Chapitre 1 : Une Nouvelle Chance
Le plafond au-dessus d'elle était fissuré et couvert de taches de moisissure. Une lumière pâle passait à travers une fenêtre crasseuse, projetant des ombres tremblantes sur les murs. Tanya ouvrit les yeux lentement, ses pensées embrouillées, tandis qu'un courant d'air froid lui glaçait la peau.
Elle tenta de bouger, mais ses membres lui semblaient étrangement faibles. Elle baissa les yeux vers ses mains et un frisson la parcourut. Ce n'étaient pas ses mains. Elles étaient petites, fines, sales. Ce n'était pas son corps.
Une vague de panique tenta de s'insinuer en elle, mais Tanya respira profondément pour la contenir. Elle observa la pièce autour d'elle, cherchant des réponses. Une dizaine de lits superposés occupaient la pièce, chacun pourvu de couvertures en lambeaux. D'autres enfants dormaient encore, roulés en boule sous leurs draps trop maigres.
Tanya se redressa lentement, ses jambes flageolantes manquant de la faire tomber. La pièce semblait délabrée, mal entretenue, et l'odeur âcre de moisissure lui piqua le nez. Elle inspira profondément et murmura pour elle-même : « Où suis-je ? »
Avant qu'elle ne puisse réfléchir davantage, une fenêtre lumineuse apparut soudain devant ses yeux, flottant comme un hologramme.
Bienvenue, utilisateur. Vous avez été sélectionnée pour une seconde vie. Bonne chance dans cet univers.
Récompense initiale débloquée : 500 crédits (convertis en crédits galactiques standard), une ration alimentaire basique, et un fusil balistique C54.
Tanya resta immobile, stupéfaite. L'écran flottait toujours devant elle, brillant doucement dans l'air, comme un élément sorti d'un jeu vidéo. Elle tendit la main vers lui, mais il disparut aussitôt, remplacé par une lueur translucide qui apparut à sa droite. Cette lueur se transforma en une sorte de portail scintillant, immobile dans l'air.
Hésitante, Tanya approcha sa main du portail et la sentit disparaître dans un vide tiède et silencieux. Elle retira sa main et y trouva trois objets: un petit disque métallique marqué du symbole de la République Galactique – probablement les crédits –, un paquet argenté contenant une ration compacte, et un fusil noir et mat à l'apparence avancée.
Elle examina l'arme, ses doigts glissant sur le métal froid et parfaitement poli. Le fusil balistique C54 était imposant et d'un design bien plus avancé que tout ce qu'elle avait vu jusqu'ici. Elle fronça les sourcils, perplexe.
« Pourquoi est-ce que j'ai ça? » murmura-t-elle.
Elle plaça les objets dans le portail, qui se referma aussitôt, puis se rassit sur le bord du lit. Peu importait pourquoi ou comment elle était ici. Elle était vivante. Elle avait une seconde chance.
« Très bien, dit-elle à voix basse. Si je dois vivre cette vie, alors je ferai de mon mieux pour aider ceux qui m'entourent. »
L'orphelinat n'était pas un endroit accueillant. Tanya comprit rapidement qu'elle se trouvait dans un lieu pour enfants abandonnés ou sans famille. Les surveillants, indifférents et négligents, géraient l'établissement avec une brutalité désinvolte. La nourriture était maigre, les vêtements des enfants usés jusqu'à la corde, et les dortoirs n'étaient ni chauffés, ni propres.
Elle observa en silence pendant plusieurs jours, apprenant les règles tacites de cet endroit. Les enfants plus âgés faisaient la loi, volant les plus jeunes et prenant leurs maigres possessions. Ceux qui tentaient de se rebeller étaient rapidement réduits au silence.
Tanya fit profil bas. Elle ne voulait pas attirer l'attention inutilement. Pourtant, son instinct et ses principes ne lui permettaient pas de rester indifférente à la souffrance des autres.
Un jour, elle remarqua une fille assise seule dans un coin de la salle commune. Ses cheveux blonds et fins étaient en désordre, et elle semblait fixer son bol de soupe avec une expression vide. Tanya s'approcha et s'assit à côté d'elle.
« Tu devrais manger, dit-elle doucement. »
La fille releva la tête, surprise. Ses grands yeux bleus étaient remplis d'une tristesse palpable.
« Je… je n'ai pas faim », murmura-t-elle.
Tanya l'observa un moment, puis hocha la tête.
« Si tu veux, je peux manger ta soupe et te donner mon pain. Cela te conviendrait-il ? »
La fille hésita, mais ses mains tremblaient de faiblesse. Elle hocha finalement la tête. Tanya échangea son pain contre le bol de soupe et commença à manger tranquillement.
« Je m'appelle Tanya, dit-elle après une bouchée. Et toi ? »
La fille sembla surprise qu'on lui adresse la parole.
« Viktoriya… Viktoriya Ivanovna. »
« Enchantée, Viktoriya », répondit Tanya avec un sourire sincère.
Ce simple échange marqua le début de leur amitié. Viktoriya devint rapidement une présence constante aux côtés de Tanya, la suivant partout. Elle semblait fascinée par la gentillesse et le calme de Tanya, et elle trouvait en elle une force qu'elle n'avait pas.
Mais ce jour-là, une autre paire d'yeux avait observé la scène.
Erich von Rerugen, un garçon plus âgé, regardait Tanya depuis un coin de la salle commune. Il était connu pour sa nature sérieuse et taciturne, toujours en train de réfléchir ou d'observer les autres. Tanya l'intriguait.
Elle semblait différente. Trop calme, trop posée, comme si elle en savait bien plus que les autres enfants. Et ce fusil qu'il avait brièvement aperçu dans ses mains quelques jours plus tôt… Il n'arrivait pas à comprendre comment elle avait mis la main dessus.
Il ne lui parla pas, mais il continua à la surveiller, curieux et légèrement inquiet.
Quelques jours plus tard, Tanya vit Viktoriya confrontée par un garçon plus âgé, Marko, l'un des tyrans autoproclamés de l'orphelinat. Il lui avait arraché le morceau de pain qu'elle tenait et riait alors qu'elle pleurait silencieusement.
Tanya soupira et s'approcha calmement.
« Rends-lui ça », dit-elle doucement.
Marko se retourna, surpris.
« Et pourquoi je devrais écouter une gamine comme toi ? »
Tanya croisa les bras, impassible.
« Parce que c'est la bonne chose à faire », répondit-elle.
Marko éclata de rire.
« Tu crois vraiment que ça va marcher ? »
Tanya ouvrit un portail discret à ses côtés et glissa une main à l'intérieur. Elle en sortit le fusil balistique C54 et le tint fermement, le métal brillant à la lumière.
Elle ne pointa pas l'arme sur lui, mais le simple fait qu'elle tienne un objet aussi imposant suffit à faire reculer Marko de plusieurs pas.
« D'où… d'où tu sors ça ? » bredouilla-t-il.
Tanya haussa les épaules.
« Ce n'est pas important. Ce qui compte, c'est que tu rends ce qui ne t'appartient pas. »
Marko jeta le morceau de pain au sol et s'éloigna précipitamment, marmonnant des insultes.
Tanya rangea tranquillement l'arme dans son espace de stockage et ramassa le pain. Elle le tendit à Viktoriya avec un sourire.
« Tiens, tout va bien maintenant. »
Viktoriya essuya ses larmes et prit le pain avec un sourire timide.
« Merci, Tanya… Merci beaucoup. »
Mais dans l'ombre, Erich et d'autres enfants avaient vu la scène. Les rumeurs commencèrent rapidement à se répandre.
« Elle a une arme incroyable. »
« Peut-être qu'elle vient de l'espace. »
« Elle est sûrement une sorte de mercenaire ou de cheffe de guerre. »
Tanya, qui ne cherchait qu'à aider, ne se doutait pas que ce simple acte de gentillesse allait marquer le début d'un malentendu colossal.
Et ainsi, sa légende dans l'orphelinat commença.
