Bonjour à tous ! On se retrouve avec le début de l'an cinq et surtout, la première journée de cours. Pour reprendre les mots de ma bêta, apparemment, ce chapitre serait intense, alors, vous êtes avertie.

Merci à ceux et celles qui ont laissé un commentaire, ça me fait toujours extrêmement plaisir. Vraiment.

Pour les commentaires :

FoxyCha24 : Je suis d'accord sur le fait que Harry Newgate est une superbe fiction et j'attends moi aussi la suite./ Merci de ton enthousiasme en tout cas, et même si Will sera surtout dans le background, il aura d'autres aventures.

Neko chan 124 : va falloir attendre pour cet instant./Mes autres fics, pour l'instant, c'est en attente (page blanche, papillonage etc). Sauf Golden et Sea New King puisque la Mash Up se décide à faire de la réécriture, donc, chez moi, elles vont être supprimé pour que la nouvelle version soit mise en ligne. J'avertirais.

Portgasyuwine : Oui, la voix d'Ombrage est une horreur./ Ce n'est pas parce qu'on a un couple très occupé et un Harry qui veut vraiment un frère ou une sœur qu'il les aura./ Haruta est une commère. Et le couple est bruyant. / Oui, Marco va en avoir vite marre sans qu'il ne sache pourquoi ça lui arrive.

RavenNell : Je suis très heureuse d'avoir des nouvelles de la masse silencieuse ! N'hésite pas à te manifester à nouveau !

Mizu Fullbuster : Le voilàà ton premier cours avec le crapaud. Nous connaissons le D. alors va-t-on vraiment pouvoir compter des points ?

Mimi76lh : On ne refera pas Ron./ Je n'aime pas le crapaud grillé.

Misstykata : on est tout à fait d'accord mais j'ai décidé de forcir le trait un peu plus tard.

Je pense avoir fait le tour ! Je vous dis donc à bientôt ! Bises !

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Harry se réveilla quand Neville le secoua.

Le garçon lunaire ignora la lame qui s'arrêta à un cheveu de sa carotide, restant immobile le temps que son ami se réveille complètement.

- S'passe quoi ? demanda le D. en se redressant.

- Tu faisais un cauchemar, lui répondit son ami.

Le brun reposa sa lame sur son lit en ramenant ses jambes en tailleurs. Il passa ses mains sur son visage pour se frotter les yeux et émit un grognement en sentant son arcade poisseuse de sang. Neville resta à côté de lui, le temps de s'assurer que tout allait bien. Un œil à l'horloge annonça qu'il était cinq heures du matin.

- J'vais m'lever et roupiller peut-être un peu dans la salle commune. Recouche-toi.

- T'es certain ? s'inquiéta Neville.

- Mais oui…

Harry se leva et s'afféra à prendre ses affaires sous le regard inquiet de son ami qui finit par se recoucher. Le D. fila aussi silencieusement que possible sous la douche, se frottant le visage pour se débarrasser du sang et s'habilla ensuite. Il était en train de remettre son collier quand Dobby apparut dans la salle de bain, l'air inquiet.

- Monsieur Harry est blessé ? demanda doucement l'elfe.

- Nan, t'en fais pas, c'est juste ma cicatrice qui s'est rouverte. T'aurais pu t'épargner de faire mon lit, tu sais, je suis un grand garçon et t'as bien assez de boulot ici, à Poudlard.

- Dobby est payé pour s'occuper de la famille Portgas, et il le fera jusqu'au bout !

- Si tu y tiens.

Il n'avait juste pas envie de se prendre la tête de bon matin.

D'un pas traînant, il retourna dans son dortoir pour faire son sac de cours en silence et alla s'installer dans la salle commune. Il tomba dans l'un de canapés comme une masse et regarda sans le voir le plafond de la salle commune.

Il se réveilla en sursaut pour la seconde fois de la matinée quand Hermione le secoua doucement.

- Mauvaise nuit ? devina la lionne. Neville n'est pas encore descendu.

Le D. se contenta de grogner. Il s'étira sous la couverture qui l'avait réchauffé dans son attente, certainement un cadeau de Dobby. Il s'assit sur le canapé en baillant.

- Des problèmes avec les garçons ?

- Ronald et sa stupidité légendaire, Finnigan qui a loupé l'occasion de se barrer de Poudlard et les curieux, marmonna Harry. Et pour les filles ?

- Brown irait bien de pair avec Weasley. Elle m'a conseillé d'arrêter de traîner avec toi.

- Et t'as sorti le fouet pour lui apprendre le respect ?

- Non, mais je lui ai dit que si elle continuait comme ça, je lui ferai une démonstration de ce que ta mère m'a apprise durant les vacances.

Harry eut un rire qui se développa en un long bâillement, regardant son amie se diriger vers une affiche que les jumeaux avaient installée sur le tableau d'affichage.

- Ta mère sait que les jumeaux cherchent des cobayes pour tester leurs produits ? demanda la fille alors que Neville arrivait enfin dans la salle commune.

- Nani ? demanda avec intelligence le D. en échangeant un check avec Neville.

La demoiselle arracha l'affiche sur le tableau d'affichage et la brandit sous le nez de Harry.

- Voilà ce que ta mère encourage.

DES GALLIONS À FOISON

Votre argent de poche n'arrive pas à suivre vos dépenses ?

Un peu d'or en plus serait le bienvenu ?

N'hésitez pas à prendre contact avec Fred et George Weasley, pièce commune de Gryffondor, pour des petits travaux à temps partiel, simples et quasiment sans douleur. (Nous avons le regret de préciser que les candidats devront agir à leurs risques et périls.)

- Au moins, ils disent que c'est pas sans danger. Je leur toucherai deux mots très simples. Qu'ils testent les produits sur eux-mêmes, ok, mais s'ils le font sur les autres et que ça finit mal, leur boutique commencera avec une horrible réputation, soupira Harry.

Et ils passèrent le portrait pour se faire siffler par Izou qui était de faction à cet instant.

- Regarde-moi, jeune homme.

Avec un lourd soupir, Harry se retourna pour faire face à l'androgyne qui s'était agenouillé pour se mettre à leur niveau. Il examina le visage du garçon.

- Tu as été malade encore une fois ?

- /J'ai pas signé pour avoir un oncle surprotecteur./

- /Exact, tu as signé pour une tante, une mère, un père et treize oncle… quoique non, quatorze oncles, puisque Marco est capitaine désormais, donc, il aura un remplaçant./

Avec un grognement de dépit, Harry tourna les talons avec l'idée de se noyer dans son jus d'orange, ignorant le rire de Hermione qui traduisait à Neville la raison pour laquelle Izou se moquait de son neveu. Ils étaient arrivés au pied de l'escalier de marbre à présent. Une file d'élèves de quatrième année de Serdaigle traversait le hall. Lorsqu'ils aperçurent Harry, ils resserrèrent aussitôt les rangs, comme s'ils avaient peur qu'il attaque les retardataires. Le D. regarda ses amis en levant un sourcil.

- Je savais pas que j'étais un pestiféré.

- Ils sont trop bêtes pour réfléchir par eux-mêmes. Nous, on sait que tu es un dangereux individu qu'il faut rapidement enfermer à Azkaban avant que tu ne réduises à feu et à sang notre monde ! se moqua Neville.

Un sourire éclaira la mine déprimée du jeune Portgas.

- Vous m'auriez manqué si j'étais parti dans une autre école. Franchement, si j'arrive à survivre à Poudlard, ce sera grâce à vous.

Une petite retardataire du groupe qui venait de passer débarqua dans le hall en courant pila en voyant le trio au pied de l'escalier et se jeta sur son petit-copain avec joie.

- Contente de te voir aussi, Luna, salua Hermione avec un sourire. Venez, allons manger quelque chose.

Le groupe rejoignit enfin la Grande Salle. La blondinette souffla qu'elle allait chercher son emploi du temps avant de disparaître en courant pour rejoindre la table des Serdaigle, laissant le soin aux trois autres de se trouver une place. Harry se laissa tomber avec toute la motivation du monde sur une chaise et se servit un verre de jus de fruit, regardant vaguement Neville prendre d'assaut les biscottes.

À cet instant, dans une bourrasque de battements d'ailes, des centaines de hiboux surgirent par les fenêtres et se répandirent dans toute la Grande Salle. Ils étaient chargés de lettres et de paquets qu'ils apportaient à leurs destinataires en aspergeant de gouttelettes d'eau les élèves attablés. De toute évidence, la pluie tombait drue dehors. Yuki n'était pas là mais Harry n'en fut guère surpris. Il y avait peu de chances qu'on ait quelque chose de nouveau à lui dire vingt-quatre heures seulement après son départ. Hermione, en revanche, dut écarter son jus d'orange pour laisser la place à une grande chouette effraie aux plumes mouillées qui tenait dans son bec un exemplaire détrempé de La Gazette du sorcier.

- Tu te renseignes sur l'ennemi ? demanda Harry en attrapant une pomme qu'il glissa dans sa poche au cas où il aurait faim plus tard.

- Exactement, on en apprend tous les jours si on sait lire entre les lignes, confirma Hermione en déposant une Noise dans la bourse de cuir attachée à la patte de la chouette qui repartit aussitôt. Bonté, ta mère a une mauvaise influence sur moi…

Elle déplia le journal, disparut derrière et ne se montra plus jusqu'à ce que Luna débarque pour finir son petit-déjeuner sur les genoux de Harry qui ne chercha même pas à la dissuader.

- Vous n'avez pas encore vos emplois du temps ? s'étonna la blondinette.

- Non, pas encore, soupira Hermione en roulant le journal. Il ne raconte pas grand-chose d'intéressant aujourd'hui. Même pas sur Dumbledore.

- A t'entendre, on croirait que c'est une mauvaise chose, commenta Neville avec un sourire.

Le professeur McGonagall se décida enfin à distribuer les emplois du temps. Elle regarda Luna assise sur les genoux de Harry, puis le brun qui leva les mains l'air de dire qu'il n'avait rien demandé. La femme soupira et laissa l'emploi du temps des cinquièmes années.

- Regarde ce qu'on a aujourd'hui ! grogna Ronald à l'adresse de Dean à peine plus loin à table. Histoire de la magie, double cours de potions, divination et encore un double cours de défense contre les forces du Mal… Binns, Rogue, Trelawney et cette Ombrage, tout ça dans la même journée ! J'aimerais bien que Fred et George se dépêchent de mettre au point leurs boîtes à Flemme…

- Mes oreilles m'abuseraient-elles ? dit Fred qui arrivait en compagnie de George.

Tous deux se glissèrent sur le banc à côté de Harry, à distance raisonnable de leur petit-frère qui n'avait pas encore fini leur petit déjeuner.

- Un préfet de Poudlard ne chercherait quand même pas à sécher ses cours ? Bonjour jolie demoiselle, je vois qu'on est bien installée.

Luna tira la langue à George et continua de répandre de la confiture sur un petit pain.

- Regarde ce qu'on a aujourd'hui, dit Ronald d'un ton grincheux. C'est le pire lundi que j'aie jamais vu.

Fred prit l'emploi du temps des mains de Neville, puisqu'il était en face de lui, et le parcourut des yeux, devinant qu'il devait remplacer le cours de Runes par Divination.

- Je te l'accorde. Si tu veux, je peux te céder à bas prix un peu de nougat Néansang.

- Et pourquoi à bas prix ? demanda Ron d'un air soupçonneux.

- Parce que tu continueras à saigner jusqu'à ce que tu sois tout desséché. On n'a pas encore trouvé l'antidote, répondit George en se servant un hareng fumé.

Ronald rangea son emploi du temps dans sa poche.

- Merci bien, ronchonna-t-il. Je crois que je préfère encore les cours.

- À propos de vos boîtes à Flemme, dit Hermione qui dévisageait Fred et George avec de petits yeux perçants. Il n'est pas question d'afficher dans la salle commune vos petites annonces pour recruter des cobayes.

- Ah, et qui a dit ça ? s'étonna George.

- C'est moi qui le dis, répliqua Hermione. Et Harry aussi.

- Ah ? Pourquoi ? s'étonna Fred.

- Les produits sont encore au stade expérimental, si ça tourne mal, vous devrez des explications au corps professoral et ça se répandra très vite. Mauvais pour le commerce. Faites des tests sur vous et des petits animaux, comme des rats, mais pas sur nos camarades de maison. Si vos fournisseurs l'apprennent, ils n'apprécieront pas vraiment la méthode, expliqua Harry qui avait appris ce genre de chose en traînant dans le bureau de sa mère qui avait toujours répondu à ses questions quand il en avait. Ou alors, mettez dans votre camp l'infirmière qu'elle puisse agir en conséquence et vous couvrir. « Oui, ils ont fait des tests, mais c'était sous la supervision d'un médecin diplômé», c'est quelque chose qui sonne beaucoup mieux.

Les jumeaux se regardèrent en grimaçant.

- On va réfléchir à tout ça.

- J'ai l'annonce, rappela Hermione. Je sais qui je dois contacter.

Fred commença à s'étaler une épaisse couche de beurre sur un petit pain.

- Vous commencez la cinquième année et vous verrez que dans très peu, vous aurez besoin de nos boîtes à Flemme, alors, j'espère pour vous qu'elles seront prêtes.

- Et pourquoi aurais-je besoin de boîtes à Flemme pour ma cinquième année ? demanda Hermione.

- Parce que c'est l'année des BUSE, répondit George.

- Et alors ?

- Alors, il va falloir préparer tes examens et tu passeras tellement de temps le nez collé à ton labeur que tu finiras par avoir la chair à vif, expliqua Fred d'un air satisfait.

- La moitié de notre classe est tombée en dépression à l'approche des examens, dit George d'un ton joyeux. Larmes, sanglots, crises de nerfs… Patricia Stimpson était sans cesse au bord de l'évanouissement…

- Kenneth Towler était couvert de furoncles, tu te souviens ? rappela Fred.

- Ça, c'est parce que tu avais mis de la poudre de Bulbonox dans son pyjama, fît remarquer George.

- Ah oui, c'est vrai, j'avais oublié, dit Fred avec un grand sourire. On a parfois des trous de mémoire…

- En tout cas, la cinquième année, c'est un vrai cauchemar, reprit George. Si les résultats de tes examens t'intéressent, bien sûr. Fred et moi, on s'est toujours arrangés pour garder le moral.

- Oui… Vous avez eu quoi, trois BUSE chacun, c'est ça ? dit Ronald d'un air narquois.

- Ouais, répondit Fred d'un ton insouciant. Mais nous avons la très nette impression que notre avenir se situe dans un autre monde que celui des performances académiques.

- Nous nous sommes même sérieusement demandé si nous allions prendre la peine de revenir ici faire notre septième année, dit George d'un ton claironnant, maintenant que nous avons…

Il s'interrompit en voyant le regard de Harry qui savait qu'il s'apprêtait à parler de l'implication des Portgas dans l'affaire de leur magasin.

- … maintenant que nous avons nos BUSE, acheva précipitamment George. Devions-nous vraiment passer nos ASPIC ? Sans doute pas mais nous avons pensé que maman ne supporterait pas de nous voir quitter l'école trop tôt, surtout au moment où Percy se révélait comme le plus grand crétin du monde.

- Cette dernière année ici ne sera pourtant pas du temps perdu, assura Fred en jetant un regard affectueux autour de la Grande Salle. Nous avons l'intention d'en profiter pour faire une étude de marché, évaluer très précisément les besoins de l'élève moyen en matière de farces et attrapes, analyser en profondeur les résultats de nos recherches puis fabriquer les produits qui répondront à la demande.

- En voilà un discours bien logique. Vous faîtes quoi chez les lions ? Venez plutôt chez les aigles ! sourit Luna alors que son petit-ami se cachait dans ses cheveux pour ne pas montrer qu'il avait envie de rire.

- Et où allez-vous trouver l'or nécessaire pour financer votre magasin ? demanda Ginny d'un air sceptique qui était assise pas loin et avait tout entendu. Vous aurez besoin de beaucoup d'ingrédients, de matériels, et d'un local aussi. Les parents n'ont pas les moyens de payer tout ça, surtout quand maman est farouchement contre.

- Ne nous pose pas de questions et nous ne te dirons pas de mensonges, sœurette. Viens, George, si nous arrivons là-bas assez tôt, nous pourrons peut-être vendre quelques Oreilles à rallonge avant le cours de botanique.

Fred et George s'éloignèrent en emportant une pile de toasts.

Harry échangea un regard avec ses deux camarades et ils hochèrent la tête.

- On se voit à la pause ? se fit confirmer Harry en embrassant Luna sur la joue.

La demoiselle se retourna vers lui, l'embrassa doucement, avant de lui mettre un toast qu'elle avait préparé dans la bouche. Le D. roula des yeux mais accepta de le manger alors qu'ils se levaient.

- À votre avis, c'est vrai que cette année va être plus dure que les autres à cause des examens ? demanda Hermione alors qu'ils se dirigeaient vers leur premier cours de l'année.

- Oh, oui, lui dit Neville. C'est forcé, non ? Les BUSE sont vraiment importantes, elles déterminent les métiers que tu peux choisir et tout ça.

- Les années supérieurs disent qu'on devrait avoir un rendez-vous un peu plus tard dans l'année, où on nous donnera des conseils sur les possibilités de carrière. Pour qu'on puisse choisir les ASPIC qu'on préparera l'année prochaine.

- Vous savez déjà ce que vous voudrez faire après Poudlard ? demanda Harry aux deux autres après avoir fini son toast.

Ils avaient quitté la Grande Salle et se dirigeaient à présent vers leur cours d'Histoire de la magie.

- Je vais faire des études supérieures moldues, histoire d'amasser plus de connaissance partir à l'exploration du monde, annonça Neville. Je veux découvrir et répertorier un maximum de plantes que notre monde offre.

- C'est un beau rêve, approuva Hermione.

Les garçons la regardèrent et la demoiselle rougit.

- Je vais continuer à travailler pour le bar de ta mère, je pense, pour un temps. Je veux mettre en place une Organisation Non Gouvernementale à but non lucratif, pour aider à la défense et à l'évolution des créatures pensantes, comme les elfes, les loups-garous, les vampires, les vélanes… je veux pouvoir être fière de mon pays, mais pour ça, il faut qu'il soit plus ouvert et moins raciste. Je pourrais aussi faire des études d'Histoire pour remplacer Binns… je ne sais pas trop…

- Tu peux aussi épouser un riche héritier et utiliser son argent. Ce qui tombe bien, il suffit que Lucius passe l'arme à gauche pour que Drago devienne riche.

- Techniquement parlant, presque la moitié de la fortune des Malefoy appartient aux Portgas, donc, c'est Harry que je devrais épouser, mais je doute que Luna soit d'accord.

Et elle leur tira la langue.

Ce jour-là, l'habituel ronronnement du professeur Binns était consacré aux guerres des géants et devait durer trois quarts d'heure. Au cours des dix premières minutes, Harry en entendit juste assez pour songer qu'un autre professeur aurait pu rendre ce sujet largement plus intéressant. De son mieux, il résista à son envie de décrocher et lutta pour rester attentif, quand Neville avait juste décidé d'ensorceler sa plume pour qu'elle prenne des notes pour lui, lui permettant de dormir en paix.

Cela ne fut d'ailleurs pas du goût de Hermione, mais bon, ils avaient l'habitude depuis cinq ans.

Heureusement, c'était déjà la pause et ils purent sortir au dehors.

Il tombait une petite pluie brumeuse qui rendait floues les silhouettes des élèves réfugiés en groupes serrés autour de la cour. Neville et Hermione choisirent un coin à l'écart, sous un balcon ruisselant, et remontèrent les cols de leurs robes pour se protéger de la froidure de septembre. Harry cacha correctement sa goutte sous son col pour que l'eau n'entre pas à son contact et il s'aventura dans la pluie à la recherche de Luna et Drago. Le blond le cherchait d'ailleurs au passage, ou plutôt, cherchait Hermione. Le groupe enfin au complet, ils retournèrent se mettre à l'abri sous le balcon, en discutant de tout et de rien.

Ils s'étaient mis à parler de Rogue en se demandant ce qu'il leur avait réservé pour le premier cours de l'année. Sans doute quelque chose de particulièrement difficile qui les prendrait par surprise, au terme de ces deux mois de vacances. Tous venaient de tomber d'accord là-dessus lorsque quelqu'un tourna le coin et s'approcha d'eux.

- Bonjour, Harry !

C'était Cho Chang. Cette fois encore, elle était seule, ce qui n'arrivait presque jamais. La plupart du temps, elle était entourée d'une bande de filles qui passaient le plus clair de leur temps à pouffer de rire.

- Désolé, mais on appelle pas les étrangers par leur prénom comme ça, c'est pas poli, lui dit d'office Harry. Donc, bonjour, Chang, si je me trompe pas, que puis-je pour toi ?

La froideur de l'adolescent affecta la bonne humeur de la sixième année dont le sourire fondit comme neige au soleil.

- Je… je tombe mal, je pense, non ?

- Non, tu débarques pour la seconde fois, et je sais toujours pas ce que tu me veux. Donc, sois clair.

La fille préféra partir en prétextant qu'elle avait quelque chose d'urgent à faire.

- Il était aussi froid la première fois qu'on l'a rencontré ? demanda avec amusement Neville.

- Un peu, aussi, oui, confirma Hermione.

- Je me suis retrouvé attaqué par du wasabi sans n'avoir rien demandé, je pense que je suis le plus à plaindre dans cette affaire, annonça Drago d'un air indigné.

- Qu'est-ce qu'elle me voulait ? demanda Harry en regardant Chang disparaître au loin en fronçant les sourcils.

- Rien de révolutionnaire, ne fait pas attention à elle, lui dit d'une voix sèche Luna.

La cloche sonna, coupant la réunion entre amis, et les cinquièmes années se rendirent aux cachots pour leur cours de potion avec les Serpentard. Ils allaient se les geler toute la matinée, apparemment.

Le grincement menaçant que produisit en s'ouvrant la porte du cachot de Rogue était le signal de deux heures dans un congélateur, avec pour seule source de chaleur, les feux sous les chaudrons. Harry entra dans la classe derrière Neville et Hermione et les suivit au-devant de la salle, à leur table habituelle. Drago s'assit à côté de Hermione en faisant l'effort de ne pas rougir, ignorant les regards entendus qu'échangèrent Nott, Zabini et Greengrass qui étaient installés à l'opposé du trio de Gryffondor.

- Taisez-vous, dit Rogue d'une voix glacée en refermant la porte derrière lui.

L'ordre de se taire n'était pas vraiment indispensable. Dès que les élèves avaient entendu la porte se fermer, le calme s'était installé et tout signe d'agitation avait disparu. La simple présence de Rogue suffisait habituellement à assurer le silence de toute une classe.

- Avant de commencer le cours d'aujourd'hui, je crois utile de vous rappeler qu'en juin prochain vous aurez à passer un examen important au cours duquel vous devrez apporter la preuve de vos connaissances en matière de composition et d'utilisation des potions magiques, dit Rogue qui avait foncé vers son bureau et les dévisageait à présent d'un regard circulaire. Malgré le crétinisme congénital qui caractérise indubitablement une partie de cette classe, il serait souhaitable que vous arrachiez une mention « acceptable » lors de votre épreuve de BUSE si vous ne voulez pas subir… mon mécontentement.

Son regard s'attarda sur Ronald dont les oreilles virèrent au rouge.

- Au terme de cette année, bien entendu, nombre d'entre vous cesseront d'assister à mes cours, poursuivit Rogue. Je ne prends en effet que les meilleurs pour la préparation des ASPIC, ce qui signifie que certains n'auront plus qu'à me dire au revoir.

Il regarda Parkinson un peu plus loin dans la salle, retroussant ses lèvres d'un rictus inidentifiable, avant de détourner les yeux :

- Mais avant d'en arriver à ce bonheur des adieux, nous avons encore un an à passer ensemble, reprit Rogue d'une voix doucereuse. Aussi, que vous ayez ou non l'intention de passer l'épreuve de potions aux ASPIC, je vous conseille de consacrer tous vos efforts à maintenir le haut niveau que j'attends de mes élèves en année de BUSE.

En disant ça, il regarda la brochette de jeunes au premier rang qui le fixa avec détermination et défi. Oui, il aimait ce regard et ce désir de réussir.

- Aujourd'hui, nous allons préparer une potion qui est souvent demandée au Brevet Universel de Sorcellerie Élémentaire, annonça Rogue. Il s'agit du philtre de Paix, destiné à calmer l'anxiété et à apaiser l'agitation. Mais je dois vous avertir que si vous avez la main trop lourde dans le dosage des ingrédients, celui qui boira la potion tombera dans un sommeil profond et peut-être même irréversible. Vous devrez donc vous montrer particulièrement attentifs à ce que vous faites. S'il y a des tableaux d'équivalence qui ont été mis à jour durant les vacances, je vais les corriger.

La même brochette de jeunes sortis la liasse de parchemins qui correspondait au tableau en question.

- Les ingrédients et la méthode de préparation (Rogue agita sa baguette magique) figurent au tableau (ils s'y inscrivirent à cet instant). Vous trouverez tout ce dont vous aurez besoin (il agita à nouveau sa baguette) dans l'armoire (dont la porte s'ouvrit aussitôt). Vous avez environ une heure et demie… Allez-y.

Il profita de l'agitation, causée par les élèves allant chercher les ingrédients, pour ramasser les parchemins.

Ainsi qu'ils l'avaient prévu, Rogue n'aurait pas pu choisir pour un début d'année une potion plus difficile et délicate à préparer. Les ingrédients devaient être versés dans le chaudron exactement dans l'ordre et les quantités indiquées. Il fallait tourner le mélange un nombre précis de fois, d'abord dans le sens des aiguilles d'une montre, puis dans le sens contraire. Enfin, on devait diminuer la chaleur des flammes jusqu'à une température bien précise pendant une durée déterminée, avant d'ajouter l'ingrédient final.

- Une légère vapeur argentée devrait maintenant s'élever de vos potions, annonça Rogue dix minutes avant la fin du cours.

Harry, qui transpirait abondamment, regarda autour de lui avec curiosité. Le long de leur table, les potions frémissaient d'une légère brume argentée légèrement plus foncée ou plus claire suivant les chaudrons, comme Greengrass qui avait une brume si claire qu'elle pouvait passer pour du blanc. Derrière, le chaudron de Ronald crachait des étincelles vertes. Du bout de sa baguette, Seamus essayait fébrilement de ranimer son feu qui paraissait sur le point de s'éteindre. Rogue hocha la tête avec satisfaction devant leurs potions, expliquant que la différence de teinte ici était dû à la concentration de la potion.

- Si vous aviez eu un gros nuage, un très gros panache de fumée ou rien de tout ceci, la potion aurait été un échec, leur expliqua Rogue. La couleur du philtre prouve que la potion est réussie, et la brume qui s'en dégage indique alors la concentration. Là où Mr Londubat a une potion très concentrée qui risque de rendre même somnolent son consommateur, Miss Greengrass en a fait une dont les effets seront presque imperceptibles, certainement parce que vous avez coupé trop fin vos ingrédients, perdant une partie de leurs propriétés. J'espère que tout le monde prend des notes, ce serait bête que cela tombe durant l'examen.

L'agitation fébrile des plumes lui répondit.

- Ceux d'entre vous qui ont réussi à lire les instructions verseront à présent un échantillon de leur potion dans un flacon en inscrivant clairement leur nom sur l'étiquette et me l'apporteront pour que je puisse l'analyser, dit Rogue. Veuillez noter le sujet du prochain devoir : vous me ferez trente centimètres de parchemin sur les propriétés de la pierre de lune et son utilisation dans les potions magiques, à rendre jeudi prochain.

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Au déjeuner, Luna avait retrouvé sa place sur les genoux de Harry, discutant du cours de Gobe-Planche, puisque Hagrid était absent et que Thatch était alité avec la pleine lune le soir-même.

Ensuite, ce fut Runes, où ils partagèrent le cours avec les Serdaigle. Harry fit exprès de se mettre à côté de Padma pour savoir si elle avait une idée de pourquoi Chang s'obstinait à vouloir lui parler. La fille regarda son ami, puis tourna la tête de l'autre côté pour voir Hermione à la table voisine qui hocha la tête avec un sourire.

- Luna le sait ? demanda plaisamment Padma alors qu'ils attendaient le professeur.

- Elle était là les deux fois. Qu'est-ce qu'elle me veut, Patil ?!

- Aaaah les garçons, vous êtes tellement aveugle, pouffa l'indienne.

Harry aurait pleuré de frustration si Babbling n'était pas entrée à cet instant.

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Ils retrouvèrent le reste de leur classe pour leur cours de Défense Contre les Forces du Mal. Et apparemment, en plus des quarante-cinq centimètres de parchemin sur les guerres des géants de Binns et des trente centimètres sur les pierres de lune de Rogue, Trelawney avait donné à sa classe un mois d'écriture du journal de rêve.

Quand ils entrèrent dans la classe de défense contre les forces du Mal, le professeur Ombrage était déjà assise à son bureau. Elle portait le même cardigan rose que la veille ainsi que le nœud de velours noir accroché dans ses cheveux. Encore une fois, Harry ne put s'empêcher de penser à une grosse mouche qui se serait imprudemment perchée sur la tête d'un crapaud rose.

Les élèves entrèrent dans la salle en silence. Le professeur Ombrage restait une inconnue pour l'instant et personne ne savait quelles seraient ses exigences en matière de discipline.

- Eh bien, bonjour, dit-elle lorsqu'ils furent tous assis.

Quelques élèves marmonnèrent un vague bonjour.

- Voyons, voyons, dit le professeur Ombrage, ça ne va pas du tout. J'aimerais bien, s'il vous plaît, que vous répondiez : « Bonjour, professeur Ombrage. » Recommençons depuis le début, si vous le voulez bien. Bonjour, tout le monde !

- Bonjour professeur Ombrage, scandèrent les élèves.

Harry garda la bouche obstinément close. Il n'aimait pas qu'on le prenne pour un gosse.

- Voilà qui est beaucoup mieux, dit-elle d'une voix douce. Ce n'était pas si difficile, n'est-ce pas ? Rangez vos baguettes et sortez vos plumes, s'il vous plaît.

De nombreux élèves échangèrent des regards sombres. Quand un professeur disait : « Rangez vos baguettes », la leçon qui suivait était rarement passionnante. Harry glissa sa baguette magique dans son holster et sortit son carnet de notes avec son stylo. Le professeur Ombrage ouvrit son sac à main, en tira sa propre baguette, qui était étonnamment courte, et en tapota le tableau noir. Des mots s'inscrivirent aussitôt :

Défense contre les forces du Mal

Retour aux principes de base

Ouais nan, juste le titre laissait présager le pire pour Harry.

- Bien. Il apparaît que votre enseignement dans cette matière a été passablement perturbé et plutôt fragmentaire, n'est-ce pas ? déclara le professeur Ombrage en se tournant vers les élèves, les mains jointes devant elle. Le changement constant d'enseignants, dont beaucoup ne semblent pas avoir suivi le programme approuvé par le ministère, a eu le fâcheux résultat de vous laisser loin au-dessous du niveau qu'on est en droit d'attendre au début d'une année de BUSE. Vous serez certainement satisfaits d'apprendre que ces problèmes vont être désormais résolus. Cette année, en effet, nous aurons un programme de magie défensive centré sur la théorie et approuvé par le ministère. Commencez par copier sur vos parchemins les phrases suivantes.

Elle tapota à nouveau le tableau noir. Les mots qui s'y étaient inscrits s'effacèrent pour faire place aux objectifs d'apprentissage :

1) Comprendre les principes qui fondent la défense magique.

2) Apprendre à reconnaître les situations dans lesquelles la défense magique se trouve légalement justifiée

3) Replacer la défense magique dans un contexte ouvrant sur la pratique.

Pendant deux minutes, on n'entendit plus que le grattement des plumes sur les parchemins. Lorsque tout le monde eut recopié les trois objectifs du professeur Ombrage, elle demanda :

- Avez-vous tous votre exemplaire de Théorie des stratégies de défense magique par Wilbert Eskivdur ?

Un murmure d'approbation dénuée d'enthousiasme parcourut la classe.

- Je crois qu'il va falloir recommencer, dit alors le professeur Ombrage. Lorsque je vous pose une question, j'aimerais bien que vous me répondiez : « Oui, professeur Ombrage », ou « Non, professeur Ombrage. » Donc, je reprends : Avez-vous tous votre exemplaire de Théorie des stratégies de défense magique par Wilbert Eskivdur ?

- Oui professeur Ombrage, répondit la classe d'une seule voix.

Harry roula des yeux sans répondre.

- Très bien. Je voudrais maintenant que vous ouvriez ce livre à la page cinq et que vous lisiez le premier chapitre : « Principes de base à l'usage des débutants ». Et je vous signale qu'il est inutile de bavarder.

Débutant ? Mais ils étaient en cinquième année bordel !

Le professeur Ombrage s'éloigna du tableau noir et s'installa dans le fauteuil, derrière le bureau, en observant les élèves de ses yeux de crapaud bordés de cernes. Harry ouvrit son livre et commença à lire, même s'il aurait voulu poser une question sur les objectifs du cours.

Le texte était à peu près aussi ennuyeux que les cours du professeur Binns.

« Allez, on sert les dents, Portgas, des textes rasoirs, tu en liras même quand tu seras à la tête de l'Underground, voit ça comme un entraînement, » s'encouragea Harry.

Plusieurs minutes s'écoulèrent en silence. À côté de lui, Neville, l'air absent, tournait et retournait sa plume entre ses doigts, le regard fixé sur la même ligne. Jetant un coup d'œil à sa droite, Harry eut alors une surprise qui le sortit de sa torpeur. Hermione n'avait même pas pris la peine d'ouvrir son exemplaire de la Théorie des stratégies de défense magique. Les yeux rivés sur le professeur Ombrage, elle tenait obstinément sa main en l'air.

Harry ne se souvenait pas d'avoir jamais vu Hermione dédaigner un livre qu'on lui demandait de lire. D'ailleurs, elle ne résistait jamais à la tentation d'ouvrir n'importe quel volume qui lui tombait sous le nez. Elle avait presque failli supplier Marco de lui emprunter ses ouvrages de médecine, après tout. Il l'interrogea du regard mais elle se contenta de hocher légèrement la tête pour indiquer qu'elle n'était pas disposée à répondre aux questions. Elle continuait de fixer le professeur Ombrage qui s'était résolument tournée dans une autre direction.

Quelques minutes plus tard, Harry s'aperçut qu'il n'était plus le seul à s'intéresser à Hermione. Le chapitre qu'ils étaient censés lire dégageait un tel ennui qu'un nombre grandissant d'élèves préféraient observer sa tentative muette pour accrocher le regard du professeur Ombrage plutôt que d'affronter les « Principes de base à l'usage des débutants ».

Lorsque plus de la moitié de la classe eut ainsi les yeux tournés vers Hermione au détriment du livre, le professeur Ombrage estima qu'elle ne pouvait ignorer plus longtemps la situation.

- Souhaitez-vous poser une question au sujet de ce chapitre ? demanda-t-elle à Hermione comme si elle venait tout juste de la remarquer.

- Non, pas au sujet du chapitre, répondit Hermione.

Les yeux de Harry s'arrondirent.

- /T'es la meilleure !/ souffla-t-il en comprenant ce qu'elle voulait demander.

L'esquisse de sourire fut le seul signe qu'elle l'avait entendu et compris.

- Pour l'instant, nous sommes en train de lire, dit le professeur Ombrage en découvrant ses dents pointues. Si vous avez d'autres questions, nous attendrons la fin du cours pour nous en occuper.

- J'ai une question à propos de vos objectifs d'apprentissage, dit Hermione.

Le professeur Ombrage haussa les sourcils.

- Et vous vous appelez ?

- Hermione Granger.

- Eh bien, Miss Granger, il me semble que ces objectifs sont parfaitement clairs si vous prenez la peine de les lire attentivement, répliqua le professeur Ombrage d'un ton à la fois aimable et décidé.

Harry allait finir malade à force d'écouter cette voix sucrée.

- Je ne le pense pas, dit abruptement Hermione. Rien n'est indiqué au sujet de l'utilisation des sortilèges de défense. Vous parlez d'ouverture à la pratique, pas de pratique en elle-même.

Il y eut un bref silence pendant lequel de nombreux élèves, sourcils froncés, tournèrent la tête vers le tableau pour relire les trois objectifs qui y étaient toujours inscrits alors que Harry et Neville échangeaient un sourire fier. Il n'y avait que Hermione pour pointer du doigt aussi vite quelque chose comme ça, et le tout en restant aimable et à sa place.

- L'utilisation des sortilèges de défense ? répéta le professeur Ombrage avec un petit rire.

Un frisson de dégoût remonta l'échine de Harry.

- Je ne vois pas ce qui pourrait arriver dans ma classe qui nécessite de recourir à un tel sortilège, Miss Granger. Vous ne craignez quand même pas de subir une attaque pendant mes cours ? se moqua l'enseignante.

- Alors, on ne fera pas de magie ? s'exclama Ronald d'une voix sonore.

- Lorsqu'on veut s'exprimer dans ma classe, on lève la main, Mr…

- Weasley, dit Ronald qui tendit aussitôt la main en l'air.

Le professeur Ombrage, avec un sourire plus large que jamais, lui tourna le dos. Harry et Hermione levèrent la main à leur tour. Les yeux cernés du professeur s'attardèrent un moment sur Harry, puis elle s'adressa à Hermione :

- Miss Granger ? Vous vouliez demander autre chose ?

- Oui, répondit Hermione. La raison d'être des cours de défense contre les forces du Mal, c'est bien de pratiquer des sortilèges de défense, non ?

- Seriez-vous une experte formée par le ministère, Miss Granger ? demanda le professeur Ombrage de sa voix faussement aimable.

- Non, mais…

- Dans ce cas, j'ai bien peur que vous ne soyez pas qualifiée pour définir la raison d'être d'une matière, quelle qu'elle soit. Notre nouveau programme d'études a été établi par des sorciers beaucoup plus âgés et intelligents que vous, Miss Granger. Vous apprendrez ainsi les sortilèges de défense dans des conditions qui garantissent la sécurité et l'absence de risques…

- À quoi ça peut bien servir ? interrogea Harry à haute voix. Si nous sommes attaqués, ce ne sera pas avec…

- Votre main, Mr Portgas ! interrompit le professeur Ombrage d'une voix chantante.

- Elle est en l'air depuis que vous avez décidé d'ignorer Weasley.

Cette fois encore, le professeur Ombrage se détourna de lui mais, à présent, plusieurs autres élèves avaient également levé la main.

- Vous vous appelez ? demanda le professeur Ombrage à Dean.

- Dean Thomas.

- Je vous écoute, Mr Thomas.

- Portgas a raison, non ? déclara Dean. Si on se fait attaquer, on ne saura pas quoi faire sans pratique.

- Je le répète, reprit le professeur Ombrage en adressant à Dean un sourire exaspérant, craignez-vous de subir une attaque pendant mes cours ?

- Non, mais…

Le professeur Ombrage l'interrompit :

- Je ne souhaite pas critiquer la façon dont cette école a été dirigée, dit-elle un sourire peu convaincant étirant sa large bouche.

La façon dont s'était tournée disait justement qu'elle visait le contraire.

- Mais vous vous êtes trouvés exposés dans cette classe à des sorciers incompétents, totalement irresponsables même, sans parler (elle eut un petit rire féroce) de certains hybrides particulièrement dangereux.

- Si vous voulez parler du professeur Lupin, répliqua Dean avec colère, c'est le meilleur qu'on ait jamais…

- Votre main, Mr Thomas ! Comme je vous le disais, vous avez été initié à des sortilèges complexes, inadaptés à votre âge et potentiellement mortels. On vous a fait peur en vous laissant croire que vous risquiez d'être attaqués tous les deux jours par des forces maléfiques…

- Pas du tout ! protesta Hermione. Nous avons simplement…

- Vous n'avez pas levé la main, Miss Granger !

Hermione leva la main et le professeur Ombrage regarda ailleurs.

- Si j'ai bien compris, mon prédécesseur ne s'est pas contenté de pratiquer des sortilèges illégaux devant vous, il les a pratiqués sur vous.

- En fait, c'était un fou, non ? N'empêche qu'on a quand même appris plein de choses, répliqua Dean avec ardeur.

- Vous n'avez pas levé la main, Mr Thomas ! s'exclama le professeur Ombrage d'une petite voix aiguë. Le ministère estime que des connaissances théoriques seront suffisantes pour vous permettre de réussir votre examen, ce qui est après tout l'essentiel dans une école. Vous vous appelez ? ajouta-t-elle en regardant Parvati qui avait la main en l'air.

- Parvati Patil. Il n'y a pas une partie pratique dans l'épreuve de défense contre les forces du Mal quand on passe les BUSE ? Est-ce qu'on ne doit pas montrer qu'on sait véritablement lancer des anti-sorts ou des choses comme ça ?

- Si vous étudiez suffisamment bien la théorie, il n'y a aucune raison pour que vous ne puissiez pas exécuter l'un de ces sorts sous le contrôle attentif des responsables de l'examen, répondit le professeur Ombrage d'un ton dédaigneux.

- Sans jamais les avoir pratiqués avant ? insista Parvati, incrédule. Vous voulez dire que la première fois qu'on jettera ce genre de sort, ce sera le jour de l'examen ?

- Je répète, si vous avez étudié la théorie suffisamment bien…

- Et à quoi nous servira la théorie dans le monde réel ? intervint Harry en tendant à nouveau le poing en l'air.

Le professeur Ombrage leva les yeux.

- Ici, nous sommes dans une école, Mr Portgas, pas dans le monde réel, répondit-elle avec douceur.

- Votre rôle n'est pas justement de nous apprendre à nous défendre contre les dangers qui pourraient nous attendre dehors ?

- Rien ne vous attend dehors, Mr Portgas, je vous assure, sourit d'un air faussement aimable Ombrage.

- Ah, vraiment ? répliqua Harry avec un sourire froid.

- À votre avis, qui aurait l'idée d'attaquer des enfants comme vous ? interrogea le professeur Ombrage d'une horrible voix mielleuse.

- Mmm, voyons… répondit Harry en faisant semblant de réfléchir.

Une lueur s'alluma dans le regard d'Ombrage. Oui, il y avait un piège, mais il avait un parrain foireux pour l'esquiver aisément.

- … Sirius Black, par exemple ?

Ombrage perdit d'office son sourire. Échec. Profitant de la faiblesse temporaire de son adversaire, Harry poussa l'attaque :

- Sans parler qu'il a réussi à fuir une prison bien protégée comme Azkaban, il a réussi à s'introduire trois fois dans l'école, allant même jusqu'à pénétrer dans la tour de Gryffondor, et ce, en dépit de la sécurité mise en place par le Ministère de la Magie avec les Détraqueurs. Je pourrais aussi parler de la personne qui a transformé Will, mais je doute que vous souhaitiez que je parle de vos affaires de famille devant la classe, continua le D. avec son sourire féroce.

Neville s'étouffa avec sa salive. Oui, c'était culotté de parler du cas de Will.

- Dix points en moins, Mr Portgas et je ne vois pas de quoi vous parlez concernant ce Will.

- Oh, je suis certain que lui non plus.

Les élèves restèrent silencieux et immobiles. Chacun regardait soit Ombrage soit Harry.

- Et maintenant, je vais éclaircir certaines petites choses. Votre sécurité est parfaitement maintenue, le ministère fait le nécessaire pour assurer votre protection, vous n'avez aucune inquiétude à avoir. Si quelqu'un vous menace ou vous raconte qu'un certain Mage Noir est de retour, venez me voir, je suis votre amie, je suis là pour vous rassurez.

- Vous avez dit quoi aux parents de Diggory pour leur expliquer qu'ils ont perdu leur fils ? demanda Neville. Qu'il est mort, comme ça, en tombant ?

- Que vous et le ministère fassiez les autruches, c'est votre problème, leur dit clairement Harry. Mais le monde n'est pas tout beau et tout propre. Combien ici savent appeler à l'aide un auror ? Je fais pas partie du nombre en tout cas. Combien de ceux qui le savent auront le temps de le faire avant de se faire agresser ? Les rues ne sont pas pleines de bisounours. Si on gratte la surface, on trouve très vite du sang.

Il commençait à perdre son calme. Cette femme voulait nier tout en bloc des dangers qui courrait les rues. Et tristement, c'était nier l'existence de ce qui avait poussé sa mère à lui apprendre à se défendre. Nier tout son enseignement, tout son travail, presque la totalité de leur vie à tous les deux.

Le visage du professeur Ombrage resta sans expression. Pendant un instant, Harry pensa qu'elle allait se mettre en colère contre lui. Mais, de sa voix la plus douce et la plus enfantine, elle dit simplement :

- Venez ici, mon cher Mr Portgas.

Il écarta sa chaise d'un coup de pied, contourna Hermione et s'avança à grands pas vers le bureau. Il sentait la classe retenir son souffle. Il aurait voulu la mettre à genoux et lui faire ravaler ses mots. Lui faire dire simplement qu'elle était en tort ou ne pas imposer aux autres des œillères.

Le professeur Ombrage sortit de son sac à main un petit rouleau de parchemin qu'elle étala sur le bureau. Puis elle trempa sa plume dans un encrier et commença à griffonner en se penchant sur le parchemin pour que Harry ne puisse rien voir de ce qu'elle écrivait. Tout le monde resta silencieux. Au bout d'une minute, elle roula son parchemin et, d'un coup de baguette magique, le scella soigneusement pour qu'il lui soit impossible de l'ouvrir.

- Allez donc porter ceci au professeur McGonagall, cher Mr Portgas, dit le professeur Ombrage en lui tendant le rouleau.

Harry lui jeta un regard assassin, prit le parchemin en silence et se dirigea vers la sortie, réceptionnant au passage son sac que lui donna Neville. Il quitta la classe en claquant la porte, jetant un regard d'avertissement à ses amis au passage. Il s'était mis seul dans la merde, il s'enfoncerait seul, qu'ils ne le suivent pas cette fois. Il parcourut rapidement le couloir, la main serrée sur le rouleau, tourna à l'angle d'un mur et se retrouva nez à nez avec Peeves qui flottait dans les airs, allongé sur le dos, et jonglait avec des encriers.

- Tiens, tiens, mais c'est le petit Portgas piqué, caqueta Peeves.

Il laissa tomber deux encriers qui s'écrasèrent sur le sol en éclaboussant les murs. Harry les esquiva agilement de son Haki.

- J'ai un accord pour toi, amène-toi.

- Oh, oh, maboul a un accord pour moi, dit Peeves.

Il poursuivit Harry le long du couloir en lui jetant des regards en biais.

- Qu'est-ce qui se passe cette fois-ci, mon petit pote Portgas ? Pourquoi on a besoin de son p'tit pote Peeves ?

- Gamabrage doit morfler. Cette salope a besoin d'être remise à sa place, lui dit le jeune en dévalant l'escalier le plus proche.

- Eeeet donc ? s'enquit l'esprit frappeur en glissant sur la rampe à côté de lui.

- C'est quoi ton prix pour lui pourrir la vie à cette grognasse du ministère ?

Peeves éclata d'un rire tonitruant qui alla de pair avec le sourire sauvage de Harry.

Une porte sur la droite s'ouvrit à la volée et le professeur McGonagall surgit de son bureau, la mine sombre et l'air un peu fatigué.

- Qu'est-ce que c'est que tout ce bruit ? lança-t-elle d'un ton brusque tandis que Peeves s'enfuyait en poussant des caquètements de joie. Pourquoi n'êtes-vous pas en classe, Portgas ?

- Je crois que je me suis fait viré de cours pour la première fois de ma vie… et le jour de la rentrée, en plus. Kaachan va adorer. Je veux des hibiscus rouges sur ma tombe, professeur. Il parait que c'est la fleur emblématique des Portgas.

- Qu'est-ce que vous marmonner ?

Harry lui tendit le mot du professeur Ombrage. Les sourcils froncés, le professeur McGonagall le prit, l'ouvrit d'un coup de baguette magique, le déroula et commença à le lire. Derrière ses lunettes carrées, ses yeux bondissaient d'un bord à l'autre du parchemin en se plissant un peu plus à chaque ligne.

- Entrez, Portgas.

Il la suivit à l'intérieur de son bureau. La porte se referma d'elle-même derrière eux.

- Alors ? dit le professeur McGonagall en se tournant vers lui. C'est vrai ?

- Je peux pas vous le dire, j'ai pas lu le mot, soupira avec lassitude Harry.

La colère n'était plus que fatigue à présent. Revenir à Poudlard n'était vraiment pas une bonne idée. DU TOUT !

- Vous vous êtes opposé au professeur Ombrage ?

- So desu, répondit Harry en hochant la tête.

- Vous l'avez traitée de menteuse ?

- Plus ou moins.

- Vous lui avez dit que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est de retour ?

- Même pas !

La sale menteuse ! D'où elle sortait une histoire pareille !?

- Qu'est-ce que vous lui avez dit ?

- Je lui ai rappelé que j'avais un parrain foireux qui avait réussi à se barrer d'Azkaban et que malgré toute la bonne volonté du ministère, eh bien… il est toujours dehors. Qu'il a déjà réussi à entrer à Poudlard avec une arme et ce malgré leur dispositif de sécurité.

Le professeur McGonagall s'assit derrière son bureau et regarda Harry les sourcils froncés. Enfin, elle dit :

- Prenez un biscuit, Portgas.

- Nani ?

- Prenez un biscuit, répéta-t-elle avec impatience.

Elle lui montra une boîte en fer décorée de motifs écossais, posée sur son bureau au sommet d'une pile de papiers.

- Et asseyez-vous, ajouta-t-elle.

Dans le top dix de ce qu'il s'attendait à voir sortir de la bouche de la professeur, l'invitation à prendre un biscuit n'était pas répertoriée. Il se laissa tomber dans le fauteuil avec perplexité, face à elle, et prit dans la boîte un triton au gingembre, nageant en pleine confusion devant ce à quoi il devait s'attendre.

Le professeur McGonagall posa le mot du professeur Ombrage sur son bureau et regarda Harry d'un air grave.

- Portgas, vous devez faire attention.

Harry avala son triton au gingembre et la regarda dans les yeux. Le ton de sa voix n'était pas du tout le même que d'habitude : la brusquerie, la sécheresse, la sévérité avaient disparu. Elle parlait à présent d'une voix basse, anxieuse et, d'une certaine manière, plus humaine qu'à l'ordinaire, comme quand elle lui avait dit qu'elle l'aiderait à changer d'école.

- Une mauvaise conduite dans la classe de Dolores Ombrage pourrait vous coûter bien plus cher que des points en moins et une retenue.

- L'expulsion ? demanda-t-il avec espoir.

- Portgas, ayez donc un peu de bon sens, coupa le professeur McGonagall qui retrouva soudain son ton coutumier. Vous savez d'où elle vient, vous savez à qui elle fait ses rapports. Vous avez déjà essayé durant votre audience, ça n'a pas marché. Vous en prendre à elle ne changera pas les faits. C'est des ennuis bien plus gros qui pourrait vous mener à Azkaban que vous risquez !

La cloche sonna la fin du cours. Au-dessus de leur tête et tout autour d'eux retentirent les pas éléphantesques de centaines d'élèves qui quittaient leurs classes.

- Elle indique dans son mot qu'elle vous a infligé une retenue chaque soir de la semaine à compter de demain, dit le professeur McGonagall en parcourant une nouvelle fois le parchemin du professeur Ombrage. Heureusement que le ministère a oublié votre Retourneur de Temps… à moins que vous l'ayez rendu sans me le dire ?

Devant la question, Harry se contenta de soulever la chaîne en or de son cou, différenciable de celle en argent qui avait l'alliance et la goutte.

- Je dois la retrouver à quelle heure ?

- Vous vous rendrez dans son bureau demain soir à cinq heures et rappelez-vous : soyez très prudent chaque fois que vous aurez affaire au professeur Ombrage.

- Aucun moyen que je puisse sécher son cours ? Ou la faire éjecter de l'école ?

- Non Portgas, elle vous le refusera. Il s'agit d'adopter un profil bas et de contrôler vos humeurs. Parce que si elle saute, nous aurons Lucius Malefoy, et je doute qu'il sera aussi sympathique.

Le D. perdit littéralement toutes ses couleurs.

Faire sauter Ombrage n'était même pas une option pour rendre l'année plus supportable ! Hors de question de réunir Drago avec son père ! Il fallait que Voldemort se montre en pleine lumière avant, ou au minimum, que Lucius dévoile ses vrais couleurs !

- Quand on dit de vous que vous n'avez aucune considération pour votre propre peau, c'est tristement vrai, sourit amèrement McGonagall.

Harry la regarda sans comprendre.

- Votre professeur Rogue a annoncé durant une des réunions de l'Ordre que Lucius n'a pas apprécié que son fils refuse de prendre la Marque des Ténèbres. J'ai eu les Serpentard ce matin en métamorphose. Le visage de votre ami dit tout ce qu'il faut savoir.

- Il est sous la protection des Portgas, grogna Harry.

- Justement. Vous préférez mettre en danger votre propre vie, plutôt que celle d'un ami. Mais que dirait votre mère, dans cette situation ?

- Elle se serait levée pour se barrer dès que les objectifs du cours auraient été écrits.

La directrice de maison soupira.

- Prenez un autre biscuit, dit-elle d'un ton irrité en poussant la boîte vers lui.

- Non, merci, répondit froidement Harry.

- Ne soyez pas ridicule, lança-t-elle sèchement.

Il prit un biscuit. Ne pas contrarier McGonagall. Surtout pas.

- Arigatou, dit-il à contrecœur.

- Vous n'avez pas entendu son discours le jour du banquet, c'est bien dommage.

- Neville a essayé de m'engraisser et le ton de voix d'Ombrage a été un coup de grâce. Madame Pomfresh pourra le confirmer.

- Elle l'a confirmé, assura McGonagall. On vous a raconté ?

- Oui, Neville l'a fait. Le ministère veut intervenir dans les affaires de Poudlard, certainement pour s'assurer que Dumbledore…

- Même si vous ne l'appréciez pas, il reste votre directeur.

- … ne monte pas une armée avec l'école pour conquérir le ministère.

Le professeur McGonagall le dévisagea pendant un bon moment puis elle contourna son bureau et alla lui ouvrir la porte.

- Augusta doit être ravie des progrès qu'a fait son petit-fils depuis son arrivée ici. Ah, et jeune homme.

Harry s'arrêta sur le seuil pour regarder son enseignante.

- Je ferme les yeux depuis cinq ans sur l'arme blanche que vous gardez sur vous ou dans vos affaires, et que Mr Finnigan m'a signalée ce matin. Ne me faites pas regretter de ne pas faire remonter l'information au directeur en l'utilisant contre le professeur Ombrage, même si la tentation est forte.

Et elle referma la porte avant qu'Harry ne puisse lui répondre.

C'était peut-être mieux ainsi, il n'avait pas à lui dire qu'un jour ou l'autre, il ferait faire connaissance entre sa lame et cette idiote du ministère.