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"A kite above a graveyard grey,

At the end of the line, far, far away,

A child holding on to the magic of birth and awe."

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L'eau était trouble, une tempête se préparait dans les fonds sous-marins pour remonter à la surface et détruire les bateaux infortunés. Mais j'étais une sirène, alors les courants ne me faisaient pas peur. Je slalomais entre les méduses et les poissons qui partaient dans l'autre sens pour se réfugier dans les récifs de corail. Je me trouvais bien loin du lagon des sirènes, j'avais dépassé le Rocher du Crâne pour traverser les plages du camp des Indiens.

Bienvenue au Pays Imaginaire !

L'océan s'agitait de plus en plus et il était difficile de garder une nage bien droite. J'utilisais ma longue queue émeraude, couverte d'écailles pailletées, pour avancer à contre-courant et arriver dans une crique, en sécurité.

Néanmoins, pour passer cette section de la mer, je devais nager sous un navire bien connu de l'île, le célèbre "Jolly Roger".

Malheureusement, le torrent trop fort m'emporta dans un coin plus trouble encore, je n'arrivais pas à voir à cinq centimètres devant moi. De fait, il m'était donc impossible d'apercevoir l'immense piège qui me captura. C'était un énorme filet, jeté en plein océan, pour attraper les poissons et les crustacés.

Cela fonctionna parfaitement bien avec les sirènes, de toute évidence...

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"Oh, how beautiful it used to be,

Just you and me far beyond the sea,

The waters scarce in motion quivering still."

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Je me suis débattu durant de longues minutes, essayant de déchirer les cordes ou de passer au travers. Après tout, j'étais très fine, mais visiblement pas assez. Après une lutte sans succès, j'ai senti le filet se lever et remonter vers la surface. Rapidement, je me retrouvais à l'air libre, relevé par un groupe de Pirates qui hurlaient de joie de voir autant de poissons dans leur piège. Ils ne m'avaient pas encore vu.

En revanche, j'eus le temps de lire le nom du navire sur le bois usé : "The Jolly Roger".

Évidemment...

Encore une fois, j'ai essayé de sauter du filet, sans y parvenir. Donc, ce qui devait arriver, arriva : lorsque les Pirates jetèrent la nasse pleine sur le pont, les cordes cédèrent, révélant ainsi les centaines de poissons et de crabes.

Ainsi que moi.

Il fallut quelques minutes pour que les cerveaux imbibés d'alcool des Pirates comprennent qu'ils venaient d'attraper une sirène. Mais une fois la découverte réalisée, ils crièrent en chœur :

- Oy ! Oy ! Captain !

Leurs cris incessants me sortirent de ma torpeur et je commençais à me réveiller et à émerger, comprenant à mon tour le danger de la situation.

Si le Captain Hook me voyait...

Est-ce qu'il se souviendrait de moi ?

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"At the end of the river, the sundown beams,

All the relics of a life long lived,

Here, weary traveller, rest your wand,

Sleep the journey from your eyes."

.

J'étais encore déboussolée et sonnée par ma nage et ma capture, mais j'ai entendu un homme sortir de sa cabine pour marcher d'un pas lourd vers le pont.

- Oy ! Mates ! Stop shouting !

Le Capitaine s'approcha plus près encore du filet, et donc de moi, en poussant ses matelots sur le côté.

- Aye, aye, Captain Hook ! Nous avons attrapé une sirène !

Le Capitaine en question arriva devant la prise de pêche, certains poissons sautaient dans tous les sens, espérant rejoindre l'océan. Je l'espérais aussi, mais j'étais assez lucide pour savoir que c'était désormais impossible. J'entendais les Pirates hurler des phrases de mauvais augures pour moi :

"Vendons-la à Peter Pan !"

"On pourrait la manger ?"

"Et si on l'échangeait contre du Rhum ?"

"Empaillons-la pour la mettre sur la proue !"

Oh, non...

Finalement, Hook hurla plus fort :

- Oy ! Stop ! C'est moi qui décide quoi faire de la sirène !

Puis, il se pencha vers moi. Je faisais exprès de garder mes yeux fermés, mais en ouvrant légèrement une paupière, je pouvais voir que le Capitaine m'attrapa pour me prendre dans ses bras. Il était plus fort que ce qu'il paraissait. J'étais encore mouillée et glissante, mais il me tenait fermement en rebroussant chemin :

- Mates, je vais dans ma cabine, ne me dérangez sous aucun prétexte !

Plus, il marcha rapidement vers ses appartements et il referma la porte derrière lui à coup de pied.

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"Good journey, love, time to go,

I checked your teeth and warmed your toes,

In the horizon, I see them coming for you."

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Je m'étais rapidement rendormie, mais lorsque j'ai rouvert les yeux, j'ai vu un haut plafond de bois aux moulures dorées. J'étais allongée sur un large canapé très moelleux, ma tête reposée sur des oreillers, et une épaisse couverture me protégeait du froid. Lorsque j'ai essayé de me lever, je me suis rendu compte que j'avais...

... Des jambes !

Bien sûr ! La légende des océans : lorsqu'une sirène reste trop longtemps à terre et qu'elle commence à sécher, sa queue se change en jambes Humaines.

Combien de temps étais-je à bord du navire ?

- Easy, Love...

J'ai tourné ma tête vers la gauche et j'ai vu le Capitaine Hook assis à côté de moi, dans un élégant fauteuil, buvant une bouteille de Rhum. Il posa sa flasque et m'avoua :

- Je me souviens de toi, Alisone. Je me souviens de cette horrible nuit lorsque le Jolly Roger a essuyé une tempête de l'Enfer. J'ai perdu plusieurs matelots. Et j'aurai dû mourir, moi aussi. Je suis passé par-dessus bord, les flots m'ont entraîné sous les vagues et j'étais en train de me noyer, lorsque tu m'as secouru. Tu m'as sorti de l'ouragan pour me mettre en sécurité sur la plage la plus proche. Tu es vite repartie dans l'océan, par peur, j'imagine. Mais je me souviens de toi et de ton visage. Aussi... De la chanson que tu chantais ce matin-là...

Il baissa les yeux et se mit à murmurer :

- "The mermaid grace, the forever call, Beauty in spyglass on an old man's porch, The mermaids you turned loose brought back your tears."

Je souris face à ce souvenir.

Je m'en souvenais, bien sûr ! Je ne sauve pas n'importe qui, n'importe quand pour rien. J'avais déjà repéré le beau Captain Hook. Ou, devrais-je dire : Captain Killian Jones.

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"At the end of the river, the sundown beams,

All the relics of a life long lived,

Here, weary traveler, rest your wand,

Sleep the journey from your eyes."

.

Je suis restée plusieurs jours dans la cabine du Capitaine. Il portait toujours sa tenue en cuir qui sculptait parfaitement son corps, ses cheveux ébène partaient dans tous les sens sur son crâne, sa barbe de trois jours rongeait un visage mal rasé et fatigué, ternissant ses yeux aussi bleus que l'océan qu'il aimait. Étrangement, son profond regard était surligné d'un eye-liner noir. Mais surtout, il n'avait pas de main droite, mais un crochet à la place, d'où son surnom.

Comme je n'étais plus une sirène, je portais désormais une ample chemise blanche et froissée, offerte par Hook. Il chercha dans les armoires des anciennes conquêtes féminines de l'équipage pour me trouver une simple, mais belle, robe rose, longue et fluide.

Plusieurs semaines se déroulèrent dans le calme des flots, je restais caché dans sa cabine, tandis qu'il prenait soin de moi.

Et puis un matin, lorsque je me suis réveillée au rythme de la houle, allongée sur mon canapé, Killian Jones était déjà là, à côté de moi, me regardant avec passion.

- Est-ce que tout va bien ? demandais-je, perdue.

Il sourit et se pencha vers moi :

- J'ai traversé le Monde et les sept mers pour te retrouver. Il aura fallu que mes idiots de matelots te pêchent dans leur filet.

Enfin, il m'embrassa amoureusement.

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"At the end of the river, the sundown beams,

All the relics of a life long lived,

Here, weary traveler, rest your wand,

Sleep the journey from your eyes."

.

Puis, je me suis réveillée.

Il était 5h55 et je me suis levée. Aussi, ça m'a fait rire de rêver du Captain Hook cette nuit, puisque je vais le revoir ce soir. Eh oui, l'Irlandais Colin O'Donoghue, né à Drogheda, joue ce soir dans un Pub avec d'autres musiciens pour lever des fonds pour une association. Je l'aurai vu trois fois cette année : à la Saint-Patrick de Drogheda, à Dublin pour sa pièce de théâtre "2:22 A Ghost Story", et ce soir !

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Chanson : "Turn Loose the Mermaids" par Nightwish.

27.12.2024

Copyright © 2024 by Alisone DAVIES – All rights reserved.


BONUS :

"Cœur de Sirène, larme de Pirate"

Posté le Le 29 février 2020

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Il était une fois, dans le Royaume d'Albion,
Une magnifique Sirène, nageant sur les flots,
Découvrit un jour, loin devant l'horizon,
Un bien étrange navire, un immense bateau.

Lors d'une tempête, elle sauva un homme,
Et son cœur bleu océan devint écarlate,
Pensant que c'était une bonne personne,
Mais, en réalité, c'était un Pirate…

Elle l'aida et l'allongea sur la plage,
Et se mit à chanter une douce mélodie,
Son cœur à lui, sortit enfin de sa cage,
Et il ouvrit les yeux sur sa belle magie.

Il n'était qu'un Pirate sur son navire,
Un briguant des mers sans aucune larme,
Elle n'était qu'une Sirène, voulant s'enfuir,
Et le Destin se chargea de leurs deux âmes.

Mais, apeurée, la Sirène quitta la plage,
Le Pirate ne put la rattraper à temps,
Ramassant derrière elle, un coquillage,
Il se promit de fouiller tous les Océans.

Son navire restait le plus rapide,
De toutes les mers, tout le Royaume,
Lui, le Pirate, le marin, l'intrépide,
Ne voulait plus être ce genre d'homme.

Sous la lune, et le coquillage en main,
Le chant de la Sirène résonnait en lui,
Il pria fort le Roi Triton, mais en vain,
Il ne méritait peut-être pas cette vie…

Une larme coula le long de sa joue,
Tomba dans les eaux de la mer calme,
Agenouillé seul, face à la proue,
Le Pirate versa sa première larme.

Dans la Sirène, scintilla son cœur,
Elle avait peur d'aimer à nouveau,
Car en mer mourut son âme-sœur,
Un homme brave, un vrai héros.

Le Pirate n'était pas valeureux,
Mais par sa première perle salée,
Se prouva digne d'être heureux,
Et son cœur à elle put se réveiller.

Dans la nuit noire, sous la lune,
Elle brisa les flots de la surface,
Retrouvant le navire dans la lagune,
Le Pirate l'attendait à marée basse.

L'un face à l'autre, sans parler,
Et ce, jusqu'au levé du jour,
Ainsi, la magie put opérer,
Par un véritable baiser d'amour.

Il n'était pas un Héros, juste un Vilain,
Et elle, une Sirène au cœur meurtrit,
Mais à deux, ils changèrent leur Destin,
Méritant ensemble, une nouvelle vie.

Je ne voulais pas écrire cette histoire,
J'en ai trop souffert, j'en ai bien peur,
D'une culpabilité née dans mes cauchemars,
Car, suis-je la Sirène ou juste l'Auteure ?