Bouh !
Alors, ce chapitre revient de loin. De très loin. Je me suis littéralement endormie après avoir fait les corrections, et s'il n'y avait pas eu l'orage et les chats, bah vous l'attendriez encore. Donc, nous y voici. Et je pense que vous l'avez attendu ce chapitre. Sans parler que j'ai la capacité d'attention d'une gamine qui se tourne vers le premier truc brillant… vous avez l'image, mais vous n'imaginez pas à quel point ce chapitre va vous plaire. J'ai qu'un mot : Ombrage.
Voilààààà !
Les reviews à présent :
Guest : You seems to be new around here, so please, learn thath every update are the first week-end of every month. And you post your review the 29… so…
Kasumikuna : At your service. But please, serve tour breath for this chapter.
Geliahs : C'est un plaisir de faire connaissance et te faire découvrir mon histoire.
Mizu Fullbuster : Je me suis amusée à imaginer cette scène de porte-à-porte. Et la relation entre les deux ado est un plaisir à écrire. J'ai bien peur que pour le coup, Neville se retrouve en second plan :'( Pour Ace, elle va rester sage. Après tout, elle paye quelqu'un pour le faire à sa place. Et Marco a de très bons arguments pour agir lui aussi.
portgasyuwine : Personne ne l'attendait, je t'assure. Et je suis certain que monsieur non plus ne s'y attendait. Et oui, on attendait rien de moins que Harry qui défende sa mère devant une banshee comme Mme Weasley.
Mimi76lh : Oui, on sait tous que Sirius ne reculerait devant rien pour sortir de cette affreuse baraque. Par contre, je pense que c'est le manque de réciprocité dans l'intérêt qu'il porte à Ace qui fait que la demande n'a pas encore eut lieu. Et no soucy, on secouera Thatch.
Pikarosee1994 : Ton message n'est pas passé.
Marukolaugier : Le massacre de Dumby viendra en temps et en heure. Rappel : Marco est dans le coin, et notre vieux pirate est un roublard.
Sur ce, je vous dis à plus !
.
Après un dernier regard lourd de sens à Tonks, Harry suivit son parrain et Remus dans les étages, jusqu'à une pièce plus ou moins propre. Le trio entra et le loup-garou jeta quelques sorts sur la porte, avant de faire apparaître de la lumière. Sirius se tourna vers son filleul en croisant les bras, laissant Remus s'appuyer contre un vieux fauteuil à moitié moisi.
- Bien, bas les masques Harry. Je pense pouvoir prétendre avoir appris à te connaître suffisamment pour me douter que tu pouvais aisément fausser compagnie au groupe venu te chercher, commença Sirius.
- Tu trouves normal qu'on ensorcelle les parents de Hermione pour leur faire oublier l'existence de leur propre fille ? demanda d'office Harry.
- Fol-Œil n'a tout de même pas fait ça ? s'étrangla le fugitif.
- C'est moi qui ai contacté Sainte Mangouste pour leur signaler la chose, lui dit Remus.
- Qu'est-ce que tu faisais là-bas ?
- J'étais parti la chercher avec l'Alpha, comme tous les après-midis, puisqu'elle travaille à mi-temps au bar d'Ace.
Sirius agita un doigt à l'adresse de son ami, réalisant qu'on l'avait laissé en dehors de beaucoup de choses.
- Je suis le secrétaire particulier d'Ace et oui, on te l'a caché. Ça t'apprendra à t'arrêter à la réputation des loups-garous à mon sujet, Sirius. Bien entendu, c'est quelque chose qui ne doit pas sortir d'ici, dit tranquillement Lunard.
- Donc, la troisième puissance qui éponge les possibles alliés de Voldemort…
- C'est Dumbledore qui remarque seulement maintenant que quelqu'un, dehors, donne une seconde chance à ceux que les sorciers traitent comme de la merde, sauf quand il est question de guerre, répondit Harry en se posant sur l'accoudoir d'un vieux fauteuil. C'est l'œuvre de maman, et ça ne date pas d'hier. Cracmol, vampire, loup-garou, démon, vélane... Elle ne fait aucune distinction. Elle leur donne une occasion de prouver ce qu'ils valent, de pouvoir retrouver un semblant de fierté.
- La méthode n'est pas reluisante, mais elle vaut bien plus que tous les beaux discours de Dumbledore, expliqua Remus. Elle n'est pas la meilleure des oratrices, mais elle donne envie de la suivre, sans parler qu'elle est plus du genre à agir que parler. Tu crois que j'ai accepté de bosser pour elle pour quoi ? Ses beaux yeux peut-être ?
- Et ça date de quand ? demanda Sirius.
- J'ai commencé deux semaines après en avoir fini avec mon contrat pour Dumbledore. J'étais sceptique, voire hostile, surtout pour ce qui est de Harry.
- J'ai fait mon choix comme un grand. Elle m'a mise à la croisée des chemins, j'ai fait le choix de m'embourber à sa suite, défendit l'adolescent. Si je l'avais écoutée, je serais devenu avocat ou médecin. Elle n'est responsable de rien, s'il y a un fautif, c'est moi et moi seul.
- Je pense qu'on sait tous les deux qu'être médecin n'empêche pas d'être un criminel, lui pointa Remus avec un sourire entendu.
- Je vois… soupira Sirius en se prenant le nez entre ses mains. Donc, cette impression que ta mère trempe dans des affaires louches…
- Epargne-moi les sermons, je sais très bien que personne ne voulait que je finisse comme ça, lui dit Harry. Je te demande pas de cautionner, ni même d'accepter, seulement de comprendre mes motivations. D'un côté, on a les gens bien éduqués, puissants et respectables qui foutent la merde et font le mal sans qu'on leur dise quoique ce soit. Derrière, on a des criminels, qui même si ce n'est pas avec la bonne méthode, font un peu de bien autour d'eux. C'est avec l'argent sale qu'on construit des hôpitaux. Maman m'a appris ça quand j'avais six ans, et elle me l'a montré d'elle-même.
- Et je suis une preuve que la méthode marche. Depuis cette horrible nuit d'Halloween, j'étais une épave qui survivait à contre-cœur. Non seulement cette femme m'a donné un but, mais elle m'a rendu ma fierté et le goût à la vie, renchérit Remus.
- J'aurais jamais cru un jour que le préfet Remus Lupin ferait l'éloge de la criminalité. Mais après, j'aurais jamais imaginé non plus que mon filleul en deviendrait un, soupira Sirius.
- J'ai des limites, je suis pas un complet connard, quand même, se défendit Harry.
- Je vais encaisser. Je te félicite pas pour le choix, mais je sais que je n'ai pas mon mot à dire. J'ai perdu ce droit il y a longtemps. Je ne peux qu'espérer que tu ne regretteras pas ce choix. Donc, à la base, si on revient au sujet, il était question de savoir pourquoi tu es ici.
- Pour récupérer Hermione, dit simplement le D. à son parrain. Elle a appelé maman au secours alors qu'on retournait tout Londres pour la trouver. Drago et moi, on a fait l'appât pour récupérer l'adresse du Fidelitas. Comme on ne peut pas modifier un sort pareil en deux secondes, ça laisse deux choix : l'évacuation ou rester immobile.
- Tu étais au courant ? se fit confirmer Sirius à son ami.
Remus hocha la tête.
- Si vous aviez évacué la cachette, Hermione aurait pu tenter une fuite, et à défaut, découvrir où elle était retenue dans les nouveaux locaux, continua Harry. Mais comme vous restez immobile, maman attend que tout le monde se tranquillise pour intervenir. Si elle décide de le faire discrètement ou pas, ça reste à voir.
- Donc, si je découvre demain matin que vous avez disparu tous les trois, je ne dois pas me dire que Kreattur vous a tué dans votre sommeil, c'est ça ? comprit Sirius.
- Sans parler que Remus pourra te confirmer que je suis bien rentré chez moi, je t'enverrai Yuki dès que je serais de retour au bercail.
- Je te fais confiance. C'est tout ?
- Il nous ferait pas mariner depuis mi-juillet pour si peu, Sirius, ne sous-estime pas ton filleul ! ricana Remus.
Un sourire malicieux et excité apparut sur les lèvres du D. alors qu'il se mettait presque à sautiller sur la pointe de ses pieds. S'il avait voulu qu'eux deux soient les premiers à voir sa transformation, ce n'était pas contre sa mère ou ses amis, mais simplement pour deux raisons : pour faire une fleur à ces deux hommes qui avaient perdu leur meilleur ami, presque frère, suite à une trahison, mais aussi pour leur montrer que malgré son caractère, ses choix et son éducation, il restait un peu du Harry Potter dans le Harry D. Portgas.
- Tonton a bluffé tout le monde en devinant, avant même que je commence, le résultat !
- Je ne vois pas de quoi tu parles, et toi Remus ?
- J'avoue être perplexe.
Pour toute réponse, l'adolescent se métamorphosa immédiatement en jeune loup qui tourna rapidement sur lui-même pour bien se montrer, avant de s'asseoir sur son train en bombant le torse, agitant joyeusement sa queue.
- Mais c'est génial ! T'as réussi Harry ! s'exclama Sirius, toute morosité disparue.
Et il se métamorphosa en chien pour jouer avec son filleul, clairement content du résultat.
Remus éclata de rire en secouant la tête.
- Tu veux que je te lègue mon titre de Lunard, c'est ça, Harry ? Dis-le si tu veux m'évincer, je me rends sans lutter !
Les deux animagus reprirent leur forme humaine, Sirius en tenant l'adolescent souriant sous le bras, fier comme un coq, comme si c'était lui qui venait de montrer un nouveau talent.
- Iie ! Je te le laisse le titre ! j'ai trop à faire pour jouer les blagueurs, les jumeaux le font très bien à ma place ! assura le D. toujours souriant.
- Et en quoi ton oncle a deviné avant même que tu ne commences à apprendre à devenir animagus ? se renseigna Sirius.
- Il s'est mis à m'appeler kabu l'année d'avant. Littéralement, louveteau.
- Ah exact, exact.
- Et tu n'as rien montré à personne, jusqu'à présent, non ? se rappela Remus.
- Si, à Drago, j'ai fait le chien renifleur avec lui pour essayer de trouver Hermione. Mais sans ça, j'aurais attendu de vous montrer le résultat avant même de faire la démonstration à maman.
- Je suis touché, Harry. Très touché que tu aies voulu nous montrer ça à tous les deux en avant-première, sourit Sirius avec émotion. James et Lily auraient été très fiers de toi, et je pense que ta mère le sera tout autant.
- Elle m'a engueulé, grimaça Harry.
- Ace n'a pas vu la transformation, mais elle a deviné grâce à son mystérieux sixième sens, même si elle a gardé la forme sous silence, explicita Remus devant l'air perplexe de son ami.
- Elle m'a dit que pour elle, j'aurai pu faire l'effort de prendre une apparence féline, parce que pour le coup, mon surnom de chaton, ça correspond pas. Elle m'a traité de chaton ingrat quand je lui ai dit que ça serait bien un jour qu'elle arrête de m'appeler comme ça, parce que j'ai plus dix ans, c'est bon.
- Ce devait être très amusant à voir ! rit Sirius.
On frappa énergiquement à la porte, coupant leur instant de partage. Remus fit sauter les sorts et ouvrit la porte sur une Molly furieuse.
- Il est temps que Harry aille se coucher. Vous l'avez assez fait veiller comme ça, gronda-t-elle.
- Et dire qu'on passait un bon moment avec le chaton à sa maman ! ricana Sirius en ébouriffant les cheveux du brun.
- T'y mets pas ! rouspéta Harry. J'ai déjà du mal à la convaincre de changer de surnom, si en plus, t'en rajoutes !
Il repoussa son parrain et essaya de mettre en vain de l'ordre dans sa tignasse noir.
- Harry vient de nous annoncer une bonne nouvelle dont il nous réservait l'avant-première, d'où le comportement de gamin de Sirius, expliqua Remus. Je vais l'envoyer au lit.
- Allez, bonne nuit, Harry. Et t'en fait pas pour ce que tu m'as dit, salua Sirius.
Il serra dans ses bras l'adolescent qui lui rendit l'étreinte avec un sourire légèrement triste. Ils se séparèrent et Remus escorta le gamin jusqu'à sa chambre à l'étage en dessous.
- Tu n'as pas eu le temps de nous dire pourquoi tu as brisé la règle du sixième sens, pointa Remus à voix basse pendant qu'ils marchaient.
Harry se retourna dans l'escalier pour s'assurer qu'ils étaient seuls et sortit la boule qu'était sa chemise.
- En montant les marches, j'ai failli vomir à cause du Haki, expliqua à voix basse l'adolescent. Comme la première fois que j'ai perçu l'aura de Voldemort. J'ai traqué avec Drago la source du problème, et on est tombé sur un médaillon dans une pièce du premier étage. Un médaillon avec la même aura dénaturé et immonde de Voldemort. Je m'excuserai auprès de Sirius pour ça, mais je préfère que ça parte chez les Flamel. C'est le troisième objet dans ce genre qu'on a trouvé, et de ce que maman a appris de l'alchimiste, ça empêche Voldemort de mourir.
Remus prit la boule de tissus entre ses mains en fronçant les sourcils.
- Tu me dis pas ça pour justifier le vol d'un bien des Black qui t'a juste tapé dans l'œil ? Parce que si c'est le cas, demande à Sirius et il te le donne, il passe son temps à tout jeter.
- Je suis on ne peut plus sérieux, Remus. Et si j'ai le temps, je m'excuserai auprès de Sirius. Mais je veux pas que ça nous file entre les mains.
Le loup-garou hésita, puis hocha la tête.
- Je donnerai ça à ta mère.
- Merci. Bonne nuit et à demain.
- A demain. Le tout est de savoir si ça sera ici ou au travail pour moi.
Harry descendit les marches, avant de se faire rappeler par son ancien professeur :
- Ça protège sa meute, c'est libre, c'est fier, c'est élégant… veille à remplir chaque condition pour être un vrai loup, beau-parleur.
Le jeune éclata de rire en se voyant citer les paroles qu'il avait eu pour le patronus de l'homme et disparu dans l'obscurité. Il arriva au niveau de sa chambre et se glissa à l'intérieur. Drago eut un air soulagé en le voyant arriver.
- Comment tu fais pour ne pas vouloir tuer cet imbécile ? demanda le blond assis sur un lit qui avait été rajouté dans la pièce.
- Simple. J'ai appris à l'ignorer. Neville a plus de patience pour son cas que moi.
- C'est injuste qu'on réponde à vos questions alors que vous n'êtes même pas intéressés par l'Ordre, grommela Ronald.
- Et on n'a pas eu le temps de demander au final pourquoi on en était là. Ce qui n'a, de toute façon, pas grande importance puisque d'ici demain, on sera parti. Sur ce, bonne nuit, marmonna Harry.
Il se glissa sous les couvertures glacées et humides de son lit, n'ayant de toute façon rien pour se changer et ne pouvant pas se permettre de se déshabiller quand sa mère pouvait débarquer n'importe quand. Et Drago semblait être venu à la même conclusion aussi. Dans l'obscurité, ils virent Ronald se lever pour mettre le verrou sur la porte de la chambre, marmonnant quelque chose au sujet de « Kreattur » pour aller ensuite se coucher.
Le D. profita du silence pour se reconcentrer sur son Haki, retrouvant vite les sensations qu'il parvenait à saisir de part son faible niveau. Il arrivait à sentir Ronald et Drago dans la même pièce, tout comme les jumeaux à l'étage au-dessus et les filles en-dessous. Mais outre cela, restait la maison, tel un être conscient, qui, bizarrement, était un peu moins hostile qu'à leur arrivée. Peut-être parce que le sympathique tableau de la mère de Sirius avait été à la source d'une bonne partie de la haine.
Des bruits de pas montaient dans l'escalier.
Mrs Weasley, pas très surprenant.
Quelques secondes plus tard, il entendit le parquet grincer derrière la porte. De toute évidence, Mrs Weasley écoutait pour s'assurer qu'ils n'étaient pas en train de parler. Chudley, la chouette de Ronald, hulula tristement dans le noir, alors que le parquet craquait à nouveau. Mrs Weasley se dirigea vers l'escalier, sans doute pour aller vérifier ce que faisaient Fred et George.
- Elle ne nous fait pas du tout confiance, dit Ronald sur un ton de regret.
- Avec raison, quand on voit comment tu te comportes, marmonna Drago dans le noir.
- J'aurais bien voulu qu'elle ouvre la porte, pointa Harry en se tournant sur le ventre, les mains sous son coussin où il glissa son couteau pour l'avoir à porter.
- Pourquoi ? s'étonna le roux en se redressant dans son lit.
- Pour pouvoir lui dire que je préfère mille fois une mère qui me donne un couteau en m'apprenant à me défendre, plutôt que quelqu'un qui considère que l'usage des philtres d'amour relève d'une simple blague.
- Qu'est-ce que tu marmonnes comme connerie, Portgas ?
- Rendors-toi Weasley et fait marcher ta cervelle tout seul, pour une fois, lui répondit Drago.
Harry savait qu'il ne parviendrait pas à s'endormir. La soirée avait été si riche en événements qu'il passerait sûrement des heures à retourner dans sa tête tout ce qu'il venait de voir et d'entendre. Il aurait bien voulu continuer à parler avec Drago, mais Mrs Weasley redescendait l'escalier et lorsqu'elle se fut éloignée, il entendit distinctement d'autres pas monter les marches… En fait, toutes sortes de créatures à pattes trottinaient derrière la porte. La maison semblait vraiment vivante.
Et un instant plus tard, il se retrouva pelotonné en boule sous la tiédeur des couvertures tandis qu'il percevait une chaleur étrangement rassurante se pencher sur lui. Une main longue et agréablement tiède passa dans ses cheveux, et il arrangea sa position pour profiter un maximum de la sensation. Un discret rire masculin acheva de le réveiller. Difficilement, le D. ouvrit les yeux pour voir un homme assis au bord de son lit, éclairé par la lueur froide de flammes bleutées.
Marco.
C'était lui qui lui avait passé la main dans les cheveux et contre lui qu'il avait cherché à se blottir.
- Su-su-sumimasen, bégaya Harry en se redressant d'un bond.
- /De quoi tu t'excuses ? C'est pas tous les jours qu'on voit un louveteau se comporter comme un chaton, yoi,/ lui dit l'homme avec un sourire malicieux. /Chausse-toi, on s'en va./
- Kaachan wa ?
- /Elle réveille Hermione./
Harry s'assit au bord de son lit alors que Marco lui ébouriffait une dernière fois les cheveux avant d'aller réveiller Drago qui eut plus de mal à émerger que son comparse. Le jeune Portgas s'étira voluptueusement en baillant, avant de reprendre son couteau pour le remettre à sa ceinture et de récupérer ses espadrilles au pied de son lit. Le blond finit par émerger et en grommelant, il se chaussa à son tour.
- Il est quelle heure ? demanda Harry en se levant.
Il se frotta les yeux en suivant l'homme hors de la chambre.
- Approximativement trois heures du matin, yoi, dit tout bas le médecin.
Il attendit que les jeunes sortent de la pièce pour refermer délicatement la porte, avant de descendre les marches jusqu'au rez-de-chaussée. Là, Hermione les attendait, luttant contre le sommeil assise sur sa valise.
- Koibito ? appela doucement Marco en cherchant sa compagne dans l'obscurité.
- Koko desu, répondit la femme en revenant de la direction de la cuisine. J'ai laissé une lettre d'amour à Dumbledore.
- Dans le genre cocktail molotov ?
- Moins explosif mais tout aussi clair.
Marco eut un reniflement et ouvrit la porte.
- Comment les gens peuvent-ils être aussi éveillés à trois heures du matin, grommela Drago en baillant.
- L'habitude des tours de garde, lui répondit Ace.
Hermione se leva et attrapa dans ses bras Pattenrond que la D. portait jusqu'à présent. Marco se saisit de la valise pour la hisser adroitement sur son épaule et sortit dans la rue, suivi par Drago et Hermione.
- Dis au revoir à ton parrain, souffla Ace à son fils.
Harry se retourna pour voir un Sirius à moitié endormi descendre les marches, l'air étrangement triste.
- On se revoit vite, Patmol, lui dit Harry avec un geste de la main.
Sirius eut un sourire et lui rendit le geste, regardant son filleul disparaître dans la rue alors qu'il rejoignait le hall. Il empêcha la fermeture de la porte au dernier moment pour dire deux mots à Ace :
- Je suis pas d'accord avec ce qu'il est devenu, même si je sais que j'ai pas mon mot à dire. Assure-toi qu'il ne meurt pas stupidement, au minimum.
Ace soupira et arrangea son emblématique chapeau orange.
- Je voulais pas de ça pour Harry non plus, et je réalise que j'ai foiré sur toute la ligne, au final. Je peux peut-être pas rectifier le tir, mais je peux au minimum lui faire part de mon expérience pour qu'il ne se fasse pas avoir stupidement.
- Si je peux aider, n'hésite pas. Harry est ma priorité.
La femme se laissa aller contre le montant de la porte, s'y accrochant de la main qui portait la bague de fiançailles que Marco avait depuis bien longtemps remise à son doigt. Vu que Sirius la regardait dans les yeux, il ne remarqua pas l'objet.
- Il aurait fallu que tu réalises ça avant, Black. Je suis bien placée pour savoir que bien souvent, il est trop tard pour faire machine arrière. Mais je garderai ça à l'esprit, même si aujourd'hui, j'ai tout le soutien que je pouvais espérer.
Elle regarda son homme qui avait posé la valise dans la rue pour appuyer un pied dessus et qui discutait avec les jeunes en attendant que la pirate les rejoigne.
La D. regarda de nouveau Sirius et lui sourit.
- Merci d'avoir pris notre défense contre Dumbledore et ses idées cruelles. Passe au bar un de ces jours, je t'offrirais un verre. Bonne nuit.
Et elle s'en alla en humant doucement, sa tresse de balançant paresseusement dans son dos, alors qu'elle nouait sa chemise au-dessus de son nombril. Sirius la regarda un instant, avant de refermer la porte, loupant le baiser passionné que la belle échangea avec son homme. L'instant suivant, Marco s'embrasa et s'éleva dans le ciel avec la valise de Hermione, laissant sa compagne conduire les jeunes jusqu'à la voiture dans laquelle Thatch attendait à proximité.
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Vu ce qu'il s'était passé, il était normal que les jeunes dorment un peu plus tard. Hermione avait passé le reste de sa nuit chez les Portgas. Marco avait dormi avec Thatch, laissant les filles ensemble sans poser de question ou quoique ce soit.
- /L'appel du ventre !/ se moqua Izou en voyant son neveu entrer dans le salon.
- /'jour tonton./
- /Et moi je pue ?/ demanda Ace de là où elle lisait le journal sur le canapé.
- Ohayo kaachan.
En traînant les pieds, il alla l'embrasser sur la joue.
- /Marco dort encore ?/
- /Nooon, il est levé depuis très longtemps. Il est caché sur le toit pour s'assurer qu'aucun idiot de l'Ordre ne revienne fouiner par ici./
- /Tonton Thatch ?/
- /Il vient d'arriver à l'école,/ répondit Haruta. /Il est parti vers neuf heure./
- /Ah… dommage./
- /Il a bien saisi ton message qu'il devait parler à Tonks, par contre. Tu veux bien nous expliquer pourquoi ?/
Harry hésita. Si Remus n'avait rien dit, c'était pour une bonne raison. Pouvait-il, lui, se permettre de tout déballer ?
- Koneko-chan ?
Le garçon se détourna du tableau pour regarder sa mère qui avait levé le nez vers lui.
- /Tonks est enceinte,/ devina-t-elle.
La grimace de l'adolescent donna la confirmation.
- /Heureusement que Cassandra n'est pas là, elle aurait fait la morale à cet idiot sur les protections. Elle passe son temps à ça avec lui,/ soupira Izou.
- /Et pas Marco ?/
- /Il a renoncé, il sait qu'il parle dans le vent avec ton oncle, il se contentait de lui en mettre dans les poches quand il pouvait. C'est pas comme si on pouvait en utiliser nous-même, de toute façon,/lui dit Ace.
- /J'hésite à demander pourquoi ou me plaindre sur les détails que je suis en train d'apprendre alors que je peux très bien vivre sans savoir ce que fabrique ma mère avec son fiancé./
- /Tu peux aussi faire preuve de logique et te rappeler que je suis le feu. Tu fais donc l'addition tout seul comme un grand,/ lui répliqua sa mère en retournant à son journal.
Harry cligna des yeux et se facepalma.
Oui, vu les températures que sa mère pouvait atteindre, il était fort probable que les protections devaient finir en tas de plastique fondu. Il pouvait comprendre qu'on ne veuille pas se retrouver avec ça sur les parties intimes. Décidant de se laver le crâne de ce sujet, le jeune se dirigea vers la cuisine pour aller se chercher de quoi déjeuner.
- /Tu vas où comme ça ?/ lui demanda sa mère.
- Prendre mon petit déjeuner. Bonjour Dobby.
- Monsieur Harry ne va pas déjeuner à cette heure-ci ! lui dit l'elfe de là où il était attelé aux fourneaux.
Le petit bonhomme en kimono se tourna vers le D. avec un regard noir et une cuillère en bois dans les mains.
- Si monsieur Harry voulait un petit-déjeuner, il fallait se lever plus tôt ! Oust !
Préférant ne pas encourir la colère de l'elfe, Harry sortit. La porte de ferma dans un claquement dans son dos.
- /Il est quelle heure ?/ demanda le garçon.
- /Onze heures passées. Je pense que ce claquement de porte a eu raison des deux derniers dormeurs,/ lui dit Haruta.
Donc, Hermione et Drago devaient se réveiller.
Harry regarda sa mère qui s'était levée pour s'allonger sur le balcon pour lire le journal en profitant du beau temps, avec juste son haut de bikini et son micro-short, laissant le soleil bien faire ressortir le mauve de son tatouage depuis longtemps refait par les soins de Thatch.
- /Tu veux un coussin ?/ proposa le bon fils qu'il était.
La femme releva le nez pour considérer l'option.
- /Oui, pourquoi pas./
Elle leva une main pour recevoir un coussin, croyant que son fils allait lui en lancer un, avant de rire devant le loup qui apparut sur son canapé. Avec délicatesse, Harry ramassa l'un des coussins entre ses crocs et sauta du fauteuil pour trottiner jusqu'à sa mère pour le lui offrir. Il s'assit ensuite fièrement sur ses pattes arrière en agitant la queue.
- Kimi wa okami desu, inu janai (1) ! lui rappela la femme en lui frottant la fourrure entre les deux oreilles.
Elle se redressa juste assez pour l'embrasser sur le sommet du crâne.
- /Et tu es un très beau loup, mon grand garçon./
Elle éclata de rire quand son fils lui lécha joyeusement le visage.
- /Tu viens lire le journal avec moi ? Regardons ce qu'il se passe dans le reste de l'Europe./
Harry sauta par-dessus sa mère et s'allongea tout contre elle, le museau sur ses pattes, la regardant arranger le coussin sous elle pour être plus confortable. Elle posa un bras sur son fils pour lui caresser doucement le crâne pendant la lecture, ignorant intentionnellement les bruits suspects venant du tableau d'Izou et Haruta qui gagatisaient devant la scène.
Bientôt, des pas dans l'escalier indiquèrent que le reste de l'appartement était réveillé. Drago et Hermione arrivèrent dans le salon.
- Bonjour les jeunes~ salua Ace avec un sourire qui disait qu'elle savait tout.
Si Hermione prit la couleur d'une tomate bien mûre, Drago se contenta de regarder autour de lui, cherchant les absents.
- Marco est de surveillance sur le toit, Thatch est à Poudlard, Dobby fait à manger et les deux Portgas rôtissent au soleil, lui dit Haruta.
- Bonjour tout le monde, marmonna vaguement le blond.
Il alla toquer à la cuisine pour savoir s'il avait le temps d'enfiler une tenue plus correcte que son pyjama avant de passer à table, laissant Hermione aller à la rencontre des deux D. sur le balcon, saluant au passage Pattenrond qui vint la voir en ronronnant. Forcément, on pouvait attendre de la lionne qu'elle se fige en voyant le loup sous le bras de la femme.
- Je me trompe pas en disant qu'aucun chien n'a été adopté dans la nuit et qu'il s'agit juste de Harry qui a complété sa transformation animagus ? se fit confirmer Hermione.
Le loup releva la tête en grognant doucement de colère. Il n'était pas un vulgaire chien ! Il était un élégant loup gris ! Non mais ! Harry se redressa juste assez pour jeter un regard noir à Drago qui remontait à l'étage en riant.
- C'est un loup gris, demoiselle et tu as vexé mon chaton, dit avec amusement Ace.
Elle ignora totalement le regard noir que lui adressa son fils. De toute façon, Marco venait de sauter du toit avec une lettre en main, pour atterrir avec précision sur la rambarde du balcon.
- Bonjour les jeunes. Hermione, tes parents sont sortis de Sainte Mangouste. Et ils vont bien, yoi. Ils ont hâte de te retrouver.
L'adolescente eut un soupir de soulagement.
- Je vais mettre une équipe magique en surveillance, que ça ne se reproduise pas. Sauf si tu préfères le Fidelitas, annonça Hiken à l'adresse de la demoiselle.
Ace esquissa un sourire quand son homme s'accroupit auprès de Harry pour lui faire renifler sa main avant de lui ébouriffer la fourrure, pour la plus grande joie du garnement.
- Vu le type de quartier, je ne pense pas qu'un Fidelitas sera discret, grimaça Hermione. Les gens se poseront des questions très vite.
- Alors, ça sera une équipe de surveillance, la question est réglée.
- Tu as du courrier, yoi, indiqua Marco à sa compagne.
La D. récupéra l'épaisse enveloppe et la décacheta pour la lire.
- Ce sont les jumeaux. Ils me font part de leur liste de produits pour l'instant à disposition, répondit la femme en se levant.
- C'est intéressant ? demanda Harry en reprenant forme humaine, la main de Marco toujours sur son crâne alors qu'il se mettait en tailleur.
- Je suis bien contente qu'ils prennent l'initiative de m'en parler, parce que je leur ai appris une leçon très importante.
Et la pirate s'assit sur la rambarde du balcon.
- Laquelle ?
- Ce n'est pas parce que pour nous, quelque chose est un jeu, que ça l'est pour autant.
- C'était à quel sujet ? demanda Hermione.
- Philtre d'amour, yoi, répondit Marco. Qu'il n'y ait aucune loi contre le brassage de cette potion invite tout le monde à acheter un produit encore plus dangereux que la drogue du violeur. Je ne serais pas surpris qu'on puisse trouver une forme d'esclavage qui repose sur ce produit, si on creuse un peu.
- J'ai foutu le feu à une maison close de l'Allée des Embrumes qui prostituait des personnes sous l'emprise de cette substance, lui dit Ace pour lui donner raison. Quand ça devient personnel, la leçon est très vite comprise. Il a suffi que je leur demande d'imaginer ce qu'il se passerait si c'était à leur sœur qu'on faisait ingérer ça, pour qu'ils me renvoient un message en me remerciant de l'avertissement et annonçait le retrait du produit.
- C'est dingue comment une chose pareille peut être banalisée, déclara Hermione d'un air dégoûté.
- Je suis assez vieux et rodé pour m'attendre à toutes les horreurs de la part des humanoïdes, yoi, lui dit Marco en quittant le balcon pour rejoindre la cuisine afin de prendre un café.
- Humanoïde ? répéta Hermione.
- Ce n'est pas parce que ça ressemble à un humain que c'est humain pour autant, dirent en cœur les pirates.
Même Harry semblait connaître le refrain.
Hermione resta silencieuse un instant, réfléchissant à l'implication et dû admettre la logique.
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Dans l'opinion de Marco, les téléphones portables étaient presque aussi chiants que les denden mushi. Presque, parce que d'une, on n'avait pas besoin de s'occuper d'eux pour qu'ils ne tombent pas malade et de deux, on pouvait les mettre en silencieux. Sauf que voilà, un criminel, sauf en mission, ne peut pas se permettre de mettre son téléphone en silencieux ou vibreur.
Si au moins, on pouvait faire l'effort de ne pas appeler pendant qu'il faisait l'amour à sa future femme, ça serait juste appréciable.
Les bras croisés sur son visage pour masquer son agacement, il sentit sa compagne se pencher sur lui pour atteindre l'ennemi de sa libido, avant qu'elle se redresse… toujours assise sur les hanches du Phénix.
- Hai, Portgas desu.
Marco arrangea sa tête pour regarder la femme de sa vie, lui caressant du pouce une de ses hanches, écoutant le murmure d'une voix féminine à l'autre bout du fil. Il vit sa compagne froncer les sourcils en regardant le réveil.
Il redressa la tête pour y jeter un œil lui aussi.
Six heures et demie. Ah… ce n'était pas la première fois qu'ils faisaient nuit blanche juste pour le plaisir de s'envoyer en l'air.
- Merci, Tonks, à tout à l'heure.
Et Ace raccrocha.
Elle se pencha vers l'avant pour embrasser son homme.
- /Ils ont avancé l'heure de l'audience de Harry. Je dois avertir Lupercawl./
- /J'enfile quelque chose et je réveille les jeunes,/ répondit le blond.
Le couple échangea un dernier baiser avant de se séparer.
Le con qui essayerait d'envoyer son fils en prison avait tout intérêt à se trouver un bunker secret à l'autre bout du monde. D'une part, pour avoir tenté de faire du mal au garçon qu'il considérait naturellement comme son enfant… et d'autre part, pour avoir forcé Ace à se barrer au milieu de leur tête à tête.
Un peu plus d'une heure après, Ace était dans la rue avec Drago et Harry qui n'étaient clairement pas très bien réveillés. Bientôt, Will gara la voiture devant le trottoir à proximité, permettant au trio d'y entrer.
- Tu ressembles à l'homme invisible, tellement tu as mis de crème solaire sur ton visage, pointa Harry à l'arrière avec Drago.
- Bonjour à toi aussi, gamin, lui répondit le vampire. Bon, on vise quoi exactement, patronne ?
- Sauver Harry d'une possible condamnation à Azkaban. Avec une expulsion de Poudlard, rien ne nous empêchera de partir à l'étranger, dit Ace en refermant sa portière. Et une baguette, c'est remplaçable.
Ils se mirent ainsi en route dans l'aube grise.
- Harry a mis en péril le statut du secret, ça risque de poser problème même à l'étranger, intervint Drago en se penchant entre les deux sièges.
- Les nations africaines et latino-amériaines sont moins à cheval sur ce genre de choses. Les moldus s'adressent encore à des chamans ; guérisseurs : mages ; voyants et autres sorciers pour régler leurs soucis. Une chose pareille tu le trouveras pas par ici ou dans les nations dîtes "évoluées" du nord.
- Ou alors, je peux jouer les cow-boys et m'adresser aux dernières tribus amérindiennes, proposa Harry.
- Après ce qu'ils ont vécu de la part des colons, je pense pas qu'ils soient d'accord, lui rappela sa mère en le regardant par le rétroviseur.
Malgré le trafic matinal, ils arrivèrent assez tôt dans une rue où s'alignaient des bureaux d'aspect plutôt miteux, un pub et une benne à ordures qui débordait de toutes parts. Will gara la voiture dans la place dédiée à cet usage, laissant une carte devant le pare-brise pour ne pas se voir infliger d'amende pour le stationnement, pendant que les trois autres quittaient la voiture. Drago regarda autour de lui avec le nez retroussé, clairement déçu de voir que le ministère de la Magie ne s'était pas installé dans un quartier plus prestigieux
- Honneur aux dames, annonça Will en ouvrant la porte d'une vieille cabine téléphonique rouge aux vitres cassées, plantée devant un mur surchargé de graffiti.
Avec un doigt d'honneur en remerciement pour la galanterie, Ace entra dans la cabine, se collant au fond pour permettre aux adolescents d'entrer à leur tour, suivi de Will. Pour le coup, ils étaient serrés comme des sardines. Harry se retrouva coincé contre l'appareil téléphonique qui pendait de travers, comme si un vandale avait essayé de l'arracher. Sa mère le décrocha, le tenant en main tout en composant le code, marmonnant à voix basse le numéro en japonais. Avec curiosité, Drago regarda les chiffres rapidement composés : Six ; deux ; quatre ; quatre et deux.
Lorsque le cadran se remit en place dans un chuintement, une voix féminine, froide et distante, s'éleva dans la cabine. Elle ne venait pas du combiné que tenait à la main la D., mais résonnait aussi clairement que si une femme invisible s'était trouvée à côté d'eux.
- Bienvenue au ministère de la Magie. Veuillez indiquer votre nom et l'objet de votre visite.
- Ombrage William, Malefoy Drago, Portgas D. Harry et Portgas D. Ace. Nous venons pour une audience disciplinaire, énuméra Ace.
- Merci, dit la voix féminine toujours aussi réfrigérante. Les visiteurs sont priés de prendre les badges et de les attacher bien en vue sur leur robe.
Il y eut un déclic, suivi d'un grincement, et Harry vit plusieurs choses tomber dans le réceptacle de métal destiné à rendre les pièces inutilisées. Il ramassa l'un des objets : c'était un badge carré, en argent, qui portait la mention : « William Ombrage, audience disciplinaire ».
- Ton badge, Will, annonça le D. en tendant l'objet à son destinataire.
Le vampire le prit et l'accrocha sur le devant de son manteau sombre, bientôt imité par Ace sur le sien. Les garçons mirent les leurs sur leur veston sans manche, qu'ils avaient enfilé pour l'occasion, tandis que la voix féminine s'élevait à nouveau :
- Les visiteurs sont priés de se soumettre à une fouille et de présenter leur baguette magique pour enregistrement au comptoir de la sécurité situé au fond de l'atrium.
Pour toute réponse, Ace adressa son second doigt d'honneur de la matinée au cadran de téléphone, avant de raccrocher.
Le plancher de la cabine téléphonique se mit alors à vibrer, annonçant la descente sous terre. Le trottoir passa devant les vitres de la cabine et l'obscurité se referma au-dessus de leur tête. Impossible de voir quoique ce soit, outre le grondement sourd pendant que la cabine s'enfonçait dans les profondeurs de la terre. Au bout d'environ une minute, un rayon de lumière dorée tomba sur leurs pieds et s'élargit jusqu'à éclairer toute la cabine, les aveuglant presque à moitié.
- Le ministère de la Magie vous souhaite une bonne journée, dit la voix.
- Et moi je suis un putain de poisson ! gronda la femme.
Pourquoi sa mère semblait d'une humeur si exécrable aujourd'hui ? Elle avait ses règles ?
La porte s'ouvrit à la volée et le groupe quitta la cabine pour poser le pied sur l'extrémité gigantesque et somptueuse du hall. Will manqua de tomber sur le parquet de bois foncé tellement il était ciré à la perfection. Ace jeta des regards méfiants autour d'elle, s'assurant que rien ne pourrait tomber du plafond, avant d'encadrer les enfants avec le vampire, les masquant de la vue des nombreuses cheminées aux mentaux dorées qu'on avait installées le long des murs. Régulièrement, une sorcière ou un sorcier émergeait dans un bruissement discret d'une des cheminées situées sur la gauche. À droite, de courtes files se formaient devant chaque feu de bois, dans l'attente d'un départ.
Ils contournèrent l'énorme fontaine aux statues d'or plus grandes que nature qui occupaient le centre d'un bassin circulaire.
- Putain d'hypocrites orgueilleux, cracha Will.
- Range les crocs ou ils vont appeler les aurors, siffla Draco.
Finalement, ce n'était peut-être pas qu'Ace qui était de mauvaise humeur ce matin.
Ils se mêlèrent à la foule, se frayant un chemin parmi les employés du ministère dont certains portaient des piles de parchemins en équilibre précaire ou des attachés cases cabossés tandis que d'autres traversaient le hall en lisant La Gazette du sorcier. Lorsqu'il passa devant la fontaine, Harry vit des Noises et des Mornilles briller au fond du bassin. À côté, un petit écriteau noirci précisait :
LES SOMMES RÉCOLTÉES DANS LA FONTAINE DE LA FRATERNITÉ MAGIQUE SERONT INTÉGRALEMENT VERSÉES À L'HÔPITAL STE MANGOUSTE.
- Le coffre entier des Potter qu'ils se mettent plein les poches au passage, paria Harry.
- Bien évidemment, lui dit Drago comme si c'était couru d'avance.
Ils quittèrent le flot des employés qui se dirigeaient vers les portes d'or. À gauche, sous une pancarte qui indiquait « Sécurité », un sorcier mal rasé vêtu d'une robe bleue comme des plumes de paon était assis derrière un bureau. En les voyant approcher, il leva les yeux et posa La Gazette du sorcier qu'il était en train de lire.
- Vous avez toujours pas de baguette, Miss Portgas ? s'enquit le sorcier d'une voix lasse.
- J'accompagne mon fils et son ami, dit Ace en désignant les adolescents d'un geste. Will n'a pas sa baguette.
- Approchez-vous, répondit le sorcier d'une voix lasse.
Drago et Harry échangèrent un regard et le blond passa en premier en brandissant sa baguette magique, poignée tendue vers l'avant, laissant le sorcier passait sur lui une longue tige dorée, mince et souple comme l'antenne radio d'une voiture, sur le corps, de haut en bas, d'avant en arrière. Il prit ensuite la baguette et la posa sur un étrange instrument de cuivre en forme de balance à un seul plateau. L'appareil se mit à vibrer et une étroite bande de parchemin sortit d'une fente aménagée à sa base, annonçant la composition de la baguette en question et sa date de mise en service.
- Je garde ceci, dit le sorcier qui empala le morceau de parchemin sur une petite pointe de cuivre. Je vous rends ça, ajouta-t-il en tendant à Drago sa baguette magique. Vous là, je veux vérifier que vous n'avez pas de baguette.
Will roula des yeux et s'avança, passant la fouille sans rien dire, avant que ça ne soit le tour de Harry qui regarda avec méfiance sa baguette sur le plateau de cuivre. Il fut bien content quand on la lui rendit et ils allaient s'en aller quand…
- Attendez un peu… reprit le sorcier d'une voix lente.
Il examina le badge argenté que Harry avait épinglé sur sa poitrine, mais Will prit l'épaule du jeune et l'entraîna à la suite des deux autres vers le flot des sorcières et des sorciers qui franchissaient les portes d'or dans un hall plus petit où s'alignaient une vingtaine d'ascenseurs derrière les grilles d'or ouvragé.
Tonks attendait à proximité de l'un d'eux et ils allèrent donc dans sa direction. L'auror les salua d'une voix sans vie mais jeta néanmoins un regard méfiant au vampire.
- Je suis domestiqué, assura la créature dangereuse. Les moldus ont fait l'invention du siècle avec les plaquettes de sang réfrigérées. C'est pas très bon, mais ça rempli.
- Je me porte garante de la sangsue, et on avait averti Bones, je le rappelle, assura Ace. Je vais pas non plus te faire la morale, même si je recommande fissa une conversation avec mon stupide frangin.
- Par ici, leur demanda Tonks en les faisant entrer dans un ascenseur qui s'était arrêté à proximité dans un bruit de ferraille.
La grille dorée coulissa et tout le monde entra dans la cabine, condamnant le groupe à être poussé tout au fond, coincé contre la cloison. Drago passa un doigt dans son col pour y faire entrer un peu d'air alors que la température commençait à grimper avec l'agacement croissant de la pirate.
- Kaachan, calme-toi, siffla Harry à sa mère.
Celle-ci jeta un regard à son fils et se força à respirer pour ne pas perdre son calme. La grille se referma avec bruit et l'ascenseur monta lentement dans un cliquetis de chaînes. La même voix féminine de la cabine téléphonique s'éleva à nouveau :
- Niveau sept, Département des jeux et sports magiques, Siège des ligues britanniques et irlandaises de Quidditch, Club officiel de Bavboules, Bureau des Brevets saugrenus.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Harry aperçut un couloir d'une propreté douteuse avec des affiches représentant différentes équipes de Quidditch collées de travers sur les murs. L'un des sorciers, les bras chargés de balais, se faufila avec difficulté hors de la cabine et disparut dans le couloir. Les portes se refermèrent, l'ascenseur repartit en tremblotant et la voix féminine annonça :
- Niveau six, Département des transports magiques, Régie autonome des transports par cheminée, Service de régulation des balais, Office des Portoloins, Centre d'essai de transplanage.
Les portes s'ouvrirent une nouvelle fois et quatre ou cinq sorcières sortirent en compagnie d'un sorcier. En même temps, plusieurs avions en papier s'engouffrèrent dans la cabine. Harry les regarda voleter paresseusement au-dessus de sa tête. Ils portaient les mots « ministère de la Magie » inscrits sur leurs ailes.
- Père m'a dit, la première fois que je suis venu ici, que ce sont des notes de services qui vont d'un bureau à l'autre, chuchota Drago à l'adresse de son ami curieux.
Harry le remercia de l'explication d'un hochement de tête.
Tandis qu'ils poursuivaient leur ascension dans un cliquetis métallique, les notes de service tournoyèrent en battant des ailes autour de la lampe qui se balançait au plafond de la cabine.
- Niveau cinq, Département de la coopération magique internationale, Organisation internationale du commerce magique, Bureau international des lois magiques, Confédération internationale des sorciers, section britannique.
Lorsque les portes s'ouvrirent, deux notes de service s'envolèrent de l'ascenseur d'où sortirent également quelques sorcières et sorciers mais d'autres avions en papier s'engouffrèrent en si grand nombre que la lumière de la lampe s'obscurcissait par instants, masquée par leur vol incessant.
- Niveau quatre, Département de contrôle et de régulation des créatures magiques, sections des animaux, êtres et esprits, Bureau de liaison des gobelins, Agence de conseil contre les nuisibles.
- Nous devons faire un arrêt ici avant de descendre au tribunal, annonça Tonks.
Ils sortirent de la cabine, suivis d'un essaim de notes de service. Les portes se refermèrent avec un bruit métallique dans leur dos. Ils marchèrent le long d'un couloir, avant d'arriver à un bureau où l'auror toqua avant d'entrer.
- Avec moi, monsieur.
Sans hésitation, le vampire suivi la femme dans le bureau qui se referma sur eux, laissant le trio dehors.
- On a rendez-vous avec les autres cet après-midi, c'est ça ? se fit confirmer Drago pour briser la tension et le silence.
- Hm. Dis m'man, j'y pense maintenant, mais Skeeter, elle est devenue quoi ? marmonna Harry.
- Je l'ai mise en relation avec Lovegood-san, sourit Ace. En cadeau pour le futur mariage entre toi et Luna.
- Tu te rappelles que j'ai à peine quinze ans et que je suis encore à l'école ? se fit confirmer son fils en jetant un regard trahi à Drago qui riait dans sa manche. Et puis, rien ne dit qu'on va se marier. On pourrait très bien sauter l'étape.
- J'étais allergique à l'idée de vouloir me marier quand j'avais ton âge. Ma bague parle d'elle-même aujourd'hui, raconta la D. en montrant le solitaire à son doigt.
Tonks ressortit bien vite avec Will qui avait désormais un dentier d'apparence inconfortable pour l'empêcher de mordre qui que ce soit. Ace jeta un œil mauvais à l'objet alors qu'ils retournaient à l'ascenseur. Harry regarda sa montre. Huit heures moins dix.
L'ascenseur apparut enfin dans son habituel bruit de ferraille et ils se ruèrent à l'intérieur.
- Quelle salle ? se renseigna Drago. Ce n'est plus dans le bureau de Bones, c'est bien ça ?
- C'est exact, ça a été déplacé dans la vieille salle d'audience numéro dix, répondit avec un grognement de colère Tonks. Les Lestrange ont été jugés dans cette salle.
La température monta d'un coup, attirant l'attention de tout le monde sur Ace dont les poings tremblaient de colère. Drago articula un « tu es dans la merde » à son camarade. Brusquement, Harry le sentait mal ce procès.
- Département des mystères, annonça la voix féminine, sans rien ajouter.
Ils sortirent dans un couloir très différent de ceux des étages supérieurs. Les murs étaient nus et il n'y avait ni fenêtre ni porte à part celle, noire et lisse, qu'on apercevait tout au fond. Harry crut qu'ils allaient passer par là, mais Tonks les entraîna vers la gauche où une ouverture donnait accès à une volée de marches qu'ils descendirent rapidement.
Parvenus au bas des marches, ils marchèrent rapidement le long d'un nouveau couloir, très semblable à celui qui menait au cachot de Rogue, avec des torches allumées fixées aux murs de pierre brute. Ils franchirent enfin de lourdes portes en bois, pourvues de verrous et de serrures, comme si on craignait une attaque.
- Vous voilà, salua Lupercawl qui les attendait là. Il nous reste cinq minutes.
- On a dû passer en haut pour mes crocs, répondit Will en faisant un effort d'articulation pour compenser son dentier.
- Je vais rester avec les témoins, annonça l'auror.
- Eh bien, allons leur montrer qu'on ne se fout pas de la gueule des Portgas, grinça Ace alors que leur avocat dans son impeccable robe grise, leur ouvrait la porte sinistre, dotée d'une énorme serrure de fer, de la salle d'audience.
La tête haute, Ace entra dans le cachot, suivi de son fils et de leur avocat qui referma la porte derrière eux. Les murs de pierre sombre étaient faiblement éclairés par des torches. Les bancs en gradins qui s'élevaient de chaque côté restaient vides, mais face à eux, les sièges les plus hauts étaient occupés par des silhouettes plongées dans l'ombre, qui parlaient à voix basse. Lorsque la lourde porte se referma derrière Harry, un silence inquiétant s'installa.
Une voix d'homme s'éleva alors dans la salle avec aigreur :
- Vous êtes pile à l'heure.
Apparemment, on avait espéré justement qu'ils arriveraient en retard.
- Asseyez-vous.
- Par ici, miss Portgas, demanda l'avocat.
Ace serra une épaule de son fils, ses yeux d'argents luisant sous son chapeau noir.
- /S'ils disent Azkaban, j'explose…/ avertit-elle en l'embrassant sur la tempe.
Et elle alla s'asseoir dans un des bancs, restant proche du premier rang et de son fils. Sans un mot, Harry alla s'asseoir sur le fauteuil situé au centre de la salle et dont les bras étaient pourvus de chaînes. Pas besoin d'être un surdoué pour comprendre qu'elles devaient s'animer pour retenir les gens assis dessus. Le bruit des pas de Harry résonnait bruyamment sur le sol de pierre. Lorsqu'il prit place au bord du fauteuil, les chaînes se dressèrent dans un cliquetis menaçant mais elles ne se refermèrent pas sur lui. Les mâchoires serrées pour ne pas se laisser avoir à la colère, il leva les yeux vers les silhouettes assises face à lui, sur les bancs qui le dominaient.
À première vue, ils étaient une cinquantaine, vêtus de robes couleur prune, brodées du côté gauche d'un M savamment dessiné. Ils le contemplaient de toute leur hauteur, certains avec des expressions austères, d'autres avec une franche curiosité. Au beau milieu du premier rang se tenait Cornélius Fudge, sans son chapeau melon vert vif habituel. Il n'avait plus son faux sourire bienveillant qu'il adressait d'ordinaire à Harry lorsqu'il le rencontrait. Sourire qu'il perdait généralement rapidement quand on lui rappelait qu'il fallait dire Portgas et non Harry ou « mon garçon ». Une sorcière massive à la mâchoire carrée, les cheveux gris et courts, était assise à la gauche de Fudge. Elle avait la mine rébarbative et portait un monocle. Amélia Bones ne changerait jamais, mais sa présence austère était un soulagement, signe qu'une femme douée dans son métier veillerait à la bonne tournure du procès. À la droite de Fudge était installée une autre sorcière, mais si loin à l'arrière du banc que son visage demeurait dans l'ombre.
- Très bien, dit Fudge. L'accusé étant présent, l'audience peut s'ouvrir. Vous êtes prêt ? lança-t-il en tournant la tête.
- Oui, monsieur le ministre, répondit une voix empressée que Harry connaissait bien.
Percy était assis tout au bout du premier rang. Derrière ses lunettes d'écaille, il avait les yeux fixés sur son parchemin, sa plume prête.
- Audience disciplinaire du 12 août, ayant pour objet d'examiner les infractions au décret sur la Restriction de l'usage de la magie chez les sorciers de premier cycle et au Code international du secret magique reprochées au dénommé Harry James Potter, domicilié au 4, Privet Drive, Little Whinging, Surrey, annonça Fudge d'une voix claironnante et Percy commença aussitôt à prendre des notes.
Harry échangea un regard avec l'avocat et sa mère qui avaient un sourire froid et carnassier en entendant l'adresse, mais aucun ne fit la remarque. Cela ne faisait que servir leurs intérêts.
- Le prévenu sera interrogé par Cornélius Oswald Fudge, ministre de la Magie, Amelia Susan Bones, directrice du Département de la justice magique, et Dolores Jane Ombrage, sous-secrétaire d'État auprès du ministre, continua Fudge. Greffier d'audience : Percy Ignatius Weasley…
- Témoin de la défense, Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore, dit une voix paisible derrière Harry.
Il tourna la tête si vite qu'il en ressentit une douleur dans le cou.
Dumbledore s'avançait dans la salle d'un pas serein, vêtu d'une longue robe bleu nuit, l'air parfaitement calme. Sa longue barbe et ses cheveux argentés brillèrent à la lueur des torches tandis qu'il parvenait à la hauteur de Harry et regardait Fudge à travers ses lunettes en demi-lune posées au milieu de son nez aquilin. Quiconque le regardant en face ne pouvait pas louper les cicatrices qu'Ace lui avait laissé après l'avoir brûlé au visage.
Les membres du Magenmagot se mirent à chuchoter, les yeux à présent tournés vers Dumbledore. Certains semblaient agacés, d'autres légèrement effrayés. Au dernier rang, deux sorcières âgées levèrent la main pour lui adresser un signe de bienvenue.
En le voyant arriver, Harry tourna la tête vers son avocat, puis vers sa mère qui échangea un regard avec Lupercawl, puis Bones.
- Ah, dit le ministre, pris complètement au dépourvu. Dumbledore. Oui. Vous avez… heu… été prévenu… heu… que l'heure et… heu… le lieu de l'audience étaient modifiés ?
- J'ai dû rater le message, répondit-il d'un ton joyeux. Mais, à la suite d'une heureuse erreur, je suis arrivé au ministère avec trois heures d'avance. Ce n'est donc pas grave.
- Et vous êtes venu à l'avance pour rien, puisque votre procès n'aura pas lieu avant mi-septembre, lui dit d'une voix sèche Bones. De plus, pour prévenir une récidive avant votre jugement, vous avez dû recevoir une ordonnance de justice vous interdisant de vous approcher de ce garçon.
Dumbledore fronça les sourcils.
- Je crains d'avoir loupé ce hibou aussi. Je ne comprends pas de quoi on m'accuse, ni pourquoi on m'interdit d'approcher un de mes élèves.
- Eh bien, si vous étiez resté chez vous au lieu de comploter un enlèvement ou d'espionner ma famille, vous l'auriez reçu, lui dit froidement Ace. Faîtes un pas de plus vers mon fils, et madame Bones est témoin que je serais légalement en droit de vous descendre.
Plusieurs murmures parcoururent les rangs devant ce qui était dit dans la salle. Lupercawl se racla la gorge.
- Mes clients refusent l'implication du directeur Dumbledore dans ce procès et demandent à ce qu'il soit sorti de cette salle.
- Le Mangenmagot seconde cette demande. Veuillez sortir, Dumbledore, c'est un procès à huis clos, ordonna le ministre en saisissant l'occasion.
Pour une fois qu'il était d'accord avec un de ses adversaires…
- Ils ont besoin de moi pour les défendre… j'ai des témoins de ce qu'il s'est passé, annonça Dumbledore.
- Vous saurez que les Portgas m'embauchent justement pour ça. Vous n'êtes pas le bienvenu. Il y a un auror derrière la porte, devons-nous la faire entrer pour que vous sortiez ? siffla Lupercawl.
D'un grand pas, il alla vers la porte et l'ouvrit.
Dumbledore regarda le tribunal majoritairement hostile, la femme assise dans son banc au premier rang et enfin, Harry au centre de la pièce.
- Vous avez besoin de moi, assura Dumbledore avec des yeux étincelants.
Ace se leva, retira son manteau noir pour dévoiler son débardeur et son pantalon cargo. Elle sauta agilement hors de son banc, par-dessus la rambarde qui la séparait du reste de la pièce et saisit Dumbledore par le bras, le forçant à faire un large détour pour rejoindre la porte en restant aussi loin que possible de l'adolescent qui encourageait mentalement la brune.
- Soyez raisonnable, Ace, vous avez besoin de moi !
- Je n'ai pas besoin d'un manipulateur dans votre genre. Et je pense que Harry vous l'a déjà dit...
Et elle le poussa hors de la pièce sous le regard surpris de ceux qui attendaient dehors.
- Pour vous, c'est Portgas. S'il s'approche de Ryû-kun, tu le mords, capiche ? ordonna Ace à Will.
Will lui répondit d'un salut militaire et Ace referma la porte avec bruit, la faisant trembler sous la violence. Bones ne dit rien, mais l'amusement était visible dans son regard. La mère retourna à son poste et s'y rassit en croisant les bras sur sa poitrine maigre, laissant le champ libre à Lupercawl.
- Maintenant que la situation est réglée, nous pouvons continuer, dit l'avocat. Donc, je suis l'avocat de la défense, maître Jays Wallas Lupercawl. L'accompagnatrice est Ace D. Portgas, née Gol, mère adoptive du prévenu.
- Bien. Les charges, donc, reprit le ministre.
Il sortit un parchemin de la pile posée devant lui, respira profondément et lut à haute voix :
- Les charges retenues contre le prévenu sont les suivantes : en parfaite connaissance de la gravité de ses actes, après avoir reçu un premier avertissement du ministère de la Magie pour une infraction similaire, il a sciemment et délibérément jeté un sortilège de Patronus dans une zone habitée par des Moldus, et en présence d'un Moldu, à la date du deux août à vingt et une heures vingt-trois, en violation de l'alinéa C du décret sur la Restriction de l'usage de la magie chez les sorciers de premier cycle de 1875 et aussi de l'article treize du Code international du secret magique. Vous êtes bien Harry James Potter, domicilié au Quatre, Privet Drive, Little Whinging, Surrey ? interrogea Fudge en lançant à Harry un regard noir par-dessus son parchemin.
L'avocat hocha doucement de la tête pour dire qu'il pouvait parler quand l'adolescent le regarda d'un air interrogateur.
- Non, répondit Harry en comprenant le message.
- Comment ça non ? répéta stupidement Fudge.
Cela tira un sourire aux deux Portgas.
- Non, répéta le jeune sorcier avec toute la simplicité du monde.
- Ce tribunal, tout comme Dumbledore, n'a aucun pouvoir sur l'état civil, pointa avec un sourire froid Lupercawl. Votre identité légale, jeune homme, s'il vous plaît.
L'adolescent ouvrit son portefeuille et en sortit sa pièce d'identité. Lupercawl la prit au vol et la déposa sur le bureau de Bones qui la lut avec attention avant de la rendre à l'avocat pendant que l'étudiant répondait à la question qu'on lui avait posé :
- Harry James D. Portgas, né Potter.
- Votre adresse ? continua son avocat.
- Sous Fidelitas depuis bientôt quatre ans. Je peux dire que je vis sur Londres, à proximité de la Tamise. Tout courrier sorcier est adressé à l'agence tenue par ma mère.
- Nous espérons donc que cela sera bien enregistré par ce tribunal, conclut Lupercawl. Depuis son entrée à Poudlard, ce garçon doit en permanence se répéter. A croire que ses interlocuteurs sont séniles. Assurez-vous donc de faire les modifications nécessaires, cher tribunal.
Eat this, Fudge ! Il était un Portgas ! On ne le lui retirerait pas ! Le fait que Percy écrivait frénétiquement laissait espérer que ça serait pris en compte.
- Il y a deux ans, vous avez reçu un avertissement officiel du ministère pour avoir fait un usage illégal de la magie, c'est bien cela ? enchaîna froidement le ministre.
- Oui.
- Et pourtant, vous avez fait apparaître un Patronus dans la nuit du deux août ? poursuivit Fudge.
- Oui, mais…
L'avocat lui jeta un regard, lui recommandant de la patience. Il fallait laisser s'embourber l'adversaire avant d'attaquer.
- En sachant qu'il est interdit aux moins de dix-sept ans de recourir à la magie en dehors de l'école ?
- Oui, répondit Harry en serrant les dents.
- En sachant également que vous vous trouviez dans une zone abondamment peuplée de Moldus ?
- Oui…
- Et conscient que l'un de ces Moldus se trouvait tout près de vous ?
- Ouiii.
Bones l'interrompit d'une voix tonitruante :
- Vous avez fait apparaître un Patronus complet ?
- Oui, madame Bones.
- Patronus corporel ? Pas de brume informe ?
- J'ai dépassé ce stade depuis un moment, j'en suis au stade la panthère.
- Depuis un moment ?! s'exclama Mrs Bones. Vous aviez donc déjà fait apparaître un Patronus auparavant ?
- Suite à la brillante décision de monsieur le Ministre de placer des Détraqueurs à Poudlard, sans aurors à proximité pour préserver les élèves, mon jeune client a dû apprendre à maîtriser ce sortilège sous peine de finir en apéritif pour ces créatures, glissa l'avocat avec un petit sourire.
- Et vous êtes âgé de quinze ans ?
- Oui, confirma Harry.
- Ironie du sort, c'est un loup-garou qui lui a appris le sort. Un brave homme qui a dû quitter son poste à cause de la réputation de son espèce, alors qu'il apprenait justement à se maîtriser auprès de l'Alpha toujours en poste à Poudlard, depuis plus de dix ans.
- Impressionnant, souffla Mrs Bones en le regardant fixement. Un véritable Patronus à cet âge… vraiment très impressionnant.
Il y eut à nouveau des murmures parmi les sorcières et les sorciers. Certains hochaient la tête d'un air appréciateur mais d'autres fronçaient les sourcils pour exprimer leur réprobation.
- La question n'est pas de savoir si le sortilège était impressionnant ou pas, dit Fudge d'un ton irrité. En fait, j'aurais plutôt tendance à penser que, plus il était impressionnant, pire c'est, compte tenu du fait que ce garçon a agi sous les yeux d'un Moldu !
Ceux qui avaient froncé les sourcils approuvèrent dans un murmure mais ce fut le hochement de tête faussement vertueux de Percy qui fit monter la moutarde au nez du D. qui serrait les poings pour ne pas exploser.
- Mais pourquoi un Patronus ? demanda Lupercawl d'une voix doucereuse. C'est vrai ? A quoi bon ? Il aurait pu choisir bien autre chose. Et puis, si nous demandions un peu à ce garçon ce qu'il faisait aussi loin de la capitale à une heure aussi tardive, quand il ne vit pas dans le coin ? A moins que sa mère ne souhaite répondre à cette question.
Fudge ouvrit la bouche, mais Bones le coupa.
- Le point se tient, pourquoi étiez-vous là-bas ?
Harry regarda sa mère qui lui dit d'un signe de tête et d'un sourire de parler, puis il revint au tribunal en s'efforçant de retrouver son calme. Après une profonde inspiration, il raconta l'affaire :
- Depuis la fin des classes, la famille Dursley, qui vit à l'adresse que vous pensiez être mienne, harcèle ma mère pour qu'elle leur offre un nouveau contrat de protection contre des ennemis que le chef de famille s'est fait durant son séjour de quelques mois en prison. Maman ne voulait pas le faire pour plusieurs raisons personnelles. Ce jour-là, le secrétaire de maman étant indisponible, et elle-même n'ayant pas le droit de s'approcher de Vernon Dursley, elle a demandé à deux personnes qui travaillent avec elle d'y aller à sa place. J'ai suivi le mouvement avec un de mes camarades de classe, simplement pour la balade.
- Il était quelle heure ? demanda Bones.
- On est arrivé à Privet Drive sur les coups du journal du soir, vers sept heures. C'est le Docteur O'hara qui s'est chargé de la discussion. Comme elle s'éternisait, Will, le second adulte, commençait à avoir faim et j'en avais marre que Madame Dursley m'accuse de ses malheurs.
- Qu'est-ce que vous lui avez fait ?
- Elle est jalouse. C'est la sœur aînée de Lily Potter. Elle déteste la magie. Donc, elle me déteste moi par principe.
- Poursuivez.
- Avec mon pote, on est parti faire un tour dans le quartier pour passer le temps et trouver un coin discret où Will puisse se nourrir. Quand la nuit est tombée, on a fait demi-tour pour rentrer. On a croisé au passage Dudley Dursley, leur fils. On a échangé quelques mots hostiles quand deux Détraqueurs ont débarqué dans l'allée. J'étais le seul à connaître le Patronus, donc, je nous ai protégé.
- Ah, reprit Fudge, avec un sourire narquois.
Il tourna son regard vers les membres du Magenmagot comme s'il les invitait à apprécier une bonne plaisanterie.
- Oui, oui, bien sûr, je m'attendais à entendre quelque chose dans ce genre-là.
- Des Détraqueurs à Little Whinging ? s'exclama Mrs Bones sur le ton de la plus grande surprise. Je ne comprends pas…
- Vous ne comprenez pas, Amelia ? dit Fudge qui continuait de sourire d'un air moqueur. Eh bien, je vais vous expliquer. Ce jeune homme a réfléchi à ce qu'il pourrait donner comme excuse et a estimé que l'apparition de Détraqueurs constituerait une bonne petite histoire pour justifier son geste, et même très bonne en vérité. Les Moldus ne peuvent pas voir les Détraqueurs, n'est-ce pas, mon garçon ? Très pratique, vraiment très pratique… Ainsi, on est obligé de vous croire sur parole, puisqu'il ne peut y avoir de témoins…
- Vous traitez mon fils de menteur ? siffla Ace en se levant.
- Miss Portgas, rasseyez-vous, exigea l'avocat.
Il se tourna vers le tribunal et leur pointa une évidence d'une voix froide :
- Ce que vous venez de dire est la preuve que vous n'avez pas bien entendu ou juste écouté partiellement ce qu'a dit mon client. D'autant plus qu'il n'en a pas fini avec son histoire.
- Parce qu'il y a plus ?! s'exclama Fudge.
- Poursuivez, demanda Bones.
- On est retourné à Privet Drive et les Dursley nous ont accusés de l'état lamentable de leur fils, qui n'a pas apprécié la rencontre avec les Détraqueurs. Le ton est vite monté, puis les hiboux sont arrivés, pour m'annoncer ma sanction. Monsieur Dursley s'est vraiment énervé, comme si ça faisait des jours qu'il était harcelé par des hiboux. C'est là que son épouse a reçu une Beuglante.
- Une Beuglante ? Une moldue qui reçoit une Beuglante ? s'étonna Mrs Bones.
Ses épais sourcils se haussèrent au point que son monocle menaça de tomber.
- « Souviens-toi de ma dernière, Pétunia », c'était ce qu'elle disait. Suite à ça, son époux a voulu nous mettre dehors, alors qu'étrangement, elle, elle voulait justement nous retenir. De toute évidence, on avait été attiré exprès dans les environs. S'ils ne nous avaient pas harcelés, on ne serait pas allé se perdre à Little Whinning. Et si quelqu'un n'avait pas fait pression sur eux, ils ne se seraient jamais tournés vers nous. On a été piégé...
- Ça suffit, ça suffit ! coupa Fudge d'un air hautain. Je suis navré d'interrompre un récit dont je ne doute pas qu'il ait été soigneusement mis au point…
- Alors, il serait peut-être temps de faire entrer des témoins, coupa à son tour l'avocat. Je ne parle pas de ce Dudley Dursley. Rappelez-vous, mon client a dit qu'ils étaient quatre à faire ce voyage. Du groupe, seul le Docteur O'hara est resté en arrière et n'était pas présent durant l'attaque.
Le visage joufflu de Fudge devint soudain flasque, comme si quelqu'un l'avait dégonflé à la manière d'un ballon. Il fixa l'avocat pendant un moment puis, reprenant contenance, il déclara :
- J'ai bien peur que nous n'ayons pas le temps d'écouter d'autres sornettes, maître, je veux que cette affaire soit réglée au plus vite…
- Et je pense qu'il est normal d'accorder aux gens l'occasion de prouver leur innocence, ça évite les erreurs judiciaires qui finissent par éclater au visage, même si on les cache sous un tapis ou au fond d'un placard. Combien de personnes sont enfermées à Azkaban suite à des parodies de procès, alors qu'elles sont innocentes ? gronda Ace avec colère.
- Si vous ne vous ne vous taisez pas, je serais dans l'obligation de vous faire quitter la salle ! exigea Fudge avec colère.
- Même si miss Portgas n'aurait pas dû intervenir, elle a touché le nœud du problème, intervint l'avocat avec un sourire froid. La charte des Droits du Magenmagot indique que l'accusé a le droit de faire entendre des témoins à décharge. N'est-ce pas conforme à la politique du Département de la justice magique ? poursuivit-il en s'adressant à la sorcière au monocle.
- Exact, répondit Mrs Bones. Parfaitement exact.
- Fort bien, fort bien, coupa Fudge d'un ton sec. Qui sont ces personnes ?
- Nos témoins sont dehors.
- Weasley, allez-y, aboya Fudge à Percy. Faîtes entrer le premier.
Celui-ci se leva aussitôt, dévala les marches qui menaient aux bancs des juges et passa précipitamment devant Harry sans lui accorder un regard.
Un instant plus tard, Percy revint, suivi de Drago qui avait repris sa façade de parfait Sang Pur. Sa présence fit courir des murmures dans les rangs du tribunal. Après tout, il était impossible de ne pas reconnaître le fils de Lucius Malefoy. Harry se leva, échangea un regard avec son ami et alla s'asseoir dans les gradins à côté de sa mère. Le blond s'installa avec élégance dans le fauteuil en ignorant le mouvement des chaînes. On aurait pu presque croire qu'il était sur un trône alors qu'il fixait d'un air hautain le tribunal. Fudge le fixait avec une bouche grande ouverte, n'arrivant pas à en croire ses yeux.
- Nom et prénoms ? demanda Mrs Bones.
- Drago Lucius Malefoy, répondit l'adolescent avec calme.
- Que faîtes-vous ici ?! s'exclama le ministre.
Drago le regarda avec un dégoût évident, avant de rapporter son attention sur Bones comme si Fudge n'était pas digne de son intérêt, ne lui répondant même pas.
- Vous êtes donc témoin dans cette affaire ? demanda la sorcière.
- Je suis curieux, alors, je me suis dit que c'était une bonne occasion d'engranger des connaissances en rhétorique, cette sortie à Little Whinning. Le Docteur O'hara a littéralement une dague en argent à la place de la langue. C'est quelque chose à voir.
- Je vous ai posé une question, jeune homme ! Que faisiez-vous à traîner dans un quartier moldu avec ces… gens ! exigea Fudge.
- Je traine avec ces gens parce qu'ils ont eu la sympathie de m'héberger.
- Comment ça vous héberger ? Et votre père dans tout ça !?
- Objection, coupa l'avocat. La situation familiale de Mr Malefoy n'est pas le débat du jour et à ma connaissance, ma cliente a déjà fait les démarches avec Mrs Bones pour lui expliquer pourquoi l'ami de son fils vivait désormais avec elle, jusqu'à nouvel ordre.
- Objection accordée, j'en ai bien été informé, assura la femme en hochant la tête.
- Très bien, accorda Fudge avant d'enchaîner d'un air supérieur. Qu'avez-vous à déclarer ?
Drago le regard en levant un sourcil finement dessiné, clairement pas impressionné par les airs que se donnait le ministre, mais encore une fois, préféra s'adresser à Mrs Bones :
- J'ai accompagné Harry, Will et le docteur chez les Dursley. La femme n'était pas à l'aise et l'homme était mielleux au point que ça en soit écœurant.
Un sourire amusé étira les lèvres de l'adolescent.
- Il a essayé d'amadouer Docteur O'hara en me complimentant, pensant que j'étais son fils, puisque lui et moi sommes blonds. Nous avons entendu quelqu'un transplaner dans la rue, mais personne en vue. Le couple moldu a commencé à monter le ton pendant que le docteur restait d'un calme olympien.
Il fronça les sourcils, comme s'il essayait de considérer quelque chose.
- Je me demande si cet homme est capable de ressentir de la colère ou de l'impatience ? Peu importe. Will a dit avoir, je cite, « les crocs » et Harry a parlé d'un parc qu'il avait vu la seule fois où il était venu dans le quartier.
- C'était à quel occasion, Mr Portgas ? demanda Bones.
- Vous n'êtes pas obligé de répondre, assura Lupercawl en se tournant vers les deux Portgas en sachant ce qu'il s'était passé le soir en question.
- Cela n'a rien à voir avec le procès, répondit Harry. Disons simplement que c'était pour une affaire de droit moldu suite à la mort d'une amie très proche de la famille.
- Pouvons-nous poursuivre l'interrogation de Mr Malefoy ? demanda l'avocat.
Dans les gradins, Harry prit la main de sa mère pour la lui serrer et lui offrir son soutien. Ace embrassa son fils sur le crâne avant de poser son autre main sur leurs doigts enlacés.
- Poursuivez, Mr Malefoy, demanda Fudge avec un regard méfiant pour le duo Portgas.
- Nous avons marché un moment pour tomber sur un parc délabré. Je pense que c'est Will qui a dit que c'était l'œuvre de vandales. Il a sorti son casse-croûte pendant que Harry et moi avons passé le temps sur la dernière balançoire encore intacte du parc. Quand il a commencé à se faire tard, on a entendu un groupe de jeunes moldus passer plus loin, et on s'est dit qu'on devrait rentrer. Parmi eux, il y avait le fils des Dursley. On a fini par le rattraper dans l'allée et il s'est montré ouvertement hostile avec Harry.
- Pourquoi ça ? demanda Fudge.
- Objection, nous ne sommes pas là pour connaître le sujet d'une conversation d'adolescents.
- Objection rejetée, l'hostilité du moldu peut avoir provoquée un passage à l'acte. Répondez, dit la femme au monocle.
- De ce que Harry a raconté, ce garçon était le genre de personne aimant frapper sur plus petit et plus faible que soit, avec ses amis derrière, pour se sentir fort. Sans parler qu'il a commencé à insulter Will qui n'en avait clairement rien à faire de ses injures. Si Harry avait voulu faire de la magie à cause de lui, ça aurait été pour lui lancer un maléfice dont il se serait rappelé pendant longtemps, pas un Patronus, informa Drago.
- Dudley Dursley est mon cousin maternel, explicita Harry. Nous avons été à l'école ensemble pendant quelques mois, avant que je doive changer d'établissement. Mais cela a suffit pour qu'il découvre que petit ne voulait pas dire faible et sans défense, et que je lui apprenne avec mon pied aux fesses que s'il voulait me passer à tabac, il était tombé sur la mauvaise victime.
- Pouvons-nous reprendre ? demanda Lupercawl.
- Monsieur Malefoy ?
- Le froid est venu. Le moldu a paniqué et a foncé à l'autre bout de la rue. J'ai failli tomber quand mes poumons se sont glacés, mais Will m'a rattrapé. Seul Harry connaissait le Patronus, et il m'a promis de me l'apprendre une fois de retour à Poudlard. Il a fait sortir sa panthère qui a attaqué le premier Détraqueur qui se tenait le plus proche, avant de lui ordonner de le suivre pour défendre le moldu du second. Quand on l'a rejoint, il était par terre, recroquevillé sur lui-même et le Détraqueur lui écartait les bras pour pouvoir l'embrasser. Il n'en a pas eu le temps puisque le patronus l'a attaqué. Will a pris le moldu sur son épaule et on est parti au pas de course rejoindre le docteur qui se disputait toujours avec les Dursley. Le garçon a été allongé sur le canapé pendant que Harry fouillait la cuisine à la recherche de chocolat. Le chef de famille voulait des explications sur l'état de son fils, puis des hiboux sont arrivés, annonçant d'abord à Harry qu'il était renvoyé, puis finalement que son cas serait déterminé devant le tribunal. On a voulu partir et les Dursley semblaient nous y encourager, quand la Beuglante est arrivée. La femme a eu peur et a essayé de nous retenir, alors que son mari voulait qu'on s'en aille et il était prêt à prendre… un fusil, c'est ça ?
Drago se tourna vers Harry qui hocha la tête.
- Donc, à prendre un fusil pour qu'on parte plus vite. On a repris la route pour retourner à Londres, fin de l'histoire.
- Décrivez-moi ces Détraqueurs, demanda Bones.
Pour la première fois, la façade de Drago tomba alors qu'un frisson visible le parcourait.
- Grands, très grands. Presque autant que le demi-géant de Poudlard. Et maigres je dirais. Ils ont… cette longue étoffe sur eux, comme une cape déchirée, qui laisse tout juste voir une peau grise, pleines de croûtes et des membres squelettiques. Ils en sont couverts de la tête aux pieds. Ils… ils flottaient vers nous… il faisait si froid, si sombre… et… ils ont fait remonter à la surface des choses que j'aurais voulu oublier.
- Ils étaient trois, donc ? se fit confirmer Bones.
- Non, deux. Un à chaque extrémité de la ruelle, comme pour nous empêcher de fuir.
- Merci bien. Dernière question qui n'a rien à voir. Vous n'êtes pas obligé de répondre, mais ça m'aiderait pour votre propre affaire.
Drago regarda d'un œil méfiant la femme.
- Vous n'avez pas été admis à Sainte Mangouste, mais le rapport de votre état suite à votre récupération a été fait par un professionnel. Il s'agit de ce Docteur O'hara ?
- Je vous mettrais en contact avec lui, assura Ace.
- Merci. Vous pouvez aller vous asseoir avec Miss Portgas.
Drago se leva, hocha la tête vers Harry qui le lui rendit, avant de s'asseoir dans les gradins, juste au-dessus du duo.
- Hey. Ryû-kun, ça ira ? demanda Ace en se penchant vers l'arrière pour mieux le voir.
Drago hocha la tête.
- Ce témoin n'était pas très convaincant, remarqua Fudge d'un air hautain comme si Drago n'était plus là. J'attendais mieux du fils de ce cher Lucius. Je lui toucherai deux mots sur les fréquentations de son héritier.
- Je peux vous assurer qu'il n'a pas besoin de vous pour être au courant, lui dit d'une voix cassante Bones. De plus, il a décrit très exactement les effets que provoque une attaque de Détraqueurs et la description de leur apparence est parfaite. Je veux entendre le second témoin.
Percy alla chercher le second témoin… et revint rapidement dans la salle à reculons, gardant Will en joue de sa baguette. Le vampire, lui, il avait les mains dans ses poches sans la moindre réaction. Tonks entra à la suite et jeta un regard sombre à Percy.
- Il n'est pas hostile. Retourne à ta place, c'est moi l'auror ici.
Le roux ne se le fit pas dire deux fois.
Le tribunal avait déjà décidé de garder les baguettes à portée de main. Surtout la sorcière dans l'ombre qui, maintenant qu'elle était à la lumière, ressemblait à un affreux crapaud.
- Que fait cette abomination ici ! Un monstre pareil n'a rien à faire devant ce tribunal, si ce n'est pas pour lui couper la tête !
Quelques murmures dirent que beaucoup pensaient que la mocheté avait raison.
- Bonjour, tante Dolores, il y a longtemps, sourit narquoisement Will en s'asseyant dans le fauteuil.
Cette fois, les chaînes se refermèrent sur lui, mais il n'y prêta pas attention.
- Quelque chose à signaler, auror Tonks ? demanda Amélia.
- Comme il l'a été demandé à Miss Portgas, quand elle a signalé dans sa lettre à votre attention la nature vampirique du témoin, ils sont tous les quatre passés par le poste de contrôle, avant de me rejoindre dans l'ascenseur. Il n'a opposé aucune résistance quand on lui a demandé de mettre le dentier de sécurité. Pendant qu'il attendait son passage, il s'est assis par terre et a fait des mots-croisés. A aucun moment, il ne s'est montré hostile, si ce n'est un regard noir à Dumbledore quand il est sorti. A cet instant, il s'est positionné devant le jeune Malefoy comme pour le protéger.
- Merci.
Tonks alla se mettre derrière Will qui attendait en souriant qu'on commence.
- Nom, Prénoms, commença Fudge.
- William Pedro Ombrage. Je bosse pour Portgas depuis trois ans, au bar Lost New World. Je suis serveur.
- Serveur ? s'étonna le ministre d'un air dubitatif.
- Elle est venue me voir un jour, m'a demandé ce que je savais faire et ce dont j'avais besoin, et elle m'a proposé le poste à la condition que je ne morde pas les clients et les collègues. En échange, elle me fournit des rations de sang qu'elle achète aux hôpitaux moldus. J'en ai deux dans chaque poche qu'elle me donne à chaque fois que j'embauche pour la journée.
- Auror, veuillez vérifier, demanda Bones.
Tonks fouilla une des poches du manteau et sortit deux belles plaquettes de sang qu'elle montra à sa chef, avant de les remettre en place.
- J'ai un toit, j'ai un job, et j'ai même pas besoin de chasser pour avoir du sang. Que demande le peuple ? sourit Will en mettant ainsi en vue son dentier.
- Ce… ce monstre…bégaya la tante.
- … a été élu employé du mois de Juin et ses collègues féminines lui sont redevables, puisqu'il s'interpose pour montrer la sortie à tout client qui confond leur bar avec une maison de passe, coupa Lupercawl. Il n'y a, à ma connaissance, pas de recrudescence d'attaque de vampires, je me trompe ?
- Je comprends mieux pourquoi nous avons moins de problèmes de ce genre, justement, nota Bones. Je salue l'initiative de Miss Portgas. Concernant l'affaire, qu'avez-vous à me dire ?
- Le nouveau secrétaire de la patronne est un loup-garou. C'était la pleine lune, donc, il était en repos. Apparemment, le Doc' O'hara s'est proposé pour la négociation et les gamins sont venus pour faire une balade hors de Londres. On est arrivé là-bas, il était quoi… sept heures ? Les moldus n'étaient pas très contents de nous voir, ils sentaient la peur et la haine à plein nez. Le bon Docteur s'est assis dans un fauteuil, je me suis mis derrière et j'ai surveillé dehors, parce que j'avais l'impression qu'on nous espionnait.
- Qu'on vous espionnait ? répéta Bones alors que Fudge échangeaient quelques mots avec la femme-crapaud.
- Ouep. Depuis le début de l'été, y'a des gens sous capes d'invisibilités qui traînent près de l'agence de protection et dans les environs du bar, quand ils font pas le pied de grue devant l'immeuble de la patronne. Une cracmol du nom de Mrs Figg a même emménagé dans notre immeuble, avant de prendre peur et de partir justement du côté de Little Whinging. On l'a croisée en descendant de la voiture, le Doc' lui a arrangé le dos au passage. Ce gars est un Saint, franchement. Déjà qu'il faut avoir de la patience pour supporter la patronne, mais en plus de ça, faire passer son devoir de médecin avant la rancune, honnêtement…
Ace porta une main à sa bouche pour ne pas rire. Will ne disait rien de nouveau. Rien qu'avec sa patience, Marco aurait déjà dû être sanctifié depuis des décennies.
- Au bout d'un moment, l'espion dans la rue s'est barré en transplanant. Pas discret, même s'il devait être désillusionné ou sous cape. J'commençais à avoir faim. Le Doc m'a demandé si j'avais ce qu'il fallait, puis Harry a proposé de me conduire au parc à proximité. Le p'tit Drago nous a suivis. On a vérifié qu'il y avait personne et j'ai vidé les deux poches de sang qu'il me restait, histoire de me rassasier. Pendant ce temps, les gosses se sont amusés. Harry, notamment, a fait le singe sur la barre de la balançoire, au risque de tomber et de se faire très mal. Finalement, il a commencé à se faire tard. On a décidé d'aller voir si ces moldus avaient eu raison de la patience de Saint O'hara, et c'est là qu'on a trouvé le gamin Dursley. Pendant qu'on l'a suivi dans un raccourci, on a échangé quelques mots, avec lui qui se la jouait le gros dur. Et c'est là que ces foutus Détraqueurs ont débarqué. Ils nous ont pris en tenaille. Vu que je suis un vampire, j'ai pu avertir les jeunes avant que les premiers effets ne se fassent sentir, mais ça a été ma seule utilité, outre empêcher Drago de tomber. Il faisait déjà pas très clair dans ce coin, mais là, c'est devenu noir, et pas de façon naturel.
- Vous n'avez pas agi pour défendre les adolescents ? demanda Bones.
- J'étais aussi utile que des lunettes à un aveugle. J'ai pas le droit d'utiliser ma baguette depuis que tantine a fait passer les dernières lois contre les vampires.
Et il adressa un sourire presque tendre à la femme à côté de Fudge.
- Je n'ai pas de neveu ! Arrêtez de mentir, monstre ! gronda la femme.
- Je sais toujours pas pourquoi on m'a renié au final. C'est parce que je joue pour l'autre équipe, parce que je me suis fait violer ou parce que j'ai été transformé ? Peut-être les trois, marmonna le vampire avec colère.
- William, réglez vos affaires de famille hors du tribunal, je vous prie, demanda Lupercawl.
- Oui, chef. Donc, j'ai pas le droit d'utiliser ma baguette, alors, elle reste chez moi. Et de toute façon, je sais pas faire de Patronus. J'aurais pu l'attaquer au corps à corps pour laisser le temps aux jeunes de fuir, mais ça n'aurait fait que repousser l'inévitable. Heureusement, le fils de la chef connaissait le patronus. Cette panthère nous a bien sauvé les fesses. Elle a chassé le Détraqueur de devant, puis Harry lui a demandé de s'occuper de celui qui barrait l'autre extrémité et qui voulait embrasser le moldu à terre. J'ai ramassé le tas d'mou et j'ai pressé les garçons pour qu'on retrouve le Doc. Fallait qu'on rentre fissa pour expliquer à la chef ce qu'il s'était passé. Les Dursley ont hurlé qu'ils voulaient des explications et ils les ont eus. Y'a eu les hiboux qui rendaient le mari fou, et ensuite la Beuglante pour la femme. L'idée qu'on se barre lui foutait la trouille. Et pourtant, elle avait aussi très peur de nous. Harry a forcé le passage pour qu'on sorte et basta.
Mrs Bones observa William en silence. Fudge, occupé à tripoter ses papiers, ne le regardait pas du tout. Enfin, il leva les yeux et déclara, d'un ton passablement agressif :
- Vous avez vu le visage de ces Détraqueurs ?
Will lui adressa un regard qui disait clairement de ne pas le prendre pour un con.
- Si j'avais eu cette occasion, je serais pas ici pour en parler.
- Vous pouvez partir, ça sera tout, merci, assura Bones.
Les chaînes libérèrent Will qui s'en alla avec Tonks.
- Des Détraqueurs qui se promènent dans une banlieue moldue et qui croisent par hasard un sorcier sur leur chemin ? dit Fudge avec dédain alors que Harry se rasseyait sur le fauteuil. Il y a vraiment très, très peu de chance pour qu'une telle situation se produise. Même Verpey ne parierait pas là-dessus…
- Il risque de ne plus parier grand-chose, vu qu'il est à Azkaban pour escroquerie, durant les deux prochaines années, lui pointa Amélia d'une voix acide.
- Oh, mais je ne pense pas que quiconque dans cette salle puisse croire que les Détraqueurs se trouvaient là par hasard, intervint Lupercawl.
La sorcière assise à la droite remua légèrement mais tous les autres restèrent immobiles et silencieux, attirant immédiatement l'attention d'Ace. Elle se pencha vers Drago pour lui murmurer quelque chose et il lui répondit tout aussi bas.
- Qu'entendez-vous par là ? interrogea Fudge d'une voix glaciale.
- J'entends par là qu'ils ont agi sur ordre, répondit l'avocat.
- Je pense qu'il y aurait une trace administrative si quelqu'un avait ordonné à deux Détraqueurs d'aller faire un tour à Little Whinging, aboya Fudge.
- Cherchez-la.
- Vous n'allez pas nous sortir les mêmes sornettes que Dumbledore ! gronda Fudge. Les Détraqueurs restent à Azkaban et ne font rien d'autre que ce que nous leur disons de faire !
- Oh, mais ce que je crois ne regarde que moi, et étant donné que je travaille pour les Portgas, et non pas Dumbledore, je pense que vous devez vous douter que je ne porte pas dans mon cœur le directeur, lui assura Lupercawl. Je vous recommande donc de découvrir pourquoi quelqu'un, au sein du ministère, a donné l'ordre à deux Détraqueurs de se rendre dans cette allée le deux août dernier et de retrouver la trace administrative.
Dans le silence total qui accueillit ces paroles, la « tantine de Will » se pencha en avant, plus calme maintenant que le vampire n'était plus là. Elle était vraiment horrible. Comment Will, certes loin d'être un tombeur mais très loin d'être hideux, pouvait-il avoir du sang en commun avec cette… chose trapue ? Elle ressemblait tellement à un crapaud avec sa tête flasque et ses yeux ronds presque exorbités. Le petit nœud de velours noir perché sur ses cheveux courts et bouclés avait l'air d'une grosse mouche qu'elle s'apprêtait à attraper d'un coup de langue visqueuse.
- La cour donne la parole à Dolores Jane Ombrage, sous-secrétaire d'État auprès du ministre, annonça Fudge.
La sorcière avait une voix de petite fille, aigrelette et haut perchée, qui surprit Harry. Ses cris de rage contre Will avaient ressemblé plus à des croassements qu'à autre chose.
- Je pense ne pas vous avoir très bien compris, maître Lupercawl, dit-elle d'un ton minaudant qui ne modifia en rien l'expression glacée de ses gros yeux ronds. C'est sans doute idiot de ma part mais il m'a semblé, pendant un très court moment, vous entendre suggérer que le ministère de la Magie avait lancé une attaque sur ce garçon !
Elle éclata d'un rire cristallin qui fit dresser les cheveux sur la nuque de Harry. D'autres membres du Magenmagot rirent à leur tour mais, de toute évidence, aucun d'eux n'était véritablement amusé.
- Alors, nous allons tout repasser en revue, annonça l'avocat. Nous avons un couple moldu, hostile à la magie et à la famille Portgas. Qui le lui rend bien. Les moldus insistent auprès d'eux pour bénéficier des services de l'agence de protection de Miss Portgas. A côté, mes clients se plaignent d'être espionnés et suivis où qu'ils aillent. Finalement, le fils de ma cliente et nos témoins se rendent à Privet Drive. Tout le monde sait que mon client vit à Londres, sauf le ministère. Le conseil d'administration de l'école s'adresse directement au bureau de l'agence de protection, et l'école dépose le courrier dans une boîte aux lettres spécifique. Il n'y a que vous qui étiez persuadé que Mr Portgas vivait là-bas. Et par le plus grand des hasards, le seul jour où il s'y rend, il se fait attaquer. S'il est vrai que les Détraqueurs ne prennent leurs ordres qu'au Ministère de la Magie et s'il est également vrai que deux d'entre eux ont attaqué messieurs Dursley, Malefoy, Ombrage et Portgas il y a une semaine, il s'ensuit logiquement que quelqu'un au ministère a dû ordonner cette attaque. Bien entendu, il est également possible que ces deux Détraqueurs aient échappé au contrôle du ministère…
- Aucun Détraqueur n'échappe au contrôle du ministère ! répliqua sèchement Fudge dont le teint avait viré au rouge brique.
- Dans ce cas, il ne fait aucun doute que le Ministère mènera une enquête approfondie afin de savoir pourquoi deux Détraqueurs se sont retrouvés si loin d'Azkaban et pourquoi ils ont lancé une attaque sans autorisation.
- Je tiens à rappeler que la conduite de ces Détraqueurs, si toutefois elle n'est pas le fruit de l'imagination de ce garçon, ne constitue pas l'objet de cette audience ! déclara Fudge. Nous sommes ici pour examiner les infractions au décret sur la Restriction de l'usage de la magie chez les sorciers de premier cycle commises par Harry D. Portgas !
- Et nous ne serions pas ici s'il n'y avait pas eu ces Détraqueurs dans l'allée. L'article sept du décret stipule en effet qu'on peut faire usage de magie devant des moldus dans des circonstances exceptionnelles, notamment lorsqu'une menace pèse sur la vie du sorcier ou de la sorcière en cause, ou de tout autre sorcier, sorcière ou moldu présent au moment de…
- Nous connaissons parfaitement le contenu de l'article sept, merci bien ! gronda Fudge.
- Je n'en doute pas, mais je vous le rappelle. Je rappelle aussi à ce tribunal que si Miss Portgas ne s'était pas fait entendre auprès de la Gazette du Sorcier, ils seraient de nouveau en procès pour diffamation. Quelqu'un juge que mon client gène. Tout simplement. Et pour cela, on cherche à l'évincer.
La tante de William s'agita un peu plus.
- Quoi de mieux que forcer l'usage de la magie chez un sorcier de premier cycle ? Si l'attaque réussit, plus personne ne risque de parler. Si l'attaque échoue, il est en infraction. Gagnant sur les deux tableaux. Mais laissez-moi vous rappeler une chose. C'est vous, monsieur le ministre, avec Dumbledore, qui, jusqu'à Juin dernier, avez cherché à garder le jeune Portgas dans la communauté magique anglaise. Sa mère a souhaité l'envoyer à Mahoutokoro, qui lui a recommandé Kyôtô. Mais l'école n'a pas pu lui fournir de réponse à temps, le forçant à aller à Poudlard. Régulièrement, Miss Portgas a rappelé que sa patience avait des limites et que si on s'obstinait à vouloir jouer avec la vie de son fils, elle plierait bagage. L'an dernier, avec l'affaire du Tournoi, elle a contacté toutes les écoles possibles pour le changer d'établissement en vue de la nouvelle année. Mais encore une fois, vous leur avez mis des bâtons dans les roues en faisant pression sur les différents ministères pour les garder sur le territoire anglais. Ne dîtes pas que ce sont les écoles qui ne le voulaient pas, le professeur McGonagall est allée directement s'adresser à Madame Maxime de Beauxbâton pour faciliter les démarches, et l'école française n'a vu aucune raison de ne pas l'accepter, mais c'est le ministre de la Magie français qui, suite à vos pressions et à celles de Dumbledore, a refusé le transfert.
L'avocat alla se placer derrière le fauteuil de Harry pour lui poser une main sur l'épaule.
- Vous avez brusquement décidé que ce garçon était votre ennemi, alors qu'il n'a fait que vous mettre en garde. Et au lieu de le laisser partir, quand il montre clairement son désintérêt pour ce pays, vous vous acharnez sur lui. Si vous lui demandez aujourd'hui, il vous dira que la seule chose qui fait qu'il ne regrette pas son admission à Poudlard, ce sont les rencontres qu'il y a faites. Mais le reste, l'école, la magie… il devrait presque commencer à les détester. Ce qui est mauvais pour un sorcier.
Il serra l'épaule du jeune homme, lui disant de patienter encore un instant.
- Le cas précédent d'infraction, je vais me faire un plaisir de le remettre en contexte. Un garçon, à l'instant où il fête son treizième anniversaire, apprend qu'une femme, qu'il voyait en amie et confidente, est morte, certainement dans la douleur. Le lieu était mal choisi, mais les sorciers déplacés sur place pour réparer les dégâts et modifier les mémoires l'ont bien compris en le voyant. Même les meilleurs sorciers ne peuvent pas toujours contrôler leurs émotions. Et à cet instant, surtout avec les hormones de l'adolescence, les émotions étaient très fortes. Trop fortes pour qu'un simple garçon, qui venait de finir sa seconde année, puisse les contrôler.
L'homme tapota l'épaule de Harry et termina de contourner le fauteuil pour se placer de l'autre côté de l'adolescent qui commençait à trépigner.
- Je veux rappeler aussi que le ministère n'a aucune autorité pour renvoyer les élèves de Poudlard, c'est la décision du directeur, qui refuse catégoriquement que ce jeune homme s'en aille. Le ministère n'a pas non plus le droit de confisquer une baguette magique tant que la culpabilité de son propriétaire n'a pas été prouvée. Dans votre admirable empressement à veiller au respect de la loi, vous semblez vous-même, par inadvertance j'en suis convaincu, négliger certains points.
Le sarcasme était dégoulinant de chaque lettre de la dernière phrase.
- Les lois peuvent être modifiées, affirma Fudge avec férocité.
- Et on tombe ainsi dans ce que les moldus appellent une Dictature. Parce qu'aux dernières nouvelles, il faut plus d'une dizaine de jours pour la modification d'une loi. Un bon mois, dans le meilleur des cas, est nécessaire pour les discussions, les propositions et les votes. Et vous n'êtes pas là pour les modifier tout seul à votre convenance, sinon, le mangenmagot ne servirait à rien. Ah, et j'ignorais qu'il fallait désormais réunir un tribunal pénal au complet pour juger d'un simple usage de la magie chez un sorcier de premier cycle.
Quelques sorciers remuèrent sur leurs sièges, visiblement mal à l'aise. Le teint de Fudge passa au cramoisi. En revanche, Ombrage regarda l'avocat, le visage dénué de toute expression, lançant des regards fréquents à Ace qui ne la lâchait pas des yeux.
- Si vous avez quelque chose à rajouter, nous vous écoutons, assura l'avocat.
Harry se leva brusquement, attirant le regard de tout le monde, dont sa mère qui ne savait pas ce qu'il avait en tête. Restant sourd aux demandes du tribunal lui ordonnant de se rasseoir, il monta rapidement au niveau des gradins pour se planter devant Fudge, sa baguette magique en main.
- Rendez-moi ma liberté. Expulsez-moi. Vous vous épargnerez bien des ennuis, lui dit Harry. Regardez, je vous facilite déjà les choses.
Il leva sa baguette et la brisa proprement en deux, avant de la laisser tomber sur les papiers de Fudge, sourd aux exclamations de la cour, choquée par le geste. Même Lupercawl en était surpris, pas du tout au courant de ce que prévoyait l'adolescent. Un sorcier qui casse sa baguette volontairement, c'était pire qu'une injure ! C'était un traître à la magie !
- Je ne suis pas un putain de héro de guerre. Je ne suis pas un trophée ou une arme qu'on tient en laisse. Je suis un adolescent qui veut qu'on le laisse en paix avec sa mère. Et je renonce à la magie pour y parvenir. Contrairement à vous, j'ai pas peur du monde moldu.
Il tourna les talons pour retourner au fauteuil au centre de la pièce et se laissa tomber dedans en tailleurs.
- Que faisons-nous, monsieur le ministre ? demanda avec un sourire féroce le garçon.
Sur le banc, sa mère afficha le même sourire, alors que le Magenmagot fixait d'un air choqué la baguette cassée devant Fudge.
- C'était prévu ? demanda Drago à Ace en voyant son expression.
La femme ne répondit pas, continuant de sourire sa fierté.
Eat this, now.
AN : Tu es loup, pas un chien !
