Titre : Glimpse of us

Genre : Romance/Famille

Rating : Tout public. (M)

Résumé : Alors qu'Hermione tente de sauver sa relation avec Ron, elle se trouve projetée dans un futur où sa vie a pris un virage inattendu : mariée à Sirius Black, elle découvre qu'ils ont deux enfants. Perdue, elle accepte l'aide de Sirius pour comprendre ce qui l'a menée ici, tout en gardant son secret à l'abri des regards.

Couple : Hermione/Sirius

Disclamer : Harry Potter ne m'appartient pas.

Spoiler : Les sept livres

Note : Hello ! Bienvenue pour cette nouvelle histoire, encore un Sirmione. Je ne m'en lasse pas. Le titre de cette histoire vient d'une chanson qui m'a assez inspirée : Glimpse of us de Joji. Je vous laisse aller écouter si cela vous dit ;) Cette histoire fera 6 chapitres et comme d'habitude je publierai un chapitre par semaine. Bonne lecture !


Chapitre 1


Lorsqu'Hermione se réveilla ce matin-là, elle se sentait épuisée alors même que sa journée n'avait pas commencé. Les cauchemars ne semblaient pas s'estomper. Oh pas les siens. Cela faisait deux ans que la guerre était finie et elle avait eu son lot de cauchemars mais cela allait mieux à présent. Non ces cauchemars étaient ceux d'un homme que la vie avait rudement malmené.

Voilà un mois, Sirius Black était revenu de derrière le voile. Personne n'avait pu l'expliquer et Hermione, langue-de-plomb de son état, avait justement travaillé sur les mystères du voile peu de temps avant. Cependant elle n'avait rien fait qui aurait pu le faire revenir et ses collègues n'y comprenaient rien non plus.

L'homme, affaibli, avait passé les deux premières semaines à Sainte-Mangouste et depuis deux autres, il était revenu au Square.

Si Ginny et Harry y avaient habité avec elle tout un temps ainsi que Ron et George en pointillés, ce n'était plus le cas. Hermione y vivait avec les Lupin surtout qui partageaient leur temps entre le Square et Poudlard, Remus ayant repris son emploi de professeur pour le plus grand plaisir de Minerva.

Seulement il avait fallu s'occuper de Sirius et Harry était en formation d'aurors si bien qu'il n'était en vérité que peu chez lui. Les Lupins vinrent plus souvent au Square mais la plupart du temps, c'était Hermione qui s'était retrouvée à prendre soin de Sirius. Oh elle l'avait accepté et s'était même proposée, ne voulant pas qu'Harry arrête sa formation. Elle était moins prise que lui et habitait sur place, ça aidait. Avec un travail aussi dangereux qu'auror, surtout au début, il valait mieux bien dormir la nuit. En vérité, Hermione ne pensait pas que ce serait si prenant.

Après tout Sirius passait son temps à dormir et ne se réveillait que pour manger ou se doucher. Il se rendormait rapidement mais les cauchemars l'exténuaient et l'angoissaient aussi. En journée, c'était Remus qui passait entre ses cours surtout et Hermione qui faisait un saut le midi pour s'assurer que tout allait bien. Harry passait dès qu'il le pouvait. Il avait pensé revenir dormir au Square mais Hermione l'en avait dissuadé. Elle était là de toute façon.

La jeune femme se prépara rapidement, mangea et monta un plateau pour Sirius. Il dormait, bien pâle entre les draps blancs, ses boucles noires ébouriffées et le visage creusé. Il était revenu dans un sale état de derrière le voile et les médicomages avaient même douté de son rétablissement. Il progressait cependant, lentement mais sûrement. Pour Hermione, c'était étrange. Elle avait connu un Sirius enjoué, très vivant, enthousiaste, souriant, le contraire de ce qu'il était maintenant. À présent, il réalisait la plupart du temps où il était et ce qu'il faisait là mais cela n'avait pas été le cas au début. Hermione avait dû faire preuve de beaucoup de patience. D'ailleurs elle était beaucoup restée à l'hôpital avec lui les deux premières semaines.

Doucement, elle repoussa une mèche humide de son front avant de s'éloigner.

Elle savait qu'il culpabilisait à présent. Il s'excusait de lui prendre autant de temps et Hermione devait le rassurer. Elle aurait aimé qu'il n'ait pas tous ces cauchemars, qu'il puisse réellement se reposer et qu'elle aussi par la même occasion mais cela allait demander du temps.

Mais il y avait un autre point qui embêtait Hermione. Le couple qu'elle formait avec Ron était assez impacté pour cette situation. Elle s'arrangeait pour aller dormir chez lui une nuit par semaine, essayait de lui dégager du temps, l'invitait au Square mais cela ne semblait pas suffire. Ron lui reprochait de passer tout son temps entre son travail et Sirius. C'était globalement vrai et elle avait essayé de lui expliquer que quelqu'un devait le faire, qu'elle se relayait avec Remus et Harry parfois, même Tonks de temps en temps, mais qu'habitant au Square, c'était aussi de sa responsabilité en quelque sorte. Ron avait maugréé. La question de leur potentiel emménagement ensemble était tendue au sein de leur couple. Ils l'avaient tour à tour voulu mais pas au même moment ce qui avait créé des tensions que les discussions n'avaient pas encore apaisé. Présentement, il était de toute façon hors de question qu'Hermione vienne vivre avec lui. Elle n'en avait pas envie pour plein de raisons et aimait l'indépendance qu'elle avait même si en ce moment, elle était toute relative.

Quand elle arriva au département des Mystères, elle déposa ses affaires dans son bureau avant d'aller se faire un thé. Elle y retrouva son collègue et binôme : Drago Malefoy. Si on lui avait dit après la guerre qu'elle travaillerait avec lui et qu'elle en serait même contente, elle ne l'aurait pas cru. C'était pourtant le cas. Oh les débuts lors de leur formation avaient été compliqués. Ils avaient dû déconstruire beaucoup de préjugés et travailler sur eux pour en arriver là.

« Salut, fit-elle en entrant.

- Hello », répondit Drago avec un sourire.

Elle qui l'avait toujours connu avec sa moue arrogante et fière, lorsqu'il souriait tout son visage semblait s'illuminer.

« Courte nuit hein ? devina-t-il sans sous-entendu, lui tendant la théière.

- T'as pas idée », répliqua-t-elle, le remerciant pour le thé.

Étonnamment, Drago la comprenait et la soutenait de son mieux dans cette situation. Hermione avait été amusée puis touchée de le voir revenir avec le repas du soir pour Sirius et elle un jour. Il lui avait dit que cela lui épargnerait des courses et du temps de préparation. Hermione avait été surprise mais elle avait accepté avec plaisir et en effet, ça lui avait permis de faire d'autres choses qu'elle repoussait par manque de temps. Depuis, il arrivait à Drago de lui ramener le dîner ou le repas du midi pour deux. Il prétextait que Sirius était après tout une sorte de cousin pour lui et qu'elle était sa binôme. Elle se devait d'être en forme. Hermione l'avait remercié et appréciait son soutien.

Drago lui tendit le sucre et ajouta :

« Ça te fait un entraînement pour les enfants. »

Il ponctua sa remarque d'un clin d'œil et Hermione s'imagina deux secondes avec une petite tribu d'enfants roux.

« Oh, ne parle pas de malheur », souffla-t-elle sans plus y réfléchir.

Drago fronça les sourcils et but une gorgée de thé.

« C'est tendu avec la belette ? » questionna-t-il, sachant qu'elle le rembarrerait si elle ne voulait pas lui en parler.

Elle haussa les épaules, habituée à ce que Drago le surnomme ainsi. Vu comment Ron l'appelait, ce n'était que justice.

« On se dispute beaucoup en ce moment... sur des sujets... Plutôt importants. C'est normal qu'on ne soit pas toujours d'accord mais... Même le fait que je travaille avec toi le dérange. Et la situation de Sirius est peut-être le problème de trop. C'est un peu dur quoi mais... »

Elle soupira.

« On verra. »

Drago l'écoutait sans rien dire.

« Ça ne te ressemble pas trop de laisser la situation comme ça, fit remarquer Drago.

- Je sais mais je suis fatiguée de toujours devoir m'expliquer, aller vers lui, demander à discuter. S'il le veut, il viendra me parler. De toute façon ça fait un moment que ça ne va pas. J'adore Ron, vraiment mais des fois... »

Elle soupira une nouvelle fois et il posa une main compatissante sur son épaule.

« C'est l'heure, nota Hermione.

- Ouais... Tu sais que je suis là si besoin. Je peux aussi venir m'occuper de Sirius s'il faut.

- Je sais, sourit Hermione. C'est gentil, merci.

- Je ne dis pas ça pour être gentil, fit le blond alors qu'ils sortaient de la salle de pause.

- Je sais. »

Ils se mirent au travail. En ce moment, ils étudiaient un vieux grimoire extrêmement complexe. Il leur semblait que jamais ils n'avaient passé autant de temps sur un projet. Cela n'empêcha pas Hermione de rentrer à la pause du midi.

« Hermione ? appela la voix de Remus de l'étage.

- Oui ? Tout va bien ? dit-elle montant.

- Oui, désolé, fit Remus en sortant sur le palier. Je ne voulais pas t'inquiéter. Je ne savais pas si tu rentrerais.

- J'essaie de passer, c'est plus sympa pour lui. Enfin quand il est réveillé.

- Je le suis ! » s'exclama Sirius de sa chambre.

Hermione sourit et entra dans la pièce. Elle y trouva Sirius assis dans son lit, un léger sourire sur le visage.

« Eh bien, fit-elle en jetant un coup d'œil à Remus. Il y en a qui ont de la chance », taquina-t-elle.

Remus pouffa et Hermione s'avança vers Sirius. Elle porta une main habituée à son front et son sourire s'agrandit en notant qu'il n'avait pas de fièvre.

« Comment te sens-tu ? demanda-t-elle.

- Plutôt bien comparé à ces dernières semaines.

- C'est une bonne nouvelle. »

Elle alla ouvrir la fenêtre, faisant entrer un peu d'air frais et revint vers eux.

« Que veux-tu manger ?

- J'ai ramené, fit Remus. J'ai demandé aux elfes de Poudlard de nous préparer un repas. »

Et il fit apparaître quelques plats sur un plateau.

« Parfait », fit Hermione en s'occupant des assiettes et des couverts.

Bien vite, ils se retrouvèrent à discuter tous les trois. C'était dans ces moments là qu'ils retrouvaient Sirius. Il fut très bien tout le repas, souriant et ponctuant la discussion de quelques remarques tantôt cyniques, tantôt taquines.

Lorsqu'Hermione aperçut l'heure, elle se leva d'un bond.

« Oh non je vais être en retard. Drago va m'attendre, dit-elle en rassemblant ses affaires rapidement. Sirius à ce soir, Remus à plus tard ! »

Et elle se sauva.

« Drago... souffla Sirius. J'ai toujours du mal à croire qu'ils travaillent ensemble.

- Je dois t'avouer que moi aussi, déclara Remus avant de complètement changer de sujet. Tu veux prendre une douche ? » proposa-t-il.

Sirius reposa sa tête sur la tête de lit, les yeux clos. Ce repas l'avait épuisé mais il savait qu'il devait se doucher.

Il opina et Remus vient se mettre près de lui pour l'aider à se lever.

Ce fut encore une fois un mauvais moment à passer pour l'animagus. Il peinait à rester debout seul et Remus avait mis une chaise dans la douche pour qu'il puisse s'asseoir. Néanmoins, il reprenait des forces. Maintenant il pouvait se lever et faire quelques pas, aidé certes, mais ça restait un progrès.

Lorsque Remus le recoucha, il s'endormit presque aussitôt. Remus sourit, égoïstement heureux d'avoir son meilleur ami avec lui.

Il fallut encore quelques semaines avant que Sirius puisse rester éveillé de plus en plus longtemps, une évolution qui eut un effet miraculeux sur son moral et lui permit de faire des progrès visibles chaque jour.

« Eh bien ! » s'exclama Aurora, l'une des médicomages qui venait le voir tous les deux jours depuis sa sortie de Sainte-Mangouste.

Elle rangea sa baguette avec un sourire satisfait.

« Je crois bien que je n'ai plus besoin de venir aussi souvent. »

Sirius, qui la regardait d'un air surpris, ne cacha pas la petite lueur de déception dans ses yeux, ce qui la fit rire.

« Allons bon ! Je ne vais pas vous manquer quand même ? » le taquina-t-elle en finissant ses affaires.

Aurora, une femme d'une bonne trentaine d'années, était dotée de boucles blondes et d'un sourire chaleureux. Elle était aussi plaisante qu'efficace, et Sirius savait qu'Hermione appréciait particulièrement son calme et la douceur avec laquelle elle gérait les situations les plus tendues. Sirius ne se lassait pas de lui répondre qu'elle-même n'avait rien à envier à Aurora, mais il comprenait l'impression qu'elle faisait. Pour toutes ces raisons, Sirius n'hésita pas un instant à répondre avec un sourire léger :

« Bien sûr ! Quand est-ce que vous reviendrez ? »

Elle rit à nouveau, amusée par sa réplique.

« La semaine prochaine. Je m'arrangerai avec mes collègues. »

Sirius lui adressa un sourire éclatant, remarquant que, malgré les circonstances, elle ne semblait pas indifférente à son charme. Il avait toujours eu ce petit effet, mais ici, il en était presque étonné.

À cet instant, la porte s'ouvrit, laissant apparaître Hermione qui devait tout juste revenir du travail.

« Ah ! Je savais bien que vous seriez encore là, Aurora, fit-elle en se dirigeant vers elles. Je voulais justement vous parler à propos des potions sans rêve.

– J'ai ramené un stock, répondit Aurora en lui tendant une petite boîte.

- Est-ce que c'est la nouvelle formule ou l'ancienne ? demanda Hermione, avec cette pointe de sérieux qui montrait qu'elle s'était bien renseignée.

- La nouvelle, je me doutais que vous préféreriez celle-ci, » répondit Aurora, amusée par l'enthousiasme de la jeune femme.

Hermione esquissa un sourire satisfait et opina.

« Parfait, merci beaucoup.

– Une nouvelle potion ? » demanda Sirius, curieux.

Hermione entreprit de lui expliquer la différence entre les deux formules avec une minutie qui le fit sourire.

Aurora, enfilant son manteau, déclara avec un sourire : « Monsieur Black, vous êtes entre de bonnes mains ! Je vous dis à la semaine prochaine. »

- Oh ! Vous resterez manger avec nous, la prochaine fois ? proposa Hermione d'un ton léger mais sincère, prenant Aurora par surprise.

- Oh, je... » Elle jeta un regard à Sirius, qui lui fit un signe d'approbation.

Aurora hésita un instant, puis sourit et accepta la proposition avant de prendre congé.

À peine la porte refermée, Sirius se tourna vers Hermione, un air malicieux dans les yeux.

« Tiens, tu joues les entremetteuses maintenant ? » la taquina-t-il.

Hermione haussa les épaules, le regard espiègle.

« Elle est tellement mignonne, » répondit-elle en guise d'excuse.

Sirius éclata de rire, prenant un air faussement sérieux.

« Serais-tu intéressée ? »

Hermione roula des yeux en secouant la tête, tout aussi amusée par sa plaisanterie.

Elle soupira, et Sirius devina qu'elle pensait à Ron. Il savait bien que la situation était tendue entre eux, et il ne pouvait s'empêcher de sentir que c'était en partie sa faute. Hermione avait beau démentir, il n'ignorait pas que sa présence et son rôle auprès d'elle n'aidaient probablement pas à apaiser les choses entre elle et Ron. Malgré le temps supplémentaire dont elle disposait en ce moment, cela n'avait visiblement pas suffi à dissiper les différends.

« Ron veut que j'emménage avec lui, » finit-elle par lâcher, laissant clairement transparaître ce qu'elle en pensait.

Sirius grimaça. Ils avaient déjà discuté de ce sujet, et il comprenait parfaitement les réticences de sa colocataire.

« Que vas-tu lui dire ? » demanda-t-il avec précaution.

Elle soupira à nouveau, l'air indécis.

« Je lui ai dit que j'y réfléchissais, mais en vrai... Peut-être que ça nous aiderait ? »

Sirius n'en était pas convaincu, mais il se retint de le dire, préférant la laisser cheminer à son propre rythme.

Au même moment, le crépitement familier de la cheminée retentit, et quelques minutes plus tard, ils virent Remus arriver sans surprise.

« Eh bien, vous en faites une tête, » observa-t-il en entrant.

Hermione éclata de rire, secouant la tête.

« On parle de mon potentiel emménagement avec Ron. »

Remus grimaça, ce qui les fit tous deux rire davantage.

« C'est une décision importante, Hermione, dit Remus, posant une main rassurante sur son épaule. Ne te précipite pas simplement parce qu'il insiste. »

Hermione fit la moue, consciente qu'il avait parfaitement cerné la situation. Sirius aussi, d'ailleurs.

« Bon, reprit-elle avec un sourire malicieux, Drago m'a ramené le dîner, j'espère que cela vous convient. »

Cette nouvelle fut accueillie avec enthousiasme. Ils avaient été un peu sceptiques les premières fois – Malefoy, cuisiner pour eux ? – mais ils s'étaient habitués, d'autant plus que sa cuisine était délicieuse. Sirius réfléchissait encore à une façon de le remercier convenablement pour ses efforts.

Hermione fit apparaître les plats sur la table, et ils venaient tout juste de commencer à manger lorsqu'un nouveau bruit retentit depuis la cheminée.

« Dora et Teddy sont chez sa mère ce soir, informa Remus.

- Harry, peut-être ? » proposa Hermione, et, comme pour répondre à sa suggestion, ils virent le jeune homme apparaître à la porte de la chambre quelques instants plus tard.

Hermione se leva pour l'accueillir, et il la serra tendrement contre lui.

« Ça va, Mione ? » demanda-t-il, soucieux.

Elle hocha la tête et le questionna sur sa formation d'Auror, puis il salua tour à tour son ancien professeur et son parrain avant de s'installer à table avec eux. Remus lui tendit une assiette, et, tandis qu'Harry se servait, il s'exclama soudain en examinant la nourriture.

« Oh, waouh ! Ce sont des falafels ? réalisa-t-il en prenant une première bouchée. J'adore la cuisine libanaise. Les elfes de Poudlard se sont mis à expérimenter ? »

Remus secoua la tête, et Harry tourna un regard interrogateur vers Hermione, qui éclata de rire.

« Ce soir, nous mangeons à la table du chef Malefoy, » répondit-elle, sachant l'effet que cela aurait sur son ami.

L'effet ne se fit pas attendre : Harry grimaça, écarquilla les yeux et contempla les plats comme s'ils venaient de se transformer en dragons miniatures.

« Malefoy ?! Il a cuisiné tout ça ?

- C'est une de ses passions, expliqua Hermione avec un sourire.

- Et il faut dire qu'il s'en sort plutôt bien, ajouta Sirius. C'est excellent. »

Harry les regarda tour à tour, visiblement abasourdi, et esquissa une nouvelle grimace en les voyant manger sans la moindre inquiétude. Malgré tout, il grommela, céda finalement à l'appel du ventre et reprit une bouchée, résigné. C'est que ça sentait vraiment rudement bon ! Il n'en fallut pas beaucoup plus pour le convaincre à son tour et le reste du repas se passa dans une ambiance détendue.


La semaine suivante, comme ils l'avaient prévu, Aurora resta pour le dîner. Ce qu'ils n'avaient pas anticipé, en revanche, c'était l'arrivée impromptue de Remus accompagné de sa famille, puis, à peine quelques minutes plus tard, celle de Harry et Ginny.

« Voilà qui illustre parfaitement notre petit quotidien, » plaisanta Sirius avec un sourire en coin.

Pour l'occasion, tout le monde s'installa autour de la table dans la cuisine, même si, d'ordinaire, Sirius et Hermione prenaient leurs repas dans la chambre de ce dernier afin de lui épargner de trop longs déplacements. Hermione se félicita d'avoir cuisiné bien plus que d'habitude, sentant l'atmosphère se détendre et Aurora visiblement à l'aise dans cette ambiance chaleureuse et un peu chaotique.

Lorsque la soirée toucha à sa fin, Hermione aida Sirius à remonter les escaliers, et ce dernier plaisanta en glissant qu'il ne savait pas qui, d'elle ou de lui, était le plus heureux de voir tout ce petit monde rassemblé.

« Ne dis pas de bêtises, Sirius, répliqua Hermione en secouant la tête. Je croyais que tu ne pouvais toujours pas boire.

– Mais je n'ai pas bu, je te rassure, répondit-il en riant doucement. Je dis juste que tu prends ton rôle d'entremetteuse très à cœur. »

Hermione pouffa en silence.

« Il faut bien que l'un de nous deux s'en sorte, non ? plaisanta-t-elle, ce qui le fit rire un peu plus.

- Tu vas t'en sortir, Hermione, la rassura-t-il soudain, son regard devenant plus sérieux. C'est compliqué maintenant, mais ça ne le restera pas éternellement. »

Elle haussa légèrement les épaules, sceptique, mais réconfortée par ses mots. Ils finirent par atteindre la chambre de Sirius.

« Et avec Aurora, que comptes-tu faire ? demanda-t-elle en entrant.

– Je ne tiens pas debout tout seul, Hermione, répondit-il d'un air amusé.

– Ça n'a pas l'air de la déranger, » répondit-elle avec un sourire en coin.

Il soupira, passant une main dans ses cheveux.

« Eh bien, pas moi, » murmura-t-il.

Hermione leva les yeux au ciel en le voyant s'installer sur le lit, visiblement un peu épuisé. Elle alla lui chercher son pyjama et le lui tendit avec un petit sourire.

« Tu veux prendre une douche ? proposa-t-elle.

– C'est une invitation ? » répondit-il en la taquinant.

Elle pouffa en secouant la tête comme si l'idée lui semblait incongrue.

« Remus est toujours en bas, je peux l'appeler si tu as besoin d'aide, » reprit-elle, plus sérieusement cette fois.

Il secoua la tête.

« Non, c'est bon. Ça ira pour ce soir. Merci, ma belle.

– Je te laisse alors. N'oublie pas ta potion, » lui rappela-t-elle avec douceur.

Il acquiesça, la suivant du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse de la pièce. Une fois seul, Sirius soupira, pensif. Oui, tout cela finirait par s'arranger, les choses s'éclairciraient…

Cette nuit-là, Sirius ne fut pas tourmenté par de mauvais rêves, mais cela n'empêcha pas Hermione de venir discrètement le voir, poussée par son inquiétude habituelle. Lorsqu'elle se pencha vers lui, elle constata qu'il dormait paisiblement, ses traits enfin détendus. Un sourire se dessina sur son visage ; depuis quelques temps, ses nuits étaient de plus en plus calmes, et il parvenait désormais à rester éveillé une bonne partie de la journée. Elle savait qu'il s'ennuyait un peu, alors elle lui avait ramené des livres, des magazines, et même quelques dossiers de la famille Black, comme il lui avait demandé. Elle l'avait prié d'y aller doucement, mais Sirius semblait déterminé à dépoussiérer les affaires familiales.

En rentrant du travail un soir, elle le trouva plongé dans ses documents, lunettes de vue sur le nez, les sourcils froncés, de nombreux parchemins éparpillés sur son lit.

« Hey ! l'interpella-t-elle en entrant, amusée par son air sérieux. Tout va bien ? »

Il releva la tête, un sourire se dessinant sur son visage en apercevant sa colocataire.

« Salut ! » répondit-il en posant le parchemin qu'il lisait.

Hermione s'installa dans le fauteuil près de lui, observant les papiers étalés.

« Ça va, dit-il en hochant la tête. Heureusement, Remus et Harry ont pris le relais pour gérer les affaires des Black… même si mes quelques années passées à Azkaban ont laissé la porte ouverte à quelques abus. Il va falloir que je me penche là-dessus en personne.

- Oui, quand tu pourras te lever et tenir debout tout seul », compléta Hermione avec un sourire taquin.

Sirius éclata de rire, acquiesçant.

« Quand je pourrais me lever et tenir debout tout seul, » confirma-t-il en ricanant.

Avec un sourire, il détourna la conversation et l'interrogea sur sa journée. Hermione, obligée de rester vague en raison du secret professionnel des langues-de-plomb, lui parla néanmoins de l'ambiance générale de son travail, des recherches compliquées auxquelles elle se consacrait, et d'un livre ancien qui lui donnait particulièrement du fil à retordre.

Ils discutaient ainsi depuis quelques minutes lorsque le bruit de la cheminée attira leur attention.

« Remus ou Harry ? demanda Sirius avec un sourire malicieux.

- Remus », répondit Hermione, le loup garou étant celui qui venait plus souvent.

Mais lorsqu'une silhouette se présenta à la porte de la chambre, elle se figea : c'était Ron. Sirius était surpris aussi ; il l'avait très peu revu depuis son retour du voile.

« Hermione, Sirius, les salua-t-il brièvement, ses yeux se posant aussitôt sur Hermione avec une expression un peu renfrognée. J'ai réservé dans un bon restaurant pour ce soir, » lança-t-il avec un sourire forcé.

Surprise, Hermione bafouilla, se tournant instinctivement vers Sirius, qui lut l'hésitation dans son regard. Il comprit qu'elle n'avait pas vraiment envie de cette soirée, et Ron, le sentant aussi, fronça les sourcils.

« C'est pas grave, » lâcha-t-il brusquement avant de tourner les talons.

Hermione soupira et, après un regard d'excuse vers Sirius, s'élança derrière lui.

« Ron ! l'appela-t-elle en le rattrapant dans les escaliers. Attends ! »

Il s'arrêta, les bras croisés.

« Non, si tu ne veux pas… je comprends. »

Elle posa une main sur son bras, hésitante.

« Je vais venir, déclara-t-elle finalement. Laisse-moi juste quelques minutes pour me préparer. »

Ron parut se détendre légèrement, acquiesçant d'un petit hochement de tête et l'attendant dans le salon.

Hermione remonta rapidement à sa chambre et choisit une élégante robe rouge que Ron aimait particulièrement. Elle prit quelques minutes pour réajuster sa coiffure et son maquillage, puis enfila des talons et attrapa son sac à main.

En sortant, elle fit un détour par la chambre de Sirius. Il avait repris ses dossiers mais leva la tête en la voyant approcher. Un instant, il sembla oublier ce qu'il voulait dire, les mots lui échappant face à la silhouette d'Hermione, splendide dans sa robe écarlate.

« Hermione, tu es… balbutia-t-il, fasciné.

- Merci, murmura-t-elle, rougissante sous son regard d'admiration.

- Superbe, » compléta-t-il avec un sourire amusé.

Elle rit doucement, et alla s'asseoir dans le fauteuil en cuir, un sourire embarrassé sur le visage. Il y eut un silence de quelques secondes, pendant lesquelles Sirius continuait de l'observer tandis qu'elle fixait le parquet sombre.

« Je ne vais probablement pas rentrer cette nuit, ça ira ? » dit-elle doucement, brisant le silence.

Sirius, avec un sourire triste mais compréhensif, répondit d'un ton léger : « Bien sûr, ne t'en fais pas. Vas-y et… amuse-toi. »

Il n'était pas sûr que ce soit exactement ce qu'il voulait dire. Il savait que sa semaine de travail avait été particulièrement intense, et que cette sortie n'était pas forcément ce qu'elle désirait le plus. Elle lui avait mentionné un artefact qu'elle tentait de déchiffrer, un très vieux livre de sorts complexes qui occupait toutes ses pensées et l'épuisait. Mais il ne voulait pas la retenir, conscient qu'elle cherchait toujours à préserver sa relation avec Ron.

Hermione leva les yeux vers lui, touchée par son soutien, et esquissa un sourire. D'un simple coup de baguette, elle fit apparaître les restes de leur repas de la veille, une soupe de potiron et une tarte aux légumes.

« Je m'en occupe, assura-t-il en jetant un coup d'œil aux plats. Vas-y. »

Elle lui adressa un dernier regard reconnaissant avant de sortir, laissant Sirius seul avec ses pensées et les parchemins dispersés sur le lit.

Ron attendait Hermione dans le salon, toujours dans la même position, comme figé dans une impatience contenue. Il la regarda en silence, lui tendant une main qu'elle accepta sans un mot, leurs doigts se rejoignant dans un contact distant. Sans un échange, ils se dirigèrent vers la porte d'entrée, puis marchèrent en silence jusqu'au point de transplanage. Chaque pas accentuait la nervosité d'Hermione ; elle sentait qu'ils ne pourraient plus repousser cette conversation, que le moment où ils devraient mettre leurs ressentis à nu était arrivé.

Quand ils arrivèrent au restaurant, Hermione réalisa presque avec surprise où ils étaient. L'endroit était charmant, baigné d'une lumière douce et subtilement romantique, un contraste marquant avec le silence pesant qui l'avait accompagnée jusque-là. En dépit de tout, elle se sentit légèrement apaisée ; Ron avait au moins tenté de rendre la soirée agréable.

Ron afficha un sourire fugace — probablement le premier de la soirée — en adressant un signe au serveur, qui les guida vers une table décorée avec soin, nappée de blanc et illuminée de bougies. Hermione prit place en face de lui, se sentant étrangement maladroite. Ils commandèrent rapidement, les mots échangés se résumant aux plats, puis le silence revint, plus lourd que jamais, occupant l'espace entre eux.

Hermione sentit son cœur battre plus vite. Elle prit une profonde inspiration et, d'une voix douce, elle brisa la tension : « Ron ? »

Il leva enfin les yeux vers elle, son expression indéchiffrable. Son regard semblait froid, distant, une neutralité qui lui donnait la sensation vertigineuse de chuter dans le vide.

« On ne peut pas continuer comme ça, » murmura-t-elle, peut-être plus pour elle-même.

En prononçant ces mots, elle prit conscience du poids qu'elle portait depuis des semaines. Ce n'était plus possible, plus supportable. Elle vit la blessure s'inscrire dans les yeux de Ron alors qu'il comprenait que ses pensées étaient sorties à voix haute.

« Que veux-tu dire ? » demanda-t-il d'une voix glaciale, empreinte d'accusation.

Hermione déglutit, cherchant ses mots. Ce moment, elle l'avait redouté, mais elle ne pouvait plus reculer.

« On se dispute tout le temps, Ron, commença-t-elle, le regard suppliant qu'il comprenne. Ce n'est plus possible. On n'arrive plus à s'entendre, on se heurte sur tout… J'ai l'impression qu'on ne se comprend plus, qu'on ne veut plus les mêmes choses. »

Il la fixa, ses yeux s'emplissant d'un reproche muet.

« Alors que veux-tu faire ? Me quitter ? »

Elle secoua vivement la tête, la peur de le perdre lui serrant le cœur.

« Non, non, Ron… Je veux que ça marche entre nous, vraiment. Mais j'aimerais qu'on mette tout à plat, qu'on parle de tout ce qui ne va pas, sans se cacher. »

Elle lui sourit faiblement, essayant de lui transmettre son espoir, son envie de réparer.

« Tu veux bien ? »

Ron haussa les épaules avec une nonchalance presque irritante.

« Si on commence, ça risque d'être long, » lança-t-il avec une pointe de raillerie.

Hermione soupira en s'efforçant de contenir son irritation ; elle était habituée à ce genre de réactions, mais cela ne rendait pas la chose plus facile.

« Ron, si tu veux vraiment que ça marche, il va falloir y mettre du tien. On va parler de tout, mais arrête de te poser en victime.

- Une victime ?! protesta-t-il avec indignation. Je ne suis pas…

- Alors, ne fais pas comme si j'étais la seule responsable ! » répliqua-t-elle, son regard soutenant le sien avec intensité.

Ron grommela en baissant les yeux, ne trouvant rien à ajouter. À cet instant, le serveur apporta leurs plats, et ils mangèrent quelques bouchées en silence, l'appétit visiblement absent pour l'un comme pour l'autre. Le restaurant leur semblait désormais étrangement froid, et même l'atmosphère romantique ne parvenait pas à dissiper l'ombre de leurs désaccords.

Hermione, après avoir jeté un sort de discrétion, prit une profonde inspiration avant de reprendre la parole.

« Bon, commençons par mon travail alors. Qu'est-ce qui te pose problème exactement ? »

Ron lâcha un soupir, évitant son regard.

« Tu travailles trop. »

Hermione haussa légèrement les sourcils.

« J'ai toujours trop travaillé, ça n'a jamais été un secret pour toi. »

Ron pinça les lèvres.

« Oui, mais je pensais qu'en étant en couple, tu ferais un effort pour me consacrer un peu plus de temps. »

Elle inclina la tête, réfléchissant un instant.

« Donc, ce n'est pas tant le travail lui-même, mais plutôt le temps. C'est pareil pour Sirius, alors ? Tu trouves que je passe trop de temps avec lui ? »

Ron hésita, triturant sa fourchette sur l'assiette.

« Oui et… non, » marmonna-t-il finalement, visiblement peu à l'aise.

Hermione fronça les sourcils, sentant qu'il y avait quelque chose de non-dit.

« Ron, qu'est-ce qui t'embête vraiment ? »

Ron leva les yeux, plongeant son regard bleu dans le sien.

« C'est Sirius. »

Elle ne put réprimer une expression d'incrédulité, le sujet s'annonçant clairement plus profond et sensible qu'elle ne l'avait imaginé. Elle l'encouragea d'un signe de tête.

« J'aime pas que ma copine passe autant de temps avec un autre homme, » lâcha-t-il enfin, l'air vexé.

Hermione soupira, un sourire amusé naissant malgré elle.

« Ron, c'est Sirius. Le parrain d'Harry. J'ai bien passé énormément de temps avec Remus et Harry sans que ça te pose problème. »

Ron secoua la tête, les lèvres pincées.

« Ce n'est pas pareil. Avec eux, je sais qu'il ne se passera jamais rien. Mais Sirius… c'est différent. »

Hermione éclata d'un rire incrédule, trouvant la situation presque absurde. Sirius et elle ? Elle l'adorait, bien sûr, mais il s'agissait de Sirius Black, son aîné de quinze ans, un homme ayant vécu un enfer, et le parrain de son meilleur ami.

« Ron, réfléchis une seconde. Sirius ne peut même pas tenir debout sans aide en ce moment ! Il sort tout juste d'une période terrible. »

Ron haussa les épaules avec une moue butée.

« Je sais bien, mais tu es trop empathique, trop… gentille. Je suis sûr qu'il te plaît un peu. »

Hermione ne savait plus si elle devait rire ou s'irriter.

« C'est Sirius, Ron ! Oui, il est charmant et charismatique, mais il y a des limites. Il est plus vieux que nous, il a un passé et un lien unique avec Harry… Et franchement, il n'est pas intéressé par moi de cette manière. »

Ron resta silencieux, les traits marqués par une jalousie qu'il peinait visiblement à surmonter.

« Ça c'est toi qui le dis, » rétorqua-t-il, un brin acerbe.

Hermione se crispa légèrement.

« Écoute, je suis en couple avec toi, Ron. Si tu passes ton temps à craindre que je tombe amoureuse d'un autre, on ne va pas s'en sortir. C'est pareil avec Drago ? »

Ron détourna les yeux, vexé. Elle retint un soupir exaspéré, voyant que cette conversation s'enliserait si elle continuait dans cette direction.

Elle respira un instant et, calmement, changea de sujet.

« Parlons de notre emménagement. Parfois tu veux vivre avec moi, puis dès que j'accepte, tu sembles changer d'avis.

- J'avais dix-huit lorsque j'ai voulu qu'on habite ensemble, rappela-t-elle. Tu as dit non et je pense que tu avais raison. On avait besoin de vivre comme ça. Maintenant je... J'y réfléchis toujours. Si on parvient à mettre les choses à plat pourquoi pas. Si on communique plus et en vivant ensemble on le fera, alors ça peut fonctionner. Mais il faut vraiment qu'on se dise les choses Ron, on ne peut pas garder de frustration comme ça. »

Il acquiesça en silence, puis, après une pause, rougit jusqu'aux oreilles avant de reprendre.

« Bon, alors… parlons de… de… notre intimité. »

Hermione leva les sourcils, surprise.

« Qu'est-ce qui ne te convient pas, Ron ? »

Il s'agita sur sa chaise, visiblement gêné.

« Je… C'est toujours moi qui prends les devants, tu ne viens jamais vers moi. J'aimerais que ça change. »

Elle prit un moment pour rassembler ses pensées, sachant combien ce sujet était délicat.

« Ron, je sais que ça compte pour toi, et parfois je… je prends sur moi. Ce n'est pas toujours facile pour moi, mais j'apprécie les moments de tendresse après. Je suis désolée si ça te blesse. »

La gêne de Ron était palpable ; il rougit encore plus, mais ne la contredit pas, acquiesçant avec un hochement de tête résigné. Le silence retomba sur eux, et cette fois-ci, Hermione se sentit trop épuisée pour le combler. Elle songea qu'une conversation aussi personnelle aurait sans doute été plus appropriée ailleurs qu'en public. Leurs assiettes refroidies devant eux, ils échangèrent un regard, un accord tacite pour ne pas prolonger le repas.

Sans prendre de dessert, ce qui était inhabituel pour Ron, ils réchauffèrent leurs plats d'un sort, mangeant en silence, chacun absorbé dans ses pensées.

Ils prirent le chemin du retour rapidement sans un mot, Hermione suivant automatiquement Ron jusqu'à chez lui.

« Tu veux rentrer ? » demanda-t-il en se tenant devant la porte, l'air hésitant.

Hermione fronça les sourcils, déstabilisée. Pour elle, la réponse était évidente. Ils n'avaient même pas effleuré le fond de leur conversation, et partir maintenant semblait impensable. Elle hocha finalement la tête. Ron esquissa un sourire maladroit.

Sans qu'elle s'y attende, sa main se glissa autour de sa taille et il poussa la porte du pied, refermant le monde extérieur derrière eux. En un instant, elle se retrouva plaquée contre la porte, ses lèvres capturées par celles de Ron avec une urgence palpable.

Le baiser était tout sauf tendre. Il y avait trop de tension, trop de désespoir pour qu'elle puisse vraiment l'apprécier. Les mains de Ron glissèrent sur son corps avec une frénésie brute, presque brusque.

« On devait finir de parler, murmura-t-elle entre deux baisers, cherchant à reprendre le fil de leurs échanges.

- Plus tard, » souffla-t-il d'une voix rauque, ses mains remontant déjà sa robe, ses doigts fébriles sur ses cuisses.

Elle sentit la dureté de son érection contre elle. Ses lèvres reprirent leur assaut sans lui laisser de répit. Il ne prit pas la peine de la déshabiller complètement, se contentant de lui retirer sa culotte tout en baissant son propre pantalon. C'était presque devenu une routine entre eux. Ron était rapide, trop rapide. Hermione savait qu'il n'y avait pas grand-chose à attendre en termes de plaisir. Elle eut à peine le temps de murmurer un sort de lubrification avant qu'il ne la pénètre d'un coup sec, lui arrachant un sursaut.

Elle s'agrippa à ses épaules tandis qu'il la maintenait contre la porte, une jambe relevée. La position aurait pu être intéressante, mais l'intensité s'évanouit presque aussi vite qu'elle était apparue. Hermione commençait à peine à sentir une étincelle de plaisir que Ron laissa échapper un râle de satisfaction.

L'avantage avec lui, c'était que ça ne durait jamais très longtemps.

Essoufflé, il se retira et croisa son regard. Elle le fixa, surprise, et Ron baissa les yeux, visiblement gêné. Il savait qu'il était allé trop vite.

« Tu veux… commença-t-il, hésitant.

- Très honnêtement, je veux discuter. »

Il acquiesça, l'air penaud, puis s'éloigna d'elle. La robe d'Hermione retomba sur ses cuisses, légèrement froissée. Elle lança un sort pour se nettoyer tandis que Ron se rhabillait en silence.

« Que faisons-nous alors ? Une réunion discussion tous les deux jours ? » lança-t-il d'un ton mi-sérieux, mi-ironique.

Hermione soupira.

« J'aimerais que ça vienne naturellement, mais si on en est là, alors peut-être qu'il le faut. »

Ron laissa échapper un soupir de résignation avant de se laisser tomber sur le lit. Il la regarda un instant avant qu'elle ne le rejoigne, se glissant contre lui. Il l'enlaça avec une tendresse qui contrastait avec la frénésie d'il y a quelques minutes.

« Tout était si simple après la guerre, murmura-t-il, ses mots lourds de nostalgie. Enfin, tout était compliqué, sauf nous. On était si sûrs, si forts. Qu'est-ce qui a changé ? »

Hermione sentit ses yeux picoter, ses émotions refoulées refaisant surface. Elle partageait la même impression que lui, la même douleur sourde.

« Nous avons changé, dit-elle doucement. Mais je ne pensais pas que ce serait dans des directions différentes. »

Ron resta silencieux un moment, comme s'il pesait chaque mot.

« Tu crois qu'on a encore une chance ? Que ça peut marcher ? »

Hermione soupira, la gorge serrée.

« J'aimerais pouvoir te dire oui avec certitude. Mais je ne sais pas, Ron. »

Il hocha la tête, silencieux, attendant qu'elle prenne la parole.

« C'est à ton tour, dit-il enfin. Qu'est-ce que tu me reproches ? »

Hermione prit une profonde inspiration, cherchant ses mots. Elle voulait être honnête, mais aussi juste, et cela demandait de la retenue.

Mais il y en avait des choses à dire. Elle pensait à son tempérament boudeur chaque fois que quelque chose n'allait pas, à la manière dont il se refermait sur lui-même au lieu de communiquer. La jalousie latente qu'elle avait parfois perçue – sans parler de Sirius et Drago. Mais au-delà de tout cela, le fait qu'il ne lui fasse pas confiance, nourri par la propre insécurité de Ron. Tant de points à aborder, chacun aussi délicat que le précédent.

Ils parlèrent pendant des heures, plongeant dans une conversation intense et souvent douloureuse. Les mots échangés se transformaient parfois en disputes, chaque petite frustration cachée remontant à la surface. Ils firent à nouveau l'amour, mais cette fois, c'était différent. Hermione sentit, pour un bref instant, qu'elle touchait presque du doigt le plaisir qu'elle avait espéré, mais qu'elle n'avait jamais vraiment atteint avec lui.

Allongés l'un contre l'autre, leur corps emmêlés, ils discutèrent encore, leurs mots se mélangeant à la fatigue qui les gagnait peu à peu. Les phrases devenaient moins cohérentes, les pensées plus vagues, mais ils continuaient, comme s'ils tentaient de trouver une solution dans le brouillard.

Hermione finit par enfiler l'un des tee-shirts de Ron. L'odeur familière du tissu la réconfortait à peine tandis que ses pensées s'agitaient, rebondissant d'une idée à l'autre. Malgré toutes les discussions, malgré la tendresse retrouvée dans leurs étreintes, elle avait l'impression que cette nuit n'avait fait que révéler davantage leurs différences. Elle se demandait si cette soirée avait vraiment été une avancée ou juste un autre désastre camouflé.

Plus le temps passait, plus elle doutait de leur couple. Eux deux ensemble avaient toujours semblé une évidence. Mais à présent, cette certitude s'effritait. Était-ce vraiment ce qu'elle voulait ? Était-ce toujours ce dont elle avait besoin ?

Alors qu'elle sombrait lentement dans le sommeil, son esprit vagabondant entre les souvenirs et les doutes, une image lui revint en tête sans qu'elle sache pourquoi : le livre qu'elle avait étudié récemment. Elle ne se souvenait même plus exactement du sujet, mais une formule, parmi toutes celles qu'elle avait lues, s'imposa avec une clarté soudaine.

Et tandis qu'elle glissait dans l'inconscience, cette formule lui sembla curieusement pleine de sens.


Voici la fin de ce premier chapitre, qu'en avez-vous pensé ? Je ne suis pas trop dure avec Ron ? J'ai essayé de ne pas trop partir dans le bashing mais c'est dur / Laissez une review si ça vous a plu :D