honte d'avoir fait autant de travail à Robin-chwan et Nami-swan ?! T'as idée du boulot que tu leur as coûté pour essayer de ramener ta part civilisée à la surface ? Ou des difficultés que cela représente de forcer un griffon à se réfugier dans l'abri en cas de tempête radioactive pour pas aggraver ton cas ?!/

- Je les remercierais personnellement, mais on a de la compagnie, là.

- … Sanji. Tu es Sanji, finit par se rappeler Ace.

Le blond le regarda et sans les réflexes de Codsworth, les assiettes auraient fini au sol sous la surprise de la goule.

- /Dîtes-moi que je rêve ! Putain ! Portgas D. Ace ! De retour chez les vivants, si c'est pas miraculeux ! Plaisir de te revoir ! T'as été déplacé il y a longtemps ?!

- Déplacé ? Comment ça ?

- Rhyddid t'a pas expliqué ?/

Le griffon secoua la tête en réponse.

- Je laisse Robin-san s'en charger. Elle est douée pour ce genre de choses.

- /Robin-chwan est douée pour beaucoup de choses, ça oui, confirma Sanji./

- Par le fait que cela m'a l'air d'être une vieille réunion, je présume que ces vieilles grands-mères en plein commérage se connaissent ? se renseigna Adara avec lassitude auprès d'Aarch. Et c'est lui votre contact, vice-amiral.

Le blond se redressa, retira la cigarette d'entre ses dents, reprit l'une des assiettes des pinces de Codsworth et tourbillonna autour de la femme avant de s'incliner devant elle.

- Pour une beauté telle que vous, madame, laissez-moi vous offrir cette humble assiette de bouillabaisse. Je suis Sanji, maître coq et je suis à votre service tout entier.

La sécurité du fusil fut retirée et Ace sentait que la femme était à deux doigts de coller une balle entre les deux yeux du cuisinier.

Cela tira un sourire amusé à Aarch qui jeta un regard en coin à Sanji.

- Même si ce n'est que ta manière d'être respectueux envers les femmes, cela peut en mettre quelques-unes très mal à l'aise, rappela tristement le vieux soldat.

Sanji se redressa avec un air de chien battu, l'assiette toujours présentée à Adara.

- Merci pour le repas, fini par accepter la femme en prenant l'assiette.

- Puis-je avoir des excuses pour les menaces ? demanda Codsworth.

- C'est le zoan qui a sifflé, Codsworth est bien trop respectueux pour ce genre de comportement, précisa Ace.

- D'accord, tas de boulons, je te demande pardon pour la menace, s'excusa d'un ton désintéressé le blond.

Cela vexa encore plus le robot.

- Nous avons besoin d'une conversation en privé, informa Aarch alors qu'Ace récupérait la dernière assiette de bouillabaisse.

Sanji s'arrêta alors qu'il allait donner l'assiette de viande à Canigou et hocha la tête.

- Clair-san ! J'ai un rendez-vous pro ! informa-t-il en élevant la voix.

- C'est avec Rhyddid, donc, je sais que tu viendras pas pour le matos de nettoyage ou demander de l'aide à Rufus pour le mobilier détruit, commenta une vieille femme afro américaine avec une touffe de cheveux blanchi sur le crâne qui tenait le comptoir d'accueil de l'hôtel.

- Pas de dégât en prévision, mais je parle pas pour le D., il est réputé pour avoir le sang chaud.

- Oh le con… ricana Ace.

Adara eut un soupir de lassitude.

Sanji leur fit un signe de la tête pour leur dire de le suivre et il les fit passer dans la pièce derrière le hall. Ils se retrouvèrent avec des ascenseurs hors services et de chaque côté, des escaliers. Sanji les entraîna jusqu'au troisième étage. Il tira une clef d'une de ses poches et se poussa pour les laisser entrer dans une grande chambre incroyablement propre par rapport à ce qu'ils avaient vu jusqu'à présent. Un simple lit proprement fait, un bureau avec de quoi écrire et le même Pip-Boy que portait Aarch au poignet posé dans un coin. On avait un canapé avec une table basse si propre qu'ils en avaient l'air neuf et surtout, une bibliothèque comportant des dossiers et des carnets de notes.

- C'est extrêmement propre, j'en suis très impressionné, nota Codsworth en flottant dans la pièce.

- Je suis un cuisinier, l'hygiène est essentielle dans mon boulot. Cela a fini par devenir une habitude.

- Très beau travail. Si j'avais un chapeau, je vous l'aurais tiré.

Cela tira un sourire à Sanji qui referma la porte. Il posa l'assiette dans un coin pour Canigou qui se jeta dessus avec joie.

- Bon, c'est quoi l'affaire ? demanda Sanji en leur montrant son canapé.

Adara s'y assit alors qu'Ace et Aarch se posaient chacun sur un accoudoir. Sanji tira la chaise de son bureau et s'y assit. Il sortit d'une de ses poches un cendrier portatif pour y déposer ses cendres avant de croiser ses jambes, attentif.

- Maître Vanles, je pense que vous devez connaître Sanji, ne serait-ce que par l'avis de recherche, puisqu'il fait partie lui aussi de ce « complot » Mass Fusion, présenta Aarch.

- Enchantée.

- Sanji, voici Vanles Adara, avocate d'avant-guerre. Elle vient de sortir de l'abri 111 qui a cryogénisé ses sujets tests.

- Je me disais que j'étais devant la goule la mieux conservée du Commonwealth ou même une synthétique, mais c'est bien plus simple, finalement. Et si je pose la question évidente…

- Ton géniteur est toujours chez les Cabot ? se renseigna Aarch avec un ton d'avertissement.

- Message reçu. Donc, plaisir de faire connaissance, madame. Dîtes-moi, en quoi puis-je vous aider. Sauf si c'est le D. qui a encore foutu la merde, dans ce cas-là, je me ferai un plaisir de botter le cul du commandant ci-présent.

Ace lui adressa un regard sceptique.

- On s'est farci deux Yonkou, tu veux peut-être revoir ton opinion, sourit largement le blond.

- … c'est une histoire que je veux entendre, mais plus tard.

Le cuisinier eut un rire avant de se retourner vers la femme.

- Si la Peluche dit que c'est une conversation à faire en privée, alors, c'est que c'est un sujet important.

Adara remit la sécurité de son fusil pour l'appuyer contre le canapé, juste à côté d'elle. Elle posa ses mains sur ses genoux après avoir porté une main à son cou où Ace savait qu'elle avait l'alliance de son époux après avoir trouvé de quoi l'y accrocher.

- Il y a eu une intrusion dans l'abri. J'ignore quand, qui et comment. Je sais que ces personnes ont mis fin à la cryogénisation pour ouvrir le caisson de mon époux. Nate… Nate était juste en face de moi. Et il avait notre enfant dans les bras. Shaun n'était qu'un bébé. Juste un tout petit bébé… et…

Sa voix s'étrangla, l'empêchant de finir sa phrase.

- Nate a été assassiné et l'enfant enlevé, termina Ace en perdant tout humour. Et nous n'avons aucune piste.

- Mes condoléances, souffla Sanji.

La blanchette eut un sec hochement de tête et ramassa l'assiette qu'elle avait posée sur la table basse, sans la manger, cherchant plus du réconfort dans sa chaleur qu'autre chose. Ace et Aarch avaient déjà fini leur part.

- Des témoins ? demanda Sanji en se laissant aller en arrière.

- Personne n'a survécu dans l'abri, dit tristement Codsworth. Je suis resté en permanence à Sanctuary Hill, descendant rarement sur Concord pour voir si je trouverais des survivants, mais je n'ai vu aucun passage vers l'abri. Ceux qui s'y sont rendus pour faire ce massacre ont dû prendre une autre route.

- Sans compter qu'il y a eu une mutinerie dans l'abri, compléta Ace. De ce qu'Adara a découvert, le superviseur de l'abri devait attendre un signal avant de rouvrir la porte, mais ce signal n'est jamais venu. Avec les vivres diminuant rapidement, la révolte a fini par pointer le bout de son nez.

- L'enclenchement de l'ouverture des caissons a dû jouer dans les réglages ou l'alimentation, ou quelque chose dans le fonctionnement de la distribution de l'énergie, parce que le système de cryogénisation de tous les caissons ont fini par cesser de fonctionner, tuant les occupants… tout ça pour s'assurer que le caisson du commandant Portgas ci-présent reste actif. Ce n'est que de la chance qui a fait que mon caisson s'est ouvert avant que ce ne soit mon tour de mourir.

- On a fait passer ta vie avant celle d'une lady, salaud ? siffla avec colère le blond en fixant Ace avec une flamme dans le regard.

- Oi ! Je suis innocent ! J'ai que des souvenirs de blouses blanches depuis Marine Ford ! Je ne sais pas ce qu'il s'est passé !

- Tonikaku, reprit Sanji. Je suis navré pour ce que vous avez vécu, madame. Et je comprends à présent pourquoi vous avez été guidé jusqu'ici. La première chose à faire, c'est…

Il se leva pour rejoindre le bureau où il saisit le Pip-Boy entre ses mains pour afficher l'heure.

- Beau joujou, commenta Ace.

- Ouais. Rien à voir avec les vieux prototypes que Franky s'est fait voler avant la guerre.

Et il eut un mouvement de la tête en direction du Pip-Boy au poignet d'Adara.

- Faut pas laisser un cyborg ingénieur naval avec du matériel électronique quand il se fait chier ou il pourrait se faire une véritable armée. Ton frère a un talent unique pour trouver des personnes bizarres pour son équipage.

- Donc, tu t'inclus dans le lot ?

- Coupable, mais c'était le bon temps… merde, même ce marimo me manque.

- Ah, d'où comment vous vous connaissez, nota Adara en arrangeant l'assiette sur ses genoux.

- Connaître est un grand mot. On s'est rencontré une fois, genre, il est passé pour dire coucou, prendre des nouvelles, savoir si on aurait assez de sanité pour supporter les conneries de son petit-frère, puis, il est parti dans un boom, littéralement. Le Boom étant un navire de la Marine qui nous tirait dessus. Portgas sait aussi bien faire ses entrées que ses sorties.

Ace lui adressa son sourire le plus angélique.

- Range ça, Luffy m'a sortit pire.

Les épaules du noiraud chutèrent. Même si entendre parler de son frère était agréable… savoir qu'il était pire que lui, ça le vexait un poil. Surtout avec le regard de coin d'Aarch disant que oui, Luffy était pire.

- M'enfin, donc, je disais, la première chose que l'on doit faire, c'est passer au Memory Den, il est juste à côté, littéralement la porte à côté. Je ne cache pas que cela sera une expérience traumatisante, mais là-bas, il sera possible de revoir le souvenir sur grand écran. Autant Aarch que moi sommes ici depuis très longtemps, donc, il y a une possibilité, si vous avez vu les personnes qui ont fait ça, que nous puissions les reconnaître. Si cela ne nous aide pas, il restera Robin-chan.

- Et qui est-elle ?

- Nico Robin.

Ace tomba de son siège. Nico Robin ? LA Nico Robin, sérieusement ? Pourquoi ? Comment ? Quoique non… ce n'était tout de même pas un coup de son frangin, encore une fois ? Il regarda Sanji qui hocha la tête avec un sourire amusé.

Ace eut un grognement et se laissa aller en arrière. Son frère était… il ne savait trop quoi… mort ? Dans un autre monde ? Il… il ne savait pas trop, et ce sentiment d'incertitude faisait qu'il tenait encore le coup…

- En ayant voyager avec Portgas et Rhyddid, je suppose que vous êtes déjà familière avec les fruits du démon.

- Si on parle du trou qu'i la place du Starlight Drive-in, oui, je pense pouvoir dire que je suis familière.

- Robin-chwan a un talent dans ce genre qui lui permet d'avoir un œil un peu partout dans le Commonwealth. Ou une oreille. Si vous vous êtes sentit observée durant votre voyage, alors, il y a une chance sur deux que ce soit elle. Et même si c'est l'Institut, elle pourra vous aider à retrouver votre enfant, m'lady.

- Vraiment ? demanda avec scepticisme la blanchette.

- Alors, je sais les saletés et les conneries qu'on a dit sur notre groupe avant la guerre, mais s'il y a bien une chose qu'on ne fera pas, c'est jouer avec la vie d'un enfant. On pourra même mettre dans le coup Nick Valentine.

- Il a survécu à la guerre ? s'étonna Adara.

- Plus ou moins. C'est plus compliqué, mais suivant comment on regarde les choses, oui, il a survécu.

L'avocate hocha la tête.

- Prenez le temps de manger et de vous reposer, m'lady. Et de réfléchir. On vous aidera à retrouver votre enfant, assura Sanji.

- Pourquoi m'aider ? Ace, je comprends vaguement, tout comme le vice-amiral, mais vous ? Qu'est-ce qui vous motive ?

- Parce que c'est la bonne chose à faire, tout simplement. Et qu'une fois certaines épreuves traversées, il est nécessaire de trouver une raison de rester en vie.

Adara le regarda intensément, avant de baisser les yeux vers son assiette et d'enfin commencer à manger.

- Comment ça se passe dans ce Memory Den ? demanda Ace avec un œil légèrement plissé.

Il ne disait rien, mais il écoutait. Aarch avait laissé entendre qu'il était là depuis assez longtemps, quant à Sanji… si Adara l'avait reconnu, cela signifiait qu'il était là bien avant la guerre. Donc, déjà plus de deux cent ans qu'il était ici. Et il ne savait toujours pas le pourquoi du comment de leur présence.

- C'est simple, tu t'assois dans un siège spécial qui se branche à ta cervelle pour faire remonter un souvenir particulier. Je ne connais pas les spécificités. Mais ça marche plutôt bien, marmonna le blond en haussant des épaules en s'allumant une nouvelle cigarette. Le souvenir est diffusé sur grand écran pour qui veut, généralement, c'est pour Irma-san et Amari-sensei.

- … c'est très bon, souffla Adara qui avait fini par goûter son dîner. Vous avez un vrai talent pour la cuisine.

- Bien évidemment, je suis un maître coq des océans ! sourit Sanji avec fierté, si grand qu'on voyait ses dents. Tant que je suis dans le coin, personne ne peut mourir de faim. Même quelqu'un avec un estomac aussi gargantuesque que ce salaud. T'as plus faim, on est d'accord, Portgas ?

- Aussi bizarre que cela puisse être, en effet, je n'ai plus faim, confirma le noiraud. C'était excellent, mais navré, je préfère la cuisine de Thatch.

- Meh. J'accepterai la comparaison quand je pourrai l'affronter derrière des fourneaux et qu'il cessera de jouer les clignotants, marmonna le blond avec une petite lueur amusée dans le regard.

Adara termina son assiette et la reposa sur la table basse.

- Vous avez décidé quoi faire, madame ? se renseigna Codsworth avec une certaine inquiétude auprès de la blanchette.

- Si revivre ce souvenir peut aider, alors, je ne vais pas reculer maintenant.

- Quand vous serez prête, on pourra y aller, assura Sanji.

Il alla reprendre son Pip-Boy et le consulta un instant, pendant qu'Adara réunissait ses nerfs.

- Dis-moi, Portgas… tu cours vite ? demanda le blond sans préambule.

- …pourquoi cette question ? se renseigna le logia avec perplexité.

- Réponds-moi juste.

- Oui, je cours vite, tout comme je peux me téléporter de flamme en flamme.

- Et niveau endurance ?

Où voulait-il en venir avec ces questions ?

- Je peux courir sans m'arrêter tant qu'il y a de l'oxygène que je peux brûler, sauf que plus le temps va passer, plus je vais consommer de l'oxygène, menant à l'asphyxie des personnes autour de moi avant de m'effondrer moi-même. Mais faut pousser… genre, me faire passer une journée à courir.

- Bien noté. Quand on aura fini d'aider la lady, j'aimerai que tu m'accompagnes pour quelque chose d'important.

L'expression du noiraud disait qu'il ne voyait pas du tout pourquoi Sanji voulait de sa compagnie.

- Dans les faits, je pourrais te dire de faire le truc toi-même, mais tu connais pas le coin et tu perdras stupidement du temps à te repérer.

- Alors, c'était mon navigateur qui avait un sens de l'orientation pourrave, pas moi.

- S'il était pire que le marimo, je me rase le crâne.

- Je pense que si les deux étaient alliés, ou du moins, mettaient leur sens de l'orientation en commun, soit ils auraient réussi à se repérer, soit c'est le monde autour d'eux qui se perdrait, commenta le zoan.

Ace regarda avec étonnement Aarch. Comment savait-il qu'Eric était un cas aussi désespéré ?

- C'est un fait connu jusqu'à Marine Ford. J'ai cru comprendre qu'à moment donné, Sengoku avait voulu utiliser ça pour t'envoyer par le fond, justifia Aarch avec un vague amusement.

- Que diable avez-vous donc fait pour mériter une telle animosité ? s'offusqua Codsworth pour Ace.

- Je suis né, mec, c'est aussi simple que ça.

Avant que les questions ne se poursuivent, Adara se leva et reprit son arme. Le message était clair, assez lambiné, elle était prête à revivre le trauma. Sanji ramassa les assiettes et les couverts avant d'ouvrir la voie. Il laissa la vaisselle au dénommé Rufus avant de les faire sortir de l'auberge. Et en effet, on pouvait difficilement louper le bâtiment. Cela ressemblait à la devanture d'un cabaret, avec marqué en grand, Scollay SQ et juste en dessous, en quart de cercle, un message dont le temps avait fait sauter quelques lettres, outre celle du mot « mercredi », ce qui pouvait laisser supposer qu'il s'agissait d'un événement spécial.

En dessous de la devanture, sur le mur, on avait une pancarte métallique simple et propre annonçant « Memory Den ».

Ils entèrent dans un hall assez simple de billetterie qui ne servait plus à rien. En poursuivant le chemin, ils arrivèrent dans une grande pièce feutrée qui devait servir au spectacle auparavant. Il y avait quatre caissons de verre et de métal dans la pièce, avec des sièges matelassés et des écrans.

Le regard d'Ace tomba sur un homme dans l'un des caissons. Ses vêtements sales n'avaient rien d'exceptionnel, mais c'était un peu en décalage avec ses lunettes de soleil et son crâne totalement rasé. Quelque chose le faisait tiquer, mais il n'arrivait pas à mettre son doigt dessus.

- /Ignore-le/ souffla Sanji à l'adresse d'Ace.

Ace regarda le cuistot qui lui fit un clin d'œil (enfin, il le présumait, parce que la façon dont la paupière de l'œil visible se ferma n'était pas naturel pour que ce soit un clignement classique), alors le D. enregistra bien le visage de l'individu pour revenir au reste des lieux.

Sur ce qui avait été un jour la scène de spectacle, on avait quelques machines en fond et un long siège rouge sur lequel une femme blonde en robe rouge à plume était à moitié allongé. Elle les regarda approcher avec un regard acéré, son visage étrangement éclairé par la lampe juste derrière son siège.

- /Tu connais l'endroit, Rhyddid ?/ demanda Ace.

- /De nom. J'étais trop occupé quand il s'est installé ici et par la suite… eh bien, je me suis retrouvé à Malden./ répondit l'officier.

- Pourquoi m'amènes-tu des agneaux perdus, Black Leg ? demanda la blonde en les regardant. Ils n'ont pas l'air d'avoir besoin du Memory Den. Ils n'ont pas même pas l'air de savoir ce que l'on fait ici.

Avant que Sanji ne puisse se justifier, Adara répondit avec un sarcasme qui commençait à devenir familier pour Ace :

- Mmmh, je suppose que ça implique une pièce discrète avec quelques célibataires en mal d'amour.

Ce fut plus fort que lui, le logia émit un petit rire. Il est vrai que le lieu si feutré avait de quoi rappeler certaines maisons closes classieuses dans lesquels ses camarades avaient voulu le tirer avant de capter qu'il était en couple avec Marco.

Et fallait avouer que cette femme en rouge était le cliché de la tenante de bordel.

En tout cas, cela ne semblait pas au goût d'Aarch vu son "tsk" et le regard tout sauf amusé qu'il lança à sa petite-fille.

- Mémé était l'Emeraude de Boston, une des catins les plus en vue de Combat Zone. J'ai un passe-droit sur ce genre de blague, rétorqua la blanchette au zoan.

- Passe-droit ou non, sachez que votre trait d'humour est loin de la vérité, chérie. Je ne vends pas de la chair. Je vends des souvenirs. Et laissez-moi vous dire une chose… revivre une expérience ? La bonne expérience ? C'est un moment bien plus intense que n'importe quoi que vous auriez pu traverser. Ce qui fait que ce n'est pas pour tout le monde, répondit la blonde.

- Je les ai conduits ici pour quelque chose d'important, Irma-san. La miss a besoin de revoir un souvenir, intervint Sanji.

- La première expérience est régulièrement traumatisante et je préfère éviter des clients mécontents, d'où pourquoi je ne m'adresse qu'à une poignée de personnes sélectionnées avec grand soin.

- Je respecte votre précaution, répondit Ace à son tour. Cependant, nous ne sommes pas ici pour le plaisir mais pour retrouver quelqu'un. La vie d'un enfant est dans la balance.

- Mon mari a été assassiné et mon bébé enlevé, reprit l'avocate. Je cherche à savoir qui est derrière tout ça et ces messieurs ont promis de m'assister dans cette tâche.

La blonde se leva de son siège et dans le cliquetis de ses talons, vint prendre Adara par les mains.

- Je suis navrée, vraiment navrée. J'ignorais que c'était dans une quête pour retrouver les coupables de ces actes aussi terribles que vous étiez venu ici. Suis-moi, ma chérie, nous allons t'installer et faire le nécessaire pour retrouver ces monstres.

Elle guida Adara jusqu'à l'un des caissons transparents qu'elle ouvrit avant d'inviter la blanchette à s'installer dans une position quasiment couchée. Puis, le couvercle de verre fut rabaissé, mettant ainsi des sortes d'électrode au niveau des tempes de la mère en détresse et un écran en noir et blanc devant ses yeux.

- Nous sommes avec vous, madame, rassura Codsworth à l'avocate.

Celle-ci leva un pouce pour le rassurer alors qu'Irma s'adressait à un certain docteur Amari pour lancer la procédure. La blonde retourna dans son siège et un écran de cinéma descendit du plafond le long du mur juste en face.

Cela avait un certain goût de voyeurisme qu'Ace n'appréciait pas des masses. Il avait l'impression d'espionner le domaine privé de la femme qu'il commençait à considérer comme une amie. La seule raison pour laquelle il ne détourna pas les yeux quand une image commença à apparaître sur l'écran de cinéma, ce fut parce qu'il savait que cela pouvait faire la différence entre retrouver en vie ou mort l'enfant.

Ce n'était pas totalement du point de vue d'Adara qu'ils voyaient la scène, mais plus celui d'un observateur externe. Et l'avocate devait avoir un certain contrôle sur la vision, puisqu'elle regarda à droite, puis à gauche, observant le caisson de son compagnon et de son bébé, puis le sien, avant de s'enfoncer dans l'atmosphère sombre.

Ils étaient de retour dans l'abri 111.

Dans la pénombre, juste à côté des commandes, un premier détail leur sauta aux yeux. Il n'y avait pas deux personnes, mais trois. Le mercenaire était avec un second scientifique, un homme, qui disait que les terminaux marchaient encore et qu'il consultait les log.

« Trouvez-le. » ordonna le mercenaire.

Du coin de l'œil, Ace nota qu'Aarch et Sanji avaient réagi à la voix de l'individu.

La localisation du caisson cryogénique de Nate et Shaun fut donnée, et le mercenaire ainsi que la femme scientifique dans sa combinaison apparurent dans la faible lumière de la zone. Il eut un nouveau regard vers les occupants des pods pour voir que tout le monde commençait à se réveiller. A cet instant, les autres occupants de l'abri étaient encore vivants, apparemment.

« C'est celui-ci. » dit la scientifique en montrant le pod occupé par le reste de la famille Vanles.

Le mercenaire se déplaça pour se mettre de l'autre côté du système d'ouverture. Sous cet éclairage, Ace remarqua des plaques métalliques de petites tailles ressortant ça et là du crâne de l'homme.

- /Cyborg. On connaît le salaud./ souffla Sanji en tirant sur sa cigarette. /Pas aussi avancé que Franky, mais suffisamment pour avoir déjà plus d'un siècle d'existence derrière lui et assez de cadavres pour le prouver./

Pas bon comme information.

- /Garde en mémoire la combinaison de la femme/ recommanda Aarch.

A l'écran, ils virent la lutte entre Nate et la femme pour récupérer l'enfant, avant que l'homme de main n'intervienne et tire sur l'ancien soldat. Pile entre les deux yeux. Une horrible précision digne de quelqu'un comme Izou ou Yassop, bien qu'il savait que le duo aurait pu faire ça d'encore plus loin.

Ils virent le mercenaire jurer puis se rapprocher du pod d'Adara qui frappait de toutes ses forces contre la structure, pour la regarder dans les yeux.

« Au moins, on a toujours le plan B »

Et les étrangers disparurent dans l'obscurité. Ils entendirent la voix parler de réinitialisation de la séquence de cryogénisation.

- Nous arrivons à la fin du souvenir, informa le docteur Amari depuis ses machines. Il faudrait que quelqu'un aille la calmer, son rythme cardiaque grimpe dangereusement.

Codsworth était à son chevet à prononcer des paroles calmes et apaisantes en dépit du tremblement d'émotion de sa voix. Il était question de sa famille à lui aussi après tout. Puis, Irma vint rouvrir le caisson. Adara faillit tomber de son siège, la respiration haletante, et la blonde la réceptionna en essayant de la faire se calmer.

Ace alla rejoindre les femmes et prit Adara par les épaules.

- Ce que tu as fait… cela demandait du courage. Beaucoup de courage. Je suis désolé que tu aies dû revivre ça. On les trouvera. Et ils le paieront. Je te le promets.

La blanchette continua de respirer fortement.

- Si j'avais su que l'expérience était aussi traumatisante… commença Irma.

- Il le fallait, coupa sèchement l'avocate. La question est… est-ce que ça a servi à quelque chose.

- Oui, lui dirent en cœur Sanji et Aarch.

Il suffisait de voir leur visage grave pour comprendre que ce n'était pas une bonne nouvelle en perspective.

- Vous avez clairement besoin d'aide. Même si Sanji est quelqu'un de très capable, je pense qu'il sera d'accord avec moi en disant qu'il vous faut les services d'un détective. Je vous recommande d'aller à Diamond City et de vous adresser à Nick Valentine. Il saura vous aider.

- Nous devons d'abord aller voir Robin-chwan, avant d'aller voir le tas de boulons, pointa Sanji.

Cela lui valut une taloche de la part d'Aarch.

- L'enfant est en danger immédiat ? demanda Ace alors qu'ils quittaient l'établissement.

- Non.

Le noiraud se retourna d'un bond. Qui venait donc de parler ? C'était la même voix que sur le toit de Malden.

- Reposez-vous, rien ne presse, continua la femme.

- Si Robin-chwan le dit, alors, c'est que c'est vrai, dit Sanji sans plus de réaction.

Les questions d'Ace et d'Adara attendraient, parce que dehors, ils entendirent que le maire Hancock avait un discours à prononcer.

- Hey, tout le monde ! Venez donc me voir ! appela l'homme depuis le balcon de la Old State House.

Le groupe se regarda et alla rejoindre la troupe qui commençait à se former sous le balcon.

- C'est le moment de tuer le gros lard ? demanda quelqu'un dans la foule.

- Chouette, pépé Rhyddid se joint à nous ! s'exclama un autre.

- Ok tout le monde… je sais que vous avez vos propres trucs à faire, mais je veux juste être certain que personne ici n'oublie ce qui est important, reprit Hancock depuis son balcon. Daisy… comment se porte ma goule favorite ? J'ai cru comprendre que Marowski avait ton intérêt, je me trompe ?

- Han ! Dans ses rêves ! ricana la goule d'avant-guerre.

- Allez, un peu sérieux… que disions-nous… ah oui, le sujet le plus important. Nous, les monstres, les abominations, les exclus… on doit se serrer les coudes. Et la meilleure façon de le faire, c'est de garder un œil attentif sur ce qui pourrait nous séparer. Vous me saisissez ?

Les quelques « ouais » qu'ils entendirent confirmer le point.

- La question est… qu'est-ce qui dehors dans notre si amical Commonwealth voudrait nous diviser ? Quel genre d'esprit tordu et si peu convivial dans notre charmant voisinage voudrait s'en prendre à notre communauté si paisible.

Ace aimait vraiment ce personnage. Il avait quelque chose qui parlait à son esprit de pirate. Et vu le sourire de coin de Sanji, ce n'était pas que lui.

- L'Institut et leurs péchés ! cria un mec dans la foule.

- C'est exact ! Qui a dit ça !? Monte me voir dans mon bureau plus tard, t'as gagné une dose de Jet.

Là, par contre, il venait de baisser dans son estime, le maire.

- L'Institut, poursuivit Hancock. C'est le véritable ennemi. C'est pas les pillards, ni les super-mutants, même pas ces couards de Diamond City.

- J'ai quelques doutes, Hancock, intervint une autre personne. Je suis pas le seul à vouloir donner une bonne leçon à ce salaud de McDonough qui lui remonte bien le fion.

- Oi ! Tout le monde sait que j'ai une affaire personnelle à régler avec cette tête de lard, mais restons concentré.

- /Ils sont frères/, souffla Sanji à Ace.

- He ! Les Déplacés ! Vos commentaires en japonais, ils attendront la fin de mon discours. Votre sagesse d'immortel, vous avez tout le temps pour nous la dispenser, mais là, c'est mon tour ! les interpella Hancock.

Sanji lui adressa son majeur pour toute réponse.

- Je veux que tout le monde garde à l'esprit que l'Institut est le gros souci actuel. Si quelqu'un commence à agir bizarrement, ou fait quelque chose qui n'est pas dans ses habitudes, quand la famille commence à vous repousser sans raison… on sait tous qui est derrière ce genre de saloperie. Et la seule façon de l'arrêter, c'est de se serrer les coudes. Ils ne peuvent pas nous contrôler si nous n'avons pas peur. Maintenant dîtes-moi ! Qui a peur de l'Institut ?!

- Pas nous ! répondit la foule en cœur.

- Et quel coin du Commonwealth l'Institut n'a pas intérêt d'essayer d'enculer ?!

- Goodneighbor !

- Et qui est en charge de Goodneighbor ?!

- Hancock ! Par le peuple ! Pour le peuple !

Adara poussa un long soupir.

- J'ai besoin d'un bon verre ou d'un bon oreiller.