Bonjour ! On se retrouve aujourd'hui pour un nouvel épisode dans la quête d'Adara pour retrouver son fils. Et ainsi, nous arrivons à la bibliothèque de Boston.
Good Neighbor est le titre musicale du chapitre. Propriété intellectuelle de Bethesda et avec l'interprétation de Lynda Carter qui interprète le personnage de Magnolia.
Yuwine : Oui, Adara a du courage, et elle va en avoir besoin de bien plus, parce que ce n'est pas fini les saletés./ Je t'en pris, continue donc de lire, de toute façon, le résultat sera le même. Marco est mort.
Oh et cookie pour celui ou celle qui aura la ref un poil obscure du chapitre.
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- Took a walk
Out in The Fens
Had a talk with a man about some chems
He asked me what's your flavor ?
I said I need a favor
I'm a little short on caps but
I'm a good good neighbor.
Adara s'arrêta sur les marches du métro reconverti en bar pour écouter un instant, ne s'attendant pas à du jazz. Elle reprit sa marche pour arriver sur le quai qui servait désormais de salle au débit de boisson. Dans l'ambiance tamisée, elle était entourée de gens de toutes origines et de toutes formes. Allant des goules, aux voyageurs, peut-être même des pillards. Chacun avait sa petite table et on avait même casé un billard. Tout d'un bar underground.
- Took a dive
With the swans
Out in the Commons with nothing on
The mutants stop to savor
All my bad behavior
It's all in a day's work
When you're a good good neighbor.
Il y avait une belle jeune femme sur la scène au bord du quais, à moitié sur les rails, attenant au côté gauche du bar. Une brunette avec une coupe au carré ressortant sur sa peau si blanche, avec une belle robe rouge à paillette digne de Jessica Rabbit. Sauf qu'ici, la fente de la tenue avait plus un côté utile que fashion, puisque cela permettait un accès facile à une arme accrochée à sa cuisse.
- We can shake it up a little
We can kick it up a notch
We can put it on the griddle
Better get it while it's hot
I'll meet you in the middle
You can show me what you got
If you're feeling lucky tonight…
Voir cette femme chantée de sa si belle voix à côté du juke boxe, ça donnait un peu d'espoir pour la blanchette. L'art existait encore. Et dans son opinion, c'était bien l'une des seules choses de valable que pouvait produire l'humanité.
- Diamond City it's my thing
I flash my style
I show my rings
I do the boys a favor
With all of my manual labor
It's good to be a good good neighbor
Codsworth agitait nerveusement ses appendages devant la compagnie, marmonnant que ce n'était pas le genre d'endroit où Nate aurait aimé voir sa femme traîner.
Ce que pensait son défunt mari, là, elle s'en foutait un peu. L'avocate avait les nerfs à vif et un verre lui ferait du bien. Elle fit signe à son camarade robotique de rester sur place et se rapprocha du comptoir.
- We can shake it up a little
Derrière le comptoir, c'était un Mr Handy de métal blanc qui menait la danse. Peut-être un peu moins bien entretenu que Codsworth, mais il n'avait pas l'air d'avoir à s'en plaindre. Et fait amusant, il avait un petit chapeau melon sur le sommet de son crâne alors qu'il nettoyait les verres. Il conservait cependant un appendage de libre, à proximité d'une arme, avec un œil sur la chanteuse.
- We can kick it up a notch
We can put it on the griddle
Better get it while it's hot
I'll meet you in the middle
You can show me what you got
If you're feeling lucky tonight
En silence, Adara s'accouda au bar. Le robot la regarda mais elle secoua la tête, lui disant qu'elle attendrait la fin de la chanson histoire de ne déranger personne. Comprenant le message, il retourna à sa tâche avec un petit salut qu'il effectua en soulevant son chapeau d'une de ses mains mécaniques.
- Ohhh Diamond City, yeah, that's my thing
I flash my style
I show my rings
I do the boys a favor
With all of my manual labor
It's good to be a good good good good neighbor
La chanteuse flasha un clin d'œil à son public qu'elle pointa du doigt d'un geste aussi aguicheur que son sourire, avant de reprendre le micro entre ses deux mains.
- Yeah
I do the boys a favor
With all of my manual labor !
It's good to be a good good good good good good neighbor
Yeah…
Et la musique s'arrêta, laissant place aux applaudissements. La chanteuse s'excusa auprès des clients pour quitter la scène et aller rejoindre le bar un peu plus loin où le Mr Handy alla à sa rencontre pour la féliciter de son travail et demander comment elle se sentait, tout en lui servant un rafraîchissement. Le module vocal du robot alerta la blanchette. Ce n'était pas celui de base qu'on trouvait pour ces modèles. La voix était très humaine, reprenant parfaitement l'accent des bas-fonds anglais. Et quand la chanteuse, qui s'appelait Magnolia de ce que l'avocate entendit, remercia le robot, il fallut beaucoup d'effort pour ne pas rire.
Le nom était en parfait accord avec les environs et l'accent : Whitechapel.
- Merci de vot' patience, j'vous sers quoi ? demanda le robot en revenant vers Adara.
- Je viens d'arriver, donc, je vous fais confiance pour me recommander… en évitant de me mettre sur la paille.
Le robot l'observa un instant et émit un son proche d'un reniflement amusé toujours dans le même style cockney.
- Ah ouais, c'est vrai… t'es la nana pour laquelle le vieux Kuroashi m'a averti. J'm'attendais à voir le pirate, en premier, j'dois dire. J'suis Charlie Whitechapel, c'est moi qui gère ce trou.
Et il commença à récupérer un verre et une bière qu'il tira d'un frigo sous le bar.
- Propriétaire ? demanda Adara.
- Nay. L'endroit appartient au gouv'. Hancock s'occupe des frais, je suis juste là pour protéger Magnolia et servir les poivrots.
Une boisson apparut devant l'avocate.
- C'est sur l'ardoise de Kuroashi. La zone privée t'es ouverte au besoin, lady. Ignore juste MacCready et ses ennuis avec les Artilleurs. Si ça se passe mal, personne ne sourcillera si tu tires.
- Je saurai. Merci pour la boisson.
Elle récupéra son verre et fit un signe à Codsworth de la rejoindre pour se diriger vers ce qui avait dû être une zone employée qu'on avait reconvertie en lounge VIP. C'était plutôt cozy. Si on ignorait le mannequin de centre commercial totalement à poil qui gardait la porte.
En passant le seuil, elle entendit une discussion animée entre trois hommes, faisant que Codsworth préféra passer devant par précaution.
- Je me demandais combien de temps il faudrait à vos gars pour me retrouver… nota un type assez jeune assis sur le long siège contre le mur alors que deux gars lui faisaient face en tournant le dos à la porte.
- Il nous aura fallu trois mois pour finir par te retrouver dans ce trou à rat.
- Oh ? Donc, vous seriez en train de rouiller ?
Le trio sembla remarquer sa présence.
- Si ça continue, on devrait gérer ça dehors, nota l'homme sur le siège en arrangeant sa casquette.
- On est juste là pour un message.
Avec un soupir agacé, l'homme à la casquette se leva et arrangea machinalement son long manteau de voyage.
- Dans le cas où vous auriez oublié, j'ai posé ma démission des Artilleurs.
- Oui, on sait, mais tu prends toujours des contrats dans le Commonwealth. Pire encore, t'as réussi à chopper un contrat avec les Déplacés. Et c'est ça qui nous dérange.
- Eh bien, je ne prends pas mes ordres de vous, du moins, plus maintenant. Donc, avant de faire une scène devant la pauvre nana qui vient de débarquer, ramasse ta copine…
La « copine » en question étant un type du même moule que Mister T, c'était très drôle.
- Vous en faîtes pas pour moi. Le spectacle compense la bière merdique que j'ai eu, leur dit Adara en cessant de rester debout à boire son verre pour aller s'asseoir à la seconde table.
- Un jour, vous allez griller mes circuits d'inquiétudes à cause de votre comportement, madame, reprocha Codsworth.
- T'as réussi à tenir tout ce temps, tu arriveras à t'en sortir, j'ai foi en toi.
Elle se mit à l'aise sur son coin de siège, mais conserva son arme à portée de main, qu'ils comprennent bien que certes, elle leur foutait la paix, mais qu'ils ne viennent pas la chercher à leur tour.
- Ecoutes-moi bien, MacCready, fini par dire l'un des possible Artilleurs au client du coin VIP. La seule raison qui fait que tu es encore vivant et pas criblé de plomb, c'est parce que nous, on respecte les autres. On est sur le terrain de Hancock et des Déplacés, on veut pas de guerre avec eux. On connait les règles du jeu, et il serait bon que tu les apprennes rapidement et retourne dans ton trou de Wasteland avant de finir mort.
- C'est toujours un plaisir de vous déplaire.
L'Artilleur en civil eut un rire mauvais.
- Tu peux jouer les dures devant la demoiselle, mais si on apprend que tu prends toujours des contrats dans le territoire des Artilleurs, tu pourras creuser ta tombe.
- C'est fini ? demanda avec lassitude MacCready.
- Ouais.
Et le duo s'en alla, laissant le jeune homme seul derrière qui poussa un long soupir de lassitude avant de se laisser retomber sur son siège.
- Navré pour le désagrément.
- Le seul désagrément local vient de la boisson, pas besoin de s'excuser, rassura Adara.
Les règles du jeu avaient changé. Elle en avait parfaitement conscience. Avant, elle aurait été horrifiée à l'idée de mettre un petit patelin à feu et à sang. Mais avec les horreurs qu'elle avait vues dessous, cela ne lui faisait plus ni chaud, ni froid. Alors, un type qui s'était apparemment barré de chez les Artilleurs… meh. Elle s'en foutait pas mal. Tout ce qu'elle voulait, c'était retrouver son fils.
- Vous êtes nouvelle, non, à Goodneihgbor, nota le voyageur.
- Mh. Mon camarade et moi venons de sortir d'un abri Vault-Tec, donc, on redécouvre le monde.
- Ooooh, donc, t'es l'une des personnes dont parlait Travis. Tu sors du 111, c'est ça ?
- Ouais… soupira-t-elle.
Il se prit une chaise et vint s'asseoir sans invitation à côté d'elle.
- T'as pas l'air aussi coincée que ces idiots de l'abri 81. C'était comment dedans ?
- Froid. Je préfère ne pas m'attarder sur le sujet.
- La sécurité de l'abri a été compromise durant sa période d'isolation, menant à l'assassinat du compagnon de madame et au kidnapping de leur fils, expliqua avec tristesse Codsworth.
- Je suis navré… je sais ce que c'est. Enfin, pas totalement, mais le désespoir d'un parent, je connais.
Il porta la bouteille brune d'alcool à ses lèvres et en but une gorgée.
- Vous avez perdu un enfant ? demanda l'avocate.
- Disons que c'est ce qui risque d'arriver. J'ai perdu ma femme dans une attaque de goules sauvages et mon fils, un adorable petit garçon du nom de Duncan… Il a contracté une étrange maladie. Une maladie qui lui vole sa force vitale.
Il but une autre gorgée de sa bière.
- J'ai pu le confier à l'itération du Professeur Nico. Celle qui fait classe à la colonie de Little Lamplight. Elle m'a dit qu'une autre de ses itérations étaient en contact avec un grand médecin, mais que celui-ci était sous la surveillance d'une organisation capable de rivaliser avec la Confrérie de l'Acier. Elle m'a promis qu'elle lui a soumis les symptômes et qu'il ferait le nécessaire pour chercher un moyen de le guérir. Mais il ne peut l'ausculter, donc, ça prend du temps. D'où pourquoi je suis monté jusqu'ici. J'ai consulté des tas de médecins sur la route dans l'espoir qu'ils aient entendu parler de ce mal, sans résultat. J'ai eu un peu d'espoir d'en apprendre plus en rejoignant les Artilleurs qui connaissent bien la région…
Il eut un geste de la main montrant là où s'était tenu la dispute juste avant.
- Pour l'instant, je bosse avec les Déplacés dans l'espoir que leur réseau d'information capte quelque chose ou que le médecin dont ils m'ont parlé puisse trouver un remède en dépit de la surveillance.
- Je suis désolée, mais je suis un peu…
- Pardon, s'excusa l'homme. J'ai zappé que vous sortiez d'un abri. Alors, les Déplacés, ce sont des gars comme Sanji, qui est en ville en ce moment. Ou le Professeur Nico. Ou même Pépé Rhyddid… y'a qui encore ? Ah oui ! Luffy et Franky ! Ce sont des gars qui ont été déplacés dans le temps. Ils viennent d'une époque avant la civilisation humaine. Je sais, c'est dur à croire, mais on a des trucs tellement tordus depuis les bombes. Et honnêtement, à l'époque où nous vivons, qu'est-ce que ça peut faire ? On a les Adorateurs d'Atome qui ont vu le jour à Megatown parce que je suis certain que dans leur cervelle irradiée, que si la bombe n'a pas explosé malgré le fait qu'une ville se soit construite dans le cratère, c'est une « volonté divine ». Mon c-œil.
Adara leva un sourcil en entendant le mercenaire se rattraper dans son juron pour le rendre plus propre.
- Et Little Lamplight… c'est une colonie particulière ?
- Je ne dirai pas où elle est. Pour la simple et bonne raison qu'il n'y a que des enfants. Dès qu'un des habitants a plus de seize ans, il prend la porte. Depuis sa création, les enfants ont appris à compter que sur eux-mêmes. L'histoire de sa création est tragique, mais elle explique beaucoup de pourquoi les adultes ne sont tolérés que pour un commerce de passage. En fait, à la base, c'était une incursion scolaire dans des grottes. Quand les bombes sont tombées, pas mal des adultes sont morts ou ont pris la fuite. Mais les uns après les autres, ils ont disparu, finissant par laisser les enfants seuls. Ils sont tombés sur un abri Vault-Tec dans les grottes et ont tapé à la porte, mais on leur a refusé l'accès. Alors, ils ont continué de s'enfoncer dans les souterrains et ont fini par fonder leur colonie. Avec le temps, et les aménagements, ils ont fini par trouver une itération du Professeur. Elle devait être récente, puisqu'à l'époque, sa forme locale n'avait pas l'air d'avoir plus de cinq ans…. Mais je peux vous assurer qu'entendre une fillette de cinq ans vous parler comme une adulte qui a traversé toutes les guerres du monde… ça fait froid dans le dos. Mais elle a été cool avec nous. Alors qu'avant, c'était par le commerce qu'on pouvait avoir du matos scolaire, elle a pris notre éducation en main. J'ai entendu dire que jusque dans le sud profond, genre, les Appalaches, on cherche des jeunes issus de notre colonie pour des postes importants, comme l'amélioration de l'agriculture ou du système de filtrage, de protection de radiations…
- Comme sortir de Harvard avant la guerre, compara Codsworth.
- J'ignore ce qu'est Harvard, donc, je vais te croire sur parole, camarade. Le fait est que les Déplacés ont été les seuls à nous aider sans aller à l'encontre de notre code. Genre… régulièrement, Luffy débarquait, comme ça. On le retrouvait assis sur un toit, tout sourire, disant que la porte était ouverte. Et on avait quelqu'un, dehors, qui attendait pile à l'endroit où il était entré, pour le récupérer. Et en partant, y'avait toujours un commentaire disant où était le défaut, ou quel genre de chose serait recommandable dans tel point de la protection de la colonie. C'est comme aider quelqu'un en appuyant sur son orgueil, mais ça a marché. Honnêtement, on avait une belle vie. Sanji, par le biais du Professeur, nous a offert des plans de légumes sains. Des légumes non-irradiés. C'est de l'or en barre à notre époque. Mais il a pas débarqué en nous disant « ouais, j'ai fait pousser des tomates, c'est meilleurs de les tatos et non irradiés et je vous en fais cadeau ». Non, il les a refilé à sa camarade et elle nous a sorti « la leçon du jour portera sur la botanique, et donc, sur le jardinage » et nous a présenté les plans en disant qu'elle attendait de nous qu'on arrive à les faire prospérer pour qu'ils puissent nous aider à subvenir à notre colonie. Quand j'y ai mis les pieds, j'étais tout petit et orphelin, et je peux t'assurer que Little Lamplight était le meilleur endroit au monde pour vivre. La colonie faisait peu de commerce parce qu'elle était auto-suffisante grâce à l'aide indirecte du groupe.
Adara avait dû mal à transposer ce comportement avec celui qu'on attendait de terroristes qu'on leur montrait au journal télévisé. Après, on n'attendait pas d'un terroriste qu'il débarque durant une guerre qui ne le concernait pas pour soigner des blessés des deux camps, pourtant, le Phoenix l'avait fait.
- Il y avait longtemps, Robert. Cela fait bien plus de dix ans, je ne t'ai presque pas reconnu.
Le trio autour de la table se retourna pour voir qu'Aarch venait d'entrer dans la zone VIP. Le visage du mercenaire s'illumina alors qu'il se leva pour serrer à deux mains une de l'ancien.
- Heureux de te revoir, pépé Rhyddid ! Sanji m'a dit que tu étais dans une mauvaise passe, quand je suis arrivé dans le Commonwealth.
- Capital Wasteland n'est pas à côté, qu'est-ce qui t'a mené à faire une si longue route ?
- Je cherche un remède pour mon fils. Le Professeur m'a dit qu'elle avait transmis à un bon médecin ma quête, mais que ça prendrait du temps. Alors, je fouille de mon côté en attendant.
- Je resterai attentif.
Le voyageur le remercia et fronça les sourcils, avant d'alterner son regard entre les deux. Il leva son doigt pour poser une question qu'Adara coupa sous ses pieds :
- Nous venons de nous rencontrer.
- Ah… d'accord. Bon, je vais vous laisser. Si vous avez besoin d'un mercenaire, pensez à moi.
Et il s'en alla, suivi du regard par les trois autres, mais surtout par Aarch qui le fixait un peu trop attentivement. Peut-être la raison de la subite gêne du jeune homme qui préférait évacuer avant de se mettre dans les mauvaises grâces de l'ancien.
- Quel étrange personnage, nota Codsworth.
- Puis-je m'asseoir ? demanda Aarch. J'ai quelque chose de plus buvable que la pisse que vend Charlie.
Il montra une grande bouteille de rhum d'avant-guerre qu'il avait sorti de son manteau.
- Vous n'êtes pas resté avec le commandant ? se renseigna Codsworth alors qu'Adara tapota juste du pied la chaise laissée libre par MacCready.
- Est-ce que vous l'avez vu dormir durant le voyage ?
- Très peu, admit le robot.
- Sachant qu'il était le mieux placé pour couvrir vos arrières, il a pris sur lui et a marché principalement à l'adrénaline et l'habitude. Là, il vient de tout relâcher puisqu'il a l'assurance qu'il y a quelqu'un pour couvrir ses arrières… et petit souci… quand un logia dort, il ne contrôle pas forcément ses dons… alors, disons que pour l'instant, l'hôtel Rexford vient de gagner un sauna.
- Il y a des extincteurs encore fonctionnels en ville ? se renseigna avec inquiétude Codsworth.
- Pas à ma connaissance.
- Je vais m'assurer qu'il ne mette le feu à rien du tout et l'arroser au besoin. Désolé de vous abandonner ainsi madame.
La blanchette eut un geste pour lui dire d'y aller et le Mr Handy s'en alla avec hâte.
- Le médecin a une chance de trouver un remède pour le petit de ce MacCready ? demanda Adara quand Aarch s'assit.
- Le docteur Trafalgar est un médecin de talent, assura Aarch. Malheureusement pour lui, quand il a été déplacé, c'est directement dans les locaux de l'Institut, d'où pourquoi il ne pourra pas se déplacer de lui-même pour examiner l'enfant. Parce que malheureusement pour lui, l'Institut a un moyen de pression sur lui.
- Ce n'est pas un nom qui était associé à votre groupe de complotistes.
Aarch sortit de son autre poche deux verres et les remplit avec le rhum bien plus agréable que la bière qu'avait servi le robot.
- Je me fiche pas mal que nous ayons été vu comme des terroristes ou des complotistes. Ce qui m'importe, ce sont les miens et leur avis. Pas celui des journaux qui portaient la voix d'idiots. Que savent-ils vraiment ? Rien parce qu'ils ont préféré leur vérité sans jamais écouter ceux qui leur disaient autrement.
Adara eut un mouvement de tête disant qu'elle lui accordait le point.
- Quant à la raison pour laquelle il n'était pas associé à nous avant la guerre, c'est parce qu'il nous a rejoint il y a cinq ans. C'est à lui que je dois ma phase de nidification au-dessus de l'école primaire. Robin-san a une de ses itérations à l'Institut, donc, elle a pu lui faire un briefing, mais elle se doit de rester discrète. Elle est notre unique moyen de les garder à l'œil alors, la faire griller sa couverture est hors de question. Quant à Trafalgar, nous n'avions pas prévu que l'Institut ait son unique point faible sous le coude. Donc, il est tenu par la peau du cou. Vu qu'il est entouré de scientifiques et que c'est un homme extrêmement intelligent qui a survécu à bien pire, il peut s'en sortir. Donc, si on lui a dit qu'un gamin a besoin de soins, il a dû trouver un moyen de faire passer sa recherche de remède pour une étude scientifique.
Alors qu'il portait un verre à ses lèvres, il eut un maigre sourire.
- Il aurait pu me tuer ce jour-là. Il savait que je pouvais résister à beaucoup, donc, il a fait croire à ma mise à mort en m'envoyant dans la Mer Brillante. Cela lui a demandé énormément d'effort, cela aurait pu le tuer, mais il a pris ce risque. Donc, pour un enfant, il prendra le risque.
La femme hocha la tête et se concentra sur son verre.
Un lourd silence s'installa alors que la radio de Diamond City était mise en marche pour compenser le fait que Magnolia soit en train de se restaurer.
Elle ferma les yeux avec son verre au bord des lèvres, les dents sur le rebord, laissant l'alcool faire son effet. Sixteen tons était à nouveau à la radio, alors que juste avant, ils avaient parlé de l'étrange destruction de Convenant.
Elle reposa son verre.
Généralement, cette chanson lui rappelait l'époque où tout était « simple » (avec de très gros guillemets) quand son père était encore à la mine. Elle aimait ce titre pour cela. Mais entendre la diffusion de Silver Shroud lui avait mis un coup au moral. Très gros coup qu'elle essayait d'encaisser en gardant un visage lisse, parce qu'elle avait d'autres problèmes que ses remords.
Aarch la regarda chantonner en même temps que le titre mais conserva le silence, les yeux mi-clos. Il avait délaissé son verre pour se concentrer sur la blanchette avec qui il partageait la table et l'alcool, la tête légèrement penchée sur le côté, sans que l'avocate ne le réalise.
Jusqu'à ce qu'il l'applaudisse doucement à la fin du titre. Elle se contenta de lui jeter un coup d'œil, mais ne releva pas, retournant à son verre et à son contenu.
- Des souvenirs avec ce titre, n'est-ce pas ? demanda Aarch.
- Papa. Dès qu'il a su marcher, il a été envoyé dans une mine de charbon par le maquereau de grand-mère.
Elle vida d'une traite son verre et sans demander, se resservit.
- Vous excusez pas. Vous n'êtes pas responsable. Vous avez même offert de l'affection a une femme qui ignorait ce que c'était. Elle était prisonnière d'un mariage arrangé sans amour avec un riche industriel qui avait une maîtresse pour chaque jour de la semaine. Qu'elle tombe enceinte était un accident et cela aurait pu en rester là si papa n'avait pas clairement été métissé.
L'homme eut une grimace puis un soupir.
- Coupable d'être bien cuit au soleil. Et je pense qu'elle fut aussi perdue que moi ce soir-là.
- Elle n'est pas entrée dans les détails, mais elle en a conservé un bon souvenir, sourit Adara quelque part entre l'amertume et l'amusement. Je suppose que c'est pour ça qu'elle a gardé papa quand son mari, puis sa famille, lui ont posé un ultimatum.
- Quand les différents gouvernements du monde entier vous cherchent, vous ne laissez pas un numéro. Mais je me souviens d'elle... J'ai même hésité à lui dire de nous suivre. Mais ça ne s'est pas fait et je ne l'ai pas recroisée... la suite, j'ai continué dans les quatre coins du monde. Cependant, lorsque l'on tient son enfant entre les mains. C'est notre plus grand trésor. Certains ne le prennent pas ainsi. Je suis content... Mais triste, qu'elle ait subi l'enfer avec son enfant.
Adara haussa des épaules. La vie n'avait pas été facile, mais cela lui avait appris les vraies valeurs et donné une motivation pour continuer sur la route pour devenir avocate quand la première de pouvoir rouvrir l'affaire de son père avait fini avec lui sur la chaise électrique.
- La vie n'a pas été simple, que ce soit pour grand-mère ou papa, mais ils ont tiré des leçons importantes. Des leçons qu'ils m'ont transmises en grandissant même si j'ai eu la chance de pouvoir aller à l'école contrairement à papa. Des écoles prestigieuses mêmes.
Elle regarda son verre. Clairement, l'alcool lui déliait un peu trop la langue. Ou la fatigue nerveuse et émotionnelle avait décidé qu'il était temps qu'elle déballe tout. Le monde était mort, Nate était mort, son fils disparu et la civilisation avait clairement régressé. C'était un peu trop pour elle.
Aarch hocha en silence la tête en la regardant. Que pouvait-il dire puisque c'était fait et rien ne pourrait lui permettre de changer cela.
- Il voulait vous offrir le monde qu'il n'a pas pu avoir à cause de connards élitistes. Ou je me trompe ?
- Pourquoi le pluriel ? demanda avec perplexité la blanchette.
Le Griffon eut un pauvre rire.
- Il y a tellement de personnes qui, par leurs actions et leurs décisions, ont plongé des centaines de vie dans la rue. Certes, il y a celui qui la tenait à la rue, celui qui l'y a jeté. Et ceux qui sont assez connards pour se considérer supérieurs au point que les autres ne méritent pas un seul regard. Je parle au passé mais aussi aujourd'hui... Mais je m'égare. Pour juste revenir à votre famille. Ils ont été jetés à la rue. Mais un con a mis un gamin à la mine... Alors que ce gamin aurait pu être à l'école pour apprendre et être autre chose ou celui qu'il voulait. Juste parce qu'il le pouvait. Beaucoup peuvent rentrer dans ces cases.
- Ce n'est pas ma question. Vous avez dit "il voulait vous offrir le monde". De qui vous parlez ? Grand-mère ? C'est un miracle qu'elle ait tenue aussi longtemps sur le trottoir, mais elle prenait de l'âge et la légende de l'Émeraude de Boston ne pourrait pas éternellement compenser les rides, sans compter qu'elle avait chopé une saleté avec un client pouvant la tuer d'un moment à l'autre, et ce, avant même que je ne vienne au monde.
Aarch regarda Adara avant de soupirer.
- Je pense que l'on n'a pas réussi à se comprendre. Je disais, votre père a voulu vous offrir une porte d'entrée au monde et que vous n'ayez pas à vivre dans la rue. Et je ne peux rien faire pour changer les faits. Si j'avais su... Que pensez-vous que j'aurais fait ?
L'avocate porta son verre à ses lèvres.
- Je l'ignore et honnêtement, je m'en contrefiche. Ce qui est fait est fait, ça ne changera rien de s'interroger sur des « si » et autres conneries. Avec des si, j'aurai confronté dès le premier soupçon mon compagnon et je l'aurai mis à la porte, me faisant perdre ma place dans l'abri 111 et donc, la possibilité même que nous ayons cette conversation en premier lieu.
Et elle avala une bonne rasade de sa boisson. Elle commençait à en avoir marre de cette conversation. Très sérieusement, mais elle n'arrivait pas à se lever. Elle avait certes fait des sports de combat en guise de self-défense, mais cela ne l'avait pas préparé à un voyage si intense et long pour les nerfs qu'elle vivait depuis la sortie de l'abri. Sans Codsworth, Ace et Canigou, elle aurait craqué depuis longtemps
- Peut-être, accorda l'homme qui avait l'air d'accord. Mais... J'aimerais savoir. Savoir qui il a été. Je n'ai pas le pouvoir de changer le passé et je ne vous ferai pas cet affront. Vous êtes qui vous êtes grâce à votre passé et je le dis sans pitié ni condescendance, vous êtes quelqu'un qui vaut la peine d'être connu. Si vous pouvez trouver en vous un peu d'affection pour qui aurait voulu être là, laissez-moi vous accompagner sur un bout de chemin. Offrez un peu de pitié à un homme qui a déjà perdu une famille mais qui peut vous apporter de l'aide si vous le laissez. Laissez-moi vous aider Adara…
La main de l'avocate se mit à trembler sur son verre qui finit par être reposé brutalement sur la table.
De l'affection ? La famille ? De la pitié ?
Un hoquet se bloqua dans sa gorge.
Elle saisit ses dreads à pleine main, comme si elle voulait les arracher. Ils étaient tout les deux dans la même situation, ils avaient perdu leur famille une première fois, et il espérait qu'elle aurait la force de lui accorder de l'affection alors qu'ils venaient de se rencontrer ? Elle ne savait même pas si elle devait pleurer ou cracher sur la tombe de Nate. Elle n'avait que les mots d'une voix désincarnée pour lui assurer que son fils était en vie.
Elle monta ses mains à ses yeux.
Elle ne voulait pas pleurer, mais elle craquait, elle n'en pouvait plus. Tout était allé si vite, et alors qu'en début de semaine, elle demandait à Nate de réparer le mobile du berceau de Shaun pendant qu'elle préparait la décoration de la maison en vue d'Halloween, la voilà en train de noyer ses nerfs dans l'alcool dans un métro reconverti en bar de troisième zone dans un monde post-apocalypse.
- J'ai tué mon père… sanglota-t-elle.
Aarch commença à tendre une main pour s'arrêter en plein geste. Il prit une respiration avant de croiser les doigts devant lui. Il resta un instant, la laissant alors respirer, prendre le temps de pleurer des larmes qu'elle retenait depuis longtemps. Même, garda la tête vers ses doigts, qu'elle ne se sente pas juger. Il ne pouvait lui offrir le luxe de quitter la pièce, le lui donnant en gardant le regard baissé, pour qu'elle puisse exprimer tout ce qu'elle ressentait, avoir son intimité et pleurer sans le regard d'autrui.
Lorsqu'elle sembla se recomposer et le regarda, il attrapa la bouteille afin de silencieusement offrir de remplir son verre, mais la femme secoua la tête. Elle était épuisée, c'était clair. Et le fait qu'elle craque était la preuve que l'alcool avait fait équipe avec sa fatigue pour lui pourrir un peu plus sa vie. Elle joignit ses mains, les coudes sur la table, et appuya son front dessus, les yeux fermés.
Elle n'avait pas la force de se lever. Est-ce que quelqu'un verrait un inconvénient à ce qu'elle dorme dans ce coin de bar ? La musique et le brouhaha des conversations risquaient de rendre le sommeil difficile, mais à ce stade, elle n'en avait plus rien à faire. Elle en avait juste assez. C'était l'espoir de retrouver son fils qui lui permettait d'avancer, rien de plus, rien de moins. Ce n'était pas la découverte d'un grand-père décent qui allait changer les choses.
- Désolée d'avoir craqué, souffla-t-elle en profitant de ses dreads pour masquer au mieux ses yeux rougis.
- Il n'y a pas à s'excuser. Vous en aviez besoin, maître Vanles. Mais, vous n'êtes plus seule. Vous avez Portgas, et moi.
Il regarda autour avant de soupirer.
- Voulez-vous vous reposer avant d'aller affronter le monde ? Au calme ?
Elle eut un rictus tremblant tout juste visible entre ses dreads.
- Je n'ai besoin de personne. Papa m'a appris à ne pas dépendre d'autrui. La compagnie d'Ace, Codsworth et Canigou est appréciable, mais j'ai une mission et avec ou sans eux, je dois le faire. Je ne suis pas une gratte papier qui ne sait pas se défendre. Je n'ai peut-être pas vos antécédents et donc, vos réflexes, mais je ne suis pas une petite femme sans défense.
Elle essuya ses yeux et posa son arme sur ses jambes pour avoir quelque chose à tenir qui la fasse se sentir moins vulnérable.
- Papa… papa était le Silver Shroud.
Aarch leva un sourcil. Oui, Adara savait que c'était quelque chose de bizarre à dire, mais c'était les faits. Deux ans après les qu'il ait abandonné son travail dans la mine de charbon, les premiers épisodes de Silver Shroud avaient commencé leur diffusion, romançant énormément les actes de son père, mais gardant intact la tenue et l'arme.
- Et que lui est-il arrivé ? demanda doucement Aarch en se rapprochant.
- La chaise électrique, répondit froidement l'avocate. Et contrairement à l'histoire que tout le monde connaît, son nettoyage de la corruption et du crime ne lui a offert aucun allié. La seule chose que ça lui a permis de faire, c'est de s'attribuer la mort de mon proviseur…
Elle se revoyait à seize ans, coincée contre le bureau de son proviseur, le terminal encore allumé sur les messages de l'homme. Ses mains tremblèrent sur sa ceinture, se rappelant de sa jupe d'uniforme que l'homme, qu'elle venait de tuer avec un coupe papier, avait bien déchirée juste avant.
- Il s'est laissé attraper et on a chargé son dossier au maximum. Il n'a pas cherché à se défendre. Même quand on lui a imputé des crimes datant de son adolescence dans les mines de charbons.
- Mes condoléances, lui dit simplement l'officier.
- C'est pour mon crime qu'il est tombé. Il avait fait tout ça pour m'offrir un avenir étincelant, et… ma frustration et stupidité ont tout gâché. J'ai cherché à le sauver en devenant avocate, mais je n'ai pas été assez rapide.
Elle avait tout juste commencé son cursus universitaire quand il avait été exécuté. Cela avait failli la faire abandonner, mais même si sa mère était plus une vague connaissance plutôt qu'un parent, elle avait trouvé les mots juste pour la pousser à continuer, faisant le chemin depuis la Louisiane pour les lui adresser en face à face.
L'avocate cessa de fixer la table pour voir qu'Aarch la regardait en silence. Elle le lui rendit alors qu'elle remettait ses mains sur son fusil sur ses genoux, cherchant un point d'ancrage.
- J'aurais certainement fait le même sacrifice pour ma fille, si elle avait été en danger ou dans les mêmes situations, lui dit-il avec conviction.
- Cela ne rend pas la chose plus facile à vivre pour ceux qui restent derrière. Surtout quand c'est nous les fautifs dans les conneries.
Elle soupira et se força à se lever.
- Restons-en là.
Aarch hocha la tête, comprenant le message implicite.
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Adara avait la migraine. Une migraine faramineuse qui lui donnait l'impression d'avoir une hache plantée dans le crâne. L'alcool et la fatigue, qu'elle soit physique et nerveuse, jouaient énormément. Il y avait aussi l'info-dumping de la nuit d'avant.
Ils se retrouvèrent derrière le rideau qui servait de séparation entre le bar et l'espace de stockage de celui-ci. Du béton armé fermait le reste du métro, outre trois portes de haute sécurité avec digicode.
- Elles servent à l'évacuation et à l'approvisionnement, informa Sanji en s'allumant une cigarette.
La vue était assez effrayante, tout de même, avec juste la lueur de la flamme de son allumette incendiant un bout de sa clope et éclairant au passage le visage abîmé par les radiations de l'homme. D'un geste machinal, il éteignit d'un mouvement de poignet l'allumette et la glissa dans son cendrier de poche qu'il remit dans son veston.
- Il n'y a que Whitechapel et Hancock en dehors de mes camarades, qui connaissent le code pour éviter l'abus dans leur utilisation, et donc, trahir leur présence. Cela mettrait en danger tous les civils de Goodneighbor. Et son petit secret.
Il se dirigea vers l'une des portes et composa le code, ouvrant la porte pour les laisser passer. Dehors, on était toujours dans le métro, en plein dans les rails. On avait juste rajouté une plateforme qu'Adara ne vit que parce les Pip-boys diffusaient de la lumière. Cela ressemblait presque à un petit quai de déchargement.
- Si Diamond City veut se la jouer élitiste, qu'ils gardent leurs merdes et les nouilles pouraves de leur robot stupide. La seule chose de correcte, là-bas, c'est l'alcool artisanal de Vadim Bobrov. Mais ici… on a des fruits et légumes frais non irradiés régulièrement.
- Comment est-ce possible ? demanda Adara alors qu'ils se mettaient à suivre Sanji qui remontait les rails.
- Faîtes attention, les rails sont électrifiés, avertit le cuistot.
Adara veilla à conserver une distance de sécurité avec la zone dangereuse.
- On a réussi à nous infiltrer dans la Réserve mondiale de semences du Svalbard pour récupérer suffisamment afin de mettre en place quelques plantations en serre avec tout une mise en place à côté pour les préserver des radiations pouvant venir de la terre, de l'air ou de l'eau. Nous en avons une sous la bibliothèque de Boston. Nous avons profité du fait qu'elle soit reliée à Goodneighbor par le métro pour mettre en place ce système de livraison.
- Astucieux, approuva Ace.
- On est loin de cette Diamond City ? demanda Adara.
- Moins d'une heure. Le Fenway Park a été reconverti en colonie fortifiée. Le grand mur vert qui lui vaut son nom de Diamant Vert est en fait le mur des scores avec la cabine de presse. C'est ce truc qui a protégé de l'explosion en premier lieu le stade et de beaucoup des radiations et autres dangers de ce monde post-apocalypse.
- Monsieur Nate aurait fait un ulcère de savoir qu'on avait désacralisé le stade, commenta Codsworth.
- Je ferai un home-run en son honneur.
Cela lui faisait étrange.
On lui promettait des explications, des réponses, lui faisant miroiter des nouvelles de son fils. Et tout ça était à moins d'une heure de marche. Elle se sentait presque fébrile. Elle avait envie de courir, mais cela serait stupide. Elle ne savait pas où aller, ni qui voir, outre qu'il s'agissait d'une femme.
- Question… On m'a parlé de Capital Wasteland, ça correspond à…
- Washington D.C, lui répondit Aarch avant de préciser à Ace. Sept cent soixante kilomètres au sud d'ici, c'était l'ancienne capitale des Etats Unis d'Amérique.
Le noiraud hocha la tête alors qu'ils continuaient leur route.
Quelque chose gouttait au loin, dans le noir, alors qu'ils avançaient sur le gravier, accompagnés par Codsworth et ses « pompompom », et le son baissé au maximum de la radio.
« Alors… avant de commencer la leçon du jour… j'ai un… message ? Rappel ?... bref, une… une intro… » dit la voix de Travis.
Sanji monta le son de son Pip-Boy qu'il portait dans son poing et pas en tant que bracelet comme tout le monde.
« Les goules ne sont pas des adorateurs d'Atome…. Enfin, pas forcément… Donc… les goules de Goodneighbor ou de la Bourbière ne sont pas des bouffeurs de rads, donc, pas à craindre… le commerce et les conversations civiles sont possibles… ne les assimilez pas à ces fanatiques… s'il vous plaît ? »
- Oui, merci, j'aimerai éviter que ma gueule de brûlé m'associe à ces cons, grommela Sanji.
« Donc… pour ceux qui sont pas au courant… la leçon du jour porte sur l'Église des Enfants d'Atome, connue aussi sous le nom d'Enfants d'Atomes ; Eglise d'Atome ou Atomite. »
- Pourquoi ça sent à plein nez la même mauvaise odeur d'une affaire de secte ? se renseigna Adara.
- Parce qu'on en est pas loin, grogna Aarch.
Adara nota avec un certain amusement que de sous le manteau, on voyait la queue de lion s'agiter avec agacement.
« Donc… les Atomites… c'est dans le nom… ils vouent un culte aux radiations et voient les armes nucléaires comme une personnification divine... faut être fou pour songer ça… »
- Y'a eu plus étrange comme religion, et plus meurtrière.
« Donc, pour eux… les gros trucs comme les bombes atomiques sont des outils divin servant à la création… Le discours général dit que c'est avec la fission nucléaire que le monde a été créé et que chaque explosion nucléaire donne vie à de nouveaux univers… Je me demande ce que pense les Déplacés de cette idée ? »
Les quelques commentaires japonais d'Aarch et Sanji firent rire moqueusement Ace. Adara ne comprenait peut-être pas, mais elle devinait que ce ne devait pas être flatteur.
« On n'a pas assez d'informations pour le confirmer… compréhensible quand... ben, quand on regarde dehors, quoi… Je veux dire, on croirait presque que la civilisation… bah c'est Diamond City… sans offense… »
- Rien à faire que les goules ne soient pas acceptées à Diamond City, je vais lui botter le cul pour avoir dit une connerie pareille, grogna Sanji.
« Donc, je disais… Les Atomites, bah, il se pourrait qu'ils aient vu le jour à Megaton, y'a un peu plus de quarante ans… En fait, c'est avec eux que cette citée de Capital Wasteland aurait vu le jour… ou un truc comme ça… je… je demanderai peut-être confirmation au Professeur, j'ai mal compris sa note, je pense… Donc, de base, ils sont pas de chez nous… mais en quarante ans, ils…»
Travis eut son rire nerveux et effrayé qu'ils commençaient à bien connaître.
« Ils ont décidé de se diviser ! Et certains sont venus chez nous et se sont fait des adeptes. Voilà !»
N'étant certainement affilié à aucun culte religieux d'avant-guerre (un groupe d'individus bizarres étaient une fois venue lui demander à la fac si elle voulait rejoindre le SAPHIR [1] [2] et elle avait préféré appeler la police), Adara voyait très mal comment pouvait-on adhérer à ce genre de culte.
« Donc… aujourd'hui… bah, ils sont dans le Commonwealth ! Et on les trouve même jusqu'à Far Harbor à ce qu'il parait ! C'est génial, hein ? »
- Pathétique pour ne pas changer, grommela le cuistot en luttant contre une allumette pour s'allumer une nouvelle cigarette.
Ace lui offrit du feu alors que Codsworth reprochait au cuisinier de casser du sucre sur le dos d'un homme qui n'avait clairement aucune estime personnelle.
« Je sais pas comment ça se passe là-bas… en tout cas, ici, bah, ils ont des zones à eux. On a quelques voyageurs ayant réussit à faire l'aller et retour dans la Mer Brillante, qui disent qu'ils ont un lieu de culte sous la forme du Cratère d'Atome, le lieu d'impact de la bombe locale, dans ce qui était apparemment Holliston … et bizarrement, ils sont immunisés. On en a aussi du côté du port de Kingsport… donc, non, dans la nuit noire, ne suivait pas la lumière si vous êtes dans ce coin ! »
Adara donna un coup de coude à Ace pour lui montrer la carte du Pip-Boy, désigna du doigt l'endroit où ils étaient, puis plus au sud la ville de Holliston puis monta plus haut pour mettre son doigt sur Kingsport bien au nord, sur la côte.
Le logia hocha la tête alors qu'ils reprenaient leur marche. Travis annonça la fin de sa leçon, et relança la musique.
- Il dort au moins ? demanda Ace. Non, parce que de jour comme de nuit, il parle à la radio, mais y'a jamais assez de temps entre ses interventions pour laisser supposer qu'il dort.
- Qu'est-ce que ça peut faire qu'il pionce ou pas ? demanda Sanji.
- J'ai un antécédent avec un homme qui n'a jamais fermé l'œil de toute sa vie.
- Cela ferait un sacré twist. Travis la mauviette qui nous fait une Blackbear.
C'était très dérangeant et dans un sens, assez bizarre. Ce monde, même si les bombes l'avaient changé, était celui d'Adara. Elle avait été un peu la guide, jusqu'à Malden. Elle avait les références. Elle avait les connaissances.
Et là, elle se retrouvait perdu, entouré de références et d'éléments qui n'avaient plus de sens pour elle. Elle était dans cette désagréable situation où elle se retrouvait dans les pompes de quelqu'un d'autre. L'avocate admirait la désinvolture avec laquelle Ace acceptait la situation, comme si ce genre de chose était tout à fait normal pour lui. Elle aurait voulu avoir une telle capacité d'adaptation.
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Cela avait été l'heure la plus longue et dans un sens, la plus rapide de la vie d'Adara. Ils avaient rejoint l'autre arrêt de métro. Celui s'ouvrant directement dans la bibliothèque. Il y avait une logique qui échappait à l'avocate dans l'idée de mettre un arrêt de métro accessible seulement par la bibliothèque. Un endroit bruyant et sale, dans un temple de la connaissance et du silence.
Ici, en tout cas, tout avait été changé. Le métro était coupé comme à Goodneihgbor. On avait construit un gros mur d'apparence extrêmement solide bloquant la suite du couloir. Il y avait, comme sous le bar qu'ils avaient quitté une heure avant, un quai de chargement, avec des wagons de marchandises vide sur les rails, indiquant qu'ils étaient donc au début de la ligne d'approvisionnement.
Ils grimpèrent sur la plateforme, se retrouvant devant une large et épaisse double porte, avec une simple plaque coulissante du côté intérieur, devant servir à vérifier qui étaient les possibles visiteurs.
- Merci Robin-san, remercia Aarch quand l'une des portes s'ouvrit pour eux sans personne derrière.
Ils la passèrent pour voir qu'ils étaient dans une immense plantation souterraine, sous des lampes de cultures pour compenser l'absence de soleil. Elle s'étalait sur une longue distance.
La température était assez agréable, presque humide mais la présence d'Ace ne complimentait pas cet étrange microclimat. Elle disait microclimat parce qu'il y avait littéralement des mini-nuages qui flottaient paresseusement d'un bout à l'autre de véritables champs, avec une terre meuble et noire.
Quant aux plantes, il y avait de tout. Ça allait du maïs et de la tomate aux patates, radis et salades. Sur la plateforme, on avait une caisse emplie de manioc presque rempli à ras-bord, ajoutant encore plus de diversité à ce que l'on pouvait trouver ici.
Quelqu'un travaillait dans ces champs et se redressa pour les voir.
Une voluptueuse chevelure d'un roux éclatant fut rejetée en arrière et en les voyant briller ainsi sous la lumière artificielle, Adara se disait que la télévision et les journaux n'avaient jamais rendu justice à une telle teinte. Parce qu'elle avait reconnu la femme. Elle n'avait pas changé depuis que son portrait avait été publié à la télévision le jour de la tombée de bombe. Un visage rond avec des yeux noisette blasé ; des courbes dignes d'une mannequin avec la silhouette parfaite en sablier de bandes dessinés. Elle avait un micro short en jean et une chemise à carreaux qu'elle avait noué au-dessus du nombril, ce qui mettait encore plus en valeur son décolleté. Cette femme était belle, le savait, et faisait de son mieux pour utiliser cela comme une arme.
La voleuse du groupe terroriste de Mass Fusion : Cat Burglar Nami.
Cependant, quelque chose fit tiquer l'avocate, alors que la femme encore si jeune et belle même deux cent ans après se précipitait vers eux. Juste sous les yeux, au niveau des tempes, à certains endroits des bras et des jambes et au bout des doigts, il n'y avait pas de peau. Il y avait soit du métal, soit du plastique. Cela ressortait aussi bien que la peau peut ressortir d'un gant en plastique déchiré.
- EISU !
Ace termina les quatre fers en l'air à côté d'Adara, une tête disant qu'il ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait, la rouquine accrochée à son cou qui hurlait de joie.
Et à côté, on avait Sanji qui fulminait contre le logia.
- Quelqu'un a du succès auprès de la gent féminine, nota Codsworth avec amusement.
Cela fit qu'Ace repoussa d'office la rousse qui le serrait dans ses bras comme une peluche.
- Aucun risque, je sais qu'il est casé et c'est peut-être trop tôt pour qu'il songe à refaire sa vie, marmonna Aarch.
Alors qu'Ace adressait un regard meurtrier à l'officier pour avoir osé émettre l'idée qu'il puisse refaire sa vie, Nami sautait dans les bras d'Aarch en le câlinant à son tour avec un immense sourire.
- Toi aussi tu m'as manqué, Nami. Je suis heureux de voir que tu vas bien, salua Aarch avec un petit sourire en lui tapotant le dos. Parle anglais, par contre.
Perplexe, la rouquine le relâcha et nota Adara qui rongeait son frein avec Codsworth qui laissait transparaître son inquiétude et malaise dans les tics qui agitaient ses appendices.
- Woof !
Canigou vint se mettre devant Nami et lever une patte, l'agitant légèrement. Avec un sourire, la rouquine la prit dans sa main et la serra doucement avant de lui caresser la tête. Elle le relâcha et se redressa. Elle regarda Adara, puis se tourna vers Aarch, ayant clairement noté la ressemblance, mais un geste de la tête lui fit comprendre de ne pas poser la question.
- Enchantée. Je suis Nami ! sourit-elle avec politesse en lui offrant sa main.
- Adara Vanles. Avocate. Codsworth est mon camarade d'avant-guerre.
- Avant-guerre ?
- Alors, non, elle, c'est pas une synthétique, elle a été cryogénisé. Nous avons découvert avec cela que oui, le feu peut geler, informa Sanji.
- Oi, protesta Ace.
- Oooh… sembla comprendra la rousse.
- J'étais littéralement devant la télévision à apprendre votre arrestation quand les bombes sont tombées, miss Nami, informa Adara en essayant de garder sa frustration hors de sa voix.
Elle cherchait son fils et on lui faisait perdre du temps pour des banalités.
- L'Abri 111 a congelé ses sujets, résuma le blond.
- Aaaaah, tout s'explique. Donc, comme on peut le deviner, je ne suis pas la Nami d'avant-guerre. Du moins, pas physiquement. Ce corps, c'est celui d'un synthétique. Version… deux point cinq… ou deux point sept ? Il faut que je demande à Nick.
- Nick a perdu beaucoup de ses souvenirs de l'époque, tu auras plus de chance avec DiMA, pointa Aarch.
Peu importe qui était cette personne du nom de DiMA, s'adresser à elle n'était pas une chose que voulait envisager la synthétique d'après sa grimace.
- Le fait est que vu que je n'ai rien lâché durant l'interrogatoire, on a scanné ma conscience via un projet expérimentale au CIT. Nami est restée une pile de données dans la base de ce qui est aujourd'hui l'Institut. On était trois prototypes entre la seconde et la troisième génération des Synthétiques, dans l'étude de la possibilité du développement d'une personnalité dans un individu synthétique et sa manifestation. Quand Nick a enchaîné personnalité sur personnalité au point qu'aujourd'hui, il a dû mal encore à dire qui il est, moi, avec l'aide sournoise de Robin-chan, on m'a téléchargé et foutu la paix en dépit de questions pour mesurer l'évolution et l'observation. Cela a permis à mes souvenirs de me revenir de plus en plus. Quand on a pu fuir l'Institut, j'étais de nouveau moi-même. Bien assez pour empêcher Nick de tuer DiMA durant une de ses crises identitaires. Et l'empêcher de se tuer lui-même. Donc, voilà, je suis juste plus belle qu'avant la guerre.
- Ta beauté est sans limite, Nami-swan ! chanta Sani en se transformant en nouille pour danser autour de la rouquine.
- En attendant, on m'a recommandé de venir ici pour retrouver mon fils, s'agaça Adara.
- On est devant un enlèvement signé Kellogg,[3] expliqua Aarch.
L'expression souriante devint sérieuse. A cet instant, Adara capta vraiment pourquoi cette femme avait été recherchée avant la guerre. On dit souvent de ne pas juger un livre par sa couverture, et là était le parfait exemple. Cette fille était dangereuse. Elle ne chercherait peut-être pas le conflit, mais si celui-ci se manifestait, alors, elle serait capable de s'en défaire sans un second regard.
- C'est le chien d'attaque avec un sérieux cas de rage de l'Institut, expliqua Aarch d'un ton sec. Il n'a pas l'air très vieux, mais c'est un cyborg. Il doit avoir un peu plus de cent ans.
- Donc… c'est cet Institut qui a tué mon mari et enlevé mon fils ? Mais pourquoi ?
- Si quelqu'un hors de l'Institut le sait, ce sera Robin-chan.
- Elle participe à une réunion éducative, dit Nami avec un froncement de sourcil presque attristé.
- Alors, sans vouloir offenser quiconque, j'ai bien peur que la vie d'un bébé soit plus importante qu'une réunion, peu importe aussi éducative soit-elle, dit avec colère l'avocate.
Elle en avait assez, on lui agitait sous son nez la localisation de son fils en lui donnant lentement des détails l'effrayant sur la sécurité de Shaun. Elle n'en pouvait plus.
- Elle ne peut pas s'absenter un instant de cette réunion pour répondre à des questions ?
- Dans d'autres circonstances, elle aurait fait ça, mais c'était avant qu'elle se retrouve à Holliston le jour où la bombe est tombée. Elle ne peut plus se déplacer comme avant.
Nami leur montra un grand escalier de carrelage et de métal qui devait appartenir au métro avant sa reconversion en serre.
- Le plus simple serait que vous la voyez. Avec un peu de chance, elle aura vu votre venue et repoussé la réunion. Ah, et Ace…
- Alors, je vais paraître chiant, mais je préfère mon nom de famille. On s'est rencontré une fois…
- Oh oui, pas de souci… ou peut-être…
Elle adressa un sourire malicieux à Ace qui devint livide de rage.
- En avant, commandant Portgas~ ! dit-elle avec une voix malicieuse.
Elle était douée, Adara devait l'admettre. Elle venait d'enrager quelqu'un avec juste un sourire.
Comme une troupe de canetons, ils suivirent la rouquine à l'étage, passant d'autres portes de sécurité pour entrer dans la bibliothèque. L'escalier de pierre blanche était étrangement propre. Il y avait les mêmes plantes vertes qu'à l'époque, avec le même toit en verre qui compensait le fait que les baies vitrées étaient désormais remplacées par des briques.
Cela se voyait que l'endroit était habité. Les couloirs étaient propres, les étagères fournies en livres et bien entretenues. Comme si chaque allée avait sa propre bibliothécaire.
En passant par les couloirs avec vue sur le patio, Adara nota qu'il y avait pas mal d'arbres qui y avaient été plantés.
- Des mandariniers. Belmer-san, la femme qui m'a élevé comme une mère, avait un verger entier rempli de ça, présenta Nami. Ce n'est pas la saison, malheureusement, mais je t'aurai bien proposé d'y goûter, Adara.
- Merci, murmura la blanchette sans trop savoir quoi répondre.
- Elles ne risquent rien avec les tempêtes radioactives ? s'intéressa Codsworth.
- Rien du tout. Non seulement j'ai un talent avec la météo qui permet de repousser une partie de la dangerosité de ces tempêtes, mais en plus, un de mes camarades, le cyborg Franky à qui on doit l'installation sous nos pieds, a renforcé cet endroit, que ce soit pour protéger l'itération de Robin-chan qui est ici, que la plantation ou les arbres.
Encore une fois, on parlait d'itération avec Robin. Qu'est-ce qu'elle était ?
- Maintenant que j'y pense, il faut que tu ailles à Nuka World, Portgas. Je me doute que t'as décidé d'aider la dame, et que si tu es à moitié aussi têtu que ton frangin, tu attendras d'en finir avec l'affaire du gamin avant de m'écouter, mais vraiment, il faut que tu ailles à Nuka World.
Adara nota qu'Ace la regarda sans rien dire. Il se contenta d'un petit geste du menton qu'elle comprit et elle sortit la carte du Pip-Boy pour lui montrer qu'elle retournait vers le nord, mais aussi vers l'ouest, signalant clairement que pour Nuka World, il serait nécessaire de revenir sur leurs pas, jusqu'à se retrouver au niveau de Lexington, puis rejoindre une ville qu'elle savait dédiée entièrement au transit entre le parc d'attraction et le reste du monde.
- En courant, on peut faire l'aller et retour dans la journée, mais je rejoins Nami-san, je pense qu'il serait important que tu ailles faire un tour à Nuka World. On sait jamais quand on peut avoir besoin d'une torche humaine, dit Sanji.
Ace le regarda longuement, s'arrêtant même pour le faire. Adara s'immobilisa aussi. Ce Sanji semblait aimer chercher la bagarre et Ace avait le sang chaud et peu de patience. Cela pouvait mal finir.
- Ta sœur est moins chiante que toi, finit par dire le noiraud en reprenant sa marche.
L'œil visible du blond se plissa mais il ne répondit pas, comme s'il avait capté un message en sous-titre, quelque chose lui disant d'arrêter de le chercher.
Ils finirent par arriver dans la plus grande salle de la bibliothèque. Là, le plafond avait été monté, permettant d'y caser de plus hautes tours de livres parfaitement organisées, accessibles par des échelles. Et elles formaient les rayons d'une roue. Du coin de l'œil, Adara nota qu'il y avait une carte du monde épinglée à un des murs avec une carte des USA en plus, avec des punaises à certains endroits.
- Les punaises sont là pour signaler les colonies d'importance de notre ère. Que ce soit NCR que Megaton, Far Harbor etc… expliqua Nami en suivant son regard. Tu trouveras pas plus précis. Sur le mur ouest, on a une carte de chez nous. Plutôt complète, autant que la Grand Line le permettait. Robin est au centre des rayonnages. Je ne les entends pas, donc, elle a dû repousser la réunion.
- C'est le cas, répondit certainement Robin.
La même voix sans origine qu'ils avaient déjà entendue auparavant.
Ils rejoignirent le centre des rayonnages, pour voir un grand espace, organisé presque comme une salle de classe, avec des bureaux et des chaises pour des élèves absents dans le cas présent. Il y avait même un tableau noir avec une collection de craie. Mais à côté de ce tableau, à la place qu'on attendrait du bureau de l'instituteur dans une vraie salle de cour, on avait ce qui ressemblait à un arbre de couleur chair.
Puis, on y regardait de plus près et on captait qu'il était question d'une main. C'était une main géante qui sortait du sol, ses cinq doigts s'étirant de façon déroutante vers le plafond où ils étaient accrochés à une encoche dans la zone bétonnée entre deux immenses vitres de la toiture. Le long de ces doigts, des bras de tailles et longueurs variables sortaient dans des positions assez tordues. La vue formait une vision d'un arbre grotesque couleur chair.
Dans la paume de la main géante, un buste de femme sortait. En fait, une sorte de jupe/sarong avait été enroulée entre la taille de la femme et au majeur doigt de la main géante, cachant la paume et le poignet, ainsi que le possible bas du corps de la personne. Les doigts géants faisaient comme un semblant de dossier de chaise à cette étrange personne. C'était une belle femme, en dépit du fait qu'elle avait l'air d'avoir pas loin de la soixantaine, peut-être plus. Mais en dépit des marques du temps, elle conservait un visage fin et encore assez lisse, un brin sévère, avec un large front qui mettait en valeur ses immenses yeux bleu sombre. Ses long cheveux poivre et sel (littéralement, parce qu'en dépit des mèches grises dû à l'âge, elle conservait encore des zones de sa chevelure noir comme l'encre) étaient retenus hors de son visage par des lunettes de vue qu'elle portait sur le haut de son crâne. Plus jeune, cette femme aurait été très belle.
- Bonjour, heureuse de voir que vous avez réussi à parvenir jusqu'à moi, sourit la femme. Je suis Robin Nico, c'est moi que le Commonwealth surnomme le Professeur.
C'était donc elle la source de ces voix désincarnées.
- Matte kudasai… Nico Robin ? répéta Ace en fronçant les sourcils.
- Oui, je suis cette Nico Robin, confirma la femme âgée avec un maigre rire. Cela remonte à loin, mais je pense que je peux me permettre de dire qu'avec tout le temps où j'ai suivi Luffy, je peux pouvoir dire qu'il a un talent inimaginable pour donner envie aux gens de le suivre… et de sauver les gens de leurs propres démons.
- Ouais, c'est bien mon frangin.
- Nami-chan l'a déjà dit, il faut que tu ailles à Nuka World urgemment, mais je sais que tu as des questions, comme maître Vanles ci-présente. Mais aussi que votre priorité est de retrouver un enfant. Shaun Vanles… sauf s'il porte le nom de son père.
- Il porte celui de son père, même si j'ai conservé le mien. Shaun Baker. Comment savez-vous tout cela ? souffla Adara en essayant de garder une voix lisse en dépit de la frénésie qui montait en elle.
Nami s'avança, se mettant à côté de Robin, et écarta son épaisse frange pour dévoiler un troisième œil sur son front. Un œil bleu sombre, comme celui de la vieille dame à côté d'elle. Celle-ci fit par la suite un mouvement assez gracieux du poignet et deux choses se passèrent en réponse.
La première, l'arbre s'ouvrit, lui donnant ainsi plus l'apparence d'une fleur dont Robin serait le cœur. Les doigts s'étirèrent gracieusement entre les allées des rayonnages sans causer le moindre dégât.
La seconde chose, ce fut que des dizaines de bras humains sortirent d'entre les livres où ils étaient astucieusement camouflés. Chacun avait une capacité de se mouvoir indépendamment des autres, avant de retourner à l'abri dans un même ensemble.
- Après avoir vu les dons du commandant Portgas puis le cas du vice-amiral Rhyddid, à qui je souhaite d'ailleurs le bon retour parmi nous et avertit de l'existence de matériel de chantage à son encontre…
Elle adressa un sourire malicieux au Griffon qui secoua la tête avec lassitude mais amusement.
- Je pense que vous devez avoir saisi le principe des fruits du démon. Le mien faisait de moi une fleur humaine. Et c'est d'ailleurs ça qui m'a sauvé de la bombe atomique. Quand elle est tombée, j'ai usé de mon don pour me cacher sous terre mais une partie de moi est restée à la surface. Juste assez pour que la dose de radiation dérègle mon pouvoir.
Elle se montra d'une de ses mains (une rattachée à son corps, pas une indépendante, ni celle dans laquelle elle avait émergée).
- Ce n'est pas mon vrai corps. Celui-ci n'est plus que l'ombre de lui-même, enterré profondément sous le sol du Massachussetts. Il est devenu une graine, et ce que vous avez sous les yeux en est une des pousses.
Sa main retomba sur son ventre.
- J'avais ce talent, avant tout ça, de faire pousser à volonté des parties de moi, presque instantanément, et de les évacuer tout aussi vite. Disons que cette facilité m'a été échangée contre la portée. Je sais qu'une moi est en train de chercher à percer dans les environs de la frontière mexicaine, c'est pour dire.
Elle présenta Nami de la main.
- Comme le démontre l'œil sur le front de Nami, je peux avoir des yeux, des oreilles et, même si c'est moins courant, des bouches partout. C'est comme cela que j'ai pu voir votre trajet jusqu'ici.
- D'où pourquoi j'ai senti que j'étais observé une bonne partie du voyage, nota Ace.
- Oh, je ne suis pas la seule. Il faut prendre aussi en compte les espions volants de l'Institut, ou la possibilité que Deacon ait été dans le coin. Par conséquent, je sais ce que vous cherchez.
Robin croisa les bras sur sa poitrine avant d'appuyer son menton sur sa main droite, regardant fixement l'avocate silencieuse. Adara en était au stade où elle cherchait à se prouver qu'elle pouvait lire dans l'esprit des gens.
- Je peux vous annoncer les choses de deux façons. Brutalement ou avec douceur. Mais avant toute chose, même si je vous dis que votre enfant est en vie et en sécurité, je sais que rien ne vous oblige à me croire. Parce qu'au bout du chemin, il vous faudra faire un choix. Votre amour maternel, ou vos convictions.
- Cela est peut-être de l'histoire ancienne, mais pour moi, en début de semaine, j'avais encore une vie parfaitement rangée où le seul nuage à l'horizon était si mon mari m'était oui ou non infidèle… commença Adara.
- Madame ! Voyons ! Monsieur n'aurait… commença Codsworth.
- Codsworth, je t'en conjure, avant que je ne perde vraiment patience, pas de commentaire.
Tout ce qu'elle gardait en elle, tout ce qu'elle avait refoulé depuis la tombée des bombes commençaient à revenir à la surface. Et il semblerait que la femme en face d'elle, au visage si peu émotif, soit bien partie pour tout subir.
- Les bombes, c'est comme ce matin, pour moi ! Je viens de tout perdre en l'espace de quelques jours ! Vous pensez vraiment que j'ai du temps à perdre avec quelqu'un qui prend des pincettes quand je demande à retrouver mon bébé !?
- Je m'en doutais. Je vous recommande de vous asseoir, par contre. Comme je l'ai dit, rien ne vous empêche de ne pas me croire, le choix est vôtre, même si je sais qu'en suivant le chemin de galets blancs qui vous a été tracé, vous finirez par voir ce que je vais vous dire.
- On peut en venir aux faits oui ou merde ?
- C'était il y a soixante ans.
Adara s'arrêta et regarda Robin. Qu'est-ce qui a soixante ans ?
- Une de mes pousses est depuis cent cinquante ans une habitante involontaire de l'Institut, ce qui fait que j'ai été témoin de l'arrivée du groupe de récupération auquel Kellogg était à la tête, il y a soixante ans. L'Institut travaillait sur la troisième génération de synthétique, mais ils avaient besoin d'un humain parfaitement sain. Non-irradié. Malgré toutes leurs précautions, quelques radiations sont parvenues jusqu'à eux. Cependant, le comment n'a pas grande importance, ils ont appris pour l'abri 111 et la présence d'un bébé cryogénisé d'avant-guerre. Donc, porteur de l'ADN qu'ils recherchaient. Ils ont fait le prélèvement, puis ont élevé votre fils à leur manière. Dans un sens, vous êtes désormais grand-mère de toute une ribambelle de synthétiques de troisième génération.
Adara cligna des yeux, son cerveau ayant fait un arrêt. Elle… elle était encore victime de l'alcool de la nuit d'avant, ou elle venait vraiment d'entendre cette mystification ?
- Comme je l'ai dit, c'était il y a soixante ans. Comme vous avez été cryogénisé, vous n'avez aucune conscience du temps, mais je peux vous assurer qu'il est bel et bien passé. Le petit bébé est devenu grand.
Elle tendit ses deux mains vers Adara et avec hésitation, la blanchette y déposa les siennes à l'intérieur, presque hypnotisée par les orbes bleu nuit de la femme devant elle. Robin lui caressa doucement les mains avec ses pouces et lui dit la triste vérité.
- Le docteur Shaun est désormais connu sous le surnom de Father et il est à la tête d'un groupe survivant du CIT qui forme aujourd'hui ce que l'on connaît comme l'Institut. Votre fils a soixante ans et c'est le pire ennemi de la Liberté qui était pourtant si chère à votre nation
