Chapitre 7 : "Le Sacrifice des Ténèbres"

Le bar Oblivion brillait de sa lueur mystérieuse habituelle, ses murs imprégnés de magie ancienne. Ce soir-là, la Justice League Dark, sous la direction de Wonder Woman, s'y était réunie. Autour d'une table en bois massif éclairée par des chandelles flottantes, l'équipe discutait des stratégies pour affronter The Upside Down Man, cette entité cosmique qui menaçait à nouveau le multivers.

Constantine, comme à son habitude, tirait sur une cigarette, le regard lourd de scepticisme. Il observa Dracula, assis en retrait, les bras croisés et son visage impassible plongé dans l'obscurité des lieux.

« Alors, on attend quoi ? » lança-t-il, sa voix teintée d'ironie. « Un miracle ou la fin du monde ? »

Wonder Woman, vêtue de son armure dorée, fixait la table d'un regard sérieux, pesant chaque parole. Elle savait que la situation était plus complexe que jamais. The Upside Down Man était devenu une menace qu'ils ne pouvaient plus ignorer. Ses précédentes attaques avaient laissé des cicatrices dans les fondations mêmes de la magie, et chaque minute qui passait rendait son retour plus imminent.

Dracula, assis en silence, ressentait l'agitation dans l'air. Les battements de cœur de ses alliés, leurs respirations nerveuses… il pouvait presque entendre les échos du chaos approcher. Son lien avec le monde des ombres et du divin le rendait particulièrement sensible aux fluctuations cosmiques.

Soudain, l'air se glaça. Une perturbation invisible fit vibrer les murs du bar. Le silence se brisa sous un cri lointain et surnaturel. Les chandelles flottantes vacillèrent, projetant des ombres inquiétantes.

Zatanna se redressa immédiatement, ses yeux brillant d'une lueur magique. « Il est là… »

Et avant que quiconque puisse réagir, The Upside Down Man surgit.

Une brèche dimensionnelle s'ouvrit dans un craquement terrifiant, déformant la réalité autour du bar Oblivion. Les murs semblèrent se tordre, leurs formes se dissolvant en une matière mouvante et incertaine. Des cris d'effroi se firent entendre parmi les autres clients surnaturels du bar, tandis que The Upside Down Man émergeait du néant, son corps fait d'ombres mouvantes et de lumière corrompue.

Son visage, toujours à l'envers, souriait d'un rictus cruel, déformé, comme s'il se délectait de la peur qu'il provoquait.

« Vous pensiez vraiment pouvoir vous cacher de moi ? » Sa voix résonnait comme un murmure venu des abysses, distordue et chaotique. « Je suis le début et la fin de la magie… et vous n'êtes que des grains de poussière face à ma grandeur. »

Wonder Woman dégaina son épée en une fraction de seconde. « Justice League Dark, en position ! »

Zatanna incanta des mots anciens, levant une barrière protectrice autour de la table. Constantine, d'un geste nonchalant mais précis, fit jaillir des runes de protection autour de lui. Même Detective Chimp, malgré sa nervosité, se prépara au combat.

Mais c'est Dracula qui, en silence, s'éleva doucement de sa chaise. Son regard rougeoyant fixait The Upside Down Man avec une froide intensité. Il ressentait le pouvoir destructeur de cette entité, une force cosmique aussi ancienne que la magie elle-même, mais au fond de lui, une résolution se formait.

Ce chaos devait être arrêté.

« Dracula, tu devrais peut-être t'en charger, non ? » lança Constantine avec un sourire en coin, toujours sarcastique même en face de l'apocalypse.

Dracula ne répondit pas immédiatement. Il observait, calculait chaque mouvement de l'entité, chaque fluctuation dans l'air. Puis, d'un geste fluide, il fit un pas en avant, prêt à engager la bataille.

C'est à cet instant que Circé, jusqu'alors silencieuse dans l'ombre, se manifesta. Son visage aux traits ensorcelants se détourna du chaos environnant pour se poser sur Dracula.

Circé, toujours en retrait, observa la scène avec un sourire énigmatique. Les illusions de The Upside Down Man se mêlaient aux ombres, distordant la réalité, créant des scènes impossibles autour du groupe. Mais alors que l'équipe se préparait à combattre, Circé prit une décision radicale.

« Ce combat ne peut pas être gagné avec des demi-mesures, » murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour les autres.

Elle s'approcha lentement de Dracula, son regard brillant d'une lueur dangereuse. Ses lèvres s'étirèrent dans un sourire plein de mystère et de séduction.

« Gabriel, Seigneur des Ténèbres… » Elle prononça son nom comme une incantation. « Tu possèdes déjà une puissance que peu peuvent comprendre. Mais avec ma magie, tu pourrais devenir une force que même cette abomination ne pourrait égaler. »

Dracula la fixa, son visage impassible. Il savait que Circé était une maîtresse dans l'art de la manipulation, une séductrice capable de convaincre les plus puissants esprits de céder à ses charmes. Pourtant, il sentait aussi l'urgence de la situation. The Upside Down Man continuait de distordre la réalité autour d'eux, et chaque seconde qui passait rapprochait l'équipe de la désintégration totale.

« Pourquoi faire cela ? » demanda-t-il d'une voix grave. « Quel intérêt as-tu à me donner une partie de ton pouvoir ? »

Circé sourit, ses yeux se rétrécissant en une expression presque malicieuse. « Peut-être que je veux voir jusqu'où tu peux aller. Peut-être que je veux savoir ce qui arrive quand deux forces aussi anciennes que les nôtres s'unissent. Ou peut-être, Gabriel, que je suis simplement curieuse de voir le Seigneur des Ténèbres triompher. »

Dracula resta silencieux, son regard scrutant l'âme de Circé. Il savait qu'elle cachait quelque chose. Il connaissait sa réputation. Mais la bataille en cours ne lui permettait pas de tergiverser. Si elle pouvait réellement lui offrir ce pouvoir supplémentaire, il devait l'accepter.

« Très bien, » dit-il finalement, d'une voix pleine de gravité. « Fais ce que tu as à faire. »

Circé leva les bras, et une énergie mystique noire et violette commença à tourbillonner autour d'elle, émettant une lumière vacillante. Ses cheveux se soulevèrent, et des runes anciennes apparurent dans l'air, projetant des ombres sur les murs du bar.

D'un geste fluide, elle fit glisser une partie de sa puissance vers Dracula. L'énergie se précipita en lui comme une vague brûlante, fusionnant avec ses propres pouvoirs vampiriques et divins. Il sentit une montée en puissance, une force qu'il n'avait jamais connue auparavant.

Ses yeux rouges brillèrent intensément, et son aura devint presque palpable, une force sombre et imposante. Les membres de la Justice League Dark ressentirent le changement. Zatanna et Constantine échangèrent un regard inquiet, tandis que Wonder Woman fronçait les sourcils, troublée par le sacrifice soudain de Circé.

« Allons-y, » dit Dracula, sa voix résonnant plus fort, plus puissante qu'auparavant. « Nous devons en finir avec The Upside Down Man. »

Le bar Oblivion, autrefois un lieu de refuge mystique, s'était transformé en un champ de bataille chaotique. Les murs tremblaient sous les distorsions de la réalité, les meubles se déformaient et se reformaient dans des figures grotesques, tandis que The Upside Down Man ricanait au centre de ce maelström.

« Vous pensez pouvoir m'arrêter avec vos faibles illusions d'ordre ? » cracha l'entité, sa voix déformée résonnant dans chaque recoin du bar. « Je suis le chaos incarné, la fin de toute magie. »

Des ombres se projetaient sur les murs, prenant la forme de créatures tordues et d'êtres issus de cauchemars. Chaque mouvement de The Upside Down Man déformait davantage l'espace autour de lui, créant des distorsions spatiales qui semblaient aspirer la lumière elle-même. Les membres de la Justice League Dark luttaient pour maintenir leur équilibre dans cet environnement surnaturel.

Zatanna, les mains tremblantes mais résolues, récitait des incantations pour contrer les illusions et protéger ses coéquipiers. Des boucliers de lumière magique apparurent autour d'eux, mais ils vacillaient sous la pression constante des attaques de l'ennemi. Constantine, quant à lui, marmonnait des exorcismes sous son souffle, tentant de neutraliser les forces du chaos qui se matérialisaient autour d'eux.

Mais c'était Dracula qui se démarquait dans ce combat, son aura de puissance maintenant amplifiée par la magie de Circé. Il se dressait face à The Upside Down Man, les yeux brillant d'une lumière rouge surnaturelle, ses mains créant des vagues d'énergie noire mêlée à une lueur dorée, preuve de la fusion de ses pouvoirs divins et vampiriques.

D'un geste vif, Dracula fit apparaître des chaînes d'ombre qui jaillirent du sol, se tordant pour tenter d'emprisonner The Upside Down Man. Ce dernier esquiva, son corps intangible se déplaçant dans des mouvements impossibles, mais Dracula ne ralentit pas. Il balança son bras, et les chaînes se resserrèrent à nouveau autour de la créature cosmique, tirant sur les ombres et contraignant ses mouvements.

« Tu es puissant, » gronda Dracula, « mais tu n'es pas invincible. »

The Upside Down Man répliqua avec un sourire malveillant, ses yeux renversés brillant d'une lueur dérangeante. « Et tu penses l'être, toi, vampire ? Ton pouvoir n'est qu'un vestige d'un ordre qui s'éteint. Le chaos consume tout. Même toi. »

Les mots de The Upside Down Man étaient porteurs de vérités cruelles, mais Dracula ne se laissa pas déstabiliser. Il se souvenait de la promesse qu'il avait faite, à lui-même, et aux êtres qu'il avait juré de protéger. Chaque mouvement qu'il faisait, chaque attaque qu'il lançait, portait l'écho de sa quête de rédemption.

Zatanna, voyant Dracula prendre le dessus, se joignit à l'assaut. Elle invoqua des vagues de magie pure qui enveloppaient The Upside Down Man, le forçant à diviser son attention. Des éclairs d'énergie jaillirent de ses mains, créant des fissures dans l'espace autour d'eux.

Wonder Woman, l'épée brandie, lança une attaque combinée avec le Lasso de la Vérité, visant à lier et affaiblir l'entité chaotique. Le lasso scintillait dans l'air, illuminant la scène de son éclat doré. Pourtant, même sous ces assauts combinés, The Upside Down Man souriait toujours, se délectant du chaos qu'il provoquait.

Mais alors, Dracula concentra tout le pouvoir que Circé lui avait transmis. Une lumière aveuglante émana de son corps, se mélangeant aux ténèbres, créant une fusion de pouvoir sacré et vampirique. Il leva les mains, et le bar Oblivion fut envahi par une explosion d'énergie pure.

« Par le pouvoir de la nuit et de la lumière, retourne dans l'abîme d'où tu viens ! » tonna Dracula, sa voix résonnant comme un écho à travers les dimensions.

Une déchirure apparut dans la réalité, une faille béante qui aspira les forces chaotiques de The Upside Down Man. L'entité hurla, tentant de s'accrocher aux derniers vestiges de cette dimension, mais Dracula, avec l'aide de Zatanna et des autres, le força à disparaître dans le vide.

Le bar Oblivion retrouva progressivement son calme, les distorsions de la réalité s'effaçant peu à peu. Mais à quel prix ?

Le calme qui s'installa après la disparition de The Upside Down Man était presque assourdissant. Le bar Oblivion, bien que marqué par la bataille, semblait reprendre son souffle. La lumière tremblait faiblement, les murs, distordus quelques secondes auparavant, commençaient à se stabiliser. Les membres de la Justice League Dark se tenaient là, haletants, leurs yeux encore rivés sur le vide où l'entité chaotique s'était évanouie.

Dracula abaissa lentement les mains, sa silhouette imposante illuminée par les dernières rémanences de la magie qu'il avait canalisée. Mais soudain, une énergie étrange parcourut l'air. Il se retourna, juste à temps pour voir Circé vaciller.

« Circé ! » s'écria Zatanna, se précipitant vers la sorcière.

Circé chancela, une expression de fatigue intense marquant ses traits. Ses yeux, autrefois brillants d'une malice et d'une confiance sans faille, étaient maintenant voilés d'une étrange tristesse. Elle posa une main tremblante sur une table à côté d'elle, essayant de se stabiliser, mais ses jambes ne purent plus la soutenir. Elle s'effondra au sol, inconsciente.

Dracula, d'un bond, fut à ses côtés. Il posa une main sur son front, ressentant immédiatement la magie qui pulsait en elle, mais qui s'était presque complètement éteinte. Elle avait donné trop de sa puissance pour l'aider à repousser The Upside Down Man.

« Elle a vidé toute son énergie, » murmura-t-il, ses sourcils froncés de préoccupation.

Wonder Woman s'agenouilla à ses côtés, une expression d'inquiétude mêlée à de la perplexité.

« Pourquoi ferait-elle ça ? » demanda Diana, sa voix hésitant entre surprise et confusion. « Ce n'est pas dans sa nature de sacrifier autant pour les autres. »

Zatanna, qui s'était agenouillée près de Circé, passa une main au-dessus du corps inerte de la sorcière, vérifiant son état avec des incantations silencieuses. Un faible éclat de lumière répondit à ses gestes, mais il était clair que Circé avait plongé dans un coma magique.

« Elle sera en vie, » murmura Zatanna, regardant Wonder Woman. « Mais elle a pris un grand risque. »

Dracula, toujours à genoux à côté d'elle, observait la sorcière avec intensité. La froideur habituelle qu'il affichait était remplacée par une vague de sentiment qu'il n'aurait jamais cru éprouver pour elle. Il se souvenait des paroles de Circé, de ses tentatives de séduction et de manipulation, mais à cet instant, elle apparaissait sous un jour différent. Ce n'était plus la sorcière impitoyable qu'il avait rencontrée sur l'île de Ponza, mais une femme qui avait risqué sa vie pour une cause plus grande.

« Pourquoi ? » murmura Dracula, à peine pour lui-même.

Constantine, qui observait la scène de loin, s'approcha lentement, un sourcil levé, une cigarette éteinte entre ses doigts. Il n'avait jamais eu confiance en Circé, et cette situation ne changeait rien à ses doutes.

« Ne te fais pas d'illusions, mon vieux, » lança Constantine d'un ton sec. « Circé ne fait jamais rien sans raison. Elle aurait très bien pu planifier ça sur le long terme. Peut-être qu'elle cherche juste à se rendre indispensable à tes yeux, ou à ceux de Diana. Une manipulatrice de son calibre ne change pas du jour au lendemain. »

Dracula se redressa lentement, fixant Constantine avec intensité. « Je ne dis pas que je comprends ses motivations, Constantine. Mais je vois plus de profondeur en elle que ce que tu veux bien admettre. »

Constantine haussa les épaules, un sourire sarcastique au coin des lèvres. « Tu crois vraiment que quelqu'un comme elle, après des siècles de manipulation, va soudainement changer de camp ? Je ne serais pas surpris qu'elle ait un autre plan en tête. »

Dracula ne répondit pas immédiatement. Il baissa à nouveau les yeux vers Circé, ses pensées tourbillonnant. Il ne pouvait pas nier ce que Constantine disait – Circé était rusée, calculatrice. Mais il avait ressenti quelque chose d'autre dans son sacrifice, quelque chose de plus humain, presque vulnérable. Il avait vécu trop longtemps pour se fier uniquement aux apparences, mais il avait aussi appris à percevoir ce que les autres tentaient de dissimuler.

« Peut-être qu'elle se cache derrière ses manipulations, » murmura Dracula. « Mais je ne crois pas qu'elle ait fait cela simplement par intérêt. Il y a du bien en elle, aussi enfoui soit-il. »

Constantine roula des yeux. « Tu fais ce que tu veux, mon vieux. Mais ne viens pas pleurer si tu te fais brûler. »

Wonder Woman, qui avait écouté en silence, croisa les bras, son expression partagée entre la perplexité et la prudence. Circé avait été son ennemie pendant si longtemps, une menace presque constante pour elle et pour le monde. Voir cette sorcière agir de manière altruiste bouleversait tout ce qu'elle croyait savoir sur elle.

« Je ne comprends toujours pas, » dit-elle doucement. « Mais si elle a vraiment sacrifié autant, nous lui devons au moins de veiller sur elle jusqu'à ce qu'elle se réveille. »

Dracula hocha lentement la tête. « Elle s'est mise en danger pour nous. Pour moi. Je resterai à ses côtés. »

La lumière du bar Oblivion s'était adoucie, et l'atmosphère pesante de la bataille précédente avait laissé place à un calme temporaire. Dracula était seul dans l'une des salles adjacentes, méditant sur les événements récents, son regard perdu dans les flammes vacillantes de la cheminée. Les éclats de la bataille résonnaient encore dans son esprit, mais un autre poids le troublait : la décision de Circé.

Alors qu'il était plongé dans ses pensées, une perturbation magique emplit la pièce. Une silhouette familière émergea de l'ombre, baignée dans une aura dorée éclatante.

Doctor Fate.

L'avatar des Lords of Order s'avança avec une grâce presque mécanique, sa cape dorée flottant derrière lui, ses yeux luisants sous son casque emblématique. Il représentait l'ordre absolu, la structure contre laquelle Dracula incarnait naturellement le chaos.

Dracula ne bougea pas, mais son regard se durcit légèrement. Il sentait venir cette confrontation depuis un certain temps. La tension entre l'ordre rigide des Lords of Order et le chaos maîtrisé qu'il portait en lui était palpable.

« Gabriel Belmont, » commença Doctor Fate, sa voix résonnant comme un écho lointain. « Le monde que tu défends est en danger, non pas à cause de l'anarchie qui menace, mais parce que des êtres comme toi cherchent à maintenir cet équilibre fragile en jouant avec les forces que tu ne devrais pas manipuler. »

Dracula se redressa lentement, ses yeux perçants croisant ceux de Doctor Fate à travers son casque doré.

« Tu parles comme si l'ordre absolu que tu prônes était la solution à tous les maux, » répondit Dracula, sa voix calme mais empreinte d'une gravité qui résonnait dans la pièce. « Mais l'ordre, lorsqu'il devient extrême, peut être tout aussi destructeur que le chaos. »

Doctor Fate avança d'un pas, ses bras croisés, le regard toujours fixé sur Dracula. « Tu as été un seigneur des ténèbres, une créature du chaos. Peu importe combien tu te repens ou combien tu prétends être du côté de la lumière, tu incarnes une menace pour l'équilibre que je dois protéger. »

Un silence lourd s'installa, mais Dracula ne cilla pas.

« Le chaos que je porte en moi, » répondit Dracula avec une intensité nouvelle dans la voix, « n'est pas une force destructrice sans contrôle. Il y a un équilibre dans l'ombre, tout comme il y a de l'équilibre dans la lumière. Tu as combattu tant de forces sombres, mais as-tu jamais songé que l'ordre absolu que tu recherches pourrait anéantir toute forme de vie, de liberté ? »

Doctor Fate hésita un instant. Il n'était pas habitué à ce genre de réplique, surtout venant de quelqu'un comme Dracula. Il sentit que cet être ancien avait une compréhension profonde de la dualité entre ordre et chaos. Mais les Lords of Order, eux, ne voyaient pas cette nuance.

« Tu as fait preuve de grande puissance lors de la bataille contre The Upside Down Man, » reprit Doctor Fate, cette fois d'un ton plus mesuré. « Mais cette puissance que tu manies, renforcée par Circé, reste une force d'instabilité. Elle pourrait tout aussi bien se retourner contre toi. »

Dracula esquissa un sourire presque imperceptible. « Je connais mes ténèbres mieux que quiconque. Et contrairement à ce que tu penses, je ne les crains pas. Je les ai maîtrisées. Ce n'est pas parce qu'un pouvoir est né dans le chaos qu'il est voué à détruire. Tout est question de contrôle. »

Doctor Fate semblait perturbé. Pour lui, la vision du monde devait rester pure, sans interférence de forces qu'il ne pouvait totalement comprendre. Mais quelque chose dans les paroles de Dracula résonnait en lui. L'immortel vampire, bien qu'incarnation de l'ombre, portait en lui une lumière plus subtile, une forme de rédemption qui échappait à l'entendement des Lords of Order.

« Tu possèdes des pouvoirs que même les Lords of Order n'oseraient toucher, » murmura Doctor Fate, sa voix plus basse, presque perplexe. « D'où vient cette force, Gabriel Belmont ? »

Dracula se redressa, son regard se faisant plus intense.

« J'ai été choisi par Dieu, » répondit-il finalement. « Pour combattre des forces plus grandes que la simple opposition entre lumière et ténèbres. C'est une mission qui transcende vos concepts d'ordre et de chaos. Je ne suis pas simplement un monstre ou un seigneur des ténèbres. J'ai été forgé pour une cause plus grande que celle que tu penses défendre. »

Cette révélation laissa Doctor Fate silencieux. L'ombre et la lumière, le chaos et l'ordre, tout semblait soudain plus flou pour lui. Il ne s'attendait pas à entendre une telle affirmation de la part de celui qu'il avait jugé trop rapidement.

Doctor Fate, d'ordinaire sûr de lui, hésita un instant avant de faire un pas en arrière. « Si ce que tu dis est vrai, alors tu es plus que ce que je pensais. Mais sache ceci, Gabriel Belmont : si jamais tu te laisses submerger par les ténèbres, je reviendrai pour te rappeler ce qu'est l'ordre. »

Dracula ne répondit pas. Il n'y avait plus besoin de mots. Les deux êtres, représentant chacun une forme extrême de pouvoir, avaient trouvé un terrain d'entente, même si la méfiance persistait.

Doctor Fate tourna lentement les talons et disparut dans un éclat doré, laissant Dracula seul avec ses pensées. Mais cette confrontation, bien qu'abrupte, l'avait laissé songeur. Il savait que le chemin de la rédemption était encore long, mais peut-être que le plus grand défi n'était pas tant de vaincre des ennemis extérieurs, mais de gagner la confiance de ceux qui le jugeaient encore comme une force du mal.

Le lendemain matin, le bar Oblivion baignait dans une lumière douce et apaisante, contrastant avec l'atmosphère pesante de la veille. Les membres de la Justice League Dark s'étaient rassemblés autour du lit de Circé, reposant dans une chambre du bar, encore dans un état de coma léger. Le visage de la sorcière, habituellement si dur, paraissait serein, presque vulnérable. Son corps, bien que toujours enveloppé d'une légère aura magique, semblait avoir perdu de sa force.

Dracula se tenait en retrait, ses bras croisés, observant la scène d'un regard indéchiffrable. Wonder Woman, Zatanna, et Constantine étaient présents, chacun d'eux portant des expressions différentes : perplexité, inquiétude et, dans le cas de Constantine, méfiance.

« Ça sent le coup fourré, » marmonna Constantine en allumant une cigarette. « Je vous le dis, cette sorcière ne fait jamais rien sans une arrière-pensée. »

Wonder Woman, elle, se contenta de fixer Circé avec des yeux remplis d'interrogations. Elle avait combattu Circé plus de fois qu'elle ne pouvait s'en souvenir, et jamais elle n'avait vu son ennemie agir avec un tel altruisme. Cela la troublait profondément.

« Pourquoi ferait-elle cela ? » murmura Wonder Woman, ses poings se crispant légèrement. « Elle aurait pu se contenter de se battre avec nous, mais donner autant de sa magie… Cela ne lui ressemble pas. »

Zatanna, plus silencieuse, observait la sorcière, ses doigts effleurant le bord du lit. Elle pouvait sentir les fluctuations magiques qui entouraient Circé. Son pouvoir avait été drainé presque jusqu'à l'épuisement, mais elle était encore en vie. Cela restait un mystère.

« Quoi qu'il en soit, elle a risqué sa vie pour nous, » dit Zatanna, tentant d'apporter une perspective différente à la discussion. « Peut-être qu'il y a plus que ce qu'on ne voit. »

Constantine souffla un nuage de fumée, son regard perçant se posant sur Dracula. « Et toi, le vampire ? T'en penses quoi ? Parce que moi, je crois que c'est juste une autre de ses manigances pour nous piéger tous. Tu sais comment elle est. »

Dracula ne répondit pas tout de suite. Il se rapprocha lentement du lit de Circé, ses yeux rouges brillant faiblement alors qu'il observait de plus près la sorcière endormie. Il percevait les battements de son cœur, faibles mais réguliers. Il savait que sa décision de sacrifier une partie de sa puissance pour lui avait été un acte coûteux, mais il refusait de croire que cela relevait simplement d'une manipulation.

« Je ne pense pas qu'elle ait agi par pur intérêt personnel cette fois-ci, » répondit-il d'une voix grave mais douce. « Il y a une part d'humanité en elle que vous ne voulez pas voir. »

Constantine éclata de rire, mais c'était un rire sans joie. « De l'humanité chez Circé ? » Il secoua la tête, incrédule. « T'as vraiment perdu la boule, mon gars. »

Mais avant que Dracula ne puisse répondre, un faible gémissement interrompit la conversation. Circé bougea légèrement sous les draps, ses paupières battant lentement. Elle ouvrit les yeux, ses prunelles dorées brillant sous la lumière tamisée de la pièce. Un léger sourire étira ses lèvres, bien qu'elle fût visiblement affaiblie.

« Je vois que vous vous inquiétez pour moi, » murmura-t-elle avec une pointe de sarcasme.

Wonder Woman s'approcha immédiatement, son visage partagé entre la méfiance et l'inquiétude. « Pourquoi, Circé ? Pourquoi as-tu fait ça ? »

Circé, toujours allongée, émit un rire faible, mais un peu amer. « Ne me donnez pas trop de crédit, princesse. J'ai juste mal calculé la quantité de magie que j'allais utiliser. Rien de plus. Je n'avais aucune intention héroïque. » Elle jeta un coup d'œil à Constantine, puis à Dracula. « N'allez pas croire que j'ai soudainement développé une conscience. »

Constantine roula des yeux, un sourire cynique étirant ses lèvres. « Ah, enfin la vérité. »

Pourtant, quelque chose dans l'expression de Circé trahissait ses paroles. Même dans son état affaibli, Dracula pouvait sentir que son sacrifice avait été bien plus que le simple résultat d'un « mauvais calcul ». Il s'approcha encore un peu plus, ses yeux plongeant dans ceux de la sorcière.

« Tu dis ça, » murmura-t-il doucement, « mais je sais que tu n'es pas aussi insensible que tu veux le faire croire. »

Circé le fixa longuement, et pendant un bref instant, son masque tomba. Elle semblait vulnérable, presque humaine. Mais rapidement, elle se reprit, se redressant légèrement sur le lit, une expression de défi sur le visage.

« Crois ce que tu veux, vampire, » dit-elle, feignant l'indifférence. « Mais je ne suis pas une héroïne. »

Dracula ne répliqua pas. Il n'avait pas besoin de le faire. Il savait que derrière les mots acérés de Circé se cachait quelque chose de plus profond, quelque chose qu'elle refusait d'admettre même à elle-même.

Wonder Woman resta silencieuse, mais la confusion ne quittait pas ses traits. Elle se tourna vers Constantine, qui, fidèle à lui-même, fit une moue désinvolte. « On verra bien où tout ça nous mène, » conclut-il en écrasant sa cigarette. « Mais je te le dis, Dracula, méfie-toi d'elle. »

Circé, toujours allongée, esquissa un sourire amusé. « Qui sait, Constantine. Peut-être que tu as raison, et que tout ça fait partie d'un plan à long terme. »

Mais Dracula savait, au plus profond de lui, que cette fois-ci, ce n'était pas de la manipulation. Pas entièrement. Peut-être que Circé elle-même ne comprenait pas complètement pourquoi elle avait agi ainsi, mais il voyait en elle quelque chose qu'il n'avait pas vu depuis des siècles chez quelqu'un d'aussi puissant : une étincelle d'humanité.

Le silence retomba sur la pièce, chaque membre de l'équipe se demandant ce que les événements à venir pourraient bien révéler. Mais une chose était claire pour Dracula : sa place dans cette équipe ne faisait que commencer à se définir, et les liens qu'il tissait, même avec les plus improbables alliés comme Circé, allaient être essentiels dans les batailles à venir.