Bonjour à tous ! On se retrouver aujourd'hui pour un nouveau chapitre de l'Underground qui sera assez conséquent, si ce n'est un brin lourd, donc, prenez le temps de vous posez avant de le lire. J'espère que néanmoins, en dépit de sa taille, il vous plaira. Merci encore à vous tous qui êtes là depuis tout ce temps, c'est un plaisir de vous retrouver chaque mois ! Merci pour votre soutien et vos reviews. N'oubliez pas qu'au besoin, je suis joignable sur Discord et Twitter (liens sur le profil) et je vous dis à très vite !

FoxyCha24 : C'est toujours un plaisir !

Marukolaugier : je pense que cela le démanger depuis un petit bout de temps.

Gemesies : Normalement, tu as dû recevoir ma réponse en MP. Si ce n'est pas le cas, fais-moi signe !

Pikarosee1994 : Each update are the first week-end of the month, so, don't stress yourself and see you in Jully.

Kasumikuna : I hope I can keep entertaining you. I did enjoy this chapter so I hope I can share it.

Mimi76lh: On veut tous un Marco de poche, même Hermione. Et non, je ne donnerais pas la recette des cookies de Thatch... parce que je ne la connais pas. C'est un secret bien garder. Quant au fait que Harry puisse prendre le large... c'est mal partit.

NoxShiningAbyssal : On y est pas encore, mais on peut déjà voir que ça va être drôle cette audience. / Pour Will, j'y répondrais le moment venu. Et c'est William PEDRO Ombrage./ Tu as le droit de mal la sentir. Tout le monde le sent mal.

AngelMiki : J'ai reprit les éléments de J.K, et j'ai réfléchi pour leur trouver une logique chez moi. Ce que ça veut dire par la suite... allez savoir. / Le rythme n'est pas prêt de changer, navrée.

Marukolaugier : Oui, Marco est papa poule. Mais ça reste un pirate et il a sa façon bien personnelle de voir l'éducation d'un jeune ado.

Sur ce, je vous dis à bientôt !

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Bien que l'idée d'être expulsé de Poudlard enchantait Harry, il restait tout de même l'audience disciplinaire. Honnêtement, il n'avait aucune envie de se présenter à ce procès. Pas quand c'était un ministère autruche qui le dirigerait. Mais le regard qu'il avait reçu de Marco, en disant à voix haute son désir, l'avait fait rentrer la tête dans les épaules.

- Même si c'est pour une parodie, profite tant que tu peux d'avoir droit à un procès. Ta mère n'a pas eu droit à ça avant qu'on lui colle la peine capitale sur le crâne, yoi. Et c'est ce que te réserve le Sekai Seifu pour porter simplement le nom de Portgas D. Harry. Alors, ne crache pas sur ça tant que tu peux encore le tourner en ta faveur.

Le garçon cligna des yeux depuis son coin sur la causeuse du bureau du bar de sa mère, fixant d'un air interdit le pirate. Marco se détourna de sa lecture pour regarder le jeune homme, levant un sourcil pour lui demander s'il avait un problème.

- C'est très bizarre d'entendre maman en double, se contenta de répondre le D. en secouant la tête.

L'adulte reposa ses papiers sur le bureau de sa fiancée, se leva pour traverser la pièce et s'assit à côté de Harry, une poker face à toute épreuve sur le visage. Allait-il lui faire la morale ? Remus s'arrêta sur le seuil alors qu'il entrait, regardant le duo qui ne l'avait pas encore remarqué.

- Je vais t'apprendre quelque chose de révolutionnaire, Harry. Quand deux personnes décident de se marier, c'est qu'ils sont d'accord sur pas mal de sujets, yoi. C'est donc tout à fait normal que ta mère et moi ayons le même discours sur beaucoup de choses, lui dit avec sérieux Marco.

L'adolescent le regarda avec méfiance puis le pointa du doigt.

- T'es en train de te foutre de ma gueule.

- Juste un tout petit peu, mais tu le cherches, yoi. Il n'empêche que nous sommes d'accord sur le sujet de la justice, alors, ne râle pas et profite de cette audience pour afficher tout le monde comme les hypocrites qu'ils sont.

Et il se leva sous le rire de Remus et les rougeurs de Harry.

- C'est ce qu'on appelle une belle leçon de morale !

Marco se rassit dans le fauteuil d'Ace avec son petit sourire satisfait. Il ignora les papiers que Remus déposa sur le bureau, concentré dans sa lecture. Le loup-garou ne s'en occupa pas, commençant à être assez habitué par les bizarreries du médecin. Il regarda sa montre en fronçant des sourcils.

- Ils devraient avoir déjà récupéré Hermione, s'étonna le maraudeur.

- Quand on parle du loup… commença Marco.

SBAM !

Ace ouvrit en grand la porte de son bureau, légèrement haletante, blanche d'inquiétude. Drago arriva rapidement derrière elle, rouge sous l'effort et la chaleur. Il traversa la pièce et se laissa tomber à côté de Harry en prenant sa tête dans ses mains, ses yeux gris agrandie par la peur.

- On a un problème, dit Ace.

Marco releva le nez alors que tout le monde regardait la femme en attendant qu'elle développe. La D. frotta son front sous son stetson orange et en faisant les cent pas, elle raconta ce qu'il se passait pour qu'elle soit dans cet état :

- On est allé chercher Hermione chez elle, mais elle n'y était pas. Pire encore, ses parents ont oublié qu'ils avaient une fille ! On a essayé de la joindre sur son téléphone mais impossible de l'avoir !

- Je vais avertir Sainte Mangouste pour briser le sortilège d'amnésie, annonça Remus.

Et il transplana dans un craac assourdissant.

- Tu as demandé à Dobby d'essayer de la trouver ? s'enquit Marco en se levant du siège.

- Oui.

- Thatch fait quoi ?

- Il cherche son odeur.

- Ace… regarde-moi.

La femme cessa de faire les cent pas et se réfugia dans les bras du blond qui la serra fort contre lui.

- On va la retrouver, yoi. Donc, tu vas te calmer, souffler et réfléchir à qui aurait pu s'en prendre à elle. Si tu as une liste, fais le tour de tous les endroits et toutes les personnes possibles, yoi. On est d'accord ?

La femme hocha la tête.

Harry regarda de nouveau Drago, puis se leva. Il tapota l'épaule de son ami et lui montra la porte de la tête. Il était hors de question qu'il reste les bras croisés alors que Hermione était dehors à vivre il ne savait quelle horreur. C'était lui qui l'avait impliquée dans l'Underground. Si l'Underground s'en prenait à elle, c'était à lui de la sortir d'affaires.

- Soyez prudent les garçons, qu'on vous perde pas vous aussi, yoi.

- Les portes sont surveillées par l'Ordre, pointa Ace.

- Si c'est que ça, marmonna le D. en faisant demi-tour.

Sans réfléchir, il alla rejoindre la fenêtre ouverte et sauta aisément dans la rue en bas. Il se rattrapa souplement. Marco suivit le mouvement avant de tendre les bras vers Drago qui pencha la tête vers l'ouverture. Le blond ne posa aucune question et s'assit sur le rebord pour se laisser tomber dans le vide pour se faire rattraper par le Phénix.

- Au moindre souci, vous appelez ! exigea Ace en passant la tête par la fenêtre.

- J'ai mon téléphone, confirma Marco.

Harry brandit le sien pour toute réponse. Ils regardèrent le blond prendre le ciel, ne devenant rapidement qu'une tâche entre les nuages. Le D. se concentra sur son Haki et conduisit en silence son ami hors de la zone, esquivant les espions de l'Ordre du Phénix, avant de partir dans un sprint avec le Serpentard.

- C'est quoi ton plan ? demanda Drago.

- On va passer chez Hermione pour récupérer quelque chose à elle en référence. Tonton m'a donné l'idée. Tu me serviras surtout d'alibi. Si je me balade seul, je vais finir à la fourrière.

- Et qu'est-ce que c'est ?

- Quelque chose qui ramasse les animaux qui ont le malheur de vagabonder seul dans la rue. D'abord, le collier et la laisse, sinon, c'est pas la fourrière qui fera chier mais la police. Si on te demande, tu dis que je suis un chien-loup. C'est pas vrai, mais ça passera crème avec le reste.

- Du moment qu'on retrouve Hermione, c'est bon pour moi, lui assura le blond.

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Les deux jeunes arrivèrent devant la petite maison du quartier modeste mais tranquille où vivaient les Granger. Remus devait avoir déjà averti Sainte Mangouste, puisque le couple de dentistes n'était pas à leur domicile. Harry jeta un œil au voisinage et sauta par-dessus la barrière qui délimitait le petit jardin de la maison de banlieue. Drago suivit le mouvement et rapidement, ils firent le tour de la maison. Harry sortit un collier de chien de sa poche et le passa à son cou en grimaçant.

- Pas de commentaire, avertit le brun.

Drago roula des yeux et regarda son ami forcer la serrure de la porte de derrière en deux trois mouvements, avant de l'ouvrir. Le blond entra rapidement, suivi du criminel en herbe qui referma la porte.

- Faudra demander à maman de placer quelqu'un en surveillance jusqu'au retour des Granger, qu'ils ne se fassent pas voler, marmonna Harry en traversant rapidement la cuisine dans laquelle ils avaient mis les pieds.

- Ou alors, on peut refermer la porte avec de la magie sans baguette. Le ministère a plus de mal à la percevoir, et le sort est assez discret pour passer sous le radar, indiqua le Serpentard.

- Je te fais confiance.

Ils parvinrent dans un couloir avec un escalier menant à l'étage qu'ils grimpèrent au pas de course. Au hasard, ils ouvrirent les portes avant de trouver celle menant à la chambre de leur amie. Toutes ses affaires de classe avaient disparu. Ses livres, sa malle, ses uniformes et même des affaires moldues dans son placard.

- Harry, ça fera l'affaire ? demanda Drago en montrant un foulard encore sur un cintre de l'armoire désespérément vide.

- On va voir ça immédiatement.

Le garçon tira la laisse de sa poche, l'accrochant à la boucle du collier de cuir à son cou, puis donna son téléphone portable à son ami.

- Pour décrocher, c'est la touche verte, retiens bien, exigea Harry.

Drago prit délicatement l'objet et l'observa avec une légère appréhension.

- La fonction appel rapide permet d'avoir en ligne une personne spécifique sans avoir à composer son numéro. Pour ça, il faut rester appuyer sur la touche qui correspond à la personne désirée. Jusque-là, tu suis ?

- Tu me prends pour Weasley ? gronda le blond.

- Le un, c'est maman. Le deux, c'est tonton. Le trois, c'est Remus . Le quatre, c'est Marco. Capiche ?

- Transforme-toi et arrête de me prendre pour un débile.

La silhouette de Harry se brouilla alors qu'il se recouvrait rapidement de poils. Son visage s'allongea en un museau et sa colonne se prolongea en une longue queue touffue se terminant par une tâche noire. En quelques secondes, le jeune Gryffondor était devenu un loup gris, se différenciant des autres membres de la race par la tâche en bout de queue, que l'on retrouvait aussi sur ses pattes pour lui faire comme des gants et en deux pompons sur ses oreilles. Au-dessus des yeux verts étincelants, la cicatrice à l'arcade était toujours à sa place.

- Tu pouvais pas faire plus original qu'un loup, Portgas ? Je ne sais pas… un verracrasse par exemple ? demanda Drago avec une expression blasée. Nooon, il faut que Portgas fasse toujours en grand et impressionnant, donc, le loup.

Harry roula des yeux et se rapprocha du foulard pour le renifler avant d'éternuer. Il passa une patte sur sa truffe avant de revenir au vêtement pour finalement hocher la tête. Le blond rangea l'étoffe dans sa poche et ramassa l'autre bout de la laisse de cuir de son ami, le suivant hors de la chambre. Ils se glissèrent hors de la maison, s'arrêtant simplement pour que Drago use discrètement de la magie pour refermer la porte, puis sautèrent hors du jardin. Sur le trottoir, Harry renifla un long moment le sol, comme pour éliminer des pistes, avant de partir d'un bond dans une direction, traînant Drago à sa suite. Le blond l'insulta copieusement de lui avoir quasiment arraché le bras, mais se mit à courir derrière lui.

Il fallait qu'ils retrouvent Hermione.

À tout prix.

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Ace raya une nouvelle piste de sa liste et regarda le reste des personnes qui auraient pu s'en prendre à Hermione pour atteindre la tête de l'Underground du côté sorcier de l'équation. Ils n'avançaient pas. Le soleil se couchait et ils n'avaient toujours aucune piste.

Remus était toujours à Sainte Mangouste à attendre qu'on rende la mémoire aux parents de la demoiselle. Des possibles ennemis chez les sorciers, elle n'en avait pas des masses en rapport avec l'Underground, mais suffisamment pour que cela lui prenne du temps pour les retrouver et essayer d'avoir des informations sur la localisation de l'adolescente.

Son téléphone sonna et elle fouilla ses poches pour le récupérer.

Le nom de la fille disparue était écrit en toute lettre sur l'écran grisé de son téléphone. Avec un pouce tremblant, elle décrocha l'appel.

- Hermione ?

« Ace ?! Je suis désolée… Je… j'ai attendu que Fol-Œil s'en aille ! » paniqua la demoiselle à l'autre bout du fil.

Elle parlait bas et il y avait de l'écho autour d'elle, laissant supposer qu'elle s'était cachée pour passer son appel.

- Shizukani… shhh… dis-moi tout… respire, on va venir te chercher, mais il faut que tu te calmes.

Hermione respira plusieurs fois pour se calmer et expliqua avec une voix étranglée mais moins tremblante :

« Des gens de l'Ordre sont passés à la maison. J'ai entendu Fol-Œil parler à mes parents pendant qu'une femme qui s'est présentée sous le nom de Emmeline Vance est montée dans ma chambre. Elle m'a dit qu'on allait me conduire en lieu sûr, que tout irait bien. Elle a sorti sa baguette pour réunir toutes mes affaires et on a transplané ailleurs. »

- Et ensuite ?

« Fol-Œil nous a rejoint juste en suivant et il m'a posé tout un tas de questions pour s'assurer que j'étais bien moi, avant de me mettre sous le nez un papier. Ils m'ont fait entrer dans la maison en question et depuis, j'essaye de trouver un moment pour t'appeler. J'ai pas osé décrocher plus tôt quand mon téléphone a vibré, de peur que Maugrey ne comprenne mes intentions ! »

- Tu as très bien fait, rassura Ace alors que sa liste prenait lentement feu dans son autre main.

« Ils ont l'intention de kidnapper Harry ! »

- Remus nous a déjà mis au courant, mais apparemment, il ne savait pas pour toi. Ils retiennent d'autres personnes ?

« Non non. Les Weasley sont ici avec leurs parents. C'est la maison de famille de Sirius. Tout ce que le Fidelitas me laisse dire, c'est qu'on est toujours sur Londres. »

- So ka.

Ace se mordit un ongle, avant de sourire d'un air froid.

- Tu es prête à jouer la comédie ? On va leur tendre un piège. D'ici demain matin, tu ne seras plus là-bas.

« Et mes parents ? »

- Ils sont à Sainte Mangouste.

Hermione resta silencieuse un instant, avant de demander d'une toute petite voix si c'était grave.

- Si j'en crois Remus, ça sera plié demain dans la journée, rassura Ace.

Inutile de dire à la demoiselle qu'on avait forcé ses parents à l'oublier.

- Tu es prête à faire ce que je vais te dire, Hermione ? demanda la D. en revenant au sujet.

Il était temps de leur montrer de quoi ils étaient capables dans la famille.

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Drago retira le téléphone de son oreille et regarda Harry au bout de la laisse.

- Tu as entendu ?

Le loup hocha la tête.

- Moi, je suis prêt à le faire, mais toi ?

L'animal roula des yeux. Bien évidemment qu'il était capable de prendre le risque.

- Dépêchons, alors.

Les deux amis reprirent leur course dans les rues pour rejoindre très vite le bar d'Ace. S'ils voulaient que tout se passe bien, il fallait qu'ils aient vraiment l'air de revenir d'une escapade dans le dos de sa mère… et prier pour que Fol-Œil ne soit pas de la partie.

En arrivant dans le dédale de ruelles qui menaient à l'arrière du bar, Harry reprit son apparence humaine et décrocha la laisse de sa gorge pour se la frotter frénétiquement. Une véritable horreur. Il n'avait pas l'intention de refaire ça de nouveau. Il comprenait même pourquoi sa mère avait toujours refusé de mettre un collier à Mangetsu. Il fourra le tout dans une de ses poches de son bermuda et porta son pouce et son index à sa bouche pour siffler.

Swooosh !

Le Phénix fendit le ciel à la vitesse d'une balle, avant de perdre brutalement en élan une fois dans la ruelle et de se poser sur l'épaule de Harry avec douceur. Il tenait dans son bec la cape d'invisibilité du garçon. Drago se dépêcha de l'étendre au-dessus de l'oiseau, la coinçant sous les serres pour qu'elle ne bouge pas et qu'elle ne recouvre pas Harry au passage.

- Si Fol-Œil est là, on est cuit, grinça le jeune Serpentard.

- Eh bien, on l'immobilisera pour le fouiller et récupérer l'adresse, yoi, lui dit calmement Marco sous la cape.

- On peut y aller ? Parce que je veux pas faire de peine, mais t'es pas l'oiseau le plus léger du monde, Marco, grinça Harry.

Le silence de l'oiseau lui mit le vent le plus monumental qu'il ne se soit jamais pris dans sa vie. Drago le ramena sur terre avec une claque derrière le crâne et ils se remirent en route, arrivant juste à un angle de rue derrière le bar. Harry passa sa tête dehors et fit mine de regarder autour.

- C'est bon, elle doit être en bas, on a une chance de se glisser sans qu'elle remarque qu'on est parti, dit-il d'une voix assez forte pour être entendu de possibles membres de l'Ordre.

- Avant de te rencontrer, Portgas, j'étais un enfant modèle, j'avais un héritage, un père correct… énuméra Drago alors qu'ils se dirigeaient vers la fenêtre du bureau.

Harry se retint de grimacer quand il sentit une serre lui pincer l'épaule au travers la cape d'invisibilité. Juste en suivant, une silhouette se détacha du mur, comme si elle était invisible mais en relief. D'autres les entourèrent rapidement, devenant pleinement visible. Harry reconnut Shacklebot et Arthur Weasley dans le lot, les ayant déjà vu à l'occasion de sa rencontre mémorable avec Lockhart. Drago recula légèrement, tournant le dos à son ami, pour regarder les deux autres personnes qui venaient vers eux.

- Bonsoir les garçons, sourit chaleureusement Arthur. Je suis désolé, c'est un peu précipité, mais il va falloir que vous veniez avec nous.

- Et pourquoi ? demanda Drago avec méfiance.

- Vous n'êtes pas en sécurité, ainsi dehors, à la portée de tout et n'importe quoi. On est venu vous chercher pour vous conduire dans un lieu sécurisé jusqu'à votre retour à l'école, assura la seule femme du groupe.

- Je vais en discuter avec ma mère, leur dit Harry. Parce que honnêtement, vous êtes pas rassurants.

Il fit exprès de contourner le père des Weasley pour lui "offrir" le bras auquel Marco n'était pas perché. Et l'homme mordit à l'hameçon.

- Désolé les garçons, on n'a vraiment pas le temps.

Son bras fut attrapé et on le tira en arrière avant que tout disparaisse, lui donnant l'horrible impression de passer dans le tuyau d'un aspirateur. Tout était déformé autour de lui et il commençait à avoir du mal à respirer.

Puis, quand il eut l'impression qu'il allait vraiment s'étouffer, le sol réapparut sur ses pieds.

L'adolescent prit une profonde inspiration, entendant quelque part derrière lui Drago grommeler contre le transplanage d'escorte. Harry se dégagea de la main d'Arthur, essayant de se repérer. Pendant qu'un des sorciers sortait ce qui ressemblait à un briquet d'argent de sa cape pour éteindre toutes les lumières, Marco observa les environs de dessous la cape d'invisibilité, marquant dans sa mémoire au maximum les détails. C'était un pari risqué de les avoir appâtés avec les garçons et il n'avait pas l'intention de leur laisser son fils unique.

Drago frissonna et se frotta nerveusement les bras. Ils étaient sur un carré de pelouse à l'abandon, au milieu d'une petite place. Les façades crasseuses des maisons environnantes n'étaient guère accueillantes. Certaines d'entre elles avaient des fenêtres cassées qui luisaient tristement à la lumière des réverbères, la peinture des portes s'écaillait et des tas d'ordures couvraient par endroits les marches des perrons.

Le genre d'endroit typique où Ace pourrait ouvrir un de ses locaux.

Quoique, vu la façon dont Harry regardait derrière son épaule, il se pouvait que la femme ait déjà quelque chose dans les environs.

- Portgas ? appela Drago.

- M'man a une salle à deux rues d'ici.

Et il fit mine de prendre la clef des champs pour se voir barrer le chemin par un des sorciers.

- C'est pas prudent, reste avec nous !

- Vous m'avez kidnappé et vous dîtes que ce n'est pas prudent ?! s'indigna le garçon.

Marco lui enfonça un de ses ergots dans l'épaule, le rappelant à l'ordre. Qu'il ne force pas trop ou ils allaient comprendre.

Toutes les lampes de la place étaient à présent éteintes. Les seules lumières qui demeuraient provenaient de fenêtres masquées par des rideaux et de la lune en lame de faucille qui brillait au-dessus d'eux.

Les sorciers prirent chacun un garçon par le bras pour les conduire sur le trottoir d'en face, alors que le reste du groupe les encadraient avec des baguettes brandis.

- C'est là, murmura la seule femme du groupe.

Elle tendit un morceau de parchemin à Harry, et l'éclaira de sa baguette allumée pour qu'il puisse voir ce qui y était écrit.

- Lis ça et inscris-le dans ta mémoire.

- Je sais comment ça marche, merci, rouspéta le jeune en lui arrachant le papier des mains.

Drago se rapprocha pour regarder à son tour le papier, empêchant la femme de le récupérer. Ils lurent en silence le morceau. L'écriture étroite était vaguement familière.

« Le quartier général de l'Ordre du Phénix se trouve au 12, square Grimmaurd, Londres. »

La façon dont Marco lui serra l'épaule voulait dire qu'il avait mémorisé aussi. C'était l'instant de vérité.

Une longue succession de bruits métalliques puis quelque chose qui ressemblait aux cliquetis d'une chaîne fit relever la tête aux deux jeunes. Une vieille porte délabrée surgit de nulle part entre les numéros onze et treize, avec des murs décrépis et des fenêtres crasseuses. Elle s'était glissée là, sans pour autant perturbées les structures qui l'encadrait.

La magie du Fidelitas.

Dans un grincement d'outre-tombe, la porte s'ouvrit.

- BANDE D'IMBÉCILES ! QU'EST-CE QUE VOUS AVEZ FAIT ! rugit une voix alors qu'une silhouette sortait de la maison.

- Fol-Œil, reconnut Drago.

- /Bonne chance, on fait vite les garçons,/ chuchota Marco.

Il plongea sur la main de Harry, attrapant dans son bec le papier avec l'adresse du Fidelitas au travers la cape, pour ensuite s'envoler, ses immenses ailes désarçonnant les sorciers autour de lui alors qu'il était désormais visible. Il s'éleva rapidement, évitant les sorts qui pleuvaient sur lui sans même y penser. Drago porta une main à son front pour regarder la silhouette lumineuse disparaître dans la nuit.

- Bon, eh bien, on fait quoi maintenant ? s'enquit le blond en regardant son ami.

Fol-Œil était déjà sur eux, secouant Harry comme un prunier.

- Tu réalises le danger dans lequel tu viens de nous mettre, mon garçon ?! Une équipe a risqué sa vie pour te mettre à l'abri et toi, tu dissimules ce drôle d'oiseau dans le seul but de récupérer l'adresse du Fidelitas !

- Allons, Alastor ! Il était impossible qu'il sache qu'on vienne le chercher ! protesta Arthur.

- Et pourtant, on s'est fait avoir, lui pointa Kingsley.

- J'espère que tu es content de toi, gamin !

Harry repoussa le vieil auror et monta les marches usées du perron où attendait déjà Drago.

- C'est un enlèvement doublé d'une séquestration, leur pointa le Serpentard avec calme. S'il y en a ici qui devrait se plaindre, c'est nous.

Et le duo entra dans un hall totalement obscur. Une odeur douceâtre d'humidité, de poussière et de pourriture imprégnait les lieux. La maison donnait l'impression d'être totalement à l'abandon. Jetant un coup d'œil par-dessus son épaule, Harry vit les autres entrer derrière lui. Debout sur la dernière marche du perron, on libérait une à une les boules de lumière qu'on avait dérobées aux réverbères. Chacune d'elles s'envola vers son ampoule éteinte et le square Grimmaurd fut à nouveau baigné d'une lueur orangée qui disparut lorsque Maugrey referma la porte. L'obscurité du hall devint alors complète.

Le D. frissonna.

Les chuchotements qu'il entendait autour de lui donnaient un étrange sentiment d'appréhension, comme s'il venait d'entrer dans la maison d'un mourant. Mais pire que tout, il y avait ce sentiment de malaise, comme si la maison elle-même le jugeait indigne d'être entre ses murs. Il n'était clairement pas le bienvenu.

- L'armée contre Face de Craie qui se cache dans une maison qui respire la magie noire, c'est presque ironique, chuchota Drago à proximité du brun.

Il y eut un léger sifflement puis des lampes à gaz à l'ancienne s'allumèrent peu à peu le long des murs, projetant une lumière tremblante et fantomatique sur le papier à moitié décollé et les tapis usés jusqu'à la corde d'un long hall sinistre. Un lustre recouvert de toiles d'araignée luisait au-dessus de leur tête et des portraits noircis par le temps étaient accrochés de travers. Harry entendit quelque chose bouger précipitamment derrière la plinthe.

- Bon, maintenant, on va pouvoir régler nos comptes, gronda Maugrey en se tournant vers Harry.

On entendit de petits pas pressés et Mrs Weasley surgit dans l'embrasure d'une porte, à l'autre bout du hall. Elle se hâta vers eux, le visage rayonnant, visiblement ravie de les accueillir. Harry remarqua qu'elle était plus mince et plus pâle que la dernière fois où il l'avait vue.

- Oh, Harry, quelle joie de te revoir ! murmura-t-elle.

Elle le serra contre elle dans une étreinte à lui faire craquer les côtes puis recula d'un pas en le tenant par les épaules et l'examina d'un œil critique.

- Tu m'as l'air tout faible. Tu as besoin de manger quelque chose mais j'ai bien peur que le dîner se fasse un peu attendre.

Elle se tourna vers les autres et remarqua Drago avec stupeur.

- Mais… tu es le fils Malefoy !

- Non, je suis un squatteur, ne vous occupez pas de moi, lui répondit le blond en agitant la main.

- Ils étaient ensemble, on devait le prendre aussi, au risque de le voir sonner l'alarme, expliqua un des ravisseurs du duo.

- Ce qui revient au même dans la situation actuelle puisqu'un fichu piaf de merde a pris la fuite avec l'adresse du Fidelitas ! s'énerva Fol Œil.

- Shhh ! Plus doucement ! gronda Molly à voix basse. Il vient d'arriver, la réunion a commencé, va lui dire ce qu'il s'est passé, inutile de crier ici.

Derrière eux, les jeunes entendirent les sorciers manifester divers signes d'intérêt et d'enthousiasme puis ils les virent défiler en direction de la porte par laquelle Mrs Weasley était entrée.

- Ron et Hermione sont en haut, vous n'avez qu'à attendre avec eux que la réunion soit terminée, ensuite nous pourrons dîner. Et surtout, parlez à voix basse quand vous êtes dans le hall.

- Pourquoi ? s'enquit Harry.

- Il ne faudrait pas réveiller… quelque chose…

- Qu'est-ce que… ?

- On vous expliquera plus tard. Dépêchons-nous, je dois assister à la réunion. Je vais te montrer ton lit et on t'en installera un aussi… Drago, c'est ça ?

Un doigt sur les lèvres, elle s'avança sur la pointe des pieds en leur faisant signe de la suivre. Ils passèrent devant de longs rideaux mangés aux mites d'où émanait un fort sentiment de haine, puis, après avoir contourné un grand porte-parapluies en forme de jambe de troll, ils montèrent un escalier obscur dont le mur s'ornait d'une rangée de têtes réduites fixées à des plaques. En regardant de plus près, Harry vit qu'il s'agissait de têtes d'elfes. Toutes avaient le même nez semblable à un groin.

- Portgas, souffla Drago. Je sais où on est.

- Honto ? s'étonna Harry en regardant son ami qui marchait devant lui dans l'escalier.

- Je te le dirais là-haut.

Si ça pouvait expliquer la contradiction entre l'impression d'être dans la tanière d'un mage noir et le fait que c'était censé être le QG d'un groupe qui luttait contre ça... A moins qu'ils soient en pleine étude des méthodes ennemis.

- Ron va tout vous expliquer, mes chéris, il faut vraiment que je me dépêche, murmura-t-elle l'air affolé alors qu'ils avaient atteint le deuxième palier. C'est là…la porte à droite. Je vous appellerai quand ce sera terminé.

Et elle se hâta de redescendre l'escalier.

Le duo se regarda, mais Harry se retint brusquement d'un haut le cœur.

- Portgas, tu nous fais quoi là ?

Cette sensation…

- Portgas ? Réponds ! siffla Drago en redescendant deux marches pour se mettre au même niveau que son ami.

Du doigt, Harry fit signe à Drago de le suivre et il redescendit d'un étage pour parcourir le couloir. Devant une porte, il fut pris d'un nouveau haut-le-cœur et il ravala la bile qui lui remonta à la gorge. C'était la même sensation décharnée, ignoble et contre nature qu'il avait eu face à Vodemort, mais en plus faible. Drago ouvrit avec prudence la porte et jeta un œil à l'intérieur.

- C'est un salon. C'est ça qui te rend malade ?

- Y'a quelque chose dans… dans cette pièce, qui me rappelle Voldemort, haleta le D. en essayant de repousser le sentiment d'horreur qu'il avait dans la gorge. C'est tout bonnement inhumain.

Avec prudence, Drago entra dans la pièce et fouilla un peu, ouvrant un placard avec précaution. Harry entendit son ami avoir une brusque inspiration et prit son courage à deux mains pour le rejoindre. Sans un mot, le blond lui montra un objet qui luisait dans la pénombre, un lourd médaillon d'argent frappé d'un S sinueux.

- Si ça n'empeste pas la magie noire, alors, comme dit si bien Marco, je suis un poisson, marmonna Drago. Ta mère sera si fière de toi de voir que ton Haki détecte ce genre de chose.

- Damare. Le sarcasme c'est pas bon, Tsundere de mes deux.

Harry retira la chemise qu'il avait sur son sweat manche longue et l'utilisa pour prendre avec délicatesse et précaution le médaillon de l'étagère. Juste l'avoir entre les mains manqua de lui faire tourner de l'œil.

- Tu es obligé de faire appel à ton sixième sens ? demanda Dragon en le voyant vaciller.

- Je vais sursauter pour un rien et j'aime pas ça. Une fois que tu comprends comment ça fonctionne, tu ne peux plus t'en passer.

- Si tu te mets à vomir pour rien, tu vas avoir l'air pathétique et tu vas attirer encore plus l'attention des autres sur toi, plus qu'avec le coup de Marco.

Avec regret, Harry se détacha de son Haki comme on lui avait appris. Il avait toujours un mauvais pressentiment du bijou, mais plus aussi flagrant et dégoûtant. Mais à côté, il se sentait presque vulnérable. Il enroula correctement le médaillon dans sa chemise et glissa le tout dans sa poche la plus large sur sa jambe gauche. Doucement, ils quittèrent la pièce, refermant la porte derrière eux, avant de se diriger vers l'étage.

- Tu disais que tu savais où nous étions ? demanda Harry alors qu'ils remontaient les marches.

- Oui. C'est une tradition des Black de décapiter les elfes trop vieux pour porter le thé. On doit être dans leur maison de famille. La demeure de la très noble et très ancienne famille des Black. Toujours Purs.

- Ah.

Harry resta silencieux jusqu'à ce qu'ils atteignent le palier délabré du second.

- Je me suis déjà fait à l'idée que mon parrain venait d'une famille de consanguin.

Drago jeta un regard noir à son camarade par-dessus son épaule alors qu'ils arrivaient devant la porte que leur avait indiqué la femme. Il tourna la poignée de la porte, qui avait la forme d'une tête de serpent, et entra.

Il eut le temps d'apercevoir une chambre sinistre avec de hauts plafonds et des lits jumeaux, puis il entendit un cri perçant et son champ de vision fut complètement obscurci par une masse épaisse de cheveux ébouriffés. Hermione s'était jetée sur lui et le serrait dans une étreinte qui faillit l'aplatir.

Harry contourna Drago et Hermione, et soupira en entendant son amie sangloter contre le Serpentard. Ronald était assis sur un des lits, l'air grognon.

- Bonsoir, lui dit Harry. T'en fais pas, on reste pas longtemps.

Le roux se contenta de lui jeter un regard sombre, avant de fixer avec haine le duo sur le seuil.

- Je voudrais pouvoir fermer la porte, rappela à l'ordre Harry.

Les deux autres se séparèrent, permettant au brun de refermer derrière lui.

- Qu'est-ce qu'il fiche ici, lui ? Il devrait pas être à une réunion de Mangemorts ? agressa Ronald en montrant le blond du doigt.

La chouette rousse du garçon se posa sur son crâne et entreprit de lui donner des petits coups de bec.

- Chudley a raison, c'est pas poli de montrer les gens du doigt, sourit moqueusement Harry. Et pour répondre à ta question, on s'est fait littéralement kidnapper.

Drago attrapa à cet instant Hermione par les bras, la regardant des pieds à la tête, s'assurant qu'il ne lui manquait rien.

- Tu n'as rien ?

La demoiselle essuya son restant de larmes en secouant la tête.

- On s'est fait un souci monstre pour toi, nous fait plus un coup pareil ! Tu m'entends Granger ?

Hermione hocha la tête en déglutissant pour repousser une nouvelle chute de larmes.

- Je t'ai pas entendu ? « Oui, Drago, je vous ferais plus autant de souci » ! Dis-le !

- Oui, Drago… sanglota Hermione en recommençant à pleurer.

Harry soupira et se massa le nez. Ces deux-là commençaient à l'embêter, très sérieusement. Avec un pas déterminé, il s'approcha vers le duo, les attrapant par l'arrière du crâne pour les forcer à s'embrasser, les assommant presque au passage.

Un silence bienfaiteur remplaça les sanglots de Hermione. Les deux adolescents étaient collés l'un à l'autre par Harry, les yeux arrondis par la surprise, les joues prenant rapidement une couleur de tomate très mûre.

- Bon ! Maintenant que vous avez compris que vous étiez amoureux, vous allez arrêter cinq minutes votre manège. Vous connaissez la règle, toujours sortir couvert ! Vous avez pas envie de vous recevoir une tirade moralisatrice de Marco, leur dit Harry avec amusement en les lâchant.

Les deux autres se séparèrent. Et dans un bel ensemble, ils se tournèrent vers leur ami qui souriait comme Cheshire.

- Je vais devenir le nouveau bras-droit du Seigneur des Ténèbres… et tu sais pourquoi, Portgas ? Parce que je vais lui ramener ta tête ! gronda Drago avec colère.

- Je suis désolée pour ta mère et Marco, mais tu mérites de mourir, là, maintenant, tout de suite, dans d'atroces souffrances, siffla Hermione.

- Vous êtes une bande de dégénérés, grommela Ronald en détournant la tête.

- On sait, lui répondit le trio.

Et Harry dut bientôt se défendre contre ses amis qui avaient vraiment décidé de le tuer pour le coup qu'il venait de faire, même si ça vira à la crise de fou-rire monumentale pendant la tentative de meurtre par ses deux amis. Quand ils se furent enfin calmés, ils n'étaient plus qu'un tas de membres sur le sol, le D. tout en dessous, à moitié écrasé par les deux autres. Ronald leur jetait un regard sombre, haineux et clairement jaloux.

- Bon, vous vous levez quand vo-ARRRGH !

Accompagnés de deux craquements sonores, les jumeaux Fred et George venaient de se matérialiser dans la pièce, et l'un d'eux était clairement assis sur le dos de Drago, ajoutant plus de poids sur la pile humaine. Harry tira la langue, tout en bas de la masse. Il allait mourir.

- Salut, Harry, dit George avec un grand sourire. Il nous avait semblé entendre ta voix douce et mélodieuse.

- Alors, Drago, comment ça gaz ? Pas trop peur pour ta réputation ? demanda Fred en regardant le blond sur le dos duquel il était assis.

- Je crois que Harry étouffe, supposa Hermione en voyant l'intéressante couleur aubergine du D. sous elle.

Non, vraiment ? Elle croyait ?

Fred sauta du dos de Drago qui se releva et aida Hermione à en faire autant. Harry resta un instant affalé à terre, avant de se remettre souplement debout sans l'aide de ses mains. Il s'épousseta en saluant les jumeaux.

- On dirait que vous avez réussi vos examens de transplanage, tous les deux, remarqua Harry en offrant une accolade aux jumeaux.

- Avec mention, précisa George qui tenait à la main une sorte de longue ficelle couleur chair.

- Il vous aurait fallu trente secondes de plus pour descendre par l'escalier, fit remarquer Ronald toujours aussi boudeur.

- Le temps, c'est des Gallions, petit frère, dit Fred. En tout cas, Harry, tu produis des interférences. Oreilles à rallonge, ajouta-t-il en le voyant hausser les sourcils d'un air interrogateur.

Il lui montra la ficelle qui s'étendait jusqu'au palier.

- On essaye de savoir ce qui se passe en bas.

- Vous devriez faire attention, dit Ronald en regardant l'oreille. Si jamais maman en voit encore une…

- Ça vaut la peine de prendre le risque. Ils tiennent une réunion très importante, répondit Fred. Je crois que Drago et Harry ont carrément tendu un piège à l'Ordre, vu comment Fol-Œil est fou de rage.

Les deux garçons en question échangèrent un regard satisfait.

- On n'allait pas rester sans rien faire après qu'ils aient enlevé Hermione, leur dit clairement Drago en arrangeant son veston.

- Merci les garçons, sourit la demoiselle à ses amis.

- On la met à l'abri et c'est un kidnapping pour vous ? Mais vous allez pas bien ! leur pointa Ronald.

Avec colère, Hermione se tourna vers le roux. Elle marcha sur lui et lui enfonça un doigt dans la poitrine.

- Des sorciers de cette soi-disant société secrète sont venus chez moi ! On m'a donné aucune explication, j'ai même pas pu dire au revoir à mes parents avant qu'on ne vide mon placard dans ma valise pour ensuite m'embarquer ici ! Pire que tout, mes parents, de simples dentistes, ont été blessés ! Ils sont à Sainte Mangouste !

- Comment tu le sais, si tu n'as pas réussi à les voir avant de partir ? demanda George.

- Les moldus ont un moyen de communication qui ne nécessite pas de chouettes, lui dit la demoiselle en croisant les bras.

Elle n'en dit pas plus, s'asseyant le dos bien droit sur le bord d'un des lits.

La porte s'ouvrit et une longue crinière rousse apparut.

- Oh, salut, Harry ! lança Ginny. Je pensais bien avoir entendu ta voix.

Elle remarqua Drago et fronça les sourcils.

- Qu'est-ce que tu fabriques ici, Malefoy !

- Je suis ici juste pour te faire parler, c'est déjà ça, lui rétorqua le blond en croisant les bras.

Harry toussota dans sa main pour ne pas montrer son envie de rire.

- Mais…

- Sœurette, si Malefoy était dans l'autre camp, il ne traînerait pas avec cette bande de fous depuis si longtemps, pointa George.

- Je n'ai pas du tout l'intention de prendre la Marque des Ténèbres. Je ne suis pas naïf pour croire à son discours de puissance et de gloire, siffla avec rage Drago.

- Yoshi yoshi… tu veux un câlin ? taquina Harry.

- Instinct de conservation, zéro, soupira Hermione devant le regard polaire qu'adressa le Serpentard à son ami.

Se tournant vers Fred et George, elle ajouta :

- C'est fichu pour les Oreilles à rallonge, votre mère a jeté un sort d'Impassibilité sur la porte de la cuisine.

- Comment tu le sais ? demanda George, tout déconfit.

- Parce que je le sais.

- Tonks m'a appris comment s'en apercevoir, expliqua Ginny. Il suffit de jeter quelque chose contre la porte suspecte et si le contact est impossible, ça signifie qu'elle a été impassibilisée. J'ai lancé des Bombabouses sur la porte de la cuisine depuis le haut de l'escalier et à chaque fois, elles sont reparties dans l'autre sens. Donc, les Oreilles à rallonge ne pourront pas passer dessous.

- Tonks est ici ? demanda Harry avec un étrange sérieux.

- Tu la connais ? se renseigna Ginny.

- Elle est venue plusieurs fois s'entraîner avec maman. Elle est ici ? Vraiment ?

- Si tu vois un nuage noir, c'est elle, lui répondit Fred. Elle est en déprime. Ce qui surprend papa parce qu'il dit qu'elle était toujours très joyeuse avant ces vacances.

- Si je m'étais faîte plaquer par mon petit-ami le jour où je veux lui dire que je suis enceinte, je pense que moi aussi, je serais déprimée, rétorqua Ginny.

Harry perdit toute ses couleurs.

Tonks… enceinte… ? Oh merde…

- Elle en est à combien ? demanda Drago en jetant un vague regard à Harry.

- Elle va sur son deuxième mois. Le pire, c'est qu'elle est toujours amoureuse, répondit George. De ce que ton chouette parrain nous a dit, le professeur Newgate a rompu quand elle a essayé de le recruter pour l'Ordre. Elle s'est disputée avec Dumbledore après sa rupture et a lâché son état comme ça, au beau milieu de la réunion.

- C'est totalement stupide comme motif. C'est un nul, c'est tout, grommela Ronald.

Harry se massa les yeux. Son oncle avait merdé. Royalement. S'il y en avait bien un qui aurait dû écouter Marco quand il disait de « sortir couvert », c'est bien lui. Hermione se mâchonna une lèvre alors que Drago enfonçait profondément ses mains dans ses poches, le regard sur le papier-peint vieilli et humide.

- Sinon, ils ont réussi comment à vous avoir, tous les deux ? demanda George pour changer de sujet. Ce devait être épique pour que Fol-Œil soit en rogne.

- On a été pris en embuscade alors qu'on essayait de rentrer discrètement dans le bureau de maman, afin qu'elle sache pas qu'on avait pris la clef des champs sans sa surveillance, mentit Harry. Votre père et trois autres personnes nous attendaient derrière le bar alors qu'on allait escalader la fenêtre pour rentrer.

- Et c'est vraiment un enlèvement, leur dit Drago. Et si sa mère apprend que votre père était de la partie, il aura de gros ennuis, parce qu'elle ne laissera pas passer l'affaire.

Les jumeaux échangèrent une grimace.

- C'était un débat houleux de savoir si, oui ou non, il fallait mettre Harry en sécurité ici, au Quartier Général de l'Ordre, expliqua Ginny. Bill était du même avis que Tonks, Sirius et Remus. Ils ont dit que ce n'était pas une bonne idée, que ça attirerait plus d'ennuis qu'autre chose et que miss Portgas était tout à fait apte à te défendre, Harry. L'attaque des Détraqueurs l'a fait hésiter, mais Dumbledore a eu le dernier mot.

Les deux garçons échangèrent un regard et Drago secoua la tête avec un « tsss » narquois.

- On nous a tendu un piège. Et je commence à me dire que c'est Dumbledore qui est derrière tout ça, annonça Harry. Et avant de me dire que je fabule, je vais vous éclairer un peu… Dumbledore veut que j'aille vivre à Privet Drives, dans le Surrey, chez la sœur de ma mère biologique. Or, je vis à Londres. Si je suis allé là-bas, avec deux gars qui bossaient pour elle, c'est parce que les Dursley ont harcelé au téléphone maman pour qu'elle leur offre ses services de protection. On est arrivé sur les coups de sept heures. A neuf heures, on était encore là-bas parce qu'ils nous retenaient. Quelqu'un leur avait demandé à ce qu'ils me fassent venir chez eux. Certainement par la menace ou le chantage, puisqu'ils l'auraient pas fait de leur plein gré. Et comme par hasard, ce soir-là, quand je ne suis pas avec ma mère, les Détraqueurs viennent en visite.

- C'est un peu gros pour une simple coïncidence, pointa Drago.

- Mais de là à dire que Dumbledore est derrière tout ça, c'est impossible ! Il n'a aucune raison de faire de mal à Harry ! s'indigna Ronald.

- Non, mais il veut me séparer de la femme qui m'a élevé, ça, c'est un fait. Sans elle, je me ferais traiter de détraqué mentale par les journaux. Parce que c'est pas Dumbledore qui a levé le petit doigt pour arrêter les agissements de Skeeter, alors qu'il a soi-disant mes intérêts à cœur. Oi ! J'ai quinze ans ! Je suis pas ici pour servir de défouloir à ce qui va pas chez les sorciers ! Je n'ai pas l'intention d'être la brebis sacrificielle des plans pour le Plus Grand Bien de Dumbledore ! Tu crois que j'ai essayé à tout prix de partir à l'étranger pour des prunes ?

- Voyons, Portgas ! Faut pas refouler sa colère comme ça, c'est pas bon ! intervint Fred.

- Laisse-la sortir, le concerné l'entendra peut-être enfin, avec deux ou trois personnes dans un rayon d'un kilomètre, encouragea George.

Il n'y avait pas à dire, les jumeaux avaient toujours un talent pour apaiser les esprits en surchauffe. Il essaya de trouver un autre sujet moins déplaisant mais des bruits de pas qui montaient l'escalier lui épargnèrent cette peine.

- Oh, attention !

Fred tira vigoureusement sur l'Oreille à rallonge puis, dans un nouveau craquement assourdissant, il se volatilisa en même temps que George. Quelques secondes plus tard, Mrs Weasley apparut à la porte de la chambre.

- La réunion est terminée, vous pouvez venir dîner. Tout le monde meurt d'envie de vous voir les garçons. Et, au fait, qui a laissé traîner toutes ces Bombabouses devant la porte de la cuisine ?

- Pattenrond, répondit Ginny sans rougir. Il adore jouer avec.

- Pattenrond est ici ? s'étonna Drago.

- Quand je dis qu'ils ont tout pris, c'est qu'ils ont aussi enlevé mon pauvre Pattenrond, soupira tristement Hermione.

Drago passa un bras hésitant autour des épaules de son amie pour la consoler.

- N'oubliez pas de parler à voix basse quand vous serez dans le hall. Ginny, tes mains sont d'une saleté repoussante, où as-tu encore été traîner ? Va vite les laver, s'il te plaît.

Ginny fit une grimace et suivit sa mère hors de la pièce.

Ronald sortit le premier sur le palier, laissant le trio seul. Harry sortit immédiatement son téléphone de sa poche et envoya un message à sa mère pour la tenir au courant.

« On est avec Hermione et Pattenrond. Tonton doit parler à Tonks. Fissa. »

La réponse ne tarda pas, avec un « ne cherche pas les ennuis » suivi par l'assurance qu'ils étaient en chemin.

- Ils peuvent arriver d'un moment à l'autre, annonça Harry. Au faîte, Drago, t'as pas quelque chose à rendre à Hermione ?

Laissant le Serpentard tout rouge expliquer à son amie pourquoi il se baladait avec son foulard dans la poche, Harry sortit à son tour sur le palier pour voir que Ronald s'était immobilisé dans l'escalier pour regarder avec prudence par-dessus la rampe.

En bas, une foule de sorciers et de sorcières se pressaient dans le hall obscur. Harry reconnut parmi eux les membres du groupe qui l'avait kidnappé. Les sorciers se parlaient en chuchotant, l'air surexcité. Il distingua au beau milieu du groupe les cheveux sombres et gras et le nez proéminent du professeur Rogue et la crinière grise de Fol-Œil clairement mécontent.

Une mince ficelle couleur chair descendit alors devant les yeux de Harry. En levant la tête, il vit sur le palier du dessus Fred et George qui déroulaient une Oreille à rallonge en direction des sorciers plongés dans la pénombre. Un instant plus tard, cependant, le groupe se dirigea vers la porte d'entrée et disparut.

- Nom d'une gargouille, murmura Fred en remontant l'Oreille à rallonge.

Ils entendirent la porte d'entrée s'ouvrir puis se refermer.

- Quelque chose d'intéressant ? demanda Hermione en sortant avec Drago.

Harry ne fit aucun commentaire sur les rougeurs suspectes de ses amis, ni sur le fait que la lionne tienne le blond par le bras sans qu'il ne fasse le moindre commentaire.

- Fol-Œil est parti.

C'était très bon pour eux.

- Ne parlez pas à voix haute en traversant le hall, rappela Ronald.

Lorsqu'ils arrivèrent à la hauteur des têtes d'elfes accrochées au mur, ils virent Remus, Mrs Weasley et Tonks refermer la porte sur ceux qui venaient de partir et en verrouiller les nombreuses serrures à l'aide d'un sortilège. Tonks était clairement en déprime, même si son physique du jour était assez flamboyant. Ses cheveux étaient longs, vaguement réunis en une queue de cheval sur une de ses épaules, arborant une couleur carmin très sombre. Quant à ses yeux, ce jour-là noisette, ils n'avaient plus cette étincelle de vie et d'humour avec laquelle il était familier.

- Nous dînons dans la cuisine, chuchota Mrs Weasley qui les avait rejoints au bas de l'escalier. Les garçons, il vous faut traverser le hall sur la pointe des pieds jusqu'à la porte que vous voyez là-bas…

CRACBOUM !

- Tonks ! s'écria-t-elle, exaspérée, en tournant la tête.

- Je suis désolée ! se lamenta Tonks, à plat ventre par terre.

En voyant Harry, elle avait eu un mouvement de recul, pour se prendre au final les pieds dans le porte-parapluie en forme de jambe de troll.

Et en réponse, un terrible hurlement à glacer le sang s'éleva dans le hall.

Les rideaux mangés aux mites devant lesquels Harry et Drago étaient passés un peu plus tôt s'écartèrent brusquement mais ce n'était pas une porte qu'ils masquaient. Pendant une fraction de seconde, Harry crut voir une fenêtre derrière laquelle une vieille dame coiffée d'un chapeau noir hurlait de toutes ses forces comme si on l'avait torturée, puis il s'aperçut qu'il s'agissait d'un simple portrait grandeur nature, sans doute le plus réaliste et le plus déplaisant qu'il eût jamais vu.

La vieille femme bavait, ses yeux roulaient dans leurs orbites, sa peau parcheminée se tendait sur son visage tandis qu'elle vociférait. Dans le hall, tous les autres portraits se réveillèrent soudain en se mettant à crier à leur tour dans un tel vacarme que Harry, les yeux plissés, dut se plaquer les mains sur les oreilles.

C'était une belle crise d'hystérie qu'elle faisait ou il ne s'y connaissait pas.

Remus et Mrs Weasley se précipitèrent pour essayer de rabattre les rideaux sur le portrait, mais ceux-ci refusaient de se fermer et la vieille femme hurlait de plus en plus fort en tendant devant elle ses mains griffues comme pour leur lacérer le visage.

- Vermine ! Saletés ! Résidus de pourriture et d'abjection ! Bâtards, mutants, monstres, pirates, quittez cette maison ! Comment osez-vous souiller la demeure de mes aïeux ?

Tonks se répandit en excuses, soulevant l'énorme et pesante jambe de troll pour la remettre d'aplomb. Mrs Weasley renonça à fermer les rideaux et courut en tous sens dans le hall pour stupéfixer les autres portraits à coups de baguette magique. Un homme à la longue chevelure noire apparut alors à une porte, face à Harry.

- Tais-toi, espèce d'horrible vieille harpie, TAIS-TOI ! rugit-il en saisissant le rideau que Mrs Weasley venait de lâcher.

La vieille femme pâlit.

- Oooouuuu ! hurla-t-elle, les yeux exorbités en voyant approcher l'homme aux cheveux noirs. Traître, abomination, honte de ma chair et de mon sang !

Très charmante vieille femme.

- Je t'ai dit de te TAIRE ! gronda l'homme.

Dans un effort colossal, il parvint à refermer les rideaux avec l'aide de Remus.

Les cris de la vieille femme s'évanouirent aussitôt et le silence revint.

Légèrement essoufflé, écartant les mèches sombres qui lui tombaient devant les yeux, Sirius se tourna vers son filleul.

- Salut, les garçons, dit-il d'un air lugubre. Je vois que vous avez déjà fait connaissance avec ma vieille et charmante mère.

- Et j'ai du sang en commun avec cette abomination ? grinça Drago en retirant ses mains de ses oreilles.

- Quelle adorable vieille femme, nota Harry avec un lourd sarcasme.

- Aussi charmante dans la vie que dans la mort, renchérit Remus avec un sourire de coin.

- Depuis un mois, nous essayons de la décrocher mais elle a dû jeter un maléfice de Glu Perpétuelle derrière la toile, se lamenta Sirius. Venez, descendons vite avant qu'ils se réveillent de nouveau.

- Faut faire comme m'man. Dans le doute, faut tout brûler !

- On a déjà essayé, mais si elle veut tenter sa chance, libre à elle, lui sourit son parrain. Venez les jeunes.

Sirius, suivi des autres sorciers, entraîna le trio hors du hall, dans un étroit escalier de pierre.

- Vous mangerez et dormirez ici ce soir, et Remus vous ramènera chez vous demain matin, leur dit le fugitif.

- Sirius ! Dumbledore a dit qu'ils devaient rester ici pour leur sécurité ! rappela à l'ordre Molly qui fermait la marche.

- On a enlevé et on séquestre des enfants, Molly. Si toi, tu es d'accord avec l'idée, moi pas, rappela à l'ordre Remus. Si encore, leurs parents avaient donné leur accord, ça aurait été autre chose, mais je rappelle que ton mari a empêché Harry de prévenir sa mère.

- C'est joyeux comme discussion, nota Drago.

- On se lance les mêmes arguments encore et encore depuis le début de l'été, soupira Sirius.

- Si tu voulais que je te rende visite, fallait le dire, je serais passé te faire coucou, m'man a un bureau à proximité après tout ! ricana Harry.

- Je n'aurais pas dit non, mais le cadre de cette maison n'est pas propice à la rigolade, lui dit son parrain. Cette maison était celle de mes parents. Et comme je suis le dernier survivant de la famille Black à en porter le nom, j'en ai hérité. Je l'ai mise à la disposition de Dumbledore pour y installer le quartier général… c'est d'ailleurs la seule chose utile que j'aie réussi à faire. Je devrais peut-être me faire embaucher par ta mère.

- Triste à dire, mais même le manoir Malefoy est plus agréable, grimaça Drago alors qu'ils entraient dans une cuisine en sous-sol.

Sirius se tourna vers le blond pour prendre de ses nouvelles et fronça les sourcils en voyant les fines cicatrices que le jeune Serpentard avait désormais sur la joue et une partie du front.

- Comment tu t'es fait ça ? lui demanda l'animagus en lui prenant le visage dans sa main.

- Un désaccord familial, répondit froidement le blond en dégageant son visage de la prise.

Et il alla s'asseoir sur l'une des nombreuses chaises apportées pour les besoins de la réunion, jetant un bref coup d'œil aux rouleaux de parchemin qui encombraient la longue table de bois. Au bout de la table, Mr Weasley et Bill parlaient à voix basse, penchés l'un vers l'autre.

Profitant que personne ne le regarde, Harry échangea un regard avec Hermione qui hocha la tête pour dire qu'elle allait le couvrir, permettant au D. de se glisser dans le fond du rang jusqu'à Tonks.

- Salut, sourit-elle tristement. Désolée pour les désagréments. Remus te ramènera chez toi avec Drago et Hermione, demain matin.

- Dumbledore a dit oui ? Après tout ce qu'il a fait pour que je sois ici ? s'étonna Harry.

- Il le refuse et il a énoncé pas mal de menaces contre nous, mais ce n'est pas correct. On enlève pas comme ça un enfant à sa famille et j'ai appris ce qu'il s'est passé avec les parents de Hermione. Ils s'en remettront, heureusement. Très beau coup avec l'oiseau.

- Merci. Tonks…

La femme soupira en fermant les yeux.

- On t'a mis au courant, je présume.

- So desu.

- Je sais pas encore si je vais le garder, donc…

- Parle à tonton. Pas du bébé, juste… discuter. Il le dit pas, mais ça se voit qu'il est encore amoureux.

- J'y réfléchirai.

Harry allait répliquer quand Mrs Weasley s'éclaircit la gorge. Son mari jeta un regard autour de lui puis se leva d'un bond.

- Harry ! dit-il en se précipitant pour l'accueillir. Je suis désolé pour tout à l'heure, mais nous étions tellement pressés, on ne pouvait pas se permettre d'attendre plus, mais ne t'en fait pas, on va se charger d'avertir ta mère !

Il s'avança vers l'adolescent mais Sirius l'intercepta pour qu'il ne s'approche pas du mafieux en devenir et de son regard haineux.

- Je pense pas que tu fasses partie des personnes à qui il ait envie de serrer la main, papa, avertit Bill en s'affairant à enrouler les parchemins qui traînaient sur la table. Désolé Harry, on a essayé.

- Je suis un garçon plein de ressources, se contenta de répondre le D. en haussant des épaules.

- Et tu es le fils de Lucius, non ? Comment ça se fait que l'on t'ait ramassé au passage ? demanda Bill en essayant de ramasser une douzaine de parchemins à la fois. Fol-Œil a été très vocal sur le déroulement de cette soirée.

- Je passe les vacances avec un ami, c'est tout, se contenta de répondre Drago d'un ton neutre.

Tonks s'était approchée de Bill pour l'aider et avait aussitôt renversé une bougie allumée sur le dernier morceau de parchemin resté sur la table.

- Oh non… je suis désolée…

- Ce n'est rien, ma chérie, dit Mrs Weasley, visiblement exaspérée. Tu devrais plutôt t'asseoir.

D'un coup de baguette magique, elle répara le parchemin. À la lueur de l'éclair qui sortit de la baguette, Harry aperçut un dessin semblable à un plan d'immeuble. Mrs Weasley avait surpris son regard. Elle saisit le parchemin d'un geste vif et le fourra dans les bras déjà surchargés de Bill.

- Ces choses-là devraient être rangées très vite à la fin des réunions, dit-elle sèchement.

Elle fila ensuite vers un buffet ancien d'où elle commença à sortir des assiettes.

Brandissant sa baguette magique, Bill marmonna : « Evanesco ! » et les parchemins disparurent aussitôt.

- Assieds-toi, Harry, dit Sirius. Je présume que j'ai dû te faire une fausse joie avec ma dernière lettre.

Tout le monde prenait place autour de la table à présent. Harry se mit à côté d'Hermione qui se retrouva ainsi encadré par ses deux amis. Sirius s'installa d'office à côté de son filleul, alors que Remus prenait place à côté de Drago avec un sourire rassurant pour le Serpentard. A eux seuls, ils faisaient comme un rempart pour le reste du groupe. Rempart qui se renforça avec l'ajout de Bill à côté du loup-garou.

- Si vous voulez dîner avant minuit, j'ai besoin d'un coup de main, ajouta Mrs Weasley en s'adressant à l'assistance. Non, restez où vous êtes mes chéris, vous venez tout juste d'arriver.

Drago et Harry échangèrent un regard alors qu'ils n'avaient pas bougé.

- Les Black n'ont plus d'elfe de maison ? s'étonna Drago.

- Kreattur est toujours en vie et c'est bien triste, soupira Sirius alors que Bill se relevait en maugréant.

- Je peux faire quelque chose, Molly ? demanda Tonks avec un espoir presque déchirant.

Mrs Weasley hésita, apparemment inquiète.

- Heu… Non, ça va, Tonks, il faut que tu te reposes, toi aussi, dans ton état, il vaut mieux.

- J'aurais dû me pendre le jour où j'ai dit que j'étais enceinte, soupira l'auror en retournant s'asseoir.

Harry sortit son téléphone et le fit glisser jusqu'à Tonks.

- Touche numéro deux, lui dit-il d'un air entendu.

- Oh, c'est un féléton ? s'exclama Arthur avec passion.

Tonks reprit l'appareil et le renvoya à Harry avant que Mr Weasley ne mette la main dessus, rajoutant un regard noir par-dessus.

- Nymphadora… soupira Remus.

- Ne m'appelle pas Nymphadora ! grinça la femme alors que ses cheveux prenaient une couleur plus sanglante sous la colère.

- Je t'appelle ainsi parce que tu agis stupidement, lui dit le loup-garou.

L'auror détourna la tête, préférant se concentrer sur les sorts qui faisaient bouger les gros couteaux, qui se mirent à couper tout seuls viande et légumes, sous la surveillance de Mr Weasley. Pendant ce temps, Mrs Weasley remuait le contenu d'un chaudron accroché au-dessus du feu de l'énorme cheminée et les autres s'occupaient de sortir des assiettes et des coupes ainsi que divers ingrédients conservés dans le garde-manger.

Harry sentit quelque chose lui effleurer les genoux. Il se pencha sous la table mais ce n'était que Pattenrond. Il se frotta contre les jambes de Harry en ronronnant puis sauta sur les genoux de Sirius et s'y blottit. L'homme le gratta derrière les oreilles d'un air absent tandis qu'il se tournait vers Harry, la mine toujours sinistre.

- Tu voulais nous montrer quoi, à Remus et moi, pour vouloir absolument nous voir ensemble ? s'enquit l'homme.

- Après manger, si la cavalerie n'est pas arrivée d'ici là. On pourra pas la manquer, elle enverra un grand coup de pompe dans la porte.

- Ta mère a un sacré panache, il faut l'avouer ! sourit Remus avec une lueur complice dans les yeux.

- C'est une foldingue, renchérit Drago en caressant d'un geste absent le nœud du réseau de cicatrice, juste sous son oreille.

- Elle n'est pas foldingue ! défendit Hermione.

- Comment disent les moldus, déjà ? Elle a été bercée trop près du mur, non ?

- Drago !

- Elle a pas été bercée à côté du mur. Elle a été bercée avec des coups de poings sur le crâne, rectifia Harry. D'après tonton, c'est la marque de fabrique du grand-père adoptif de maman.

Sirius eut une grimace.

- Tu as l'air de te faire chier, je me trompe, Sirius ? demanda Harry avec son tact légendaire.

- Toujours aussi direct, sourit son parrain.

- Une cause sans espoir, confirma Remus.

- Et ma question ? s'enquit l'étudiant.

- Personnellement, j'aurais été ravi d'être attaqué par des Détraqueurs. Une lutte mortelle pour le salut de mon âme aurait été bienvenue, histoire de rompre la monotonie du quotidien. Je suis resté enfermé ici pendant tout un mois.

- Comment ça se fait ? demanda Harry, les sourcils froncés.

- Parce que le ministère de la Magie me recherche toujours et qu'à présent, Voldemort sait que je suis un Animagus, Queudver le lui aura dit. Donc, mon beau déguisement ne me sert plus à rien. Je ne peux pas faire grand-chose pour l'Ordre du Phénix… C'est du moins ce que pense Dumbledore.

Le ton un peu éteint sur lequel il avait prononcé le nom de Dumbledore laissait penser que lui non plus n'était pas très satisfait du directeur de Poudlard. Harry ressentit un soudain élan d'affection pour son parrain.

- Tu veux une épaule pour pleurer ? proposa Remus avec humour.

- Tu es trop loin pour que j'utilise la tienne. Je vais prendre celle de Harry.

- Du moment que tu me refiles pas de puces, fais-toi plaisir. Ah et évite la morve, ou maman va vraiment se poser des questions sur ce qu'il s'est passé durant cet enlèvement, lui dit d'une voix égale Harry.

Sirius éclata de son rire si semblable à un aboiement de chien.

- On s'ennuie pas trop ? demanda Drago.

- Oh non, répondit Sirius avec ironie. J'ai écouté les rapports de Rogue, j'ai supporté tous ses sarcasmes sur le fait qu'il était dehors à risquer sa vie pendant que je restais confortablement ici à m'amuser… Il me demandait si le nettoyage avançait bien…

- Quel nettoyage ? demanda Hermione.

- Il faut essayer de rendre cette maison habitable pour des humains, répondit Sirius en montrant d'un geste de la main le triste décor de la cuisine. Il y a bien dix ans que plus personne ne vit ici, depuis la mort de ma mère, à part son vieil elfe de maison qui est devenu un peu cinglé et qui n'avait plus fait le ménage pendant des années.

- Pendant dix ans, il est resté seul avec des tableaux et des têtes coupés, sans compagnie, je pense qu'on peut comprendre qu'il n'aille pas très bien, pointa doucement Hermione.

- Mouais, peut-être.

Harry jeta un regard méfiant à son parrain, mais laissa couler.

- Fred ! George ! NON, PORTEZ-LES NORMALEMENT ! s'écria Mrs Weasley.

Le groupe se retourna. Une fraction de seconde plus tard, ils plongeaient tous sous la table. Fred et George avaient ensorcelé un grand chaudron de ragoût, une bonbonne en métal remplie de Bièraubeurre et une épaisse planche à pain avec son couteau, pour qu'ils aillent se poser tout seuls à leur place. Le ragoût glissa sur toute la longueur de la table et s'arrêta juste au bord en laissant une longue brûlure noirâtre à la surface ; la bonbonne de Bièraubeurre tomba dans un grand bruit et déversa son contenu un peu partout ; quant au couteau, il s'envola de la planche à pain et se planta verticalement en vibrant avec force à l'endroit précis où la main droite de Sirius s'était trouvée un instant auparavant. Pattenrond, crachant avec fureur, était allé se réfugier sous le buffet où l'on voyait ses deux grands yeux jaunes briller dans l'obscurité.

- POUR L'AMOUR DU CIEL ! hurla Mrs Weasley. VOUS N'AVIEZ PAS BESOIN DE FAIRE ÇA ! JE COMMENCE À EN AVOIR ASSEZ ! CE N'EST PAS PARCE QU'ON VOUS A DONNÉ LE DROIT D'UTILISER LA MAGIE QUE VOUS DEVEZ SORTIR VOS BAGUETTES À LA MOINDRE OCCASION !

- Nous voulions simplement gagner un peu de temps ! répliqua Fred en se précipitant pour arracher le couteau à pain de la table. Désolé, Sirius, mon vieux… Je n'avais pas l'intention de…

- Je note que tu as tenté de tuer mon parrain, Fred, soupira Harry en se remettant debout. Et tu me disais que j'avais pas besoin de mon sixième sens, Drago ?

Remus fronça imperceptiblement les sourcils, bien au courant de la consigne d'Ace au sujet de son fils et du Haki depuis les Détraqueurs : tout le temps actif. Et quand sa mère disait quelque chose, il le faisait quand il était question de sa sécurité. Pourquoi y déroger ce soir ? Le D. croisa le regard du secrétaire officieux de sa mère, lui faisant comprendre silencieusement de poser la question plus tard.

Cela partit sur une longue tirade moralisatrice des deux parents Weasley pour les jumeaux, comparant le comportement de leurs aînés quand ils avaient leur âge et la possibilité de faire de la magie. Seulement, quand le nom de Percy fut prononcé, la crainte et la colère prirent le dessus et on changea rapidement de sujet.

Apparemment la promotion, dont Drago leur avait parlé, n'avait pas été très bien reçue par le reste de la famille.

- Ça m'a l'air délicieux, Molly, commenta Lupin.

Il remplit une assiette de ragoût et la lui tendit de l'autre côté de la table.

Pendant quelques minutes, le silence ne fut troublé que par le tintement de la vaisselle et le raclement des chaises sur lesquelles les convives s'installaient devant leurs assiettes. Mrs Weasley se tourna alors vers Sirius.

- Je voulais te dire, Sirius, qu'il y a quelque chose dans le secrétaire du salon. Ça n'arrête pas de bouger et de gratter, là-dedans. C'est peut-être un simple Épouvantard mais je pensais que nous pourrions peut-être demander à Alastor d'y jeter un coup d'œil avant qu'on ouvre.

- Comme tu voudras, répondit Sirius d'un air indifférent.

- Et les rideaux sont infestés de Doxys, reprit Mrs Weasley. J'aimerais bien qu'on essaye de s'en débarrasser demain.

- J'en serais ravi, assura Sirius.

Harry perçut le ton sarcastique de sa voix mais il n'était pas sûr que les autres l'aient également saisi. Il donna un coup de coude à son parrain qui se pencha vers lui.

- Passe au bar de temps à autre, c'est pas les videurs qui te mettront à la porte.

- Merci de la proposition, j'essaierai de venir, histoire de prendre l'air.

- Et puis, sous peine de devoir avouer que Voldy est de retour, aucun Mangemort ne peut cafter sur ton beau déguisement.

- Pas de messes-basses à table, Portgas, reprocha Hermione d'un ton neutre.

- J'ai déjà une mère, pas besoin de te prendre pour elle, mais merci pour le sentiment.

Drago manqua de s'étouffer dans son verre.

Face à Harry, Tonks était plongée dans ses pensées, ne prononçant pas plus de trois aux jumeaux qui tentaient tant bien que mal de la tirer de sa déprime.

Mr Weasley, Bill et Lupin étaient plongés dans une grande discussion sur les gobelins.

- Ils ne laissent rien deviner, dit Bill. Je n'arrive toujours pas à savoir s'ils croient ou non à son retour. Il est possible, bien sûr, qu'ils refusent de prendre parti. Qu'ils préfèrent rester en dehors de ça.

- Moi, je suis sûr qu'ils ne se rangeront jamais du côté de Tu-Sais-Qui, assura Mr Weasley en hochant la tête. Eux aussi ont subi des pertes. Tu te souviens de cette famille de gobelins qu'il a assassinée la fois dernière, dans la région de Nottingham ?

- Je crois que ça va dépendre de ce que nous leur proposerons, dit Lupin. Et je ne parle pas d'or. Si nous leur offrons la liberté que nous leur avons toujours refusée pendant des siècles, alors ils seront tentés d'être avec nous. Tu n'as toujours rien pu tirer de Ragnok, Bill ?

- Il est très antisorcier, ces temps-ci, répondit Bill. Il ne cesse de fulminer à propos de l'histoire Verpey, il pense que le ministère a étouffé l'affaire. Certains gobelins n'ont jamais récupéré leur or, comme tu le sais…

Il adressa un sourire à Harry qui roula des yeux.

- Il ne jure que par le nom des Portgas. Cette femme est presque comme une justicière. C'est elle qui a fait les démarches auprès de Bones pour que Verpey cesse d'arnaquer tout le monde, sans parler du nombre croissant de dettes qu'elle rachète. Si elle continue, d'ici cinq ans, elle sera la sorcière la plus riche du pays, avec les gobelins de son côté. S'ils ne se méfiaient pas d'elle comme de la peste, elle serait déjà vue comme une alliée de Gringott.

Harry eut un reniflement narquois. Sa mère résistait surtout à l'envie d'y faire un braquage.

Après avoir repoussé la demande insistante de reprendre de la tarte à la rhubarbe accompagnée de crème anglaise, ils posèrent enfin leur cuillère et la rumeur des conversations faiblit. Mr Weasley s'était laissé aller contre le dossier de sa chaise, l'air rassasié et détendu. Tonks bâillait à s'en décrocher la mâchoire, les bras croisés sur la table et le menton dessus. Ginny, qui avait réussi à faire sortir Pattenrond de sous le buffet, était assise en tailleur par terre et lui lançait des bouchons de Bièraubeurre pour qu'il les poursuive.

- Je crois qu'il va être temps d'aller se coucher, dit Mrs Weasley en bâillant à son tour.

- Pas encore, Molly, répondit Sirius qui repoussa son assiette vide et se tourna vers Harry. Tu sais, je suis un peu surpris. Je pensais que la première chose que tu ferais en arrivant ici serait de poser des questions sur Voldemort. Après tout, t'es du genre à toujours vouloir des réponses sur tout ce qui te dérange.

L'atmosphère de la pièce changea aussi vite que si des Détraqueurs avaient brusquement surgi. Un instant auparavant, elle était décontractée et somnolente, soudain tout le monde fut sur le qui-vive, tendu même. Lorsque Sirius prononça le nom de Voldemort, un frisson courut autour de la table. Remus, qui s'apprêtait à boire une gorgée de vin, reposa lentement sa coupe, l'air intrigué.

- Je peux être honnête, et vexer tout le monde ? demanda le D.

- Oui, répondit Drago.

- Non ! houspilla Hermione.

Harry regarda ses deux amis se lancer des regards noirs.

- On va les marier, annonça George avec conviction alors que son jumeau hochait la tête avec vigueur.

- JAMAIS ! rugit le duo en question avec des joues rouges.

- Avant que le duo comique ne s'y mette, j'allais dire clairement ce que je pensais, dit Harry. Votre Ordre, ce que vous faîtes, ça vous regarde, tant que vous jouez pas avec ma vie et celles de mes amis. Si Drago et moi, on est ici ce soir, c'est pour Hermione. Le reste, vous gérez entre vous. Si ce n'était pas pour Dumbledore et ses manigances, on n'en serait pas là aujourd'hui, parce que je serais tranquillement au Japon à faire ma scolarité à Kyôtô.

- Attendez un peu ! intervint George d'une voix forte.

- Pas qu'on est pas au courant de tes embrouilles avec Dumbledore, contrairement à certains qui font la sourde oreille, mais on est devant une injustice, lança Fred avec colère.

- Comment se fait-il qu'on veuille bien répondre aux questions de Harry et pas aux nôtres ?

- Nous, on a essayé de tirer quelque chose de vous pendant un mois et vous ne nous avez pas raconté la moindre petite bribe de quoi que ce soit ! ajouta George.

- Et lui, à côté, il demande rien à personne, et on lui sert tout sur un plateau !

- Point aux jumeaux, décompta Hermine.

- Vous êtes trop jeunes, vous n'êtes pas membres de l'Ordre ! dit Fred d'une voix aiguë qui imitait avec une ressemblance troublante celle de sa mère. Harry, lui, n'est même pas majeur ! Et je le répète, il s'en fout !

- Ce n'est pas ma faute si on ne vous a rien dit de ce que faisait l'Ordre, répondit calmement Sirius. Il s'agit d'une décision de vos parents. Harry, en ce qui le concerne…

- Ce n'est pas à toi de juger ce qui est bon ou pas pour Harry ! coupa sèchement Mrs Weasley.

Son visage si bienveillant avait pris une expression menaçante.

- J'imagine que tu n'as pas oublié ce qu'a dit Dumbledore ?

- À quel moment ? demanda Sirius d'un ton poli mais avec l'air de quelqu'un qui se prépare à la bagarre. Quand il a commencé à manigancer pour enlever par la force un enfant à son seul parent ?

- Au moment où il nous a recommandé de ne pas révéler à Harry plus de choses qu'il n'a besoin de savoir, répliqua Mrs Weasley en insistant bien sur les trois derniers mots.

- Ooooh ! Parce que maintenant, le vieux maboul veut bien répondre à quelques questions de Portgas ? s'intéressa brusquement Drago en se redressant. On saura peut-être pourquoi les Potter sont morts ! Ou pourquoi il veut briser la famille Portgas !

- Si seulement, mais non, même ça, Harry n'a pas le droit de le savoir, pas qu'on n'en sache plus nous-même, d'ailleurs, gronda Sirius.

Les enfants Weasley détachèrent leur regard de Sirius et tournèrent la tête vers leur mère, comme s'ils suivaient un match de tennis. Ginny, en tailleur au milieu d'un tas de bouchons abandonnés, assistait à l'échange, la bouche légèrement entrouverte. Remus, quant à lui, gardait les yeux fixés sur Sirius, un vague air amusé dans le regard alors qu'il était certainement le seul à trouver la situation délectable.

- Je n'ai pas l'intention de lui dire plus qu'il n'a besoin de savoir, Molly, reprit Sirius. Mais comme c'est lui qui a vu revenir Voldemort (il y eut un nouveau frisson autour de la table), il a davantage le droit que beaucoup d'autres de…

- Il n'est pas membre de l'Ordre du Phénix ! s'exclama Mrs Weasley. Il n'a que quinze ans et…

- Et il a dû affronter autant d'épreuves que la plupart des membres de l'Ordre, interrompit Sirius. Et même plus que certains.

- Personne ne nie ce qu'il a fait ! répondit-elle en élevant la voix, ses poings tremblants sur les bras du fauteuil. Mais il est encore…

- Ce n'est plus un enfant ! s'impatienta Sirius.

- Ce n'est pas non plus un adulte ! protesta Mrs Weasley, dont les joues commençaient à prendre des couleurs. Ce n'est pas James !

- Je sais parfaitement qui il est, Molly, répliqua froidement Sirius.

- Je n'en suis pas si sûre ! Parfois, à t'entendre, on dirait que tu viens de retrouver ton meilleur ami !

- Je pense avoir déjà suffisamment dit à Sirius que je ne suis pas James Potter. Je ne suis pas mes parents, et quand je dis ça, je parle autant des Potter que de Portgas D. Ace. Par contre, s'il y a une chose que je ne supporte pas, c'est qu'on me prenne pour un gosse ! s'énerva Harry.

- Ce qu'il y a de mal, Harry, c'est que tu vas encore à l'école et les adultes responsables de ton éducation ne devraient pas l'oublier ! déclara Mrs Weasley, les yeux toujours rivés sur Sirius.

- Quoi, c'est Sirius qui est responsable de mon éducation, maintenant ? s'étonna faussement Harry.

Il regarda son parrain, lui demandant silencieusement, même si c'était enfoncer le couteau dans la plaie, de dire clairement que ce n'était pas le cas.

- J'ai perdu ce droit à la faveur d'Ace, et je n'ai pas l'intention de le réclamer, assura Sirius en hochant la tête à l'adresse de son filleul.

- Donc, dans la logique, s'il y a une décision à prendre, c'est à ma mère de le faire… et elle est où ce soir !?

Harry pointa son doigt vers Arthur qui ne savait plus où se mettre pour le coup. Debout devant sa chaise, il détournait l'attention de son parrain pour pointer le vrai problème de cette soirée.

- Votre époux m'a kidnappé à deux pas du bureau de ma mère ! Ce que vous faîtes, c'est ce qu'on appelle enlèvement et séquestration sur mineur de quinze ans ! Punissable par la loi moldu ! Tonks, que dit la loi magique ?

- Suivant les circonstances, on peut partir sur une lourde amande de plusieurs centaines de Gallions, voir un emprisonnement de cinq ans à Azkaban, répondit la femme d'un ton neutre.

- Harry, mon chéri… commença Mrs Weasley.

- Mauvaise idée, nota Drago.

Le « chéri » en question tira son couteau de chasse de sa ceinture et le planta avec violence devant lui.

- Je vais être cruel, mais véridique, je suis simplement ami avec les jumeaux et je connais vaguement votre fils Bill. Mais ça ne vous donne pas le droit d'essayer de jouer les mères affectueuses avec moi, ça prend pas ! J'ai déjà une mère, comme je l'ai dit à Hermione, et je n'ai pas l'intention de laisser quiconque prendre sa place. Et si ma mère décide de porter plainte pour ce qu'il s'est passé, vous serez dans la mouise parce que vous aurez dit « amen » à Dumbledore !

- Harry a raison, au lieu de vous soucier de quelques informations qui pourraient répondre à des questions qui le taraude depuis des années, vous devriez vous occuper de votre situation, pointa calmement Hermione en forçant son ami à se rasseoir. Dumbledore vous a demandé de nous conduire ici, sans qu'on nous dise le pourquoi du comment. On a le droit de savoir pourquoi on est ici. Pourquoi est-ce qu'on nous veut ici ?

- Le Seigneur des Ténèbres ne bougera pas avant un long moment, tant qu'il n'a pas rassemblé assez de troupes pour être certain de sa victoire, pointa Drago. Notre seule erreur a été de céder aux suppliques des Dursley et d'aller à Privet Drives. Pourquoi ? Parce que d'une, c'est la seule fois de toutes les vacances, à part aujourd'hui, où Harry s'est retrouvé isolé de sa mère, et de deux, il est tellement entouré de moldu que lancer une attaque obligerait à faire un massacre, ce qui est tout, sauf discret.

- Arthur ! lança Mrs Weasley en se tournant vers son mari.

Mr Weasley ne répondit pas tout de suite. Sans regarder sa femme, il enleva ses lunettes et les essuya lentement avec un pan de sa robe. Il ne parla enfin qu'après les avoir soigneusement remises sur son nez.

- Dumbledore sait que la situation a changé, Molly. Il accepte l'idée qu'il faut mettre Harry au courant, jusqu'à un certain point, maintenant qu'il est venu s'installer au quartier général.

- Oui, mais il y a une différence entre ça et l'encourager à poser toutes les questions qu'il veut !

- Je n'ai pas dit que je m'installais ici, rappela Harry.

- Personnellement, je pense préférable qu'ils apprennent les faits, intervint Lupin à mi-voix, en détachant enfin son regard de Sirius tandis que Mrs Weasley se tournait vers lui dans l'espoir d'avoir trouvé un allié puisque Remus était généralement un homme raisonnable. Pas tous les faits, Molly, mais l'idée générale. Et de notre bouche plutôt que par d'autres personnes qui leur donneraient une version… déformée. Ils ont été enlevés sans explication à leurs familles, on leur doit ça au minimum. Et sauf si on veut voir Square Grimmaurd partir en flammes, Harry doit partir demain matin.

Remus avait une expression bienveillante mais il devait savoir que des Oreilles à rallonge avaient survécu à la purge infligée par Mrs Weasley, Harry en était sûr. On ne refaisait pas un maraudeur. Allait-il dire quelque chose de différent par rapport aux rapports d'espionnage qu'il fournissait à sa mère ?

- Je serais pas contre une destruction, marmonna Sirius dans sa barbe.

- Très bien, dit Mrs Weasley.

Elle respira profondément et jeta un regard autour de la table à la recherche d'un soutien qui ne venait pas.

- Très bien, je vois que je suis en minorité, mais j'ajouterai simplement ceci : Dumbledore doit avoir ses raisons pour ne pas vouloir que Harry en sache trop et, comme je suis quelqu'un à qui les intérêts de Harry tiennent particulièrement à cœur…

- Il n'est pas ton fils, dit tranquillement Sirius. Il l'a dit, tu es juste la mère de ses amis, il ne te connaît pas plus que ça. Il a déjà une mère.

- Ah oui, parlons-en de cette femme qui laisse son fils de balader dans un quartier aussi peu recommandable et avec une arme !

- Molly, tu n'es pas la seule personne autour de cette table qui se soucie de Harry, lança sèchement Lupin. Sirius, rassieds-toi. Harry, respire, tu vas perdre le contrôle.

Hermione retira la lame du bois devant Harry et la fit glisser jusqu'à Remus qui la remercia de la tête.

- Ma mère m'a élevé alors qu'elle avait rien dans les poches et que rien ne l'y obligeait, siffla le D. avec colère alors que ses yeux prenaient une teinte métallique. On l'a foutue sans explication devant un gosse en danger de mort et elle a choisi de le prendre avec elle pour le défendre ! Elle parlait quatre mots d'anglais à tout casser, mais elle s'est battue pour moi ! JE NE LAISSERAI PERSONNE CRACHER SUR ELLE ! ALORS, RETIREZ VOS PAROLES !

La lèvre de Mrs Weasley trembla. Sirius retomba lentement sur sa chaise, le visage fermé, regardant son filleul défendre sa mère.

- Avant de parler, on apprend ! Vous ne savez rien de ma mère ! Vous n'avez pas le droit de l'insulter ! Ce comportement n'est pas mieux que celui de la Gazette du Sorcier !

- Parle autrement à ma mère, Portgas ! rugit Ronald en se levant d'un bond.

- Ron, rassis-toi ! Si quelqu'un avait parlé d'elle comme elle l'a fait d'Ace, j'aurais été tout aussi en colère ! Il ne fait que défendre son seul parent ! gronda Bill.

Fred tira Ron par le pull pour la faire se rasseoir.

Molly regarda autour d'elle, mais ne trouva encore une fois aucun allié, la forçant à présenter ses excuses.

- Je me répète, parce que tout le monde veut croire le contraire, mais j'ai déjà une mère, et elle est très bien comme elle est, redit Harry. J'aime Ace comme si elle m'avait donné la vie, peu importe son mode de fonctionnement et ses défauts. C'est ma mère.

Et il se rassit.

- Maintenant que tout le monde a cessé de crier, je pense que les jeunes devraient avoir leur mot à dire, reprit Remus avec calme. Parce que vous vous acharnez sur Harry, mais ils sont trois à avoir été enlevés aujourd'hui.

- Je veux des réponses. Pour une fois que c'est moi qui en demande, annonça Hermione.

Elle jeta un regard noir à Harry quand il tendit une main derrière elle pour tirer la chemise Remus. Comprenant le message, le loup-garou lui passa son arme qui retourna au fourreau à la ceinture de son propriétaire.

- Très bien, dit Mrs Weasley, la voix un peu cassée. Ginny, Ron, Fred, George, vous sortez tout de suite de la cuisine.

Il y eut un concert de protestations.

- On est majeurs ! s'écrièrent Fred et George d'une même voix.

- Si Harry a le droit de savoir, pourquoi pas moi ? s'exclama Ron.

- M'man, je veux tout entendre ! gémit Ginny.

- NON ! hurla Mrs Weasley en se levant, les yeux brillants. J'interdis absolument…

- Molly, tu ne peux pas empêcher Fred et George de rester, dit Mr Weasley d'un ton las. Ils sont majeurs.

- Ils vont toujours à l'école.

- Mais légalement, ce sont des adultes, répondit Mr Weasley de la même voix fatiguée.

Mrs Weasley était devenu écarlate.

- Je… Bon, d'accord, dans ce cas, Fred et George peuvent rester, mais Ron…

- Pourquoi Malefoy et pas moi ! s'emporta Ron. Et puis, Portgas me dira tout ? ajouta-t-il d'une voix mal assurée en croisant le regard de Harry.

- Remplacer Croûtard ne fait pas de moi ton meilleur ami, Ronald, répliqua Harry. Du moment que je sais pourquoi on m'a enlevé, je serais content.

- Et contrairement à nous, tu as tes parents de présent ce soir, là où les nôtres ne le sont pas, rappela Drago.

- Justement, t'as aucune raison de d'être ici, sale Mangemort ! répliqua Ronald.

- Je pense qu'il a été déjà dit qu'il fallait réfléchir avant de parler ! s'énerva Tonks en se levant tellement brutalement que sa chaise tomba. Ton comportement prouve que tu n'as pas la maturité pour être ici ce soir, alors, écoute ta mère et va te coucher !

Le départ de Ginny et Ron ne se fit pas en silence. Ils les entendirent hurler et tempêter contre leur mère en montant les marches et lorsqu'elle fut parvenue dans le hall, les cris assourdissants de Mrs Black s'ajoutèrent bientôt au vacarme. Remus se leva pour s'occuper du portrait et se figea en voyant la goutte en argent que tendait Harry.

- On peut brûler le portrait de ta mère, ça te pose pas problème ? demanda Harry à son parrain.

- Vas-y.

Remus attrapa la chaîne et se précipita vers le portrait pour ramener le calme. Sirius attendit pour parler qu'il fût revenu et eût repris sa place à la table après avoir refermé soigneusement la porte de la cuisine.

- Les flammes de Portgas D. Ace sont toujours aussi redoutablement efficaces, annonça Remus. On va pouvoir recommencer à vivre dans ce hall.

Il rendit le bijou à qui de droit en s'asseyant.

- Bon, les jeunes… Qu'est-ce que vous voulez savoir ? demanda Sirius en se tournant vers le trio.

- Harry et Drago ont leur propre réseau de renseignement, mais moi, je suis dans le noir, annonça Hermione pour lancer la cession. Où est Voldemort ? demanda-t-elle, sans se soucier des frissons et des grimaces qu'elle provoqua en prononçant ce nom. Que fait-il ? J'ai regardé les informations des moldus mais c'est calme, c'est presque inquiétant.

- C'est parce qu'il n'y a eu aucune mort étrange pour l'instant, répondit Sirius. Autant que nous puissions le savoir en tout cas… et nous en savons beaucoup.

- Plus qu'il ne le pense, ajouta Remus.

- Comment se fait-il qu'il n'ait plus tué personne ? s'étonna Hermione. Il a déjà tué plein de gens, pourquoi comme ça, il s'arrête. Il se repente ?

- Si seulement, lui dit Sirius. Il fait ça pour ne pas attirer l'attention sur lui, ce serait dangereux. Harry a fait rater le plan de son retour.

- Comment ça ? demanda Harry, perplexe.

C'était nouveau pour lui.

- Tu n'étais pas censé en réchapper ! répondit son parrain. Personne, en dehors de ses Mangemorts, ne devait savoir qu'il était revenu. Mais tu as survécu et témoigné.

- Tu as averti les deux personnes qui peuvent l'arrêter. Dumbledore et ta mère, dit Remus.

- Je veux bien que la mère de Harry soit pas une tendre, mais en quoi Face de Serpent devrait la craindre ? demanda Fred pour lui et son jumeau.

- J'étais là quand elle a brûlé le visage de Dumbledore, il y a quatre ans, répondit Tonks. Et je me suis déjà assez entraînée avec elle pour savoir de quoi elle est capable. Elle n'a pas la retenue du directeur. Ni les mêmes compétences. Cette femme a passé sa vie à se battre, et ça se voit. En ça, elle est dangereuse.

- Dumbledore est le seul qui ait jamais réussi à faire peur à Tu-Sais-Qui, Tonks, rappela Arthur. Peu importe ses compétences, Miss Portgas est à l'écart de cette guerre, elle n'a rien fait pour nous, quand Dumbledore lui a demandé de l'aide. A côté, environ une heure après le retour de Voldemort, l'Ordre revoyait le jour.

Parce qu'il croyait naïvement qu'elle allait aider un homme qui veut lui prendre son fils ?

- Et qu'a fait l'Ordre ? demanda Drago en jetant un regard aux sorciers réunis autour de la table.

- Tout son possible pour empêcher Voldemort de mener à bien ses projets, répondit Sirius.

- Plus spécifiquement, j'entends. Je fais pas de l'espionnage, je me renseigne. Vous avez une idée de ses projets ?

- Dumbledore a une idée de la question, dit Remus. Et il s'avère que quelqu'un a été plus rapide que lui.

Est-ce que c'était un sourire qu'il venait d'esquisser ?

- Comment ça ? demanda George. Quelqu'un de plus rapide ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Voldemort veut reconstituer son armée, dit Sirius. Dans le passé, il avait énormément de gens sous ses ordres : des sorcières et des sorciers qu'il avait obligés à le suivre en les brutalisant ou en les ensorcelant, et puis ses fidèles Mangemorts bien sûr, et aussi toutes sortes de créatures des ténèbres. Il a l'intention de recruter les géants mais ce ne sont pas les seuls qu'il cherche à rallier. Il n'essayera sûrement pas de s'emparer du ministère de la Magie avec simplement une douzaine de Mangemorts. Sauf que là, quelqu'un, dehors, avait une proposition plus intéressante qui attire beaucoup des anciens alliés, comme les loups-garous ou les vampires.

Remus jeta un regard entendu au trio. Ah, donc, c'était les conséquences du nettoyage d'Ace.

- L'étape la plus importante, c'est de convaincre le plus de gens possible que Tu-Sais-Qui est revenu pour qu'ils soient sur leurs gardes, dit Bill. C'est déjà très difficile.

- Fudge qui fait l'autruche ? devina Harry.

- Exactement, lui répondit Tonks en jouant d'un air absent avec une mèche de cheveux. Vous avez vu Cornélius Fudge après le retour de Tu-Sais-Qui ? Eh bien, il n'a pas du tout changé d'opinion. Il refuse catégoriquement de croire que c'est vrai.

- Il vaut mieux être préparer pour rien, que se retrouver démuni devant la menace, non ? C'est pas le mieux à faire ? pointa Hermione. C'est ce qu'a dit le professeur… Newgate.

Tonks ferma les yeux pour toute réaction.

- Fudge est un ministre pour un temps de paix, pas pour une guerre, lui dit Drago. Sans parler qu'il est magistralement cupide.

- Et qu'il a peur de Dumbledore, rajouta Mr Wealsey. Fudge pense qu'il essaye de le renverser. Il croit qu'il veut devenir ministre de la Magie à sa place.

Drago éclata de rire. Un rire froid et moqueur. Il en essuya une larme d'hilarité, se tenant le ventre alors que Hermione l'éventait sans comprendre.

- Qu'est-ce qu'il y a de drôle dans le fait de croire que Dumbledore veut la place de Fudge ? demanda George.

Drago déglutit, reprit son souffle et son sérieux, réprimant un hoquet d'hilarité, avant de répondre :

- Vous connaissez l'adage, non ? Ceux qui ont de l'argent, ont le pouvoir. Vous savez pourquoi ? Eh bien, je vais vous faire un cours de politique vu par les Serpentard ! C'est toujours plus simple de payer un idiot pour faire ce qu'on lui demande, et de le laisser sur le front à sa place, plutôt que de se mouiller soi-même. Des hommes aussi cupides que Fudge, il y en a des tas. Des tas de gens qui pourront le remplacer s'il saute. Et ça, il le sait.

- Et pourquoi il craint Dumbledore ? insista Fred.

- Parce qu'il a l'aura du combattant, du chef de la lumière, et tous les honneurs qui vont avec. Et qu'il s'oppose aux idées de ceux qui le paye. Il sait que s'il s'aligne sur Dumbledore, il sautera, parce que des gens comme mon père trouveront un autre pantin à payer pour qu'il prenne sa place. Pour qu'il reste en place, Fudge doit s'assurer que tout soit parfaitement carré dans son petit monde. Et clairement, un mage noir, ça n'arrange pas les choses. Sans parler que Dumbledore a une base de soutien que lui-même n'a jamais eu. Combien de génération sont passés par Poudlard et qui l'ont eu pour Directeur, voire professeur de métamorphose ?

- Drago a tout à fait raison, dit Mr Weasley. Dumbledore n'a jamais voulu du poste de ministre, même si beaucoup de gens souhaitaient le voir nommé lorsque Millicent Bagnold est parti à la retraite. Fudge a pris le pouvoir à sa place mais il n'a jamais complètement oublié le soutien que Dumbledore avait obtenu, sans jamais s'être porté candidat.

- Au fond, Fudge sait très bien que Dumbledore est beaucoup plus intelligent que lui et que ses pouvoirs de sorcier sont bien plus puissants, dit Remus. Dans les premiers temps de son ministère, il lui demandait sans cesse aide et conseils. Mais il semble qu'il ait pris goût au pouvoir et qu'il se sente beaucoup plus sûr de lui, à présent. Il aime être ministre, il a même réussi à se convaincre que c'est lui le plus intelligent et que Dumbledore essaye simplement de provoquer des troubles pour servir ses propres intérêts. Et ceux qui le maintiennent au pouvoir sont les soutiens de Voldemort.

- Accepter le fait que Voldemort soit de retour signifie devoir affronter des problèmes que le ministère n'a plus jamais connus depuis près de quatorze ans, expliqua Sirius d'un ton amer. Et Fudge ne peut s'y résoudre. Il est tellement plus confortable à ses yeux de se convaincre que Dumbledore ment dans le seul but de le mettre en difficulté…

- Vous voyez le problème, reprit le loup-garou. Tant que le ministère répète qu'il n'y a rien à craindre de Voldemort, il est difficile de convaincre les gens qu'il est bel et bien de retour, surtout qu'ils n'ont pas du tout envie de le croire. En plus, le ministère s'appuie largement sur La Gazette du sorcier pour que ne soient jamais rendues publiques ce qu'ils appellent les fausses rumeurs de Dumbledore. Si bien que la plupart de ses lecteurs ne se doutent de rien, ce qui en fait des cibles faciles pour les Mangemorts s'ils veulent utiliser le sortilège de l'Imperium.

- C'est ce qu'on appelle de la propagande, annonça fièrement Harry. Merci le programme d'Histoire non-magiques.

- La méthode ne date pas d'hier, en effet, confirma Hermione en hochant la tête.

- Pour le coup, vous servez à quoi, à faire jolie ? demanda Drago.

- Comme tout le monde pense que je suis un tueur complètement fou et que le ministère offre dix mille Gallions de récompense pour ma capture, il m'est difficile de me promener dans la rue en distribuant des tracts, tu comprends ? dit Sirius, visiblement nerveux.

- Vu la façon dont je t'ai renversé quand tu as attaqué Ronald, ils sont généreux avec les dix milles, marmonna Harry.

- Ah ! Mon égo ! gémit son parrain.

- Portgas a passé le reste de la nuit chez nous, sourit moqueusement Drago. Blaise et Théo racontent encore aux nouvelles recrues la légende du Stupide Gryffondor contre l'Effroyable Sirius Black.

- Toujours mieux que d'être un Tsundere manipulateur, lui dit Harry.

- Hermione, frappe-le pour moi.

Hermione fit mieux. Elle envoya la tête des deux garçons dans la table avant de s'épousseter les mains.

- Maintenant que les gosses sont calmés, on va pouvoir continuer, dit-elle.

- Elle fait très peur, on est d'accord ? demanda Fred à son jumeau qui hocha la tête.

- Je ne suis pas l'hôte idéal dans les dîners en ville, enchaîna Lupin. Ça fait partie des risques du métier, quand on est loup-garou, et dire que je me contrôle parfaitement ne changera rien au fait, même si je ne remercierai jamais assez Newgate pour son aide.

Il jeta un regard perçant à Tonks qui détourna la tête.

- Tonks et Arthur perdraient leur emploi au ministère s'ils se mettaient à parler, reprit Sirius. Or, il est très important pour nous d'avoir des espions à l'intérieur du ministère car tu peux être sûr que Voldemort en a aussi.

- Nous avons quand même réussi à convaincre deux ou trois personnes, dit Mr Weasley. Tonks, par exemple, elle est trop jeune pour avoir appartenu à l'Ordre du Phénix la dernière fois et il est toujours très avantageux d'avoir des Aurors de notre côté. Kingsley Shacklebolt est aussi un atout majeur. C'est lui qui est chargé de rechercher Sirius et il a fait croire qu'il s'était réfugié au Tibet.

- Je ne reviendrais pas sur les conclusions de ma première mission, dit d'une voix froide Tonks. Quant à Kingsley, il n'aurait pas dû participer à ce qu'il s'est passé aujourd'hui.

- Je présume que c'est parce qu'il essaye de répandre la nouvelle que Dumbledore se fait discréditer et qu'on a essayé de discréditer Harry aussi, nota Hermione. C'est bizarre qu'ils aient fait ça sur trois éditions et pas plus, à ton sujet.

- Bizarre ? L'amour des procès des Portgas est connu jusqu'à Gringott ! ricana Bill. La Gazette sait que si elle se manifeste, ça sera la fin, car ils ne peuvent plus se permettre d'aller de nouveau en justice. Cela entraînerait une restructuration de leur entreprise. Ils perdraient des journalistes qui pourraient soit travailler pour le Chicaneur, soit faire un journal indépendant qui dénoncerait la pression qu'ils ont de Fudge.

- La semaine dernière, il était annoncé que Dumbledore a été mis en minorité à la Confédération Internationale des mages et sorciers, dont il a dû quitter la présidence parce qu'il se fait vieux et qu'il ne contrôle plus rien. Mais ce n'est pas vrai du tout. Il a été mis en minorité par des sorciers du ministère après avoir prononcé un discours dans lequel il annonçait le retour de Voldemort. Ils l'ont également limogé de son poste de président-sorcier du Magenmagot, et on parle même de lui retirer l'Ordre de Merlin, première classe.

- Pour la ICW, si ça avait été fait avant, tu aurais peut-être eu une possibilité de faire le forcing pour une autre école, éclaircit Sirius à son filleul.

- Mais Dumbledore dit qu'il s'en fiche du moment qu'on ne supprime pas sa carte des Chocogrenouilles, dit Bill avec un sourire narquois.

- Baka bakachi, marmonna Harry.

- Il n'y a pas de quoi rire, répliqua vivement Mr Weasley. S'il continue à défier le ministère comme ça, il risque de se retrouver à Azkaban et c'est ce qui pourrait arriver de pire. Tant que Dumbledore est en liberté et au courant de ce qui se prépare, Tu-Sais-Qui prendra des précautions. Mais si Dumbledore n'est plus en travers de son chemin, alors il aura le champ libre.

- Et comment se passe le recrutement de l'autre côté ? demanda Hermione. Voldy va pas envoyer ses Mangemorts faire du porte-à-porte comme les témoins de Jéhovah, en mode « bonjour, auriez-vous quelques instants pour vous parlez de mon seigneur et maître Lord Voldemort ? »

Drago repartit dans une crise de fou-rire avec Tonks derrière.

- Ah, donc, ces étranges personnages qui ont sonné à ma porte il y a deux semaines portent le nom de Témoins de Jéhovah. Je le saurais, comprit Remus.

- La première année qu'on a passé dans le nouvel appartement, ils sont venus sonner à la maison. Maman leur a dit d'emblé qu'elle était une transsexuelle qui a toujours aimé les hommes, qu'elle était pour la contraception et le droit à l'avortement, en plus d'être animiste et pyromane. Ils ont failli se casser la binette dans l'escalier en le descendant en courant. Ils sont plus revenus par la suite, se rappela Harry.

Et avec du recul, elle avait dit la stricte vérité et il n'avait rien capté à ce sujet.

- J'imagine tellement mon père faire du porte-à-porte ! ricana Drago.

- Religion mis à part, comment ça se passe ? demanda Fred.

- Il les trompe, les ensorcelle, leur fait du chantage, répondit Sirius. Il a une longue pratique de la clandestinité. De toute façon, il ne cherche pas seulement à recruter des partisans. Il a également d'autres projets, des projets qu'il peut mettre en œuvre très discrètement et c'est là-dessus qu'il se concentre pour le moment.

- Qu'est-ce qu'il veut ? demanda aussitôt Harry.

Son parrain échangea un regard à peine perceptible avec Remus qui hocha tout doucement la tête, avant que Sirius réponde :

- Des choses qu'il ne peut obtenir que dans le plus grand secret.

- Des informations, des armes nouvelles ? devina Harry.

- Bon ça suffit !

La voix de Mrs Weasley s'éleva de l'obscurité, du côté de la porte. Harry n'avait pas remarqué qu'elle était revenue après avoir emmené Ginny et Ronald dans leur chambre. Les bras croisés, elle paraissait furieuse.

- Et maintenant, vous allez me faire le plaisir d'aller vous coucher. Tous ! ajouta-t-elle en regardant Fred, George, Drago, Harry et Hermione.

- Tu n'as plus le droit de nous commander…, protesta Fred.

- C'est ce qu'on va voir, gronda Mrs Weasley.

Elle se mit à trembler légèrement en regardant Sirius.

- Tu as déjà donné plein d'informations à Harry. Si tu continues, autant le faire entrer directement dans l'Ordre.

- Oh, je vous rassure, c'est pas mon intention, dit clairement le concerné. J'ai bien assez à faire comme ça pour construire des hôpitaux. Ils se feront pas tout seuls, et ils ne sortiront pas du néant, d'où le pourquoi je bosse autant. Sans compter que vous trouvez normal d'obéir à un homme qui ordonne à ce qu'on retire un enfant de sa mère. Personnellement, je trouve pas ça correct. Sauf si ça doit sauver la vie de mes proches et que c'est ma dernière option, je ne rejoindrais pas votre Ordre.

- Je crois que Molly a raison, Sirius. Nous en avons assez dit, déclara Remus avec un regard à son ami.

Sirius eut un vague haussement d'épaules mais ne chercha pas à discuter. Mrs Weasley adressa alors un signe de main impérieux à ses fils et aux invités. Un par un, ils se levèrent et Harry se tourna vers la femme.

- J'ai bien le droit d'avoir une discussion qui n'a aucun rapport avec tout ça, avec mon parrain et le meilleur professeur que j'ai jamais eu ?

- Beau-parleur ! ricana Remus. Je m'assurerai que Sirius ne dise rien de plus, tu as ma parole, Molly. N'est-ce pas Sirius ?

L'homme roula des yeux mais ne dit rien.