Bonjour tout le monde !

Calendrier de l'Avent 2024 [Papotage, Ecriture, Lecture et Bonne Humeur]

J'espère qu'il vous plaira.

Bonne lecture à tous !


14. Un cadeau parfait

Un cadeau cassé

Johnny "Madrid" Lancer arpentait les rues animées de Morro Coyo, un sourire satisfait sur le visage. Noël approchait à grands pas et pour la première fois depuis qu'il était revenu au ranch Lancer, il avait trouvé un cadeau qu'il jugeait digne de son père. Il avait été si heureux quand il l'avait aperçu dans la boutique de l'horloger ! C'était une montre à gousset en argent, finement ciselée, avec un cadran gravé d'une scène de ranch, reposait dans sa poche intérieure. Dépenser son argent durement gagné pour un tel objet ne lui faisait rien, car il savait combien Murdoch appréciait les choses pratiques et de qualité.

Alors qu'il montait en selle pour quitter la ville, un éclat de voix lui fit tourner la tête. Près du saloon, une dispute éclatait. Un homme ivre s'en prenait à un jeune garçon. Johnny hésita. Il aurait pu ignorer la scène et rentrer au ranch sans se mêler des affaires des autres, mais ce n'était pas dans sa nature. Il décida donc de prendre la défense du gamin.

- Hé, laisse-le tranquille, Lança Johnny en s'avançant, son regard perçant rivé sur l'agresseur.

L'homme, grand et lourd, le toisa avec mépris.

- Qu'est-ce que ça peut te foutre ? Fiche le camp, étranger !

Johnny croisa les bras, une moue narquoise sur les lèvres.

- Pas avant que tu laisses ce gamin tranquille. Allez, du vent.

L'homme grogna quelque chose d'inintelligible avant de se jeter sur Johnny, le poing levé. Il l'esquiva habilement, mais la bagarre était engagée. Les coups fusèrent. Dans la mêlée, Johnny sentit un choc contre sa poitrine. Il repoussa son assaillant, qui finit par prendre la fuite, grognant de rage. Essoufflé, Johnny jeta un œil à sa veste. Son cœur se serra en voyant le verre de la montre brisé et ses aiguilles immobiles. Il la sortit avec précaution. Elle était cassée de manière définitive. Malgré sa frustration, il aida le garçon à se relever et le regarda s'éloigner en courant. Puis, grimaçant, il remonta sur Barranca et prit la direction du ranch.

Le chemin du retour, habituellement apaisant, lui sembla cette fois interminable. Le paysage n'avait pas la même magie et l'idée de présenter à Murdoch un cadeau abîmé le pesait. Il n'était pas un homme qui s'excusait facilement, encore moins pour une erreur aussi idiote. Quand il atteignit enfin la maison, le ciel s'était teinté d'orange et de pourpre. Teresa allumait des bougies dans la grande salle, tandis que Scott aidait à installer la table. Johnny entra silencieusement, son chapeau à la main. Murdoch était près de la cheminée, son regard plongé dans les flammes.

- Johnny, te voilà enfin, dit Murdoch en se tournant vers lui avant de froncer les sourcils et d'ajouter. Tout va bien, fils ?

Johnny déglutit et sortit la montre de sa poche, la tenant entre ses doigts comme une offrande fragile.

- J'avais trouvé ça pour toi, dit-il d'une voix basse. Une montre à gousset. Mais… elle s'est cassée. Dans une bagarre… J'ai voulu aider ce gamin, mais…

Il baissa les yeux, honteux, attendant une réprimande, mais à sa grande surprise, Murdoch prit la montre et l'examina avec soin. Un sourire doux éclaira son visage.

- Elle est magnifique, Johnny. Merci, fils.

- Mais elle ne marche plus… protesta Johnny.

Murdoch leva un doigt pour le faire taire et posa une main ferme sur son épaule.

- Ce n'est pas ce qui compte. Ce qui compte, c'est que tu as pensé à moi. Ça me suffit amplement.

Puis, à la stupéfaction de Johnny, Murdoch ouvrit ses bras et l'attira dans une étreinte. Murdoch Lancer n'était pas un homme tactile ; c'était un événement rare et précieux. Johnny, habituellement gêné par ce genre de geste, se laissa faire. Il se blottit même contre son père, ressentant une chaleur qui n'avait rien à voir avec le feu de la cheminée.

- Joyeux Noël, fils, murmura Murdoch.

- Joyeux Noël, Pa', répondit Johnny d'une voix tremblante.

Ils se séparèrent juste à temps pour voir Scott et Teresa entrer avec les plats. Teresa portait fièrement une dinde fumante, tandis que Scott déposait des légumes rôtis et un pain doré sur la table.

- Vous allez rester plantés là toute la soirée, ou on peut manger ? Plaisanta Scott.

Johnny lança un regard amusé à son frère avant de l'aider à mettre les plats sur la table. Teresa, pétillante, arrangea une guirlande au centre.

- Johnny, dis-moi que tu n'as pas oublié le dessert, dit-elle.

- Pas cette fois, sourit-il, sortant une boîte de biscuits en forme d'étoile qu'il avait achetée en ville.

La soirée du réveillon se poursuivit dans un mélange de rires, de discussions animées et de souvenirs partagés. Pour Johnny, c'était un Noël comme il en avait rarement connu : entouré de chaleur, de famille et d'un sentiment de paix qu'il avait longtemps cru inaccessible.

Lorsque minuit sonna, il jeta un dernier coup d'œil à Murdoch, qui caressait doucement la montre à gousset, comme un trésor. Ce cadeau, bien qu'imparfait, symbolisait bien plus qu'un simple objet : il représentait un lien, fragile mais précieux, entre un père et un fils qui apprenaient encore à se redécouvrir.