Chapitre 17 : Chucky
La nuit était tombée sur Gotham, et dans le calme oppressant d'une école maternelle, la terreur s'était invitée sous une forme insoupçonnée. Le premier meurtre s'était déroulé dans une salle de classe. La maîtresse, Madame Sinclair, avait été retrouvée morte à son bureau. Ce qui avait d'abord semblé être un accident grotesque s'était vite transformé en scène de crime macabre. Son corps était lacéré par des coups de ciseaux et des ustensiles scolaires, son visage figé dans une expression de terreur absolue.
Le lieu portait les marques de la violence absurde de Chucky. Des crayons avaient été enfoncés dans ses mains, comme si quelqu'un avait voulu se moquer de sa fonction éducative. Des livres scolaires étaient trempés dans le sang, et sur le tableau noir, des lettres enfantines maladroitement tracées par une petite main ensanglantée formaient un message glaçant : "On va s'amuser ! – Chucky."
Quelques jours plus tard, un autre meurtre avait secoué la ville. Un veilleur de nuit, travaillant dans un collège, avait été retrouvé mort dans une salle des machines. Son cadavre portait des marques de lutte, mais ce qui avait choqué le plus les enquêteurs, c'était la manière dont il avait été tué. Des fils électriques enroulés autour de son cou, ses membres étaient désarticulés comme s'ils avaient été tirés par une force petite mais incroyablement violente. Le sang s'était mêlé à l'huile des machines, et une silhouette grotesque semblait avoir dansé dans le reflet des caméras de surveillance.
Ces deux meurtres, aussi brutaux que déroutants, avaient laissé les forces de l'ordre de Gotham perplexes, et surtout terrifiées. Mais c'est l'image capturée par la caméra de surveillance du collège qui avait achevé de troubler le commissaire Jim Gordon. Il avait regardé les enregistrements avec un mélange d'incrédulité et de répulsion.
Dans l'obscurité de la salle des machines, une petite silhouette se mouvait avec agilité. C'était une poupée. Mais pas n'importe quelle poupée. C'était elle qui avait attaqué le veilleur de nuit, ses gestes frénétiques trahissant une conscience malveillante enfermée dans ce corps artificiel. Elle se déplaçait comme un prédateur en chasse, laissant derrière elle un cadavre défiguré.
Gordon, sous le choc, avait immédiatement décroché son téléphone. Il savait qu'il ne pouvait pas gérer cette affaire avec les moyens conventionnels. C'était du domaine du surnaturel, et cela lui donnait des frissons rien que d'y penser. Une poupée qui tue… Cette pensée aurait fait rire quiconque, mais les morts, eux, étaient bien réels.
Il ne pouvait penser qu'à une personne capable d'affronter une telle menace : Gabriel Belmont, autrefois policier à Gotham, mais aujourd'hui connu sous le nom de Dracula. Gabriel avait une expertise dans tout ce qui concernait l'occultisme et les malédictions. Il était devenu un protecteur des mortels contre des forces que peu pouvaient comprendre.
Gabriel arriva à Gotham peu après l'appel de Gordon, le visage impassible mais les yeux empreints d'une sombre détermination. La ville n'avait pas changé pour lui, mais il savait que chaque retour à Gotham lui rappelait les ténèbres qu'il portait en lui-même, un écho de ce qu'il avait jadis combattu.
La rencontre avec Gordon se fit dans le bureau habituel du commissaire. Jim Gordon, encore secoué par la découverte, lui tendit une série de photos et la vidéo. Gabriel examina les documents, et au fur et à mesure qu'il parcourait les images, il fronça légèrement les sourcils. Il n'avait jamais vu une malédiction aussi étrange.
— "Une poupée", souffla Gabriel, posant les photos sur le bureau.
— "Oui, c'est ce que je pensais aussi. C'est complètement fou, non ? Mais les preuves sont là", répondit Gordon en soupirant. "Cette chose... elle tue. Et si elle s'en prend à des enfants, Gabriel... Je ne peux pas me permettre d'attendre."
— "Elle ne le fera pas longtemps", répliqua Gabriel, le ton ferme. "Ce que nous avons ici n'est pas seulement une poupée. Il s'agit d'un esprit qui a pris possession de cet objet. Et je connais l'identité de cet esprit."
Avec son lien magique avec Circé, Gabriel avait déjà commencé à scruter les énergies mystiques autour des événements. Circé, la puissante sorcière grecque avec qui il partageait une connexion, lui avait transmis des informations cruciales sur la poupée. Une voix résonna dans sa tête, douce mais empreinte de gravité. "Il s'appelle Charles Lee Ray. Un tueur en série qui a utilisé la magie vaudou pour transférer son âme dans cette poupée. Mais c'est plus qu'une simple malédiction... Il est devenu la poupée elle-même."
Gabriel s'éloigna du bureau pour se rapprocher de la fenêtre, observant les ombres qui dansaient sur la ville. Son esprit se connecta à la magie de Circé, fouillant plus loin dans l'histoire de la poupée. Chucky, un jouet populaire des années 1980, avait été conçu comme un compagnon inoffensif pour les enfants. Cependant, après une série d'événements étranges et inexpliqués impliquant des morts dans les foyers où les poupées avaient été vendues, la production avait été brusquement arrêtée. Mais certaines poupées avaient survécu à cette suppression, notamment celle qui portait l'esprit de Charles Lee Ray.
— "Alors c'est bien lui", dit Gabriel, se tournant vers Gordon. "La poupée s'appelle Chucky. Charles Lee Ray a transféré son esprit dans cette forme grotesque, et il continue de tuer, comme il l'a fait de son vivant. Mais cette fois-ci, il a dépassé les limites du monde physique. Il ne s'arrêtera pas tant qu'il ne sera pas arrêté, et cela demandera plus que de simples balles."
Gordon, toujours sur la réserve malgré sa confiance en Gabriel, hocha la tête. La tension se lisait sur son visage. "Et maintenant ? Comment on s'y prend ?"
— "Je le traquerai", répondit Gabriel calmement. "Et je l'exorciserai de cette poupée. Sa malédiction s'arrêtera ici."
Gordon croisa les bras, se fiant pleinement à son ancien collègue, tout en sachant que ce serait une affaire de plus pour laquelle il n'aurait jamais de réponses rationnelles à fournir. "Fais vite, Gabriel. Je ne veux pas que d'autres innocents meurent sous les coups de cette... chose."
Gabriel hocha la tête et quitta le commissariat, prêt à entrer dans une chasse qui serait différente de toutes celles qu'il avait connues jusque-là.
Gabriel commença son enquête en fouillant l'histoire de Charles Lee Ray, le tueur en série qui avait autrefois terrorisé plusieurs villes avant de rencontrer une fin tragique… ou du moins, c'est ce que la plupart des gens pensaient. Charles Lee Ray, surnommé "Chucky", avait échappé à la mort en utilisant un rituel vaudou pour transférer son esprit dans une poupée. Ce qui aurait dû être une simple relique du passé était devenu une menace plus terrifiante encore. Les archives de la police décrivaient un homme vicieux, impitoyable, obsédé par le meurtre et le pouvoir, et Gabriel comprit rapidement qu'il ne s'agissait pas d'un simple esprit, mais d'une entité maléfique déterminée à rester dans ce monde.
En consultant des documents anciens, Gabriel en apprit davantage sur la relation de Charles avec les arts occultes. Ce n'était pas un simple tueur ; Ray avait été formé dans des pratiques sombres, apprenant à manipuler l'énergie spirituelle pour ses propres fins. Il s'était tourné vers le vaudou pour s'assurer que la mort ne mettrait pas fin à son règne de terreur. Cela faisait de lui un adversaire particulièrement dangereux, même pour quelqu'un comme Dracula.
Circé, à distance, soutenait Gabriel en lui envoyant des informations et des rituels occultes par télépathie, mais c'était à Gabriel de parcourir les scènes de crime de Gotham, où Chucky avait récemment recommencé ses massacres. Ces lieux, autrefois banals, étaient devenus des tombeaux ensanglantés.
Il arriva sur la première scène : une école maternelle. Le contraste entre l'innocence de l'endroit et la brutalité du crime frappa Gabriel. La maîtresse avait été retrouvée morte dans sa classe, tuée de manière sadique avec des ciseaux et divers ustensiles scolaires, ses membres étalés comme des marionnettes désarticulées. Gabriel s'accroupit près de l'endroit où la victime avait été retrouvée. Les policiers n'avaient vu que des marques étranges sur les meubles et le sol, mais Gabriel sentit une présence résiduelle. Il ferma les yeux et se concentra, utilisant ses sens surnaturels pour capter les énergies sombres qui imprégnaient la pièce.
Des empreintes minuscules, invisibles à l'œil nu, commencèrent à apparaître. Il les suivit mentalement, traçant chaque pas que Chucky avait fait dans la pièce. Elles menaient à une trappe dissimulée derrière une armoire. Gabriel poussa doucement le meuble, révélant un passage étroit menant aux conduits d'aération. La poupée avait échappé à la scène du crime en se faufilant là où aucun humain ne pouvait aller.
"Il est méticuleux", murmura Gabriel. "Mais même le plus rusé des tueurs ne peut se cacher éternellement."
La deuxième scène de crime se trouvait dans un collège voisin. Un veilleur de nuit avait été assassiné brutalement pendant son tour de garde. Gabriel se déplaça rapidement sur les lieux, laissant ses sens capter les moindres détails que les humains auraient ignorés. Le sang avait été projeté sur les murs, formant presque un symbole grotesque, comme si Chucky prenait plaisir à transformer chaque meurtre en un spectacle horrifique.
"Charles Lee Ray...", réfléchit Gabriel à voix haute. "Tu ne laisses rien au hasard. Mais tu as sous-estimé ton adversaire cette fois."
Alors qu'il s'enfonçait dans l'obscurité des ruelles qui longeaient l'école, Gabriel sentit une perturbation subtile dans l'air. C'était une sensation qu'il connaissait bien. Chucky était proche, et il avait certainement senti la présence de Gabriel.
Chucky, bien que réduit à la forme d'une poupée, conservait une sensibilité aiguisée pour les énergies occultes. Le tueur en série, même dans cette enveloppe grotesque, pouvait ressentir quand quelque chose ou quelqu'un pénétrait son territoire, surtout quelqu'un d'aussi puissant que Gabriel.
Dans les recoins de la ville, là où la lumière peinait à atteindre, Chucky ressentit un frisson familier. Quelqu'un ou quelque chose de bien plus redoutable qu'un simple flic traquait ses pas. Ce n'était pas une simple enquête de routine, c'était autre chose. Une force surnaturelle semblait se rapprocher, et Chucky ne pouvait ignorer cette sensation menaçante.
"Je sens une sale odeur dans l'air... Ce n'est pas un flic ordinaire," murmura Chucky dans un coin sombre d'un bâtiment abandonné. "Ce type-là... il est différent. Mais ça ne fait rien, je vais m'occuper de lui comme des autres."
Chucky commença à ajuster ses plans. Il savait qu'il devait se montrer prudent, mais en même temps, il ne pouvait pas s'empêcher de se réjouir à l'idée de jouer à son jeu préféré : traquer et tuer. Ce qu'il ne savait pas encore, c'était que l'entité qui le traquait cette fois-ci n'était pas un simple mortel, mais le Seigneur des Ténèbres lui-même.
Gabriel, de son côté, continuait à explorer les scènes de crime, récoltant des indices. Il savait que l'affrontement était proche, mais cette fois, il voulait comprendre complètement son adversaire avant de frapper. Ses talents en tant qu'enquêteur et ses pouvoirs surnaturels faisaient de lui un prédateur redoutable. Peu importait la forme que Chucky avait prise, la poupée meurtrière ne pourrait pas échapper éternellement à son chasseur.
"Circé", murmura-t-il mentalement, "je suis sur sa trace. C'est lui... mais cette fois, il ne pourra pas fuir."
La traque de Charles Lee Ray, sous l'apparence de la poupée maudite, ne faisait que commencer.
Gabriel suivit les derniers indices jusqu'à une vieille maison délabrée dans un quartier malfamé de Gotham. Il savait qu'il approchait de son objectif. L'air devenait lourd, et une tension palpable semblait imprégner l'atmosphère. Les lieux étaient vides, mais Gabriel sentait la présence maléfique de Chucky se tapir dans l'ombre. Le silence régnait, mais derrière cette quiétude se cachait une intention meurtrière. Gabriel, toujours sous son apparence humaine, restait calme et impassible, se préparant pour l'affrontement imminent.
Il pénétra dans la maison. L'endroit semblait abandonné, mais Gabriel savait qu'il était observé. Chucky n'était pas loin. La maison, avec ses murs décrépis et ses pièces sombres, ressemblait à une scène sortie d'un cauchemar. Le vampire ferma les yeux un instant, se concentrant sur les énergies occultes. Il pouvait sentir la malice de Chucky s'infiltrer dans chaque recoin de la bâtisse.
"Je sais que tu es là, Charles Lee Ray," murmura Gabriel, tout en avançant lentement, sondant l'obscurité. "Montre-toi."
Soudain, un bruit métallique retentit. Un couteau lancé à toute vitesse surgit de nulle part, se dirigeant droit vers Gabriel. D'un mouvement rapide, Gabriel esquiva, le couteau s'enfonçant dans le mur derrière lui. D'autres objets commencèrent à voler dans sa direction : ciseaux, tournevis, des morceaux de verre brisé. Des pièges ingénieux, tous activés avec une précision calculée.
De sa cachette, Chucky observait Gabriel avec ses yeux de plastique animés d'une lueur malveillante. Il grogna, sa voix perçant l'obscurité.
"Eh bien, bien, bien... Qu'est-ce qu'on a là ? Un flic trop curieux ou juste un autre abruti en quête de gloire ? Je vais m'amuser à te déchiqueter, mon gars."
Chucky enclencha un autre mécanisme caché dans la maison. Des fils tranchants tendus à travers la pièce se mirent à bouger, projetant des objets dans toutes les directions. Les lames volaient, prêtes à découper tout intrus en morceaux.
Mais Gabriel ne bougea pas d'un millimètre. Ses yeux perçants détectaient chaque piège avec une précision surnaturelle. Les lames, les couteaux, les fils... tout semblait au ralenti pour lui. Grâce à ses réflexes vampiriques et à sa maîtrise des ombres, Gabriel se déplaça avec fluidité à travers les obstacles, déjouant chaque piège sans effort.
"Un peu lent pour un tueur en série, Charles," répliqua Gabriel d'un ton calme, tandis qu'il esquivait une nouvelle attaque.
La voix de Chucky se fit plus agacée, mais il ne perdit pas son sens de l'humour noir.
"Oh, t'as du cran, je te l'accorde. Mais crois-moi, personne n'échappe à Chucky ! Pas même toi, espèce de grand échalas !"
Gabriel savait que Chucky tentait de l'intimider, mais il était loin d'être impressionné. Ses sens lui permettaient de suivre les mouvements de la poupée meurtrière, même lorsqu'elle se faufilait dans les conduits d'aération ou se dissimulait dans les recoins de la maison. Chucky, qui avait l'habitude de jouer avec ses victimes avant de les abattre, se trouvait cette fois face à un adversaire bien plus dangereux qu'il ne l'avait imaginé.
Soudain, Chucky sortit de sa cachette et bondit sur Gabriel, un couteau levé au-dessus de sa tête. Le vampire esquiva avec une grâce presque irréelle, attrapant Chucky par le bras en un seul mouvement rapide. La poupée grogna de frustration en tentant de se libérer.
"Lâche-moi, enfoiré ! Tu crois pouvoir m'arrêter ? Je suis immortel, moi !"
Gabriel le jeta à l'autre bout de la pièce avec une facilité déconcertante. Chucky heurta un mur et tomba lourdement au sol, mais se releva presque aussitôt, son sourire dément toujours figé sur son visage.
"Bon sang, mais qui es-tu, espèce de taré ?" cria Chucky, enragé. "Qu'est-ce que tu fous là, hein ?!"
Gabriel resta impassible, ses yeux perçants fixant la poupée meurtrière. "Je suis celui qui va mettre fin à ton règne de terreur, Charles Lee Ray."
Chucky cligna des yeux, tentant de comprendre à qui il avait affaire. Ce type n'était clairement pas un flic ordinaire. Il avait quelque chose de... différent. Mais peu importait, Chucky avait affronté bien pire, du moins c'est ce qu'il se disait.
"Tu ne sais pas à qui tu t'attaques !" hurla Chucky, en riant de manière hystérique. "Je vais te réduire en pièces et jouer à la poupée avec tes tripes !"
Gabriel fit un pas en avant, se préparant à répliquer. Chucky, toujours armé de son couteau, se lança à nouveau à l'assaut, bondissant de manière imprévisible dans toute la pièce. Mais cette fois-ci, Gabriel ne lui laissa aucune chance. D'un geste rapide et précis, il utilisa son Shadow Whip pour l'immobiliser, ses ombres s'enroulant autour du petit corps de Chucky comme un filet invisible.
Le regard de Chucky se fit soudain plus sérieux. Pour la première fois, la poupée semblait comprendre qu'elle avait peut-être sous-estimé son adversaire.
"Qu'est-ce que tu es, bordel ?" murmura Chucky, tentant de se libérer de l'étreinte des ombres.
Gabriel approcha calmement, ses yeux fixés sur la poupée. "Je suis ce que tu n'auras jamais l'audace d'affronter : la véritable obscurité."
Chucky commençait à comprendre qu'il n'était pas en face d'un simple humain. Mais l'esprit du tueur en série n'était pas du genre à abandonner si facilement.
Chucky, voyant ses attaques répétées échouer face à l'étrange calme de Gabriel, savait qu'il devait changer de stratégie. « Bon sang, c'est quoi ce type ? » murmura-t-il tout bas, alors qu'il s'éclipsait dans les conduits d'aération. Ses mouvements, habituellement précis et calculés, étaient désormais empreints d'une légère panique. Il sentait que quelque chose clochait chez cet homme. Ce n'était pas un flic ordinaire, loin de là. Il se déplaçait avec une grâce presque inhumaine, anticipant chacune de ses attaques. Chucky grinça des dents, tentant de garder son sang-froid tout en cherchant un nouveau plan.
Dans l'ombre du conduit, il écoutait attentivement les pas de Gabriel se rapprocher. « Je vais le coincer. Ce type ne sait pas encore à qui il a affaire... » pensa-t-il, tout en installant un piège élaboré, utilisant des lames de rasoir, des ressorts, et quelques fils tendus à travers le couloir. Si ce "super-flic" tombait dans ce guet-apens, Chucky en ferait de la viande hachée.
Mais Gabriel n'était pas dupe. Il se tenait immobile dans le couloir, ses sens en alerte. Il pouvait percevoir les énergies occultes que dégageait l'esprit de Chucky. Chaque mouvement de la poupée dans les conduits résonnait comme un écho dans la structure de la maison. Et Gabriel savait que Chucky préparait quelque chose. Lentement, un sourire imperceptible se dessina sur ses lèvres. Il était temps de prendre l'ascendant.
D'un geste calme et méthodique, Gabriel se transforma. Son corps se disloqua en une nuée de brume noire, se dispersant dans l'air comme de la fumée. Sous cette forme éthérée, il s'infiltra dans chaque recoin de la maison, traversant les murs, les plafonds, et même les conduits d'aération où Chucky se dissimulait. Les pièges de Chucky, aussi ingénieux soient-ils, ne pouvaient rien contre l'intangible brume qui s'infiltrait dans chaque recoin.
Chucky, quant à lui, se faufila dans un autre conduit, se croyant en sécurité. « Il ne me trouvera jamais ici, ce crétin... » pensa-t-il, ricanant doucement. Mais, tout à coup, une brise froide s'éleva, remplissant le conduit d'une étrange obscurité. Chucky cligna des yeux, scrutant le tunnel de métal devant lui. Quelque chose n'allait pas. Puis, tout devint clair : la brume l'entourait, se resserrant autour de lui comme une poigne invisible.
"Mais qu'est-ce que... ?" s'exclama-t-il, tentant de se dégager.
La brume se reforma lentement devant lui, prenant la silhouette imposante de Gabriel, maintenant transformé en Dracula, le Seigneur des Ténèbres. Chucky recula, son couteau serré dans ses petites mains plastifiées, mais pour la première fois, il sentait une véritable peur s'infiltrer en lui.
Gabriel, dans sa forme vampirique, se redressa de toute sa hauteur, son regard perçant fixant la poupée. "Charles Lee Ray... Chucky... Peu importe le nom que tu portes, ton temps est révolu."
Chucky ricana nerveusement, tentant de reprendre son ton habituel. "Eh bien, eh bien... Tu sais qui je suis. Ça va rendre les choses beaucoup plus amusantes. Mais t'inquiète pas, je vais te découper en rondelles et jouer au frisbee avec tes tripes, vieux débris."
Gabriel resta impassible, scrutant la poupée avec un calme froid. "Je suis Dracula, le Seigneur des Ténèbres, et je ne suis pas ici pour jouer à tes petits jeux."
Chucky cligna des yeux, son sourire diabolique vacillant un instant. "Dracula ?!" Il éclata de rire, mais ce rire avait une teinte d'hystérie. "Attends, tu veux dire... le Dracula ? Le vampire, suceur de sang, cape noire et tout le tintouin ?"
"Exactement", répondit Gabriel sans broncher, sa voix grave résonnant dans les couloirs de la maison.
Chucky recula d'un pas, pesant ses options. Il savait qu'il ne pourrait pas battre un type pareil à la loyale. Dracula ? Vraiment ? Ce n'était pas un flic ou un simple humain. C'était autre chose. Quelque chose de bien plus ancien et dangereux que tout ce qu'il avait affronté jusqu'ici. Mais Chucky n'était pas du genre à abandonner. Il recula dans l'ombre, préparant un nouveau plan.
"Okay, d'accord... un vampire. Pourquoi pas ? Mais je te préviens, suceur de sang, t'as peut-être des crocs, mais j'ai un cerveau, moi ! Et tu n'as aucune idée de ce dont je suis capable !" hurla Chucky, en tentant de disparaître à nouveau dans les conduits.
Mais Gabriel n'était plus dupe de ses manœuvres. Il connaissait chaque mouvement de la poupée, chaque plan, chaque piège. Il suivait ses traces, non plus comme un simple chasseur, mais comme un prédateur implacable. Le jeu du chat et de la souris tournait désormais à l'avantage de Dracula.
"Tu t'es bien amusé, Chucky," dit Gabriel en avançant lentement, sa voix résonnant dans la maison vide. "Mais ce jeu touche à sa fin."
Chucky, à bout de souffle, se précipita dans une autre pièce, cherchant désespérément à échapper à la créature qui le traquait. Mais chaque fois qu'il pensait avoir trouvé un nouvel abri, Gabriel était là, apparaissant comme une ombre silencieuse et mortelle.
"Tu ne peux pas m'arrêter, sale chauve-souris !" hurla Chucky, sa voix perçant l'air avec un mélange de rage et de désespoir. "Je suis immortel ! Je reviendrai encore et encore, et tu ne pourras rien y faire !"
Gabriel s'arrêta à l'entrée de la pièce où Chucky s'était réfugié, observant la petite poupée avec une froide indifférence. "L'immortalité, Charles ? Ce n'est pas aussi simple que tu le crois. Et je suis celui qui brise les malédictions."
Chucky se figea un instant, scrutant Gabriel avec des yeux fous. Puis, sans prévenir, il se lança dans une nouvelle course, espérant que la maison cachait encore un dernier piège capable de renverser la situation. Mais il savait, au fond de lui, que ce combat ne tournerait pas en sa faveur.
Chucky avait toujours un tour dans son sac, et cette fois, il comptait sur son ultime piège. Après des tentatives infructueuses de tuer Gabriel à coups de couteaux et de fils tranchants, il se retrancha dans le sous-sol de la maison, où il avait méticuleusement préparé un dispositif explosif artisanal. Pour Chucky, le chaos était sa dernière chance de sortir indemne de cette confrontation.
Gabriel, qui se déplaçait dans la maison avec une fluidité surnaturelle, s'arrêta soudainement. Son regard perçant s'était fixé sur le sol, ses sens surnaturels lui permettant de détecter quelque chose d'anormal. Il se concentra et, grâce à sa maîtrise des ombres, il perçut une légère vibration provenant du sous-sol. C'était un signal. Quelque chose de plus dangereux que tous les pièges précédents était en jeu.
Chucky, quant à lui, était en bas, observant l'explosion qui allait venir avec une excitation palpable. "Viens, Dracula... Approche un peu plus. Je vais te réduire en cendres, vieux vampire, et tout ce que tu connaîtras, c'est la douleur et la destruction," murmura-t-il, ses yeux fous rivés sur le déclencheur du dispositif explosif.
Gabriel, conscient du danger imminent, utilisa ses réflexes surhumains pour descendre rapidement dans le sous-sol, brisant les murs avec une précision et une force incroyables. Les pierres et la poussière volèrent partout alors que le vampire faisait s'effondrer une partie du mur pour accéder à l'endroit où était cachée la bombe. Chucky, pris de court par cette force brutale, réalisa qu'il n'avait plus le contrôle de la situation.
"Quoi... mais qu'est-ce que tu fais, enfoiré de vampire ?" hurla Chucky, son ton devenant de plus en plus hystérique.
Gabriel, stoïque, attrapa le dispositif explosif d'une main ferme et le désactiva d'un geste fluide. Le piège ultime de Chucky venait d'être déjoué sans effort. Le silence retomba dans le sous-sol alors que Chucky, furieux, se jeta dans une rage frénétique, brandissant son couteau dans une tentative désespérée de sauver la situation.
"Je vais te tuer, Dracula ! Tu entends ? Je vais te massacrer !" cria Chucky, se jetant sur Gabriel avec une violence renouvelée.
Mais Gabriel était prêt. Alors que Chucky se ruait vers lui avec son couteau de boucher levé, Gabriel l'attrapa au vol avec une poigne de fer, ses doigts se resserrant autour du corps de la poupée avec une force implacable.
Chucky se tortilla, se débattant dans la main de Gabriel, son visage déformé par la rage et le désespoir. "Lâche-moi, enflure ! Je reviendrai toujours ! Tu ne peux pas me tuer ! Je suis immortel !"
Gabriel baissa les yeux vers la poupée possédée, son visage aussi impassible que l'acier. "Tu es un esprit maudit, Charles Lee Ray. Mais même les malédictions peuvent être brisées."
C'est à cet instant que Gabriel commença à réciter une ancienne incantation, un sort sombre qu'il avait appris au cours de ses siècles de vie. Les mots étaient en latin, chantés d'une voix grave et profonde, leur puissance se répercutant dans les murs du sous-sol. Les runes occultes, gravées dans l'air par la seule volonté de Gabriel, commencèrent à briller d'une lueur pourpre.
Chucky, sentant la puissance de l'incantation, se mit à hurler. Son visage de plastique se tordit de douleur, et son esprit, l'esprit du tueur Charles Lee Ray, fut arraché du corps de la poupée par la force brute de la magie de Gabriel.
"NON ! NON ! TU NE PEUX PAS ME FAIRE ÇA !" hurla Chucky, sa voix déformée par la terreur alors que son essence était extraite du corps de la poupée. Son esprit se tordit, essayant désespérément de rester lié à l'enveloppe maudite, mais il n'y avait plus rien à faire.
Gabriel resserra sa prise, et avec un dernier mot de l'incantation, l'esprit de Chucky fut expulsé de la poupée. L'essence maléfique de Charles Lee Ray se dissipa dans un cri de rage et de désespoir, laissant la poupée retomber mollement, inerte, dans la main de Gabriel.
Le silence régnait à nouveau dans la pièce. Chucky, le tueur impitoyable, n'était plus qu'une simple poupée inanimée.
Gabriel, toujours vigilant, ne voulait prendre aucun risque. Avec un geste fluide, il utilisa son pouvoir de manipulation des ombres pour envelopper la poupée dans une étreinte mortelle. Les ombres se tordirent et dansèrent autour d'elle, jusqu'à ce que la poupée soit réduite en cendres, ses restes dispersés dans l'air comme de la poussière.
"Repose en enfer, Charles," murmura Gabriel, ses yeux fixés sur le tas de cendres. "Tu ne feras plus de mal à personne."
La menace était enfin éliminée, et Gabriel quitta lentement la maison, sachant qu'il avait mis fin à une source de mal qui aurait pu continuer à semer la terreur à Gotham. Le calme revenu, la nuit semblait plus paisible, comme si même la ville respirait après l'éradication de la menace.
Mais Gabriel, malgré sa victoire, restait vigilant. Il savait que d'autres menaces surnaturelles rôdaient dans les ombres, prêtes à émerger lorsque le moment serait venu. Et comme toujours, il serait là pour les affronter.
